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Fidji et les îles avoisinantes

Fidji et les îles avoisinantes

Fidji et les îles avoisinantes

PRESQUE perdues dans l’immensité du Pacifique Sud, entre l’Australie et le continent sud-américain, des centaines d’îles minuscules pointent à la surface de l’océan. Isolées, paisibles, chaudes et attrayantes, couvertes d’une végétation luxuriante avec l’inévitable cocotier, ces îles sont souvent décrites par les visiteurs comme un “paradis”.

Certaines d’entre elles sont de simples atolls émergeant à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer. En revanche, d’autres îles plus grandes qui ont surgi du fond des mers à la suite d’une catastrophe volcanique ou sismique, sont très montagneuses avec des sommets dépassant 1 800 mètres et arrosées par des rivières assez importantes. De petits villages indigènes, dont la population va de quelques familles à des centaines d’habitants, sont dispersés le long des côtes bien abritées, généralement au bord des rivières. Il y a aussi plusieurs villes importantes.

La vie religieuse des îles est dominée par les Églises méthodiste, catholique et anglicane, ainsi que par la Société missionnaire de Londres. Les premiers missionnaires de la chrétienté sont arrivés dans les années 1800, et, plus récemment, de petits groupes protestants ont commencé à s’activer dans ces îles.

LES HABITANTS

Des années auparavant, ces îles étaient très isolées du reste du monde. Aucun avion n’y atterrissait. Le contact des indigènes avec le monde extérieur se résumait aux escales peu fréquentes des bateaux et des cargos, au maximum une fois par mois.

Les insulaires sont d’origines diverses: mélanésienne, micronésienne et polynésienne. Mais la plupart d’entre eux ont la même manière de vivre. Amicaux, insouciants et désinvoltes, ils vivent au jour le jour, se contentant de peu de chose. Les habitants d’ascendance européenne, qui ont été habitués à rechercher davantage de biens matériels, se sentent très souvent frustrés par ce genre de vie propre aux indigènes.

LA COORDINATION DE L’ŒUVRE DANS UN TERRITOIRE IMMENSE

L’œuvre dans cette immense région du Pacifique Sud a été dirigée par la filiale australienne de la Société Watch Tower depuis sa formation en 1904 jusqu’en 1958, année où fut ouverte une filiale à Suva, la capitale de Fidji.

Cette nouvelle filiale fut chargée de surveiller l’œuvre dans les pays suivants: Fidji, la Nouvelle-Calédonie, Vanuatu (auparavant les Nouvelles-Hébrides), les Samoa occidentales, les Samoa américaines, Tonga, Niue, Tahiti, Tuvalu (les anciennes îles Ellice), Kiribati (auparavant les îles Gilbert), Tokelau et les îles Cook.

L’isolement de ces territoires insulaires est un des facteurs qui ont gêné la progression de l’œuvre du Royaume dans le Pacifique Sud. Les îles Fidji, qui occupent une position centrale par rapport aux autres îles confiées à la surveillance de la filiale, sont en quelque sorte le moyeu d’une roue immense dont les rayons seraient constitués par les autres îles. Si, par exemple, un voyageur quitte Fidji pour se diriger vers l’est, il atteindra Tonga après avoir parcouru 700 kilomètres, Niue après 960 kilomètres et Tahiti après 3 540 kilomètres.

En allant vers le nord-est, il arrivera aux îles Samoa, à quelque 1 350 kilomètres de Fidji. À environ 1 100 kilomètres au nord de Fidji se trouve l’archipel des Tuvalu, et encore plus au nord, à la même distance par rapport à Tuvalu, se trouvent les principales îles Kiribati. Un périple vers l’ouest amènera le voyageur à Vanuatu, à plus de 960 kilomètres de Fidji, et en Nouvelle-Calédonie à 1 120 kilomètres de là. Ce territoire s’étend donc d’est en ouest sur à peu près 4 800 kilomètres d’océan. Étant donné la proximité de la ligne de changement du jour, les Témoins de Jéhovah de Fidji sont, chaque année, parmi les premiers chrétiens à célébrer le Mémorial de la mort de Jésus, alors que ceux des Samoa sont parmi les derniers, quelque 23 heures plus tard.

À une certaine époque, la filiale de Fidji surveillait l’œuvre du Royaume dans 12 pays, le nombre le plus élevé jamais confié à une seule filiale. Le travail du bureau se faisait en 13 langues importantes. Quant aux surveillants de circonscription et de district, ils parcouraient jusqu’à 4 800 kilomètres d’une extrémité à l’autre du territoire, tout en devant constamment se conformer au règlement sur l’immigration.

Pour nous faire une idée de la prédication dans ces groupes d’îles, considérons un instant leur histoire. Nous apprendrons comment la bonne nouvelle a commencé à être prêchée et comment cette œuvre a progressé jusqu’à aujourd’hui sous la direction de Jéhovah. Nous débuterons par Fidji, le plus important de ces groupes d’îles.

LES ÎLES FIDJI

Fidji compte plus de 300 îles dont environ un tiers seulement sont habitées. Cela représente une superficie totale de 18 275 kilomètres carrés. Cette ancienne colonie de la couronne britannique est devenue une nation indépendante en 1970. Ces îles montagneuses et riches sont très belles.

Les autochtones, les Fidjiens, constituent approximativement 40 pour cent de la population. Ce sont des Mélanésiens à la peau foncée. Autrefois, c’étaient des guerriers féroces et cannibales (il fut un temps où ces îles étaient appelées îles cannibales). Ils sont maintenant civilisés et la plupart d’entre eux ont été convertis à des religions de la chrétienté.

À peu près 50 pour cent des habitants sont des descendants d’ouvriers amenés de l’Inde pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Bien que de nombreux Indiens travaillent encore dans ces plantations, beaucoup sont aujourd’hui commerçants. Il y a aussi des Européens, dont le nombre diminue, ainsi que des Chinois et des représentants de presque toutes les autres îles du Pacifique Sud. Fidji est donc un véritable creuset.

Suva, la capitale, se développe rapidement. On estime qu’elle compte aujourd’hui plus de 100 000 habitants. Au total, les îles Fidji ont une population supérieure à 600 000 habitants. Environ la moitié de ceux-ci sont hindous ou musulmans, et l’autre moitié se répartit entre une vingtaine d’Églises de la chrétienté.

LES FIDJIENS ENTENDENT LA BONNE NOUVELLE

Comment la bonne nouvelle a-​t-​elle pénétré dans ces îles? Il semble que quelques publications éditées par la Société Watch Tower furent introduites à Fidji dès la première décennie de ce siècle. Le premier Témoin de Jéhovah actif arriva en 1913. Il avait été muté par son employeur à Fidji et venait du Sri Lanka. Après avoir quitté ce pays, il se rendit aux États-Unis et assista à une assemblée organisée par les Étudiants de la Bible. De là, il apporta avec lui le Photo-Drame de la Création qu’il projeta à Fidji devant des assistances nombreuses. Le texte accompagnant la projection fut traduit en fidjien et des séances eurent lieu dans des villes importantes ainsi que dans des villages.

Parlant de l’une de ces séances, le Fiji Times du 28 juin 1915 faisait ce commentaire: “La seconde partie de cette série de tableaux religieux fut projetée au Théâtre Universel hier soir. À partir de 18 h 30, des centaines de personnes faisaient la queue sur le trottoir, le long de la poste, ou formaient des groupes sous l’ivi [marronnier local]. Les portes furent ouvertes à 19 h 30, et cinq minutes plus tard la salle était pleine à craquer.” Après cela, il n’est plus question de prédication pendant environ 15 ans.

DEUX PIONNIERS DISTRIBUENT DE NOMBREUX ÉCRITS

En 1930, Andy Auchterlonie et A. McGregor arrivèrent dans les îles. Après avoir prêché de maison en maison à Suva, ils se déplacèrent en bateau autour de l’île principale, Viti Levu (la Grande Fidji), de Suva à la côte occidentale. Ils laissèrent de nombreux écrits bibliques aux habitants de l’île, donnant le témoignage à tous ceux à qui ils pouvaient parler.

Avec l’aide d’un guide fidjien et en se servant d’une pirogue, ils pénétrèrent à l’intérieur de l’île Viti Levu où ils distribuèrent des centaines de brochures en fidjien. Ils étendirent aussi la prédication à l’île de Vanua Levu (la Grande Terre), la deuxième île quant à la superficie. Grâce au bateau, ils virent la plupart des villageois à qui ils remirent une grande quantité de publications.

LES FRUITS

Leur rencontre avec la famille de Leonard Heatley allait produire du fruit. Celui-ci rapporte: “Étant à demi Fidjien, mon père, Edward, connaissait bien l’anglais et le fidjien. Il avait fait des travaux de traduction pour diverses organisations. Il consentit à traduire la brochure Enfer contre paiement. Mais la somme convenue ne lui fut jamais versée, car mon père avait accepté la vérité avant même d’avoir fini de traduire la brochure. Il quitta l’Église catholique et il fut jusqu’à sa mort, en 1959, un ardent défenseur de l’œuvre du Royaume.

“Il traduisit en fidjien six brochures, le livre Délivrance et de nombreux discours bibliques de frère Rutherford enregistrés sur disques. Ceux-ci furent ensuite enregistrés en langue fidjienne et passés sur des gramophones devant des milliers de Fidjiens réunis dans les villages.” Leonard Heatley, quant à lui, fut le premier missionnaire diplômé de Galaad originaire de Fidji.

D’autres fruits furent produits quand Harry et Louisa Scott (aujourd’hui décédés) acceptèrent la bonne nouvelle. Sœur Scott raconta: “Ted Heatley, un ami de mon mari, nous rendit visite un soir et nous fit écouter des discours bibliques de frère Rutherford enregistrés sur disques. La simplicité et la clarté du message nous touchèrent. Nous reconnûmes qu’il s’agissait de la vérité.” La famille Marriott fut la troisième à accepter la vérité à la même époque, les trois familles (les Heatley, les Scott et les Marriott) étant le fruit de l’activité de ces deux premiers pionniers.

D’AUTRES PIONNIERS ARRIVENT À FIDJI

Après que frères Auchterlonie et McGregor furent retournés chez eux, la filiale australienne affecta d’autres pionniers dans les îles Fidji. Vers 1933, un pionnier parcourut presque toutes les îles Fidji, à pied, à bicyclette, à cheval et en bateau, distribuant des milliers d’écrits bibliques. Malheureusement, par la suite, ce frère abandonna le vrai culte, mais il avait semé de nombreuses graines de vérité.

Frère Éric Ewins nous explique comment il a entendu pour la première fois le message de la vérité de la bouche de ce pionnier: “C’était la période la plus pénible de ma vie: Ma femme venait de mourir et je devais m’occuper d’un garçon de 12 mois. Je me souviens qu’un ecclésiastique à qui j’avais demandé la raison de ce drame m’avait répondu que Dieu voulait ma femme au ciel et qu’il l’avait prise. J’étais tellement abattu que j’ai prié Dieu de me laisser mourir. En effet, dans de telles conditions, la vie n’avait aucun sens pour moi.

“Quelques jours plus tard, un étranger pénétra dans mon bureau et, après s’être présenté, il me dit: ‘En 1914, il y a eu une guerre dans le ciel, et Satan ainsi que ses démons ont été précipités vers la terre. Depuis lors, ils préparent toutes les nations à combattre contre Dieu à la bataille d’Har-Maguédon au cours de laquelle ils seront détruits. Et le Royaume de Dieu et du Christ dominera la terre à jamais.’ Je fus immédiatement frappé par le côté dynamique du message, lequel était tellement différent de ce qu’offraient les Églises.

“J’invitai le Témoin à demeurer chez moi pendant quelques jours, ce qu’il fit. Nous discutions du message jusqu’aux premières heures du matin. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour être convaincu que c’était la vérité et la réponse de Dieu à ma prière désespérée.” Frère Ewins s’est donc mis à fréquenter les trois autres familles de Témoins.

UTILISATION D’UNE VOITURE SONORISÉE

En 1937, on fit venir dans les îles une voiture sonorisée qui parcourut Viti Levu pendant environ six mois. Des années plus tard, les frères rencontrèrent des gens qui s’en souvenaient encore. Dans les années 1950, un indigène, ancien d’un village, déclara: “Ils étaient courageux. Généralement, ils parquaient leur voiture au bord de la rivière et, dans le village, nous pouvions tous écouter le message diffusé à grand bruit. Nous entendions tout: ‘Le Diable dirige les hommes. Les chefs religieux enseignent des mensonges. La Bible enseigne la vérité. Le Royaume de Dieu est l’espérance de l’homme. Il n’y a pas d’enfer de feu.’ Tout cela en deux langues: anglais et fidjien.”

J. RUTHERFORD VISITE FIDJI

En mai 1938, au cours de sa tournée qui le conduisit en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans le Pacifique, J. Rutherford, alors président de la Société, passa une journée à Fidji. On avait loué la salle municipale de Suva plusieurs semaines à l’avance et on avait fait une large publicité au discours que frère Rutherford devait y donner. Le jour de son arrivée, les autorités retirèrent la salle aux frères. Ne pouvant pas disposer de cette salle, frère Rutherford tint néanmoins des réunions avec les quelques frères locaux, et une quarantaine de personnes écoutèrent le discours qu’il prononça dans un foyer privé. Bien que la police surveillât étroitement frère Rutherford partout où il alla ce jour-​là, il réussit à apporter un grand encouragement aux frères de Fidji.

LES ÉCRITS BIBLIQUES SONT INTERDITS

En 1936, une loi fut promulguée interdisant l’importation de quelques-unes des publications bibliques de la Société. Puis, lorsque fut déclarée la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement de la colonie étendit cette interdiction à tous les écrits de la Société. Certains livres furent même détruits. Par exemple, en janvier 1939, le contrôleur des douanes détruisit toute une cargaison de livres Délivrance en fidjien. Les frères réussirent néanmoins à faire entrer quelques écrits dans le pays et purent ainsi se nourrir spirituellement. Sœur Scott nous relate un des moyens utilisés:

“Frère Ashcroft travaillait comme assistant d’un médecin sur un paquebot reliant l’Australie au Canada. À Sydney, il se procurait bon nombre de publications. Quand le navire faisait escale à Suva, plusieurs frères montaient à bord avec leurs manteaux sur le dos; ils bourraient les poches intérieures de brochures, puis ils redescendaient la passerelle pour retourner à la voiture qui les attendait. Au bout d’un moment, ces frères traversaient de nouveau la passerelle jusqu’à ce que le stock de publications apporté par frère Ashcroft soit épuisé.

“Une fois, frère Ashcroft arriva avec une importante cargaison de publications que nous ne pouvions faire sortir du bateau par la méthode habituelle. Sœur Tupe Marriott emprunta donc une barque à un jardinier chinois et, une fois la nuit tombée, elle traversa le port à la rame en direction du quai où mouillait le Niagara. Faisant semblant de pêcher, à un certain moment elle dit d’une voix forte à son jeune fils qui était avec elle: ‘Allons de ce côté (en s’écartant du quai), il semble y avoir plus de poissons ici.’ C’était le signal qu’attendait frère Ashcroft pour descendre plusieurs cartons de publications le long du bateau. Ensuite, sœur Marriott rama ferme pour traverser de nouveau le port avec un plein chargement de ‘poissons’.”

Le bureau de la filiale australienne s’efforça à plusieurs reprises de faire lever les restrictions. En 1940, Harold Gill fut envoyé à Fidji où il fit directement appel auprès du gouverneur. Toutefois, l’œuvre ne tarda pas à être complètement interdite, comme dans la plupart des pays du Commonwealth britannique.

LEVÉE DES RESTRICTIONS

En 1945, à la suite de la pétition que les frères adressèrent au gouvernement, l’interdiction de la prédication fut levée et les publications purent pénétrer à Fidji après une censure préalable et non sans avoir obtenu l’accord du gouverneur. En 1959, on obtint encore un allégement des restrictions. Les publications étaient autorisées à la seule condition qu’un exemplaire de chaque nouvelle publication entrant dans les îles soit déposé au commissariat de police. Enfin, en 1970, le premier ministre leva toutes les restrictions.

ARRIVÉE DES MISSIONNAIRES

Bien qu’une certaine activité ait été effectuée dans les années qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale, au cours de celle-ci l’œuvre fut pour ainsi dire arrêtée. En 1946, N. Knorr, le président de la Société, et M. Henschel, son secrétaire, firent escale à Fidji où ils donnèrent chacun un discours devant un petit groupe de frères. Frère Knorr annonça que la Société allait envoyer des missionnaires formés à Galaad, l’École biblique de la Watchtower. Le 5 avril 1947, William Checksfield, un frère anglais plutôt rude, et Cecil Bruhn, un Australien, tous deux diplômés de la huitième classe de Galaad, arrivèrent à Fidji. Frère Bruhn se souvient “qu’ils furent accueillis par les membres de trois familles, les seuls Témoins des îles”. Frère Ewins, qui s’était remarié et avait des enfants, était également revenu à Fidji après une absence de huit années.

LA PREMIÈRE CONGRÉGATION

En septembre 1947, on forma à Suva la première congrégation de Fidji. Elle comprenait les deux missionnaires, sœur Connie Clark ainsi que les familles Ewins, Heatley, Marriott et Scott.

Avec l’aide des missionnaires, la congrégation s’accrut peu à peu et le nombre des proclamateurs passa de 9 à 37 en cinq années. Parmi les nouveaux membres de cette congrégation, il y avait un homme venant de Tuvalu, Foua Tofinga, qui fut le premier habitant de Tuvalu à accepter la vérité et à être baptisé. Il sert toujours Jéhovah fidèlement en tant que l’un des trois membres du comité de la filiale de Fidji.

Frère Bruhn se souvient qu’il était alors impossible aux missionnaires d’étendre la bonne nouvelle aux autres îles. Mais frère Harry Scott combla ce besoin et répandit très largement le message. Comment? Sœur Scott explique: “Mon mari était le capitaine du Adi Beti (Lady Betty), le yacht officiel des gouverneurs de Fidji. Ainsi, là où se rendait le yacht, là aussi arrivaient des publications bibliques. Dans bon nombre des îles très dispersées de Fidji, les écrits distribués de cette manière étaient le seul contact entre les habitants et la vérité.”

Malheureusement, frère Bruhn, qui avait des problèmes de santé, dut retourner en Australie en 1949. Frère Checksfield continua son activité à Fidji et devint très connu dans toute l’île principale de Viti Levu. Il put aider et former les frères, y compris les jeunes Len Heatley et Eunice Marriott, qui n’avaient que 12 ans quand les missionnaires arrivèrent.

En mars 1951, frères Knorr et Henschel vinrent de nouveau à Suva où ils encouragèrent les frères. Ce mois-​là, 30 personnes participèrent à la prédication. C’était un nouveau maximum de proclamateurs.

LE PREMIER PIONNIER PERMANENT DE FIDJI

Cette visite eut une grande influence sur Eunice Marriott qui devint le premier pionnier permanent de Fidji. Cette sœur raconte: “Bon nombre des jeunes qui étaient élevés dans la vérité par des parents respectant Dieu avaient souvent besoin qu’un événement important les incite à réagir favorablement à ce que représente la vérité. En 1951, j’étais très désireuse de recevoir une instruction plus poussée et, comme beaucoup d’autres jeunes gens ici, de quitter cette petite île pour aller dans un pays plus grand. C’est la raison pour laquelle ma sœur et mon beau-frère, qui vivaient en Nouvelle-Zélande, faisaient le nécessaire pour me permettre de les rejoindre et pouvoir ainsi poursuivre mes études. J’attendais l’aboutissement des démarches entreprises pour ce voyage quand frères Knorr et Henschel vinrent à Fidji.

“Frère Knorr donna un discours dans lequel il parla de Daniel, un personnage biblique très courageux, dont la vie m’impressionna vraiment. Étant jeune, je me rappelle que je me tassais de plus en plus dans mon siège afin de ne pas être vue par frère Knorr qui s’exprimait avec beaucoup d’autorité et pour échapper à son regard, qui me paraissait perçant. Après le discours, frère Henschel s’est entretenu personnellement avec moi et m’a parlé en termes encourageants du service de pionnier et de missionnaire. ‘Frère Henschel, lui dis-​je, si je vais à Galaad, je ne voudrais pas être envoyée dans des îles minuscules comme Fidji.’ Il m’entraîna vers une carte murale représentant le monde et m’expliqua qu’on pourrait peut-être m’envoyer au Brésil qui compte des millions d’habitants. Il m’encouragea tant à faire du service à plein temps le but de ma vie que j’ai annulé mon projet de me rendre en Nouvelle-Zélande et je suis devenue pionnier.

“Je ne suis pas allée à l’École de Galaad, car il y avait et il y a toujours grand besoin de pionniers à Fidji, mais j’ai vraiment goûté chaque minute de mon service ici. Après avoir été pionnier pendant 27 ans, j’ai eu le privilège d’accompagner mon mari [Don Clare] à Brooklyn en 1978 où il a suivi un cours spécial donné par l’École de Galaad à l’intention des membres des comités de filiale. Nous avons eu la joie, nous leurs femmes, d’assister chaque jour à deux heures de discussions bibliques.”

D’autres ont suivi son exemple, et l’année d’après (en 1952), Lydia Pedro et Len Heatley devinrent pionniers. Ces trois jeunes chrétiens, Lydia, Len et Eunice, effectuèrent leur service aux côtés de frère Checksfield et contribuèrent à la formation de la congrégation de Suva. Ce petit groupe de pionniers s’accrut puisque, de trois qu’ils étaient à l’origine, ils sont maintenant 90 pionniers rien qu’à Fidji, et 130 dans tout le territoire surveillé par la filiale. Deux des trois premiers pionniers sont toujours dans le service à plein temps. Le troisième, sœur Lydia Pedro, est décédée en Nouvelle-Zélande en 1969.

DE NOUVEAUX MISSIONNAIRES ARRIVENT

Don Clare, l’actuel coordinateur de la filiale, aperçut Fidji pour la première fois en 1952 depuis le bateau qui l’amenait, lui et 16 autres frères d’Australie, à l’École de Galaad. Frère Clare rapporte: “Je me rappelle que, debout sur le pont du paquebot et découvrant le site du port de Suva, au milieu de magnifiques collines revêtues de parterres multicolores, je me suis dit: ‘Quel endroit merveilleux pour servir comme missionnaire!’ Nous avons passé la journée avec un petit groupe de quelque 20 proclamateurs locaux et un seul missionnaire, frère Bill Checksfield. Ce fut une journée très agréable. Tous les 17 nous étions d’avis que Fidji serait une magnifique affectation de service pour des missionnaires.”

Que se passa-​t-​il? Frère Clare ajoute: “Alors que nos cours touchaient à leur fin, en juillet 1952, nous attendions avec impatience qu’on nous révèle l’endroit où nous irions servir. Quelle merveilleuse surprise pour quatre d’entre nous, Harold et Lena Cater, Clive Taylor et moi-​même, lorsqu’on nous a informés que nous allions être envoyés à Fidji! Et notre surprise a été plus grande encore quand on nous a demandé de chercher un emploi afin de pouvoir entrer dans la colonie de Fidji.”

Pourquoi cela était-​il nécessaire? Eh bien, depuis quelques années, la Société avait sollicité l’autorisation de faire entrer des missionnaires à Fidji. Le gouvernement avait toujours refusé. Il fallait donc recourir à une autre méthode pour permettre à quatre missionnaires diplômés de l’École de Galaad d’entrer à Fidji. Ils devaient s’y rendre en tant que touristes, puis chercher un emploi. C’est ce qu’ils firent en mars 1953. On leur recommanda de ne pas fréquenter les réunions pendant quelques mois et de ne donner le témoignage qu’en dehors de la ville, afin de ne pas attirer l’attention sur eux. Finalement, ils commencèrent néanmoins à étendre leur activité théocratique et à aider frère Checksfield, le seul missionnaire.

“J’ai toujours été convaincu que c’était dirigé par Jéhovah que la Société nous envoyait à Fidji à cette époque-​là, rapporte frère Clare. Pour obtenir notre permis de séjour et entreprendre le service de missionnaire, il nous a fallu rester à Fidji pendant cinq ans et y exercer une activité profane. Au cours des années qui ont suivi, des frères d’Australie, du Canada et d’Angleterre sont venus à Fidji pour servir là où le besoin était plus grand, mais tous ont eu des problèmes avec les services de l’immigration dès que ceux-ci apprenaient qu’ils étaient Témoins. À cause de cela, ils devaient quitter la colonie lorsque leur permis de séjour arrivait à son terme.”

LE TÉMOIGNAGE À FIDJI

Frère Cater décrit ainsi l’œuvre effectuée en ce temps-​là: “Les habitants, très amicaux, étaient influencés par la philosophie insulaire du malua, c’est-à-dire ‘demain est encore un jour’. Durant la plus grande partie de l’année, le climat était très chaud et humide. Jusqu’ici on avait accordé peu d’attention aux territoires ruraux. C’est donc là que nous avons commencé notre prédication. Au début, c’était difficile, car les habitants de ces régions parlent très peu l’anglais et nous étions encore à apprendre le fidjien. Mais bientôt j’ai pu faire de courts exposés en fidjien. Nous avons donné de plus en plus de discours dans les villages et nous avons encouragé un frère fidjien à nous accompagner. Le protocole consistait à rendre visite au chef du village, à lui donner le témoignage et à choisir par son intermédiaire un endroit où présenter le discours public. Après celui-ci, nous allions prêcher de case en case. Là, pas de sonnettes! Au lieu de chaises, on nous offrait pour sièges des nattes à même le sol.”

LES MISSIONNAIRES OBTIENNENT LEUR PERMIS DE SÉJOUR

Après avoir occupé un emploi profane pendant cinq ans, les quatre missionnaires venus de l’École de Galaad en 1953 obtinrent enfin leur permis de séjour. Frères Clare et Taylor reprirent donc la prédication à plein temps. Frère et sœur Cater restèrent à Fidji encore quelques années durant lesquelles ils aidèrent les frères locaux à croître vers la maturité. Puis ils durent rentrer en Australie après la naissance de leur fils en 1960.

SERVIR LÀ OÙ LE BESOIN EST PLUS GRAND

Au début des années 1950, on invita les frères à aller servir là où le besoin était plus grand: dans les îles. Au cours des quelques années qui suivirent, de nombreux Témoins australiens répondirent à cette invitation. Ils contribuèrent dans une large mesure à l’extension de l’œuvre. À un certain moment, il y avait à Fidji 120 frères et sœurs venus servir là où le besoin est grand. Bon nombre d’entre eux apprirent le fidjien afin d’être capables d’aider au maximum les indigènes. C’est ainsi qu’ont vu le jour quelques congrégations dont le noyau était constitué de telles familles. La deuxième congrégation fut formée à Lautoka en 1956, une autre à Navua un peu plus tard, et en 1958 celle de Mba (Ba). Aujourd’hui, il y a à Fidji 24 congrégations ainsi que des proclamateurs isolés sur certaines des îles les plus éloignées.

Pour ces frères, servir là où le besoin était plus grand n’était pas chose aisée. Non seulement ils avaient des problèmes du fait qu’ils s’étaient rendus dans un nouveau pays, mais les services de l’immigration les expulsaient s’ils s’apercevaient qu’ils étaient Témoins. Ces frères devaient donc rester discrets pendant quelques mois. Puis, une fois qu’ils avaient un emploi profane stable, ils fréquentaient peu à peu les Témoins locaux et finalement participaient à tout le programme de prédication.

Comprendre les indigènes était un autre défi. En effet, ils mènent une vie tout à fait décontractée. Par exemple, un indigène qui étudie la Bible avec un Témoin peut convenir d’un rendez-vous, mais il le manquera souvent. Pourquoi? C’est tout simplement la façon de vivre dans ces îles. Ces gens pensent essentiellement au présent. Ils oublient le passé, et ignorent tranquillement l’avenir. Quoi qu’il arrive, ils s’intéressent à l’événement, quelle qu’en soit l’importance.

La politesse naturelle des insulaires peut aussi poser un problème aux étrangers. Le respect des visiteurs est un principe de base du mode de vie des indigènes. Ainsi, il arrivera parfois que l’un d’eux vous dise ce que vous souhaitez l’entendre dire, et non pas ce qu’il pense réellement. Il faut donc être un bon enseignant et faire preuve d’un grand discernement.

Quand des surveillants de circonscription se déplacent dans le territoire rural, il se peut qu’ils demandent: “Pendant combien de kilomètres devons-​nous encore marcher jusqu’au prochain village?” Le frère indigène le sait. C’est peut-être huit kilomètres. Mais le surveillant de circonscription européen est fatigué. Alors, pour ne pas voir un signe de découragement sur le visage de son frère, ce Témoin indigène, par réelle bonté de cœur et voulant sincèrement l’aider et l’encourager, lui dira: “Environ un kilomètre.” Du fait de cet état d’esprit, bon nombre de frères venus d’autres pays ont fait à pied le “kilomètre” le plus long de toute leur vie.

LES PREMIERS SURVEILLANTS DE CIRCONSCRIPTION

En 1955, la filiale australienne désigna Len Helberg pour servir comme premier surveillant de circonscription à Fidji. Il rendit également visite aux frères dans les Samoa occidentales et américaines ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie. Il participa aussi à l’œuvre à Tonga et à Tahiti.

Pour effectuer le service de la circonscription dans les îles, il fallait souvent se déplacer dans de petites embarcations qu’on appelait des “bateaux pour poulets et cochons” tant leur cargaison était variée. Les passagers s’installaient comme ils pouvaient au milieu des animaux, du bois et des denrées alimentaires. Certains bateaux étaient meilleurs que d’autres, mais ils ne respectaient pas les horaires. Ainsi, il pouvait arriver qu’un surveillant de circonscription se retrouve seul pendant un mois ou plus sur une île en attendant le bateau suivant.

Lorsque le surveillant de circonscription effectuait son service dans les villes, il bénéficiait peut-être d’un logement moderne avec tout le confort: eau courante chaude et froide, w.-c. et un lit. Mais la semaine suivante il pouvait très bien être dans un village. Alors, il dormait sur une natte à même le sol: quant au cabinet de toilette, c’était, à l’extérieur de la case, une simple crique ou un seau d’eau qu’il se répandait sur le corps.

LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE DE DISTRICT

La première assemblée de district, qui avait pour thème “Le Royaume triomphant”, eut lieu à Suva en 1956. Deux jours avant l’assemblée, on informa les habitants de Suva de l’arrivée d’un cyclone. Des cases et des maisons en dur furent abattues, les routes furent inondées et coupées et, le cyclone approchant, tous les vols furent suspendus. Mais la nuit précédant l’assemblée, le cyclone s’écarta de Suva, et le premier jour de l’assemblée bénéficia d’un temps calme.

L’avion qui amenait à Fidji frère Don Adams, venant du siège de la Société, fut retardé par le mauvais temps. Lorsque l’avion atterrit enfin, les frères transportèrent Don Adams jusqu’à Suva dans un véhicule à quatre roues. Après avoir traversé une rivière en crue avec de l’eau jusqu’à hauteur de la poitrine, ils le déposèrent sur les lieux de l’assemblée à peine une heure avant le moment prévu pour son discours public.

Depuis cette date, les frères ont eu assez régulièrement des assemblées qui ont largement contribué à l’expansion de l’œuvre et à l’affermissement spirituel du peuple de Jéhovah.

LES RÉUNIONS EN LANGUE FIDJIENNE

Auparavant, on utilisait l’anglais dans toutes les réunions. Mais certains frères avaient des difficultés à donner leurs exposés dans cette langue. C’est pourquoi, en 1957, le surveillant de zone conseilla d’utiliser le fidjien dans les congrégations, ce qui fut fait l’année suivante. En outre, on publia chaque mois un supplément en langue fidjienne à l’édition australienne du Ministère du Royaume en anglais. Cela se révéla très utile.

FORMATION D’UNE NOUVELLE FILIALE

Le 1er septembre 1958, la direction de l’œuvre du Royaume dans le Pacifique Sud fut confiée à une nouvelle filiale, celle de Suva, à Fidji. Len Helberg, diplômé de la 31classe de l’École de Galaad, devint le premier surveillant de la filiale. Len Heatley, le premier Fidjien à avoir suivi les cours de l’École de Galaad, l’aidait et effectuait le service itinérant. Au début, le bureau de la filiale se trouvait dans une pièce de la maison de frère Éric Ewins à Suva. Plus tard, on loua à Suva une petite maison de deux pièces.

En 1960, Don Clare, qui avait épousé en 1954 Eunice Marriott, le premier pionnier local de Fidji, devint surveillant de filiale, et aujourd’hui encore il sert comme coordinateur du comité de la filiale. Len Helberg est retourné en Australie, et Len Heatley a continué jusqu’à ce jour dans différentes formes de service.

LA NOUVELLE FILIALE RENCONTRE DES PROBLÈMES

Imaginez les problèmes qui attendaient la nouvelle filiale. Elle devait s’occuper de huit territoires insulaires différents. Ceux-ci utilisaient des monnaies différentes, leurs habitants parlaient des langues différentes et ces territoires étaient traversés par la ligne de changement du jour. D’autre part, chaque archipel était dirigé par un gouvernement différent. Pour aggraver encore les problèmes, les services postaux étaient très lents. Une lettre envoyée d’un certain endroit du territoire mettait parfois dix semaines pour arriver au bureau de la filiale.

Toutefois, la décision de confier la surveillance de l’œuvre dans ces îles à cette nouvelle filiale, guidée par l’esprit de Jéhovah, allait considérablement accélérer sa progression. Dans la première année qui suivit l’ouverture de cette filiale, le nombre des proclamateurs à Fidji passa de 111 à 176.

LA VÉRITÉ L’EMPORTE SUR LE DÉMONISME

Bien que la plupart des habitants de Fidji soient membres d’une Église de la chrétienté, certains ont gardé leurs anciennes coutumes entachées de démonisme, notamment un rite religieux qui consiste à marcher sur le feu.

Dès qu’il eut quitté l’école, Seremaia Raibe se joignit à un groupe connu sous le nom de Vukea (l’Assistant), ce qui l’amena à toucher au démonisme. Les membres de ce groupe croyaient qu’ils recevraient la force de vaincre la mort. Ce jeune homme participait à des beuveries au cours desquelles il buvait du kava (un breuvage local qui engourdit l’esprit et le corps) jusqu’à l’aube, afin d’entrer en contact avec les démons et de recevoir la force de vaincre la mort.

Un certain jour de 1957, frère Checksfield lui rendit visite. Il se servit de la Bible pour expliquer les raisons de la situation critique du présent monde. Seremaia fut si intéressé par ce message qu’il se mit à lire la Bible, bien que le Vukea s’efforçât de discréditer ce livre. Quand il lut en Jean 5:28 que la résurrection serait possible grâce à Jésus Christ, il comprit que les enseignements du Vukea étaient faux. Lorsque le chef de cette secte mourut — ce que Seremaia avait cru impossible — il abandonna le groupe ainsi que le démonisme. Il fut baptisé en 1958, devint pionnier et participa au début de l’œuvre à Niue. Aujourd’hui, il est ancien en Nouvelle-Zélande.

LE RASSEMBLEMENT EST FACILITÉ PAR L’USAGE DU FIDJIEN

Après qu’on eut commencé à utiliser le fidjien aux réunions, davantage de Fidjiens vinrent à la vérité. En juillet 1961, on publia une édition mensuelle de La Tour de Garde en fidjien. Un assez grand nombre de brochures furent également traduites en ce dialecte.

Frère Aminiasi Cakau prit une large part au travail de traduction. Bien qu’il eût une grande famille, il traduisait souvent jusqu’au petit matin. Pendant quelques années, avant sa mort survenue en décembre 1980, il servit en tant que membre du comité de la filiale.

Frère Emosi Laucala, qui apprit la vérité de sa tante, est également membre du comité de la filiale. En 1960, sa tante, une Fidjienne, se mit à étudier la Bible alors qu’elle se trouvait à Suva. Ensuite elle retourna dans son village. À la mort de son père, les habitants du village lui suscitèrent des épreuves en raison de ses nouvelles croyances et parce qu’elle ne craignait plus les morts. Quelques villageois, qui avaient remarqué sa foi, commencèrent à écouter ce qu’elle leur disait à partir de la Bible. Parmi eux, il y avait son neveu, Emosi, qui était adventiste du septième jour. Lorsqu’elle repartit à Suva, il la suivit et désira aller voir son “église”. Pendant son séjour en ville, soit une semaine, il étudia la Bible chaque jour; il commença à fréquenter les réunions, puis rentra chez lui avec des publications. Il fut baptisé en 1962.

LE DÉCÈS DU PREMIER MISSIONNAIRE À FIDJI

La même année, en 1962, frère Checksfield, le premier missionnaire de Fidji, mourut durant l’assemblée de district de Lautoka. Il avait servi fidèlement dans le territoire fidjien pendant 15 ans et avait pu constater que Jéhovah bénissait ses efforts. Parfois, il dirigeait plus de 20 études bibliques dans la semaine.

Au cours des années, les frères fidjiens s’étaient demandé si frère Checksfield n’allait pas retourner en Angleterre, mais il avait toujours répondu qu’il n’avait nul désir de repartir, car il n’y avait, à ses yeux, de meilleur endroit que Fidji. Quel bel exemple de missionnaire attaché à son affectation!

DES ASSEMBLÉES PERMETTENT LA RÉUNION DES FRÈRES

On organise parfois une seule assemblée pour toutes les îles, ce qui permet de rassembler les frères de tout le Pacifique Sud. La première grande assemblée internationale eut lieu en 1963 à Suva, qui était ainsi l’un des 24 lieux différents constituant la chaîne d’assemblées autour du monde dont le thème était “La bonne nouvelle éternelle”. De nombreux Témoins d’autres pays dépendant de la filiale de Fidji vinrent à Suva pour s’assembler avec leurs frères. Quelle joie ce fut pour eux de pouvoir se rencontrer pour la première fois après avoir tant entendu parler les uns des autres.

À leur manière chaleureuse, les frères des îles goûtèrent un rassemblement fraternel de cinq jours. Ils furent particulièrement émus de jouir de la compagnie de frères venus du siège mondial de la Société, y compris frères Franz et Suiter. Le discours public, donné par frère Franz, fut écouté par 1 080 personnes, assistance presque deux fois plus nombreuse que lors de n’importe quelle assemblée antérieure à Fidji. On baptisa 25 personnes, lesquelles constituaient le fruit du ministère accompli dans plusieurs pays. Les sessions furent tenues en quatre langues: anglais, fidjien, français et samoan. Cette assemblée fut un événement remarquable en ces jours qui marquaient le début de l’accroissement théocratique à Fidji.

DES MEMBRES DE FAMILLES DE HAUT RANG ACCEPTENT LA VÉRITÉ

Dans la société fidjienne, il y a des familles de haut rang. Ses membres ont gagné cette distinction de nombreuses années auparavant par des actes valeureux en temps de guerre. Les hommes de ces familles portent des noms comme Ratu ou Ro et les femmes, Adi ou Bulo. Ces noms sont transmis de père en fils, et ceux qui les portent sont l’objet d’un très grand respect.

Quand des membres de ces familles de haut rang apprennent la vérité, ils doivent opérer de nombreux changements afin de vivre en conformité avec ces paroles de Jésus: “Vous êtes tous frères.” (Mat. 23:8). Ils rencontrent souvent de l’opposition, à l’exemple de sœur Alisi Dranidalo, qui raconte:

“Ma famille, du village de Lovoni dans l’île d’Ovalau, s’est opposée à moi. Plus particulièrement mon père, car il portait un titre de chef et participait beaucoup à la vie religieuse du village. Quand j’ai quitté mon emploi en 1962 pour servir en tant que pionnier dans les îles Ellice [maintenant Tuvalu], il m’a reniée. Pendant près de huit ans il n’ouvrait même pas les lettres que je lui envoyais. Lors d’un séjour à la maison, à l’occasion de deux semaines de vacances, je me considérais comme une étrangère et non pas comme sa fille, faisant toutes choses avec un profond respect (ainsi que l’exige la coutume fidjienne lorsque la personne est étrangère).

“Cependant, en raison de ma conduite chrétienne, et non pas à cause du témoignage que je lui avais donné, mon père a fini par me demander de venir à la maison pour étudier avec la famille. Un de mes frères et une de mes sœurs sont maintenant dans la vérité, et mon père est très favorablement disposé. Il a rompu tout lien avec l’Église et il assiste aux réunions et aux assemblées.”

Sœur Alisi Dranidalo est à présent pionnier spécial et elle fait un excellent travail tant dans la prédication que dans le domaine de la traduction.

UN NOUVEAU BÂTIMENT POUR LA FILIALE

En 1965, frère Knorr visita Fidji et participa à l’assemblée de district “Le fruit de l’esprit”. À cette occasion, il approuva l’achat d’une propriété à Suva afin d’y construire un bâtiment pour abriter le bureau de la filiale et une Salle du Royaume. On prit des dispositions pour que notre œuvre soit reconnue officiellement, ce qui fut fait en 1966 sous le nom d’Association internationale des Étudiants de la Bible.

Il était difficile de trouver un terrain qui convenait bien, mais finalement on acheta une propriété à proximité du quartier d’affaires de Suva. Lorsque le bâtiment fut achevé, en mai 1969, il donna un excellent témoignage à tous. Lors de l’inauguration, 632 assistants étaient entassés dans la Salle du Royaume prévue pour 250 personnes seulement. Les Témoins locaux furent très touchés d’apprendre que l’argent nécessaire à l’achat du terrain avait été envoyé par les frères de Nouvelle-Zélande et que les fonds indispensables à la construction du bâtiment lui-​même venaient des frères d’Australie. Le bâtiment de la filiale compte deux étages. Le second est réservé au bureau et aux chambres. La Salle du Royaume est au premier, tandis que le garage et l’entrepôt pour les publications sont au rez-de-chaussée.

CONSTRUCTION EN VUE D’UNE ASSEMBLÉE

Au cours des années, les assemblées ont été organisées dans divers bâtiments publics, mais les frères ont dû bien souvent construire eux-​mêmes toutes les installations nécessaires à une assemblée. Par exemple, en 1970, pour l’assemblée de district “Les hommes de la bienveillance”, les frères des districts des Fidji occidentales ont dû construire toutes les installations nécessaires dans la ville de Mba. Travaillant surtout les week-ends, ils ont bâti de grandes “salles” comportant un toit de chaume et des sièges faits en bambou, ainsi que six autres constructions plus petites. Cela leur a pris trois mois, mais ils ont été abondamment récompensés quand ils ont vu 842 personnes écouter le discours public et 22 d’entre elles se faire baptiser.

L’INDÉPENDANCE POUR FIDJI

Le 10 octobre 1970, après avoir été pendant 96 ans une colonie de la couronne britannique, Fidji devint une nation indépendante. Cet événement eut des conséquences sur l’œuvre chrétienne à Fidji, car le but du nouveau gouvernement était de confier à des indigènes les emplois et les fonctions occupés par des étrangers. De nombreux frères qui étaient venus servir là où le besoin était plus grand et qui avaient trouvé un emploi profane sont rentrés chez eux, car des indigènes se sont vu attribuer leurs postes.

Certains frères qui servaient à Fidji depuis de nombreuses années ont dû décider s’ils voulaient devenir citoyens fidjiens. C’est ce qu’ont fait quelques-uns, dont frère Clare, diplômé de l’École de Galaad, qui sert toujours au bureau de la filiale.

L’ACCROISSEMENT CES DERNIÈRES ANNÉES

En 1970, 1 226 personnes avaient assisté au Mémorial, mais en 1983 il y eut 3 061 assistants. À la fin des années 1970, une dizaine de congrégations avaient été formées à Suva et dans les villes les plus importantes. Mais comme de plus en plus d’indigènes acceptaient la vérité, onze nouvelles congrégations ont vu le jour au cours des dix années suivantes.

En 1977, l’œuvre de prédication a été étendue à davantage de villages et d’îles qui n’avaient pas encore entendu le message. Des pionniers spéciaux ont été envoyés dans quatre nouveaux territoires où ils ont fondé trois congrégations. Mais il est difficile d’étendre l’œuvre dans les 106 îles habitées de Fidji. Dès lors que des pionniers spéciaux fidjiens quittent leur village, ils ne sont généralement pas bien accueillis dans d’autres villages, à moins qu’ils soient invités par un habitant de ceux-ci.

Un jour, un homme d’un certain âge se rendit au bureau de la filiale pour demander qu’un ministre Témoin de Jéhovah soit envoyé dans son île. C’était un ancien pasteur méthodiste déçu par sa religion et par d’autres qu’il avait connues. Ayant eu l’occasion de rencontrer les Témoins dans l’île principale, il pensait qu’ils pratiquaient la meilleure religion. Comme il proposait un logement, un couple de pionniers spéciaux fut désigné pour se rendre dans l’île. Ces deux pionniers donnèrent le témoignage dans huit villages où ils passèrent deux semaines. Il s’avéra que l’homme en question était le chef principal de l’île, aussi ordonna-​t-​il à son peuple d’écouter les Témoins de Jéhovah.

LA FIDÉLITÉ PORTE DU FRUIT

Le système communautaire en vigueur dans les villages a beaucoup d’emprise sur les Fidjiens. Dans le passé, il était pratiquement impossible à un villageois de devenir Témoin, à moins qu’il ne quitte son village. La situation est en train de changer. Auparavant, lorsque les gens voyaient des Témoins s’approcher de leurs villages, ils s’enfuyaient dans la brousse. Mais le haut niveau de moralité des frères, leur vie pure et leur prédication persévérante incitent aujourd’hui beaucoup de Fidjiens à les écouter.

Le cas de sœur Losavati Rokomarama illustre bien cela. Elle apprit la vérité à Suva. Son mari, qui ne partageait pas ses nouvelles croyances, retourna peu après dans son village, le plus important de l’île de Ngau. C’est là que vit cette famille.

Au cours des années qui suivirent, Losavati resta fermement attachée à sa foi et continua à répandre la bonne nouvelle par le témoignage occasionnel. Elle envoyait chaque mois son rapport au bureau de la filiale. Tous les dimanches, elle étudiait La Tour de Garde avec ses jeunes enfants malgré les moqueries des autres villageois qui fréquentaient tous l’Église méthodiste. Avec le temps, son mari se joignit à elle dans l’étude de La Tour de Garde et accepta peu à peu la vérité. Puis, à la suite des témoignages occasionnels que donnait cette sœur, son beau-frère et sa belle-sœur quittèrent à leur tour l’Église. Les quatre personnes adultes et leurs enfants se réunissaient chaque semaine pour étudier la Bible.

Plus tard, la Société envoya deux frères pionniers spéciaux dans cette région. Ils demeurèrent chez sœur Losavati Rokomarama. À la suite du témoignage zélé donné par ces pionniers, les villageois s’irritèrent contre eux et le pasteur méthodiste provoqua une réunion de tout le village à l’église. Il ordonna au mari de sœur Rokomarama, qui s’intéressait depuis peu à la vérité, de chasser les pionniers spéciaux de sa maison. Il refusa, disant hardiment à tous les villageois que les pionniers étaient ses invités et qu’ils resteraient chez lui.

Bien que ces pionniers spéciaux n’effectuent plus leur service dans cette île, le petit groupe continue à se réunir régulièrement, et six de ses membres remettent chaque mois un rapport de leur activité de prédication.

L’ŒUVRE DANS UNE ÎLE ÉLOIGNÉE

Trois proclamateurs isolés vivent dans une grande île située à quelque 120 kilomètres de Viti Levu, l’île principale. Des surveillants de circonscription rendent régulièrement visite à ces proclamateurs bien qu’il leur faille plus d’un jour pour s’y rendre. Le surveillant de circonscription doit embarquer sur un petit cargo pour aller dans cette île où il n’y a pour ainsi dire ni route ni électricité. Quand il arrive à proximité de l’île, il lui faut encore patienter des heures, car le bateau jette l’ancre dans de nombreuses criques, près de la côte, pour décharger et charger des denrées et des passagers. Arrivé à destination, le surveillant de circonscription embarque dans un petit canot qui le conduira à terre. Là, il patauge dans la boue, tout en portant ses bagages. Après avoir parcouru plusieurs kilomètres à pied dans la brousse, il arrive enfin dans la maison d’un des frères.

Cependant, ses efforts sont bien récompensés quand il constate toute la reconnaissance et la joie de ses frères au cours de leurs discussions durant les réunions et lorsqu’ils participent à l’activité de témoignage. Un surveillant de circonscription se souvient avec émotion de son départ de l’île. Les membres d’une famille chrétienne sont restés debout avec de l’eau jusqu’à la ceinture, agitant les bras en signe d’au revoir, jusqu’à ce que son bateau eût disparu au loin.

C’est ainsi que par divers moyens la bonne nouvelle est diffusée dans toutes les îles, même lorsque les circonstances ne permettent pas d’envoyer des pionniers dans tous les endroits où ils seraient bien nécessaires.

LES CYCLONES TOUCHENT LES FRÈRES

Tous les ans, de novembre à avril, Fidji est la cible des tempêtes tropicales, les ouragans que l’on appelle ici cyclones. Au cours dès années, ils ont provoqué bien des dégâts et même des morts. Les frères ont évidemment été touchés par ces cyclones.

On a bien souvent envoyé des secours aux frères qui avaient perdu leurs maisons et leurs récoltes à la suite d’une inondation ou d’un glissement de terrain. Les frères locaux ont appris à prendre soin les uns des autres lors de ces catastrophes.

POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS 1947, UN MISSIONNAIRE EST AUTORISÉ À VENIR À FIDJI

L’année 1978 fut très importante pour la petite filiale de Fidji. À la suite de plusieurs changements et de la mort d’un des surveillants de circonscription, frère Manoa Baro, il y eut un grand besoin de surveillants itinérants. Il n’y avait pas de frères formés en vue de cette activité. On décida donc de demander au gouvernement l’autorisation de faire venir de l’étranger un surveillant de circonscription expérimenté. La filiale avait déjà adressé de nombreuses demandes de ce genre aux autorités, mais celles-ci n’avaient jamais autorisé l’entrée de missionnaires depuis plus de 30 ans.

Les frères furent très reconnaissants à Jéhovah quand ils apprirent que le gouvernement autorisait la venue de Vaughan Guy, accompagné de sa femme Jeanne, pour une période de trois ans afin de servir comme surveillant itinérant. Des frères locaux ont ainsi reçu une meilleure formation, et certains d’entre eux servent maintenant comme surveillants de circonscription.

LA PRÉDICATION AUX INDIENS

Bon nombre d’Indiens qui étaient venus à Fidji pour y travailler sont restés et ont fondé de grandes familles. La majeure partie d’entre eux pratiquent la religion hindoue, les autres sont musulmans. Dans tout Fidji, la plupart des commerces appartiennent aux Indiens, et beaucoup d’entre eux ont loué des terres pour y cultiver la canne à sucre. Relativement peu d’Indiens ont accepté la vérité, la grande majorité des proclamateurs étant des Fidjiens de l’île même ou venus d’une île voisine.

Toutefois, les Indiens sont très hospitaliers. Lorsqu’un proclamateur donne le témoignage à l’un d’eux, notamment à la campagne, celui-ci l’invitera à entrer chez lui. Il lui offrira invariablement une boisson fraîche ou chaude, par exemple du thé sucré avec du lait. Le maître de maison indien acceptera presque toujours une publication, car ses croyances veulent qu’il ne se montre jamais impoli envers quiconque parle de Dieu. L’Indien travaille dur; il est ambitieux et préserve généralement l’unité étroite de sa famille. C’est là une des raisons pour lesquelles les jeunes Indiens ont bien du mal à accepter la vérité.

À cause de la religion hindoue, à laquelle appartiennent la majorité d’entre eux, les Indiens acceptent difficilement la vérité. Il est courant de les entendre dire: “Toutes les religions sont bonnes et plaisent à Dieu.” Toutefois, certains ont appris la vérité et servent fidèlement dans les congrégations, tel Hari Narain qui est maintenant ancien.

À Tavua, ville du district occidental, un frère, autrefois musulman, et sa femme obtiennent de bons résultats en étudiant avec des Indiens. À l’assemblée de district qui s’est tenue à Lautoka en 1980, un homme et son épouse, tous deux hindous, ont été baptisés. Ainsi, des efforts sont faits pour toucher la population indienne, si bien que lors des deux dernières assemblées de district, le programme a été présenté non seulement en anglais et en fidjien, mais aussi en hindi. On compta 255 assistants au discours public prononcé en hindi à l’occasion de l’assemblée de district “La vérité du Royaume”.

LA BÉNÉDICTION DE JÉHOVAH EST ÉVIDENTE

Il est tout à fait évident que Jéhovah a béni la prédication et l’œuvre d’enseignement qui ont été effectuées au cours des années. Alors qu’en 1947, lorsque sont arrivés les premiers missionnaires de l’École de Galaad, il n’y avait que 12 proclamateurs, la vérité s’est étendue au point qu’en juin 1983 nous avons atteint un nouveau maximum de 819 proclamateurs. L’assemblée de district “La vérité du Royaume” a été le rassemblement le plus important jamais organisé à Fidji. Il y eut 2 905 assistants, et 47 personnes ont été baptisées, tandis qu’au cours de toute l’année de service 1982 il y avait eu 50 baptêmes. Les possibilités d’accroissement sont grandes, comme en témoigne le fait qu’il y eut 3 061 assistants au Mémorial de 1983, ce qui représente plus de trois fois et demie le nombre maximum de proclamateurs.

Pour faire face à l’accroissement, les congrégations ont dû renoncer à la Salle du Royaume dans le bâtiment de la filiale à Suva. En 1983, on l’a transformée pour faire trois bureaux et un local pour l’expédition des publications. Dans l’ancien local qui était utilisé dans ce but, on a installé la réception et un bureau de traduction.

Ce bel accroissement ainsi que les changements qu’il a rendus nécessaires sont tout à l’honneur de Jéhovah Dieu, notre Père céleste, qui a donné force et courage aux chrétiens envoyés dans ces îles pour prêcher sa Parole.

Mais tournons maintenant notre attention vers une autre région du Pacifique Sud, les îles Samoa.

LES SAMOA OCCIDENTALES

Les îles Samoa sont parmi les plus belles du Pacifique Sud. Mais au cours des deux derniers siècles, elles ont eu, elles aussi, leur part d’ennuis, car les puissances mondiales se sont battues pour les posséder. Ces luttes ont laissé ces îles dans un état économique et social bien différent de celui qu’on s’attendrait à trouver dans un véritable paradis.

Bien que quelques kilomètres seulement séparent les Samoa occidentales des Samoa américaines et que leurs habitants soient apparentés, elles ont des gouvernements différents. Depuis 1962, les Samoa occidentales sont une nation indépendante, une des plus petites du monde.

Les deux grandes îles (Upolu et Savaii) ont une superficie de 2 934 kilomètres carrés, mais comptent seulement 160 000 habitants. Ces îles sont montagneuses, mais fertiles. Elles sont couvertes d’une végétation très dense entrecoupée de diverses plantations, notamment de cocotiers. Les villages sont pittoresques. Les maisons, les fales, ont un toit de chaume circulaire, mais sont ouvertes sur les côtés à cause de la chaleur qui règne dans ce pays. Quand il pleut, les habitants baissent les stores, qui sont en fait des feuilles de palmier. La capitale, Apia, compte 35 000 habitants.

Parmi les religions prédominantes, on trouve les Églises chrétienne congrégationaliste (issue de la Société missionnaire de Londres), méthodiste, catholique, mormone, adventiste du septième jour, ainsi que divers groupes pentecôtistes.

Les Samoans sont des Polynésiens, donc très amicaux et très hospitaliers. Leur peau est brun clair, et leurs traits de visage ressemblent à ceux des habitants du Caucase. Dans les villages, ils vivent selon un système social dans lequel plusieurs familles constituent un clan. Le chef d’un clan est appelé matai. Il y a un certain nombre de matais dans chaque village. Leur rang varie quant à l’importance et à l’autorité qui en découle. Les matais qui sont des orateurs et des chefs occupent un rang élevé, et il y a généralement un chef suprême qui est la plus haute autorité dans le village.

Comme vous l’imaginez bien, lorsque tous les membres d’un clan ont les mêmes croyances religieuses, il peut être très difficile pour l’un d’eux de s’affranchir de Babylone la Grande.

LE TÉMOIGNAGE DANS LES SAMOA OCCIDENTALES

Toutefois, les visiteurs sont accueillis amicalement dans à peu près tous les villages samoans. Quand un proclamateur de la bonne nouvelle s’approche d’une maison, il s’arrête respectueusement au bord de la plate-forme de pierre peu élevée sur laquelle est construite la fale et guette un signe de bienvenue. Alors une fillette étend une natte à l’intérieur de la maison, et le proclamateur entre non sans s’être d’abord déchaussé et sans dire un mot. Lorsqu’il est confortablement assis en tailleur sur la natte, il attend poliment.

C’est ensuite au tour de la maîtresse de maison d’intervenir. Elle dit au visiteur combien elle est heureuse qu’il soit venu jusqu’à sa maison; elle espère que l’activité du proclamateur sera bénie; elle explique que sa maison est humble, mais que le soleil est chaud. Enfin, elle dit au proclamateur qu’il est le bienvenu. Celui-ci la remercie et s’enquiert de la santé de sa famille. C’est alors seulement qu’il peut parler du message du Royaume.

LES DÉBUTS DE L’ŒUVRE DU ROYAUME

C’est en 1952 que la bonne nouvelle relative au Royaume de Jéhovah commença à prendre racine dans les Samoa occidentales. John Croxford, un frère venu d’Angleterre, organisa un petit groupe d’étude avec des personnes qui s’intéressaient à la Bible. Il travaillait à la TEAL Airlines (maintenant Air New Zealand) et avait son bureau à Beach Road, à Apia. C’est là qu’il rencontra un employé nommé Fuaiupolu Pele.

Au dire de Pele, frère Croxford était “l’homme le plus aimable jamais rencontré”. Pele rapporte que frère Croxford lui avait raconté plus tard que lorsqu’il avait vu tous les gens, habillés en blanc et leur Bible à la main, se rendre à l’église le dimanche, il s’était demandé comment s’y prendre pour prêcher. Mais il commença et obtint d’excellents résultats. Pele nous fait part de ses sentiments à ce moment-​là:

“Je savais qu’il [frère Croxford] désirait me parler, mais je l’éconduisais parce que je n’avais pas le temps. Étant président de l’Association des anciens élèves des écoles gouvernementales, j’étais très occupé. Toutefois, un samedi soir, il est venu chez moi pour prendre un repas. Nous avons parlé jusqu’à l’aube, le dimanche matin. Je lui ai posé de nombreuses questions auxquelles il répondait chaque fois en lisant la Bible. J’étais absolument convaincu que c’était la vérité que je recherchais.”

Bien que très heureux d’apprendre la vérité, Pele s’inquiétait des conséquences. Les membres de sa famille et lui étaient très en vue dans l’Église, certains étant même pasteurs, et il était très connu à cause de ses activités scolaires, sportives et religieuses. Les questions suivantes le préoccupaient: Qu’allait donc penser l’Association des anciens élèves de cette nouvelle religion qu’il embrassait? Qu’allait être la réaction des dirigeants de l’Association, leurs Altesses Malietoa Tanumafili II et Tupua Tamasese III?

Selon la coutume samoane, les matais de haut rang exercent une forte influence. Il est presque impensable pour un Samoan, notamment s’il n’a aucun titre et n’occupe pas un haut rang, de s’opposer aux coutumes et à la religion de ses ancêtres. Telle était la situation de Pele quand il accepta la vérité.

PELE RENCONTRE LES PERSONNAGES DE HAUT RANG

Pele raconte ce qui arriva: “Je priais comme jamais auparavant, demandant à Jéhovah de me diriger dans la voie que je devais suivre. Au cours des quelques mois qui ont suivi, j’étudiais sans cesse jusqu’à une heure avancée de la nuit. Un jour, j’ai reçu une lettre du chef principal de notre famille qui m’invitait à assister à une réunion nocturne à Faleasiu, afin de parler de cette ‘nouvelle Église’. Taime Solomona, un autre membre de la famille qui s’intéressait à la vérité, était là également. À peine étais-​je entré que le chef principal commençait la réunion. À cette assemblée familiale étaient présents six chefs, trois orateurs, dix pasteurs, deux enseignants en théologie, le chef principal qui présidait et des hommes et des femmes d’âge mûr de la famille. Ils nous ont injuriés et condamnés sous prétexte que nous déshonorions le nom de la famille et l’Église de nos ancêtres.

“Puis le président a déclaré: ‘Il serait préférable d’avoir un débat. Vous exposerez vos doctrines et vos croyances; nous ferons de même, et nous verrons qui a raison.’ J’éprouvais les mêmes sentiments que Jérémie; j’avais comme un feu à l’intérieur de moi-​même et j’étais impatient de parler. Certains ont bien crié: ‘Enlève cette Bible! Laisse-​la de côté!’ Mais j’ai répondu à toutes leurs questions et réfuté leurs arguments à l’aide de la Bible. Combien j’étais heureux d’avoir étudié la Parole de Dieu comme jamais auparavant!

“Cela a duré toute la nuit, jusqu’à quatre heures du matin. Finalement, ils n’ont plus prononcé un mot, plus un son. Ils ont baissé la tête. Alors le chef principal dit d’une voix faible: ‘Tu as gagné, Pele.’ Je répondis: ‘Excusez-​moi, Monsieur, je n’ai pas gagné. Cette nuit, vous avez entendu le message du Royaume. Mon plus cher désir est que vous l’acceptiez.’ Après avoir quitté l’assemblée, nous avons pris l’autocar pour rentrer à la maison. Nous étions fatigués mais heureux de cette victoire en faveur de la vérité de Dieu. Les graines de la vérité avaient pris racine à Upolu.”

LE GROUPE D’ÉTUDE S’AGRANDIT

Un après-midi de juillet, un jeune homme du nom de Maatusi Leauanae entendit deux hommes parler de la “nouvelle vérité”. Maatusi leur demanda: “Où est cette nouvelle vérité?” L’un d’eux, qui travaillait à l’hôpital, lui expliqua qu’un groupe de personnes y étudiaient la Bible chaque semaine ce jour-​là. Maatusi désirait vivement entendre parler de cette “nouvelle vérité”. Il se rendit donc à l’hôpital et jeta un coup d’œil à l’intérieur des bâtiments. Voyant un groupe important de personnes, il se sentit mal à l’aise et fit demi-tour pour quitter l’hôpital. À la porte d’entrée, il rencontra John Croxford qui venait d’arriver pour diriger l’étude. Frère Croxford l’encouragea à se joindre à eux, ce qu’il fit. On lui présenta Fuaiupolu Pele et quelques autres: deux ou trois médecins, un douanier, quelques employés de bureau et un homme qui travaillait au ministère de l’Agriculture. Puis ils étudièrent tous pendant une heure le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”.

En 1952, Pele et sa femme, Ailua, symbolisèrent l’offrande de leur personne à Jéhovah par le baptême d’eau. Maatusi Leauanae appréciait ce qu’il étudiait, mais durant quelques mois il fréquenta irrégulièrement le groupe. Quand il se mit de nouveau à étudier assidûment, l’amour et l’intérêt que les membres de ce groupe lui témoignaient, ainsi que la vérité qu’il apprenait, le convainquirent qu’il avait trouvé la vraie religion. Siemu Taase, un autre jeune fonctionnaire, se joignit bientôt au groupe. Maatusi et lui furent baptisés en 1956.

John Croxford quitta les Samoa occidentales en 1953, mais il avait planté des graines de vérité dans un sol excellent. Bon nombre de ceux que nous avons déjà mentionnés servent toujours fidèlement Jéhovah. Mais d’autres allaient se joindre à eux.

LA PREMIÈRE CONGRÉGATION

La Société approuva la formation de la première congrégation des Samoa occidentales au début de 1953. Ronald et Olive (Dolly) Sellars, un couple de pionniers spéciaux venant d’Australie, arrivèrent en mai 1953 et ils aidèrent à organiser la congrégation. Les autorités n’ayant pas voulu prolonger leur permis de séjour dans le pays, en janvier 1954 ils se rendirent aux Samoa américaines.

Frère Pele raconte: “Quand frère Croxford nous quitta, tout le monde pensait que c’était la fin de la ‘nouvelle Église’. Mais il y avait plus de 40 assistants aux réunions. En 1953, alors qu’il rentrait en Australie après avoir assisté à l’assemblée de New York, frère Ted Jaracz fit escale aux Samoa occidentales pour nous rendre visite. Le soir, nous nous sommes réunis chez moi où il a prononcé plusieurs discours que j’ai traduits.”

Peu de temps après, frère Pele a donné à son fils nouveau-né le nom des trois frères qui étaient venus aux Samoa occidentales: John Croxford, Ron Sellars et Ted Jaracz. En samoan, cela donne Uitinesesioneronitete (Witness-John-Ron-Ted en anglais).

ILS VIENNENT SERVIR LÀ OÙ LE BESOIN EST PLUS GRAND

Un certain nombre de Témoins d’Australie vinrent aux Samoa occidentales pour servir là où le besoin était plus grand. Richard et Gloria Jenkins, Bill et “Girlie” Moss ainsi que d’autres y ont fait un excellent travail. Régulièrement, les autorités rejetaient les demandes de la Société pour l’envoi de missionnaires dans le pays. Les frères qui servaient là où le besoin était plus grand ont donc été très utiles en apportant une surveillance stable et mûre que les frères locaux ne pouvaient offrir à l’époque.

Un frère, né aux Samoa occidentales, qui avait appris la vérité en Nouvelle-Zélande, décida d’apporter pendant un temps son aide à ses frères “chez lui”. C’est ainsi qu’en 1960 Charles Pritchard et sa femme Judy vinrent aux Samoa occidentales avec leurs deux enfants. Ils y restèrent cinq ans durant lesquels ils purent apporter une grande aide puisque frère Pritchard, lui-​même Samoan, connaissait les besoins des frères et savait comment les combler en utilisant leur langue. Puis ils retournèrent en Nouvelle-Zélande pour 15 années. Mais depuis avril 1981, Charles et Judy Pritchard servent comme missionnaires aux Samoa occidentales en compagnie de leur fils, Paul.

UNE SŒUR MISSIONNAIRE ENTRE AUX SAMOA OCCIDENTALES

En 1958, sœur Tia Aluni, originaire des Samoa occidentales mais qui vivait en Nouvelle-Zélande, obtint son diplôme de l’École de Galaad et fut envoyée aux Samoa américaines, toutes proches. Étant donné qu’elle pouvait entrer aux Samoa occidentales, la Société l’invita à choisir entre deux possibilités: continuer dans l’œuvre missionnaire aux Samoa américaines, ou aller servir aux Samoa occidentales en tant que pionnier spécial. Elle opta pour la deuxième solution et passa donc trois ans (1961-​1964) à Savaii, l’île la plus importante, où elle effectua son activité avec une sœur locale, également pionnier spécial. C’est ainsi que commença l’œuvre à Savaii.

Un couple de missionnaires servait dans cette île en collaboration avec une petite congrégation à Fogapoa. Mais aujourd’hui ce couple, qui est sur l’île d’Upolu, rend visite à cette congrégation une fois par mois. L’œuvre a progressé lentement à cause des coutumes, des traditions et des croyances religieuses, les gens ayant peur d’abandonner leurs anciennes voies. Cependant, les proclamateurs envoient fidèlement un rapport chaque mois.

LE RASSEMBLEMENT SE POURSUIT

Fagalima Tuatagaloa, un homme estropié et presque aveugle, reconnut la vérité. Il fut baptisé en 1953, après quoi il commença aussitôt à servir comme pionnier de vacances (aujourd’hui pionnier auxiliaire). Il apprit si bien la vérité qu’il connaissait par cœur de nombreux versets. Un jour qu’il prêchait de maison en maison en sa compagnie, un surveillant de circonscription remarqua qu’il lisait avec exactitude les textes de la Bible alors qu’il ne portait pas de lunettes. Il lui demanda donc si sa vue s’était améliorée. Fagalima lui répondit qu’il avait perdu ses lunettes et qu’il faisait semblant de lire la Bible. En fait, il citait les versets de mémoire.

Fagalima entreprit le service à plein temps et travailla de nombreuses années en tant que pionnier spécial. Pendant longtemps, il demeura avec la famille de frère Pele. Quand, en 1977, il devint gravement malade à la suite d’un cancer, cette famille s’occupa de lui jusqu’à sa mort, en 1979.

LES CONGRÉGATIONS SONT VISITÉES MALGRÉ LES OBSTACLES

Quand Len Helberg, le premier surveillant de circonscription à Fidji, quitta le pays en 1957 pour suivre les cours de l’École de Galaad, Paul Evans le remplaça. À cette époque-​là, cette circonscription commençait à Tahiti à l’est, incluait les Samoa, Niue, Tonga et Fidji pour aller à l’ouest jusqu’à la Nouvelle-Calédonie. Une deuxième circonscription fut créée en 1958, et Don Clare en était le surveillant. Une troisième circonscription fut ajoutée en 1960. Ces trois circonscriptions couvraient les 12 pays sous la juridiction de la filiale de Fidji. Pendant 13 ans, frère Evans, accompagné de sa femme, servit comme surveillant de circonscription dans quelques-uns de ces pays. Quand ils ne voyageaient pas, sa femme et lui étaient missionnaires aux Samoa américaines.

Il n’était pas facile d’entrer aux Samoa occidentales, même pour une brève visite de circonscription. Frère Evans se souvient: “À deux reprises, nous sommes venus servir dans la congrégation en empruntant le bateau. La première fois, nous n’avons pu rester que trois nuits et deux jours avec les frères. Le deuxième voyage fut meilleur. Nous avons fait la traversée sur un petit cargo qui partait de Fidji et qui est arrivé aux Samoa occidentales le mardi matin. Comme ce bateau avait été réservé par le gouvernement des Samoa occidentales pour effectuer un voyage de sept jours dans d’autres îles, et qu’il ne nous a pas été permis de monter à bord, nous avons dû rester à terre, à Apia, durant les sept jours. Cela nous convenait parfaitement. Cette attente a eu d’heureux effets spirituels puisque pendant cette période nous avons pu servir avec la congrégation.” En 1959, frère Evans dut renouveler trois fois sa demande avant d’être autorisé à entrer aux Samoa occidentales.

LES RAISONS DE LA LENTEUR DES PROGRÈS

S’il est très agréable de prêcher aux Samoans, il est difficile d’obtenir des résultats. On peut commencer des études bibliques, mais les tenir régulièrement et réussir à faire progresser les étudiants, cela est tout autre chose. Toutefois, les frères ont bien travaillé si l’on considère que pendant de nombreuses années ils n’ont pu bénéficier de l’aide de missionnaires. Le nombre limité des publications en leur langue était un autre facteur qui explique la lenteur des progrès.

PURIFICATION DE LA CONGRÉGATION

Au début, un autre facteur encore a ralenti les progrès. En effet, certains frères, qui étaient peut-être orgueilleux, n’ont pas accepté volontiers l’organisation théocratique. Quelques-uns n’ont pas voulu s’humilier, si bien qu’en 1958 une épuration a commencé. Depuis quelque temps, une poignée de rebelles cherchaient à diviser la congrégation et à établir leur propre organisation. Après plusieurs années pendant lesquelles ils n’avaient cessé de créer des ennuis, leur profond orgueil les a finalement poussés à quitter la congrégation.

Cette purification fit perdre un quart des proclamateurs, et certains d’entre eux furent exclus. Mais Jéhovah prouva infailliblement qu’il soutient son organisation en bénissant ceux qui firent passer leur intégrité avant leur orgueil. La congrégation continua à croître et obtint même un accroissement de 35 pour cent en 1959, alors que dans le même temps prévalaient un amour vraiment chaleureux et une belle coopération. Frère Pele, sa femme et plusieurs membres de sa famille sont restés fidèles et lui-​même est encore solide, comme on peut l’être à son âge et avec sa santé. Sa famille est aujourd’hui associée à une congrégation samoane à Hawaii.

Mais il fallait faire encore autre chose pour purifier la congrégation. Effectivement, pas mal de frères et sœurs ont dû être exclus en raison de leur impureté sexuelle. Aux Samoa occidentales, les gens se livrent en toute liberté à l’impureté sexuelle. Quelques pionniers spéciaux et des serviteurs ont perdu leurs privilèges à cause de leur mauvaise conduite.

UN SERVICE ACCOMPLI DE TOUT CŒUR

Si les habitants des Samoa occidentales ont de la nourriture en abondance, ils sont financièrement pauvres. Mais les frères ont utilisé tout ce qu’ils possédaient pour faire avancer l’œuvre du Royaume, et Jéhovah les a bénis en retour. Considérez, par exemple, les efforts qu’a faits frère Fagalima Tuatagaloa pour assister à une assemblée à Fidji. Il n’était pas jeune et fort, mais âgé et malade, il avait même un pied bot et avait perdu un œil. Afin de réunir l’argent nécessaire pour se rendre à l’assemblée, il dut ramasser des noix de coco. Il en portait une quinzaine à la fois sur une distance de trois kilomètres avant de les décortiquer, après quoi il en extrayait l’amande ou coprah, qu’il faisait sécher et vendait ensuite.

Pendant quatre semaines, il travailla ainsi, seul à une extrémité de l’île. Mais quand il voulut aller payer son voyage, il s’aperçut que le prix avait augmenté. Il ne se plaignit pas et ne se découragea pas; il ne demanda l’aide de personne. Il retourna au travail et produisit davantage de coprah afin de se procurer l’argent qui lui manquait. Il fit tout cela pour assister à l’assemblée dont le programme allait être donné en deux langues qu’il ne connaissait pas. Mais à son arrivée sur les lieux, quelle joie fut la sienne quand il apprit que la Société avait fait le nécessaire pour que la plus grande partie du programme soit présentée dans sa langue.

Grâce à un tel service accompli de toute leur âme et grâce à la bénédiction de Jéhovah, les proclamateurs virent leur nombre passer de 37 en 1958 à 109 en 1971. En mars 1983, ils atteignirent un nouveau maximum de 161 proclamateurs. Il y a certainement un bel accroissement en vue aux Samoa occidentales, car 594 personnes assistèrent au Mémorial en 1983.

DES MISSIONNAIRES SONT AUTORISÉS À ENTRER DANS LE PAYS

Pendant des années, les missionnaires venant d’autres pays que les Samoa occidentales n’avaient pas été autorisés à résider dans ces îles. En 1970, il y eut quelques changements au sein du gouvernement. La congrégation d’Apia écrivit donc au premier ministre de qui dépendaient les services de l’immigration. Elle lui demanda d’autoriser Paul et Frances Evans à entrer aux Samoa occidentales en tant que missionnaires et à y séjourner pendant trois ans, avec la possibilité d’obtenir ensuite une extension de leur permis de séjour. Quel bonheur quand les frères apprirent que l’autorisation avait été accordée, et ce après 19 ans de tentatives infructueuses.

À cette époque-​là, frère Evans servait aux Samoa occidentales comme surveillant de circonscription. Il abandonna aussitôt cette forme de service et entreprit, avec sa femme, l’activité missionnaire. Ils sont toujours aux Samoa occidentales où ils se dépensent beaucoup pour traduire les publications en samoan.

Mais l’histoire des missionnaires ne s’arrêta pas là. Quand il visita les Samoa occidentales en janvier 1977, frère M. Henschel, du Collège central, examina la situation. À la suite de cela, davantage de missionnaires furent envoyés dans le territoire samoan.

ON ACHÈTE UNE PROPRIÉTÉ

En novembre 1977, Robert Kawasaki, venant d’Hawaii, visita les Samoa occidentales en tant que surveillant de zone. Il chercha un terrain sur lequel la Société pourrait construire quelque chose. On l’informa qu’il y en avait un effectivement dans la région de Sinamoga, à environ trois kilomètres de la ville principale d’Apia, vers l’intérieur de l’île. Cette propriété avait une superficie d’environ un demi-hectare et comportait trois maisons ainsi qu’un vieux bâtiment en dur. Il recommanda donc au Collège central l’achat de ce terrain. Celui-ci fut obtenu en octobre 1978, et les missionnaires emménagèrent temporairement dans une des maisons. En 1979, on en démolit deux, et une grande maison d’un étage fut rénovée afin de servir de foyer pour les missionnaires. En 1981, on construisit une maison de missionnaires toute neuve à Faleasiu, à 19 kilomètres d’Apia, sur un terrain loué à un frère. Des frères vinrent à leurs propres frais d’Australie, d’Hawaii, de Nouvelle-Zélande et des États-Unis pour aider les Témoins à construire ces maisons de missionnaires.

DES PUBLICATIONS EN SAMOAN

En décembre 1957, frère Earl Stewart, de la filiale des Philippines, visita les Samoa en tant que surveillant de zone. Il fit des recommandations à la Société pour que La Tour de Garde soit imprimée en samoan. Frère Pele dirigea le travail de traduction, et la première édition en samoan fut polycopiée en mai 1958.

Auparavant, quelques tracts ainsi que la brochure “Cette bonne nouvelle du royaume” avaient été traduits en samoan. D’autres brochures le furent ensuite. Puis, en 1972, parut en samoan le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle. Au cours des années passées, des milliers d’exemplaires du livre Vérité ont été distribués et utilisés pour étudier la Bible partout où l’on rencontrait des gens parlant le samoan. La traduction du livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis en samoan est maintenant en bonne voie. Ce livre sera un excellent instrument pour la prédication dans le territoire samoan.

Depuis plusieurs années, La Tour de Garde, imprimée en samoan à Brooklyn, ne comportait que 16 pages. Depuis l’édition de janvier 1981, elle compte désormais 24 pages. Des exemplaires sont envoyés en Nouvelle-Zélande, à Hawaii et sur la côte ouest des États-Unis où des congrégations ont été formées là où il existe des communautés importantes de Samoans.

LES PROGRÈS AU COURS DES ANNÉES

Aux Samoa occidentales, l’œuvre accomplie par les serviteurs de Jéhovah a progressé lentement mais sûrement. Le nombre des proclamateurs est passé de un en 1952, à 161 aujourd’hui. Dix missionnaires et cinq pionniers spéciaux et permanents collaborent avec les proclamateurs des congrégations pour faire avancer l’œuvre de prédication, et beaucoup de gens entendent ainsi le message du Royaume. Environ 270 personnes assistent régulièrement aux réunions, ce qui laisse augurer un accroissement dans le nombre des serviteurs de Jéhovah.

Ne quittons pas totalement les Samoa, mais passons plutôt aux Samoa américaines et voyons comment l’œuvre du Royaume progresse dans ce pays.

LES SAMOA AMÉRICAINES

Les deux Samoa sont distantes de quelque 80 kilomètres seulement. Les Samoa américaines sont un territoire des États-Unis depuis 1899, année où les deux puissances coloniales se sont partagé les Samoa. Les Samoa américaines comptent 32 000 habitants qui vivent sur 6 petites îles. La plus grande, Tutuila, a presque 30 000 habitants.

Le port de Tutuila, connu sous le nom de Pago Pago, est l’endroit le plus célèbre des Samoa américaines. Il s’agit en fait du cratère d’un volcan éteint. Ses pentes raides et verdoyantes, culminant à quelque 550 mètres, plongent dans les eaux bleu verdâtre, dont la profondeur peut atteindre jusqu’à 122 mètres. Au cours des 50 dernières années, les précipitations moyennes dans cette baie ont été de 5 mètres par année, avec un degré d’humidité avoisinant les 84 pour cent. Pourtant, la température n’excède généralement pas 32 degrés.

Comme ceux des Samoa occidentales, les habitants sont religieux et appartiennent à une des diverses Églises de la chrétienté. Il est très courant de voir le soir le matai du village frapper sur un gong afin d’inviter tous les villageois à rentrer chez eux pour la prière. Personne ne doit alors circuler dehors. Au bout de 10 à 15 minutes, le gong résonne de nouveau, ce qui indique la fin de la prière.

LA VÉRITÉ PÉNÈTRE DANS L’ÎLE DE TUTUILA

En 1938, de retour d’Australie, J. Rutherford, le président de la Société Watch Tower, et le groupe qui l’accompagnait firent escale aux Samoa américaines et ils débarquèrent en emportant avec eux quelques écrits de la Société. Il n’y a toutefois aucun rapport indiquant si quelqu’un accepta alors le message du Royaume, et de nombreuses années passèrent avant que l’œuvre se développe dans cette région du Pacifique Sud.

En 1952, sœur Lydia Pedro se rendit aux Samoa américaines pour rendre visite à sa famille à qui elle parla de la bonne nouvelle. C’est ainsi que son cousin, Uaealesi (Wallace) Pedro, apprit la vérité.

UN BON DÉPART

Le 5 janvier 1954, Ronald et Olive (Dolly) Sellars, originaires d’Australie, débarquèrent sur l’île. On leur avait accordé un visa d’un mois en qualité de missionnaires. Ayant remarqué qu’on ne les avait pas autorisés à rester aux Samoa occidentales, le ministre de la Justice leur dit: “La liberté religieuse existe aux Samoa américaines. Je veillerai à ce que vous bénéficiiez de cette liberté au même titre que n’importe quelle autre religion.”

Finalement, le bureau du ministre leur envoya une lettre disant qu’il n’y avait aucune objection à ce que la Société Watch Tower s’établisse aux Samoa américaines. Frère et sœur Sellars obtinrent un visa permanent. Plus tard, d’autres missionnaires furent autorisés à venir dans les îles. Au cours des années, de tous les territoires dirigés par la filiale de Fidji, les Samoa américaines furent le seul qui permit à de nouveaux missionnaires d’entrer librement dans le pays.

UN JEUNE HOMME PREND POSITION POUR LA VÉRITÉ

L’arrivée des missionnaires fut le stimulant dont Wallace Pedro avait besoin pour progresser dans la vérité. Il nous parle de son cas: “Lorsque les missionnaires sont arrivés, je me suis rendu compte de la nécessité de fréquenter le peuple de Jéhovah. Nous étions seulement sept à assister aux réunions organisées dans la maison des missionnaires. Le 30 avril 1955, je fus le premier habitant des Samoa américaines à être baptisé. Cela ne plaisait pas beaucoup à ma famille, surtout quand j’ai commencé à être très actif dans la prédication.

“Un jour, lorsque je suis revenu de l’étude de livre de la congrégation, j’ai trouvé toute ma famille réunie. Elle me plaça devant un choix: rompre toute association avec les Témoins de Jéhovah ou quitter la maison. J’avais encore une année d’école à faire pour achever mes études secondaires et je ne disposais d’aucun soutien matériel. Mais je pris une décision ferme en faveur de la vérité. Ma famille me renia et me mit dehors avec pour tous vêtements, ceux que je portais ce jour-​là. Dans son amour, Jéhovah me procura un logement: la maison des missionnaires, et des frères des États-Unis m’envoyèrent des vêtements.”

Wallace demeura avec les missionnaires pendant quelque temps et acheva ses études secondaires. Il devint pionnier permanent et, plus tard, pionnier spécial. Il continua à servir ainsi jusqu’en 1960, année où il émigra aux États-Unis. En 1979, frère Pedro, sa femme, et leurs quatre enfants revinrent aux Samoa américaines. Et que devint sa famille qui l’avait renié? Un des frères de Wallace, sa sœur et une de ses nièces sont aujourd’hui des Témoins. En 1980, sa mère se fit baptiser alors qu’elle avait 72 ans. Même son père étudiait la Bible avant de mourir. L’attitude ferme de ce jeune homme en faveur de Jéhovah et de la vérité lui a certainement valu des bénédictions ainsi qu’à sa famille.

LA VISITE DU PREMIER SURVEILLANT DE CIRCONSCRIPTION

En 1955, le petit groupe de Témoins reçut une aide très appréciable quand frère Len Helberg arriva aux Samoa américaines pour y servir comme surveillant de circonscription, le premier. Au cours de sa visite, il projeta dans toute l’île le film La Société du Monde Nouveau en action. Au total, 3 227 personnes assistèrent aux projections. Ce film donna un excellent témoignage, car il aidait les gens à comprendre que les Témoins de Jéhovah accomplissent une œuvre mondiale.

Deux mois après la projection de ce film, on forma officiellement une congrégation composée de trois proclamateurs et de six missionnaires.

Bien que, à la différence des Samoa occidentales, beaucoup d’habitants des îles des Samoa américaines comprennent l’anglais, la langue principale est néanmoins le samoan. C’est pourquoi la nouvelle congrégation fut grandement aidée quand elle reçut 16 000 exemplaires de la brochure “Cette bonne nouvelle du royaume” en samoan.

DAVANTAGE DE PIONNIERS ET DE NOUVEAUX MISSIONNAIRES

De nombreux proclamateurs, pionniers et missionnaires ont servi dans les îles et ont travaillé avec fidélité et amour à affermir leurs frères. À une certaine époque, il y avait dans la petite île de Tutuila neuf missionnaires et trois pionniers permanents. Ils obtinrent d’excellents résultats puisque 118 personnes assistèrent au Mémorial en 1960.

DES ASSISTANTS FIDÈLES AUX ASSEMBLÉES DE DISTRICT

En 1960, les frères des Samoa américaines furent très heureux d’accueillir des Témoins venus de Fidji et des Samoa occidentales à l’occasion de l’assemblée de district. En 1966, une autre assemblée de district accueillit presque 300 délégués venus de huit pays sous la juridiction de la filiale de Fidji, ainsi que d’Australie et de Nouvelle-Zélande. À l’époque, il n’y avait que 26 proclamateurs dans toutes les Samoa américaines. Une telle foule fut un excellent témoignage.

Les frères des Samoa américaines ont assisté à quelques assemblées de district à Fidji et aux Samoa occidentales. Quoique cela implique généralement un voyage assez important, il est agréable de constater que des assemblées de district ont été organisées régulièrement au cours des 20 années écoulées et que les frères y ont toujours assisté et ont reçu la nourriture spirituelle avec reconnaissance.

UNE MAUVAISE SANTÉ N’EST PAS UN OBSTACLE

En 1962, Tafia Pula, alors âgé de 66 ans, accepta la vérité. Bien qu’étant presque toujours confiné chez lui à cause de la filariose, maladie qui attaquait à la fois ses bras et ses jambes, il passait néanmoins de nombreuses heures dans le service pour Jéhovah. Comme ses membres étaient très enflés et très lourds, il marchait difficilement, même à l’aide d’une canne. Cependant, son zèle pour Jéhovah l’incitait à prêcher davantage que certains qui étaient pourtant plus jeunes.

Il voulait se faire baptiser, mais sa famille craignait qu’il ne survive pas à son immersion dans la mer. Il leur répondit: “Si je meurs en me faisant baptiser, je serai heureux parce que je mourrai en faisant la volonté de Dieu.” Il fut baptisé et ne mourut pas.

En 1972, la dernière année de sa vie, il dit à un frère avec lequel il prêchait: “Continue seul parce que je te retarde: Je pense qu’il vaut mieux que je retourne là où nous sommes sensés nous retrouver et que je donne le témoignage à tous ceux qui passeront par là.” Quand le frère qui l’accompagnait jeta un coup d’œil derrière lui, il vit frère Tafia Pula en train de parler à un passant. Il avait un message à donner, et il le donna jusqu’à sa mort. Lorsqu’il fut hospitalisé, deux jours avant de mourir, il demanda à sa fille de lui apporter la serviette avec laquelle il allait prêcher. Il voulait qu’elle soit à côté de son lit, prête à être utilisée.

DES ENTRAVES À L’ACCROISSEMENT

Au cours des années 1960, l’œuvre a progressé lentement, la moyenne des proclamateurs étant passée de 22 en 1961 à 44 en 1970. On enregistra souvent des baisses parce que certains chrétiens, y compris des pionniers spéciaux, se laissaient prendre au piège de l’impureté et devaient être exclus de la congrégation. C’est toujours un problème dans les îles comme dans de nombreuses autres régions du monde.

Si l’accroissement semble avoir été lent, c’est aussi parce que les Samoans peuvent se rendre facilement aux États-Unis. Bien souvent, à peine ont-​ils commencé à prêcher que ces nouveaux proclamateurs s’en vont aux États-Unis. Beaucoup se sont ainsi associés à des congrégations samoanes à Hawaii et sur la côte ouest des États-Unis où ils servent Jéhovah.

LA BONNE NOUVELLE A ÉTÉ PRÊCHÉE

La fondation d’une solide congrégation dans l’île principale des Samoa américaines a permis de faire entendre le message du Royaume à presque tous les habitants de ce territoire. Alors qu’aux Samoa occidentales il n’y a qu’un proclamateur de la bonne nouvelle pour environ 1 000 habitants, dans les Samoa américaines, qui sont plus petites, il y en a un pour 400 habitants.

Les trois îles connues sous le nom d’îles Manua ainsi que celles de Tau, d’Ofu et d’Olosega ont également entendu le message. Par exemple, en 1980, John Rhodes, surveillant de circonscription, sa femme Helen et cinq autres proclamateurs ont passé cinq jours dans ce groupe d’îles minuscules pour y donner le témoignage. Ils ont visité tous les villages et ont distribué aux habitants 159 livres, 126 brochures, 268 périodiques et obtenu 66 abonnements. Maintenant, les frères de la congrégation de l’île Tutuila se rendent deux fois par an dans ces îles éloignées pour y faire des nouvelles visites.

Étant donné qu’au cours de l’année de service écoulée on a enregistré un maximum de 81 proclamateurs et une assistance moyenne de 167 personnes aux discours publics, les perspectives d’accroissement sont bonnes. Nos remerciements vont à Jéhovah Dieu qui a accordé sa bénédiction en permettant l’établissement d’une congrégation véritablement chrétienne dans ces magnifiques îles du Pacifique Sud.

Quittons l’extrémité orientale du territoire confié à la filiale et dirigeons-​nous vers l’équateur pour visiter les archipels Kiribati et Tuvalu (auparavant les îles Gilbert et Ellice), et nous apprendrons comment l’œuvre du Royaume s’est développée dans ces îles.

KIRIBATI ET TUVALU

Ces deux archipels étaient à l’origine soumis à la même administration coloniale dont le siège était à Tarawa, dans les îles Gilbert, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Comme les insulaires des deux archipels appartiennent à deux races différentes et parlent une langue différente, on les sépara en deux groupes au cours des années 1975 et 1976. Ensuite, la Grande-Bretagne leur accorda leur indépendance, si bien que les îles Gilbert devinrent la République de Kiribati et les îles Ellice, la nation de Tuvalu.

Kiribati, le plus grand des deux archipels, compte 33 îles disséminées sur quelque cinq millions de kilomètres carrés. Parmi ces îles, on compte les 16 îles Gilbert, les 8 îles Phoenix, 8 des îles de la Ligne et l’île Océan. Même si l’on ajoute les 9 îles de Tuvalu, la superficie totale de toutes ces îles n’est que d’environ 745 kilomètres carrés. La plupart des îles de Tuvalu sont des récifs coralliens entourés de lagons.

Ces îles sont généralement minuscules et elles émergent à peine de la mer. En fait, les îles de Tuvalu ne s’élèvent jamais à plus de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer. Le sol étant très pauvre, il ne produit pas une grande variété de nourriture, à l’exception des fruits du cocotier, du pandanus et de l’arbre à pain, ainsi que des tubercules comme le pulaka et le taro qui constituent les récoltes de base.

Ces îles, parmi les plus populeuses du Pacifique, comptent au total 60 000 habitants. Tuvalu a une population de 8 000 habitants, dont 2 300 vivent sur l’île Funafuti, la capitale du pays. La majorité des Tuvaluans sont des Polynésiens qui parlent la langue tuvaluane, bien que beaucoup d’entre eux connaissent aussi l’anglais. La majorité des insulaires de Kiribati sont des Micronésiens parlant le gilbertais mais nombreux sont ceux qui parlent également anglais.

LA RELIGION ET LES COUTUMES

Vers le milieu des années 1850, quelques missions protestantes, bientôt suivies d’une mission catholique, s’installèrent dans ces îles. Au début, les indigènes n’étaient pas très réceptifs, mais les missionnaires commencèrent à les gagner en leur offrant en cadeau des vêtements et du tabac.

Finalement, les Églises réussirent à exercer une emprise sur les habitants et à obtenir des terres. Un livre (Kiribati, Aspects of History) dit ceci: “Certains habitants qui désiraient du tabac donnèrent des terres aux missionnaires en échange de quelques paquets. C’est ainsi qu’à Nonouti la mission catholique obtint le terrain où sont construits ses bâtiments.” La SML (Société missionnaire de Londres) et la mission catholique avaient ainsi la mainmise sur plusieurs îles Kiribati, alors que Tuvalu était soumise à l’influence de la SML.

On peut se rendre compte de l’emprise que ces missions avaient sur les insulaires en considérant ce qui se passa à Tuvalu. Quand des pasteurs samoans arrivèrent là, ils commencèrent à imposer aux habitants la langue et les coutumes samoanes. Au milieu des années 1940, les Églises exerçaient donc une puissante influence sur la plupart des aspects de la vie insulaire. Dans chaque village, les maisons aux toits de chaume étaient construits autour d’une église impressionnante. Certains pasteurs acquirent un tel pouvoir qu’ils pouvaient interdire la consommation d’alcool et la circulation à bicyclette le dimanche.

L’ŒUVRE DU ROYAUME COMMENCE À KIRIBATI ET À TUVALU

Bill Checksfield, qui prêchait à Suva (Fidji), était loin de se douter des conséquences qu’aurait la nouvelle visite qu’il rendit à un homme tuvaluan du nom de Foua Tofinga. Après avoir étudié la Bible pendant quatre ans, Tofinga fut baptisé en 1951. C’était le premier Tuvaluan qui acceptait la vérité. Sa femme, Selepa, fut baptisée en 1957. Par la suite, Tofinga devint ancien dans la congrégation de Suva et aujourd’hui il est membre du comité de la filiale de Fidji.

Bien que Tofinga ne fût pas en mesure de retourner à Tuvalu, c’est de sa maison, à Suva, que la vérité commença à se répandre à Kiribati et à Tuvalu. Le père et le beau-frère de Tofinga étaient pasteurs de l’Église de la SML. C’est pourquoi, quand Tofinga et sa femme acceptèrent la vérité, cela provoqua pas mal de remous dans la communauté tuvaluane.

Conformément à la coutume de l’île, à peu près tout Tuvaluan qui se déplaçait à Fidji rendait aussi visite à la famille de frère Tofinga. Évidemment, cela lui a fourni de nombreuses occasions de donner le témoignage à des Tuvaluans. C’est ainsi que le message du Royaume pénétra de plus en plus à Kiribati et à Tuvalu.

Pour illustrer la manière dont cela s’est passé, voyons le cas de Saulo Teasi, un Tuvaluan. Saulo, qui travaillait sur un bateau, vint à Fidji à la fin des années 1940. Ayant un congé d’une semaine, il le passa à Suva. Il rendit donc visite à la mère de sœur Tofinga qui, à l’époque, avait commencé à s’intéresser à la vérité. Quand frère Checksfield arriva chez cette personne, Saulo resta tranquillement assis à l’écart durant toute la discussion biblique. Il fut impressionné de voir que frère Checksfield utilisait la Bible pour répondre à toutes les questions. Quand Saulo apprit que ce missionnaire allait revenir quelques jours plus tard, il s’arrangea pour être présent. À la fin de la seconde discussion à laquelle Saulo assista, il quitta la maison avec un exemplaire du livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!” convaincu d’avoir trouvé la vraie religion.

Dans le même temps, d’autres personnes, dont Lise, la sœur de Selepa Tofinga, s’étaient aussi intéressées à la vérité, puis elles s’étaient rendues à Tarawa, à Kiribati, où un petit groupe de dix personnes commença à se réunir pour étudier la Bible. Bien qu’aucun d’entre eux ne fût baptisé, ces étudiants de la Bible persévérèrent malgré une opposition constante. C’est à partir de ce noyau que l’œuvre se propagea à Kiribati et à Tuvalu.

Au milieu des années 1950, Saulo, dont le contrat de travail était terminé, arriva à Tarawa. Il demeura chez sa sœur Lise en attendant un moyen de transport pour aller à Tuvalu. Sa famille et lui eurent donc de nombreuses occasions de parler à Lise de différents sujets bibliques. Saulo ne tarda pas à décider de rester à Tarawa et d’y travailler. Il fut très heureux de se rendre compte que ce qu’il apprenait là était exactement la même chose que ce qu’il avait entendu à Fidji de la bouche de frère Checksfield. Peu après, Saulo et sa femme Uto se réunissaient avec le petit groupe qui étudiait la Bible.

LE GROUPE DE KIRIBATI REÇOIT DE L’AIDE

Ce groupe reçut une grande aide en 1961 quand une famille de quatre personnes arriva de Nouvelle-Zélande. Frère Huia Paxton, qui était chimiste, travaillait pour le gouvernement de Kiribati. Pendant trois ans, sa famille et lui encouragèrent beaucoup les frères locaux. Ils étudièrent même le gilbertais qu’ils apprirent à parler couramment. Non seulement ils correspondaient avec des personnes bien disposées, notamment avec certaines qui habitaient sur l’île Océan, mais ils achetèrent aussi un petit bateau pour visiter celles qui étaient intéressées à la vérité dans les îles voisines. En 1965, quand Fred Wegener, surveillant de circonscription, les visita, quatre familles bien disposées, soit 15 adultes et leurs enfants, se réunissaient avec eux.

À la fin de son contrat de travail, en 1967, frère Paxton et sa famille retournèrent en Nouvelle-Zélande. Leur bateau fit une escale à l’île Océan où ils purent rencontrer quelques-uns de ceux avec qui ils avaient correspondu afin de les encourager. Six mois plus tard, quand le surveillant de circonscription visita Tarawa, il y trouva un groupe de chrétiens qui s’était accru en nombre et qui se réunissait régulièrement pour étudier la Bible à l’aide du livre “Assurez-​vous de toutes choses” en anglais. À l’époque, il n’y avait pas de publications en gilbertais.

Bien que ces frères ne bénéficient de l’aide d’aucun missionnaire ou pionnier, une petite congrégation de serviteurs de Jéhovah continue à répandre la bonne nouvelle à partir de Tarawa, la capitale. Depuis le 1er septembre 1980, Kiribati est sous la juridiction d’une nouvelle filiale à Guam, laquelle dirige l’œuvre dans toute la Micronésie.

LES PROGRÈS À TUVALU

Au début des années 1960, quand Saulo Teasi retourna à Funafuti, la capitale de Tuvalu, il fut surpris de constater qu’un petit groupe de gens se réunissait pour étudier La Tour de Garde. Il était dirigé par un ancien médecin, Uili Opetaia (Willy O’Brien). Uili, qui avait entendu parler de la vérité à Suva, alors qu’il poursuivait ses études de médecine, avait été baptisé aux Samoa, et maintenant il faisait connaître ce qu’il avait appris. Apelu Teagai et sa femme Lumepa ne tardèrent pas à se joindre à ce groupe. Comme Saulo, Apelu avait appris la vérité à Suva.

C’est à cette époque-​là qu’Uto, la femme de Saulo, commença à s’opposer vivement à son mari, bien qu’au début elle s’était intéressée à la vérité. Chaque dimanche, il y avait une dispute quand Saulo refusait de l’accompagner à l’église. Toutefois, une bénédiction inattendue était sur le point d’arriver.

Cela se passa en mai 1962, lorsque sœur Lydia Pedro et Alisi Dranidalo, toutes deux pionniers spéciaux venues de Fidji, furent affectées à Tuvalu. Sœur Pedro était née à Tuvalu, tandis que sœur Dranidalo était originaire de Fidji. Les autorités locales s’opposèrent à ce que ces deux sœurs restent à Tuvalu; elles durent donc partir en janvier 1963. Durant leur séjour, les deux sœurs, qui n’étaient pas autorisées à prêcher de maison en maison, dirigèrent un certain nombre d’études bibliques. Elles aidèrent tout particulièrement Uto, la femme de Saulo, à prendre position pour la vérité. C’est ainsi qu’à la suite de leur bon travail, quand, en 1964, le surveillant de circonscription vint visiter Tuvalu, Saulo et Apelu étaient prêts pour le baptême. L’année suivante, Uto fut elle-​même baptisée ainsi que Melapa, la femme de Uili.

DES SURVEILLANTS DE CIRCONSCRIPTION VISITENT TUVALU

Depuis le milieu des années 1960 jusqu’à la fin des années 1970, cette petite congrégation continua son activité malgré une grande opposition. Par la suite, les surveillants de circonscription purent visiter le pays plus facilement. C’est une disposition de Jéhovah que les frères apprécièrent beaucoup.

Il n’était pas aisé pour ces surveillants itinérants de s’habituer au mode de vie insulaire. Un des frères qui visitait Funafuti se remettait à peine d’un accès de fièvre dengue quand il décida d’aller nager dans les eaux magnifiques du lagon. Au bout d’un moment, il remarqua près de lui un objet flottant étranger et il se dit en lui-​même: ‘Non, ça ne peut pas être cela!’ Un peu plus tard, il en remarqua d’autres et aperçut finalement les toilettes sur pilotis au-dessus des eaux du lagon. Inutile de dire que ce fut son dernier bain dans le lagon.

Un autre frère et sa femme qui séjournaient à Kiribati dormaient sur le sol, abrités sous leur moustiquaire, quand ils furent réveillés par un bruit étrange. Le frère alluma sa lampe et s’aperçut que l’endroit était envahi par des crabes qui tentaient de pénétrer sous la moustiquaire. Un peu plus tard, quand ils arrivèrent à Tuvalu, ils constatèrent que la plupart des maisons avaient été détruites par l’ouragan Bebe. Par conséquent, ils logèrent avec un frère et sa famille dans une petite cabane. Là, ils furent tenus éveillés toute la nuit par les rats qui jouaient sur le toit provisoire.

Ces frères ont appris à s’adapter à différentes situations. Par exemple, à Kiribati, en période de sécheresse, un orage éclata soudain. On vit donc un des surveillants de circonscription, en slip de bain, en train de prendre une douche sous une gouttière. Il faisait bon usage de l’averse.

Ce n’était peut-être pas toujours facile pour ces frères qui venaient servir dans les congrégations de ces îles, mais leurs efforts furent certainement bénis.

ILS RESTENT INTÈGRES ET PURS

Lorsque les frères restent fermement attachés à la vérité malgré l’opposition la plus dure, c’est la preuve que la vérité est vraiment implantée dans un pays. Considérez, par exemple, le cas de sœur Lumepa, qui mourut en mars 1970. Elle a souffert d’hémorragies internes pendant deux ans. Elle avait besoin d’être opérée, mais on lui dit qu’elle ne pouvait l’être sans transfusion de sang. Au cours de ces deux années, les médecins, le personnel de l’hôpital, des amis et des parents tentèrent de la convaincre d’accepter des transfusions de sang. Mais elle resta fermement attachée aux lois de Jéhovah et mourut en Témoin fidèle. Même dans les îles isolées, l’esprit de Jéhovah est là pour affermir ceux qui exercent la foi en lui.

Ainsi que nous l’avons déjà dit, ce sont les missions de la chrétienté qui contribuèrent à populariser l’usage du tabac dans ces îles, si bien que presque tous les insulaires en sont devenus esclaves. Cependant, on pourrait citer d’excellents exemples d’insulaires qui, après avoir appris les exigences de Jéhovah, ont aussitôt renoncé à cette habitude. — II Corinthiens 7:1.

DES FRÈRES VIENNENT D’AU DELÀ DES MERS

Octobre 1978 marqua un tournant dans les activités du peuple de Jéhovah à Tuvalu. Il y eut en effet deux événements importants. Premièrement, Lon Bowman, un frère australien qui avait servi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, trouva un emploi à Tuvalu. Deuxièmement, le gouvernement tuvaluan autorisa deux missionnaires australiens à rester à Tuvalu pendant deux ans. Ils y servent d’ailleurs toujours.

Frère Bowman aida les frères à mieux organiser les réunions et l’activité des études bibliques. Quand Geoffrey et Jeanette Jackson, les deux missionnaires, arrivèrent deux mois plus tard, ils constatèrent que la petite congrégation fonctionnait d’une manière très ordonnée.

En l’espace de peu de temps, le petit groupe de frères et sœurs dirigeaient plus de 40 études bibliques. Lorsque frère Bowman et sa famille quittèrent Tuvalu, il y avait 12 proclamateurs de la bonne nouvelle. En 1982, on enregistra un maximum de 22 proclamateurs.

LES ASSEMBLÉES

À cause de leur isolement et du prix très élevé des voyages, peu de frères tuvaluans avaient été en mesure d’assister à une assemblée du peuple de Jéhovah. Toutefois, en 1979, les frères et sœurs firent un effort tout particulier pour l’assemblée de district de Fidji. Ils firent toutes sortes de choses pour cela: Certains fabriquèrent et vendirent du chocolat, d’autres charrièrent du sable. Finalement, avec l’aide de leurs frères spirituels d’autres pays, ils eurent la joie d’envoyer une délégation de huit frères et sœurs à cette assemblée. Parmi eux, il y avait sœur Uto Teasi qui, bien qu’ayant été baptisée en 1965, n’avait jamais assisté à une assemblée. Elle ne parlait ni l’anglais ni le fidjien (les deux langues dans lesquelles le programme fut présenté), mais elle fut très émue de se trouver parmi les plus de 1 300 assistants à cette assemblée. Elle eut une autre joie encore, celle de retrouver sœur Alisi Dranidalo qui l’avait aidée à connaître la vérité en 1962.

LA VÉRITÉ ATTEINT D’AUTRES ÎLES

Ces dernières années, Funafuti, la capitale, n’a pas été la seule ville à recevoir le témoignage, car les missionnaires ainsi que d’autres membres de la congrégation ont visité régulièrement les îles éloignées de l’archipel Tuvalu. De nombreux habitants de ces îles, intéressés par la vérité, étudient maintenant la Bible par correspondance.

De temps à autre, la congrégation de Funafuti diffuse à la radio un programme d’une quinzaine de minutes qui peut être entendu dans tout l’archipel Tuvalu. Lorsque les missionnaires se rendent dans ces îles éloignées, de nombreuses personnes leur expriment leur gratitude pour les vérités bibliques qu’elles apprennent ainsi par la radio.

Cependant, le clergé exerce des pressions sur les autorités pour arrêter ces programmes. Sur l’invitation du directeur de la station de radio, frère Jackson assista à une réunion au cours de laquelle il entendit un des pasteurs s’exclamer avec colère: “Les gens posent trop de questions après avoir écouté ces programmes. Nous ne pouvons tolérer cela!” Les pasteurs demandèrent qu’un comité d’ecclésiastiques examine tous les programmes avant qu’ils soient diffusés. Mais quelque temps plus tard, les autorités nommèrent un nouveau directeur et un nouveau responsable des programmes qui, eux, n’avaient pas peur du clergé. Ainsi, la bonne nouvelle est toujours diffusée jusque dans les îles les plus éloignées grâce à la radio.

DES PROGRÈS GRÂCE AUX PUBLICATIONS EN TUVALUAN

Au cours de ces années, les frères de Funafuti utilisaient les publications en samoan pour leurs réunions. Quelques chrétiens âgés comprennent bien le samoan, mais la plupart des membres de la congrégation le comprennent plus difficilement. On fit donc des efforts concertés pour traduire certaines publications afin de pouvoir les utiliser localement. Le Collège central approuva l’impression de ces publications en tuvaluan.

Ainsi, les Témoins de ces îles continuent à proclamer la bonne nouvelle et ils s’attendent à enregistrer un nouvel accroissement, étant donné qu’au Mémorial de 1983 on compta 155 assistants, dont 68 pour la seule île de Funafuti. Pour celle-ci, la capitale, cela représentait un assistant pour 34 habitants.

Tournons maintenant notre attention vers Tonga, le seul royaume qui existe encore dans les îles polynésiennes du Pacifique Sud.

TONGA

Le royaume de Tonga groupe environ 200 îles minuscules, dont quelques-unes seulement sont habitées. Il y a trois archipels principaux: Tongatapu, Haapai (dont les îles ne sont que des récifs coralliens) et Vavau, une île montagneuse. La superficie des terres est de 670 kilomètres carrés. Nukualofa, la capitale, se trouve sur l’île la plus importante, Tongatapu, laquelle se situe à quelque 700 kilomètres au sud-est de Suva, à Fidji.

Le capitaine James Cook, explorateur britannique, visita les îles en 1773 et leur donna le nom d’îles des Amis; leurs habitants, des Polynésiens dans leur grande majorité, sont effectivement très amicaux. Ils parlent le tongan, mais aujourd’hui la plupart des écoliers apprennent aussi l’anglais. Sur ces îles vivent plus de 90 000 personnes presque toutes très croyantes.

Tonga a été un protectorat de Grande-Bretagne jusqu’à son indépendance en 1970. Aujourd’hui, c’est une monarchie constitutionnelle, le roi exerçant le pouvoir exécutif avec la coopération d’un cabinet, d’un parlement et d’un conseil privé.

L’ACCUEIL DE LA VÉRITÉ

La vérité pénétra à Tonga par l’intermédiaire d’un des premiers pionniers que la filiale australienne envoya dans les îles du Pacifique Sud. Ce pionnier, qui prêchait à Fidji, distribuait des brochures à toutes les personnes qu’il rencontrait. Un Tongan, capitaine d’un voilier, accepta la brochure Où sont les morts?. De retour à Tonga, il la donna à Charles Vete, un ami qui travaillait au ministère des Télécommunications. C’était en 1932. Charles lut la brochure et fut convaincu d’avoir trouvé la vérité. Jusque-​là il avait été membre de l’Église méthodiste, mais, bien que n’ayant aucun contact avec les Témoins de Jéhovah, il se retira de l’Église et répandit le message de la Bible.

Charles écrivit au siège mondial de la Société à Brooklyn pour avoir d’autres renseignements. Il reçut en retour plusieurs livres. Plus tard, J. Rutherford, président de la Société, demanda à Charles s’il voulait bien traduire la brochure Où sont les morts? en tongan. Charles accepta et, par la suite, on lui expédia un lot de 1 000 brochures. Charles désirait envoyer une contribution pour ces brochures. Aussi se mit-​il à les distribuer. C’est ainsi que bon nombre de fonctionnaires avec qui il travaillait entendirent parler de la vérité. L’œuvre de témoignage commença donc dans le royaume de Tonga dès 1933.

Pendant environ 25 ans, Charles Vete prêcha tout seul la bonne nouvelle à Tonga. Son activité l’amena à se déplacer de l’île principale de Tongatapu, où se trouve la capitale, Nukualofa, jusque dans les îles Vavau et Niuatoputapu. Il y laissa de nombreuses brochures. Pas mal de gens s’intéressèrent au message, mais il n’y eut guère de progrès du fait qu’il n’y existait aucune congrégation à laquelle ils auraient pu se joindre. Cependant, la brochure Où sont les morts? fut largement diffusée. Aujourd’hui encore, les proclamateurs allant de maison en maison rencontrent des gens qui se souviennent de cette brochure et de Charles Vete qui la distribuait. De par sa prédication durant toutes ces années, Charles devint connu comme Témoin de Jéhovah bien qu’il n’ait pas été baptisé avant 1964.

À partir de mars 1955, des surveillants de circonscription firent de brèves visites dans ces îles. Mais à cause de l’influence très grande des Églises méthodiste et catholique, aucun missionnaire Témoin de Jéhovah ne fut autorisé à entrer dans le pays, et aucun frère étranger ne put venir dans ces îles pour aider les proclamateurs locaux. Les Témoins de Tonga durent donc compter essentiellement sur eux pour progresser.

D’HEUREUSES INITIATIVES

C’est en prenant eux-​mêmes des initiatives que les Témoins firent des progrès. Voici un exemple de leur zèle: En 1964, on leur envoya le manuscrit d’un discours spécial. Bien que le frère qui s’occupait du groupe n’eût jamais donné de discours, il se prépara et le prononça. Jéhovah bénit ses efforts sincères puisque 22 personnes l’écoutèrent.

Les frères manifestèrent également leur désir de progresser dans la vérité en traduisant les articles d’étude de La Tour de Garde. Charles Vete les traduisait en tongan, après quoi on en faisait des copies manuscrites dont le groupe se servait pour étudier la Bible. Les frères firent de même avec le livre Du paradis perdu au paradis reconquis.

En 1965, quand Fred Wegener, surveillant de circonscription, et Donald Clare, surveillant de district, visitèrent Nukualofa, ils furent impressionnés par les efforts qu’avaient faits les Témoins pour s’organiser sans aucune aide de l’extérieur. Un an plus tard, ceux-ci furent très heureux de pouvoir écrire à la Société qu’ils venaient de construire une Salle du Royaume sur un terrain que leur avait offert frère Osaiasi Tovi. Elle permet d’accueillir 30 personnes.

DE L’AIDE DE L’EXTÉRIEUR

Plus tard, quelques fonctionnaires furent remplacés par des hommes qui étaient plus favorables aux Témoins. C’est ainsi qu’en 1969, après presque 14 années d’attente, les responsables tongans de l’immigration annoncèrent que les représentants itinérants de la Société pourraient désormais séjourner six mois dans le pays. La Société envoya donc Len Helberg, surveillant de circonscription, et sa femme Rita, qui restèrent deux mois à Tonga. Ce fut une période de formation particulièrement joyeuse.

Plusieurs fois par semaine, les frères se réunissaient chez Charles Vete pour apprendre comment organiser la congrégation. Cette visite atteignit son point culminant avec le Mémorial, auquel assistèrent 53 personnes, et une assemblée de circonscription qui contribua à affermir l’amour et l’unité entre les Témoins. Ce jour-​là, les frères firent cuire la nourriture sur des pierres brûlantes dans un four creusé dans le sol, et ils prirent ensemble leur repas sous une large bâche suspendue aux arbres derrière la Salle du Royaume. Sur des nattes, ils avaient disposé des tables basses que le roi de Tonga avait prêtées à frère Tovi, son chauffeur. Durant ce mois, Tonga enregistra un nouveau maximum de 18 proclamateurs.

FORMATION D’UNE CONGRÉGATION

En 1970, année où l’on releva un maximum de 20 proclamateurs, on forma la congrégation de Nukualofa. Depuis, chaque surveillant de circonscription a apporté son aide aux frères, tant dans le domaine de l’organisation théocratique que dans la prédication. Le nombre des proclamateurs s’est accru pour atteindre un maximum de 41 en avril 1983.

Les missionnaires ne sont toujours pas autorisés à entrer à Tonga. Tout en reconnaissant que les Témoins de Jéhovah ne sont pas une nouvelle religion dans les îles, certains fonctionnaires ne sont pas disposés à favoriser l’expansion de la vérité.

LE MESSAGE DU ROYAUME TOUCHE LES GENS

Puisque la majorité des Tongans vivent sur l’île principale de Tongatapu, où se trouve la congrégation de Nukualofa, le message du Royaume touche de nombreuses personnes. La première sœur du pays qui devint pionnier spécial commença son service en 1978. Aujourd’hui, il y a quatre pionniers spéciaux. Même à Haapai, dans le nord, un petit groupe de proclamateurs prêche la bonne nouvelle. Les frères et sœurs de ces îles font de grands efforts pour venir à Nukualofa à l’occasion de la visite du surveillant de circonscription durant laquelle on organise également une assemblée de circonscription.

Dans les années 1970, quelques frères arrivèrent à Tonga pour servir là où le besoin est plus grand. David Wolfgramm et sa famille, de Nouvelle-Zélande, y restèrent quelques années pendant lesquelles ils collaborèrent avec la congrégation. David étant citoyen tongan, il pouvait entrer librement dans ce pays. Il ne fait aucun doute que le besoin est grand dans les îles Tonga, car il n’y a qu’un Témoin pour 2 198 habitants.

Toutefois, si c’est la volonté de Jéhovah, un plus grand travail encore sera accompli avant que la “grande tribulation” mette un terme au “jour de salut” de Jéhovah (Mat. 24:21, 29; II Cor. 6:1, 2). D’autres personnes écoutent le message du Royaume. Les perspectives d’accroissement sont bonnes puisqu’il y a eu 164 assistants au Mémorial en 1983. Frère et sœur Wolfgramm sont revenus en mai 1983 afin de s’installer dans l’île de Vavau pour commencer à y prêcher la bonne nouvelle. Deux pionniers spéciaux ont été nommés dans ce territoire pour les aider. Les Témoins de Jéhovah de ce pays espèrent fermement que leurs efforts renouvelés seront couronnés de succès et que des missionnaires pourront entrer à Tonga. Quoi qu’il en soit, le petit groupe de frères et sœurs fidèles continuera à faire connaître la Parole de Jéhovah aux habitants si amicaux du royaume de Tonga.

À quelque 480 kilomètres au nord-est de Tonga se trouve l’île très particulière de Niue.

NIUE

Niue est une toute petite île de 19 kilomètres de long sur 16 kilomètres de large, soit une superficie totale de 259 kilomètres carrés. Cette île est unique dans tout le Pacifique Sud. Elle est constituée de calcaire, et où qu’on aille dans l’île on peut voir les restes de coquillages et de coraux qui étaient jadis sous la mer. Contrairement aux autres îles, Niue n’a pas de plages. De hautes falaises abruptes surplombent l’océan. En fait, cette île est en quelque sorte un plateau. Transpercée d’une multitude de grottes, Niue est un paradis pour l’explorateur amateur.

Bien que Niue ait obtenu son indépendance de la Nouvelle-Zélande en 1974, ses habitants bénéficient toujours de la protection accordée aux citoyens néo-zélandais. La constitution prévoit une libre association avec la Nouvelle-Zélande et une assemblée législative de 20 membres dont 14 sont élus parmi les représentants des villages et 6 à partir d’une liste commune. L’île est administrée par un cabinet de 4 membres. Pour l’administration locale, il y a des conseils de villages composés de 14 membres, élus pour trois ans. Les anciens de chaque communauté ont leur mot à dire dans les affaires du village.

Les insulaires sont des descendants métissés de Samoans, de Tongans et d’habitants des îles Cook qui ont immigré il y a plusieurs siècles. Ils constituent aujourd’hui un seul groupe ethnique. Leur langue est un mélange de samoan et de tongan. Contrairement à la majorité des autres habitants du Pacifique, ils n’ont pas de chefs héréditaires, mais chaque chef de famille dirige les siens.

Environ 9 000 Niuéans ont émigré en Nouvelle-Zélande ces dernières années, si bien que les villages comptent de nombreuses maisons vides. L’Ekalesia Niue, issue de la Société missionnaire de Londres, est l’organisation religieuse la plus importante.

LA VÉRITÉ ARRIVE À NIUE

À Niue, l’histoire théocratique commence en février 1960 quand on demanda aux sœurs Tia Aluni et Ivy Kawhe, missionnaires servant aux Samoa américaines, de passer un mois dans l’île. À cette époque-​là, les services maritimes ne prévoyaient qu’un bateau par mois, aussi lorsque quelqu’un venait à Niue il devait attendre un mois le bateau suivant. Puisque les missionnaires Témoins de Jéhovah n’étaient pas autorisés à venir à Niue, les deux sœurs demandèrent l’autorisation d’entrer dans le pays pour visiter des parents. Sœur Aluni avait effectivement une tante dans l’île, et elles demeurèrent chez elle.

Elles distribuèrent plus de publications en un seul mois à Niue que pendant une année complète dans leur territoire. Le message suscita beaucoup d’intérêt, mais aussi de l’opposition. Elles donnèrent notamment le témoignage à Samuel Makatongia. Il faisait partie de l’Église de la SML, mais il s’intéressa vivement à la vérité. Il était abonné à La Tour de Garde depuis quelques années. Les sœurs durent faire 20 kilomètres à bicyclette pour lui rendre visite, mais elles furent récompensées. Ce fut une bénédiction pour l’œuvre à Niue, car ce frère a été le pilier de la congrégation dont il est actuellement le surveillant-président.

UN PIONNIER FIDJIEN APPORTE SON AIDE

Peu après que les deux sœurs eurent quitté l’île, la filiale fit le nécessaire pour que Seremaia Raibe, un pionnier fidjien, puisse se rendre à Niue grâce à un contrat de travail avec le ministère des Travaux publics. Ce frère a consacré ses soirées et ses week-ends à aider les proclamateurs locaux.

Au bout de quelques mois, sous la pression des chefs religieux, le commissaire chargé de s’occuper des résidents étrangers convoqua frère Raibe, un grand et solide Fidjien, et il lui demanda pourquoi il était venu dans l’île en tant que “travailleur” alors qu’en réalité c’était pour prêcher. Frère Raibe lui répondit que tout le monde dans l’île semblait savoir qu’il était Témoin de Jéhovah et que si le commissaire lui avait posé cette question le jour de son arrivée il lui aurait dit qu’il était Témoin. Le commissaire ajouta que pour préserver la paix dans l’île il était préférable que Raibe n’aille pas de maison en maison, bien que la constitution garantisse la liberté de culte. Peu après, le permis de séjour de frère Raibe fut annulé et il dut retourner à Fidji. En septembre 1961, l’assemblée législative de Niue décida de ne permettre à aucun Témoin d’entrer dans le pays.

Durant son séjour dans l’île, frère Raibe organisa néanmoins des réunions régulières. Recourant à la vieille méthode de l’intimidation, le Diable incita les villageois à lancer des pierres sur la maison où se tenaient les réunions. Mais cette tactique échoua quand les principaux meneurs s’intéressèrent eux-​mêmes à la vérité et commencèrent à assister aux réunions.

DAVANTAGE D’AIDE

À la même époque, William Lovini, un frère marié originaire de Niue, vivait en Nouvelle-Zélande où il apprit la vérité. En 1961, frère Lovini retourna à Niue pour servir là où le besoin était plus grand. Il fut employé par le gouvernement de l’île et durant quelques années il s’occupa de la congrégation. Le nombre des proclamateurs passa alors à 34.

Paul Evans, surveillant de circonscription, restait quelques heures à Niue quand le bateau mensuel faisait escale dans l’île. Il parlait aux frères, discutait avec eux de leurs problèmes, analysait leur activité et leur faisait des suggestions, tout cela dans les six heures qui précédaient le départ du bateau. Puis, en 1966, frère Evans ainsi que sa femme, Frances, furent autorisés à séjourner à Niue pendant six semaines, à condition toutefois de ne pas prêcher de maison en maison. Ce fut une excellente occasion d’affermir les frères.

L’ŒUVRE SE POURSUIT MALGRÉ L’ÉMIGRATION DES FRÈRES

À partir de 1965, le nombre des proclamateurs diminua pour atteindre un minimum de neuf. Pourquoi cela? Parce que la plupart des frères, y compris frère Lovini, émigrèrent en Nouvelle-Zélande pour différentes raisons.

Les frères qui restèrent dans l’île avaient peu d’expérience pour ce qui est de l’organisation d’une congrégation et leur connaissance de l’anglais était très limitée. Ils continuèrent néanmoins à se réunir et à envoyer régulièrement leur rapport de service à la filiale. Puis, en février 1967, Len Heatley, surveillant de circonscription, leur rendit visite et resta avec eux pendant un mois. Il dirigea une session raccourcie de l’École du ministère du Royaume, et durant le dernier week-end de sa visite on organisa une petite assemblée.

En 1968, les frères reçurent encore des bienfaits lorsqu’ils furent de nouveau visités par un surveillant de circonscription, et après cela ils l’accueillirent régulièrement chaque année. Chacune de ces visites se terminait par une petite assemblée de circonscription qui encourageait les frères à poursuivre l’œuvre du Royaume. En 1970, quand le surveillant de circonscription vint dans l’île, les frères eurent la joie de voir 92 assistants à son discours public. En outre, 111 personnes furent présentes au Mémorial.

Depuis lors, la situation n’a presque pas changé. Environ 3 200 insulaires ont quitté Niue, mais les frères locaux continuent à donner le témoignage. On compte un proclamateur pour 359 habitants.

Tahiti est beaucoup plus connue que Niue. Voyons donc comment l’œuvre du Royaume a commencé dans l’île principale de la Polynésie française.

TAHITI

Tahiti est la plus célèbre des îles de la Société, qui font partie de la Polynésie française, à quelque 3 540 kilomètres à l’est de Fidji. Tahiti, qui a la forme d’un huit, est très montagneuse, avec des sommets dont le plus élevé atteint 2 237 mètres. Très arrosée par la pluie et les rivières, l’île est très belle. Elle ne compte qu’une grande ville, Papeete, et ses habitants d’origines très diverses parlent le tahitien, le français, le chinois et de plus en plus l’anglais. Sur le plan religieux, les Églises catholique et réformée de France sont les plus importantes.

LA VÉRITÉ ARRIVE À TAHITI

Deux surveillants itinérants inaugurèrent la prédication à Tahiti. Le premier, Len Helberg, y resta deux mois en 1956-​1957. Il visita les habitants qui avaient souscrit un abonnement aux périodiques de la Société. Il projeta également le film La Société du Monde Nouveau en action à cinq reprises, avec une assistance totale de 618 personnes. Le second fut Paul Evans. En 1957, il distribua aux habitants plus de 70 livres et Bibles. Mais les bases d’une future congrégation ne furent posées que l’année suivante.

Agnes Schenck, originaire de Tahiti, vivait avec son mari et son fils aux États-Unis où ils apprirent la vérité. En 1957, à l’occasion d’une assemblée, ils entendirent frère Knorr déclarer que Tahiti, où l’œuvre du Royaume était interdite et où les missionnaires ne pouvaient pas entrer, était au nombre des pays où le besoin était plus grand. Earl et Agnes Schenck décidèrent de s’y rendre avec leur garçon alors âgé de 11 ans. Ils prirent donc le bateau en Californie en mai 1958.

Clyde Neill était un des frères qui avaient encouragé cette famille à aller à Tahiti. Après l’assemblée internationale ayant pour thème “La volonté divine”, organisée à New York en 1958, sa famille et lui, ainsi que David Carano et sa famille, se rendirent la même année à Tahiti avec un visa de tourisme de trois mois. Pour ne pas attirer l’attention des autorités, les frères tenaient leur étude de La Tour de Garde chaque semaine à un endroit différent. Les Tahitiens, qui sont très hospitaliers, offraient ensuite des rafraîchissements, ce qui donnait l’impression que ces frères étaient vraiment des touristes.

Malgré la barrière des langues, les frères commencèrent plusieurs études bibliques. Pour résoudre ce problème, ils utilisaient deux livres: l’un en français, l’autre en anglais. Sœur Schenck, qui parlait le français et le tahitien, les aida bien souvent.

Il n’était pas rare, lorsqu’un Témoin marchait dans la rue avec un Tahitien qui s’intéressait à la Bible, que des amis ou des parents de celui-ci les abordent et leur posent des questions sur cette nouvelle religion. Un jour, un Tahitien arrêta son autobus au beau milieu de la rue et abandonna ses passagers pour aller parler avec un Témoin et le Tahitien qui l’accompagnait. On prit aussitôt des dispositions pour qu’il ait une étude biblique à domicile.

LES PREMIERS BAPTÊMES

Le grand moment du séjour de ces frères à Tahiti eut lieu juste avant qu’ils quittent l’île après y avoir passé trois mois très édifiants sur le plan spirituel. Ce fut le baptême de huit personnes, les prémices de Tahiti. Les Neill et les Carano retournèrent ensuite aux États-Unis, laissant aux Schenck et aux nouveaux Témoins le soin de poursuivre l’œuvre du Royaume.

On forma une congrégation à Papeete en 1959. Bien que l’entrée des missionnaires ne fût pas autorisée, Don Clare put venir à Tahiti en tant que surveillant de district et organiser une assemblée de circonscription à chacune de ses visites. En 1960, il y avait 28 proclamateurs.

Cette année-​là fut mémorable, car le gouvernement reconnut une association locale des Témoins de Jéhovah. Cela donna une base légale à l’œuvre et permit d’acheter une propriété.

UNE PÉRIODE D’ÉPREUVE

Selon ce qu’annonçait I Jean 2:19, il y avait ceux qui “n’étaient pas des nôtres”. Tahiti ne fit pas exception à la règle, comme le montrent les événements survenus en 1961. La Société affecta à Tahiti Claude Bonhomme, un pionnier français. Étant donné sa maturité et son expérience, il fut nommé surveillant à la place du frère local qui avait assumé cette charge jusqu’alors. Ce dernier devint jaloux et son attitude provoqua des divisions au sein de la congrégation. Certains membres de celle-ci furent exclus et d’autres abandonnèrent les réunions. Bien que cela eût un effet négatif, l’œuvre ne s’arrêta jamais, et en 1963 le nombre des proclamateurs était passé à 68.

UN NOUVEL ACCROISSEMENT

L’année 1963 fut marquée par l’achèvement d’une Salle du Royaume dans le style du pays, et cette année-​là les Témoins eurent la joie de voir 198 personnes assister au Mémorial. L’année suivante, les 78 proclamateurs organisèrent leur assemblée de circonscription à laquelle il y eut 220 assistants.

Les habitants très attachants de cette île qui voulaient respecter les conditions requises des chrétiens durent opérer de grands changements dans leur vie. Pensez par exemple à cette femme de 42 ans qui, avant de connaître la vérité, avait donné naissance à 14 enfants sans jamais être mariée. Elle vivait avec un homme qui n’était pas son mari. Elle décida de régulariser sa situation malgré les difficultés dues au fait que ses enfants ne portaient pas tous le même nom. Il fallut même aller en justice, et le procès dura un an.

Quand sa situation fut enfin réglée, elle épousa son concubin. Un mois plus tard, cette femme et l’une de ses filles se faisaient baptiser. Aujourd’hui, plusieurs de ses autres enfants et de ses petits-enfants participent également à la prédication de la bonne nouvelle.

À l’époque, la seule congrégation de toute la Polynésie française se trouvait à Papeete et elle s’accroissait rapidement. La Société envoya donc deux pionniers spéciaux pour l’aider. Il s’agissait de frère et sœur Inaudi qui servaient auparavant en France. Peu après, frère Inaudi devint surveillant itinérant et visita la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hébrides (maintenant Vanuatu).

Il est bien connu que les Tahitiens offrent des colliers à leurs visiteurs: un collier de fleurs à leur arrivée et un collier fait de coquillages à leur départ, collier qui est un souvenir plus durable. Cette coutume a très souvent permis de donner le témoignage à d’autres personnes. Par exemple, frère Don Clare raconte: “Lorsque je visitais Tahiti, des centaines de frères et des personnes bien disposées étaient présents pour m’accueillir à l’arrivée et pour me souhaiter bon voyage quand je les quittais. Chaque fois, nous recevions en cadeau des centaines de colliers de fleurs ou de coquillages. En nous observant monter dans l’avion avec tous ces colliers empilés si haut que nous voyions à peine où nous marchions, les touristes du même vol, qui eux ne recevaient qu’un seul collier, se demandaient si j’étais le gouverneur de l’île. Cela donna lieu à de nombreuses discussions intéressantes.”

L’IMPACT DE LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE INTERNATIONALE

L’assemblée internationale “Paix sur la terre” organisée en novembre 1969 marqua un tournant dans l’histoire de l’œuvre. À cette époque-​là, il n’y avait que 124 proclamateurs à Tahiti. Quelle joie ce fut pour eux lorsqu’ils virent réunis 210 délégués de 16 pays différents! L’assistance de 488 personnes au discours public remplit les frères d’enthousiasme. C’était aussi la première fois que le journal local parlait des Témoins de Jéhovah.

La présence de frère Franz à l’assemblée se révéla également très stimulante, et ses remarques incitèrent les frères à poursuivre l’œuvre du Royaume qui s’étendait dans les 62 îles habitées de la Polynésie française. Frère Franz était le premier membre du Collège central qui visitait Tahiti, et les bienfaits de sa visite et de l’assemblée se traduisirent par une augmentation de 15 pour cent du nombre des proclamateurs en 1970. En 1971, on forma une nouvelle congrégation.

DAVANTAGE D’AIDE

En 1971, frère Sicari, de France, écrivit à la filiale de Fidji à propos de ses intentions de servir là où le besoin était plus grand. Le bureau l’encouragea à s’installer à Tahiti. Sa famille et lui consacrèrent plusieurs mois à la préparation du voyage. Ils vendirent leurs meubles et leur automobile pour acheter leurs tickets. Puis, en mai 1972, frère et sœur Sicari arrivèrent à Tahiti avec leurs deux filles: Élisabeth, âgée de neuf ans, et Hélène, âgée de six ans. Frère Sicari, qui est maintenant membre du comité de la filiale, a été heureux d’apporter sa contribution pour aider les frères locaux à progresser. Sœur Sicari reprit le service de pionnier permanent malgré ses deux enfants. Son exemple incita les sœurs locales à faire de même. Elle est toujours pionnier, et Élisabeth, sa fille aînée, est elle aussi pionnier permanent.

DE NOUVELLES SALLES DU ROYAUME ET DE NOUVEAUX PROGRÈS

La Salle du Royaume de Papeete, qui avait été bâtie dans le style tahitien avec un toit fait de feuilles de cocotier, avait besoin d’être reconstruite. Mais il fallait surtout la fermer sur les côtés afin d’empêcher les poulets du voisinage d’y passer la nuit. C’est ainsi qu’en février 1973 on inaugura la nouvelle Salle du Royaume de Papeete. En septembre de la même année, la congrégation de Punaauia inaugura la sienne. Pour faire face à l’accroissement futur, on construisit cette salle de manière à pouvoir accueillir 500 personnes et ainsi y organiser des assemblées de circonscription. En 1973, deux familles tahitiennes qui avaient appris la vérité en France décidèrent de revenir à Tahiti. Frère Colson Dean et sa famille s’établirent à Tahiti, tandis que frère et sœur Jamet, qui avaient été pionniers spéciaux en France, se rendirent dans l’île de Raïatea où il n’y avait qu’un ancien pour une congrégation de 24 proclamateurs. Peu après, frère Jamet fut nommé surveillant de circonscription en remplacement de frère Inaudi dont la femme attendait un enfant.

En 1973, il y avait quatre congrégations, et en 1974 une cinquième fut formée avec l’aide d’une famille tahitienne qui s’était installée dans l’île de Bora-Bora. Pour le Mémorial de 1974, on enregistra 740 assistants, ce qui était un résultat remarquable si on le compare au total de 199 proclamateurs.

FRÈRES KNORR ET FRANZ VISITENT TAHITI

Peu après, les Témoins apprirent avec joie que frères Knorr et Franz allaient visiter Tahiti au cours de leur voyage autour du monde en 1975. C’était la première fois que frère Knorr se rendait à Tahiti. Plus de 700 personnes écoutèrent leurs discours encourageants. Les deux frères invitèrent les surveillants à se réunir avec eux et ils les informèrent que la Société envisageait d’ouvrir une filiale en Polynésie française. D’abord surpris, les anciens reconnurent à l’unanimité qu’une filiale locale était très nécessaire étant donné l’étendue du territoire. Au cours de la même réunion, frère Alain Jamet fut nommé surveillant de la nouvelle filiale qui allait être ouverte le 1er avril 1975. À partir de cette date, l’œuvre effectuée dans cette partie du Pacifique ne fut plus dirigée par la filiale de Fidji mais par celle de Tahiti.

Jéhovah a vraiment béni l’activité des frères dans cette région éloignée puisqu’il y a aujourd’hui plus de 500 proclamateurs à Tahiti. Mais l’histoire de l’œuvre chrétienne à Tahiti depuis qu’une filiale de la Société y a été ouverte vous sera racontée une autre fois.

Pour l’heure, intéressons-​nous à un autre territoire d’expression française qui a été témoin d’un bel accroissement de l’œuvre théocratique. Nous voulons parler de la Nouvelle-Calédonie.

LA NOUVELLE-CALÉDONIE

La Nouvelle-Calédonie, territoire français d’outre-mer, groupe quelque 25 îles situées à 1 120 kilomètres à l’est de la côte septentrionale de l’Australie. Cet archipel porte le nom de Nouvelle-Calédonie, qui est aussi celui de l’île principale, une des plus importantes îles du Pacifique. Elle a environ 400 kilomètres de long et 50 kilomètres de large. Elle compte 145 000 habitants. Les Néo-Calédoniens sont citoyens français. La moitié d’entre eux vivent dans la région de Nouméa, ville de style français, qui est d’ailleurs la capitale du pays.

Les indigènes sont des Mélanésiens, mais aujourd’hui il y a autant d’Européens. Comme partout ailleurs dans les îles, il y a eu un grand mélange entre les différentes populations insulaires en Nouvelle-Calédonie. Sur l’île principale, on parle 35 langues différentes. Toutefois, tout le monde connaît le français.

À la fin du siècle dernier, le cannibalisme était très courant. Quand les missionnaires de la chrétienté arrivèrent vers 1840, les indigènes réagirent très violemment: Plusieurs missionnaires furent tués et mangés. Mais avec le secours de l’armée française, des missions catholiques s’installèrent sur l’île principale où elles exercent à présent une puissante influence. La Société missionnaire de Londres ouvrit des missions sur les îles de Maré et de Lifou, ce qui provoqua une grande effusion de sang, car des guerres religieuses éclatèrent au cours desquelles les catholiques tentèrent de chasser les protestants et vice versa. Aujourd’hui, environ 90 000 personnes se réclament du catholicisme, et quelque 34 000 sont membres de diverses Églises protestantes.

L’ŒUVRE DU ROYAUME DÉBUTE TRANQUILLEMENT

En 1954, John et Ellen Hubler arrivèrent d’Australie pour servir là où le besoin était plus grand. “Nous n’avions qu’un simple visa de tourisme d’un mois, raconte frère Hubler, mais nous comptions sur l’aide de Jéhovah.”

La filiale australienne conseilla à frère Hubler de chercher un travail aussi vite que possible dans l’espoir que son employeur l’aiderait à obtenir une extension de son visa. Frère Hubler trouva un emploi, mais son visa d’un mois arrivait alors à son terme. Il alla donc trouver son patron qui lui signa un contrat. Les Hubler purent obtenir une prolongation de six mois pour leur visa. Frère Hubler se rappelle: “À la fin du premier mois de notre séjour, lorsque le bateau retourna en Australie, nous étions extrêmement joyeux. Nous étions sur le quai, suivant du regard le bateau qui partait sans nous, heureux de savoir que nous avions réussi à appliquer la première partie des instructions reçues.”

Les Hubler se mirent ensuite à l’œuvre pour réaliser la seconde partie de leur mission: visiter les régions plus éloignées de l’île et parler de la vérité aux habitants. Ils n’avaient aucune publication et utilisaient seulement leurs Bibles anglaises. Ils ne tardèrent pas à remarquer que le message qu’ils prêchaient suscitait beaucoup d’intérêt, aussi s’organisèrent-​ils pour faire de nouvelles visites.

Comme ils n’avaient pas de publications à offrir aux personnes intéressées à la vérité, frère Hubler en commanda à la filiale d’Australie. On les informa qu’un Néo-Calédonien bien disposé pour la vérité qui travaillait sur un cargo leur apportait un colis de publications. C’est ainsi qu’ils reçurent les premiers écrits bibliques en français. Plus tard, un chef d’orchestre leur en apporta davantage. Celui-ci devant diriger un orchestre en soirée à l’Hôtel de ville, les Hubler furent contraints d’aller au bal pour recevoir les publications. Finalement, frère Hubler demanda qu’on lui envoie des imprimés par la poste et il les reçut sans que les services des douanes ne lui créent la moindre difficulté.

D’AUTRES TÉMOINS ARRIVENT ET LA CONGRÉGATION S’ACCROÎT

Après leur premier Mémorial en Nouvelle-Calédonie pour lequel frère et sœur Hubler étaient les deux seuls assistants, d’autres Témoins arrivèrent pour servir là où le besoin était plus grand. Certaines familles venues d’Australie ne purent rester que quelques mois, mais d’autres y ont séjourné deux ans. Ces frères zélés ont fait un excellent travail pour préparer la formation d’une congrégation.

En 1956, la filiale donna des instructions pour que les Hubler commencent à prêcher à Nouméa, alors que les autres frères effectueraient leur activité en dehors de la ville. Il ne fallut pas longtemps pour que des personnes bien disposées de Nouméa se mettent à fréquenter les réunions organisées par la congrégation qui avait été formée en août de la même année. Cette nouvelle congrégation débuta avec 9 proclamateurs. Ce nombre passa rapidement à 14, puis à 21 et à 26, et à la fin de l’année on en comptait 32.

En 1957, la congrégation reçut pour la première fois la visite du surveillant de circonscription, qui resta un mois à Nouméa. Peu après, les frères furent invités à concentrer leur activité dans cette ville. En avril 1958, le premier indigène commença à prêcher, et un peu plus tard il se fit baptiser.

Le 1er septembre 1958, la surveillance de l’œuvre en Nouvelle-Calédonie fut confiée à la nouvelle filiale de Fidji. Cette année-​là les frères furent heureux d’organiser leur première assemblée de circonscription, même s’ils ne constituaient qu’un petit groupe de 41 proclamateurs au maximum.

DE NOUVEAU DANS LE SERVICE À PLEIN TEMPS

Quand frère Hubler était arrivé en Nouvelle-Calédonie, il avait dû arrêter le service de pionnier, mais il avait toujours entretenu le désir de reprendre cette activité à plein temps. Il fit donc une demande pour demeurer dans le pays en tant que ministre chrétien à plein temps. Il alla donc trouver un fonctionnaire, le secrétaire du gouverneur, qui était favorable à la vérité. Celui-ci encouragea frère Hubler à aller de l’avant. C’est ainsi qu’en 1959 il devint pionnier spécial.

“Un jour, raconte frère Hubler, le secrétaire du gouverneur me convoqua à son bureau et me demanda à quelle date mon visa devait être renouvelé. Je lui répondis qu’il était encore valable cinq mois. Il me dit alors qu’il était envoyé en mission, mais qu’il pensait être de retour avant ce délai et qu’entre-temps son adjoint recevrait des instructions de sa part pour nous apporter toute l’aide dont nous avions besoin. Cependant, les choses ne se passèrent pas comme il l’espérait. Il ne revint jamais. Il fut remplacé par un membre de l’Action catholique. Les autorités se mirent alors à refuser l’extension du visa aux frères australiens.”

Quand le moment vint pour les Hubler de renouveler leur visa, ils reçurent une réponse très rapide: Leur demande était rejetée. Après cinq ans de séjour dans le pays, ils durent donc s’en aller. Ils furent les derniers des 31 frères et sœurs venus servir là où le besoin était grand à quitter la Nouvelle-Calédonie. Frère Hubler sert toujours à plein temps comme surveillant de circonscription en Nouvelle-Zélande.

L’OPPOSITION ÉCHOUE

Les Australiens étant partis, le clergé s’imaginait que c’en était fini avec les Témoins. Il annonça même en chaire que les Témoins locaux reviendraient à l’Église. Il fut déçu, car, au contraire, l’œuvre du Royaume s’accrut.

En 1960, toutes les publications de la Société furent interdites, mais les frères continuèrent à prêcher en n’utilisant que la Bible. On imprima le livre Du paradis perdu au paradis reconquis en indiquant comme éditeur l’Association internationale des Étudiants de la Bible, ce qui permit aux proclamateurs d’utiliser cet ouvrage dans la prédication. Ils recevaient encore quelques périodiques, même si bien souvent les employés des services postaux les déchiraient. Pour contourner l’interdiction qui frappait La Tour de Garde, les frères reçurent les périodiques avec une page de couverture blanche. Ils purent ainsi les distribuer sans problème.

Dans le même temps, on s’efforça de faire lever l’interdiction des publications, ce qui fut obtenu en 1963. Le Conseil privé annula l’interdiction pesant sur toutes les publications, à l’exception de La Tour de Garde et de Réveillez-vous! L’interdiction sur Réveillez-vous! fut levée en 1969, mais les frères durent attendre jusqu’en 1975 pour disposer enfin librement de La Tour de Garde.

L’ŒUVRE DU ROYAUME PROGRESSE

Au cours de l’année 1962, l’œuvre s’étendit, et 37 proclamateurs participèrent à la prédication. En 1966, leur nombre était passé à 104, et ils effectuaient l’œuvre de prédication dans toute l’île, car quelques frères locaux avaient été nommés pionniers spéciaux. En 1975, les frères de Nouvelle-Calédonie furent heureux d’accueillir les premiers missionnaires diplômés de l’École de Galaad, frère et sœur Fosset.

Pendant quelques années, les réunions de la congrégation se sont tenues dans le garage de frère Jonvaux, garage qui était en réalité un hangar ayant servi à abriter les avions durant la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’en 1975, c’est également dans ce local qu’on organisait les assemblées de circonscription. La même année, la congrégation d’Anse Vata, à Nouméa, acheta un terrain et commença la construction de la première véritable Salle du Royaume en Nouvelle-Calédonie. Elle fut achevée moins d’un an plus tard et inaugurée en juin 1976.

Ce mois-​là, la Société ouvrit une filiale en Nouvelle-Calédonie, filiale qui s’occupe depuis de l’œuvre à Vanuatu et dans les îles Wallis et Futuna. Alors qu’en 1954 il n’y avait que deux proclamateurs en Nouvelle-Calédonie, des Australiens, en 1975 on en comptait 315. Aujourd’hui, il y en a plus de 500, et 1 456 personnes ont assisté au Mémorial en 1983. Ainsi, la bonne nouvelle du Royaume est prêchée avec zèle dans cette autre partie du Pacifique.

Mais dirigeons maintenant notre attention sur Vanuatu (anciennement les Nouvelles-Hébrides) pour apprendre comment la prédication a commencé dans ces îles.

VANUATU

Vanuatu est le nom d’un archipel en forme de Y d’environ 80 îles qui s’étend sur plus de 800 kilomètres au sud-ouest de l’océan Pacifique. En fait, les dix îles les plus importantes constituent à elles seules 90 pour cent de la surface de cet archipel. Vanuatu se trouve à quelque 960 kilomètres à l’ouest de Fidji. La moitié des îles ne sont que des îlots rocheux. Les autres sont très montagneuses, et celles du nord et du centre de l’archipel sont couvertes par la forêt tropicale luxuriante. Le pays se caractérise par un climat tropical humide dû aux pluies très abondantes. Les habitants, d’origine mélanésienne, vivent pour la majorité dans des villages.

Puisque les 125 000 habitants de ces îles parlent plus d’une centaine de dialectes, le besoin d’une bonne communication a abouti au développement d’une langue appelée bichlamar qui, en gros, combine des mots anglais avec la grammaire mélanésienne. La plupart des habitants de Vanuatu parlent le bichlamar ainsi que le français et l’anglais. Ces deux dernières langues ont été introduites lorsque les Nouvelles-Hébrides sont devenues un condominium franco-britannique. Cette situation prit fin le 30 juillet 1980 quand les Nouvelles-Hébrides furent déclarées indépendantes et qu’elles prirent le nom de Vanuatu.

Au cours des années, des travailleurs sont venus de Malaysia, du Viêt Nam, de Chine, des îles Wallis et Kiribati ainsi que de Tonga et de Fidji. On rencontre donc des représentants de nombreuses races dans les rues des deux villes principales: Vila, la capitale (dans l’île Efate), et Santo, dans l’île Espiritu Santo.

LES COUTUMES ET LA RELIGION

La vie des habitants de Vanuatu était et est encore dans une certaine mesure axée sur le culte des ancêtres. Les insulaires vivent dans la crainte des esprits de leurs ancêtres. Le spiritisme a donc beaucoup influé sur leurs croyances, au point même de les avoir conduits au cannibalisme. Par exemple, dans l’île d’Ambrim, quiconque voulait être admis dans une communauté spirite devait tuer et manger un homme.

Bien que certains des premiers missionnaires de la chrétienté aient été mis à mort, les Églises ont peu à peu acquis une influence et une puissance très importantes, et elles se sont partagé le territoire entre elles: les anglicans se réservant le nord, et les presbytériens le sud. Aujourd’hui, les Églises, qui se mêlent beaucoup de politique, dominent les habitants. On compte environ 50 000 presbytériens, quelque 20 000 catholiques et 17 500 anglicans.

Eu égard à cela, on comprendra facilement pourquoi l’œuvre des Témoins de Jéhovah s’est développée lentement dans cette partie du monde.

LA LUMIÈRE DE LA VÉRITÉ COMMENCE À LUIRE

Dans les années 1930, frère George Winton parcourut l’archipel en bateau, répandant les premières graines de la vérité. Lorsque son bateau fit naufrage à proximité de l’île de Paama, il ne renonça pas pour autant. Il fut sans doute expulsé vers 1940 parce qu’il annonçait la bonne nouvelle. Un autre frère, Alfred Rice, prêcha aux insulaires, mais il mourut de la malaria dans l’île de Paama.

En 1958, Lewis Newton et sa femme arrivèrent d’Australie pour servir là où le besoin était plus grand. “Quand nous sommes arrivés dans le port de Vila, raconte frère Newton, nous avons été frappés par la beauté de la baie avec ses maisons qui apparaissaient ça et là au milieu d’une végétation luxuriante. On voyait partout les hibiscus et les bougainvilliers aux couleurs vives et toutes sortes de feuillages panachés. La ville se résumait à une dizaine de boutiques minuscules et à deux magasins plus importants.”

Frère Newton obtint auprès du propriétaire d’une plantation de coprah un emploi pour six mois. Sa femme et lui se rendirent donc à leur nouveau domicile de l’autre côté de l’île. Les Newton commencèrent à prêcher avec prudence. Ils ignoraient alors qu’ils allaient demeurer là 25 ans avant de retourner en Australie en 1983.

En 1959, de retour chez eux après une assemblée à Fidji, les Newton apprirent que le propriétaire de la plantation les avait congédiés à cause de la vérité. Ils avaient dépensé tout leur argent pour se rendre à l’assemblée et ne disposaient donc plus de la somme nécessaire pour obtenir la prolongation de leur permis de séjour dans le pays. Toutefois, deux planteurs qu’ils connaissaient très peu se proposèrent de leur avancer l’argent et, une semaine plus tard, de l’autre côté de l’île, frère Newton trouva un nouvel emploi dans la plantation d’un Français.

DES ENCOURAGEMENTS DE LA PART DU SURVEILLANT DE CIRCONSCRIPTION ET D’AUTRES FRÈRES

Leur nouveau domicile étant situé à 20 kilomètres à peine de Vila, ils purent donner le témoignage dans cette ville en se déplaçant dans une vieille voiture qu’ils louaient. “Nous avons été très encouragés, dit frère Newton, quand Len Helberg, le surveillant de circonscription, nous rendit visite en avril 1960.”

En 1961, frère et sœur Robert Hinsche arrivèrent du Canada et purent rester quelques mois dans l’île avant que les services de l’immigration les obligent à partir. Entre-temps, les frères avaient distribué de nombreux exemplaires du livre Du paradis perdu au paradis reconquis, et des indigènes en avaient emportés dans leurs îles. Ainsi, les graines de la vérité étaient semées. Un jour, la voiture dans laquelle se trouvait Audrey Newton fut entourée par ce qu’elle croyait être un groupe d’indigènes menaçants. Comme elle fut soulagée lorsqu’elle se rendit compte que tous désiraient des exemplaires de ce livre!

En 1963, les Newton furent heureux de voir arriver d’Angleterre les cinq membres de la famille Bates dont quatre étaient proclamateurs. Pour la première fois depuis cinq ans, les Newton n’étaient pas seuls pour célébrer le Mémorial. Six proclamateurs prêchaient dans l’île Efate.

LE PREMIER PROCLAMATEUR INDIGÈNE

Un jour, sœur Jeanne Bates donna le témoignage aux personnes qui vivaient sur la propriété de la mission catholique. L’une d’elles, Helen Pita, une indigène, fut la première à accepter d’étudier la Bible. Elle ne savait cependant ni lire ni écrire. Il fallut beaucoup de patience et d’habileté pour étudier avec elle, non seulement parce qu’elle était illettrée, mais aussi parce qu’elle vivait dans des conditions très pénibles. Son mari dépensait tout leur argent à boire, et elle devait élever dix enfants. Elle progressa lentement mais avec constance et fut le premier proclamateur local. Elle fut baptisée en 1967, et elle sert toujours fidèlement Jéhovah en fonction de ses capacités.

On fit un nouveau pas en avant en 1964 quand on s’organisa pour tenir toutes les réunions en ville. Dix à vingt personnes y assistaient régulièrement. Cependant, le gouvernement refusa de renouveler le contrat de frère Bates, si bien qu’en 1966, après un séjour de trois ans à Vanuatu, sa famille et lui durent rentrer en Angleterre.

DES ASSEMBLÉES DE CIRCONSCRIPTION ET L’ACCROISSEMENT

Le petit groupe de proclamateurs de Vanuatu se réjouirent lorsqu’ils eurent leur première assemblée de circonscription en août 1967. Elle eut lieu dans la cour de la maison des Newton. (Dans l’intervalle, ils avaient déménagé pour s’installer en ville.) Len Helberg, le surveillant de circonscription, projeta le film La Société du Monde Nouveau en action devant une quarantaine de personnes.

En 1970, frère Allan Taylor et sa famille, venant d’Australie, se joignirent aux frères, et en 1971 on atteignit ainsi le nombre de 15 proclamateurs. Les Taylor demeurèrent à Vanuatu et prêchèrent fidèlement avec les autres Témoins jusqu’en 1975, année où ils se rendirent à Fidji. À l’époque où cette famille arrivait, la filiale encouragea les frères d’expression française à se déplacer à Vanuatu, et plusieurs familles vinrent de France.

Lors de l’assemblée de circonscription de mars 1971, les quelques frères locaux furent particulièrement encouragés par la présence d’environ 40 Témoins venus de Nouvelle-Calédonie. Le garage utilisé pour les réunions était plein à craquer, car 147 personnes assistèrent à la projection d’un des films de la Société, les commentaires étant donnés simultanément en français et en bichlamar.

En 1972, les frères purent acheter un terrain à l’extérieur de la ville et commencer la construction d’une Salle du Royaume. Il s’agissait d’un toit porté par des poteaux et de murs en feuilles de cocotier tressées. On y organisa l’assemblée de circonscription suivante. Pour se procurer l’argent nécessaire à la construction de la salle, les frères locaux sculptaient des petits bateaux qu’ils vendaient aux touristes.

DES PUBLICATIONS ET DES MISSIONNAIRES POUR COMBLER LES BESOINS

En juin 1976, Vanuatu passa sous la surveillance de filiale de Nouvelle-Calédonie qui venait d’être ouverte. Le Collège central approuva l’envoi de missionnaires à Vanuatu, mais tous les efforts faits pour obtenir l’autorisation d’y envoyer des missionnaires britanniques furent vains. Frère et sœur Casteran, de France, furent les premiers à recevoir la permission d’entrer dans le pays. C’était en 1977. Cette année-​là, on commença à traduire La Tour de Garde en bichlamar, et depuis toutes les réunions se tiennent essentiellement dans cette langue.

Alors qu’il se trouvait à Vila, frère Casteran donna témoignage à un vieil homme du nom de Jonah Sak-Sak. Celui-ci étudia la Bible pendant trois mois, assista à l’assemblée de district de 1978, puis retourna ans son île d’Ambrim. On lui envoya donc par la poste La Tour de Garde en bichlamar. Plus tard, quelques frères décidèrent de rendre visite à Jonah. Quelle surprise quand ils s’aperçurent que Jonah organisait régulièrement des réunions dans une belle Salle du Royaume qu’il avait construite lui-​même! La seule lecture de La Tour de Garde lui avait fait comprendre la nécessité de tenir des réunions régulières et de participer à la prédication. Au moment où nous rédigeons ce rapport, un groupe de 19 personnes se réunissent dans son village pour étudier La Tour de Garde, et il a organisé les réunions d’un deuxième groupe dans une autre partie de l’île. Jonah n’a pas une bonne santé et il n’est pas encore baptisé, mais il dirige 40 études bibliques.

Le nombre des proclamateurs a augmenté, passant de 38 en 1975 à 57 quatre ans plus tard. Un certain mois de 1979, on a enregistré un maximum de 64 proclamateurs, et 159 personnes assistèrent au Mémorial cette année-​là.

L’INDÉPENDANCE ET SES CONSÉQUENCES

Les frères furent très heureux de recevoir le livre Vérité en bichlamar au début de 1980. Il arrivait certainement au bon moment. Pourquoi? Parce que le pays, qui envisageait son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne et de la France, entrait dans une nouvelle période de son histoire. L’indépendance fut effectivement proclamée le 30 juillet 1980 et, à la suite de cela, de nombreux Européens, y compris pas mal de nos frères, durent repartir dans leur pays. En novembre, le gouvernement refusa d’accorder un visa à tous les missionnaires Témoins de Jéhovah qui prêchaient à Vanuatu. À la fin de janvier 1981, tous étaient partis dans d’autres territoires. Les frères indigènes de Vanuatu n’avaient donc plus personne pour les aider, à l’exception de quelques Témoins européens qui obtinrent un visa pour rester dans ce pays.

Après la déclaration de l’indépendance, il n’y avait plus que 34 proclamateurs dans deux congrégations bien solides. Mais l’œuvre de Jéhovah progressait, et aujourd’hui ils sont plus de 50 proclamateurs qui se sont réjouis de voir 211 personnes assister au Mémorial en 1983.

LE PACIFIQUE SUD ENTEND LA BONNE NOUVELLE

Malgré l’isolement exceptionnel des îles du Pacifique, leurs habitants ont entendu et continuent d’entendre le message du Royaume de Dieu. Les frères et les sœurs, et notamment ceux d’Australie, qui sont venus dans ces îles pour servir où le besoin était plus grand, ont largement contribué à la prospérité spirituelle qui existe aujourd’hui. Actuellement, six filiales différentes surveillent l’œuvre dans le Pacifique Sud: l’Australie, Fidji, Guam, la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Zélande et Tahiti. Cela n’a pas été facile. Du fait de l’existence de nombreux gouvernements, des efforts continuels des fonctionnaires pour entraver l’œuvre et des problèmes de transport et de communication, l’œuvre du Royaume n’a pu prospérer que grâce à la force qui vient de Jéhovah.

Étant donné l’immensité du Pacifique, les contacts entre les frères sont limités. Les surveillants itinérants ont donc joué un rôle particulièrement important pour aider les frères à rester en relation les uns avec les autres, et surtout à maintenir le contact avec l’organisation de Dieu. Une certaine année, un surveillant de district a parcouru 48 000 kilomètres pour visiter les groupes ainsi dispersés. Cela a coûté de l’argent. Les frères de cette partie du monde, qui sont généralement peu fortunés, sont très reconnaissants à leurs compagnons des autres régions d’avoir offert généreusement leur soutien matériel pour permettre la prédication de la bonne nouvelle dans ces îles. Selon les paroles de l’apôtre Paul, cela constitue “une égalisation”. — II Cor. 8:14.

Aujourd’hui, nous voyons les fruits portés par cette activité: une “grande foule” de personnes participe à la prédication et à l’œuvre d’enseignement qui apporte la vie. Toutes sortes d’hommes et de femmes, de races et de langues différentes, venant de quantité de pays, ont accepté le moyen de salut prévu par Dieu (Rév. 7:9, 10). Comme ceux des autres régions du monde, les Témoins de ces îles attendent avec impatience le moment où, sous la domination du Royaume de Jéhovah, ils pourront s’asseoir chacun sous son palmier et goûter parfaitement les bénédictions de ce Royaume, y compris le spectacle merveilleux qu’offrent les îles du Pacifique Sud.

[Carte, page 162]

(Voir la publication)

Pacifique Sud

ÉCHELLE À L’ÉQUATEUR

MI 0 300 600

KM 0 500 1 000

ÉQUATEUR

ÎLE OCÉAN

KIRIBATI

ÎLES PHOENIX

TUVALU

ÎLES TOKILAU

ÎLES WALLIS ET FUTUNA

SAMOA OCCIDENTALES

SAMOA AMÉRICAINES

ÎLES COOK

TAHITI

NIUE

TONGA

FIDJI

VANUATU

NOUVELLE CALÉDONIE

[Illustration, page 170]

William Checksfield continua à servir comme missionnaire aux Fidji jusqu’à sa mort en 1962.

[Illustrations, page 175]

Foua Tofinga, une des premières personnes à avoir étudié la Bible avec frère Checksfield. Il est aujourd’hui membre du comité de la filiale.

Quelques-uns des premiers proclamateur des Fidji (vers 1956).

[Illustration, page 176]

Don Clare, coordinateur du comité de la filiale et sa femme Eunice, le premier pionnier des Fidji.

[Illustration, page 183]

Leonard Heatley et sa femme Clara. Il fut le premier missionnaire des Fidji. Il est toujours pionnier.

[Illustration, page 188]

Le bâtiment de la filiale de Fidji, 66 Robertson Road, à Suva.

[Illustration, page 199]

Fuaiupolu Pele et sa femme ont été parmi les premiers indigènes des Samoa occidentales à devenir Témoins de Jéhovah.

[Illustration, page 202]

La Salle du Royaume à Apia.

[Illustration, page 207]

Accompagné de sa femme, Paul Evans a parcouru une vaste région du Pacifique Sud en tant que surveillant

[Illustration, page 215]

Des missionnaires qui servaient aux Samoa américaines en 1961.

[Illustration, page 223]

Saulo Teasi (que l’on voit ici avec sa femme et son fils) a participé aux débuts de l’œuvre à Kiribati et à Tuvalu.

[Illustration, page 229]

Un groupe de frères tongans près de la première Salle du Royaume construite à Nukualofa, Tonga.

[Illustration, page 237]

Le paradis spirituel a été étendu à Tahiti et aux îles voisines.