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Minos Kokkinakis, en exil avec ses compagnons Témoins (à gauche), et plus tard (à droite).

14 JANVIER 2019
GRÈCE

Retour sur 50 ans de bataille pour obtenir le droit de prêcher

Retour sur 50 ans de bataille pour obtenir le droit de prêcher

Il y a 80 ans, un bateau débarquait Minos Kokkinakis sur l’île grecque d’Amorgos, en mer Égée, où il allait rester 13 mois en exil. Sans être passé en jugement, frère Kokkinakis a été condamné par un tribunal grec pour avoir violé une loi récente interdisant le prosélytisme. Il a été le premier des 19 147 Témoins de Jéhovah arrêtés entre 1938 et 1992 pour avoir enfreint cette loi imposée par le dictateur grec Ioánnis Metaxás. Pendant ces dizaines d’années, des centaines de Témoins grecs ont courageusement prêché la bonne nouvelle malgré les violences physiques, les arrestations et les peines d’emprisonnement.

Frère Kokkinakis avait environ 30 ans quand il a entamé une bataille juridique qui allait durer 50 ans. Son but était d’obtenir le droit de prêcher. Il a été arrêté plus de 60 fois et il a passé plus de six ans dans différentes prisons et îles pénitentiaires, où lui et d’autres Témoins ont été emprisonnés dans des conditions épouvantables. Il a été arrêté pour la dernière fois, à l’âge de 77 ans, et il a contesté cette arrestation devant le tribunal. Il a finalement dû porter l’affaire devant la Cour suprême de Grèce, mais sans succès. Frère Kokkinakis a alors déposé une requête auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Il a affirmé que la Grèce l’avait privé de sa liberté de religion. En 1993, à l’âge de 84 ans, Minos Kokkinakis a remporté une victoire juridique éclatante : pour la première fois, la CEDH condamnait un pays pour violation de la liberté de religion a. L’année 2018 a marqué le 25e anniversaire de cette décision historique. D’après un professeur de droit international public, l’arrêt Kokkinakis « est probablement la décision la plus largement citée à la Cour européenne des droits de l’homme en matière de liberté de religion et de croyance ».

La décision Kokkinakis a établi un précédent juridique qui est toujours digne d’intérêt à notre époque où des gouvernements puissants, comme la Russie, refusent à de nombreux frères le droit à la liberté de culte.

La foi de frère Kokkinakis et sa persévérance dans la prédication constituent un exemple remarquable pour nos frères et sœurs qui rencontrent de l’opposition dans leur activité de prédication. Son intégrité a rendu un puissant témoignage qui marque encore les esprits aujourd’hui (Romains 1:8).

a Minos Kokkinakis est mort en janvier 1999.