Porto Rico et les îles Vierges
Porto Rico et les îles Vierges
PORTO RICO est l’une des régions les plus peuplées du monde. On y voit aussi de nombreux touristes séduits par la douceur du climat et par les plages de sable. La diversité des paysages est un autre attrait de l’île: la cordillère centrale laisse la place à des collines peu élevées et à des plaines fertiles dans les régions côtières. Mais l’île est relativement petite; en effet, elle s’étend sur environ 170 kilomètres d’est en ouest et sur 50 à 60 kilomètres du nord au sud.
Cette île des Grandes Antilles compte quelque 3 500 000 habitants. Près d’un million d’entre eux sont rassemblés à San Juan, la capitale, et aux alentours. Beaucoup vivent également à Ponce sur la côte sud, à Mayagüez à l’ouest, à Arecibo au nord et à Caguas, une ville nichée dans les montagnes.
L’île était habitée à l’origine par des Indiens qui ont pour ainsi dire été exterminés par les explorateurs espagnols. Qui donc l’occupe aujourd’hui? La plupart des insulaires descendent des Espagnols et des esclaves importés jadis d’Afrique. C’est ce qui explique pourquoi l’espagnol est devenu la langue principale et que beaucoup de Portoricains sont catholiques. Mais en 1898, à la suite de la guerre hispano-américaine, l’île de Porto Rico fut cédée par l’Espagne aux États-Unis; à la suite de quoi divers groupes protestants se sont formés.
Le premier gouverneur espagnol, en place au début du XVIe siècle, a dénommé Porto Rico ce qui était au départ un établissement colonial. Ce nom-là signifie “port riche”; en effet, on chargeait à cet endroit de grandes quantités d’or sur les bateaux. Cependant, plus récemment, des personnes sont venues, non pour exploiter les ressources naturelles de l’île, mais pour aider ses habitants à bénéficier personnellement de richesses autrement plus précieuses que l’or.
LES DÉBUTS DE L’ŒUVRE DU ROYAUME
Au cours de sa tournée de service en Amérique latine au début des années 1930, Robert Montero s’est rendu à Porto Rico pour voir quelles dispositions pouvaient être prises afin de propager l’inestimable bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans cette île. Dans le rapport qu’il a adressé au siège de la Société Watch Tower à New York, il a déclaré qu’on pouvait espérer obtenir de bons résultats à Porto Rico et a recommandé à la Société d’y envoyer des pionniers, c’est-à-dire des prédicateurs du Royaume à plein temps. Il a signalé qu’il n’y avait qu’un seul Témoin dans l’île: John Dahlberg, qui avait à peu près 70 ans et qui était pêcheur à Puerto Real, sur la côte est. L’activité de prédication de frère Dahlberg était assez limitée à l’époque parce qu’il n’avait que quelques rudiments d’espagnol; cependant,
il coopérait étroitement avec n’importe quel Témoin qui venait à Porto Rico pour répandre le message du Royaume.Frère Colin McLarty et sa femme, tous deux âgés de plus de 70 ans, furent les premiers à réagir favorablement à l’invitation pour servir à Porto Rico. Ils sont arrivés durant l’hiver 1932. Munis d’écrits bibliques qui annonçaient le Royaume de Dieu, ils sont allés au palais du gouverneur et à la préfecture de police. Ils ont laissé des publications à un juge de la cour fédérale des États-Unis, et ils ont aussi donné le témoignage à des enseignants pendant les récréations. Durant quatre ou cinq mois, frère et sœur McLarty ont rendu visite aux gens chez eux et sur leur lieu de travail. Ils ne connaissaient que quelques mots d’espagnol, mais à l’aide de gestes, ils ont fait tout leur possible pour éveiller l’intérêt de leurs auditeurs pour la vérité contenue dans la Parole de Dieu. Cependant, quand ils se sont apprêtés à partir, ils ont signalé que ce qu’ils avaient effectué n’était “rien en comparaison de ce qui restait à faire”.
ARRIVÉE DE DEUX PIONNIERS
En 1935, Lillian Carr et Marie Hawkins, deux pionniers, sont venues de Rochester, dans l’État de New York, pour faire connaître aux chaleureux Portoricains le message du Royaume susceptible de sauver des vies. Comme elles se trouvaient dans un cadre qu’elles ne connaissaient pas, elles sont d’abord restées ensemble. Ensuite, elles ont prêché chacune dans une région différente. Sœur Carr s’est rendue à Aguadilla et à Mayagüez sur la côte ouest, et à Ponce au sud. Elle a surtout distribué des publications basées sur la Bible, puisqu’elle était incapable de soutenir une conversation en espagnol. Cependant, de nombreuses “graines” de vérité furent ainsi semées durant les 15 années suivantes.
De son côté, sœur Hawkins est restée dix ans à San Juan et dans d’autres villes du nord et de l’est de
l’île. Comme sœur Carr, elle ne parlait que quelques mots d’espagnol. Néanmoins, elle s’efforçait de revenir voir les personnes qui manifestaient de l’intérêt, et elle dirigeait des études de la Bible au mieux de ses possibilités.LES PREMIERS TÉMOINS PORTORICAINS
Sœur Hawkins n’a pas donné personnellement le témoignage à Ambrosio Rosa García, qui habitait près d’Arecibo. Elle avait laissé une brochure intitulée La Guerre universelle est proche à l’un de ses amis, qui l’a donnée en 1938 à M. Rosa. Bien que ce dernier pratiquait le spiritisme, il a été profondément impressionné par le contenu de cette brochure. Il a immédiatement écrit à la Société Watch Tower à New York pour demander qu’on lui envoie d’autres publications. Il a rapidement été convaincu que ce qu’il lisait était la vérité, et il a commencé à partager avec son entourage cette connaissance nouvellement acquise.
Comprenant que l’Église catholique était une fausse religion, il a refusé que sa fille aînée fasse sa première communion. À la suite de quoi le prêtre est venu lui rendre visite. Mais Ambrosio était tout à fait capable de défendre ses convictions grâce à ce qu’il avait appris dans la Bible.
Il s’est rendu compte qu’il devait faire connaître la bonne nouvelle à autrui; il s’est donc mis à prêcher de maison en maison, alors qu’il était seul et n’avait aucune formation dans ce domaine. Quelle foi et quel profond amour pour Jéhovah n’a-t-il pas démontrés! Pour autant qu’il le sût, il était l’unique serviteur de Jéhovah de l’île. Malgré tout, il était désireux d’aller de l’avant et d’enseigner aux autres ce qu’il savait sur les desseins de Dieu. Quand Ambrosio a appris qu’aux États-Unis les prédicateurs se servaient de sujets bibliques enregistrés pour propager la vérité, il a commandé à la Société un phonographe portatif et des disques en espagnol dont il a fait bon usage.
Mat. 23:9). Le prêtre a battu en retraite, mais ensuite c’est un policier qui a menacé d’arrêter frère Rosa. Une fois de plus, ce dernier a tenu bon et a expliqué que la constitution lui donnait le droit de prêcher la Parole de Dieu sur la place publique. Sur ce, le prêtre et le policier ont délibéré; puis ils se sont tous les deux éclipsés.
Un jour, alors que notre frère passait des disques sur le phonographe dans une rue d’Arecibo, en face de l’église catholique, un homme lui a demandé s’il pouvait écouter le discours “Face aux réalités”. Une partie de cet exposé dénonçait les activités politiques de la religion catholique. Quand l’explication a porté sur les agissements de l’Église durant la guerre civile d’Espagne, l’homme a couru chercher le prêtre. Ce dernier a accusé frère Rosa d’être de la “Cinquième Colonne” et antiaméricain, mais frère Rosa savait ce qu’il en était réellement. Fortifié par l’esprit de Jéhovah, il a pu faire remarquer qu’en fait, c’était le prêtre qui était de la “Cinquième Colonne” et antiaméricain parce qu’il accordait son soutien à Hitler et à Mussolini. Il a aussi demandé au prêtre pourquoi il demandait aux gens de l’appeler “père” alors que la Bible condamne une telle façon de faire (Parmi ceux à qui Ambrosio a donné le témoignage à Arecibo se trouvait Santiago Rodríguez père, un homme d’une quarantaine d’années qui travaillait comme vendeur. Au début, Santiago disait à frère Rosa qu’il avait sa religion et qu’il n’était pas vraiment intéressé par autre chose. Mais au bout d’un moment, Ambrosio l’a persuadé de s’abonner au périodique La Tour de Garde en espagnol pour seulement six mois. Lorsqu’il a reçu les périodiques, Santiago les a lus et a vite compris qu’ils contenaient la vérité. Peu après, il allait prêcher avec frère Rosa.
Jéhovah a béni leurs efforts, et un petit groupe de personnes bien disposées a commencé à se réunir. À ce moment-là, les deux hommes ont compris la nécessité de la “consécration” (qu’on appelle aujourd’hui
l’offrande de soi) et du baptême. Mais qui allait pouvoir les baptiser? Ils ne connaissaient absolument aucun Témoin à Porto Rico. Qu’allaient-ils donc faire? Après avoir réfléchi dans la prière, ils sont descendus avec les autres membres du groupe vers une petite rivière, près d’Arecibo. C’est là qu’Ambrosio a d’abord baptisé Santiago, et qu’ensuite Santiago a baptisé Ambrosio. Ils furent les premiers natifs de Porto Rico à se faire baptiser en tant que Témoins de Jéhovah. Cela se passait le 18 janvier 1940. Plus tard, d’autres personnes ont été baptisées, et le 8 juin de la même année, le groupe (ou congrégation) des Témoins de Jéhovah d’Arecibo a été formé.IL N’ÉTAIT PAS FACILE D’ÊTRE UN TÉMOIN
Pendant ce temps, d’autres serviteurs de Jéhovah s’organisaient pour se réunir à Santurce, un grand quartier de San Juan, la capitale. Lorsqu’elle avait prêché là, Marie Hawkins avait étudié avec Madame Leonor Román, qui s’était mise elle aussi à faire connaître la bonne nouvelle. Son mari s’était joint à elle; ils dirigeaient des études de la Bible chez eux, et leur fille âgée de six ans accompagnait sa mère dans le ministère. Le petit groupe de Santurce a
formé une congrégation en mai 1940. Mais quand sœur Román est tombée malade, les autres membres du groupe ont cessé de prêcher. Aussi cette petite congrégation a-t-elle été rayée des listes le 1er septembre 1941.Trois ans plus tard, une autre congrégation a été établie à San Juan. Mais, de nouveau, elle ne s’est pas bien affermie à cause du manque de direction.
Pourtant parmi les Témoins, peu nombreux, certains semblaient désireux de se dépenser dans le service de Jéhovah. Deux hommes qui vivaient dans les terres ont fait une demande pour être pionniers. Ils ont été chargés de prêcher dans toute la région de Guayama, au sud de l’île. Ils ont surtout distribué des publications. Cela a sans doute permis à quelques insulaires de connaître la vérité. Malheureusement, il s’est avéré que ces deux hommes avaient pour principal objectif de vendre des livres. Aussi ont-ils cessé leur activité au bout de quelque temps.
Il n’était pas facile d’être un serviteur de Jéhovah. On recevait rarement des encouragements de la part d’autres personnes. Chacun devait mener un dur combat pour la foi.
L’ARRIVÉE DES DIPLÔMÉS DE GALAAD
Ce fut bientôt le début d’une nouvelle époque à Porto Rico. Quelques-uns des premiers missionnaires diplômés de l’École biblique de Galaad, organisée par la Société Watchtower, ont été envoyés à Porto Rico. En mars 1944, quand le China Clipper a atterri à l’aéroport d’Isla Grande à San Juan, il avait quatre missionnaires à son bord: Leo et Eunice Van Daalen, Emil, le frère de Leo, et leur cousin Donald. Sœur Hawkins était là pour les accueillir, émue à l’idée que dorénavant les Témoins de l’île bénéficieraient de l’aide de frères et de sœurs mûrs pour faire fructifier les intérêts du Royaume à Porto Rico.
Quelles sont les mœurs des Portoricains que les missionnaires ont remarquées? Généralement, les
insulaires se montraient aimables, généreux et hospitaliers; ils se contentaient d’un endroit pour dormir, de la nourriture et du vêtement. Ils étaient aussi croyants, la plupart appartenant à la religion catholique. Il n’était pas rare de voir des processions composées de prêtres et de leurs ouailles qui chantaient en portant la statue d’un “saint patron”. Dans de nombreuses demeures, il y avait de petits autels ornés de représentations de “saints” devant lesquelles des cierges brûlaient continuellement. Le spiritisme était très répandu, mais généralement ceux qui le pratiquaient étaient également de bons catholiques. On rencontrait aussi quelques personnes, connues sous le nom d’evangélicos, qui avaient quitté la religion catholique et étaient devenues membres de sectes protestantes introduites dans l’île par des Nord-Américains.LES MISSIONNAIRES COMMENCENT À PRÊCHER
Les insulaires étaient, pour la plupart, réceptifs au message du Royaume quand les missionnaires venaient leur rendre visite. Personne ne leur claquait la porte au nez ni ne leur répondait de façon brusque; au lieu de cela, presque tout le monde les invitait à entrer. Cependant, avant de pouvoir parler du Royaume, les missionnaires devaient d’abord satisfaire la curiosité des gens et répondre aux questions qu’ils leur posaient, telles que “D’où venez-vous?”, “Êtes-vous marié?” ou “Avez-vous des enfants?”. Ensuite, ils pouvaient donner le témoignage. La conversation se terminait fréquemment devant une tasse de café ou même par une invitation à partager un repas.
Les missionnaires n’avaient que quelques notions d’espagnol. Heureusement, à ce moment-là ils utilisaient le phonographe portatif dans leur ministère. Aussi, après avoir salué la personne qui leur ouvrait la porte, ils l’invitaient à écouter un bref message
enregistré. Cependant, voici le problème qu’au moins un missionnaire a rencontré: lorsqu’il avait installé le phonographe et proposé à la personne qui lui avait ouvert la porte de passer un enregistrement biblique, celle-ci lui répondait généralement: “¡Cómo no!” Lorsqu’il entendait le mot “no” qui signifie “non” en anglais, et comme il n’était pas capable de poursuivre la conversation en espagnol, le missionnaire refermait son phonographe et se présentait à la porte suivante. Il lui a fallu un moment pour comprendre que “¡Cómo no!” voulait dire en réalité: “Pourquoi pas!” et que la personne exprimait en fait son accord. Mais les gens étaient aimables pour la plupart et, s’ils le pouvaient, aidaient les missionnaires à trouver les mots exacts.Les missionnaires ont distribué beaucoup de publications, particulièrement dans les quartiers d’affaires. Cependant, ils désiraient “enseigner”. Comme leur vocabulaire s’enrichissait, ils se sont efforcés de faire de nouvelles visites et de commencer des études de la Bible en utilisant le livre Enfants. Un jour, ils ont été très heureux de rencontrer José Sosa, qui avait étudié avec Ambrosio Rosa à Arecibo, mais qui avait perdu tout contact avec les frères après avoir déménagé pour San Juan. Il a immédiatement commencé à accompagner les missionnaires dans le ministère et les a beaucoup aidés à améliorer leur espagnol.
DAVANTAGE DE MISSIONNAIRES
À cette époque, il y avait plus de deux millions d’habitants sur l’île; il était clair qu’il fallait davantage de prédicateurs. Quelle joie pour les frères quand ils ont vu arriver d’autres missionnaires! Au cours des années, plus de 100 missionnaires au total ont servi à Porto Rico; parfois, ils se sont retrouvés à une soixantaine en même temps. C’étaient des prédicateurs zélés, désireux de répandre le message du Royaume par n’importe quel moyen. Ils ont amorcé
la prédication dans la plupart des grandes villes et dans beaucoup d’autres moins importantes.Cependant, leur but n’était pas seulement de semer de nouvelles graines, mais aussi de cultiver celles qui avaient déjà été semées (voir I Corinthiens 3:6-9; Actes 15:36). C’est pourquoi certains des missionnaires de San Juan ont décidé de rendre visite à leurs frères d’Arecibo pour les encourager. Il était évident que ceux-ci avaient besoin de l’aide de chrétiens mûrs afin de tenir les réunions et de s’organiser pour la prédication. Des dispositions ont été prises pour qu’Emil Van Daalen et son cousin Donald aillent soutenir le petit groupe d’Arecibo. Par la suite, Arthur, un autre membre de la famille Van Daalen, les a rejoints.
À San Juan, le nombre des Témoins commençait à augmenter. Certains de ceux qui faisaient des progrès dans la vérité se sont montrés ensuite des frères très fidèles. Miguel Bari était l’un d’eux. Il habitait une chambre minuscule dans la vieille ville de San Juan. Là, les gens vivaient, si l’on peut dire qu’ils vivaient, dans les couloirs des immeubles. Lorsqu’on pénétrait dans les bâtiments, on pouvait voir des réchauds, des tables et différents meubles sur les paliers; certaines personnes avaient quand même une très petite pièce pour dormir. C’est dans un tel cadre que frère Bari travaillait comme tailleur. Il était pauvre sur le plan matériel, mais il possédait des qualités qui l’ont poussé à prêcher fidèlement la Parole de Dieu jusqu’à sa mort.
José Feliciano était aussi parmi les premiers qui sont devenus Témoins et le sont restés fidèlement jusqu’à leur mort. Angel Figueroa qui, à cette époque, vendait des oranges dans la rue, est également devenu notre frère. Des gens de toutes conditions sociales ont pu être comptés parmi les “hommes de la bienveillance”.
LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE
Les assemblées tiennent une place importante
dans la vie des serviteurs de Jéhovah. C’est en 1945 qu’a eu lieu la première assemblée réunissant les adorateurs du vrai Dieu à Porto Rico. Elle devait se dérouler en même temps que les assemblées tenues dans 300 villes des États-Unis. La municipalité a prêté aux frères une petite salle dans le vieux San Juan, près de l’entrée de la Fortaleza (le palais du gouverneur). Malgré leur connaissance limitée de l’espagnol, les missionnaires ont dû prononcer tous les discours. Évidemment, l’assistance était peu nombreuse, sauf au discours public.Le discours public intitulé “Les humbles hériteront la terre” devait être prononcé le dimanche à 15 heures dans l’amphithéâtre de l’École de médecine tropicale, à l’est du Capitole. Les frères ont distribué 10 000 feuilles d’invitation dans les rues pour inviter les habitants de la ville à y assister; ils ont également passé des annonces dans les journaux et à la radio. Ils ont accroché une grande banderole en travers de l’avenue Ponce de León. Au début du discours, tous étaient un peu déçus de ne voir que 20 assistants, pour la plupart des frères. Mais à la fin du programme, on comptait 250 personnes présentes.
LA VISITE ENCOURAGEANTE DES FRÈRES KNORR ET FRANZ
En mars 1946, au moment où davantage de missionnaires sont arrivés à Porto Rico, frère Knorr, président de la Société Watch Tower, et frère Franz, alors vice-président, sont également passés à Porto Rico au cours de leur tournée de service aux Antilles. Leur visite a été très encourageante!
Des dispositions ont été prises pour tenir une assemblée de deux jours dans l’Ateneo Puertorriqueño, à l’entrée de la vieille ville de San Juan. Le discours public intitulé “Nations, réjouissez-vous!” a été prononcé par frère Knorr et traduit par frère Franz. Les Témoins locaux l’avaient annoncé en distribuant
65 000 feuilles d’invitation de maison en maison et dans les rues de la ville. Des gens de toutes conditions sociales étaient présents. Les frères d’Arecibo étaient là aussi. En tout, il y a eu 260 assistants. Quelle joie pour les 35 prédicateurs du Royaume alors actifs à Porto Rico! Ils pouvaient voir que la vérité était en train de bien s’implanter dans l’île.Durant leur visite, frères Knorr et Franz se sont réunis avec les missionnaires pour discuter dans les grandes lignes des dispositions à prendre en vue de l’accroissement futur. Pour permettre aux missionnaires de consacrer toute leur attention à l’œuvre du Royaume, il était prévu d’aménager une maison de missionnaires; la Société allait pourvoir à leur nourriture et à leur logement, car la plupart avaient laissé derrière eux foyer et parents pour servir dans un pays étranger. Combien ces prédicateurs zélés étaient reconnaissants pour cette disposition pleine d’amour! Frère Knorr a également annoncé qu’une filiale de la Société Watch Tower allait être établie à Porto Rico le 1er avril 1946. Les frères ont donc fait l’acquisition d’un bâtiment de deux étages au 704, rue Lafayette, dans le quartier de Santurce, bâtiment qui a été le siège de l’œuvre à Porto Rico pendant les 20 années suivantes.
DES DISCOURS PUBLICS POUR ANNONCER LA BONNE NOUVELLE
Les réunions publiques étaient l’une des méthodes efficaces utilisées pour répandre le message du Royaume. Elles étaient véritablement publiques puisqu’elles se déroulaient la plupart du temps dans des parcs et sur des places publics. Puisque le climat de Porto Rico reste chaud durant toute l’année, elles pouvaient avoir lieu presque chaque semaine. Néanmoins, il fallait faire preuve d’une grande foi et de détermination pour continuer à prendre des dispositions en vue de tenir de telles réunions. Pourquoi?
Par exemple, en juillet 1946, quatre discours devaient être prononcés sur la place Barrio Obrero, dans le quartier de Santurce. Qui ont été les orateurs? Eh bien, comme tous les frères natifs de Porto Rico connaissaient la vérité depuis trop peu de temps, les missionnaires ont dû faire de leur mieux avec leur espagnol rudimentaire. La majorité d’entre eux ont lu un manuscrit qu’ils avaient préparé en recopiant des paragraphes tirés de différentes publications et mis dans un ordre qui convenait au sujet. Une fois, après qu’un missionnaire eut lu son discours, un homme intéressé par ce qu’il avait entendu s’est approché de lui pour lui poser une question. Mais le missionnaire n’a absolument rien compris de ce que cet homme lui a dit et il l’a dirigé vers un frère qui parlait l’espagnol. Néanmoins, avec l’aide de l’esprit saint, ces missionnaires énergiques pouvaient prendre part à la prédication de la bonne nouvelle.
Pour prononcer ces discours, on utilisait différents parcs et endroits publics, dont la place principale devant l’hôtel de ville de San Juan. Comme on pouvait s’y attendre, les chefs religieux ne les appréciaient pas autant que les gens en général. Ils ont fait pression sur la mairesse pour qu’elle supprime cette liberté d’expression aux Témoins de Jéhovah. Un avis est passé dans la presse disant qu’aucun “office religieux” ne devait avoir lieu dans le parc public. Les frères sont allés voir à ce propos un avocat bien disposé à leur égard, qui leur a conseillé d’attendre quelque temps et de réitérer leur demande. C’est ce que les frères ont fait, avec succès. De toute évidence, la mairesse s’était rendu compte qu’on ne pouvait légalement priver les Témoins de ce droit.
Les frères de San Juan ont aussi prévu de faire des discours sur les places dans les villes voisines. Un soir, les Témoins venaient juste de terminer un discours à Juncos lorsqu’un pasteur pentecôtiste a
voulu se servir du micro pour poser des questions. Quand les frères ont refusé de le laisser faire, il a commencé à crier d’une voix forte pour réfuter ce que l’orateur avait expliqué. Bien qu’on lui ait montré par la Bible qu’il avait un mauvais point de vue, il a refusé de capituler. De nombreuses personnes se sont rassemblées pour écouter la discussion. Après environ une heure, elles ont commencé à être lasses de l’arrogance du pasteur pentecôtiste, et elles lui ont dit de se taire. Le pasteur les a alors violemment accusées d’être des “pécheurs”. Alors, dans la foule, un homme a demandé que tous ceux qui étaient pour l’“americano” lèvent la main. Au moins une centaine de personnes étaient présentes, et toutes sauf quatre ou cinq ont levé la main.À Bayamón, un faubourg à l’ouest de San Juan, le maire a refusé aux Témoins la permission de faire des discours sur la place publique, prétextant que la foule risquait d’endommager les plantes tout autour du parc. Cependant, quand les frères ont appris qu’une autre organisation utilisait le parc, ils ont décidé de présenter quand même la série de discours. Lorsqu’ils ont distribué des feuilles d’invitation dans les rues pour informer le public du premier discours, le maire en a reçu une et a donc également été invité. Peu de temps après, le missionnaire était convoqué au poste de police. Là, le maire lui a répété qu’il ne pouvait pas prononcer son discours. Néanmoins, quand il est parti, le commissaire de police a dit aux frères de faire ce qu’ils avaient prévu parce qu’il les assurait de sa protection. Quand les appareils de sonorisation ont été installés, le maire a exigé qu’un policier arrête l’orateur, mais le policier a refusé en disant que les Témoins avaient tout à fait le droit de faire des discours. La semaine suivante, les frères se sont aperçus que l’électricité nécessaire pour la sonorisation avait été coupée. Cependant, comme ils avaient un groupe électrogène, le discours a pu être prononcé sans encombre.
En fait, beaucoup de ceux qui sont à présent Témoins de Jéhovah ont entendu parler de la vérité pour la première fois grâce à ces discours bibliques faits en plein air.
DES PIONNIERS PORTORICAINS ÉTENDENT LE TÉMOIGNAGE
L’exemple de zèle que donnaient les missionnaires a encouragé des Témoins portoricains à s’engager dans le service à plein temps. L’un des premiers à devenir pionnier a été Theódulo Ôtero (surnommé Teo), un frère qui avait alors près de trente ans. Il avait appris la vérité en lisant le livre Enfants, et grâce à une étude de la Bible qu’un frère dirigeait dans une maison située en face de celle où il logeait et travaillait. Theódulo avait rapidement compris les enseignements de la Bible et avait été baptisé en 1945, lors de la première assemblée tenue à Porto Rico; il était parmi les heureux délégués présents à l’assemblée internationale des Témoins de Jéhovah de Cleveland, dans l’État de l’Ohio, en 1946. Plus tard la même année, il a été nommé pionnier général. Puisqu’il n’avait pas de responsabilités familiales qui auraient limité son service, il a été envoyé à Cayey, ville située dans une vallée verdoyante au pied des montagnes au sud de San Juan. Environ dix ans plus tôt, Ramón López Núñez, un coiffeur de Cayey, avait accepté des publications que Marie Hawkins lui avait offertes. Plus tard, il avait rompu tous liens avec la fausse religion. En 1946, quand il est descendu des montagnes pour assister à une assemblée à San Juan, les frères ont été très heureux d’apprendre qu’il y avait quelqu’un comme lui à Cayey. Ils ont alors chargé Theódulo Ôtero d’aller l’aider. Ramón et Theódulo ont donc prêché ensemble de maison en maison, et ils ont rapidement formé une nouvelle congrégation.
Pendant ce temps, à Arecibo, Santiago Rodríguez père était devenu pionnier. Il était marié et avait dix
enfants; il lui fallait donc bien gérer son budget pour pouvoir accomplir son service et prendre soin de sa famille. Cependant, la petite pension qu’il touchait l’aidait à joindre les deux bouts. Ne se contentant pas de prêcher à Arecibo, il a étendu son ministère en allant ailleurs, à l’exemple de l’apôtre Paul. Ce frère grand et énergique a prêché à Barceloneta, à Manatí, à Hatillo, à Camuy, à Quebradillas, à Lares et à Utuado. Il devait parcourir 20 à 30 kilomètres sur de sinueuses routes de montagne pour atteindre ces villages.Frère Rodríguez avait 52 ans lorsqu’il est devenu pionnier permanent, et il n’a arrêté son service que très peu de temps avant sa mort, survenue en 1977, alors qu’il était âgé de 83 ans. Les habitants de la région avaient pris l’habitude de le voir marcher d’un pas pressé sur la route alors qu’il allait de maison en maison. Prêcher en compagnie de Chago, comme on l’avait surnommé, était une expérience inoubliable. Il fallait courir la plupart du temps pour aller aussi vite que lui. Lorsqu’il prêchait, ses gestes et les expressions de son visage montraient à l’évidence qu’il y mettait tout son cœur. Il ne savait pas ce qu’est la crainte de l’homme et donnait le témoignage à n’importe qui et n’importe où.
LA VÉRITÉ ATTEINT LES ÎLES VIERGES AMÉRICAINES
Les îles Vierges se trouvent exactement à l’est de Porto Rico. En 1917, les États-Unis achetèrent au Danemark les îles Saint Thomas, Saint John et Sainte-Croix. L’agriculture y était jadis très prospère, et les travaux des champs étaient généralement effectués par des esclaves. On voit encore çà et là les ruines d’anciens domaines, de grands manoirs entourés de baraques de briques où logeaient les esclaves. Les noms de ces plantations disparues, tels que Domaine Carlton ou Domaine Richmond, marquent encore leur emplacement. Mais l’économie sucrière s’est effondrée, et les moulins à sucre ne tournent plus. Le tourisme est à présent l’une des principales sources de revenus.
C’est dans ces îles qu’en janvier 1947 la Société a envoyé frère Theophilus Klein et sa femme, un couple de missionnaires, pour commencer à y prêcher le Royaume. La façon dont ils ont été accueillis est étonnante. Durant les quatre premiers mois, ils ont obtenu 750 nouveaux abonnements aux périodiques de la Société. Des insulaires se sont rapidement joints à eux dans le ministère. En fait, au cours des huit premiers mois, 29 personnes ont commencé
à prêcher la bonne nouvelle, non seulement en allant de maison en maison, mais aussi en proposant des périodiques dans les rues. Le samedi matin, la rue principale de Saint Thomas était souvent pleine de prédicateurs qui présentaient La Tour de Garde et Réveillez-vous!Une ancienne rédactrice de la revue Life a décrit ainsi ses impressions: “Lorsque nous sommes arrivés à Saint Thomas, nous avons été frappés entre autres par le nombre d’hommes et de femmes qui se tenaient aux coins des rues, munis de sacs de toile portant l’inscription THE WATCHTOWER (La Tour de Garde). (...) Il y avait parmi eux un homme d’environ quarante-cinq ans, qui était bien habillé et qui avait l’air heureux. C’était lui qui parlait le plus, et il m’avait déjà demandé s’il pouvait discuter quelques minutes avec moi alors que je me trouvais à bord de la Jonque d’amour (notre bateau). Mais à ce moment-là j’étais très occupée à surveiller la cuisson du repas, et je l’avais éconduit; je ne savais donc absolument rien à propos de la Société Watchtower.
“Quelle surprise de revoir cet homme, toujours impeccable — il portait un costume blanc, une chemise au col empesé et une cravate — penché sur le moteur du bateau en compagnie de Harry. (...) Comme le temps passait et qu’il ne partait pas, je commençais à me demander ce qui arrivait à mon mari, un si bon presbytérien. S’il se laissait convertir, je ne savais absolument pas à quoi. Peut-être tout cela allait-il finir par un baptême dans l’eau; nous nous trouvions sans aucun doute dans un endroit idéal pour cela. (...) Je m’attendais à un discours sur les tourments de l’enfer, mais le prédicateur de la Watchtower parlait si doucement que je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il disait. Ses gestes étaient encore moins révélateurs. (...) ‘Que fait-il ici, John-Thomas? demandai-je. (...) Est-il en train de convertir M. Harman?’ (...) ‘J’crois pas. (...) Le gars de la
Watchtower tient la clé au patron.’ (...) Maintenant j’avais compris. Le prédicateur de la Watchtower était non seulement un missionnaire, mais aussi un fin psychologue. Particulièrement à ce moment-là, le meilleur moyen de toucher la corde sensible de Harry était de s’intéresser à son moteur.“Finalement, le prédicateur de la Watchtower est parti. (...) Sans attendre, je suis allée rejoindre Harry dans la salle des machines pour lui parler. ‘Il est sympathique, a-t-il déclaré. Il m’a proposé de venir discuter de la Bible avec moi une fois par semaine.’ ‘Qui est-ce?’ ai-je demandé. ‘C’est un Témoin de Jéhovah, m’a répondu Harry. J’admire beaucoup son dévouement. (...) Je devais faire quelque chose pour le remercier de son aide, mais il n’a pas voulu que je lui donne de l’argent.’ ‘Alors, Harry, lui ai-je dit, qu’as-tu fait pour lui?’ ‘Je me suis abonné pour un an à Réveillez-vous!’”.
LIBÉRÉE DE L’ESCLAVAGE D’UNE MAUVAISE HABITUDE
Plusieurs missionnaires sont arrivés à la fin de 1946 et ont été envoyés sur la côte sud, à Ponce, la deuxième ville importante de Porto Rico. Le territoire était productif, et en moins d’un an une congrégation y a été formée.
Susana Mangual, une femme aux cheveux argentés, a commencé à étudier à cet endroit en 1948. Elle discutait depuis seulement quelques mois avec les Témoins lorsqu’elle a appris qu’une assemblée allait avoir lieu à San Juan. Bien qu’elle ne fût jamais partie de chez elle avant d’avoir connu la vérité, elle a décidé d’assister à ce rassemblement. Susana a aussi manifesté le désir de se faire baptiser, mais il fallait qu’elle surmonte un obstacle de taille. Elle fumait beaucoup, et elle savait qu’elle devait d’abord abandonner cette habitude impure (II Cor. 7:1). Pourrait-elle se libérer de cet esclavage? Tout en se rendant à l’assemblée, elle a pris la décision ferme de s’arrêter de fumer et, en comptant sur l’aide de Jéhovah, elle a pu y parvenir. À cause du tabac, elle souffrait constamment d’une mauvaise toux. Maintenant, sa santé s’est beaucoup améliorée. Elle est devenue pionnier permanent et a continué son service jusqu’à l’âge de 86 ans.
Susana prêchait partout et n’importe où. Elle ne s’est jamais habituée à utiliser des cartes de territoire qui délimitent l’endroit où chacun doit prêcher. On voyait cette dame aux cheveux argentés parler de la bonne nouvelle là où son cœur la poussait. On la connaissait bien non seulement à Ponce, mais aussi dans d’autres villes où elle se rendait régulièrement. Dans deux d’entre elles, à Guayanilla et à Peñueles, il y a maintenant des congrégations prospères.
DES MILITAIRES APPRENNENT LA VÉRITÉ
Le message du Royaume a touché le cœur de toutes sortes de gens. Miguel Quirós, un soldat en garnison au camp militaire de Cayey en 1947, a eu l’occasion de lire un numéro de Réveillez-vous!; il a ensuite écrit à la Société pour en savoir davantage. Il a reçu le livre “La vérité vous affranchira” qu’il a montré à Pedro Hernández, un autre soldat. Comprenant qu’il s’agissait de la vérité, ils en ont parlé à Samuel Delucca, également soldat, et tous les trois ont étudié ensemble.
Peu après, ils ont appris la présence à Cayey d’un coiffeur Témoin de Jéhovah. Ils ont donc pris contact avec Ramón López et, par son intermédiaire, avec Teo Ôtero qui était pionnier dans la région. Ils ont immédiatement commencé à assister aux réunions et, vêtus d’habits civils, ils ont prêché le message du Royaume de maison en maison.
Cependant, ils se sont rapidement rendu compte que, s’ils voulaient vivre en harmonie avec la Parole Jean 17:16; Michée 4:1-3.) Parce qu’ils refusaient de participer à certaines activités dans l’armée, ils ont été condamnés à six mois de prison. Ils ont été enfermés dans la prison militaire du fort Buchanan, près de San Juan. Cela les a-t-il découragés de servir Jéhovah? Absolument pas. Ils ont continué d’étudier la Bible en prison. Ils ont organisé une très bonne étude à laquelle se sont joints onze autres prisonniers bien disposés, et cela jusqu’à ce que l’aumônier de l’armée en ait vent.
de Dieu, ils ne devaient absolument pas ‘faire partie du monde’. (Un jour, un colonel est venu à la prison et, bien évidemment, les prisonniers lui ont adressé un salut militaire, mais nos trois frères ont refusé. Furieux, il est entré dans le bureau pour parler au responsable de la prison. “Eh bien, que voulez-vous que je fasse? a demandé le directeur. Ces hommes sont déjà en prison parce qu’ils n’ont pas voulu saluer des officiers. Voulez-vous que je creuse un grand trou sous la prison pour qu’ils soient encore plus enfermés?”
Après avoir purgé leur peine, les frères ont été rendus à la vie civile, et chacun est retourné dans sa ville natale pour y prêcher la bonne nouvelle.
LA BONNE NOUVELLE ATTEINT SAINT JOHN
Edmead George servait aussi dans l’armée quand il a rencontré les Témoins de Jéhovah aux États-Unis. Son appétit spirituel a été éveillé, et il a pris contact avec la filiale de la Société à Porto Rico quand il a été affecté dans cette île. Grâce à une étude régulière de la Bible, il a fortifié sa foi.
À la fin de son service militaire, Edmead est rentré chez lui à Saint John, une des îles Vierges, mais il avait à présent un profond amour pour les vérités bibliques. Il habitait un petit village appelé East End (ce qui signifie en français Pointe Est), un nom tout à fait approprié puisqu’il désignait réellement
l’emplacement du village dans l’île. Edmead a fait part sans tarder à ses amis et à ses voisins des bonnes choses qu’il avait apprises. Il prêchait seul, mais il a reçu l’aide de quatre missionnaires qui sont passés à Saint John en 1949. Ceux-ci se trouvaient à bord de la goélette Sibia que la Société avait mise à leur disposition. L’équipage était constitué de Gust Maki, d’Arthur Worsley, de Stanley Carter et de Ronald Parkin, qui avaient été envoyés aux Petites Antilles pour y propager le message du Royaume. Quel chaleureux accueil ils ont reçu lorsqu’ils ont relâché dans le port d’East End! Durant leur séjour, ils ont pu donner un témoignage complet aux 1 000 habitants de Saint John.LE CLERGÉ PROTESTANT SUSCITE DE L’OPPOSITION
En 1949, quatre missionnaires ont été nommés à Mayagüez, surnommée la Sultana del Oeste (la Sultane de l’Ouest). Ils ont rapidement tenu des réunions dans une pièce en façade de la petite maison de missionnaires et, l’année suivante, une congrégation a été formée.
Le clergé n’a pas manqué de remarquer leur activité. Peggy Maykut (maintenant la femme d’Arthur Van Daalen) a commencé à étudier avec Lolita Merle, considérée comme un pilier de l’Église presbytérienne. Cette femme a manifesté un intérêt tel qu’elle a accompagné les missionnaires jusqu’à Saint Thomas pour assister à une assemblée. En revenant à Mayagüez, elle a dû affronter une forte opposition. Le pasteur est allé chez elle pour lui déconseiller de se joindre aux Témoins. Après une longue discussion, elle l’a invité à revenir la voir pour parler de la doctrine de la Trinité avec le missionnaire qui étudiait la Bible en sa compagnie. Le pasteur n’est jamais revenu. Au lieu de cela, il lui a écrit une lettre par laquelle il lui demandait de se présenter devant le comité de l’Église. En réponse,
Lolita Merle lui a signifié son retrait. Elle sert toujours activement Jéhovah, bien qu’elle soit maintenant aveugle et qu’elle ait plus de 90 ans.Lorsque sœur Merle a quitté l’Église presbytérienne, cette organisation religieuse a suscité une opposition considérable. Les Églises protestantes s’étaient entendues pour se partager l’île. Aussi les pasteurs accusaient-ils les Témoins d’envahir leurs pâturages et de leur enlever leurs “brebis”. “Pourquoi n’allez-vous pas vers les ‘incroyants’, ceux qui n’ont pas de religion?”, demandaient-ils. Dans leur souci de protéger ce qu’ils considéraient comme leur propriété privée, ils oubliaient que les véritables “brebis” appartiennent au Seigneur Jésus Christ et non pas à l’une ou l’autre des Églises de la chrétienté. — Mat. 25:31-33; Jean 10:16.
En dépit d’une telle opposition, la congrégation de Mayagüez a continué de prospérer. En 1955, les missionnaires ont été envoyés ailleurs, et les proclamateurs locaux ont étendu leur ministère en allant prêcher dans différentes villes de la région. Aujourd’hui, il y a huit congrégations à Mayagüez même, et beaucoup d’autres dans les villages des environs.
UN ANCIEN BOXEUR COMBAT AVEC ZÈLE POUR LA FOI
En 1950, la congrégation de Ponce comptait environ 70 proclamateurs. La maison de missionnaires et la Salle du Royaume avaient été transférées au deuxième étage d’un immeuble situé en plein cœur de la ville.
C’est durant cette année-là que Francisco Torruellas (surnommé Paco) et Leonor, sa femme, ont commencé à étudier la Bible avec Lillian Kammerud. Paco avait été joueur de base-ball et boxeur professionnel; il dirigeait une entreprise de mécanique-auto. Tous les membres de sa famille participaient à l’étude. Au début, ils ont progressé lentement,
mais ils ont décidé d’assister, le dernier jour, à la petite assemblée de circonscription tenue à Mayagüez en avril 1950. Francisco a été très impressionné par les discours qu’il a entendus et par les personnes qu’il a rencontrées; il a même proposé sa voiture pour emmener les candidats au baptême sur la plage, là où devait avoir lieu l’immersion.Après cette assemblée, il était animé d’un zèle ardent pour le service de Jéhovah. Quand les frères ne lui proposaient pas de prêcher, il y allait seul. Il a donné le témoignage à ses amis, à ses voisins et à ses employés; il a étudié la Bible avec beaucoup d’entre eux. Trois de ses études réunissaient en tout 35 personnes, dont 14 ont commencé à faire connaître la bonne nouvelle. En juillet, Francisco a désiré se faire baptiser sans attendre l’assemblée de district qui allait se dérouler en octobre. Il a fallu s’organiser spécialement pour baptiser dix nouveaux disciples, pour la plupart des membres de sa famille ou des personnes avec qui il étudiait. Il a démontré son zèle pour la vérité en étant “serviteur d’assemblée” (surveillant de la congrégation), surveillant de la ville de Ponce et surveillant d’assemblée pour la circonscription. Depuis qu’il a pris sa retraite, il est également pionnier permanent.
DÉSIREUX DE FAIRE LEUR POSSIBLE
À Jayuya, un petit village perché dans les hautes montagnes du centre de l’île, il n’y avait pas de maison de missionnaires. Cependant, la vérité a également pénétré dans cet endroit isolé. De quelle manière? Grâce à Aurea Cortés, qui avait appris la vérité en république Dominicaine. Lorsqu’elle est revenue à Jayuya, sa ville natale, elle a fait ce qu’elle a pu pour communiquer les vérités bibliques à autrui. Elle en a discuté avec ses connaissances et avec des membres de sa parenté qui vivaient à la campagne, non loin de la ville. Parmi eux se trouvait une famille nombreuse, les Pierluissi. Dans
cette famille, c’étaient les enfants qui s’intéressaient le plus à la vérité. Ils ont rapidement organisé chez eux des réunions que Joaquín, l’un des fils, dirigeait. Avec son cousin Angel, ils ont tous deux commencé à prendre part à la prédication.Des proclamateurs qui ont déménagé ont pu donner le témoignage dans d’autres villes. Ce fut le cas d’Alfonso López et de sa femme, deux des premiers Témoins d’Arecibo. Ils sont allés s’installer à Las Marías, un village niché dans les montagnes, à l’est de Mayagüez. Leur maison se trouvait à environ trois kilomètres du village et à près d’un kilomètre de la grande route, et le chemin qui y menait était quelquefois très boueux. On ne pouvait se déplacer qu’à pied ou en empruntant les cars. Alfonso et sa femme étaient assez âgés, mais ils ont fait de leur mieux pour répandre la bonne nouvelle. Ils ont semé de nombreuses graines, et quelques-unes ont plus tard porté du fruit. Par la suite, des pionniers spéciaux ont été envoyés à Las Marías où il y a maintenant une congrégation d’environ 50 proclamateurs. Parmi eux se trouvent Jaime Custodio, qui jouait auparavant un rôle important dans l’Église évangélique, ainsi que l’ancien maire et toute sa famille. C’est frère López qui leur avait donné le témoignage. Sœur López, à présent très âgée, fait toujours son possible dans le service de Jéhovah.
LÀ OÙ LES PROGRÈS ONT ÉTÉ LENTS AU DÉBUT
Quand des missionnaires ont été envoyés à Caguas en 1949, ils ont prêché avec zèle et ont rapidement tenu des réunions dans une pièce en façade de leur maison. Cependant, les progrès ont été lents au départ. Le cœur de la plupart de ceux qui s’étaient tout d’abord joints aux missionnaires ne s’est pas avéré un bon type de sol; ainsi, ces personnes ont fini par ne plus servir Jéhovah. Pourtant, d’autres graines ont pris racine et ont produit beaucoup de fruits.
Par exemple, quand Dolores Vázquez a entendu parler de la vérité, elle et Carmen, sa fille aînée, se sont mises à étudier régulièrement. Parfois, ses trois premiers fils participaient également à l’étude. Dolores a bien progressé et a rapidement assisté aux réunions. Elle désirait gagner l’approbation de Jéhovah et voulait que toute sa famille puisse aussi l’obtenir. Au cours des années, presque tous ses enfants et leur famille ont accepté le privilège de servir le seul vrai Dieu. Au total, plus de 30 de ses enfants et petits-enfants se sont voués à Jéhovah ou participent à la prédication de la bonne nouvelle. Deux de ses fils et l’un de ses petits-fils sont à présent anciens.
Les missionnaires ont continué patiemment leur activité à Caguas pendant de nombreuses années et, avec le temps, la congrégation a commencé à prospérer. Maintenant, il y a 13 congrégations à Caguas, et d’autres ont été formées dans les villes voisines.
À Bayamón, à l’ouest de San Juan, il a fallu attendre plusieurs années avant de voir un réel accroissement. Durant la première année où les missionnaires ont prêché dans cette région, célèbre pour ses grandes fermes d’élevage de bétail, on comptait neuf proclamateurs actifs. Certes, en quatre ans, le nombre des proclamateurs avait atteint 66. Mais l’année suivante on n’en comptait plus que 31. Puis la ville a commencé à s’étendre car de nouveaux logements ont été construits. Leurs occupants se trouvaient loin de leur famille; ainsi, ceux qui ont réagi favorablement au message du Royaume n’avaient pas autant tendance à s’inquiéter de la réaction de leur entourage. Cette ville où il n’y avait que 15 000 habitants est à présent devenue une importante agglomération qui en compte environ 200 000. Aujourd’hui, il y a 21 congrégations à Bayamón, et d’autres dans les villes des alentours.
LA VÉRITÉ PÉNÈTRE DANS UN BASTION DU SPIRITISME
Les habitants de La Ciudad de los Brujos (La cité des sorciers) ont également eu l’occasion d’entendre parler du Royaume. C’est ainsi que l’on surnomme Guayama, sur la côte sud, parce que le spiritisme y est très répandu. Certains hommes d’affaires importants et des officiers municipaux sont des spirites.
George Snodgrass, un missionnaire, a rencontré le président du mouvement spirite de la région, qui l’a invité à expliquer le point de vue de la Bible sur le spiritisme aux membres de son groupe dans le temple spirite. George ne connaissait pas bien l’espagnol, aussi a-t-il demandé à Ivan Truman, missionnaire à Caguas, de faire cet exposé. À un moment donné durant le discours, l’un des spirites est devenu très agité; il s’est mis à interrompre l’orateur et à réfuter vigoureusement ses déclarations. Cependant, le responsable l’a calmé, et frère Truman a pu finir son discours. Il a ainsi donné un témoignage complet.
Peu à peu, la congrégation des Témoins de Jéhovah de Guayama s’est développée. Un frère âgé, Pablo Bruzaud, qui avait connu la vérité en république Dominicaine, est revenu dans sa ville natale et y a servi en tant que pionnier durant de nombreuses années, jusqu’à sa mort. Peu après, Randy Morales, qui avait appris la vérité à New York, est aussi retourné à Guayama où il est devenu pionnier. Il a ensuite assisté aux cours de l’École de Galaad, et il est maintenant membre du Comité de la filiale de Porto Rico.
L’AIDE DE LA RADIO POUR RÉPANDRE LA BONNE NOUVELLE
On a beaucoup utilisé la radio à Porto Rico pour prêcher le Royaume. Souvent, les discours publics prononcés lors des assemblées étaient retransmis
par radio, si bien que tous les insulaires pouvaient savoir quel était le message de la Bible si tel était leur désir.À un moment donné, 16 stations de radio ont diffusé des discours bibliques. Cela a aidé les gens, en particulier ceux qui habitaient dans les campagnes, à connaître la vérité. Quand les Témoins ont commencé à se rendre dans des régions isolées, les habitants étaient réceptifs au message parce qu’ils l’avaient déjà entendu à la radio. Cependant, comme les coûts augmentaient, presque toutes les stations de radio ont commencé à vouloir être payées; nous avons donc décidé d’utiliser nos ressources de façon à parler aux personnes individuellement.
UN ACCIDENT TRAGIQUE
En 1952, Leo et Eunice Van Daalen, deux des premiers missionnaires arrivés à Porto Rico, décidèrent de se rendre aux États-Unis, juste après le Mémorial, pour aller voir leur famille. Ce devait être la première fois pour leur fils Mark qui avait près de deux ans. Cependant, presque immédiatement après avoir quitté la piste de l’aéroport d’Isla Grande, l’avion dans lequel ils se trouvaient a commencé à être en difficulté. Quelques minutes plus tard, il a sombré dans l’océan Atlantique, à environ 8 kilomètres de la côte. Leo et Eunice ont tous deux perdu la vie. On a raconté qu’Eunice a coulé après avoir donné sa bouée de sauvetage à une femme qui ne savait pas nager. Chose étonnante, leur fils âgé de deux ans a été repêché alors qu’il flottait sur l’eau. Il a ensuite été adopté par sa tante aux États-Unis, et il est à ce jour un Témoin fidèle.
Les Van Daalen étaient bien connus à Porto Rico, aussi les journaux locaux ont-ils beaucoup parlé de ce qui leur était arrivé. Cela a permis aux frères de discuter avec de nombreuses personnes de l’espoir
de la résurrection contenu dans les Écritures, espoir que nourrissaient les Van Daalen.UNE VIOLENTE OPPOSITION À COROZAL
Dans de nombreux endroits, les Témoins de Jéhovah rencontraient une violente opposition, mais cela ne les arrêtait pas. C’était le cas à Corozal, une ville située dans les montagnes, au sud-ouest de San Juan.
Avant que Rosaura Fuentes n’apprenne ce que la Bible déclare à propos de l’adoration des images, elle avait permis qu’un groupe catholique lui apporte chez elle une statue de la Vierge dans le but de lui rendre un culte. Mais lorsqu’elle a su quel était le point de vue de Dieu sur cette pratique, elle a écrit au groupe en question pour lui dire de ne pas lui amener la statue (I Cor. 10:14). Quand le prêtre en a eu vent, il lui a immédiatement rendu visite pour lui déconseiller d’étudier davantage la Bible avec les Témoins. Ensuite, pour l’intimider, il a installé sur une maison voisine un haut-parleur dont il s’est servi pour l’accabler d’invectives et vitupérer contre les Témoins. Au lieu de renoncer, Rosaura a continué de grandir dans la connaissance de Dieu. Peu après, Soledad González, un pionnier spécial, est venu la voir pour l’encourager et l’accompagner dans le ministère.
C’est alors que les frères ont décidé de donner une série de discours sur la place publique de Corozal, juste à côté de l’église. Cela a vraiment rendu le prêtre furieux. Il est sorti de l’église, s’est approché de l’orateur et a brandi le poing sous son nez. La semaine suivante, il a décidé de faire lui aussi un discours, et il a commencé à fulminer contre les frères avec son haut-parleur à plein volume dans l’espoir de couvrir la voix de celui qui prononçait le discours biblique sur la place. Tout cela n’a servi qu’à fortifier notre nouvelle sœur. Alors qu’en général
les habitants de cette ville avaient peur des Témoins, certains ont commencé à les écouter; parmi eux se trouvait une famille dont les deux filles ont plus tard entrepris le service de pionnier spécial. Aujourd’hui, il y a à Corozal une Salle du Royaume où deux congrégations se réunissent.CERTAINS ONT VU LA DIFFÉRENCE
En 1952, il y avait 19 congrégations sur l’île, et d’autres allaient encore se former. Dans un sens, les élections qui ont eu lieu dans toute l’île pour désigner un gouverneur ont contribué à l’accroissement à ce moment-là. Comment cela? L’Église catholique a participé ouvertement à cette campagne passionnée, formant même un parti séparé appelé le PAC (Parti de l’Action catholique). Deux évêques se sont prononcés en faveur de l’un des candidats et se sont opposés au Parti populaire démocratique qui était jusque-là majoritaire.
Beaucoup de catholiques sincères ont vivement critiqué cette immixtion de la religion dans la politique et ont soutenu le Parti populaire démocratique qui a gagné les élections à une forte majorité. À cause de ce qui s’était passé durant cette campagne d’élections, un certain nombre de catholiques sincères ont quitté leur Église. Quelques-uns ont accepté la vérité et sont devenus des serviteurs de Jéhovah. Ils avaient pu voir la différence entre ceux qui ne sont pas séparés du monde, et ceux qui le sont réellement et qui mettent ainsi en pratique ce que Jésus a déclaré à propos de ses véritables disciples (Jean 17:16). Des personnes qui s’étaient auparavant montrées désagréables à l’égard des Témoins sont devenues plus réceptives.
LE SIBIA À TORTOLA
En septembre 1952, la filiale de Porto Rico a commencé à superviser la prédication du Royaume dans les îles Vierges britanniques, lesquelles s’étendent
au nord-est des îles Vierges américaines. Cet archipel est composé d’une trentaine d’îles et d’îlots, mais seules les îles les plus importantes sont habitées: Tortola, dont la population s’élève à environ 9 000 habitants; Virgin Gorda qui compte près de 1 000 habitants; Jost Van Dyke, Anegada, Peter et Sel n’abritent que quelques centaines de personnes. Ces îles forment une colonie britannique dont le gouverneur est désigné par la Couronne; cependant, c’est avec les États-Unis qu’elles entretiennent le plus de relations et qu’elles effectuent la plupart de leurs échanges commerciaux.À Tortola, les insulaires avaient déjà entendu parler de la vérité des années avant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, le gouvernement britannique avait interdit les publications de la Société durant la guerre. Plus tard, en 1949, les missionnaires à bord de la goélette Sibia sont arrivés à Road Town, dans l’île Tortola. Pendant deux mois environ, les quatre frères ont donné le témoignage aux gens. Ils quittaient le bateau tôt le matin et ils prêchaient souvent dix heures durant avant d’y revenir. En soirée, ils allaient prononcer des discours publics en ville, quelquefois chaque jour. Généralement, ils se mettaient dehors, sous un arbre, et ils s’éclairaient à l’aide d’une lampe à gaz. Parfois, ils s’installaient dans un kiosque à musique. Des centaines de personnes venaient les écouter; elles posaient ensuite des questions, souvent pendant plus longtemps que le discours proprement dit.
Le Sibia est venu encore deux autres fois à Tortola, en 1950 et en 1951. Évidemment, le clergé s’en irritait et essayait de provoquer des débats. Un jour, un pasteur adventiste du septième jour est devenu tellement furieux, lorsque frère Parkin a refusé de parler avec lui, qu’il a littéralement bondi sur lui et a essayé de le ramener de force sur l’estrade pour continuer la discussion. Nos frères évitaient sagement de tels débats.
L’AIDE DES MISSIONNAIRES VENUS DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Au Ier siècle, la propagation de la bonne nouvelle a été facilitée quand de violentes persécutions ont obligé les chrétiens de Jérusalem à se disperser dans d’autres régions (Actes 8:1, 4). De la même manière, lorsque la république Dominicaine a interdit l’œuvre des Témoins de Jéhovah et a expulsé les missionnaires, cela a contribué à répandre le message du Royaume à Porto Rico.
Le 3 août 1957, dix de ces missionnaires sont arrivés à l’aéroport d’Isla Verde, à San Juan. Il s’agissait de quatre couples — Lennart et Virginia Johnson, Raymond et Rhudelle Johnson, George et Nellie Droge, et Roy et Juanita Brandt — et de deux sœurs célibataires — Kathryn Glass et Dorothy Lawrence. Ils ont été envoyés sans tarder dans différentes villes de l’île, et de nouvelles maisons de missionnaires ont été ouvertes.
Raymond Johnson, l’un de ces missionnaires, est resté peu de temps à Caguas, son nouveau territoire. En effet, un matin, alors qu’il prêchait avec sa femme et qu’il venait de laisser un livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!” à la dernière personne à qui il avait communiqué le message, il s’est affalé sur une chaise, terrassé par une crise cardiaque. Son enterrement, auquel ont assisté 192 personnes, a été l’occasion de donner un bon témoignage, comme lui-même l’avait fait fidèlement de son vivant.
VOYAGE POUR ASSISTER À L’ASSEMBLÉE “LA VOLONTÉ DIVINE”
En 1958, une grande activité a été déployée à Porto Rico. Les frères étaient particulièrement heureux que trois pionniers de l’île aient la possibilité d’assister aux cours de l’École de Galaad, dont le but est de former des missionnaires. Ces pionniers ont fait partie de la classe dont les membres
reçurent leur diplôme pendant l’assemblée internationale “La volonté divine” tenue au Yankee Stadium, à New York. Mais ils n’étaient pas les seuls de leur pays à être présents.Environ 400 frères et sœurs de Porto Rico et des îles Vierges s’étaient rendus à New York pour assister à cette assemblée mémorable. Cela représentait à l’époque environ un cinquième de tous les proclamateurs de Porto Rico. Il avait fallu plusieurs avions pour assurer leur transport. Quand ils sont rentrés chez eux, ces Témoins débordaient d’enthousiasme et étaient désireux de participer pleinement à l’œuvre de prédication.
Porto Rico a tenu en septembre sa propre assemblée “La volonté divine” à Caguas; elle a duré six jours et le programme était pour l’essentiel le même que celui qui avait été présenté à New York. Ensuite, tous les prédicateurs ont distribué avec zèle des exemplaires de la résolution spéciale qu’ils avaient adoptée durant l’assemblée. Cette résolution contenait un résumé précis des vérités que tous ont besoin de savoir. En tout, les frères en ont laissé 200 000 exemplaires dans l’île de Porto Rico.
SAINTE-CROIX SE MET À LOUER JÉHOVAH
Sainte-Croix, la plus importante des îles Vierges, se trouve à environ 65 kilomètres au sud de l’archipel
principal. Quand Edwin Bobb et sa femme s’y sont rendus pour faire connaître le message du Royaume, certains habitants ont réagi favorablement, et en 1949 la première congrégation des Témoins de Jéhovah a été formée. Plus tard, Ted Klein et sa femme ont bâti sur ce fondement. D’autres frères sont ensuite venus des États-Unis. C’est ainsi qu’aujourd’hui il y a quatre congrégations dans l’île, deux d’expression anglaise et deux d’expression espagnole, qui louent Jéhovah dans l’unité.DES CHANGEMENTS DANS UNE ORGANISATION PROSPÈRE
L’organisation était fermement établie à Porto Rico à la fin des années 1950. Les missionnaires étaient profondément aimés et leur activité était des plus appréciées. Mais le moment était venu pour beaucoup de quitter Porto Rico pour aller prêcher ailleurs, ce qui serait bénéfique. Certains ont été envoyés en Argentine. D’autres sont allés en république Dominicaine, puisque l’interdiction avait été levée et qu’il restait encore un grand travail à faire dans ce pays.
L’organisation de la filiale a aussi été modifiée. Donald Elder avait jusqu’alors collaboré étroitement avec le surveillant de la filiale; mais en avril 1960, sa femme ayant des problèmes de santé, il a dû quitter le Béthel avec elle. C’est Ronald Parkin qui l’a remplacé. En 1962, quand ce dernier a assisté à un cours spécial de dix mois à l’École de Galaad, Lennart Johnson a été nommé à la filiale pour aider Emil Van Daalen, qui dirigeait l’œuvre dans l’île depuis huit ans. Après avoir assisté à ce cours spécial à Galaad en 1963, Emil a été envoyé aux Bahamas, et c’est à frère Parkin qu’a été confiée la direction de la filiale de Porto Rico.
DES TRIBUNAUX ORDONNENT DES TRANSFUSIONS SANGUINES
De nombreux Témoins de Jéhovah de Porto Rico ont été éprouvés parce qu’ils obéissaient au commandement biblique de ‘s’abstenir du sang’. (Actes 15:28, 29.) La majorité d’entre eux sont restés fermes, déterminés à obéir à l’ordre de Jéhovah; peu ont accepté de transiger avec leur conscience. Beaucoup de frères ont reçu des transfusions sanguines administrées de force sur injonction des tribunaux. Comment cela se passait-il? Le médecin ou un membre de la famille du Témoin demandait à un juge d’ordonner l’administration de sang contre la volonté du malade ou celle de ses parents. Cela se produisait même si le patient avait signé une décharge pour demander qu’on ne lui donne pas de sang, et pour dégager l’hôpital et les médecins de toute responsabilité si des complications survenaient à cause de son refus.
Ana Paz de Rosario a dû faire face à une telle situation. En 1961, durant sa grossesse, son médecin lui a dit qu’une opération s’avérait indispensable, sans quoi elle et le bébé avaient de grandes chances de mourir. Elle a été emmenée à l’hôpital et, juste avant l’opération, le médecin est entré en fureur parce qu’elle refusait une transfusion sanguine. On a immédiatement téléphoné au docteur Basilio Dávila, qui a accepté de pratiquer l’intervention. Bien que la numération globulaire d’Ana fût très faible, l’opération a réussi. Cependant, le bébé est mort peu après.
Notre sœur était rentrée chez elle lorsque des complications sont survenues. Elle a dû retourner à l’hôpital. Son cousin a alors décidé qu’elle avait besoin de sang, et, par l’intermédiaire d’un avocat, il a pris contact avec un juge. Sans consulter le médecin traitant d’Ana, le juge a ordonné une transfusion sanguine et a même envoyé un policier
pour veiller à ce qu’elle soit bien administrée. On a fait appel à un autre tribunal pour qu’il annule la décision du juge; mais cette action en justice n’a pas été nécessaire, car le médecin ne voyait aucune raison de donner du sang à sa patiente. Ana s’est d’ailleurs bien rétablie.Quinze ans plus tard, en 1976, Ana est tombée malade et a été admise à l’hôpital pour y subir un examen. Le docteur a découvert une gangrène du côlon qu’il fallait opérer. Il a accepté de pratiquer l’intervention sans employer de sang. Ana a supporté l’opération, mais elle s’est trouvée ensuite dans un état grave.
Cependant, le parent qui avait obtenu l’injonction du juge 15 ans auparavant a appris la maladie d’Ana, et immédiatement il a de nouveau pris contact avec un juge; il était déterminé à forcer Ana à recevoir du sang. Cette fois encore, le tribunal a donné une injonction sans consulter le médecin. Lorsque celui-ci a déclaré qu’il avait déjà effectué l’opération et qu’aucune transfusion ne s’avérait nécessaire, le tribunal a délivré un mandat d’arrêt contre lui. Le médecin a expliqué pourquoi il n’avait pas administré de sang, mais le juge a ordonné à l’hôpital de faire une transfusion sanguine à la patiente contre sa volonté. Cinq policiers armés ont été envoyés à l’hôpital pour veiller à ce que cet ordre soit exécuté. Quand sœur Rosario les a vus, elle a hurlé: “Ne me faites pas cela! Je ne suis pas une criminelle!” Mais elle a été vite maîtrisée. On lui a attaché les mains et les pieds au lit pour pouvoir lui administrer de force une transfusion. Comme les médecins n’arrivaient pas à lui injecter le sang par le bras, ils ont décidé de lui faire une incision dans le cou pour atteindre la veine jugulaire et y introduire du sang. Ana est alors tombée dans un état de choc dont elle n’est jamais sortie.
Le périodique Réveillez-vous! du 8 septembre
1977 donnait les détails de cet acte ignoble qui constitue une atteinte à la liberté de conscience et à la dignité humaine. Un exemplaire de ce numéro a été remis personnellement à tous les médecins, les infirmières, les avocats et les juges de Porto Rico, et cette édition a été largement diffusée dans l’île entière.À Porto Rico, quelques médecins acceptent d’opérer les Témoins sans transfusion sanguine. La filiale en a établi la liste, et elle oriente les frères vers eux s’ils ont besoin d’aide dans ce domaine. Néanmoins, des cas sont encore rapportés, le plus souvent par la presse, où un tribunal ordonne l’administration de transfusion sanguine contre la volonté du patient. Il s’agit pour une grande part d’enfants mineurs, car beaucoup de médecins et de juges considèrent que ceux-ci n’ont aucune autorité sur leur corps, mais un grand nombre d’adultes sont également concernés. Pour faire face à ce problème, beaucoup de Témoins font une déclaration sous serment avant d’entrer à l’hôpital, afin que le personnel hospitalier respecte leur refus de recevoir du sang.
DES OBSTACLES DEVIENNENT DES BÉNÉDICTIONS
En 1963, il régnait une vive agitation à Porto Rico, parce que de nombreux frères se préparaient à assister à une autre assemblée internationale au Yankee Stadium, à New York. Cette fois, environ 500 Témoins de l’île ont eu le bonheur de vivre ce moment inoubliable. Ensuite, du 3 au 6 octobre, le même programme a été présenté à l’assemblée qui s’est déroulée à Ponce.
On a dû tenir l’assemblée de Porto Rico une semaine plus tard que prévu. Par erreur, le terrain de base-ball de Ponce avait été prêté en même temps aux Témoins et à une influente association de producteurs de café. Les responsables du stade ont
demandé aux Témoins de changer la date de leur assemblée. Il a fallu tout réorganiser et avertir les frères de cette modification. Cependant, notons en passant qu’un petit ouragan est passé près de Ponce précisément durant la semaine où a eu lieu la réunion des producteurs de café, et les routes ont été impraticables. Le week-end suivant, le beau temps était revenu pour notre assemblée.En outre, nous avons appris que le gouverneur de Porto Rico avait programmé un match spécial de base-ball pour le jeudi soir. Cela aussi nous a occasionné du travail supplémentaire. La session que nous devions tenir le jeudi soir a été reportée au vendredi matin. Le jeudi en fin d’après-midi, les frères ont enlevé le podium et ont tout remis en ordre. Mais vers 18 heures, un gros camion a heurté un projecteur près du stade, provoquant ainsi une panne du transformateur. Il n’y avait pas d’électricité pour éclairer le terrain de base-ball pendant la soirée de jeudi; le match n’a donc pas eu lieu, et nous n’avons pas eu à enlever tous les détritus que les supporteurs auraient laissés sur le stade.
ILS SERVENT LÀ OÙ LE BESOIN EST PLUS GRAND
En 1964, on comptait 60 congrégations à Porto Rico. Beaucoup d’entre elles avaient été formées grâce à l’activité des pionniers spéciaux. Durant les années 1960, de nombreux frères et sœurs natifs de Porto Rico ont entrepris le service de pionnier spécial. Comme ils avaient grandi dans le pays, ils étaient acceptés plus facilement que les missionnaires dans certains milieux. Ils ont été envoyés dans des villes moins importantes où aucun missionnaire n’avait été nommé et, dans certains cas, ils ont remplacé des missionnaires qui avaient été affectés ailleurs. Des congrégations ont donc été formées à Isabela, Yauco, Arroyo, Ceiba, Dorado, Corozal, Naranjito et dans beaucoup d’autres villes.
Pour affermir ces nouvelles congrégations et en former d’autres, les prédicateurs des grandes villes ont été encouragés à se rendre là où le besoin était plus grand. Frère et sœur Bonifacio Ríos faisaient partie de ceux qui ont accepté cette invitation. Ils sont partis de San Juan pour aller à Aguas Buenas, une ville dans les montagnes à l’ouest de Caguas. Ils ont prêché ensemble et ils ont pu organiser un groupe d’étude; ensuite, ils ont pris des dispositions pour tenir régulièrement l’étude de La Tour de Garde. Finalement, en novembre 1963, une congrégation a été formée.
Sœur Ríos était déjà pionnier. Par la suite, frère Ríos a également entrepris le service; lui et sa femme sont devenus pionniers spéciaux sur l’île Vieques, au sud-est de Porto Rico. Ils participent à présent à l’activité de la circonscription.
Manfredo Vencebí aussi était parmi ceux qui voulaient servir là où leur aide serait le plus utile. Lui, sa femme et leurs jeunes fils ont quitté New York, où ils avaient connu la vérité, et se sont établis à Guayanilla. Bien que Manfredo eût une famille, il a pu servir en tant que pionnier spécial. Lorsqu’une congrégation a été formée à Guayanilla, tous sont allés à Guánica pour affermir la congrégation qui s’y trouvait. Quand Manfredo a eu davantage de responsabilités familiales, il a dû renoncer au service de pionnier spécial pour devenir pionnier permanent dans la congrégation de Yauco. De là, il s’est rendu avec sa famille à Canóvanas pour y affermir la congrégation. Ses trois garçons, maintenant adultes, ont servi au Béthel de Brooklyn, et l’un d’eux y est toujours avec sa femme. Quant à Manfredo, il a toujours le désir de servir là où le besoin est plus grand. Bien qu’il ait encore la charge d’une fille adolescente, il est surveillant de circonscription.
OÙ TENIR UNE ASSEMBLÉE INTERNATIONALE?
En 1966, une grande excitation régnait à Porto Rico et dans les îles Vierges. Pourquoi cela? Parce que l’île de Porto Rico avait été désignée comme le lieu d’une des assemblées internationales que les Témoins tiendraient en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Elle se déroulerait ici en janvier 1967.
Mais quelles installations allait-on pouvoir utiliser? Il n’y avait que deux emplacements suffisamment grands. L’un était le nouveau stade municipal Hiram Bithorn, très spacieux; l’autre, le stade Sixto Escobar, en mauvais état. Des négociations ont été engagées pour pouvoir tenir l’assemblée au stade Hiram Bithorn. Le succès semblait assuré, jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que la finale de base-ball serait jouée le week-end même où devait avoir lieu l’assemblée. Les frères se sont alors efforcés de louer le stade le plus ancien. Quand l’administrateur des terrains de sport a été mis au courant, il a exprimé son désaccord. D’après lui, il n’était pas très judicieux de recevoir des gens venant du monde entier dans un stade aussi délabré.
Finalement, les frères ont décidé d’essayer une nouvelle fois d’obtenir le stade Sixto Escobar, et ils ont mis leur confiance en Dieu. Après avoir prié Jéhovah, frère Parkin a pris le téléphone et a appelé Julio Monagas, le responsable de l’administration des terrains de sport. Celui-ci se trouvait juste à côté du téléphone lorsque la sonnerie a retenti. La secrétaire lui a tendu le combiné, et lorsqu’il nous a entendus renouveler notre demande, il a donné son consentement. Quelle joie pour les membres de la filiale! Mais il y avait alors beaucoup à faire afin de nettoyer le stade et de le rendre présentable pour les frères et les sœurs qui devaient venir.
C’était la plus grande assemblée qui avait jamais
eu lieu à Porto Rico. Trois mille délégués se sont déplacés des États-Unis et quelques-uns de diverses îles des Antilles. Il a fallu une bonne organisation pour s’occuper de tous ces frères étrangers. Les discours ont tous été prononcés en anglais et en espagnol. Pour la première fois, des drames bibliques ont été présentés, et les mêmes acteurs ont joué les représentations pour les deux groupes linguistiques. Tout s’est déroulé sans incident pendant les cinq jours, et les frères ont été ravis d’apprendre que le dernier jour il y avait au total 8 604 assistants. Ceux-ci venaient de 19 pays et îles différents.L’ACCROISSEMENT REND NÉCESSAIRES DE NOUVEAUX BÂTIMENTS POUR LA FILIALE
Les assemblées sont des jalons dans l’histoire des Témoins de Jéhovah. À l’assemblée de 1968, nous avons reçu une publication qui s’est avérée un instrument efficace pour aider les personnes sincères à accepter la vérité. Il s’agit du livre La vérité qui conduit à la vie éternelle. Les frères l’ont appelé “la bomba azul” (la bombe bleue), et cet ouvrage en est venu à faire très peur aux membres du clergé de la chrétienté. Après sa parution, le nombre des livres distribués en un an est passé de 64 000 à 167 000, et on a compté une étude biblique à domicile par proclamateur. En fait, presque tous les foyers de Porto Rico possèdent ce livre.
L’imprimerie de la Société à Brooklyn envoyait tant de publications à Porto Rico que les frères ne disposaient pas de locaux assez vastes pour les entreposer avant de pouvoir les acheminer vers les congrégations. Les garages situés derrière le Béthel avaient été refaits et transformés pour les stocker, mais ils étaient maintenant pleins à craquer. Même dans l’entrée du Béthel, on voyait des rangées de cartons de livres. Le siège de la Société a donc donné son accord afin que des recherches
soient entreprises pour trouver un terrain sur lequel seraient bâtis une Salle du Royaume et de nouveaux locaux pour le Béthel.Le nouveau bâtiment a été entièrement construit par les frères. Certains y ont travaillé tous les jours; des centaines de volontaires sont également venus apporter leur aide en soirée et le week-end. Seize congrégations ont préparé à tour de rôle le repas de midi pour les travailleurs. Le 29 avril 1969, après sept mois de dur travail, les bureaux de la filiale ont été transférés dans les nouvelles installations plus spacieuses. Quelques jours plus tard, frère Knorr était là pour le programme de l’inauguration.
DES SALLES DU ROYAUME POUR LES RÉUNIONS
Comme les congrégations s’agrandissaient rapidement et que d’autres étaient formées, le besoin de lieux de réunion adéquats allait croissant. Au début, les congrégations se réunissaient dans des foyers. Lorsque le nombre d’assistants augmentait, les frères louaient des salles. Certaines d’entre elles étaient en très mauvais état et il y avait beaucoup à faire pour les rendre présentables. À Mayagüez, comme les frères avaient loué une grande salle au-dessus d’un magasin de chaussures appelé La Gloria, leur lieu de réunion a fini par être surnommé Los altos de la Gloria (Le haut lieu de la gloire).
Puis les congrégations ont commencé à construire leurs propres Salles du Royaume. La première salle que les frères ont bâtie à Porto Rico a probablement été celle de la congrégation de Saint Just, dans la campagne près de Carolina. Depuis lors, d’autres congrégations ont, soit construit leurs salles, soit transformé des maisons ou d’autres bâtiments existants en lieux de réunion jolis et confortables. À ce jour, les frères ont bâti environ 140 Salles du Royaume à Porto Rico et dans les îles Vierges. Récemment, à Levittown, deux Salles du
Royaume, formant un angle droit, ont été édifiées sur le même terrain; chacune d’elles sert à deux congrégations. À Ponce, les Témoins ont transformé un bâtiment d’un étage pour y faire deux Salles du Royaume, une à chaque niveau. Elles servent à quatre autres congrégations. Récemment, à Bayamón, un ensemble de trois Salles du Royaume a été construit sur un grand terrain pour combler les besoins des Témoins de cette région.ASSEMBLÉE INTERNATIONALE EN 1973
En 1973, les Témoins de Jéhovah ont passé un contrat pour tenir une assemblée internationale au stade municipal Hiram Bithorn. La plupart des délégués sont venus des États-Unis au moyen de 13 gros avions de la Pan American Airways. D’autres se sont déplacés de différentes îles des Antilles. Il y avait beaucoup à faire pour conduire les frères de l’aéroport à leur hôtel ainsi que pour les emmener chaque jour sur les lieux de l’assemblée et les ramener à l’hôtel. D’autre part, des excursions ont été organisées pour que les délégués puissent voir certaines curiosités de San Juan et des environs. Les frères ont pu ainsi aller admirer la célèbre montagne El Yunque, où les précipitations annuelles atteignent 5 100 millimètres, et dont les pentes sont couvertes d’une végétation luxuriante qui n’existe nulle part ailleurs.
On a pu évaluer approximativement à plus de 7 000 les délégués présents. Les discours ont été prononcés en espagnol, et certaines sessions ont été spécialement traduites en anglais. Au cours du programme présenté en anglais, des Témoins de plusieurs îles des Antilles, ainsi que de Porto Rico, ont expliqué aux frères étrangers ce qui avait été fait pour favoriser la prédication du Royaume dans cette partie de la terre.
En dépit de la forte pluie qui est tombée durant le dernier jour, il n’y avait jamais eu autant d’assistants
à une assemblée à Porto Rico. Une averse torrentielle a même augmenté le réalisme du drame biblique sur les jours de Noé. Le stade comporte environ 15 000 sièges, mais en tout 30 840 personnes se sont entassées dans le stade et là où se déroulaient les sessions anglaises. Plus récemment, à l’assemblée tenue en 1983 par le peuple de Jéhovah, il a fallu utiliser trois stades simultanément pour accueillir tous les assistants, alors qu’il n’y avait pas autant de délégués venus de différents pays qu’en 1973.AUGMENTATION PHÉNOMÉNALE DU NOMBRE DE PROCLAMATEURS
Durant les années 1970, le nombre des proclamateurs du Royaume a augmenté dans des proportions incroyables. Au début de l’année de service 1970, on ne comptait que 5 530 proclamateurs. En mars 1971, il y en avait 8 000. Lors de l’assemblée internationale de 1973, le chiffre s’élevait à 11 206. De nouvelles congrégations étaient formées chaque mois. En juin 1977, le nombre des proclamateurs a atteint un maximum de 16 761, mais on a ensuite enregistré une baisse.
Manifestement, certains frères servaient Jéhovah avec en vue l’année 1975, au lieu de le servir pour l’éternité. Quand leurs prévisions concernant cette année-là ne se sont pas réalisées, leur amour pour Jéhovah s’est refroidi et ils ont abandonné son organisation. Le nombre des proclamateurs est tombé à 14 775 en août 1978, soit une baisse de presque 2 000 en un an. Cette diminution a continué pendant trois ans. Des personnes s’intéressaient à la vérité et se joignaient à l’organisation, mais davantage la quittaient. De plus, à cause des difficultés économiques, beaucoup partaient de Porto Rico pour se rendre aux États-Unis. Enfin, en janvier 1982, on a enregistré un nouveau maximum de proclamateurs.
Depuis lors, l’œuvre du Royaume a rapidement progressé. On compte actuellement plus de 21 700 proclamateurs. Un témoignage plus puissant a pu être donné grâce à l’augmentation du nombre des pionniers. Les pionniers permanents sont à présent deux fois plus nombreux qu’en 1982. Si l’on inclut les pionniers auxiliaires, on compte chaque mois en moyenne 1 535 serviteurs à plein temps à Porto Rico. Dans les îles Vierges également, près de 10 pour cent des prédicateurs sont des pionniers, et l’ensemble des proclamateurs zélés du Royaume ont consacré plus de 110 000 heures l’année dernière à proclamer publiquement leur confiance dans le Royaume de Dieu comme étant le seul espoir de l’humanité.
DES SALLES D’ASSEMBLÉES SONT NÉCESSAIRES
Depuis longtemps, les assemblées de circonscription font partie de l’activité du Royaume. Au début, elles avaient lieu dans de petites salles. Comme les frères devenaient de plus en plus nombreux et que les congrégations s’accroissaient, on a utilisé de petits terrains de base-ball. À Porto Rico, on en trouve près de chaque ville ou presque. On peut s’en servir gratuitement, mais il y a beaucoup à faire pour les rendre présentables afin d’y tenir une assemblée. Il a souvent fallu louer des chaises et les transporter par camion sur les lieux de l’assemblée pour qu’il y ait davantage de places assises. On devait aussi installer une cafétéria. Les frères travaillaient dur pendant plusieurs jours avant chaque assemblée de circonscription. De temps en temps, on louait de grandes salles qui, pour la plupart, ne disposaient d’aucun équipement; il fallait apporter tout le matériel nécessaire. Une fois, une assemblée a eu lieu sur une place publique, entre l’hôtel de ville et l’église. Il arrivait souvent que les pluies interrompent ces rassemblements.
Avec le temps, il est même devenu de plus en plus difficile d’utiliser ces installations. Fréquemment, alors que les terrains de base-ball nous étaient réservés, les engagements pris étaient plus tard annulés pour donner la priorité à des événements sportifs. Les frères ont donc commencé à réfléchir sérieusement à la possibilité de bâtir leurs Salles d’assemblées.
Sur la côte sud, entre Ponce et Mayagüez, les Témoins ont acheté un terrain. Pendant plusieurs années, les frères ont amassé les fonds nécessaires tout en construisant la salle. Durant cette période, ils se réunissaient sur place sous un toit de tôle, ce qui ressemblait beaucoup à ce dont ils disposaient sur les terrains de base-ball. Mais là, ils n’avaient pas besoin de tout installer et de tout démonter pour chaque assemblée. Maintenant, ils ont une très belle Salle d’assemblées dont la capacité d’accueil est de plus de mille personnes.
À l’est d’Arecibo, les frères ont loué un terrain où ils ont fait des installations temporaires pour tenir les assemblées jusqu’à ce qu’ils puissent construire.
Cependant, comme l’endroit ne convenait pas pour bâtir une Salle d’assemblées, les frères ont cherché un autre terrain. Finalement, en 1976, ils ont acquis un terrain dans la campagne aux alentours de Caguas, juste à côté de l’axe routier qui relie Ponce à San Juan. Quelque temps plus tard, on pouvait voir à cet emplacement une Salle d’assemblées confortable comportant 1 500 places assises.Toutes les assemblées de circonscription de Porto Rico peuvent maintenant avoir lieu dans ces deux Salles d’assemblées. On enregistre une assistance exceptionnellement nombreuse, puisqu’elle dépasse 160 pour cent du nombre des proclamateurs.
ALLONS DE L’AVANT
Les congrégations prospèrent rapidement. Les Salles du Royaume sont pleines à craquer, et de nouvelles congrégations sont formées. On construit et on inaugure de nouvelles salles. En 1986, il y eut 57 328 assistants à la commémoration du Repas du Seigneur.
On compte maintenant un proclamateur pour 164 habitants. Le témoignage est donné régulièrement dans le moindre recoin de Porto Rico et des îles Vierges. Certains territoires sont parcourus presque chaque semaine. Tous sont attribués à une congrégation. Nous ne savons pas combien de personnes réagiront encore favorablement au message du Royaume, mais la porte est toujours ouverte et l’organisation du peuple de Jéhovah à Porto Rico est prête à faire face à l’accroissement.
Sans aucun doute, Porto Rico s’est avéré un “port riche” pour plus de 21 700 personnes qui ont découvert les vraies richesses, celles qui conduiront à la vie éternelle. Puissent encore de nombreuses personnes découvrir ces richesses avant que Jéhovah ne ferme la porte quand la “grande tribulation” s’abattra!
[Carte, page 81]
(Voir la publication)
PORTO RICO ET LES ÎLES VIERGES
San Juan
Arecibo
Aguadilla
Bayamón
Corozal
Mayagüez
Caguas
Ponce
Cayey
Guayama
VIEQUES
ANEGADA
VIRGIN GORDA
TORTOLA
SAINT THOMAS
SAINT JOHN
SAINTE CROIX
[Illustration, page 71]
Ambrosio Rosa García, l’un des premiers Témoins baptisés originaires de Porto Rico; ici avec sa femme Lydie.
[Illustration, page 82]
Theophilus et Doris Klein, des missionnaires zélés qui servent dans les îles depuis 1947.
[Illustration, page 98]
Ronald Parkin, coordinateur de la filiale de Porto Rico, avec sa femme Maxine.
[Illustration, page 111]
Salle d’assemblées dans la campagne aux alentours de Caguas.