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Les Bahamas

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Les Bahamas

Les premiers explorateurs espagnols appelèrent cette région “Bajamar”, ce qui signifie “mer peu profonde” ou “hauts-fonds”. C’est de ce mot que dérive le nom des îles Bahamas (les îles des hauts-fonds). Les 700 îles et quelque 2 300 îlots rocheux et récifs des Bahamas sont disséminés sur plus de 250 000 kilomètres carrés. Situés à environ 80 kilomètres au large des côtes de Floride, ils se déploient en direction du sud-est, sur plus de 800 kilomètres, et touchent presque Haïti.

Depuis les jours de Christophe Colomb, maints visiteurs ont décrit avec passion la beauté de leur paysage, leurs plages de corail blanc et rose, la clarté de leurs merveilleuses eaux bleu turquoise et leurs nombreux récifs coralliens. On y trouve aussi de magnifiques “jardins aquatiques” où des myriades de poissons, somptueusement parés, nagent au milieu de formations de corail enchanteresses. Mentionnons encore les nombreux bancs sous-marins, tels que celui de la Grande Bahama. Il s’agit d’un vaste plateau de sable subaquatique qui s’étire presque jusqu’à Cuba, au sud. Sa profondeur varie d’environ 2 mètres à plus de 7 mètres. Toutes ces caractéristiques, ainsi que la douceur du climat, ont attiré de nombreux visiteurs, et il n’est pas étonnant que les Bahamas soient devenues aujourd’hui un centre touristique de réputation mondiale.

Bien que cet archipel s’étende sur autant de kilomètres, la surface réelle de ses terres émergées couvre environ 13 000 kilomètres carrés, ce qui correspond à une fois et demie la superficie de la Corse. Ancienne colonie britannique, les Bahamas ont obtenu leur indépendance en 1973 et comptent aujourd’hui une population de plus de 210 000 personnes. Les deux tiers des habitants vivent sur l’île principale, New Providence. C’est là qu’est située la capitale, Nassau, et son très joli port en eau profonde. La Grande Bahama est une autre île importante, la deuxième pour ce qui est du nombre d’habitants. Environ un quart de la population est réparti sur les autres îles, appelées collectivement “îles Extérieures”. Il s’agit de Abaco, Acklins, Andros, Bimini, Cat Island, Crooked Island, Eleuthera, les Exumas, les Inaguas, Long Island, Mayaguana et San Salvador. Si vous regardez une carte, vous verrez que la plupart de ces îles sont de longues et étroites langues de terre. Le tourisme est aujourd’hui la principale industrie; viennent ensuite l’agriculture, la pêche, la production de sel, le raffinage du pétrole et le ravitaillement en carburant des navires.

LA BONNE NOUVELLE ARRIVE AUX BAHAMAS

Les premiers rapports de l’activité des Témoins de Jéhovah aux Bahamas remontent aux alentours de 1926, lorsque frère et sœur McKenzie, originaires de la Jamaïque, parlèrent du Royaume de Jéhovah aux habitants de Nassau. En 1926, deux autres Jamaïcains, Clarence Walters et Rachel Gregory, vinrent prêcher la bonne nouvelle aux Bahamas. Il fallut alors peu de temps à Aubrey et Martha Blackman pour accepter la vérité et se faire baptiser. En 1928, on comptait 7 proclamateurs de la bonne nouvelle sur ces îles.

En février 1929, frère C. Woodworth, membre du Comité de rédaction de L’Âge d’Or (aujourd’hui Réveillez-vous!), effectua une visite de deux semaines aux Bahamas. À son arrivée à Nassau, frère Woodworth fut accueilli par deux proclamateurs canadiens et cinq proclamateurs locaux. Parmi ces derniers figuraient frère Walters, sœur Rachel Gregory et frère et sœur Blackman.

Au cours de son séjour, frère Woodworth prit le Priscilla pour se rendre à Norman Castle, sur l’île d’Abaco, où il donna plusieurs discours et distribua des publications. Il raconte ce qui arriva un soir à bord, alors que le bateau était au mouillage: “Le steward vint me trouver et me dit: ‘Nous avons entendu parler de vos discours à Norman Castle. Nous n’avons pas le temps de trouver une église, mais si vous êtes disposé à parler sur la place publique, nous pouvons vous assurer qu’il y aura une bonne assistance.’ Le démarcheur (c’est le titre que s’attribue frère Woodworth) répondit: ‘Allons-​y!’ C’est assez original de se retrouver debout sur une place publique, dans une ville inconnue, de commencer par un cantique et de se mettre à prêcher. Mais 75 personnes écoutèrent le discours avec attention jusqu’à la fin.”

De retour à Nassau, frère Woodworth, accompagné des frères locaux, put donner le témoignage à beaucoup. Se surnommant toujours ‘le démarcheur’, voici ce qu’il relate: “En l’espace de quelques heures, le vendredi et le samedi, le démarcheur [distribua] le reste des 170 livres reliés et des 100 brochures qu’il avait emportés avec lui de Miami. Un pâté de maisons fut couvert entièrement, un autre à moitié. La carte en indique encore 74 et demi qui restent à travailler, bien que beaucoup d’entre eux aient déjà été visités partiellement. Le dimanche soir, il y eut encore une réunion sur la place publique, avec une excellente assistance de 250 personnes. (...) Le lundi soir, une réunion fut tenue dans une église baptiste, et 30 personnes étaient présentes. Somme toute, ce voyage aux Bahamas fut l’événement le plus heureux de la vie du démarcheur.”

Le petit groupe de sept proclamateurs continuèrent de prêcher à Nassau, et en 1932 E. Roberts, de la Trinité, se joignit à eux. Ceux qui écoutèrent ses discours disent que c’était un orateur dynamique. Il donnait régulièrement des conférences dans de nombreux bâtiments publics à Nassau. Parmi ceux qui entendirent et ‘reçurent la parole avec le plus grand empressement’ figuraient Julia Archer, Alice Ambrister, Bertha Sturrup et Blanche Edgecombe.

Lors d’une réunion publique qui eut lieu au Palace Theatre, un policier était dans l’assistance. Des années plus tard, il déclara: “Ce que j’entendis ce soir-​là me convainquit que c’était bien la vérité. L’orateur prouva à l’aide de la Bible que ce qu’on m’avait enseigné à l’église était faux.” Cet homme, c’était Donald Oscar Murray (surnommé affectueusement D. O.). Il devait devenir l’un des piliers de l’œuvre du Royaume aux Bahamas. Toujours en 1932, on loua un petit local à Blue Hill Road pour y tenir les réunions.

LE PREMIER PIONNIER AUX BAHAMAS

En 1933, sœur Rachel Gregory entreprit le service de pionnier aux Bahamas. Originaire de la Jamaïque, elle était partie de chez elle en 1926 pour servir là où le besoin était plus grand. Au cours des années trente, elle se rendait souvent aux îles Extérieures à bord des petits bateaux-poste qui faisaient la navette depuis Nassau. Bien des fois, là où il n’y avait pas de quai d’embarquement, elle devait marcher dans l’eau avec ses bagages, ses livres, et le phonographe en équilibre sur sa tête. Jusqu’à sa mort en 1972, elle poursuivit inlassablement ses efforts pour annoncer à autrui la bonne nouvelle du Royaume. Ceux qui la connurent disent qu’elle était petite de taille mais forte d’esprit.

FRÈRE WALTERS PREND LA DIRECTION DU GROUPE

En 1933 E. Roberts quitta les Bahamas, et la salle de réunion fut transférée dans le petit appentis situé derrière la maison de frère Walters, à l’angle de la rue Taylor et de la rue Market. Frère Walters se servait d’une voiture sonorisée pour faire écouter aux gens les enregistrements des discours bibliques du président de la Société, J. Rutherford. Frère J. Royal avait un magasin à East Street, devant lequel frère Walters passait souvent des enregistrements de la Bible et distribuait des tracts. À cette époque-​là, le petit groupe de proclamateurs s’était agrandi de plusieurs familles: les Neeley, les Anderson, les Wilson, les Royal et M. Lightbourne.

Frère Walters prit la direction du groupe avec beaucoup de zèle, mais son activité prit brutalement fin en 1942. Un soir, tandis qu’il quittait sa petite épicerie de Blue Hill Road, il se souvint qu’il y avait oublié quelque chose. Il retourna donc chercher ce dont il avait besoin. C’est alors qu’il surprit deux jeunes gens en train de cambrioler son magasin. L’un deux le frappa mortellement. Ce fut vraiment une dure épreuve pour le petit groupe qui se démenait pour maintenir vivante l’œuvre du Royaume. Les deux cambrioleurs furent appréhendés, condamnés et exécutés.

À la suite de ces événements, frère D. Murray reçut la responsabilité d’assurer la direction du groupe.

LES PUBLICATIONS SONT INTERDITES

À cette époque-​là, la Seconde Guerre mondiale faisait rage et la ferveur nationaliste atteignit les Bahamas. Frère Murray raconte: “Je fus convoqué au poste de police. Les policiers avaient entendu dire que nous étions en train de distribuer une brochure intitulée Qui gouvernera le Monde? On me demanda des explications sur cette brochure. Je leur répondis que je leur en aurais volontiers offert un exemplaire mais que nous n’en avions plus aucune en stock. Ils s’étaient aussi laissé dire que nous communiquions par radio avec l’Allemagne. Je leur assurai que la rumeur était fausse.” Malgré le témoignage hardi que frère Murray donna en cette occasion, le journal The Guardian publia quelques jours plus tard un communiqué officiel interdisant l’importation des publications de la Société Watch Tower.

Néanmoins, les frères purent recevoir des publications de Floride, via la Grande Bahama, et se réjouirent grandement d’obtenir cette nourriture spirituelle pendant l’interdiction. À cette même époque, les autorités exigèrent que tous ceux qui possédaient des publications de la Société les leur remettent. Si quelqu’un était arrêté avec des publications, il devait être condamné à trois mois de prison. Frère Murray raconte qu’on lui ordonna un jour d’apporter toutes les publications au poste de police. Il répondit aux représentants des autorités que ces publications ne lui appartenaient pas et que s’ils les voulaient, il faudrait qu’ils viennent les chercher chez lui. Ils ne sont jamais venus.

Frère Murray se souvient aussi qu’en ce temps-​là les frères avaient compris à tort que l’interdiction portait sur l’œuvre des Témoins de Jéhovah et non pas seulement sur les publications de la Société. À cause de ce malentendu, l’activité de prédication déployée par les frères pendant cette période subit une baisse notable. Pour l’année 1946, seuls trois proclamateurs remirent un rapport de leur activité. L’œuvre de prédication tomba à son niveau le plus bas depuis ses débuts.

DES MISSIONNAIRES RAVIVENT L’ACTIVITÉ

Peu de temps après, l’activité de prédication fut ranimée. Le 1er mars 1947, sur les quais du port de Nassau, frère Murray attendait l’arrivée du Yarmouth qui avait dû affronter, depuis New York, des conditions météorologiques particulièrement rigoureuses. À bord se trouvait une jeune femme du nom de Kathleen Fairweather, diplômée de la huitième classe de l’École de Galaad. Voici comment elle décrit son arrivée: “Tout étourdie et un peu affaiblie, je regardais fixement les eaux calmes et bleues du port de Nassau. Le ciel d’azur, les nuages blancs, les eaux claires couleur jade et vert émeraude, tout cela était inondé d’un soleil resplendissant. Quel contraste avec la fureur de l’océan Atlantique! Un homme portant un uniforme officiel kaki s’avança vers moi et se présenta: il s’agissait de frère D. Murray.”

George et Nancy Porter, diplômés de la même classe de l’École de Galaad, étaient aussi à bord du Yarmouth ce jour-​là. Sœur Porter se rappelle: “Je crois que je n’oublierai jamais la première réunion à laquelle nous avons assisté. Nous devions être 9 ou 10. Frère Murray était le président. Il commença par une prière, remerciant Jéhovah de l’arrivée des missionnaires. ‘Nous avions besoin d’aide, dit-​il, et il y a si longtemps que nous prions en ce sens.’ Brooklyn avait promis d’envoyer de l’aide et nous étions là. La prière était si émouvante que nous avions ressenti l’envie de rester pour ne plus jamais repartir.”

Lors de cette première réunion, on prit des dispositions pour la prédication. Sœur Mae Royal était présente et elle se souvient: “Pendant une bonne partie de la réunion, il nous a été montré comment améliorer nos méthodes d’enseignement de porte en porte. En fait, les deux premières semaines ont été consacrées essentiellement à aider les frères à mieux présenter la bonne nouvelle de porte en porte. Le premier territoire que nous avons travaillé en groupe se trouvait juste en face de l’endroit où nous nous réunissions. Sœur Gregory et moi-​même avons frappé à la porte d’une maison située à l’angle de la rue King et de la rue Market. J’ai prié pour que personne ne vienne répondre. J’ai été consternée lorsque la porte s’est ouverte toute grande et qu’un homme est apparu. Son regard s’est posé sur moi puis sur sœur Gregory qu’il a reconnue. Son visage s’est éclairé d’un large sourire. Il n’en fallait pas plus pour me donner le courage de me lancer. Cela se passait six ans après que j’avais commencé à fréquenter le petit groupe de Témoins. Nous étions reconnaissants d’avoir reçu cette aide dont nous avions tant besoin.”

Lors de la célébration du Mémorial qui suivit l’arrivée des missionnaires, l’assistance fut de 23 personnes. Parmi elles se trouvait Frieda Pulver, autre diplômée de l’École de Galaad, qui devait être la compagne de sœur Fairweather.

PÉTITION AUPRÈS DU GOUVERNEUR

Au bout de quelques semaines, les missionnaires reçurent des nouvelles alarmantes. Une lettre émanant du responsable des services d’immigration, P. Brice, les informait qu’ils devaient “prendre des dispositions pour quitter immédiatement la colonie”.

“Sur le conseil d’un avocat, nous avons préparé une pétition à l’intention du gouverneur; c’était notre seule voie de recours”, rapporte l’un des missionnaires. “Avec les Témoins locaux, nous avons fait en sorte de recueillir un maximum de signatures au cours des six jours qui nous restaient. Chaque jour, nous visitions autant de maisons que possible en expliquant aux gens la situation. Nous leur lisions la pétition et obtenions des signatures. Dans l’ensemble nous avons été bien reçus; beaucoup de gens étaient indignés d’apprendre que des prédicateurs de la Parole de Dieu étaient expulsés. Nous avons obtenu en tout 2 400 signatures. Nous avons soumis ensuite la pétition au secrétaire de la colonie qui allait servir d’intermédiaire pour la transmettre au gouverneur. Le secrétaire de la colonie, un Gallois nommé Evans, nous a rassurés d’emblée. Très peu de temps après, on nous a communiqué le verdict: Nous pouvions rester!”

Maintenant, la devise était donc: “En avant pour l’activité!” Le groupe qui ne comptait que trois proclamateurs au début de 1947 en comptait 27 en août de la même année. Les graines de vérité s’étaient mises à porter du fruit au fur et à mesure que certaines personnes qui étudiaient avec les missionnaires commençaient à prendre position pour le Royaume de Jéhovah. Parmi ces “prémices” figuraient, entre autres, Rowena Bowe, Corda Archer, Harry Petty, Rosa Mallory, Naomi Johnson, J. Johnson, Wellington Bain et Jeraldine Fernander.

L’AUBE D’UNE ÈRE NOUVELLE

En 1948, l’aube d’une ère nouvelle commença à poindre pour l’activité de prédication, grâce à la mise en service d’un nouvel instrument qui allait permettre d’étendre la bonne nouvelle à tous les recoins des Caraïbes. Il s’agissait d’un bateau nommé Sibia, qui appartenait à la Société et serait utilisé par des missionnaires. Ce bateau devait se diriger sur toutes les îles des Caraïbes qui ne comptaient aucun proclamateur. Sa première étape était les Bahamas. Cette goélette de pêche de 18 mètres de long était en fait une maison de missionnaires flottante. Son équipage était composé de quatre membres: Gust Maki (capitaine et navigateur), Arthur Worsley (surveillant de la maison), Stanley Carter et Ronald Parkin. Aujourd’hui encore, beaucoup gardent un vif souvenir de la visite du Sibia. Gust Maki se rappelle: “En décembre 1948, nous sommes arrivés à quatre sur le bateau de la Société au port de Nassau. Nous voulions rencontrer les quatre missionnaires ainsi que les proclamateurs fidèles de Nassau. Je me souviens d’une sœur pionnier, très zélée, qui avait déjà prêché la bonne nouvelle sur beaucoup de ces îles.” Il s’agissait de Rachel Gregory, une sœur de la Jamaïque à présent décédée; sa fille, Alma, prêche toujours fidèlement le Royaume avec sa famille à la Jamaïque.

LE SIBIA FAIT VOILE SUR LES ÎLES EXTÉRIEURES

Les frères qui étaient à bord du Sibia passèrent beaucoup de temps sur l’île d’Eleuthera. Ils visitèrent aussi Andros, Abaco, Bimini, Cat Island, Long Island, Harbour Island, les Exumas, les Inaguas et Rum Cay. Ils placèrent 3 278 publications; en fait, ils purent laisser des publications dans presque tous les foyers qu’ils visitèrent. Et encore resta-​t-​il beaucoup de petits villages qu’ils ne purent atteindre. Frère Worsley, qui était dans la circonstance responsable des activités missionnaires, raconte:

“La prédication dans les îles était vraiment agréable! Le Sibia ayant un tirant d’eau de 2,70 mètres, les hauts-fonds nous posaient quelques problèmes mais, bien que la quille frôlât parfois le fond, nous avons pu atteindre toutes les îles principales. Il arrivait fréquemment qu’une personne à qui nous avions laissé des publications nous propose de nous accompagner et de porter nos sacs. Les gens étaient si heureux de ce qu’ils apprenaient que quelquefois, sans même nous laisser le temps de commencer notre présentation, ils nous parlaient de nos livres. Très souvent, nous avons pu placer des livres grâce à l’insistance de la personne qui nous avait accompagnés. Je me rappelle aussi la manière si courtoise qu’ils avaient de répondre à notre introduction. Ils nous disaient: ‘Merci Monsieur, et qu’il plaise à Dieu que nous ne soyons plus étrangers l’un à l’autre.’

“Sur certaines îles, les gens étaient très pauvres. Sur l’île de Bimini, un homme a pris un carton entier de Bibles parce qu’elles ne valaient qu’un dollar pièce. Il pensait que tout le monde devait avoir une Bible. Il les a ensuite distribuées, en suggérant aimablement aux personnes de la payer en plusieurs fois, quelques cents à chaque fois qu’elle le pourrait. Un homme possédait plusieurs de nos livres, mais il n’avait pas assez d’argent pour se procurer une Bible. Je lui en ai donc offert une, et pour qu’il l’accepte je lui ai dit: ‘Vous m’enverrez l’argent quand vous l’aurez.’ Un an plus tard, j’ai reçu une lettre de cet homme; il me remerciait pour la Bible et m’envoyait un dollar.

“Certaines personnes avaient gardé précieusement chez elles des publications de la Société telles que La Harpe de Dieu. Elles étaient ravies d’apprendre que les livres que nous leur présentions étaient édités par la même organisation. Nous avons pu nous rendre compte, d’après leur conversation, que beaucoup avaient assimilé une bonne partie des enseignements qu’ils avaient lus.

“Il arrivait parfois que tous les membres d’une famille soient partis dans les champs au moment où nous passions chez eux. Mais une fois rentrés, ils voyaient les Bibles et les livres que nous avions laissés à leurs amis; et le lendemain matin, ils nous attendaient sur le port pour nous réclamer des publications. Certains venaient sur notre bateau et nous apportaient des petits cadeaux: du poisson, des fruits ou des noix de coco. En échange, nous leur donnions toujours quelque chose d’autre à lire.

“Il était difficile d’organiser des réunions publiques dans certains endroits, alors que dans d’autres il n’y avait pour ainsi dire pas de problèmes. Bien des fois, il suffisait de se lever et de parler. On donnait des discours dans des écoles, des églises, des foyers privés, des magasins, des salles de café, sur les quais, sous des arbres, bref, à chaque fois que l’occasion se présentait. Généralement cela se faisait sans notes ni lumière. Il était assez souvent difficile de renvoyer les gens après le discours; certains semblaient ne jamais en avoir assez. Nous avons regretté de ne pas pouvoir rester plus longtemps avec eux.

“En rentrant chez nous après une longue journée de prédication, nous avions fréquemment le plaisir d’entendre les gens lire à haute voix nos publications tandis que nous passions près de leur maison. Nombre d’entre eux nous appelaient alors pour nous dire qu’ils aimaient beaucoup notre livre et pour nous remercier une fois de plus de les avoir visités.

“Nous avions placé quantité de publications sur les îles principales et nous nous étions fait beaucoup d’amis grâce à la vérité; aussi étions-​nous tous très tristes à l’idée de devoir repartir. En fait il restait encore énormément de travail à faire; mais certaines îles étaient inaccessibles à notre bateau à cause des hauts-fonds. La saison des ouragans approchait et les eaux des Bahamas étaient si peu profondes qu’il aurait été difficile pour le Sibia de trouver un abri, étant donné son tirant d’eau de 2,70 mètres. Ainsi donc, après sept mois de prédication fort agréables, nous nous sommes dirigés vers les îles Vierges.”

L’ŒUVRE PROGRESSE MALGRÉ L’HOSTILITÉ DU CLERGÉ

Toute cette prédication plongea les chefs religieux dans un grand désarroi. L’un d’eux, ne pouvant souffrir en silence plus longtemps, lança l’appel suivant dans le Parish News. En voici un extrait:

“Je suis quelque peu troublé par ces gens qui sont venus semer des graines de dissension dans la paroisse. Ils se nomment les Témoins de Jéhovah. Je vous en prie, faites attention, et rejetez catégoriquement leurs doctrines. Ils vous diront sûrement que ce que nous vous enseignons est faux; or, de bons paroissiens les reçoivent chez eux et leur permettent de leur expliquer leur livre. N’oubliez pas que l’Église existait bien avant la Bible. (...) S’il y a quelque chose que vous ne comprenez pas, consultez donc le prêtre de votre paroisse. Il vous éclairera. N’écoutez pas ces gens qui ne savent pas de quoi ils parlent.”

Les faits démontrent que les “bons paroissiens” des Bahamas étaient plus disposés à écouter la vérité de la Bible qu’à prendre à cœur le cri d’alarme du Parish News. La preuve en est que la moyenne des proclamateurs passa de 33 à 52, soit un accroissement de 58 pour cent en un an. L’assistance au Mémorial fut de 112 personnes, plus du double de celle de l’année précédente.

D’AUTRES BATEAUX SONT UTILISÉS

En 1954, on se servit de deux autres bateaux pour couvrir les îles des Bahamas. Le Kirkwood II se rendit à Andros, à Berry Islands, à la Grande Bahama et à Eleuthera. Le Faith se dirigea vers le sud sur les Exumas, Long Island et Cat Island. À bord du Kirkwood II, il y avait son propriétaire Arthur Hill père, Jack et Nettie Copple, les Porter, Bill Prince, Dick Ryde et Kay Fairweather. Les frères rencontrèrent nombre de difficultés en prêchant aux habitants de ces îles, mais la réaction chaleureuse de beaucoup de personnes humbles compensa largement tous les problèmes.

Par exemple, Nancy Porter nous décrit la méthode qu’ils utilisèrent pour couvrir l’île d’Eleuthera: “Kay Fairweather, mon mari et moi-​même sommes descendus à Hatchet Bay, près de la pointe nord. Le bateau s’est ensuite dirigé vers l’extrémité sud, à plus de 100 kilomètres, où Dick Ryde et Bill Prince ont débarqué. Nous nous sommes retrouvés trois ou quatre semaines plus tard à Palmetto Point.”

Mais le soir venu, où dormaient-​ils? “À cette époque-​là, explique sœur Porter, les gens nous ouvraient leur porte et nous étaient reconnaissants du message que nous leur portions et des visites que nous leur rendions. Un homme très gentil qui habitait près de Palmetto Point a mis sa maison à notre disposition. Le bateau était parti vers une autre île, et après avoir terminé leur prédication là-bas, nos compagnons sont revenus nous chercher.”

Sœur Fairweather avait aussi fait une tournée dans les îles du Sud, à bord du Faith. Elle partage avec nous certains faits de prédication: “La première terre que nous avons aperçue après avoir quitté Nassau était Bell Island, dans la chaîne des Exumas. Nous sommes montés à six dans le canot et avons débarqué, impatients de commencer à prêcher après une journée et demie passée en mer. Or il n’y avait là que deux petites maisons aux toits recouverts de feuilles de palmier; nous n’y avons rencontré que trois personnes, pour ainsi dire illettrées. Nous leur avons quand même laissé des publications, puis nous nous sommes dirigés vers d’autres îlots.

“Voici comment se déroulait habituellement une journée: Deux d’entre nous restaient à bord et les huit autres s’entassaient dans le canot et allaient à terre. Nous formions alors deux groupes qui se dirigeaient dans des directions opposées, et nous visitions toutes les maisons que nous rencontrions sur notre chemin. À l’heure du déjeuner, nous faisions une pause d’une demi-heure, puis nous repartions dans le service. Comme nous placions beaucoup de publications, nous portions chacun deux sacs. Les gens avaient rarement l’occasion d’acheter de la lecture. À la tombée de la nuit, nous nous trouvions parfois à de nombreux kilomètres du bateau.

“Nous devions alors rentrer par un chemin aussi direct que possible et rejoindre le bateau qui avait jeté l’ancre à plus de 500 mètres de la rive, à cause des hauts-fonds. Nous avions un sifflet assez strident pour être entendu du bateau. Aussitôt un canot était mis à la mer et nous y grimpions pour rentrer à bord. La traversée était souvent “humide”, car le canot était généralement surchargé. Fatigués, pour ne pas dire épuisés, nous mangions quelque chose et allions nous coucher.”

Au prix de beaucoup d’efforts, de temps et d’argent, la bonne nouvelle atteignit les habitants des îles Extérieures.

FRÈRE KNORR VISITE LES BAHAMAS

En décembre 1950, N. Knorr, alors président de la Société Watch Tower, et son secrétaire, M. Henschel, effectuèrent leur première visite aux Bahamas. Frère Knorr prononça le discours “Pouvez-​vous vivre éternellement dans le bonheur sur la terre?” devant 312 personnes entassées dans la salle de réunion que les Témoins utilisaient à l’époque, le Mother’s Club Hall. Quelques dignitaires de la ville étaient présents, notamment un membre du Parlement et le rédacteur en chef de l’un des deux quotidiens locaux. Ce soir-​là, frère Knorr annonça la création d’une filiale de la Société aux Bahamas. Peu de temps après, frère Auguste Claude Blum, citoyen britannique et diplômé de la 16classe de l’École de Galaad, fut nommé surveillant de filiale. C’est également au cours de cette visite que des dispositions furent prises pour organiser le travail du surveillant de circonscription. En outre, on nomma le premier pionnier spécial bahamien, Harold Clarke, qui fut envoyé à Andros.

DES DISSENSIONS

L’une des caractéristiques des régions subtropicales est que le temps peut changer très rapidement. Vous pouvez avoir, en début de journée, un beau ciel bleu immaculé, puis, sans aucun signe précurseur, de gros nuages peuvent soudain le couvrir et amener une pluie torrentielle. De la même façon, l’optimisme radieux dans lequel vivaient les frères à la fin de 1950 fut bientôt assombri par un recul de l’activité, provoqué par des dissensions. En effet, les frères se divisèrent en deux camps. En vue de restaurer l’unité parmi les Témoins, la Société envoya John Jones, un Canadien diplômé de la 18classe de l’École de Galaad. Il vint aux Bahamas pour servir en tant que surveillant de filiale. Pendant cette période de difficultés, l’activité régressa. De 110 proclamateurs en 1951, la moyenne tomba à 92.

Certes, les frères de Nassau avaient été assez ébranlés par les épreuves qu’ils avaient subies. Mais au bout du compte, leur foi en était sortie fortifiée. Le besoin le plus urgent pour le moment était de relancer l’activité dans les îles Extérieures. Les frères qui avaient visité ces îles en bateau avaient accompli un bon travail en distribuant des publications, mais il fallait maintenant effectuer un travail plus suivi dans les villages. Ce besoin fut en partie comblé en 1954 par l’arrivée de quatre nouveaux missionnaires de la 23classe de l’École de Galaad.

L’ŒUVRE SE DÉVELOPPE À ELEUTHERA

Deux des nouveaux missionnaires, Arthur “Bud” Hill et sa femme Shirley, furent nommés sur l’île d’Eleuthera. Le nom de cette île signifie “liberté”. Il provient des aventuriers eleuthériens, une bande de puritains anglais qui quittèrent les Bermudes à la recherche de liberté. Ils étaient mécontents des conditions religieuses qui régnaient aux Bermudes, et établirent une colonie sur cette île en 1648.

L’une des premières personnes bien disposées que les missionnaires rencontrèrent fut Mme Angie Rankin, à Governor’s Harbour. Elle avait déjà manifesté un certain intérêt, ayant été contactée auparavant par Kay Fairweather à Nassau. Elle accepta aussitôt la vérité, mais l’opposition qu’elle rencontra de la part de son père fut tout aussi immédiate. Celui-ci l’escortait de force jusqu’à l’église anglicane, où il enseignait le catéchisme. Elle refusait de participer au culte, ce qui lui valait les insultes de sa famille et de son mari.

Frère Hill raconte: “Shirley devait étudier avec elle sous un arbre, car nous ne pouvions entrer chez elle ni y faire pénétrer de publications. Elle réalisa de bons progrès et se fit baptiser. Elle supporta une opposition constante pendant des années.” Elle entreprit le service de pionnier auxiliaire à plusieurs reprises et elle compte aujourd’hui parmi les proclamateurs zélés de la congrégation de Rock Sound.

Si vous regardez une carte d’Eleuthera, vous verrez que c’est une île très longue et très étroite. En fait, elle est si étroite qu’à un certain endroit il est fréquent que les vagues de l’océan en balaient toute la largeur, coupant la circulation. À partir de là, les frères devaient donc atteindre à pied les villages situés au nord.

Dans l’un de ces villages, The Bluff, une femme manifesta de l’intérêt pour la vérité. Elle enseignait à l’école du dimanche; son mari, qui était pasteur de ‘l’Église de Dieu’, s’opposa catégoriquement à la vérité, allant même jusqu’à interdire aux frères d’entrer dans sa propriété. L’étude devait donc être conduite dehors, de l’autre côté de la clôture. Finalement, cette femme prit position pour la vérité. Son départ de l’Église provoqua de grands remous au sein de cette petite communauté. Maintenant qu’elle était Témoin de Jéhovah, elle désirait participer à la prédication de porte en porte, mais les gens du voisinage ne voulaient pas la recevoir et refusaient de l’écouter. Que pouvait-​elle faire?

Elle prit sa sacoche et se mit à marcher dans les rues alentour pour que tout le monde puisse la voir; elle parlait à tous ceux qu’elle rencontrait. Elle put ainsi donner le témoignage. Aujourd’hui, 17 ans plus tard, sœur Lula Hudson est toujours active et entreprend souvent le service de pionnier auxiliaire. Jéhovah a béni sa fidélité. Elle a pu aider quatre personnes à se vouer à Dieu et à se faire baptiser. Pour l’instant, il n’y a toujours pas de congrégation dans sa région. Son mari écoute maintenant le message de la vérité et offre volontiers l’hospitalité à des Témoins de passage.

DES PIONNIERS À ROCK SOUND

Frère et sœur Harold Clarke se portèrent volontaires pour servir en tant que pionniers sur l’île d’Eleuthera. Frère Clarke raconte: “Nous avons débarqué à Rock Sound en février 1962 et c’est avec joie que nous avons rencontré les deux missionnaires, Bud et Shirley Hill. Comme ceux-ci attendaient un heureux événement, il fallait qu’ils déménagent à Nassau où il serait plus facile pour frère Hill de trouver du travail. Afin de rester forts spirituellement, nous nous sommes mis à organiser des réunions dans la région de Rock Sound; nous traitions tous les sujets des différentes réunions prévues par la Société. Or, les gens qui manifestaient de l’intérêt pour la vérité habitaient! vers la pointe sud d’Eleuthera, à près de 50 kilomètres. Comment les faire venir aux réunions?

“Notre premier moyen de transport était une petite voiture anglaise de marque Hillman. Il y avait parfois jusqu’à treize personnes compressées à l’intérieur et je conduisais avec des enfants assis sur mes épaules.

“Il nous fallait avoir une foi véritable en Jéhovah pour ce qui était de pourvoir à nos besoins dans le service. Il nous est arrivé plus d’une fois d’être à court d’argent. Je me souviens d’un vendredi où nous n’avions plus du tout d’essence pour la voiture; or nous devions faire 60 kilomètres pour aller conduire une étude de la Bible avec une famille à Governor’s Harbour. Ma femme m’a suggéré de téléphoner pour la prévenir que nous ne pourrions pas venir. Mais j’ai décidé d’attendre un peu. Je suis allé voir si nous avions du courrier. Il y avait dans la boîte une lettre d’une sœur polonaise de New York, que nous avions rencontrée à l’assemblée de 1963. Après avoir lu la lettre, j’ai remarqué un post-scriptum au bas de la page. La sœur ajoutait: ‘Ci-joint 5 dollars dont vous aurez peut-être besoin pour l’essence.’ Je suis rentré à la maison débordant de joie, et nous sommes partis faire notre étude.”

À DEUX DOIGTS DE LA MORT

Vous pensez peut-être que, dans la tranquillité d’une île des tropiques, le dernier sujet d’inquiétude des frères serait la crainte d’être menacés de mort à cause de leur service fidèle. Pourtant, les Clarke furent confrontés à une épreuve de ce genre, qui survint du côté où ils s’y attendaient le moins. Frère Clarke poursuit son récit:

“Un jour, alors que nous étions à table, quelqu’un a tiré sur nous à travers la fenêtre de notre maison. Je n’ai vu qu’une voiture qui disparaissait au coin de la rue. J’ai appris quelques jours plus tard que c’était un ancien Témoin qui nous avait tiré dessus. En fait, il a reconnu qu’en diverses circonstances il avait ajusté son revolver sur nous mais qu’il n’avait pas pu appuyer sur la gâchette. Quelque temps après, pensant qu’il n’avait plus de telles idées en tête, nous sommes passés chez lui pour rendre visite à son enfant qui était malade, le reste de la famille étant toujours dans la vérité. Nous ignorions alors qu’avant d’aller se coucher il avait déclaré qu’il me tuerait si je venais et pénétrais chez lui. Nous sommes entrés dans la maison et je suis même allé dans la pièce où il dormait, sans le déranger; apparemment, Jéhovah a fait en sorte qu’il continue de dormir. À son réveil, lorsqu’il a su que nous étions venus chez lui, il a sauté dans sa voiture pour nous rattraper.

“À environ six kilomètres de sa maison, j’ai dit à ma femme: ‘Si on tournait là pour aller voir comment se porte notre petit carré d’oignons?’ Nous avons compris plus tard que Jéhovah avait dû nous guider. Quant à notre homme, il a continué sa route jusqu’à Rock Sound, est allé chez nous, et n’ayant trouvé personne il s’est rendu au poste de police où on lui a confisqué son arme. Une fois rentrés nous avons eu la visite du sergent, qui nous a raconté ce qui s’était passé. Le cœur empli de reconnaissance pour l’attention pleine d’amour et la protection que Jéhovah prodigue à ceux qui le servent, nous avons médité sur le Psaume 23.”

La congrégation de Rock Sound continue aujourd’hui de prospérer. Les frères viennent de construire une nouvelle Salle du Royaume, à la grande joie de tous. C’est la deuxième Salle du Royaume construite à Rock Sound par les Témoins et elle est une preuve que Jéhovah a béni leur dur travail et leur esprit de sacrifice. À présent frère Clarke est membre du Comité de la filiale des Bahamas.

LA VÉRITÉ PROGRESSE À LA GRANDE BAHAMA

À environ 80 kilomètres des côtes de Floride se trouve la Grande Bahama, la quatrième île des Bahamas en superficie. C’est là qu’est situé l’immense complexe industriel et résidentiel de Freeport. Freeport n’est qu’une petite partie de la Grande Bahama, île sans relief dont les forêts de pins font l’objet d’opérations de déboisement depuis plusieurs années. Pendant que les Hill s’établissaient à Eleuthera, leurs compagnons de classe, l’Américain Gordon Swisher et le Néo-Zélandais William Mayer, déployaient leur ingéniosité pour s’adapter à leur nouvelle situation, maintenant qu’ils se trouvaient confrontés à la vie sur cette île, qui à l’époque était encore non exploitée. À leur arrivée, ils rencontrèrent trois personnes intéressées à la vérité, dont Henrietta Pinder et Mme Barr. Celles-ci formèrent le noyau de ce qui devait devenir la congrégation locale. On peut certainement admirer le véritable esprit pionnier manifesté par ces deux missionnaires qui firent passer leur confort personnel après leur responsabilité de prêcher la bonne nouvelle à ces personnes humbles.

Au bout de deux ans environ, ils furent nommés à Nassau, où frère Swisher devint le nouveau surveillant de la filiale en remplacement de John Jones, qui devait partir pour des raisons de santé. Quant à frère Mayer, il devint le premier surveillant de circonscription sur ces îles. À leur place, frère Charles Anderson fut nommé pionnier spécial. En 1956, l’année où il fut nommé, la congrégation était composée de six adultes et de deux enfants; ils se réunissaient alors dans une salle de danse qui appartenait à une sœur de la congrégation. Peu de temps après, la congrégation eut la joie d’accueillir d’autres pionniers.

En 1961, la Grande Bahama était déjà en train de connaître une formidable expansion industrielle. Le gouvernement des Bahamas avait donné son accord à des promoteurs pour qu’ils créent une ville qui devait devenir un port franc et promouvoir ainsi l’industrie et l’établissement de magasins hors taxes. Une métropole moderne surgit presque du jour au lendemain de ce qui était jusqu’alors essentiellement une forêt de pins.

Beaucoup de frères venant d’autres régions des Bahamas et du monde entier étaient parmi les milliers de personnes qui furent attirées par cette expansion et les possibilités qu’elle offrait. La Salle du Royaume construite à Eight Mile Rock devint bientôt trop petite. Dans cette congrégation très cosmopolite, de nombreuses spécialités professionnelles étaient représentées parmi les frères. En 1972, ils construisirent donc l’une des plus belles salles de réunion des Témoins de Jéhovah aux Bahamas.

Depuis ce temps, le projet de Freeport a subi de grandes modifications. Le gouvernement des Bahamas a fait sentir sa présence de façon beaucoup plus manifeste, et la ville a pris un caractère fortement bahamien. Les deux congrégations florissantes de Freeport et de Eight Mile Rock sont aujourd’hui moins cosmopolites mais certainement tout aussi actives pour ce qui est de prêcher la bonne nouvelle aux habitants de la Grande Bahama.

DÉBUTS DE L’ŒUVRE SUR L’ÎLE D’ACKLINS

Pour bien comprendre comment l’œuvre du Royaume débuta sur l’une des îles les plus au sud-est de l’archipel des Bahamas, il vous faut savoir ce que signifie l’expression locale “aller en contrat”. Au cours des années qui suivirent immédiatement la Seconde Guerre mondiale, il y eut une pénurie de main-d’œuvre pour la culture des fruits dans le sud des États-Unis. Pour combler ce besoin, une campagne de recrutement fut lancée aux Bahamas. On essaya en premier lieu d’attirer de la main-d’œuvre pour la cueillette. Les Bahamiens signaient un contrat qui les engageait à travailler pendant une certaine période. Ainsi naquit l’expression “aller en contrat”.

En 1951, Wilbert Cox, originaire d’Acklins, comptait parmi ces travailleurs sous contrat. Il n’avait jamais entendu parler des Témoins de Jéhovah aux Bahamas, car très peu de bateaux s’étaient rendus à Snug Corner, la région de l’île où il habitait. Il fit connaissance avec les Témoins en Floride. Il fut impressionné par l’espérance de vivre éternellement sur la terre. Il fut aussi touché de voir que les frères faisaient 10 kilomètres aller et retour en voiture jusqu’au camp des travailleurs saisonniers où il demeurait, pour l’aider à assister aux réunions. Au bout de trois mois, il perdit contact avec les Témoins, car il fut transféré dans une autre région de Floride. Mais en 1954 il rencontra de nouveau les Témoins, à Deland, et cette fois-​ci, de sa propre initiative, il décida de prendre l’autocar pour aller aux réunions, qui se tenaient à 50 kilomètres de chez lui. Les frères s’arrangeaient pour le ramener après les réunions.

En 1955 il retourna à Acklins. Il était alors un Témoin baptisé plein de zèle et d’optimisme, impatient de faire connaître la vérité aux habitants de son île. Au cours des 29 années qui suivirent, personne à Acklins, à l’exception de sa propre famille, ne prit position pour la vérité. Cela en dépit de sa conduite exemplaire et de sa neutralité chrétienne, qui lui valurent la réputation d’être “le seul véritable ministre de Dieu à Acklins”.

UN AUTRE TRAVAILLEUR SOUS CONTRAT DÉCOUVRE LA VÉRITÉ

Un autre travailleur sous contrat, du nom de Thomas Dawkins, connut la vérité d’une façon similaire. Thomas était un adepte fervent de la religion du Gospel Hall et il faisait tout son possible pour éviter de parler aux Témoins de Jéhovah. Lorsqu’il était sous contrat en Floride, il essayait toujours de fuir toute conversation avec les Témoins. Un matin de bonne heure, il sortit prendre l’air et s’assit sur une vieille caisse d’oranges devant la maison des ouvriers. C’est alors qu’un Témoin s’approcha. Thomas était encore en pyjama. Dès qu’il aperçut la sœur, il voulut rentrer en toute hâte dans la maison, mais son pyjama s’accrocha à un clou qui dépassait de la caisse et se déchira largement. La sœur était maintenant tout près et il était trop gêné pour partir en courant; il se vit donc forcé de rester assis sur la caisse et d’écouter le message du Royaume. À sa grande surprise, ce que lui dit la sœur l’intéressa et une étude de la Bible fut entreprise. Il commença à assister aux réunions et prit ensuite le baptême. Des années plus tard, frère Dawkins et sa femme s’installèrent à Marsh Harbour, sur l’île d’Abaco, pour y soutenir le petit groupe de proclamateurs qui était devenu une congrégation en 1971.

LA PREMIÈRE SALLE DU ROYAUME

Mais revenons quelques années en arrière, en 1954, et à Nassau, la capitale située sur l’île où résident les deux tiers de la population. Là, les frères travaillaient dur à la construction de la première Salle du Royaume des Bahamas. Ce fut grâce à une disposition unique en son genre que les fonds furent rassemblés pour la construction de cette salle. Gus Gravas, un frère grec résidant en Floride, se rendit aux Bahamas pour prêcher aux personnes d’expression grecque qui habitaient Nassau. Pendant son séjour dans cette ville, il fut ému de constater que les frères n’avaient pas de lieu fixe pour tenir les réunions. Il prit donc des dispositions pour leur expédier régulièrement des vêtements d’occasion. Ceux-ci étaient ensuite revendus par les frères, qui utilisaient l’argent recueilli pour la construction d’une salle.

Comme les frères furent heureux de pouvoir acheter, en moins d’un an, deux lopins de terre d’une valeur de 500 livres chacun (environ 14 000 francs français) à Centreville, un endroit idéal pour une salle neuve! Bien que ces dispositions financières aient dû être interrompues lorsque le gouvernement interdit l’importation de vêtements d’occasion, la Société fit un prêt pour permettre aux Témoins de l’île d’achever leur Salle du Royaume. Ce fut à cet endroit-​là que les frères construisirent, en 1958, le bureau de la filiale de la Watch Tower Bible and Tract Society ainsi qu’une maison de missionnaires. Deux frères canadiens, Hall Olson et Albert McBrine, qui étaient venus servir là où le besoin était plus grand, formèrent le pivot de ce projet de construction. Tandis que la Salle du Royaume de Centreville prenait forme, une autre salle était en construction à Quakoo Street, sur un terrain offert par frère et sœur Blackman.

LES EFFORTS S’INTENSIFIENT POUR ATTEINDRE LES ÎLES EXTÉRIEURES

En 1960 Gordon Swisher, qui était surveillant de la filiale, quitta les Bahamas pour se marier, et la Société nomma George Jenkins à sa place. L’année suivante connut deux événements importants: la visite de M. Henschel en février et l’assemblée de district “Les adorateurs unis” du 27 au 30 juillet. L’assemblée se tint dans un lieu historique, le Royal Victoria Hotel, construit en 1863; c’était alors le premier grand hôtel des Bahamas. L’assistance s’éleva à 800 personnes, chiffre de pointe qui dépassait de loin l’assistance de tout autre rassemblement des Témoins aux Bahamas. Au cours de sa visite, frère Henschel parla de la possibilité de faire davantage pour que la bonne nouvelle puisse atteindre les îles Extérieures. Répondant à l’invitation d’aller servir là où le besoin était plus grand, frère et sœur Porter proposèrent leur aide, et ils furent nommés à Long Island où ils poursuivirent leur activité missionnaire au cours des onze années suivantes.

Frère Porter se rappelle: “Pour pouvoir rassembler toutes les personnes bien disposées pour la réunion du dimanche, nous partions tôt le matin en voiture et nous nous déplacions jusqu’aux deux extrémités de l’île. À minuit, nous avions parcouru plus de 300 kilomètres, mais cela en valait la peine. Par exemple, à 72 ans “Mamie Ritchie”, avec laquelle nous étudions, scandalisa tous les habitants de son village en donnant un témoignage hardi au prêtre de la paroisse. Des années plus tard, ses petits-enfants déménagèrent à Nassau, prirent position pour la vérité, et aujourd’hui deux des garçons sont anciens.”

La petite congrégation qui se réunit maintenant dans sa propre salle à Glintons continue de prêcher le message du Royaume aux habitants de Long Island.

À L’EXTRÊME SUD, L’ÎLE D’INAGUA

L’île d’Inagua se trouve à l’extrême sud de l’archipel des Bahamas. Le flamant rose est l’oiseau national des Bahamas et c’est à Inagua que ces oiseaux vivent par milliers, protégés dans une réserve d’animaux sauvages. Mais qu’avait-​on fait pour apporter la bonne nouvelle aux habitants de cette île isolée?

En 1960, frère et sœur Perrin furent envoyés comme pionniers spéciaux à Inagua. Les gens se montrèrent très réceptifs à la vérité et peu de temps après leur arrivée les Perrin conduisaient 20 études de la Bible par semaine. Bien entendu, cela dérangea les chefs religieux de l’île qui firent pression sur le représentant local du gouvernement. En moins d’un an, le clergé parvint à faire expulser les Perrin. Depuis lors, des pionniers spéciaux furent envoyés sur l’île à plusieurs reprises. Le résultat était toujours le même: Ils commencent de nombreuses études et obtiennent beaucoup d’abonnements, mais aucun Témoin ne put jamais s’établir sur cette île.

DES CHANGEMENTS À LA FILIALE

Pour améliorer le fonctionnement des filiales dans le monde, la Société invita les surveillants de filiale à assister à un cours de dix mois à l’École de Galaad. Frère George Jenkins eut le privilège d’assister à ce cours en 1962. À la suite de cela, sa femme et lui-​même furent nommés au Costa Rica. L’un de ses compagnons de classe, Emil Van Daalen (diplômé de la première classe de l’École de Galaad), qui avait servi à Porto Rico, fut le nouveau surveillant de la filiale des Bahamas. À partir de ce moment-​là, et jusqu’à ce qu’il soit envoyé dans le sud des États-Unis en décembre 1981, frère Van Daalen encouragea beaucoup ses compagnons chrétiens à travailler dans les îles Extérieures. Ceux-ci réagirent favorablement à ces encouragements, comme en témoigne le fait suivant relaté par frère Van Daalen:

“La prédication de la bonne nouvelle sur les îles Extérieures, et surtout sur les îlots isolés, est l’un des problèmes particuliers que l’on rencontre aux Bahamas. Pour surmonter cette difficulté, les Témoins ont fourni des efforts soutenus; par exemple, en août 1966 six frères ont fait 100 kilomètres en pleine mer sur des petits bateaux à moteur longs de 4,50 mètres pour aller rendre visite aux 200 habitants de la petite île de Grand Cay. On ignore si quelqu’un avait prêché le message du Royaume sur cette île auparavant. Le surveillant de circonscription rapporte ce qui suit: ‘Nous avons laissé des publications dans presque toutes les maisons. Les gens se sont montrés très amicaux. Ils nous proposaient même de nous accompagner jusqu’à la maison suivante pour nous présenter à ses occupants.’ Sur le chemin du retour, l’un des moteurs est tombé en panne et le bateau a dû être remorqué. Cependant, malgré les risques encourus, les frères ont éprouvé une profonde satisfaction.”

“UNE EXPÉRIENCE MERVEILLEUSE”

Résumant toutes ses années de service dans ces îles pittoresques, frère Van Daalen écrivit: “Servir aux Bahamas s’est révélé être une expérience merveilleuse. Ma femme Bettyjane et moi-​même avons trouvé que les gens étaient amicaux, sensibles aux questions religieuses et tolérants. Ils sont disposés à consacrer du temps pour discuter de la Bible.

“Au cours des 18 années que ma femme et moi avons passées aux Bahamas, nous avons pu voir les progrès que l’œuvre de prédication a faits grâce à la bénédiction de notre Père céleste. Les Témoins de Jéhovah sont bien connus sur ces îles et beaucoup de frères et de sœurs dévoués se dépensent pour trouver pendant qu’il est encore temps les personnes humbles, semblables à des brebis. Nous sommes persuadés que Jéhovah touchera le cœur d’autres Témoins pour les inciter à venir apporter leur aide là où le besoin est plus grand.”

DES FRÈRES UTILISENT LEURS BATEAUX POUR APPORTER DE L’AIDE

Vers la fin des années 1960 et le début des années 1970, d’autres frères américains vinrent aux Bahamas. Ils travaillèrent sous la direction de la filiale et utilisèrent des bateaux pour atteindre les îles et les îlots dispersés un peu partout. Parmi eux figuraient Richard et Ilona Farris avec leurs quatre enfants; Eddie et Gary Irons; Jack et Ethel Miller, accompagnés de leurs trois enfants; Joe et Dorothy Miller et leurs deux garçons; Allen et Betty Doe, et la famille Walters. La famille Farris descendit sur l’île de Mayaguana; là, ils purent aider Susanna Ford et sa sœur Angie à progresser jusqu’au baptême. Jusqu’alors, ceux qui s’intéressaient à la vérité à Mayaguana étudiaient la Bible par correspondance avec sœur Fairweather qui se trouvait à Nassau. L’activité des Farris aux Bahamas fut brutalement écourtée par la mort prématurée de Richard Farris. Plusieurs années plus tard, cependant, les autres membres de la famille purent retourner à Andros avec le bateau pour y prêcher en compagnie de Allen et Betty Doe. Les Miller travaillèrent dans le sud d’Andros (avant de déménager à la Grande Bahama), et les Irons à Cat Island.

Avant de partir pour les Bahamas, Allen et Betty Doe construisirent un trimaran, car le faible tirant d’eau de ce type de voilier était tout à fait adapté aux “îles des hauts-fonds”. La vie n’était pas toujours facile à bord. Parfois, le temps ne se montrait pas très coopératif. Par exemple, une assemblée de circonscription était prévue en décembre 1972 à Marsh Harbour, sur l’île d’Abaco. Allen Doe nous raconte comment s’est passé le voyage de Morgan’s Bluff, sur l’île d’Andros, jusqu’à Marsh Harbour:

“Au départ, le temps était absolument magnifique; il y avait du soleil et une petite brise du sud-est soufflait à 10-15 nœuds. Soudain, une barre de nuages noirs est apparue au nord-ouest. Une tempête inattendue s’est abattue violemment sur nous. Nous avons dévié le bateau vers une petite échancrure appelée “le trou dans le mur” et située sur la côte à l’angle sud-est d’Abaco. Le vent a tourné au nord-est et s’est mis à souffler très fort, au moins à 50 nœuds. Là où nous avions jeté l’ancre, les vagues atteignaient 2,50 mètres de haut et frappaient impitoyablement le bateau sans le moindre répit. À dix heures du soir, l’une des cordes de l’ancre s’est rompue comme une ficelle. Les vagues passaient par-dessus le bateau et s’écrasaient sur nous. Nous étions complètement trempés. Nous avons vraiment compris ce que signifiait l’expression biblique ‘priez sans cesse’.

“Lorsque l’aurore est apparue, nous avons décidé de lever l’ancre et de braver l’océan plutôt que de rester là. Nous avons bien fait de partir, car la dernière ligne de mouillage était presque entièrement usée. Mais au début nous n’étions pas sûrs de prendre la bonne décision, les vagues faisant près de 10 mètres de haut! Le bateau voguait rapidement, glissant sur les énormes vagues. Nous avons bientôt été protégés du vent par l’île et nous avons atteint le port de Sandy Point où nous allions être en sécurité. Mais nous nous trouvions encore à 80 kilomètres de Marsh Harbour, notre lieu d’assemblée. Les routes étaient complètement inondées et nous avons donc dû attendre plusieurs jours que les eaux baissent.

“Ensuite, nous avons pris notre petite moto pour aller à l’assemblée. En chemin, nous avons dû nous arrêter au moins quatre fois pour passer dans l’eau qui montait jusqu’aux genoux. Nous sommes arrivés le dimanche après-midi, juste à temps pour le discours public! Combien nous étions heureux d’être avec nos frères et nos sœurs! Et comme ils étaient heureux de nous voir eux aussi, ayant craint que nous ne nous soyons perdus en mer! Beaucoup de frères n’ont pas pu assister à l’assemblée, mais par bonheur tous étaient sains et saufs.”

LA PLUS GRANDE DES ÎLES

Andros est la plus grande des îles des Bahamas. Elle fait plus de 65 kilomètres de large et 160 kilomètres de long. À partir de 1950, un bon travail fut effectué grâce aux pionniers spéciaux qui prêchèrent aux personnes humbles de cette île. Pendant plusieurs années, un groupe de pionniers poursuivit le bon travail accompli par Jack Miller et sa famille dans la partie sud de l’île. Ce groupe de pionniers fut composé, à différentes époques, d’Yvonne Dean, de Shirley Corsey, de Donna Schorer et de Debbie Sands. Lorsqu’elle entendit parler de la vérité par l’intermédiaire de son frère, Debbie Sands s’apprêtait à entrer au couvent. Bien que très jeune, elle fit montre d’autant de zèle pour le vrai culte qu’elle l’avait fait pour son ancienne religion. Grâce aux efforts conjugués de ces pionniers, beaucoup de personnes vinrent à la vérité, mais la plupart d’entre elles déménagèrent dans d’autres régions. Aujourd’hui, il y a des groupes de proclamateurs épars le long de la côte est.

LA BONNE NOUVELLE ARRIVE À BIMINI

C’est à l’est de Miami, dans le détroit de Floride, qu’est situé le groupe des îles Bimini. Quoique les passagers du Sibia aient déjà prêché aux habitants de ces îles dans le passé, comment ceux-ci allaient-​ils recevoir le témoignage à présent? Quelques frères de la région de Fort Lauderdale se procurèrent un avion pour faire l’aller-retour jusqu’à ces îles afin d’y poursuivre l’activité. L’avion fut loué et piloté par frère Dean Tarbert. Bien qu’aucune congrégation n’ait été formée, les gens reçurent un témoignage complet et certains manifestèrent de l’intérêt. Les graines semées attendent juste d’être arrosées un peu plus et Jéhovah les fera croître.

UNE ASSEMBLÉE INTERNATIONALE SANS PRÉCÉDENT

Au sein de l’organisation internationale de Jéhovah, les assemblées ont toujours joué un rôle essentiel dans le rassemblement et l’enseignement de son peuple. Aux Bahamas, aucune assemblée n’a encore surpassé l’assemblée de district “Le nom divin”, qui se tint à Arawak Cay en 1971. Ce fut la seule assemblée de district officielle aux Bahamas. Il fallait trouver des locaux dont le prix fût raisonnable mais qui puissent accueillir l’afflux de visiteurs étrangers que l’on attendait. C’était une véritable gageure. Les frères résolurent le problème en louant un vaste entrepôt de douane de 120 mètres sur 12, qui venait d’être construit sur une île artificielle dans le port de Nassau. Pour le transformer en salle d’assemblée, les frères durent improviser, car c’était la première fois que l’occasion leur en était donnée.

Imaginez un peu la scène: Les délégués, assis dans cette salle longue et étroite rafraîchie par la brise du large, écoutaient l’orateur prononcer son discours et pouvaient voir derrière lui, en toile de fond, de majestueux bateaux de croisière amarrés le long du quai. Plus de 1 500 délégués affluèrent de toutes les régions du globe, et ce fut avec une grande émotion que les 409 Témoins locaux accueillirent 2 036 personnes au discours public.

LES VOYAGES DU SURVEILLANT DE CIRCONSCRIPTION

Le premier surveillant de circonscription, Bill Mayer, prenait le bateau-poste pour rendre visite aux frères dans tous les recoins de l’archipel et les encourager. Certes, les eaux des Bahamas sont réputées dans le monde entier pour leur clarté et leur beauté, mais ce n’était sans doute pas toujours un plaisir pour un surveillant de circonscription sujet au mal de mer de devoir faire près de 450 kilomètres sur un cargo de marchandises qui grinçait et empestait le gazole.

Après que frère Mayer se fut marié et fut rentré finalement en Nouvelle-Zélande, un jeune frère américain plein de zèle visita les Bahamas en tant que touriste et tomba amoureux de ces îles. Il décida alors d’allier les deux choses qu’il aimait le plus, prêcher la bonne nouvelle et vivre au bord de la mer. Peu de temps après, frère Ronald Deaumler fut nommé surveillant de circonscription. Il se maria un peu plus tard et sa femme Helen l’accompagna dans la circonscription, jusqu’à ce qu’ils soient invités à suivre les cours de l’École de Galaad et envoyés en Équateur.

Le premier surveillant de circonscription bahamien fut le frère Allison Dean, petit-fils de J. Johnson et l’un des 40 membres de cette famille qui sont aujourd’hui dans la vérité. Après son mariage avec Betty Jean McDonald, une sœur canadienne qui était pionnier spécial, il continua à visiter les congrégations. Aujourd’hui ils ont une famille et frère Dean est membre du Comité de la filiale.

Un autre frère local, Frederick Lord, prit la suite dans la circonscription avec sa femme Gloria, jusqu’à ce qu’un missionnaire canadien, Steven Ray, le remplace en avril 1974. Actuellement, les congrégations sont visitées par un autre missionnaire, Anthony Reed, qui avait travaillé auparavant au Béthel de Brooklyn pendant cinq ans. Burleigh et Alice McKee furent envoyés d’Antigua aux Bahamas; ils arrivèrent en mai 1981 pour poursuivre l’œuvre missionnaire et frère McKee est coordinateur du Comité de la filiale.

LE BESOIN EST GRAND

La chaîne d’îles et d’îlots des Exumas est située à environ 60 kilomètres au sud-est de Nassau et s’étend sur plus de 200 kilomètres. Ces îles ont une population de 3 670 personnes. Vers le nord, Cat Island compte encore 2 000 habitants. Mentionnons aussi San Salvador et d’autres îles plus petites qui sont peuplées mais qui n’ont jamais été travaillées régulièrement. Il y a donc un grand besoin de frères solidement établis dans la vérité, disposant d’une source de revenus indépendante et qui seraient disposés à s’installer dans ces îles pour aider les Témoins locaux à y prêcher la bonne nouvelle. D’une manière pratique, des frères pourraient, avec deux ou trois bateaux, effectuer des visites régulières aux îles de faible population où la bonne nouvelle est peu prêchée, voire pas du tout. Y a-​t-​il quelqu’un qui remplisse les conditions précitées et se sente disposé à répondre à cette invitation?

D’EXCELLENTES PERSPECTIVES D’AVENIR

Depuis le départ timide donné à l’œuvre du Royaume en 1926, lorsque frère et sœur McKenzie arrivèrent de Jamaïque pour répandre le message réconfortant du Royaume, les progrès ont été remarquables. Il y a aujourd’hui plus de 600 proclamateurs de la bonne nouvelle très actifs aux Bahamas. Avec une assistance de 2 244 personnes au Mémorial en 1984, les perspectives d’avenir sont excellentes. Nous tous, sur les “îles des hauts-fonds”, attendons avec impatience que se poursuive l’accroissement de l’œuvre, pour que notre Dieu Jéhovah soit glorifié dans une plus grande mesure encore.

[Cartes, page 226]

(Voir la publication)

Les BAHAMAS

Grand Cay

Petite Abaco

Grande Bahama

West End

Freeport

Eight Mile Rock

Bimini

Grande Abaco

Marsh Harbour

Sandy Point

le trou dans le mur

Harbour Island

Eleuthera

The Bluff

Hatchet Bay

Governor’s Harbour

Palmetto Point

Rock Sound

Berry Islands

Morgan’s Bluff

New Providence

Nassau

Exuma Cays

Andros

Cat Island

San Salvador

Rum Cay

Long Island

Les Exumas

Crooked Island

Acklins

Snug Corner

Mayaguana

Petite Inagua

Grande Inagua

OCÉAN ATLANTIQUE

[Illustration, page 232]

Les quatre premiers missionnaires des Bahamas: Nancy Porter, George Porter, Kathleen Fairweather et Frieda Pulver.

[Illustration, page 239]

Pour propager la bonne nouvelle sur les îles des Bahamas, on utilisa cette “maison de missionnaires flottante”, la goélette Sibia.

[Illustration, page 250]

La Salle du Royaume de Centreville, à Nassau, construite en 1954. Derrière se trouvent le bureau de la filiale et la maison des missionnaires, construits en 1958.

[Illustration, page 255]

Ce trimaran fut utilisé pour prêcher la bonne nouvelle à Andros et sur d’autres îles.

[Illustration, page 257]

Allen et Betty Doe sur leur moto.