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Sénégal et pays voisins

Sénégal et pays voisins

Le Sénégal et les pays voisins

Le Sénégal est une terre de contrastes. Situé sur le bord occidental du grand renflement africain, ce pays est constamment balayé, au nord, par les vents brûlants du Sahara et, à l’ouest et au sud, par les vents frais de l’océan Atlantique. L’immense désert, au nord, fait place peu à peu, en descendant vers le sud, à la brousse humide. Les contrastes ne s’arrêtent cependant pas là. Ils se retrouvent également dans les origines, les coutumes et les religions de ses habitants.

Apparemment attirées par le grand fleuve Sénégal, dont les eaux entretiennent la vie, quelques tribus nomades de la Mauritanie du Nord se déplacèrent petit à petit vers le sud au onzième siècle de notre ère. Ces Berbères ou Zénagas, ce dernier nom étant sans doute à l’origine du mot “Sénégal”, apportèrent avec eux la langue et les coutumes arabes ainsi que la religion musulmane. Par ailleurs, des descendants de Cham, qui avaient émigré sur le continent africain furent également séduits par cette terre de contrastes. Attirées par un climat plus modéré et par les vents océaniques rafraîchissants, des tribus africaines du sud se déplacèrent donc lentement vers le nord et s’installèrent dans les vallées fertiles des fleuves Casamance et Gambie. Elles amenèrent leurs coutumes, leurs langues et la religion animiste. Ces deux groupes ethniques différents fusionnèrent peu à peu dans une région qui sert de trait d’union entre, au nord, un désert brûlant et, vers l’intérieur, une jungle humide. C’est ainsi que furent posés les fondements d’une nouvelle nation qui devint plus tard la république du Sénégal.

Cependant, d’autres regards se tournèrent vers ce pays à la fois étrange et attirant. C’est ainsi qu’en 1455, arrivèrent les premiers Européens. Cette année-​là, l’explorateur vénitien Ca’Da Mósto (envoyé par Henri, prince du Portugal) mit pied sur la pointe rocheuse qui s’avance dans l’Atlantique et qu’on appelle aujourd’hui le Cap-Vert. C’est là qu’a été construite Dakar, capitale moderne du Sénégal et porte de l’Afrique occidentale. Les Européens introduisirent dans cette région leurs coutumes, leurs langues et, bien sûr, une nouvelle religion, accentuant ainsi les contrastes qui existaient déjà.

Le seizième siècle vit le début de la traite des esclaves dont le but était d’envoyer de la main-d’œuvre bon marché dans les plantations des Amériques. Les Hollandais s’établirent dans l’île Gorée toute proche. Plus tard, la côte occidentale de l’Afrique accueillera régulièrement des marchands voyageurs en provenance de l’Espagne, du Portugal, de l’Angleterre, de la Hollande et de la France. En 1635, des missionnaires catholiques ouvrirent certaines régions du pays aux puissances coloniales. L’appât du gain et l’égoïsme engendrèrent des conflits et la guerre. En 1817, la victoire fut finalement du côté français, et c’est alors que commença la véritable colonisation du Sénégal.

DES GRAINES DE VÉRITÉ SONT SEMÉES

En 1914, alors que les puissances mondiales se disputaient la domination de l’Afrique, Jéhovah Dieu, le Créateur aimant, établissait dans le ciel le gouvernement qui, au temps fixé, soulagera les opprimés et apportera un réconfort à des gens de toutes races. Mais quand cette bonne nouvelle du Royaume allait-​elle atteindre le Sénégal? C’est en 1951 que les premiers rayons de lumière spirituelle pénétrèrent dans le pays. Un Témoin de Jéhovah, qui travaillait pour une société commerciale, se trouvait alors au Sénégal pour six mois. Laissa-​t-​il briller sa lumière? Certainement. En ce court laps de temps, il sema diligemment les premières graines de vérité.

Mais pour croître, les semences ont besoin d’eau et de soins (I Cor. 3:5-9). Qui d’autre viendrait dans ce pays brûlé par le soleil ou rafraîchi par les pluies pour aider les semences à prendre racine et à croître? Qui serait disposé à quitter le confort de sa maison pour se rendre dans un pays étranger et y consoler les âmes déprimées? Combien ceux qui aiment la vérité se sont réjouis lorsque, en 1953, un proclamateur du Royaume à plein temps entendit l’appel et fut envoyé au Sénégal par la Société Watch Tower!

Les autorités coloniales étaient-​elles enchantées des efforts sincères faits pour apporter un message de paix et d’espoir aux personnes affamées de vérité? Bien au contraire. Le premier pionnier spécial ne put pénétrer au Sénégal qu’en tant que représentant d’une société de textile. Il déclara: “Au début, l’isolement était un peu difficile à supporter. Je n’avais pas de compagnon chrétien et, par conséquent, aucune réunion. Toutefois, la prédication me tenait occupé, et bientôt j’ai rencontré des personnes bien disposées.”

Les habitants du Sénégal sont chaleureux et hospitaliers. Puisqu’ils vivent dans un pays où se mêlent des religions très différentes, ils acceptent généralement les discussions religieuses. Comme 80 à 90 pour cent d’entre eux sont musulmans, ils soulèvent de nombreuses questions sur les différences entre le Coran et la Bible, questions qui donnent souvent lieu à d’intéressantes discussions. En ces jours des “petites choses”, il y avait déjà de l’opposition. Par exemple, la distribution d’une grande quantité de nos périodiques dans une région du Sénégal en 1953 suscita la colère du clergé de la chrétienté qui craignait d’être dépouillé des brebis de son pâturage. Mais l’œuvre s’implanta malgré l’opposition et les menaces. La vérité suscitait de l’intérêt qui allait être suivi.

Par exemple, en 1953, un coiffeur portugais eut connaissance de la vérité. Il accepta le livre “Le Royaume s’est approché”, progressa régulièrement et assista bientôt aux réunions qui étaient organisées chez une personne bien disposée. Quel en fut le résultat? Eh bien, il devint le premier proclamateur du Sénégal. Depuis, la semence a produit de nombreux fruits, car aujourd’hui 17 membres de sa famille glorifient avec zèle le nom de Jéhovah.

En 1954, un couple de pionniers spéciaux arriva au Sénégal, désireux d’apporter son aide. En plus du problème de l’adaptation au climat, aux coutumes et à la nourriture, ces premiers pionniers rencontrèrent d’autres difficultés. Ils contactèrent de nombreuses personnes, mais celles-ci ne savaient pas lire le français, la langue officielle. Ils passèrent donc beaucoup de temps à leur apprendre à lire avant de pouvoir les aider à comprendre la Bible. Mais avec beaucoup de patience et grâce à la bénédiction de Jéhovah, l’œuvre s’implantait. Le message du Royaume de Dieu pénétrait petit à petit au Sénégal.

Cette année-​là, trois groupes d’étude de la Bible étaient organisés et réunissaient en moyenne 20 assistants. Au cours du témoignage de maison en maison, des proclamateurs rencontrèrent quelques habitants de l’île Gorée. Ils apprirent que la majorité des insulaires avaient lu nos publications et reconnaissaient qu’elles contenaient la vérité. Ainsi, bien que l’île ne fût pas encore visitée, ‘elle avait déjà reçu le témoignage’, comme l’écrivait un proclamateur du Royaume.

L’ACTIVITÉ MISSIONNAIRE COMMENCE

L’année 1955 connut un plus grand accroissement. Le 15 mai, le petit groupe vit avec émotion six nouveaux disciples prendre position pour Jéhovah. Vers la fin de l’année, une autre réponse à ‘l’appel du Macédonien’ fut donnée quand Jean Queyroi, missionnaire diplômé de l’École de Galaad, École biblique de la Watchtower, arriva au Sénégal (Actes 16:9). Notre œuvre fut alors établie sur des bases plus solides.

Quelle sorte de territoire attendait ce missionnaire? Quels gens y vivaient? Comment réagiraient-​ils au message du Royaume?

Bien des choses avaient changé au Sénégal depuis le début du onzième siècle, quand des tribus arabes nomades de Mauritanie découvrirent les eaux fraîches du fleuve Sénégal, et depuis l’installation de tribus africaines le long de la Casamance et de la Gambie. Au cours des siècles suivants, plusieurs ethnies s’étaient formées sur cette terre de contrastes.

Les Ouolofs (ou Wolofs) constituent le groupe ethnique le plus nombreux. Ils sont d’une grande et imposante stature, et leurs vêtements sont de couleurs vives. Les hommes portent d’amples pantalons et un boubou, grand vêtement de dessus qui tombe jusqu’à terre. Ils habitent souvent des maisons de paille et de terre cuite, de forme carrée ou ronde. La polygamie est très répandue parmi eux. Il y a aussi les Sérères. Ce sont surtout des fermiers qui cultivent le mil et les arachides. On pense que les Peuls (ou Foulbés) sont le fruit de mariages entre Berbères et membres de tribus africaines locales. Ils élèvent généralement du bétail. La tribu Toucouleur fut la première à accepter la religion musulmane. On trouve également les Sarakolés, les Mandingues et les Diolas, qui sont cultivateurs de riz ou marchands.

Bien que presque tous les habitants du Sénégal se disent musulmans ou catholiques, les vieilles religions animistes sont partout présentes. Les Sénégalais portent aux bras, à la ceinture, aux jambes, aux chevilles ou même dans les cheveux, des gris-gris ou fétiches porte-bonheur qu’on trouve également suspendus au cou des moutons, des chèvres et même des chevaux. Les Sénégalais les font bénir contre de fortes sommes d’argent pour être protégés contre les esprits mauvais ou pour garder l’affection d’un mari ou d’une épouse. Comme on le voit, c’était sans aucun doute une terre aux coutumes diverses qui attendait les serviteurs zélés de Jéhovah, une terre de brousse et de forêts, d’oiseaux et de bêtes sauvages, une terre arrosée par une eau claire et fraîche, mais dont certaines régions sont frappées par le paludisme, une terre qui produit de l’arachide, du riz, de l’huile et des matières textiles, une terre où se côtoient des éleveurs de bétail et des pêcheurs au filet, où des villages africains au charme suranné avoisinent une grande capitale moderne, Dakar, qui compte 798 700 habitants.

Le missionnaire Jean Queyroi avait beaucoup à faire lorsqu’il entra en scène en 1955. Il écrivit: “Lorsque je suis arrivé, il n’y avait qu’un seul groupe isolé dans tout le Sénégal. Néanmoins, je découvrais un territoire mûr pour la moisson. Et quelle variété! Dakar est une grande ville cosmopolite où se côtoient Sénégalais, Guinéens, Maliens, Togolais, Dahoméens, Mauritaniens, Libanais et Syriens. On y trouve également des Portugais ainsi que d’autres Européens, surtout des Français. Un grand travail nous attendait. Les musulmans ne montraient pas beaucoup d’intérêt pour la vérité, mais ils étaient toujours attentifs. Bientôt, des études bibliques furent commencées et l’intérêt pour la vérité grandit.”

Il était difficile à ces premiers Témoins du Sénégal de recevoir suffisamment de publications bibliques pour le service du champ. Mais Jéhovah fit en sorte qu’ils reçoivent les livres et les périodiques dont ils avaient besoin.

LES GRAINES COMMENCENT À CROÎTRE

Bien que le véritable christianisme fût encore ici à ses petits commencements, l’organisation pleine d’amour de Jéhovah ne se désintéressait pas du petit noyau qui se développait. En 1955, ces courageux proclamateurs se préparèrent donc activement et joyeusement à recevoir l’un des administrateurs de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, M. Henschel, qui était accompagné d’Harry Arnott. Par ailleurs, ils eurent un autre privilège quand, du 5 au 7 décembre, ils eurent la joie d’entendre leurs visiteurs prononcer devant un petit groupe de proclamateurs six des principaux discours prévus au programme des assemblées de cette année-​là. Cette visite eut pour résultat la formation à Dakar de la première congrégation du Sénégal. Au cours de l’année de service 1956, le chiffre de 18 proclamateurs fut atteint.

Comme nous étions heureux de voir 42 personnes assister au Mémorial en 1957! Nous avons enregistré cette année-​là un maximum de 22 proclamateurs, ce qui représentait un accroissement de 50 pour cent par rapport à l’année précédente. Bien entendu, comme le Sénégal était encore une colonie française, on contacta beaucoup de Français, qui travaillaient sur place, et nombre d’entre eux se mirent aussi à donner le témoignage. Toutefois, comme ils n’étaient au Sénégal que pour un temps, un jour ou l’autre ils rentraient en France. Ils n’apportaient donc à la congrégation locale qu’un accroissement temporaire.

En 1956 fut contactée une famille qui jouera plus tard un rôle important dans le développement de l’œuvre du Royaume dans ce pays de contrastes. Une jeune femme catholique accepta l’étude et son mari se joignit à elle peu après. C’était un homme qui occupait une place importante dans l’administration des impôts du gouvernement local. Le couple, issu de familles très connues de Dakar et de Saint-Louis, progressait dans la vérité au fur et à mesure que de nombreux points doctrinaux étaient éclaircis. L’homme était un très grand fumeur. D’ailleurs, sur son bureau on pouvait voir un grand choix de pipes ainsi que des briquets, des blagues à tabac, etc. Un jour pourtant, tout avait disparu. “Oui, dit-​il avec confiance, j’ai tout jeté. Je ne fume plus. La page est maintenant tournée.” C’était sans aucun doute un pas dans la bonne direction.

Toute la famille prit courageusement position pour la vérité. Sa décision fit grand bruit à Dakar. “Quoi! Les Fourcault vont devenir Témoins de Jéhovah! Quel dommage!” Leur prise de position en faveur de la vérité était difficilement acceptée, car leurs familles étaient très connues et certains membres occupaient des postes élevés. Les Fourcault, cependant, résistèrent à l’opposition et firent de rapides progrès. Ils symbolisèrent par le baptême d’eau l’offrande de leur personne à Jéhovah. Tous les membres de leur famille devinrent avec le temps d’actifs Témoins de Jéhovah.

NOUS RENCONTRONS DE L’OPPOSITION

L’œuvre progressait bien, mais les autorités nous causaient des difficultés. Un jour, par exemple, s’efforçant d’atteindre les territoires très peuplés à l’intérieur du pays, nos frères arrivèrent à Kaolack. une ville de 106 800 habitants, située à 177 kilomètres de Dakar. Ils y rencontrèrent le commissaire de police. Le missionnaire se souvient de cette rencontre: “Tout en m’invitant à entrer dans son bureau, il me dit: ‘Je sais ce que vous êtes venu faire ici. Suivez-​moi!’ Il me fit asseoir. ‘Je vous connais bien et j’ai un dossier sur vous’, me dit-​il. Apparemment, un frère avait déjà été expulsé, car il s’écria: ‘L’un des vôtres habitait ici. Il faisait la même chose que vous et on l’a prié de quitter la ville.’ Il ajouta: ‘Vous êtes interdits au Sénégal. Vous ne pouvez prêcher ici.’ J’étais assis devant lui avec, à mes côtés, un plein sac de livres et de brochures qu’il devait bien voir. Il nous invita à rentrer à Dakar et dit qu’il était obligé de faire un rapport sur nous. Qu’allions-​nous faire? Nous étions dans un territoire vierge et ne voulions pas quitter la ville avant d’avoir fait quelque chose. Nous nous sommes donc rendus dans une autre partie de la ville et avons prêché toute la matinée. Nous avons distribué des centaines de brochures ainsi que 55 livres.” Les frères n’eurent heureusement plus jamais de problèmes avec les autorités, mais plusieurs années devaient encore s’écouler avant que notre œuvre fût légalement reconnue.

NOS EFFORTS S’INTENSIFIENT

En 1958, le couple de pionniers ayant assisté à l’assemblée internationale “La volonté divine”, à New York, c’est plein d’enthousiasme qu’il revint pour affermir les nouveaux. Frère Wilfred Gooch nous visita en tant que surveillant de zone en janvier 1959, et les 31 personnes qui assistèrent à son discours principal ont beaucoup apprécié les excellents conseils qu’il donna. Nous eûmes une autre joie avec, en février, la visite de frère N. Knorr, alors président de la Société Watch Tower. C’était la première fois qu’il venait au Sénégal. Cette visite était certainement l’événement le plus remarquable de l’histoire de l’œuvre dans ce pays très varié. Notre cœur a vibré de joie pendant ces quatre jours. Une assistance de 42 personnes, ce qui constituait un maximum, écouta attentivement le discours spécial de frère Knorr.

Jean Queyroi fut envoyé en Guinée en avril 1959. Sa visite avait pour but d’élargir le champ de prédication dans d’autres pays d’expression française en Afrique occidentale. À cette époque, deux frères étaient actifs à Conakry. Bien qu’ils fussent isolés, Jean Queyroi put les affermir en vue du travail qu’il y avait à faire. Cette visite ne s’est pas déroulée sans émotion. Le soir même où l’avion dans lequel se trouvait frère Queyroi atterrit à Conakry, des heurts se produisaient entre certaines ethnies, et l’armée était intervenue. “Les troubles avaient fait des tués et des blessés, écrivit frère Queyroi. Des incendies avaient éclaté. Mais cela ne nous a pas empêchés, le lendemain, de rendre visite aux personnes bien disposées. Des barricades s’élevaient dans certaines rues et les gens avaient peur. Cependant, les choses se calmant, je fus en mesure d’aider les deux frères fidèles à poursuivre leur œuvre pacifique consistant à faire des disciples malgré l’agitation qui régnait.”

En mai 1959, la Société demanda à Jean Queyroi de visiter les îles du Cap-Vert, un archipel placé sous la dépendance du Portugal et situé dans l’océan Atlantique, au large de la côte occidentale de l’Afrique. Cette visite fut très bénéfique, car bien des personnes qui ont accepté la vérité au Sénégal venaient de ces îles et avaient immigré sur le continent à la recherche d’un emploi. Frère Queyroi se fit accompagner par un frère portugais de Dakar. Bien qu’ils n’aient pu visiter qu’une seule de ces îles, beaucoup de gens s’intéressèrent à leur message. Ils laissèrent donc quantité de publications. La situation religieuse des îles était différente de celle de Dakar. Alors que dans la capitale sénégalaise de nombreuses religions se côtoyaient, l’Église catholique était encore très puissante dans les îles et inspirait aux gens une grande crainte. Quiconque passait devant une église devait se signer. Les femmes mettaient un genou en terre et les hommes enlevaient leur chapeau. Malgré cette forte domination catholique, les frères firent de leur mieux pour semer des graines de vérité.

Jusqu’alors, tous ceux qui embrassaient la vérité de la Bible au Sénégal étaient d’origine portugaise ou française. Or, la plupart des Français retournaient en France après avoir passé un certain temps en Afrique. C’est pourquoi on enregistra une petite baisse en 1960. Toutefois, le nombre des proclamateurs dans la congrégation restait stationnaire, car ceux qui quittaient le pays étaient remplacés par d’autres personnes bien disposées.

En 1960, avec beaucoup d’amour, la Société prit des dispositions pour que des pionniers africains servent au Sénégal et contactent spécialement la population locale. Généralement, les gens étaient heureux de voir un Européen, ou Toubab, leur rendre visite, mais la plupart du temps notre message n’était pas pris très au sérieux. En mars de cette année-​là, un pionnier africain arriva du Cameroun. Comme il fut touché par le chaleureux accueil que lui firent les frères! Lorsqu’il sortit de l’avion, un peu inquiet, il n’avait pour tout bien qu’une valise. Des larmes de joie coulèrent sur ses joues lorsqu’il apprit que, pour le remercier d’être venu, les frères avaient loué un petit appartement dans lequel ils avaient installé un lit, un fourneau et des ustensiles de cuisine. Ce frère apporta une grande aide aux Sénégalais intéressés par la vérité. Ces derniers se rendaient maintenant compte que la vérité n’était pas seulement pour les Toubabs, mais aussi pour les Africains. Les frères furent réjouis de voir, cette année-​là, 10 Africains parmi les 45 personnes présentes au Mémorial.

Les problèmes de santé surgissent parfois dans ce captivant pays de contrastes, au climat sans cesse changeant. Frère et sœur Queyroi l’apprirent à leurs dépens. Comme ils étaient tristes de devoir quitter leurs frères et sœurs spirituels!

Au début des années 1960, il était évident qu’au Sénégal ‘la moisson était grande, mais les ouvriers peu nombreux’. (Mat. 9:37, 38.) Il fallait davantage d’ouvriers. Qui répondrait à l’appel? En juin 1960, alors qu’un couple de serviteurs à plein temps quittait le pays, un autre couple de pionniers débarquait dans le célèbre port international de Dakar. Frère et sœur Casimir Krawczyk se souviennent très bien de leurs premières impressions:

“Nous débordions d’enthousiasme malgré le voyage plutôt mouvementé que nous venions de faire. Mais quelle chaleur! Pourrions-​nous nous adapter à ce nouveau climat? Avec l’aide de Jéhovah, nous voulions vraiment essayer.”

Avant de quitter le Sénégal, les Queyroi travaillèrent avec frère et sœur Krawczyk. Ils purent ainsi les aider à s’adapter à leurs nouvelles conditions d’existence. Les nouveaux venus déclarèrent: “Nous nous rappelons qu’un jour nous avions fait remarquer qu’il était difficile de visiter le territoire et surtout de faire des nouvelles visites, car, dans certains quartiers, toutes les maisons semblaient être les mêmes: des cabanes en bois entassées les unes contre les autres dans le sable chaud. Quelqu’un nous a dit alors que nous devions plutôt nous réjouir de ce que ces maisons restaient à la même place. Mais petit à petit, on apprend à distinguer entre elles des habitations du même type.”

NOTRE ŒUVRE EST RECONNUE

Un événement important qui fit date dans la vie de tout le monde et qui devait, par la suite, avoir d’heureuses conséquences pour l’œuvre de témoignage, a été, en 1960, la reconnaissance par la France, alors puissance coloniale, de l’indépendance du Sénégal. Dès 1958, nous avions fait une première tentative pour obtenir la reconnaissance légale de notre œuvre. Mais celle-ci n’aboutit pas en raison de l’hostilité de certaines personnes à l’égard des Témoins de Jéhovah. En 1961, après la déclaration de l’indépendance du Sénégal, on essaya de nouveau, mais sans succès, car les mêmes personnalités françaises dirigeaient la Sécurité nationale. Lorsque frère M. Henschel visita Dakar en 1963, il nous encouragea à persévérer dans nos efforts. La troisième tentative, en 1963, resta sans réponse.

Puis, au début de 1964, nous avons plaidé notre cause auprès du directeur des affaires politiques. Cet homme était mêlé aux fausses accusations qui étaient portées contre nous. D’après elles, nous constituions une société secrète qui incitait à l’insoumission, était hostile aux religions, etc. On invita le directeur à venir assister aux réunions à l’improviste. Ce qu’il apprit au sujet de notre soumission aux “autorités supérieures” l’a finalement convaincu que les Témoins de Jéhovah respectent la loi et l’ordre (Rom. 13:1-7). De plus, le frère qui s’occupait de l’affaire signa une déclaration selon laquelle tout ce dont on nous accusait était faux. Une dernière démarche fut faite auprès du ministère de l’Intérieur. Enfin convaincues, les autorités sénégalaises nous accordèrent la reconnaissance légale. Cette décision est tout à l’honneur du gouvernement, car les autorités n’ont pas voulu baser leur jugement sur les accusations de nos ennemis, mais ont examiné l’affaire avec impartialité.

Maintenant que l’Association “Les Témoins de Jéhovah” était enregistrée, plus rien n’empêchait l’envoi de publications et l’arrivée de travailleurs supplémentaires pour le service du champ, de missionnaires spécialement formés à l’École de Galaad. Comme il est évident que nous ne devons pas seulement nous contenter de prier! Faisons preuve d’initiative et Dieu bénira nos efforts. La main de Jéhovah n’est jamais trop courte. — És. 59:1.

L’ŒUVRE S’ÉTABLIT PLUS SOLIDEMENT

Des années durant, l’œuvre s’est poursuivie sans l’aide de missionnaires diplômés de Galaad, puisque les premiers avaient dû quitter le pays. L’arrivée, le 24 septembre 1963, de frère George Amado, suivi peu de temps après par d’autres missionnaires, a donc été très utile. On ouvrit la première maison de missionnaires, et plusieurs pionniers spéciaux furent invités à servir avec le statut de missionnaires, sans avoir suivi les cours de l’École de Galaad. Cette disposition permit à davantage de serviteurs à plein temps de rester dans leur territoire.

Jusqu’à cette date, l’œuvre de prédication du Royaume au Sénégal se trouvait sous la direction du bureau de la Société à Paris. Pour améliorer la supervision de l’activité, on ouvrit une filiale au Sénégal. Ainsi, le 22 août 1965, Emmanuel Paterakis, accompagné de sa femme, arriva sur cette terre hospitalière avec le merveilleux privilège d’organiser le bureau de la filiale. Celui-ci, qui commença à fonctionner le 1er septembre 1965, avait aussi pour tâche de s’occuper de l’œuvre de la proclamation du Royaume en Gambie, au Mali et en Mauritanie. Il fallait tout d’abord trouver un endroit convenable pour y installer la maison des missionnaires et le bureau. Ce n’était pas si simple. Mais avec la bénédiction de Jéhovah et en persévérant dans nos recherches, nous avons pu ouvrir un bureau à Dakar.

NOUS ÉTENDONS NOTRE CHAMP D’ACTIVITÉ

Notre époque étant critique, des dispositions furent prises pour étendre le champ d’activité au Sénégal. Lorsque les tribus africaines s’étaient établies le long du fleuve Casamance, elles avaient trouvé une région très fertile, une contrée de forêts et d’eau, de riz et de mil. Ziguinchor devint la capitale de la Casamance. C’est aujourd’hui une ville florissante de plus de 72 000 habitants. Tout comme ces premiers résidents disposaient d’eau en abondance, de même d’autres “pionniers” firent couler les “eaux de la vérité” pour le bien des habitants de la Casamance. Deux pionniers spéciaux furent nommés à Ziguinchor. Ils constatèrent que cette région à prédominance catholique était un champ productif.

Mais que dire des autres parties de ce pays aux coutumes et aux langues si diverses? La récolte devait là aussi avoir lieu. Lorsqu’un couple de missionnaires fut expulsé du Mali en septembre 1965, la Société l’invita à ouvrir une maison de missionnaires à Saint-Louis. Cette ville de 88 400 habitants est située à l’embouchure du Sénégal, importante voie d’eau qui attira les premières tribus du désert dans ce pays. Saint-Louis, construite en majeure partie sur une île, a été fondée en 1659 par Louis XIV et fut pendant un certain temps la capitale de la colonie française du Sénégal. Aujourd’hui, la religion musulmane y prédomine. Néanmoins, les premiers serviteurs à plein temps qui visitèrent Saint-Louis commencèrent de nombreuses études bibliques dont certaines produisirent du fruit.

Thiès est une ville de 117 300 habitants située à 64 kilomètres de Dakar, à l’intérieur des terres. Vers la fin de 1965, des dispositions furent prises pour cultiver ce “champ”. Au début, les deux premiers pionniers spéciaux eurent beaucoup de mal, car presque toutes les rues étaient recouvertes de sable rouge très fin. Il était donc difficile de marcher et encore plus d’utiliser une bicyclette. Comme une douche froide était rafraîchissante après de nombreuses heures passées à rechercher des “brebis” parmi les petites cabanes d’un autre âge et les huttes de paille!

On organisa des discours publics. Des films produits par la Société furent projetés et on commença des études bibliques. Deux missionnaires affectés à Thiès vinrent grossir les rangs des travailleurs pour la “moisson”. Toutefois, là aussi des difficultés surgirent. Outre l’opposition qui venait de l’extérieur de la congrégation, il y avait des problèmes à l’intérieur, en raison de la conduite peu sage de certains. Lorsque les choses furent redressées, la situation s’améliora promptement. Aujourd’hui, la ville de Thiès compte 13 proclamateurs du Royaume, outre les missionnaires qui les aident.

L’OPPOSITION NE LES ARRÊTE PAS

Une femme catholique décida de se joindre aux protestants parce qu’ils étaient plus enclins à lire la Bible que les membres de sa propre religion. Toutefois, elle se rendit vite compte que, s’ils lisaient davantage la Bible, ils ne faisaient rien pour aider les gens à la comprendre. Des années plus tard, son mari musulman rentra un jour avec trois brochures qu’il avait obtenues d’un Témoin de Jéhovah. Il tourna en dérision l’affirmation selon laquelle Dieu a un Fils. Cependant, en lisant les brochures, sa femme reconnut l’accent de la vérité et écrivit à la Société pour lui demander de l’aider. En dépit d’une forte opposition de la part de son mari, cette femme, qui cherchait la vérité avec sa fille, fit des efforts pour étudier la Bible. Agissant sous l’effet de la colère, l’homme envoya sa fille, âgée de 17 ans, au Liban pour qu’on lui inculque la religion musulmane. Quel en fut le résultat? Elle revint du Liban pleinement convaincue que les Témoins de Jéhovah détenaient la vérité!

La fille et la mère furent toutes deux chassées de leur maison par le père en colère, mais cela ne les empêcha pas de symboliser par le baptême l’offrande de leur personne au “Dieu de paix”. (Phil. 4:9.) Malgré de nombreuses épreuves, leur foi n’a pas chancelé et elles devinrent les premiers proclamateurs du Royaume à Rufisque, petite ville située sur la côte, à quelques kilomètres à l’est de Dakar.

DÉBUT DE L’ŒUVRE EN GAMBIE

En 1965, le nouveau bureau de Dakar commença à s’occuper de l’œuvre du Royaume en Gambie, petit pays qui s’allonge, tel un museau d’alligator, au milieu du Sénégal. Il semble que la Gambie doive son existence à l’occupation de son territoire par les puissances coloniales. Le Sénégal et la Gambie ont en effet la même origine et une population semblable. Mais comme les Anglais furent les premiers à pénétrer dans ce pays qui porte le même nom que le fleuve qu’il longe, la population locale parle plutôt l’anglais que le français. En 1816, le capitaine Alexander Grant fonda la ville de Bathurst qui, depuis, est devenue la capitale. La Gambie compte environ 493 000 habitants, dont 50 000 à Bathurst.

Il est très difficile de déterminer l’époque à laquelle la proclamation de la “bonne nouvelle” a commencé en Gambie. Des frères en visite à Bathurst (aujourd’hui Banjul) rencontrèrent des personnes qui possédaient les Études des Écritures, livres rédigés par C. Russell. Il se peut que ces publications aient été introduites par “Brown la Bible”, un Témoin de Jéhovah qui prêcha en Gambie il y a de nombreuses années. Ou peut-être provenaient-​elles de Sierra Leone.

En 1949, deux proclamateurs du Royaume à plein temps pénétrèrent en Gambie. Une grande activité fut déployée cette année-​là. Ces deux missionnaires, accompagnés d’un proclamateur, rapportèrent un placement de plus de 1 000 publications et conduisirent huit études bibliques à domicile. Ils restèrent près de quatre ans dans le pays. Après leur départ, les quelques proclamateurs locaux continuèrent à servir pendant plusieurs années sans l’aide d’aucun pionnier. Toutefois, le 21 décembre 1958, Samuel Akinyemi, missionnaire diplômé de l’École de Galaad, et sa femme furent affectés en Gambie. Ils quittèrent leur famille et leurs amis du Nigeria, impatients de s’atteler au travail qui les attendait. C’est la filiale du Ghana qui s’occupait alors des besoins de la Gambie.

Les efforts soutenus d’un petit groupe de deux pionniers spéciaux et de deux proclamateurs produisirent bientôt d’excellents résultats, et un nouveau maximum de neuf proclamateurs fut atteint en 1959. Les visites régulières de surveillants de circonscription et de zone contribuèrent beaucoup à édifier la foi de ces proclamateurs et à améliorer leur organisation. Bien que 41 personnes aient assisté au Mémorial de la mort du Christ cette année-​là, l’emprise de Babylone la Grande, l’empire mondial de la fausse religion, était forte, et les vieilles superstitions et pratiques religieuses étaient très enracinées. Peu de gens embrassèrent la vérité. En fait, la Gambie s’est avérée être un territoire assez difficile pour les proclamateurs du Royaume.

LES CRIS DU CLERGÉ

Les cris de détresse des faux bergers de la chrétienté commencèrent bientôt à se faire entendre dans tout le pays. Le clergé faisait de grands efforts pour éteindre la lumière de la vérité qui commençait à briller (Ps. 43:3). Seulement 10 mois après leur arrivée, soit le 16 octobre 1959, frère et sœur Akinyemi furent avisés par la police locale qu’ils étaient considérés comme des étrangers indésirables et avaient 14 jours pour quitter la Gambie. Pourquoi cette mesure? Tout simplement parce qu’ils étaient “Témoins de Jéhovah”! Mais les frères portèrent l’affaire devant les tribunaux de manière à ‘défendre et à affermir légalement la bonne nouvelle’. Ils eurent finalement gain de cause, ce qui les réjouit beaucoup, car ils purent ainsi rester en Gambie. — Phil. 1:7.

Le clergé anglican usa de menaces envers le propriétaire d’un théâtre local pour que nous n’y tenions plus nos réunions. Mais cet homme ne se laissa pas intimider et déclara: “Ces gens parlent de Dieu et non du Diable. Moi aussi je suis un homme de Dieu. Pourquoi donc les chasserais-​je? Non! Je refuse d’obéir aux prêtres!”

En décembre 1960, l’œuvre du Royaume en Gambie fut placée sous la direction de la filiale de Sierra Leone. Les visites régulières des surveillants itinérants se sont avérées spirituellement très édifiantes. Il en résulta un maximum de 15 proclamateurs de la bonne nouvelle en 1961.

Des actions en justice furent entreprises en 1961 et 1962 par les autorités qui voulaient absolument faire passer les Témoins de Jéhovah pour des étrangers indésirables. Deux affaires, impliquant deux pionniers spéciaux de Sierra Leone et un surveillant de circonscription en visite, furent portées devant la Cour suprême qui rendit un jugement en notre faveur. Quelle magnifique preuve que Jéhovah soutenait ses serviteurs! Ainsi, la porte pour une plus grande activité restait ouverte.

En 1962, la formation de la première congrégation du peuple de Jéhovah en Gambie fut un jalon important. Par ailleurs, la loi qualifiant les Témoins de Jéhovah d’étrangers indésirables fut abrogée, ce qui procura aux frères davantage de liberté et une plus grande paix de l’esprit. En septembre 1965, la filiale du Sénégal, nouvellement organisée, commença à s’occuper des besoins des frères gambiens. Cette même année, des visites régulières de surveillants de circonscription contribuèrent à développer les activités théocratiques en Gambie. Pour les Témoins gambiens, les assemblées de circonscription et de district qui se tenaient à Dakar étaient moins éloignées, et un programme en anglais y était spécialement préparé pour eux.

La loi qualifiant les Témoins de Jéhovah d’étrangers indésirables étant maintenant révoquée, serait-​il possible à nos missionnaires de venir nous prêter main forte? Une tentative fut faite en 1967, mais sans succès. Les autorités firent paraître un décret qui limitait à trois le nombre des représentants étrangers des Témoins de Jéhovah en Gambie. Malgré tous les efforts de la Société et des frères locaux pour faire supprimer ce décret, aucun missionnaire ni aucun autre serviteur à plein temps n’a pu entrer en Gambie pour soutenir la petite congrégation de Banjul.

LA “BONNE NOUVELLE” ATTEINT LE MALI

Le troisième pays ouest-africain placé sous la surveillance de la filiale du Sénégal fut le Mali. Ce grand pays, qui n’a pas d’ouverture sur l’océan, s’avance profondément dans le désert du Sahara et, au nord, touche l’Algérie. Il est recouvert d’un sable chaud et léger, brûlé par le soleil, surtout au nord, dans le Sahel et le Sahara. Cependant, les régions du sud, particulièrement celle qui est arrosée par le majestueux Niger, sont verdoyantes, couvertes de forêts et de végétation luxuriante. Bamako, la très belle capitale, s’étend sur les deux rives du Niger.

Le Mali compte 5 millions d’habitants, parmi lesquels des nomades du désert, qui sont des arabes blancs, et des peuplades africaines à la peau noire. Les Maliens sont amicaux et hospitaliers, ce qui offre un contraste saisissant avec le désert peu engageant qui les environne. Les premières “eaux” de la vérité commencèrent à couler au Mali en 1962, lorsque la Société invita quatre frères ghanéens à y défricher le champ d’activité. Après un ‘cours éclair’ de français à Abidjan, en Côte-d’Ivoire, frère Ewuley Sarpey et ses trois compagnons étaient impatients de servir dans leur nouveau territoire. Le Mali serait-​il très différent du Ghana?

Certainement! Au début, le soleil brûlant leur était presque insupportable, mais bientôt ces quatre proclamateurs du Royaume apprirent à tirer profit des heures les plus fraîches du jour. Ils se retrouvaient à sept heures du matin pour aller dans le champ. Puis, après avoir marché péniblement pendant trois heures dans le sable, ils avaient hâte de retrouver la fraîcheur de leur maison. Ils mangeaient et faisaient une sieste bien utile avant de se préparer à sortir de nouveau à quatre heures de l’après-midi. Souvent, la prédication se poursuivait jusqu’à une heure tardive, dans la fraîcheur du soir.

Deux de ces pionniers retournèrent au Ghana en 1964. Pour les remplacer, la Société invita René Peyronnet et sa femme, tous deux pionniers spéciaux, à quitter leur territoire en Algérie pour venir soutenir l’œuvre au Mali. Mais le climat de ce pays peut être très pénible. C’est pourquoi, après seulement quelques mois, ces pionniers durent rentrer en France à cause de problèmes de santé. Le 10 mai 1964, frère et sœur Lucien Frizon, nommés à leur place, arrivèrent à Bamako.

Les habitants de Bamako aiment à vivre dans de petites cours pleines de monde autour desquelles plusieurs familles partagent souvent les mêmes habitations. Les animaux domestiques se mêlent librement aux femmes qui papotent entre elles tout en préparant le repas. Et au beau milieu de toute cette agitation, comme dans un autre monde, on peut apercevoir un vieillard musulman assis sur une natte, sous un manguier, avec, à ses côtés, une bouilloire d’eau pour faire ses ablutions avant de prier. Pénétrer la pensée de ce peuple n’était pas chose facile.

C’est dans ce cadre que la “bonne nouvelle” devait être proclamée. Les pionniers prièrent Jéhovah de les aider par son esprit et ils se mirent à l’œuvre. Ils servirent fidèlement, infatigablement, pour répandre jour après jour un message de paix et de réconfort. En été 1965, un autre couple de pionniers spéciaux se joignit à eux. Cependant, tout le monde n’accueillit pas favorablement le message du Royaume de Dieu, et les autorités ne tardèrent pas à nous causer des ennuis. En septembre 1965, alors que l’œuvre de prédication venait d’être placée sous la supervision de la nouvelle filiale du Sénégal, les quatre pionniers spéciaux furent expulsés du Mali. La Société les nomma de nouveau au Sénégal.

PREMIERS EFFORTS EN MAURITANIE

L’œuvre de proclamation de la “bonne nouvelle” dans la république islamique de Mauritanie, à la population clairsemée, est également supervisée par la filiale de Dakar. En 1966, on reçut les premiers rapports indiquant qu’un témoignage était donné aux habitants de ce territoire. Ces rapports révélaient l’existence d’une petite oasis spirituelle pour le bien des habitants de ce pays désertique dont la grande majorité appartiennent aux tribus arabes nomades. Celles-ci n’ont que peu de commodités modernes, et le chameau reste l’un des principaux moyens de transport. La langue officielle est le français, bien que l’arabe soit la langue parlée par la plupart des habitants. L’attitude des autorités envers notre œuvre est très défavorable, et il n’est pas facile de faire des disciples. En 1966, les deux premiers proclamateurs étaient des sœurs. Mais ces deux sœurs, qui accompagnaient leurs maris venus en Mauritanie pour travailler sous contrat, quittèrent le pays à la fin de mai 1967.

Néanmoins, la lumière de la vérité continua à briller en Mauritanie grâce à un frère qui s’installa à Nouakchott, la capitale, à la fin de 1968.

Bien qu’étant nouvellement baptisé, il fit beaucoup de travail en distribuant nos publications et en commençant quelques études bibliques à domicile. Lorsque ce frère quitta le pays pour s’installer en France, un proclamateur isolé habitant près de la frontière sénégalaise, à Rosso, se mit à donner le témoignage tous les mois. Cette femme bien disposée faisait assez souvent le voyage jusqu’à Dakar où elle recevait un encouragement spirituel. Par ailleurs, elle étudiait la Bible par correspondance avec une sœur de Dakar.

L’ŒUVRE PROGRESSE AU SÉNÉGAL

Notre œuvre continuait à progresser au Sénégal. Après l’installation de la filiale à Dakar, l’organisation locale fut consolidée grâce à cette meilleure supervision. En 1966, on enregistra un accroissement de 33 pour cent, avec 98 proclamateurs qui remirent un rapport, dont 16 pionniers spéciaux et missionnaires. Les assemblées de circonscription et de district se tenaient régulièrement et contribuaient à une plus grande spiritualité.

En 1967, environ 15 ans après que les premiers rayons de vérité eurent commencé à briller sur cette terre de contrastes, le nombre de 100 proclamateurs fut dépassé, avec un maximum de 120 proclamateurs. Des rapports enthousiastes parvenaient régulièrement de Saint-Louis, de Thiès et de Ziguinchor. À Dakar, les deux congrégations se développaient régulièrement, malgré le départ chaque année d’un grand nombre de frères en raison du programme gouvernemental de “sénégalisation” des emplois. Comme des fers de lance dans l’activité de prédication, 20 proclamateurs du Royaume à plein temps passaient sans cesse ce territoire varié au peigne fin. Quelle joie de voir cette année-​là 268 personnes rassemblées pour la célébration du Mémorial! Le Sénégal est sans doute le paradis des pêcheurs, mais en accord avec les paroles de Jésus, de plus en plus d’hommes étaient ‘pris vivants’, tels des poissons, et on leur apprenait ensuite à jeter à leur tour leurs filets spirituels pour une prise. — Luc 5:9-11.

Les publications de la Société sont certainement bien utiles pour faire connaître Jéhovah Dieu, le Créateur, aux habitants de ce pays. Le périodique Réveillez-vous! est particulièrement bien connu. Des gens de tous rangs reconnaissent sa valeur, et presque toutes les personnes contactées ont lu ou vu un exemplaire de Réveillez-vous! Beaucoup de gens nous écoutent respectueusement lorsqu’ils apprennent que les éditeurs du périodique sont les Témoins de Jéhovah. On nous arrête fréquemment dans la rue pour nous demander le dernier numéro. Grâce à Réveillez-vous! de nombreuses études bibliques sont commencées.

À la fin des années 1960, les rangs des serviteurs à plein temps au Sénégal grossissaient régulièrement et, en 1968, des missionnaires arrivaient dans ce pays si varié. Un nouveau maximum de 139 proclamateurs fut atteint, et 339 personnes assistèrent à la commémoration de la mort de Jésus. Pour la première fois, le nombre total des heures passées dans l’œuvre de témoignage dépassa le chiffre de 50 000, et 266 études bibliques étaient conduites chaque mois. Un plus grand accroissement se préparait.

LES ASSEMBLÉES “PAIX SUR LA TERRE”

L’année 1969 nous réservait des bénédictions. Grâce aux généreuses contributions des frères à travers le monde, de nombreux missionnaires eurent le privilège d’assister à une des assemblées internationales “Paix sur la terre” prévues en Europe ou en Amérique. Quelle joie! En outre, plus de 50 Témoins locaux assistèrent à l’une de ces assemblées à Paris, à Nuremberg ou à New York. Les trois pionniers spéciaux qui servaient en Gambie se rendirent à l’assemblée de Londres. Tous ces congressistes revinrent dans leur pays, rafraîchis, fortifiés et prêts à reprendre leur travail.

Naturellement, les frères qui ne purent quitter le Sénégal pour assister à l’une des grandes assemblées de 1969 étaient nombreux. L’assemblée de district “Paix sur la terre” qui s’est tenue à Dakar du 25 au 28 décembre a donc revêtu une signification particulière pour eux. À la fin du discours du baptême, treize personnes nouvellement vouées à Dieu se levèrent pour répondre Oui aux deux questions qui leur furent posées.

Ainsi, en 1969, l’œuvre consistant à faire des disciples sur cette terre de contrastes fut abondamment bénie. Avec 158 proclamateurs, un nouveau maximum fut atteint, ce qui représentait 15 pour cent d’accroissement. Par ailleurs, 30 pionniers étaient actifs dans le service du champ, dont 19 missionnaires qui avaient reçu une formation spéciale à l’École de Galaad. L’assistance au Mémorial fut de 383 personnes.

LE DÉBUT DES ANNÉES 1970

Qu’apporteraient les années 1970? Des mesures injustes frappaient les Témoins de Jéhovah dans certains pays d’Afrique. Quelles répercussions ces événements auraient-​ils sur le peuple de Dieu dans les autres pays africains?

Il arrivait souvent qu’à l’instigation du clergé, certains journaux religieux nous fassent une mauvaise publicité. On encouragea donc les frères à progresser spirituellement et à faire pénétrer la vérité dans le cœur des nouveaux, afin que tous puissent résister à l’épreuve de la persécution. Quel en a été le résultat? On enregistra de l’accroissement, car 22 personnes se firent baptiser pendant l’année de service 1970.

UN RASSEMBLEMENT EXCEPTIONNEL

L’année 1970 s’est terminée à la louange de Jéhovah par un événement spécial: une assemblée exceptionnelle tenue du 1er au 4 décembre 1970. Pour les chrétiens sénégalais, cette assemblée de district “Les hommes de bonne volonté” se révéla être l’événement le plus important de leur histoire. Comme nous étions reconnaissants que Jéhovah et son organisation visible aient pris avec amour des dispositions pour que 140 frères et sœurs des États-Unis et du Canada nous visitent! Leur présence transforma la petite oasis qu’est la congrégation de Dakar en un grand jardin, et donna à l’assemblée une allure vraiment internationale.

On fit un effort spécial pour que ces frères goûtent à toute la saveur de l’Afrique. On les logea dans des ‘huttes’ très confortables de style africain et au toit de chaume. Un programme spécial fut préparé principalement par les missionnaires pour faire vivre devant leurs yeux, dans la salle de l’assemblée, des scènes de la vie africaine. Les visiteurs purent ainsi suivre des tableaux qui représentaient un marché sénégalais, l’œuvre de témoignage dans ce pays ainsi que de nombreuses coutumes, des chants et des danses locaux.

Ce fut une assemblée inoubliable et, à bien des égards, exceptionnelle. Le jour du baptême, 25 candidats se sont présentés. Jamais ce chiffre n’avait été atteint au Sénégal pour toute une année

UN COUP D’ŒIL SUR NOS PROGRÈS

Il est intéressant de noter que, s’il a fallu 17 années pour atteindre le chiffre de 100 Témoins du Royaume, quatre ans plus tard le nombre de 200 proclamateurs était dépassé, puisque en avril 1971, 207 personnes prirent part à la proclamation de la “bonne nouvelle”. Cette année-​là, 459 personnes célébrèrent le Mémorial, chiffre qui laissait entrevoir un accroissement possible au Sénégal.

En Gambie, les frères poursuivaient fermement l’œuvre de témoignage malgré les difficultés qu’ils rencontraient dans ce territoire. Ils se réjouirent de voir, en 1971, 24 personnes se réunir pour célébrer le Mémorial. Pour les sept proclamateurs locaux, c’était une réelle source d’encouragements. Le petit groupe isolé qui se trouvait alors au Mali était aidé par un pionnier spécial et un pionnier ordinaire. En 1971, trois proclamateurs isolés en Mauritanie rapportèrent une activité dans le service du champ. Le Mémorial fut célébré pour la première fois dans ce pays avec une assistance de 22 personnes.

Comme il était encourageant de voir 45 personnes se faire baptiser au Sénégal en 1972! Jamais au cours d’une année un tel chiffre n’avait été enregistré! Nous fûmes remplis de joie en apprenant que 577 personnes s’étaient réunies à l’occasion du Mémorial et qu’un maximum de 241 proclamateurs avaient participé à la prédication. Alors qu’il avait fallu 21 ans pour atteindre les 200 proclamateurs, le cap des 300 proclamateurs fut dépassé seulement trois années plus tard (de 1971 à 1974). Nous avons été très réjouis d’enregistrer 302 proclamateurs en 1974 et une assistance de 705 personnes au Mémorial, soit 100 personnes de plus que l’année précédente. L’assemblée internationale “La victoire divine” contribua sans aucun doute à cet accroissement. Ce fut le moment le plus rafraîchissant de l’année 1973. Environ 100 frères venus de lointains pays nous stimulèrent par leur présence. Il y eut 510 assistants, chiffre jamais atteint jusque-​là, et 23 personnes se firent baptiser. Tous les assistants prirent la ferme résolution de participer à la victoire de Jéhovah en restant fidèles.

L’accroissement se poursuit de façon encourageante. En 1975, on enregistra 327 proclamateurs du Royaume et une excellente assistance de 826 personnes au Mémorial. La plupart des nouveaux Témoins vivent dans des grandes villes, particulièrement à Dakar. Qu’en était-​il des petits villages, dont bon nombre n’avaient jamais reçu la visite d’un Témoin?

“DE VILLAGE EN VILLAGE”

Au cours de l’année de service 1976, nous avons fait beaucoup d’efforts pour visiter de grands territoires non attribués. Des problèmes ont surgi en raison de la rareté des bonnes routes, mais avec l’aide de Jéhovah un excellent travail a été accompli, comme le montre le commentaire suivant:

“Nous nous sommes bien préparés. Nous avons emporté de la nourriture, des ustensiles de cuisine, une tente et beaucoup de publications. Outre le mauvais état des routes, les principaux problèmes étaient l’analphabétisme et notre ignorance des dialectes locaux. Toutefois, grâce à l’aide d’interprètes volontaires et en nous servant d’enregistrements du message dans les principaux dialectes, nous nous sommes débrouillés. Le chef d’un village accepta avec empressement une série de livres. Constatant leur valeur, il nous conduisit sur la place du village, après quoi il alla de hutte en hutte pour inviter tous les villageois à venir nous écouter. En moins d’une demi-heure, nous avions placé 50 livres.

“En raison de l’état des pistes qui relient les villages, nous empruntions parfois la ‘grande route de la plage’, mais il nous fallait contourner les rochers et éviter de nous enliser dans le sable. Une fois, nous avons été arrêtés par une double crevaison: un morceau de bois pointu, caché dans le sable, avait crevé deux pneus. Nous avons loué aussitôt une charrette pour transporter les roues dans un village proche et les faire réparer avant que la marée n’emporte la voiture et son contenu. Heureusement, nous y sommes parvenus. En l’espace de quatre jours, nous avons visité 20 villages, distribué 347 Bibles et livres, 320 brochures et 663 périodiques. Nous avons également obtenu plus de 20 abonnements.”

Nous prions que Jéhovah ne cesse de bénir ceux qui proclament joyeusement la “bonne nouvelle” dans ces territoires. À l’exemple de Jésus, les chrétiens du Sénégal répandent le message du Royaume, non seulement dans les villes, mais aussi “de village en village”. — Luc 8:1.

LA FOI QUI SOUTIENT

Le nombre des proclamateurs continuait à grandir. En 1976, au Sénégal, 835 personnes assistèrent au Mémorial. Cela représentait un accroissement en puissance. Par ailleurs, un maximum de 334 proclamateurs participèrent au service du champ en 1977. Toutefois, l’accroissement est parfois assez lent. Mais qu’en est-​il de ceux qui sont déjà dans la vérité? Sont-​ils fermement ancrés dans la foi? Certains abandonnent, mais la majorité se fortifient dans la foi, et les progrès se manifestent autant dans la qualité que dans la quantité des disciples.

Pour illustrer cela, prenons l’exemple de la famille Fourcault. Nous avons déjà raconté comment elle a trouvé la vérité. Sa foi résisterait-​elle à de dures épreuves? Tout d’abord, tous les membres de la famille, à l’exception des deux garçons les plus âgés, furent gravement blessés dans un accident de voiture, et la plupart d’entre eux furent hospitalisés. Mais les membres de cette famille ne cessèrent pas de nourrir leur foi en étudiant régulièrement la Bible en commun. De plus, cette infortune leur enseigna toute l’importance de développer une bonne spiritualité. Pour ce faire, ils cultivèrent l’esprit pionnier. L’aîné, Henri, entreprit le service de pionnier ordinaire. Mais bientôt, cette famille unie et zélée fit face à un plus grand malheur. Sœur Fourcault fut hospitalisée pour une grave opération. Elle utilisa sagement son temps à l’hôpital en donnant le témoignage et elle commença une étude biblique dans la salle où elle se trouvait. Mais le malheur frappa de nouveau. Peu de temps avant le jour prévu de sa sortie de l’hôpital, sœur Fourcault mourut subitement d’une embolie.

Sœur Fourcault aurait été heureuse de voir la réaction pleine de maturité de sa famille, y compris de ses plus jeunes enfants. Il était merveilleux de constater leur foi en la résurrection (Jean 5:28, 29; 11:21-25). Sylvie, son unique fille, âgée alors de 11 ans, présenta courageusement sa première allocution à l’École théocratique quelques heures après les funérailles. Elle avait promis à sa mère alors hospitalisée d’enregistrer son allocution pour la lui faire entendre. Et elle l’enregistra effectivement malgré la mort de sa mère. Après son allocution, la petite Sylvie serra l’enregistrement contre son cœur et dit avec gravité: “Je le garderai très précieusement. Ainsi, après sa résurrection, maman pourra entendre mon premier sermon.”

Les trois garçons Fourcault les plus âgés servent maintenant à plein temps. Deux d’entre eux ont suivi les cours de l’École de Galaad, Henri avec la cinquante-cinquième classe et Jean-Marc avec la cinquante-neuvième. Après les cours, ils sont revenus servir au Sénégal.

UNE FOI ACTIVE CHEZ LES GAMBIENS

La Gambie aussi offre d’excellents exemples de fidélité, tel Ralph Phillott, un fidèle ancien de la congrégation de Banjul, qui mourut après une longue maladie. Un excellent témoignage fut donné aux centaines de personnes qui assistèrent au discours prononcé à son enterrement.

Un événement très important pour nos frères de Gambie a été la remarquable assemblée de circonscription qui s’est tenue en mai 1976. Pour la première fois, trois personnes, dont deux Gambiens de l’endroit, se firent baptiser à l’assemblée de Banjul. Un de ces baptisés avait été contacté pour la première fois en 1959. Depuis des années, il fréquentait la congrégation, mais en même temps il s’efforçait de réformer son Église. Finalement, il comprit la nécessité de sortir de Babylone la Grande et de se faire baptiser. Une institutrice retraitée bien connue se fit également baptiser à cette assemblée. Ces baptêmes dans le fleuve Gambie donnèrent un excellent témoignage aux gens de la région.

Quelle joie d’enregistrer en 1977 un accroissement de 67 pour cent dans le nombre des proclamateurs en Gambie avec un maximum de 11 proclamateurs du Royaume! La récente campagne avec la brochure Les Témoins de Jéhovah et la question du sang, qui fut envoyée aux membres de la profession médicale, permit de mieux faire connaître notre œuvre et notre position biblique.

Le petit groupe de proclamateurs de la ville de Banjul est reconnaissant de ne pas être oublié chaque fois qu’un surveillant de zone visite l’Afrique occidentale. Ainsi, en février 1978, ces chrétiens ont reçu C. Barber, sa femme et David Mercante, leur compagnon de voyage, avec une joie comparable à celle qu’ont dû ressentir les premiers chrétiens quand ils furent visités par l’apôtre Paul. À l’occasion de cette visite de zone en Gambie, on organisa une réunion spéciale à laquelle assistèrent 38 personnes.

LES CHRÉTIENS DU MALI SONT ABONDAMMENT BÉNIS

Un jalon important dans l’histoire de l’œuvre au Mali fut posé en janvier 1973 lorsque trois pionniers spéciaux quittèrent Dakar pour s’établir à Bamako. Les vigoureux efforts qu’ils firent malgré des conditions difficiles produisirent d’excellents résultats. Ces pionniers passaient chaque mois jusqu’à 200 heures dans le service du champ. Ils plaçaient en moyenne 300 périodiques et conduisaient jusqu’à 23 études bibliques chacun. Un certain mois, l’un d’entre eux obtint 100 abonnements. Un bel accroissement s’ensuivit. En 1973, il n’y avait que sept Témoins au Mali, en comptant les pionniers. Mais en 1975, 23 personnes prêchaient la “bonne nouvelle” et, en 1977, elles étaient 32.

En décembre 1977, l’assemblée de district “Les travailleurs joyeux” s’avéra très encourageante pour les frères maliens qui avaient pu se rendre à Dakar. Ils furent profondément impressionnés par l’hospitalité et l’amitié chrétiennes que les frères leur manifestèrent. Plusieurs d’entre eux projetaient d’assister à l’assemblée internationale “La foi victorieuse” de 1978 à Paris. Naturellement, on annonça que le même banquet spirituel aurait lieu à Dakar en décembre 1978.

NOUS CONTINUONS D’APPELER ‘CEUX QUI ONT SOIF’

Dans les huit congrégations du Sénégal, 56 pionniers et missionnaires travaillent épaule contre épaule avec quelque 300 compagnons chrétiens. Il est certain que les quelque 300 proclamateurs du Royaume qui se trouvent au Sénégal, au Mali, en Gambie et en Mauritanie sont un groupe apparemment insignifiant si on le compare aux onze millions d’habitants qui peuplent ces pays. Néanmoins, confiants en Jéhovah, ils continuent à lutter contre la sécheresse spirituelle.

Bien que, ces dernières années, certains aient perdu leur vision des choses spirituelles, “le solide fondement de Dieu tient debout” et “Jéhovah connaît ceux qui lui appartiennent”. (II Tim. 2:19.) Ainsi, avec un zèle toujours renouvelé, les proclamateurs heureux de la “bonne nouvelle” continuent d’inviter les personnes sincères à ‘venir prendre l’eau de la vie, gratuitement’. (Rév. 22:17.) Au Sénégal, terre hospitalière mais sérieusement touchée par une sécheresse qui n’en finit pas, nous continuons à servir Jéhovah et à nous préparer pour le jour où, à l’image de ce que nous connaissons déjà dans le paradis spirituel actuel, “le désert et la région aride exulteront, et la plaine déserte sera joyeuse et fleurira comme le safran”. — És. 35:1.

En attendant, telles de petites oasis dans une région désertique, les serviteurs fidèles de Jéhovah au Sénégal, au Mali, en Mauritanie et en Gambie continuent à inviter avec force et enthousiasme les habitants de ces pays à s’approcher de Jéhovah Dieu, la Source de toutes les eaux. Unissant nos voix à celles de tous nos compagnons de par le monde, nous nous écrions sans répit: “Holà! Vous tous qui avez soif! Venez vers l’eau (...). Écoutez, et votre âme restera en vie.” — És. 55:1-3.

[Carte, page 233]

(Voir la publication)

SÉNÉGAL

Dagana

Saint-Louis

Louga

Kayar

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M’backé

Dakar

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Diourbel

M’bour

Fatick

Kaolack

Tambacounda

Bignona

Kolda

Ziguinchor

Océan Atlantique

MAURITANIE

MALI

GUINÉE

GAMBIE

Banjul (Bathurst)

GUINÉE-BISSAU

[Illustration, page 251]

Un témoignage productif est donné de case en case. Les habitants du Sénégal sont rarement trop occupés pour écouter attentivement la bonne nouvelle du Royaume.