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Équateur

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CHEVAUCHANT l’équateur, au beau milieu du globe, là où l’éloignement du centre de la terre est le plus grand, s’étend l’Équateur. Les jungles humides des basses plaines contrastent avec les ‘cités du printemps éternel’ perchées en haut des montagnes rocheuses des Andes. Le long de la côte Pacifique, deux courants océaniques se disputent l’influence du climat. Le courant froid du Pérou prédomine de mai à décembre, entraînant un temps frais et sec sur les régions centrales. Puis, de janvier à avril, c’est le courant chaud El Niño qui prévaut et apporte chaleur, humidité et la nouvelle saison des pluies qui fertilisera la terre.

La population équatorienne est tout aussi variée que le pays dans lequel elle vit. Parmi les dizaines de tribus indiennes du pays, la plus connue est peut-être celle des Indiens d’Otavalo. Vêtus habituellement d’un poncho bleu marine, d’une chemise et d’un pantalon blancs, les hommes portent un chapeau de feutre noir sur leurs cheveux tressés en une natte. Certains d’entre eux voyagent dans le monde entier, pour vendre à l’étranger des couvertures tissées, des châles et des ponchos. Les Colorados, quant à eux, sont très peu vêtus. On reconnaît les hommes de cette tribu à leurs cheveux coupés au bol et plaqués à l’aide d’une pâte orange vif.

On retrouve les racines d’une autre fraction importante de la population, les Noirs, directement en Jamaïque et en Afrique. L’Espagne, elle aussi, a laissé une empreinte visible tant dans la physionomie des habitants que dans l’architecture, conséquences de l’influence des conquistadores venus à la recherche de l’or. Si l’on ajoute d’importantes communautés asiatiques, juives, arabes, et de commerçants européens, on obtient l’Équateur d’aujourd’hui. C’est un peuple hospitalier qui accueille généralement les étrangers d’une poignée de main et avec un large sourire. L’attitude amicale des Équatoriens a aidé beaucoup d’entre eux à accepter un message qui a considérablement enrichi leur vie.

La bonne nouvelle arrive en Équateur

Pour la première fois en 1935, des Équatoriens entendirent la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Cette année-​là, Theodore Laguna et son compagnon, deux Témoins de Jéhovah qui se rendaient au Chili, y restèrent dix mois pour prêcher. Puis, en 1946, des missionnaires de l’École de Galaad, envoyés en Équateur, arrivèrent dans la ville portuaire de Guayaquil. Il s’agissait de Walter et Willmetta Pemberton, et de Thomas et Mary Klingensmith.

Après avoir rempli les formalités légales, ces premiers missionnaires se mirent bientôt en route vers la capitale, Quito, qui s’étend sur un plateau de roches volcaniques à 2 850 mètres d’altitude. Aucune route praticable ne permettant de s’y rendre, ils prirent le train de Guayaquil à Quito. À propos de leur voyage, ils déclarèrent: “Nous avons eu la chance de ne pas avoir à monter sur le toit ou à nous agripper sur les côtés, comme beaucoup. Plus d’un voyageur est chargé de bananes, d’ananas et de poulets qu’il vend tout le long de la voie ferrée.”

Pour escalader les pentes abruptes de ce qu’on appelle le Nez du Diable, le train avançait péniblement sur la voie découpée en une succession de tronçons reliés par des virages en épingle et qui semblaient accrochés à d’étroites corniches creusées à flanc de montagne. Le train montait en diagonale la pente escarpée pendant un certain temps, s’arrêtait, puis repartait en arrière pour monter la partie suivante du zigzag. Cette manœuvre se répétait maintes et maintes fois jusqu’au sommet. Au bout de deux jours, alors que la nuit approchait, les missionnaires arrivèrent à destination. Saisis d’admiration, ils contemplèrent les sommets volcaniques couverts d’un manteau de neige, le plus impressionnant d’entre eux étant le Cotopaxi, qui est, avec ses 5 897 mètres, l’un des plus hauts volcans en activité du monde.

Désormais, la vie missionnaire allait vraiment commencer. Il fallut louer une maison. N’ayant pas de réfrigérateur, ils achetaient leur nourriture au jour le jour. Pour la cuisine, ils disposaient d’un poêle à bois. Et la lessive? Il n’y avait pas de machine à laver automatique. Ils brossaient à la main les vêtements, un par un, sur une planche à laver. Mais, comme le disait l’un des missionnaires, “je ne me souviens pas que nous nous soyons jamais vraiment plaints. Nous devions plutôt aller de l’avant dans l’œuvre de prédication”.

Cette activité aussi était un défi en raison de leur connaissance limitée de l’espagnol. Néanmoins, plaçant leur confiance en Jéhovah, ils commencèrent à aller de maison en maison en utilisant une carte de témoignage, le phonographe, et un langage gestuel en grande partie de leur invention. Les résultats ne se firent pas attendre.

Les premiers Équatoriens trouvent la vérité

Un soir, Walter Pemberton, en reconnaissance dans le territoire, descendait une ruelle étroite de Quito quand un petit garçon accourut vers lui, lui demanda l’heure, puis disparut aussitôt sous un porche. En regardant à l’intérieur, Walter remarqua un homme qui fabriquait une paire de chaussures. Dans son mauvais espagnol, il se présenta, expliqua qu’il était missionnaire et demanda à l’homme s’il était intéressé par la Bible. “Non, répondit-​il, mais j’ai un frère qui en est passionné.” Le frère de cet homme, Luis Dávalos, était adventiste, mais commençait à douter sérieusement de sa religion.

Le lendemain matin de bonne heure, Walter rendit visite à Luis. Il raconte: “Malgré ma connaissance limitée de l’espagnol, je lui ai expliqué que le dessein de Dieu était de faire de la terre un paradis où les hommes vivront éternellement sous le Royaume de Dieu.”

En entendant cela, Luis répondit: “C’est impossible! Jésus a dit qu’il remontait au ciel pour leur préparer une place.”

Walter lui montra que Jésus pensait à un petit troupeau dont le nombre est limité à 144 000 (Luc 12:32; Rév. 14:1-3). Il lui expliqua alors que Jésus avait parlé d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos, mais qui ont l’espérance de vivre ici-bas, sur la terre. — Jean 10:16.

“On m’a toujours enseigné que tous les bons vont au ciel, rétorqua alors Luis. Il me faut davantage de preuves concernant ce groupe ayant l’espérance céleste.” Ils examinèrent donc ensemble d’autres versets, ce qui amena Luis à s’exclamer: “C’est la vérité!” — És. 11:6-9; 33:24; 45:18; Rév. 21:3, 4.

Il avait tant besoin de l’eau de la vérité qu’il semblait être comme un homme mourant de soif dans le désert. Il voulut tout de suite savoir ce que la Bible enseigne sur la Trinité, l’immortalité de l’âme, le feu de l’enfer et d’autres doctrines. Inutile de préciser que Walter ne put le quitter que tard dans la soirée. Dès le lendemain, Luis était occupé à donner le témoignage à tous ses amis et leur disait: “J’ai trouvé la vérité!”

“La réponse à ma prière”

À peu près à la même époque, Ramón Redín, l’un des fondateurs du mouvement adventiste en Équateur, fut lui aussi déçu par sa religion. Les divisions dans son Église le choquaient. En fait, il doutait de toutes les religions. Un jour, il pria Dieu en ces termes: “S’il te plaît, guide-​moi vers la vérité. Si tu m’écoutes, je te servirai fidèlement toute ma vie.”

Peu après, Luis Dávalos, l’un de ses amis, lui annonça qu’il avait quelque chose de très important à lui dire. “Ramón, sais-​tu que les adventistes du septième jour ne possèdent pas la vérité?” Il répondit: “Luis, j’apprécie que tu te soucies de moi, mais le fait est qu’aucune religion n’enseigne la vérité de la Bible; voilà pourquoi je ne m’intéresse à aucune d’entre elles.” Ramón accepta néanmoins un exemplaire de La Tour de Garde ainsi que l’adresse de la maison des missionnaires; il promit qu’il irait au moins discuter avec eux pour voir s’ils pouvaient répondre à ses questions. Son apparente indifférence n’exprimait pas ses véritables sentiments; il avait le profond désir de découvrir si le vrai christianisme existait. C’est pourquoi, à peine avait-​il quitté son ami, qu’il chercha pendant deux heures la maison des missionnaires.

Walter Pemberton, qui se démenait toujours pour apprendre l’espagnol, fit de son mieux pour répondre aux questions de Ramón, par exemple: “Les Témoins de Jéhovah permettent-​ils aux gens de raisonner à partir des Écritures?” Il lui répondit: “Nous n’obligeons personne à agir contre sa conscience. Nous voulons que les gens raisonnent sur la base des Écritures parce que c’est ainsi que l’on arrive aux bonnes conclusions.”

“Bon, les Témoins de Jéhovah observent-​ils le sabbat?” demanda Ramón. “Nous suivons ce que la Bible dit sur le sabbat”, répondit Walter. — Mat. 12:1-8; Col. 2:16, 17.

D’une manière surprenante, malgré son anglais hésitant et les difficultés de Walter en espagnol, la vérité commençait à s’implanter dans l’esprit de Ramón. Il se souvient: “Je fus si impressionné par cette première heure de discussion que je me rappelle avoir pensé: ‘Ce doit être la réponse à ma prière!’”

Les discussions se poursuivirent jour après jour. Walter cherchait les textes dans sa Bible en anglais et Ramón suivait dans sa Bible en espagnol. Quinze jours après la première visite, Ramón Redín, accompagné de Luis Dávalos et de trois autres Équatoriens, faisait partie du premier groupe organisé prêchant en Équateur. Dieu lui avait fait découvrir la vérité, exauçant ainsi sa prière, aussi a-​t-​il fait tout son possible pour respecter son vœu de servir Dieu fidèlement toute sa vie durant. Aujourd’hui, à l’âge de 87 ans, frère Redín est heureux de servir comme pionnier spécial.

Pedro trouve la réponse

Ce groupe minuscule, mais qui allait grandir rapidement, fut bientôt rejoint par un homme qui cherchait la vérité depuis plus de 17 ans. Alors qu’il avait 10 ans, Pedro Tules entendit un prêtre tenter d’expliquer la Trinité. Ne la comprenant pas, il lui demanda comment il était possible que trois personnes ne forment qu’un seul dieu. La réponse du prêtre consista en un coup de règle sur la tête et en une bordée d’injures. Pedro se dit: “Un jour, je saurai exactement ce que c’est.”

Finalement, après avoir fréquenté quelque temps les adventistes, il commença à assister aux réunions des Témoins de Jéhovah. Le “mystère” de la Trinité fut éclairci presque immédiatement. Il apprit que ce n’était pas un mystère, mais un mensonge. Jésus Christ n’est pas, comme le disent certains, “Dieu le Fils”, mais “le Fils de Dieu”. (Jean 20:31.) Il fut impressionné par le fait que tous les Témoins prêchent de maison en maison, une activité qu’il avait auparavant tenté de faire entreprendre aux adventistes. Pour lui, cette forme d’évangélisation était nécessaire si on voulait suivre l’exemple des apôtres (Actes 5:42; 20:20). Cependant, Pedro hésitait à rompre les liens qui le retenaient à sa religion.

Pendant quatre ou cinq mois, il continua d’assister aux réunions des adventistes tout en s’associant aux Témoins. Walter Pemberton finit par lui dire: “Pedro, il vous faut prendre une décision. Si les adventistes ont raison, allez avec eux. Mais si ce sont les Témoins de Jéhovah qui ont la vérité, alors attachez-​vous à eux. La vérité doit être à la première place.” — Voir 1 Rois 18:21.

“Ces paroles m’ont aidé à prendre la meilleure décision de ma vie, avoue Pedro; je fus donc baptisé en symbole de l’offrande de ma personne à Dieu le 10 août 1947.” L’année suivante, il entreprit le service de pionnier, dans lequel il persévère toujours fidèlement. Il fut le premier Équatorien à assister aux cours de l’École de Galaad, après quoi il retourna en Équateur pour soutenir l’œuvre dans le pays.

Le siège mondial envoie davantage d’aide

L’arrivée de 12 missionnaires supplémentaires en Équateur en 1948 donna à l’œuvre de prédication une impulsion nouvelle. Six d’entre eux se rendirent à Quito, les six autres dans la plus grande ville du pays, Guayaquil, qui est aussi le port principal. Albert et Zola Hoffman étaient parmi les missionnaires envoyés à Guayaquil. Jamais ils n’avaient vu des gens aussi curieux et attentifs. Albert Hoffman nous les décrit:

“Dimanche après-midi, nous avons donné notre premier témoignage en groupe le long de la rivière, où l’on rencontre régulièrement beaucoup de gens. Nous avons utilisé le phonographe et des disques en espagnol. Tout d’abord, nous leur avons dit que nous avions un merveilleux message d’une grande importance à leur transmettre, puis nous avons mis le phonographe en marche. Bientôt, une foule nombreuse se rassemblait autour de nous pour écouter.”

De même, quand ils présentaient les périodiques dans les rues, si les missionnaires se plaçaient dans les quartiers commerçants et populeux, ils étaient rapidement entourés d’une foule amicale. Certains posaient des questions, d’autres voulaient des périodiques. C’étaient des expériences palpitantes pour ces nouveaux missionnaires qui n’étaient pas habitués à rencontrer un intérêt si expansif.

Un événement en mars 1949 a particulièrement marqué ces premiers missionnaires. Que s’est-​il passé? Frère Knorr, le président de la Société Watch Tower, et son secrétaire, frère Henschel, effectuèrent la première visite de zone en Équateur. À Quito, 82 personnes s’assemblèrent pour écouter le discours “Il est plus tard que vous ne le pensez!”. À Guayaquil, le même discours fut prévu. Quand frère Knorr remarqua avec quel enthousiasme les nouveaux missionnaires l’annonçaient, il leur dit: “Ne soyez pas trop découragés s’il y a peu de monde.” Après tout, ils ne prêchaient là que depuis deux mois et demi. Mais, à la surprise générale, 280 personnes vinrent écouter le discours, et d’autres, innombrables, l’entendirent à la radio.

Changement d’affectation à cause d’un tremblement de terre

En 1949, il parut approprié de s’intéresser à quelques-unes des villes des hauts plateaux andins autour de Quito. On choisit d’abord Ambato. Mais, au mois d’août, cette ville et d’autres alentour furent frappées par le tremblement de terre le plus dévastateur que le pays ait connu depuis des siècles. Des villages entiers disparurent. On estima que plus de 6 000 personnes avaient perdu la vie. Ambato était en ruine.

La désolation était telle que les missionnaires ne purent trouver de logement décent tout au long de l’année suivante. On décida donc de les envoyer à Riobamba, une ville plus au sud. Jack Hall et Joseph Sekerak eurent pour mission de défricher ce terrain vierge. Mais les progrès furent lents dans cette ville isolée et très catholique.

Ils mettent en application ce qu’ils apprennent

Un jour qu’il prêchait à Riobamba, Jack laissa le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!” à César Santos, un jeune homme qui venait de se marier. Celui-ci fut tellement fasciné par ce qu’il lisait qu’il ne posa le livre qu’après l’avoir lu entièrement cette nuit-​là. Le chapitre qui le fit immédiatement réagir était “Utilisation des images pour l’adoration”. Voici ce qu’il lut: “Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras point d’images taillées. (...) Tu ne te prosterneras point devant elles ni ne les serviras.” (Ex. 20:3-5, Segond). César était alors particulièrement attaché à saint Antoine, un saint catholique dont il avait une image chez lui. Mais, à mesure qu’il poursuivait sa lecture, il commença à regarder de travers l’image de celui qui avait été son saint favori en disant: “Je ne vais pas tarder à te décrocher.” Il finit de lire le chapitre, leva les bras pour s’en saisir, l’emporta à l’extérieur et la jeta.

Quand il commença à parler de ce qu’il apprenait à sa famille et à ses amis, ils pensèrent qu’il était devenu fou. Malgré cela, il rendit visite une semaine plus tard à son frère cadet, Jorge, et l’invita à lire le livre. Jorge fut impressionné par la logique de cet ouvrage et profondément touché par la perspective d’un paradis terrestre. Un mois après, il accompagnait les missionnaires dans la prédication.

Mais il avait encore des choses à apprendre. Un jour, Jack Hall lui rendit visite alors qu’il était en train de manger. Sa mère lui servait un plat frit, à base de sang, un mets courant dans cette partie du pays. Quand Jack s’en vit offrir, il refusa poliment et profita de l’occasion pour expliquer ce que la Bible dit à propos du sang (Gen. 9:4; Actes 15:28, 29). Jorge prit cela à cœur promptement. À la grande surprise de sa mère, il refusa de manger ce qui restait dans son assiette.

Bientôt, d’autres membres de cette famille bénéficièrent des bienfaits de la vérité.

Déterminées à servir Dieu

La belle-sœur de César, Orffa, qui était âgée de 18 ans, avait un jour demandé à un prêtre catholique de lui expliquer qui avait créé Dieu. Il ne le savait pas; elle interrogea alors un pasteur évangéliste qui, lui aussi, fut incapable de répondre. Elle demanda donc à César; il lui expliqua à l’aide de la Bible que Jéhovah n’a ni commencement ni fin (Ps. 90:2). Cette vérité toute simple suffit à susciter chez Orffa un intérêt ardent qu’elle communiqua à ses deux sœurs. Malgré la vive opposition de leur famille, elle et sa jeune sœur, Yolanda, commencèrent à étudier la Bible et à assister en cachette aux réunions. Chaque fois qu’elles en revenaient, elles étaient battues par leurs parents.

Pendant tout ce temps, la femme de César, Lucía, restait indifférente au message urgent de la Bible. C’est pourquoi Orffa, sa sœur, la réprimanda un jour en lui disant: “Regarde seulement ce que je dois supporter à cause de la vérité!” tandis qu’elle découvrait son dos, laissant voir des meurtrissures et des bleus. À partir de ce moment-​là, Lucía fit de rapides progrès.

Dans le même temps, la mère d’Orffa obéit au prêtre qui lui avait donné l’ordre de la chasser de la maison. Mais cela se révéla bénéfique, car maintenant qu’elle était seule, elle pouvait se préparer au baptême, comme le faisait aussi Lucía. À l’assemblée suivante, leur jeune sœur, Yolanda, se joignit à elles parmi les candidats au baptême. Sans penser à ce qu’elle aurait à affronter quand elle rentrerait chez ses parents, elle avait parcouru plus de 160 kilomètres en autocar pour être baptisée en compagnie de ses sœurs. Toutes les trois prirent position ensemble et exprimèrent leur détermination à servir Jéhovah quoi qu’il arrive!

L’opposition du clergé se manifeste

Avec l’arrivée de nouveaux missionnaires au début des années 50, la prédication de la bonne nouvelle commença bientôt à s’étendre aux villes isolées des basses plaines côtières — Manta, La Libertad, Milagro, Machala et d’autres. L’accroissement rapide et les groupes importants de prédicateurs qui participaient au ministère alarmèrent l’Église catholique. Ce territoire, elle l’avait conquis avec l’aide des conquistadores et il n’était pas question qu’elle tolère une quelconque rivalité. D’un autre côté, les vrais chrétiens avaient le soutien de l’esprit invincible de Jéhovah, et aucune persécution ne pourrait étouffer leur ardent désir de propager la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Quel fut donc le résultat?

Pedro Tules se souvient: “Dans la banlieue de Quito, dans un quartier appelé Magdalena, un prêtre avait excité une foule contre nous; un homme s’approcha alors et dit: ‘Monsieur le prêtre, que faites-​vous ici?’ Celui-ci répondit: ‘Je protège mes ouailles contre ces gens. Je suis le seul à avoir le droit de les enseigner sur Dieu.’ L’homme répliqua: ‘Non; vous avez le droit de les enseigner dans l’église, mais, en dehors, comme ici dans la rue ou dans les jardins publics, les Témoins sont parfaitement libres d’enseigner la Bible. Ils ne nuisent à personne. Jusqu’à présent, je n’avais pas entendu parler de ces gens, mais je veux que vous sachiez tous qu’ils seront toujours les bienvenus chez moi.’”

Dans une autre commune, près de Quito, un prêtre essaya de chasser les Témoins de la ville. Tandis que ces derniers passaient sur un pont, il menaça avec une foule de les jeter dans la rivière. Juste à ce moment apparut un homme que Pedro avait visité plusieurs fois. “Salut Pedro, dit-​il. Que se passe-​t-​il ici?”

Pedro répondit: “Nous étions en train d’enseigner paisiblement la Bible à des personnes, mais cet homme a excité des gens contre nous et il nous chasse de la ville.”

Sur ces mots, l’homme sortit un revolver, s’approcha du prêtre et cria: “Hé! que faites-​vous? Vous ne savez pas que ces gens ont les mêmes droits que vous? Ce que vous faites est une violation de la loi.” Alors que le prêtre essayait de justifier son intervention, l’homme répondit: “Ce qui s’est passé ici paraîtra demain dans El Comercio!” Il se trouve qu’il travaillait pour ce journal et, comme il l’avait promis, le récit de la conduite non chrétienne de ce prêtre fut à la une du principal journal de Quito le lendemain.

Le gouvernement avertit les opposants

Alfred Slough se rappelle un autre incident survenu alors qu’il servait comme missionnaire: “Un homme ‘courageux’ fit semblant de s’intéresser au message, mais il arracha des mains de l’une des deux sœurs missionnaires un exemplaire de La Tour de Garde et le déchira fièrement en morceaux. À ce moment-​là, j’ai remarqué le prêtre qui approchait rapidement sur sa bicyclette, la soutane au vent, pour s’assurer de notre présence.

“Peu après son arrivée, de jeunes garçons, que l’on pouvait voir remplir leurs poches de pierres, formèrent un attroupement, menés par l’homme qui avait déchiré La Tour de Garde et encouragés par deux religieuses. En restant groupés, nous nous sommes dirigés lentement vers l’arrêt d’autobus qui était à quelques pâtés de maisons, avec les agitateurs sur nos talons. Au cours de cette marche tendue, ils se contentaient de lancer de petites pierres sur notre groupe. Heureusement, personne ne fut sérieusement blessé. Quand l’autobus s’arrêta, dans un élan de courage nos poursuivants chargèrent enfin, lançant des pierres tout en s’approchant. Au moment où ils arrivaient à côté de l’autobus, tous les jeunes et les sœurs étaient montés, je sautais donc à l’intérieur. Nous sommes partis sous une pluie de pierres et de boue, les habitants du quartier qui se trouvaient dans l’autobus criant avec colère contre les émeutiers, les traitant de sauvages. Ils nous laissèrent aimablement leurs places et nous aidèrent à essuyer la boue: ce qui était arrivé n’était donc que l’action isolée de gens malveillants qui avaient suivi aveuglément le prêtre. Cela nous a donné une merveilleuse occasion de donner le témoignage pendant tout le trajet de retour vers la ville.”

La réaction de la presse fut immédiate, avec des manchettes comme: “UN PRÊTRE POUSSE AU CRIME”, “À MAGDALENA, DES FANATIQUES ATTAQUENT DES MEMBRES DE LA SECTE DES TÉMOINS DE JÉHOVAH”, “INTOLÉRANCE RELIGIEUSE”.

Bien sûr, le prêtre nia toute participation à l’action de la foule, disant qu’il était dans un autre quartier. Quelques associations et comités catholiques de cette banlieue signèrent aussi une pétition pour proclamer leur innocence. Mais un ministre du gouvernement chargea le chef de la police de répondre: “La Constitution et les lois de la République accordent la liberté religieuse, c’est pourquoi, en tant que représentants de la loi, nous sommes tenus de veiller à ce que les droits des citoyens ne soient pas menacés (...). Il serait particulièrement souhaitable que, désormais, des incidents comme celui du six de ce mois ne se reproduisent plus; dans le cas contraire, les autorités se verront dans l’obligation de punir les responsables conformément à la loi.”

Cependant, d’autres difficultés allaient surgir, car l’Église n’était pas disposée à laisser partir ceux qu’elle tenait sous sa coupe.

Des difficultés à Cuenca

Cuenca, la troisième ville d’Équateur avec ses 152 000 habitants, était un véritable bastion de l’Église catholique. La population n’avait pas encore entendu le témoignage, aussi Pedro Tules et Carl Dochow, récemment diplômé de l’École de Galaad, y furent envoyés en octobre 1953. C’était une attribution très difficile et souvent décourageante.

Carl se souvient d’une domestique fanatique qui lui avait dit, tout agitée: “Vous ne croyez pas à la Vierge.” Quand il ouvrit la Bible à Matthieu 1:23, elle commença à trembler et dit: “Il nous est interdit de lire la Bible.” Sur ces mots, elle rentra brusquement dans la maison, laissant Carl sur le pas de la porte. En une autre occasion, une domestique l’écoutait avec intérêt, mais quand la maîtresse de maison arriva et vit ce qui se passait, elle envoya d’un coup de pied la sacoche de Carl au bas des escaliers. Une autre fois, il fut chassé d’un patio par un homme en colère qui brandissait une bûche. Chaque fois que les missionnaires donnaient le témoignage dans le quartier de San Blas, le prêtre faisait sonner les cloches de l’église, et poussait les enfants, qui accouraient, à leur jeter des pierres.

En trois ans, pas un habitant de Cuenca n’eut le courage de prendre position pour la vérité. Bien des fois, Carl descendait tristement faire quelques pas au bord de la rivière, priant Jéhovah de lui donner une affectation plus productive. Finalement, il fut envoyé à Machala, une ville côtière où habitaient des gens faciles à vivre et sans préjugés. Cependant, Cuenca ne voyait pas là le dernier Témoin de Jéhovah.

Violence de la foule lors d’une assemblée

Riobamba, où Jack Hall et Joseph Sekerak avaient été envoyés en 1950 pour commencer la prédication dans le territoire, allait de nouveau faire parler d’elle en 1954. Une assemblée de circonscription s’y tint en mars, au théâtre Iris. Tout se passa bien jusqu’à ce qu’un prêtre jésuite calomnie publiquement à la radio les Témoins de Jéhovah et affirme qu’ils n’avaient pas le droit de tenir une assemblée dans la “ville catholique de Riobamba”. Il incita la population à empêcher la réunion publique prévue le lendemain. Mais les frères alertèrent la police.

Le discours public “L’amour, utile dans un monde égoïste”, commença comme prévu devant une assistance de 130 personnes. Mais, moins de dix minutes plus tard, des voix qui vociféraient: “Longue vie à l’Église catholique!” et: “À bas les protestants!” se firent entendre au loin. Minute après minute, le bruit devenait de plus en plus fort à mesure que la foule approchait du théâtre.

Huit policiers en gardaient l’entrée. Comme la foule furieuse des opposants croissait en nombre, les policiers sortirent leurs épées et les repoussèrent jusqu’à un carrefour, d’où les manifestants lancèrent des pierres vers l’entrée du théâtre. Malgré cette agitation, le programme se déroula jusqu’à la fin. Le titre du discours final était tout à fait approprié: “Endurons jusqu’à la fin”.

Alors que les assistants quittaient la salle, une quarantaine de policiers étaient là pour les protéger. Mais quand les frères sortirent de la zone surveillée par la police, la situation devint plus tendue. L’emplacement de la maison des missionnaires et de la Salle du Royaume était bien connu, et un attroupement encore plus grand s’y était formé. Une fois de plus, on dut faire appel à la protection de la police. Des agents accompagnèrent les missionnaires jusque chez eux et gardèrent la maison toute la nuit. Dans l’impossibilité d’atteindre les Témoins, la foule malveillante déchargea sa fureur sur l’immeuble où ils habitaient en jetant des pierres, brisant presque toutes les fenêtres donnant sur la rue, ce qui écœura les six autres familles vivant là et qui n’étaient pas Témoins de Jéhovah.

Des protestations nationales contre l’intolérance

Les jours suivants, les frères furent abordés à maintes reprises dans la rue par des gens qui, bien que manifestant peu d’intérêt pour l’œuvre des Témoins, désiraient exprimer leur désapprobation pour ce qui était arrivé la veille. Le deuxième jour, les protestations avaient gagné toute la nation. Une vague d’articles de presse en faveur de la liberté de culte et défendant les droits des Témoins de Jéhovah inonda le pays durant toute une semaine.

El comercio, le journal le plus prestigieux de la capitale, décrivit l’attaque et rappela alors en mémoire l’Inquisition, les pogromes de Hitler et d’autres événements sauvages de l’Histoire.

Un journaliste du principal journal de Guayaquil, El Universo, parla des “fruits de l’intolérance”, disant:

“Mon but, au travers de cet article, est de poser, de façon directe, une question au recteur de l’école supérieure San Felipe, où l’on enseigne l’intolérance au point de pousser de jeunes étudiants à attaquer avec des bâtons et des pierres les Témoins de Jéhovah. Le recteur, le Révérend Père jésuite, devrait y répondre s’il est un homme capable d’assumer les conséquences de ses actes. Cette question, très simple, est la suivante: Que penserait le recteur si, dans les pays où les catholiques sont une minorité, les gens agissaient de la façon dont il a fait agir ses étudiants envers les protestants? (...) Dans le monde entier, les catholiques, dirigés par le Souverain Pontife, réclament la tolérance. Ils la demandent sur tous les tons; ils la sollicitent aux Nations unies, à la conférence de Berlin et à toutes les réunions entre l’Est et l’Ouest. Le Saint-Père, chef du catholicisme, avec l’approbation de Churchill (un protestant) et d’Eisenhower (un protestant), demande à l’URSS et aux pays satellites la tolérance, la libération des évêques et des cardinaux (...).

“Quelle différence y a-​t-​il entre un groupe de communistes en Tchécoslovaquie qui, avec des bâtons, attaquent des catholiques en train de prier dans une église, et les étudiants de San Felipe qui, avec des bâtons, attaquent les Témoins de Jéhovah à Riobamba pendant qu’ils écoutent un sermon sur ‘l’amour dans cette ère d’égoïsme’?”

La malédiction du prêtre jésuite de Riobamba s’était transformée en une bénédiction, tout comme dans le cas de Balaam, car Jéhovah était avec son peuple. — Nomb. 22:1 à 24:25.

Son amour pour Christ est le plus fort

C’est à cette époque-​là que Carlos Salazar, un jeune Équatorien, a entrepris le service à plein temps. Il avait connu la vérité biblique aux États-Unis.

Carlos n’avait que 16 ans lorsqu’une sœur pionnier a laissé à sa mère une Bible et un exemplaire du livre “C’est ici la vie éternelle!”, alors qu’ils habitaient à New York. Sa mère les lui a donnés pour qu’il les lise, mais comme il ne s’intéressait pas à la religion, il les a laissés de côté. Or un jour, alors qu’il jouait à Central Park, il s’est cassé la jambe. Il a donc dû rester alité chez lui. Puisqu’il avait du temps, il a accepté à contrecœur la proposition que le pionnier lui a faite d’étudier la Bible. Il posait néanmoins une condition: la sœur devait lui apprendre quelque peu l’anglais. Il dit: “Plus je lisais le livre, plus j’étais convaincu qu’il s’agissait de la vérité.”

Bientôt, Carlos commençait à assister aux réunions et à participer à la prédication. Il se tenait même au coin des rues pour proposer les périodiques. S’il est vrai que c’est sa mère qui lui avait donné le livre, lorsqu’elle l’a vu en train de le lire, elle est entrée dans une colère telle qu’elle l’a menacé de le renvoyer en Équateur. Elle s’imaginait en effet qu’il n’y avait pas de Témoins dans ce pays. C’est ainsi qu’en 1953 Carlos est retourné en Équateur, escorté par sa grand-tante Rosa, une fervente catholique.

“Carlos, maintenant que tu es de retour en Équateur, tu dois recommencer à aller à la messe”, déclara sa grand-tante.

Mais Carlos n’était pas du tout disposé à renoncer à quelque chose d’aussi précieux que l’espérance de vivre éternellement (Jean 3:36). Les paroles de Jésus rapportées en Matthieu 10:37 avaient une réelle signification à ses yeux. “Celui qui a plus d’affection pour son père ou pour sa mère que pour moi n’est pas digne de moi.” Il répondit donc: “Tante Rosa, tu ne comprends pas pour l’instant ma façon d’agir. Mais maintenant que je suis ici, en Équateur, j’ai l’intention de devenir Témoin de Jéhovah, et tu dois respecter mon désir.”

Après son baptême en 1954, Carlos est devenu pionnier. En 1958, il devint le second Équatorien à être invité à l’École de Galaad. Il a été affecté dans son pays natal, où il a continué de servir Jéhovah à plein temps. Après 10 ans de patients efforts pour lui donner le témoignage, il a finalement vu sa grand-tante accepter le culte pur à son tour. Rosa, malgré ses 84 ans, est demeurée jusqu’à ce jour un Témoin actif.

Des sœurs courageuses défendent la bonne nouvelle

En 1958, deux sœurs diplômées de l’École de Galaad ont également été envoyées en Équateur. Unn Raunholm, originaire de Norvège, et sa compagne Julia Parsons, de Terre-Neuve, ont été affectées à Ibarra, une jolie ville nichée au creux d’une vallée située au nord de Quito. La liberté de culte a, là aussi, été courageusement défendue. Unn se souvient de ce qui s’est produit. Elle nous en fait une description colorée:

“Alors que nous avions commencé à parcourir notre territoire dans la ville d’Ibarra, nous avons constaté qu’il y avait non loin de là des petites villes où il nous serait impossible de prêcher, San Antonio par exemple. Les habitants de cette localité exécutaient de belles sculptures en bois ainsi que de nombreuses images pieuses. Dès que le prêtre local a été averti de notre présence, il a cherché à entraver nos efforts: soit il arrivait à cheval à l’endroit où nous prêchions, soit il faisait son entrée en courant, suivi d’une ribambelle de gens, et causait alors un tel tapage que nous étions obligées de quitter les lieux. Nous avons donc décidé de concentrer nos efforts sur Atuntaqui, une autre petite ville voisine d’Ibarra.

“Un jour, nous étions en train de prêcher dans le voisinage de l’église. Nous avions bien remarqué un attroupement à l’extérieur de celle-ci, mais nous n’y avions pas prêté la moindre attention, jusqu’au moment où le chef de la police est arrivé. J’avais déjà rendu visite à cet homme amical. En fait, il avait même accepté des publications. Mais cette fois-​ci, en proie à une vive agitation, il m’a priée instamment de partir: ‘S’il vous plaît, Mademoiselle, quittez la ville tout de suite! Le prêtre est en train d’organiser une manifestation contre vous, et mes hommes ne sont pas suffisamment nombreux pour vous protéger.’ Voilà ce qui s’était passé: le prêtre de San Antonio avait été déplacé à Atuntaqui, et il faisait de nouveau des siennes.

“Comme nous étions quatre à prêcher ce jour-​là, il a fallu quelque temps pour rassembler tout le monde pour partir. Nous avons alors appris que le car pour Ibarra n’arriverait pas avant une heure. Nous nous sommes donc dirigées vers un hôtel, espérant y trouver refuge jusqu’à l’arrivée du car. En chemin, nous avons commencé à entendre des cris. La foule était à nos trousses! Le drapeau blanc et jaune du Vatican flottait en avant du groupe tandis que le prêtre criait des slogans, tels que ‘Vive l’Église catholique!’, ‘À bas les protestants!’, ‘Vive la virginité de Marie!’, ‘Vive la confession!’. La foule répétait mot pour mot chaque slogan après l’ecclésiastique.

“Juste au moment où nous nous demandions ce que nous allions faire, deux hommes sont venus à notre rencontre et nous ont invitées à entrer dans le foyer local des travailleurs. Il était propriété du syndicat, et ils nous ont assurées que nous serions ici en lieu sûr. Ainsi, pendant qu’à l’extérieur la foule scandait des slogans comme ‘À bas les francs-maçons!’ ou ‘À bas les communistes!’, nous nous activions à l’intérieur à donner le témoignage, alors que des curieux entraient pour savoir ce qui se passait. Nous avons laissé aux gens toutes les publications dont nous disposions.

“Nous souvenant du bel intérêt que les gens avaient manifesté à Atuntaqui, nous avons décidé de nous y rendre à nouveau. Mais, cette fois-​ci, nous avons commencé à prêcher avec prudence aux abords de la ville. Toutefois, quelqu’un avait dû avertir le prêtre de notre présence. En effet, les cloches de l’église se sont mises à sonner à toute volée et nous avons bientôt entendu quelqu’un nous avertir d’une voix forte que le prêtre venait dans notre direction à la tête d’une bande d’émeutiers. Après m’avoir abordée, celui-ci s’est écrié: ‘Mademoiselle, comment osez-​vous revenir après ce qui s’est passé la dernière fois?’ J’ai essayé de raisonner avec lui, expliquant que la constitution du pays garantissait la liberté de culte. ‘Mais c’est ma ville!’ m’a-​t-​il dit. ‘Oui, lui ai-​je répondu, mais j’ai le droit de parler à ces gens, tout comme ils ont le droit de m’écouter s’ils le désirent. Pourquoi ne pas tout simplement dire à vos paroissiens de ne pas ouvrir leur porte s’ils ne veulent pas nous écouter lorsque nous leur rendons visite? Dans ce cas, nous irons voir la personne suivante.’

“Il s’est alors tourné vers la foule et a dit à ceux qui étaient rassemblés: ‘Je quitterai à coup sûr la ville si ces gens font un pas de plus ici!’ Sur ce, plusieurs personnes qui avaient écouté ces propos nous ont vivement encouragées à poursuivre notre activité, nous promettant de nous apporter leur soutien face aux agissements du prêtre. Cependant, comme nous ne voulions pas déclencher une guerre civile, nous avons décidé qu’il valait mieux partir et revenir un autre jour.”

De retour à San Antonio

Sœur Raunholm poursuit: “Voyant que ce dragon en soutane avait été envoyé dans cette ville, nous avons décidé de retourner prêcher dans l’autre, San Antonio. Nous n’avions rendu visite qu’à peu de personnes lorsque les cloches de l’église se sont mises à sonner. Plusieurs femmes se sont rassemblées dans les rues, armées de bâtons et de balais. Une maîtresse de maison nous a fait entrer chez elle. Alors que nous étions en train de discuter avec elle, quelqu’un a frappé violemment à la porte. C’était le chef de la police de San Antonio. Il nous a vivement recommandé de quitter la ville et a déclaré: ‘Vous savez ce qui s’est passé à Atuntaqui, et vous savez bien que ce n’est pas la peine de venir ici, puisque nous sommes déjà chrétiens.’ Je lui ai demandé s’il pensait que de vrais chrétiens nous auraient accueillies avec des bâtons. Je lui ai suggéré de sortir et de demander aux gens de rentrer chez eux. À quoi il a répondu qu’il allait essayer, mais il est revenu presque immédiatement, disant qu’ils ne l’écouteraient pas.

“Sur ce, un autre voisin nous a invitées à venir chez lui pour que nous parlions à sa famille. Il nous a même escortées pendant le trajet. Alors que nous étions chez cet homme, on a de nouveau frappé à la porte. C’étaient des policiers armés de fusils: le chef de la police les avait fait venir d’Ibarra. Ils nous ont dit: ‘On nous a fait part de vos ennuis. Continuez à aller de porte en porte sans vous soucier de quoi que ce soit. Nous ne vous lâcherons pas d’une semelle.’ Nous les avons remerciés de leur gentillesse et leur avons suggéré de rendre visite au prêtre, puisque c’était lui l’instigateur de toute cette agitation.”

Les policiers ont suivi cette suggestion à la lettre, et à partir de ce moment-​là, nos sœurs n’ont plus jamais eu de problèmes pour prêcher à San Antonio.

Les régions côtières

Deux autres missionnaires, Ray et Alice Knoch, ont été envoyés dans les villages de la côte Pacifique pour y faire connaître le message du Royaume. Partant de Guayaquil, ils ont voyagé en car pendant 16 heures pour atteindre Manta, un village de pêcheurs de 10 000 habitants environ. Au cours du trajet, ils ont dû traverser à gué des rivières là où il n’y avait pas de pont. Parfois, à cause de la végétation envahissante, la route était tellement glissante que les passagers devaient descendre et pousser le car pour le faire avancer dans les fortes montées.

Les conditions dans lesquelles se déroulait la prédication de maison en maison étaient différentes de toutes celles que frère et sœur Knoch avaient connues jusqu’alors. N’ayant jamais vu d’étrangers, des dizaines d’enfants curieux les suivaient d’une maison à l’autre. Les gens étant réceptifs au message de la Bible, une congrégation a rapidement été formée.

Ray et Alice se sont ensuite rendus à La Libertad, un autre village de pêcheurs situé sur la côte. Le voyage s’est effectué à bord d’un bateau à bestiaux. Le temps qu’ils arrivent, leurs vêtements, leurs meubles et tout ce qu’ils possédaient avaient pris l’odeur de la basse-cour. À La Libertad, ils ont rencontré Francisco Angus. Cet homme, originaire de la Jamaïque, a écouté le message biblique avec une grande attention. Il a accepté d’étudier la Bible et, environ six mois plus tard, sa femme Olga et lui étaient prêts à participer à l’œuvre de prédication. “Ce qui m’impressionnait chez Francisco, dit Alice, c’est qu’après avoir travaillé toute la nuit il rentrait chez lui le matin, se lavait, et était prêt pour aller prêcher.” Plus tard, Francisco et sa femme ont entrepris le service de pionnier. Frère Angus est devenu ensuite surveillant de circonscription et il sert maintenant en tant que membre du Comité de la filiale.

Machala produit du fruit

Pendant ce temps, Carl Dochow et Nicolas Wesley, un autre missionnaire, commençaient également à trouver des oreilles attentives à Machala, la capitale équatorienne de la banane. Lorsque Carl lui a donné des explications à propos de l’espérance de vivre sur une terre paradisiaque, Joaquín Palas l’a écouté avec un vif intérêt. Cet homme à la carrure imposante tenait un bar. Il a accepté volontiers une étude biblique.

Il appréciait tellement cet enseignement spirituel que, pendant toute la durée de l’étude, il fermait son bar à la clientèle. Quand il a appris que l’enfer de feu n’existait pas, il est devenu tout excité, à tel point qu’il s’est mis à rendre visite à quelques-uns de ses voisins pour leur faire part de ce qu’il avait appris. Il a toutefois été quelque peu décontenancé lorsque l’un d’eux lui a dit: “Joaquín, avant de venir nous parler de la Bible, tu ferais mieux de mettre les choses en ordre dans ton propre foyer. Tu n’es même pas marié avec la femme qui vit sous ton toit.”

Quand Joaquín a demandé à Carl comment il lui fallait agir en la circonstance, celui-ci lui a répondu qu’il devait faire légaliser son union. Dès le lendemain, sa compagne et lui se sont présentés devant les autorités administratives pour mettre leurs papiers en ordre. Joaquín a ensuite pris une autre décision: il lui fallait absolument changer de métier. Il a donc vendu son bar et a commencé à faire du charbon de bois pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa femme. Ils se sont plus tard engagés tous les deux dans le service de pionnier.

La Salle du Royaume de Machala était une construction modeste. Les murs, faits de tiges de bambou fendues, n’empêchaient ni la lumière du jour de passer ni l’air de circuler librement. Ce que les frères ignoraient, c’est qu’une femme du voisinage, poussée par la curiosité, avait pratiqué une petite ouverture dans le mur de la Salle du Royaume pour observer ce qui s’y passait. Pendant deux mois, elle a regardé les frères se saluer mutuellement et a été témoin du plaisir qu’ils avaient à aller les uns vers les autres avant et après les réunions. Elle avait appartenu à différentes religions, mais jamais elle n’avait connu l’ambiance amicale et l’amour qui régnaient ici. Elle voulait goûter à cela, elle aussi. Floricelda Reasco a donc commencé à assister aux réunions. Elle est bientôt devenue une sœur dans la foi, puis un pionnier zélé.

Opposition acharnée à Portovelo

Portovelo, distante de quelques kilomètres de Machala, est une ville minière nichée dans les contreforts des Andes. On y extrait l’or. Une catholique fervente, du nom de Vicenta Granda, y habitait. Elle faisait partie de ceux qui allaient le plus régulièrement à la messe. Lors de la “Semaine sainte”, elle observait strictement un rituel appelé rezar viacruzes. Pendant sept jours d’affilée, elle prononçait des prières devant douze tableaux décrivant les souffrances de Jésus depuis son arrestation jusqu’à sa mort. On enseignait aux fidèles qu’en se conformant à ces rites on obtenait la rémission de tous les péchés que l’on avait commis au cours de l’année.

Vicenta Granda désirait connaître davantage Dieu. Elle a donc fait l’acquisition de deux traductions de la Bible, les versions Valera et Torres Amat. Elle les avait déjà lues entièrement à deux reprises, et de nombreuses questions se pressaient maintenant dans son esprit. Lorsqu’Alice Knoch a frappé à sa porte et lui a proposé le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!” elle l’a pris immédiatement et s’est mise à le lire. Elle était bientôt tellement absorbée par sa lecture qu’elle en a complètement oublié la présence d’Alice. Lorsque cette dernière est retournée la voir, Vicenta était impatiente de lui poser des questions. “La ‘Vierge Marie’ a-​t-​elle eu d’autres fils?” “Quel est le nom du Père? J’ai toujours voulu le savoir, mais, selon notre prêtre, il ne s’appelle pas Jéhovah.” Quelques textes tirés de sa propre Bible suffirent pour répondre à ses questions. Elle était satisfaite (Mat. 13:53-56; Ps. 83:18). Une visite du surveillant de circonscription et de sa femme lui a apporté une aide personnelle supplémentaire.

Dans l’intervalle, lorsque le prêtre s’est aperçu qu’elle avait abandonné la religion catholique, il l’a excommuniée du haut de la chaire. Un jour, alors qu’elle se rendait au marché, plusieurs de ses anciennes amies l’ont encerclée. Elles s’apprêtaient à la rouer de coups pour avoir quitté sa religion, mais une personne qui assistait à la scène a courageusement appelé la police. Il était pratiquement impossible à qui que ce soit de prêcher de maison en maison dans cette ville sans être bombardé de pierres. Mais Vicenta Granda s’est exclamée: “Même si cela doit me coûter la vie, je ne cesserai jamais d’étudier la Bible!”

Plus tard, Vicenta s’est établie à Machala, où il lui a été plus facile de progresser spirituellement. Elle a été baptisée en 1961, et plus tard dans la même année, elle est devenue pionnier. Elle a continué depuis lors à servir Jéhovah à plein temps.

Par la suite, Joaquín Palas et sa femme ont été envoyés à Portovelo en tant que pionniers spéciaux. Comme ils ne faisaient pas exception, ils ont eux aussi affronté une violente opposition de la part du prêtre, lequel considérait la ville comme étant son royaume. En une certaine occasion, l’ecclésiastique a averti Joaquín que, s’il n’avait pas quitté la ville à une certaine date, il enverrait des gens pour qu’ils réduisent sa maison en cendres. Mais avant que le prêtre n’ait pu mettre sa menace à exécution, sa propre maison a pris feu!

Malgré tous les efforts qui ont été faits pour mettre un terme à l’œuvre du Royaume dans cette ville, on y a formé une congrégation au début des années 70. Aujourd’hui, nos frères ne sont plus inquiétés lorsqu’ils se réunissent, et ils peuvent poursuivre leur activité salvatrice en toute quiétude.

Tous n’embrassent pas le culte pur

Sur le versant ouest des Andes, dans un cadre d’une beauté saisissante, voici la petite ville de Pallatanga. C’est ici que Maruja Granizo est entrée pour la première fois en contact avec la vérité, il y a de cela 24 ans. C’était à l’occasion de la visite de sa sœur. Maruja a été impressionnée par ce que celle-ci lui a dit au sujet de ‘la fin du monde’. Mais elle n’a pas réagi aussi favorablement lorsque sa sœur lui a dit que Jéhovah était le nom de Dieu. Cependant, elle désirait encore accroître sa connaissance des choses spirituelles. Elle a donc interrogé le prêtre local sur la condition des morts et la résurrection. Celui-ci a éludé la question de Maruja, lui répondant d’un ton méprisant que seuls les gens qui faisaient des cauchemars parce qu’ils avaient trop mangé croyaient à la résurrection. Mais cette réponse sarcastique n’a pas refroidi pour autant l’intérêt de Maruja.

Plus tard, sa sœur est retournée la voir avec Nancy Dávila, une jeune sœur de Machala. L’attitude de Nancy était empreinte d’une bonté et d’un amour tels que cela a amené Maruja à se faire cette réflexion: “Je désire que mes enfants aient pour amis des personnes de ce genre.” Parmi les premières questions que Maruja a posées figuraient ces deux-​là: “Où sont les morts?” et: “Y a-​t-​il une résurrection?” Maruja se souvient que, lorsqu’on lui a répondu que les morts sont inconscients dans la tombe et qu’ils attendent la résurrection, elle a été tellement transportée de joie qu’elle voulait faire part à tous de cette vérité qu’elle venait de découvrir (Eccl. 9:5; Jean 5:28, 29). Elle a donc demandé à Nancy de l’accompagner pour rendre visite à ses voisins qui vivaient dans la montagne.

Mais, comme c’était le cas dans d’autres régions, le prêtre régnait en souverain sur ces villages. Ainsi, les ordres de l’ecclésiastique les avaient manifestement précédées alors qu’elles étaient en route pour aller prêcher aux habitants du village natal de Maruja, dans la montagne. Elles furent accueillies à une porte par une grande pancarte sur laquelle on avait griffonné des obscénités.

À une autre porte, un parent de Maruja leur fit cette remarque: “Le prêtre a dit qu’il fallait tuer à coups de pierre et de bâton ceux qui vont çà et là pour prêcher.” Maruja lui répondit: “Si vous nous tuez, qui va aller en prison, vous ou le prêtre?”

“Nous”, répondit l’autre.

“Mais pensez à vos enfants, répliqua Maruja pour le faire raisonner. Qui va s’en occuper si vous allez en prison? Lorsqu’il ordonne la mort de quelqu’un, le prêtre n’a pas à s’en inquiéter, puisque ce n’est pas lui qui aura à répondre de ce meurtre. Mais nous ne sommes pas des chiens et, si on nous tue, des poursuites seront engagées. Vous aurez alors à répondre de vos actes.”

Un exemple d’endurance

Après un séjour de deux mois à Pallatanga, Nancy a dû retourner à Machala. Maruja se retrouvait à nouveau seule avec ses quatre enfants et sa mère, qui prenait de l’âge. Elle ressentait toutefois le besoin urgent de fréquenter le peuple de Jéhovah. Elle s’est donc rendue à Riobamba pour y chercher les Témoins. Elle a pu assister dans cette ville à une assemblée de circonscription, lors de laquelle elle s’est fait baptiser.

Chaque fois que ses moyens le lui permettaient, elle faisait le voyage à Riobamba pour se joindre aux frères et sœurs. Cela a duré un certain temps. Plus tard, les frères de cette ville se sont mis à lui apporter leur soutien pour donner le témoignage à Pallatanga, bien que ses voisins aient menacé de maltraiter et même de tuer les Témoins.

La situation a atteint son paroxysme le jour où les frères de Riobamba ont organisé la projection d’un des films de la Société sur la place de Pallatanga. Tout se déroulait dans le calme, jusqu’au moment où il a été fait mention du nom de Jéhovah. Les gens se sont soudain mis à crier: “Maruja Granizo ferait mieux de quitter les lieux, sinon nous ne répondons pas de sa vie!” Quelqu’un a arraché le drap qui avait été suspendu en guise d’écran. Les cloches de l’église se sont mises à sonner à toute volée, et les villageois ont commencé à sortir de chez eux, armés de bâtons et de pierres. Les frères ont donc rassemblé à la hâte leur matériel et sont montés à bord de l’autocar afin de quitter la ville. Quand le car s’est ébranlé, on a compté les Témoins présents et on s’est aperçu qu’il en manquait un! Julio Santos avait-​il été capturé par la foule?

Soudain, les frères ont vu un homme haut de taille qui courait en direction du car, entraînant la foule dans son sillage. Il jetait des pierres, tout en criant: “Donnez-​leur une leçon avec vos bâtons et vos cailloux!” C’était Julio! La foule s’était, d’une manière ou d’une autre, placée entre le car et lui. Cherchant désespérément à se protéger, il avait laissé croire qu’il était un émeutier. Après avoir rattrapé l’autocar, il a sauté à bord, et les Témoins se sont éloignés en direction de Riobamba.

Maruja et les membres de sa famille étaient également montés à bord du car pour assurer leur sécurité. Mais, une fois à l’extérieur du village, ils en sont descendus et se sont mis en route pour regagner leur maison. Comment allaient-​ils y parvenir? La foule étant à leur recherche, ils ont dû se cacher plus d’une fois alors que celle-ci passait à proximité en courant. Finalement, tard dans la nuit, ils sont arrivés chez eux sains et saufs.

Qu’ont produit les 24 années d’endurance que Maruja a passées dans ce territoire isolé? Disons pour commencer que ces mêmes habitants de Pallatanga ont, 20 ans plus tard, jeté dehors le prêtre qui avait causé tant d’agitation dans le village, l’accusant d’avoir volé et de s’être livré à des pratiques sexuelles impures. Petit à petit, les gens sont devenus très réceptifs au message de la Bible. Bien qu’aujourd’hui encore il n’y ait qu’un petit groupe isolé de chrétiens à Pallatanga, Maruja elle-​même dirige actuellement 11 études bibliques. En 1987, 150 personnes ont assisté au Mémorial dans un grand restaurant dont on a pu disposer pour l’occasion. Oui, à l’exemple de l’antique province de Macédoine, ce village de montagne blotti dans un site d’une beauté saisissante prie pour que quelqu’un passe et vienne aider ce minuscule groupe de proclamateurs à faire connaître la bonne nouvelle à tous les habitants de son vaste territoire.

‘La seule religion qui détient la vérité’

Certaines personnes allaient jusqu’à rechercher les Témoins de Jéhovah. C’était le cas de Jorge Salas, qui vivait à Ibarra. Il avait lu par hasard un livre intitulé La Gran Obra (La grande œuvre), dont l’auteur était un certain Dr Berrocochea, qui vivait à cette époque-​là en Uruguay. Ce livre affirmait entre autres choses que les Témoins de Jéhovah étaient les seuls à détenir la vérité. C’est ce que Jorge recherchait. Il a donc décidé de se rendre à Quito pour y chercher les Témoins. S’il ne les trouvait pas là-bas, il irait à Guayaquil, ou même en Uruguay s’il le fallait.

C’est à 5 h 30 du matin que Jorge a entamé ses recherches à Quito. Une fois qu’il en a eu assez de marcher, il a pris un taxi. Lorsque le chauffeur de ce premier taxi est devenu las de le conduire, Jorge en a pris un autre. À midi, ce second chauffeur a commencé à avoir faim. Il voulait arrêter là, mais Jorge a insisté pour continuer.

Finalement, quelqu’un lui a indiqué l’adresse d’un Témoin et on l’a accompagné jusqu’à l’entrée de la maison des missionnaires. Arthur Bonno était de cuisine ce jour-​là. Il est venu à la porte avec son tablier et a invité Jorge à entrer. Ce dernier s’est dit en lui-​même: ‘Le cuisinier est très bien habillé, et c’est un gringo. À quoi va donc bien pouvoir ressembler le missionnaire qui va s’occuper de moi?’ Quelques instants plus tard, un missionnaire au type indien très prononcé est arrivé pour s’occuper de Jorge. C’était Pedro Tules. De nouveau, Jorge s’est interrogé: ‘Quel genre de religion cela peut-​il bien être, une religion au sein de laquelle les Indiens sont servis par des gens plus clairs de peau?’ Il n’allait pas tarder à découvrir que les Témoins de Jéhovah diffèrent de leurs contemporains dans d’autres domaines encore. À son tour, Jorge a bientôt abandonné sa vie impure et a repris pour femme celle d’avec qui il avait divorcé. Il a pu ainsi aider celle-ci et la plupart de leurs enfants à accepter les vérités bibliques.

À la différence de Jorge, certains ont souhaité dans un premier temps ne pas avoir de contacts avec les Témoins de Jéhovah.

Un commerçant polonais

John et Dora Furgala avaient émigré de Pologne. Ils tenaient à Guayaquil une quincaillerie que connaissaient bien tous les entrepreneurs, les menuisiers et les plombiers de la ville. Zola Hoffman a laissé un jour un tract à Dora et lui a de nouveau rendu visite à la fin de la même semaine. Cependant, John, le mari de Dora, n’a pas apprécié de voir sa journée de repos ainsi interrompue. Il a donc accepté tous les livres que Zola avait dans son sac de prédication; ainsi, pensait-​il, elle ne reviendrait plus les voir, puisqu’elle n’aurait plus rien d’autre à leur proposer. Toutefois, Zola a envoyé chez eux un missionnaire parlant le polonais, et une étude biblique a été commencée avec Dora.

Plus tard, lorsqu’on a invité les Furgala à assister aux réunions de la congrégation, John a répondu: “Dora n’a qu’à y aller; elle me parlera de ce qu’elle apprend là-bas.” John n’a montré aucun enthousiasme pour la Bible jusqu’au moment où il a eu une légère crise cardiaque. Le médecin lui ayant ordonné de garder le lit pendant 15 jours, il s’est mis à lire la Bible et les publications pour s’occuper l’esprit. Il a eu soudain la sensation d’ouvrir les yeux pour la première fois. Chaque jour, il appelait sa femme et lui disait: “Hé! regarde! J’ai découvert quelque chose de nouveau!” Bientôt, tous les deux se faisaient baptiser. Mais les activités commerciales de John n’allaient-​elles pas l’empêcher d’accorder véritablement la première place au service de Jéhovah?

Bien qu’il fût un commerçant très connu, cela n’a pas constitué un handicap pour John Furgala. En effet, il n’avait pas honte de la bonne nouvelle (Mat. 10:32, 33). Au milieu des rayons d’outils et de quincaillerie, il a monté dans son magasin un étalage attrayant pour y exposer les publications de la Société Watch Tower. Pendant que son vendeur était occupé à préparer une commande pour un client, John donnait le témoignage à ce dernier. À cette époque-​là, on avait l’habitude de faire une remise aux clients qui achetaient une certaine quantité de matériel de quincaillerie. Au lieu de cela, John leur proposait un abonnement gratuit à nos périodiques. Il n’était pas rare qu’il obtienne 60 abonnements ou plus en un mois.

Un homme politique embrasse la justice véritable

Qu’elles soient riches ou pauvres, qu’elles jouissent d’une position en vue dans ce système de choses ou qu’elles soient en prison, il est nécessaire de donner aux personnes de toutes conditions sociales l’occasion d’entendre la vérité contenue dans la Bible. Depuis sa jeunesse, Rafael Coello était en quête de la justice sociale. Cela l’avait amené à devenir membre du parti communiste en 1936. Pendant sept ans, il prit part à des émeutes et à des manifestations. Désabusé, il rendit sa carte du parti. Il adhéra par la suite à plusieurs autres tendances politiques et connut alors tant le prestige que la mauvaise réputation. Le président de l’Équateur le désigna un jour comme représentant du pays pour assister à une réunion spéciale dirigée par l’ONU. Pourtant, en une autre occasion, alors que le parti opposé était au pouvoir, Rafael fut jeté en prison. C’est lors de son incarcération qu’Albert Hoffman lui rendit visite et lui laissa le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”.

Sept ans plus tard, un homme d’un abord très amical a frappé à la porte de Rafael Coello, qui raconte: “Je me suis rendu compte immédiatement que j’attendais sans le savoir la venue de cet homme. Albert Hoffman cherchait à me rencontrer à nouveau.” Une étude biblique a commencé sur la base du livre “C’est ici la vie éternelle!”. Rafael n’a pas mis longtemps à trouver ce qu’il avait cherché pendant toutes ces années. Oui, il a compris que seul le Royaume de Dieu instaurera la vraie justice. Son baptême en 1959 a fait grand bruit, car, pendant plus de 20 ans, il avait été bien connu pour ses activités politiques.

Tout comme il avait lutté vigoureusement en faveur de la justice des hommes, il est devenu alors un puissant défenseur de la justice divine. Quand il songe aux années passées, frère Coello se souvient: “J’ai eu le privilège de parler de la justice de Jéhovah à d’anciens chefs d’État comme à des ouvriers de condition très modeste, bref, à des gens de tous rangs sociaux.” Puisqu’il connaissait bien le Palacio de Justicia (Palais de Justice) pour y avoir siégé comme juge à la cour d’appel, il y est retourné pour donner le témoignage à chacun des juges et des avocats, qui se comptaient par dizaines. Il a établi ainsi un nombre important de routes de distribution de périodiques parmi ses anciens collègues de travail.

Une fraternité internationale

Les frères ont planté et arrosé de nombreuses graines de vérité. Des gens de toutes sortes ont donc entendu la bonne nouvelle. Néanmoins, c’est Jéhovah qui a donné l’accroissement (1 Cor. 3:6). Comment cela? Grâce à l’action de son esprit sur son organisation visible tout entière.

À la suite de l’invitation lancée lors de l’assemblée internationale “La volonté divine” qui s’est tenue à New York en 1958, de nombreux frères se sont rendus en Équateur pour servir là où le besoin était plus grand. Lors de la visite qu’il a effectuée dans ce pays en 1959, le président de la Société s’est entretenu avec 120 Témoins étrangers qui s’étaient installés dans le pays. Grâce à leurs efforts, ceux-ci ont aidé de nombreuses personnes à acquérir la connaissance de la vérité renfermée dans la Bible. Certains d’entre eux ont contribué à l’établissement de nouvelles congrégations et à la formation des frères locaux, préparant efficacement ceux-ci à assumer des responsabilités au sein de la congrégation.

En 1967, les Témoins équatoriens ont eu une occasion supplémentaire de goûter à la sincérité de l’amour fraternel qui nous unit par delà les frontières. De quel événement voulons-​nous parler? De l’assemblée internationale “Fils de Dieu, fils de la liberté”, qui s’est tenue à Guayaquil cette année-​là. Certains des administrateurs de la Société étaient présents à cette assemblée, ainsi que 400 frères et sœurs venus de divers pays. Quelle communauté joyeuse ils formaient avec les plus de 2 700 Témoins équatoriens et les personnes au cœur bien disposé! Les frères locaux comme ceux qui étaient venus de l’étranger ont été nombreux à exprimer leur reconnaissance.

L’état d’esprit change à Cuenca

Il semblait approprié en 1967 de renouveler les tentatives précédentes visant à implanter la bonne nouvelle à Cuenca, la troisième ville la plus peuplée de l’Équateur. Comment s’y prendrait-​on? Dans un premier temps, Carlos Salazar y fut envoyé comme pionnier spécial. Peu après, quatre missionnaires récemment diplômés de Galaad arrivèrent également à Cuenca. Il s’agissait d’Ana Rodriguez et de Delia Sánchez, originaires de Porto Rico, et de Harley et Cloris Harris, qui venaient des États-Unis.

À cette époque-​là, le seul Témoin que comptait cette ville de plus de 100 000 habitants était Carlos Sánchez. Quelques années avant de connaître la vérité biblique, ce jeune homme était resté hémiplégique à la suite d’un accident de voiture. Chaque jour où se tenait une réunion, les missionnaires le portaient jusqu’en bas des escaliers de son appartement, l’installaient ensuite à l’arrière d’un scooter puis le portaient jusqu’à l’étage où se trouvait la Salle du Royaume. Son visage souriant et son optimisme ont procuré un réel encouragement à ce petit groupe de chrétiens.

Souvenons-​nous que Cuenca avait la réputation d’être le bastion du catholicisme en Équateur. L’une des premières choses qui ont retenu l’attention des missionnaires, c’est le nombre impressionnant d’églises que compte la ville. Il semblait y en avoir une tous les quatre ou cinq pâtés de maisons, et, les dominant toutes, une cathédrale colossale se dressait sur la place principale. Chaque jour, les missionnaires étaient réveillés bien avant l’aurore par les cloches qui appelaient les fidèles pour les matines. Pendant ce que l’on appelait la “Semaine sainte”, on sortait des différentes églises les images pieuses, que l’on promenait ensuite dans toutes les rues de Cuenca. Cette procession réclamait une journée entière.

C’est donc avec une grande prudence que le petit groupe de Témoins a commencé à prêcher de maison en maison. Ils se rappelaient, pour en avoir entendu des récits, que, par le passé, lorsque les Témoins avaient essayé de prêcher dans certains quartiers de la ville, des bandes d’émeutiers les avaient accueillis à coups de pierre. Toutefois, à la grande surprise des missionnaires, rien de tel ne se produisit cette fois-​ci. Au contraire, dès leur première visite, les gens les invitaient chaleureusement à entrer chez eux et acceptaient de nombreuses publications. Ils étaient spirituellement affamés.

Au sujet de l’un des prêtres les plus appréciés de Cuenca, Harley Harris raconte: “Nous entendions constamment parler d’un prêtre originaire d’Espagne, qui répondait au nom de Juan Fernández. Il considérait qu’une messe restait une messe, et refusait par conséquent de demander un prix différent suivant le genre de service religieux qu’il présidait. Cela lui valait la désapprobation de l’évêque de Cuenca, car les rentrées d’argent qu’effectuait Juan Fernández ne le satisfaisaient pas. S’ajoutait à cela une seconde pomme de discorde: le prêtre avait éliminé de son église la plupart des images pieuses. Les catholiques libéraux avaient applaudi à cette initiative. Par contre, les éléments plus conservateurs en avaient été scandalisés.

“Un jour, une dame nous a raconté comment sa voisine, qui avait refusé de nous écouter, était ensuite allée le rapporter au prêtre Fernández. À la grande surprise de cette femme et des autres assistants, il a réprouvé son attitude du haut de la chaire et a déclaré à tous ceux qui étaient présents qu’ils devaient écouter toute personne se présentant à leur porte pour leur parler de la Bible, puisque ce livre renferme la vérité.

“J’ai décidé de rencontrer ce prêtre, et après quelques recherches, j’ai réussi à obtenir son adresse personnelle. Je l’ai invité à passer chez nous et j’ai été très heureux de le recevoir pendant deux heures. Fait surprenant, il avait une assez bonne connaissance de certaines doctrines bibliques élémentaires. Lorsque je lui ai demandé son avis sur la position que devrait adopter un chrétien en cas de conflit entre deux nations, il a répondu sans hésiter: ‘Un chrétien ne peut adopter qu’une position, celle de la neutralité. On ne peut en effet à la fois tuer et obéir au commandement de Jésus d’aimer son prochain.’ La conversation s’est terminée dans une ambiance amicale et chaleureuse, et le prêtre a désiré se procurer un certain nombre de nos publications.”

Cependant, en raison du différend qui l’opposait à l’évêque, Juan Fernández a été relevé de ses fonctions de prêtre et renvoyé en Espagne la même semaine. Ses commentaires avaient fait tomber en partie les chaînes spirituelles qui entravaient l’esprit de nombreux citadins. Ceux-ci ont dès lors prêté une oreille attentive au message tiré des Écritures.

Pourtant, quelque chose semblait encore empêcher les gens de prendre fermement position pour le culte pur. Ils étaient nombreux à étudier la Bible et à assister aux réunions. En revanche, lorsque venait pour eux le moment de prendre part à la prédication, presque aucun n’en avait le courage. Nous en avons conclu que ce qui arrêtait les gens, c’était la crainte du qu’en-dira-t-on. Qu’est-​ce qui allait les aider à surmonter cet obstacle?

“Maman, je ne peux pas mourir maintenant”

Bob et Joan Isensee, qui avaient été missionnaires par le passé, ont choisi de s’établir à Cuenca pour y élever leur famille. Un jour, Mimi, leur fillette de dix ans, qui était en train de jouer dans la cour de l’école, a été prise sous les roues d’un camion-benne chargé. On l’a transportée à la clinique de toute urgence, et des efforts désespérés ont été faits pour la sauver. Sa mère, angoissée, est alors arrivée. Mimi, qui n’avait pas perdu connaissance, lui a dit d’une voix faible: “Maman, je ne peux pas mourir maintenant. Je n’ai même pas dirigé une seule étude biblique!” D’elle-​même, Mimi a dit aux infirmières qu’elle ne voulait pas être soignée avec du sang. Jusque-​là, la clinique n’avait jamais eu de Témoins de Jéhovah comme patients. Ce premier cas allait s’avérer inoubliable.

Le médecin est arrivé et a déclaré qu’une opération était nécessaire pour juger de la gravité des lésions internes. Le père de Mimi a alors expliqué qu’il était entièrement d’accord avec cette décision, à une condition toutefois: “Pas de sang, s’il vous plaît, parce que la Bible en interdit l’usage sous quelque forme que ce soit!” (Actes 15:28, 29). Ces paroles ont produit un choc chez le médecin. Jamais, lors d’une opération d’une telle gravité, on ne lui avait demandé de ne pas utiliser de sang. Frère Isensee a alors expliqué que c’était sa responsabilité de père qui était engagée, non celle du chirurgien, ajoutant qu’il assumerait pleinement la responsabilité des conséquences de son choix. Il demandait seulement au médecin de faire tout son possible pour sauver son enfant sans violer la loi divine sur le sang.

Avec humilité, le médecin a répondu: “Moi aussi, j’ai mes convictions religieuses, et je désire que les autres les respectent. Je respecterai donc les vôtres. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver votre fillette.”

Juste avant qu’elle ne soit introduite dans la salle d’opération, Mimi a dit à son père: “Ne t’inquiète pas, papa, j’ai déjà fait ma prière à Jéhovah.”

Plus de cinq longues heures ont passé. Dans l’intervalle, de nombreuses personnes qui connaissaient cette famille ou avaient entendu parler de l’accident s’étaient rendues à la clinique. Elles attendaient les résultats de l’opération. Pendant ce temps, les parents de Mimi expliquaient aux gens ainsi rassemblés que, même si leur fillette venait à mourir, ils avaient l’assurance de la revoir lors de la résurrection. Quel effet ces paroles ont-​elles produit sur leurs interlocuteurs?

On a pu entendre des remarques comme celles-ci: “Je suis père, moi aussi, et je sais ce que signifie la perte d’un enfant. Mais vous affrontez la situation avec davantage de sang-froid que je n’en aurais moi-​même.” Quelqu’un a dit: “Si j’avais la foi qu’ont ces gens, je serais le plus heureux des hommes.” Une proche voisine, dont le mari était mort quelque temps auparavant, est venue les consoler, mais, en définitive, c’est elle qui s’en est retournée réconfortée. Elle déclara: “Depuis la mort de mon mari, voilà maintenant deux ans, je suis dépressive. Mais votre foi en Dieu et l’espérance que vous entretenez m’ont permis de trouver le bonheur pour la première fois.”

Et Mimi? L’opération, qui avait duré de longues heures, s’est enfin terminée. Bob et Joan, anxieux, se sont approchés du médecin pour entendre son rapport. Les organes internes avaient été gravement touchés. L’aorte thoracique avait été sectionnée, et Mimi avait perdu plus de la moitié de son sang. Quant au foie, il avait été lacéré à plusieurs endroits. Sous la pression énorme des roues, l’estomac était entré en force dans le diaphragme. Le cœur avait failli être écrasé, mais le camion s’était arrêté juste à temps.

Le médecin a déclaré à frère et sœur Isensee qu’il avait apprécié leur calme, car leur attitude lui avait permis d’entreprendre l’opération avec un esprit beaucoup plus serein. Mimi s’est rétablie très rapidement, à la grande joie de tous. La ville entière de Cuenca ayant appris les développements et l’issue de cette affaire, un témoignage extraordinaire en est résulté. La radio locale a parlé de la foi remarquable et de la sérénité manifestées par la famille Isensee. Un médecin réputé a dit à Bob: “Sachez que ce cas est considéré dans le milieu médical comme un vrai miracle.”

Un champion cycliste s’engage dans une course différente

Mario Polo, qui avait toujours habité à Cuenca, était un coureur cycliste renommé. En effet, il avait remporté plusieurs années d’affilée le titre de champion d’Équateur et s’était retiré invaincu de la compétition. Cuenca tirait à juste titre une certaine fierté de son héros.

Quand sa femme, Norma, a commencé à étudier la Bible avec les Témoins, Mario a décidé d’assister une fois à la discussion. Peut-être obtiendrait-​il la réponse à certaines des questions que lui-​même se posait. “Qui est la prostituée dont il est question dans le livre de la Révélation?” (Rév. 17:3-5). Voilà ce qu’il désirait savoir en premier. Le missionnaire lui a répondu qu’habituellement on commençait par examiner des enseignements bibliques moins complexes. Mais, puisque Mario avait soulevé la question, le Témoin lui a expliqué que la Bible dépeint sous les traits d’une femme immorale l’ensemble des religions qui ne se tiennent pas séparées du monde. — Jacq. 4:4; Rév. 18:2, 9, 10.

À partir de ce moment-​là, Mario a manifesté un vif intérêt pour l’étude de la Bible. Il ne travaillait pas à Cuenca même, mais à quelque distance de là. Il faisait toutefois de grands efforts pour être présent au moment où se tenait l’étude. Un soir, cependant, il s’est rendu à la maison de missionnaires. L’inquiétude se lisait sur son visage. Les évangélistes lui avaient remis des écrits qui portaient de graves accusations contre les Témoins de Jéhovah. Le missionnaire a répondu à Mario que, si ces accusations le tracassaient, le mieux, pour y répondre, serait de demander à un évangéliste de venir. On verrait alors si celui-ci serait capable de soutenir ces assertions. Mario a trouvé la proposition tout à fait équitable. Ils se sont donc rendus tous les deux chez le pasteur protestant qui diffusait les écrits en question.

Mario a demandé au pasteur de venir chez lui. Il aurait à défendre ce qu’il avait avancé contre les Témoins de Jéhovah. Il était obligé d’accepter l’invitation, car en la refusant il aurait reconnu implicitement que ces accusations étaient mensongères.

Lorsque le pasteur est arrivé, accompagné d’un autre prédicateur de la même Église, dix personnes l’attendaient, parmi lesquelles figuraient les amis de Mario et les membres de sa parenté. La doctrine de la Trinité a été choisie comme sujet de discussion. Chaque fois qu’un texte biblique était cité pour appuyer cette doctrine, Mario, sa femme ou l’un de leurs amis montraient au pasteur la raison pour laquelle on ne pouvait faire une telle application de ce texte. Tant et si bien que le missionnaire n’a pas eu besoin de dire grand-chose.

Au bout d’une demi-heure environ, le pasteur a regardé sa montre et a dit qu’il avait un autre rendez-vous à honorer. L’un de ceux qui étaient présents a alors protesté: “Mais Monsieur, vous n’avez absolument rien prouvé jusqu’à maintenant. Ne nous dites pas que vous allez nous laisser à la merci de ces loups, comme vous les appelez!” Le pasteur a déclaré qu’il leur fixerait un prochain rendez-vous. Toutefois, quant à avancer une date précise, il s’y est refusé. Sur ce, il est parti.

Le pasteur est bien revenu. Il a dit ce jour-​là à Norma Polo qu’il leur rendrait à nouveau visite... lorsque les Témoins de Jéhovah ne seraient pas là. Mario a estimé que cela était injuste. Il est donc retourné chez le pasteur et lui a signifié qu’il serait le bienvenu chez lui dans la mesure seulement où les Témoins seraient présents pour défendre leur position. Maintenant, Mario discernait tout à fait clairement quels étaient ceux qui détenaient la vérité et avaient le courage de la défendre.

À partir de ce moment-​là, les progrès de Mario ont été réguliers. Il prenait bientôt part à l’œuvre de prédication dans son propre quartier. Plus tard, sa femme et sa fille se sont jointes à lui.

Certaines personnes originaires de Cuenca ont commencé à s’identifier aux Témoins de Jéhovah. Leur prise de position a produit un effet spectaculaire sur les autres habitants de cette ville. Par centaines, des gens de toutes conditions sociales ont maintenant embrassé le culte pur. Ils sont médecins, avocats, joailliers, ou vivent de la terre. Alors que, vingt ans en arrière, il n’y avait aucune congrégation à Cuenca, on en compte actuellement onze. Vestiges d’une époque désormais révolue, les processions religieuses, qui duraient une journée entière à l’occasion de la “Semaine sainte”, ne constituent plus qu’un modeste défilé que quelques minutes suffisent à voir passer. À l’inverse, le nom de Jéhovah est maintenant connu d’un bout à l’autre de la province.

L’encouragement: un besoin

Pendant la fin des années 60 et le début des années 70, l’œuvre du Royaume en Équateur a connu une période paisible d’accroissement. L’influence des autres religions a décru au même titre que leur pouvoir de soulever les masses. Les proclamateurs se dépensaient avec zèle pour répandre la bonne nouvelle dans tous les recoins du pays.

En 1963, on comptait 1 000 proclamateurs actifs dans l’œuvre de prédication. Cinq ans plus tard, leur nombre s’élevait à 2 000, et en 1971 on en totalisait 3 000. En 1973, ils étaient 4 000, et 5 000 l’année suivante. Finalement, en octobre 1975, un maximum de 5 995 proclamateurs a été atteint.

Puis, pour la première fois, un déclin s’est amorcé. En 1979, le nombre total des proclamateurs de la bonne nouvelle est retombé juste au-dessus de la barre des 5 000. Que se passait-​il? Selon toute vraisemblance, certains d’entre les nouveaux proclamateurs s’étaient enthousiasmés pour une date au lieu d’édifier leur foi sur une reconnaissance sincère envers Jéhovah et ses voies. Toujours est-​il qu’en 1980 un léger accroissement a de nouveau été enregistré, de même que l’année suivante. Mais les progrès étaient lents.

Qu’est-​ce qui freinait donc l’expansion? Les autres pays ne rapportaient-​ils pas l’un après l’autre un bel accroissement dans leurs territoires respectifs? On n’entendait pas parler ici d’apostasie. Apparemment, aucune pratique impure n’empêchait Jéhovah de déverser son esprit. Le problème a été soigneusement examiné dans la prière. Les perspectives d’accroissement étaient excellentes, si l’on en juge par les 26 576 assistants au Mémorial en 1981. Ce chiffre constituait une moyenne de cinq personnes bien disposées par proclamateur.

On en a donc conclu que les frères avaient en réalité besoin d’être encouragés. Il était nécessaire de rappeler aux anciens et aux serviteurs ministériels qu’ils avaient la responsabilité de donner l’exemple dans l’activité de prédication. Quant à ceux qui étaient devenus inactifs, il fallait qu’ils bénéficient d’une étude biblique; leur attachement aux choses spirituelles s’en trouverait ainsi ravivé.

Après avoir compilé le rapport de l’année de service 1981, le Comité de la filiale a donc pris des dispositions pour inviter tous les anciens et serviteurs ministériels à de courtes réunions dans plusieurs villes-clés du pays. Les frères ont été enchantés du programme, aussi chacun est-​il reparti avec un zèle renouvelé pour l’activité théocratique. À la fin de l’année de service 1982, on rapportait un accroissement de 14 % dans le nombre des proclamateurs et de 19 % dans celui des études bibliques à domicile. Quant au nombre d’assistants au Mémorial, il s’éleva à 34 024, ce qui constituait un accroissement de 28 %! Les champs étaient assurément blancs pour la moisson.

Des pluies torrentielles

Un autre obstacle se présentait maintenant. Pendant dix mois d’affilée, d’octobre 1982 à juillet 1983, de fortes pluies se sont abattues sur le pays, causant des inondations. On ne se rappelait pas avoir connu de telles perturbations climatiques au cours des 100 années précédentes. À Guayaquil et dans la région alentour, il est tombé plus de 2,5 mètres d’eau en quelques mois. Des ponts ont été emportés, coupant du même coup l’accès à certaines villes. Les communications sont devenues extrêmement difficiles. Les habitations de nos frères ont été endommagées ainsi que certaines Salles du Royaume.

Les frères étaient néanmoins déterminés à continuer de tenir les réunions. Pour s’y rendre, certains chrétiens de Babahoyo devaient avancer péniblement dans l’eau, qui leur arrivait à la ceinture. Plus au sud, à Milagro, l’eau atteignait presque le niveau du genou dans la Salle du Royaume elle-​même. Mais les frères ont tout simplement retroussé le bas de leurs pantalons et ont pu ainsi tirer profit des réunions malgré l’inondation.

Des efforts importants ont été faits pour rester en communication avec nos frères, y compris avec ceux qui vivaient dans des régions isolées. Lorsqu’on a appris que certains manquaient de nourriture et autres nécessités, le bureau de la filiale en a informé les congrégations. Les frères locaux ont alors répondu avec générosité à ces appels. À travers le pays, les Témoins ont pourvu avec bonté aux besoins de nos frères en argent, en nourriture, en vêtements et en médicaments. C’est au cours de cette période de pluies incessantes que le bureau de la filiale a organisé une deuxième réunion avec les anciens et les serviteurs ministériels. Des faits encourageants leur ont été rapportés, et les frères ont reçu des suggestions sur la façon de poursuivre l’activité de prédication en dépit des conditions climatiques déplorables. Les paroles de Paul à Timothée semblaient tout à fait appropriées: “Prêche la parole, fais-​le avec insistance en période favorable et en période difficile.” — 2 Tim. 4:2.

Qu’en est-​il résulté? Les rapports de la plupart des congrégations touchées par les conditions climatiques adverses indiquaient un accroissement remarquable. Malgré les pluies, nos frères ont atteint à la fin de l’année de service 1983 un nouveau maximum de 7 504 proclamateurs, ce qui représentait un accroissement de 17 % par rapport au chiffre de l’année précédente. Dans le même temps, le nombre des études bibliques avait fait un bond en avant, augmentant de 28 %! Plus le territoire était parcouru, plus il était productif.

Des locaux plus vastes pour la filiale sont nécessaires

Comparativement à de nombreux autres pays, l’œuvre du Royaume est relativement récente en Équateur. Voilà à peine plus de 40 ans que l’on a commencé à y prêcher d’une façon soutenue. Tout comme il faut renouveler les vêtements d’un enfant au fur et à mesure qu’il grandit, de même l’expansion de l’œuvre du Royaume ici, en Équateur, a rendu nécessaire l’acquisition d’installations plus vastes pour la filiale.

C’est une maison de missionnaires qui abritait au départ les locaux de la filiale. En 1957, on en construisit de nouveaux à Guayaquil, lesquels allaient plus tard être agrandis. Lors de la visite qu’il effectua en Équateur en 1977, frère Grant Suiter suggéra aux frères de chercher à l’extérieur de Guayaquil un terrain plus vaste. Un jour, un frère est venu au bureau de la filiale et nous a demandé si nous étions intéressés par un terrain dont il désirait faire don à la Société. Il était juste situé à l’extérieur de Guayaquil. Comme nous étions joyeux d’accepter son offre!

Un autre besoin urgent se faisait sentir dans le même temps: celui d’avoir un lieu où nous pourrions chaque année tenir une des assemblées de district, même si cela devait se faire en plein air. On a donc défriché ce terrain et on y a tenu la première assemblée. Le coteau formait un amphithéâtre naturel, et les frères ont étendu des couvertures sur le sol pour s’asseoir. Pendant un certain nombre d’années, c’est là que se sont tenues les assemblées de circonscription et de district de la région côtière.

Finalement, à la fin de l’année 1984, on a commencé à construire sur ce terrain une belle Salle d’assemblées de 3 000 places. On disposait pour cela de plus de 40 hectares. Toutefois, pour répondre aux besoins de l’œuvre du Royaume, il fallait faire plus que bâtir une Salle d’assemblées. C’est ainsi qu’au début de l’année 1985 a commencé, avec l’accord du Collège central, la construction d’un nouveau bâtiment pour la filiale dans une autre partie du même terrain. Les frères ont alors connu une époque passionnante: ils voyaient en effet la bénédiction de Jéhovah reposer sur les efforts qu’ils faisaient pour mener tous ces travaux à bonne fin. La construction du nouveau Béthel a débuté juste avant que la Société ne mette sur pied le programme international de construction, mais c’est toutefois sous la direction de celui-ci que le bâtiment a été achevé. Les frères ont été enchantés de recevoir une aide internationale sous la forme de volontaires, tous des professionnels du bâtiment, venus de 14 pays différents. Nous sommes profondément reconnaissants à tous ceux qui ont apporté ainsi leur aide, car celle-ci s’est avérée une grande bénédiction.

Changements à la filiale

En 1949, Albert Hoffman est devenu le premier surveillant de la filiale équatorienne. Il a grandement contribué à l’organisation de l’œuvre alors que celle-ci n’en était ici qu’à ses débuts. Puis, en 1950, John McClenahan l’a remplacé dans cette fonction de surveillance. Il avait, lui aussi, été formé à l’École de Galaad. Enfin, en 1970, certaines modifications ont dû être apportées à l’administration de la filiale. Un autre missionnaire diplômé de Galaad, Harley Harris, a été désigné pour servir comme surveillant de la filiale, et il y travaille toujours. Les activités de la filiale sont à présent dirigées par un comité composé de cinq frères: Francisco Angus, Arthur Bonno, Harley Harris, Vern McDaniel et Laureano Sánchez.

Des sacrifices par milliers

L’histoire de l’œuvre du Royaume en Équateur contient dans ses pages les centaines de milliers de sacrifices qu’ont faits nos frères — sacrifices parfois si modestes qu’ils passent inaperçus à nos yeux. Mais Jéhovah, lui, les voit. L’assurance rapportée en Hébreux 6:10 s’applique à tous ces chrétiens fidèles: “Dieu n’est pas injuste pour oublier votre œuvre et l’amour que vous avez montré à l’égard de son nom.”

Ceux qui sont venus de l’étranger pour servir ici se souviendront longtemps du sentiment de frustration qu’ils éprouvaient lorsqu’ils tentaient de s’exprimer dans une langue qu’ils commençaient tout juste à apprendre. Quand les gens leur parlaient, ces Témoins avaient l’impression d’essuyer une rafale de mitraillette, tant à cause du flot de paroles qui sortait de la bouche de leurs interlocuteurs que de la vitesse à laquelle ceux-ci prononçaient les mots. Un missionnaire a déclaré: “J’avais l’impression d’être comme un petit enfant lorsqu’il apprend à parler.”

Et que dire des moments où, alors qu’ils pensaient commencer à maîtriser la langue, ils se trompaient dans ce qu’ils disaient? Citons l’exemple d’un frère qui se rendit dans une quincaillerie. Après avoir consulté son dictionnaire anglais-​espagnol, il demanda ceci: “Quiero una libra de uñas [Je voudrais une livre d’ongles].” Ce qu’il voulait, c’était des clous! Une autre fois, une sœur était debout dans un autobus quand le chauffeur a démarré brutalement. Elle a été projetée sur les genoux d’un homme qui était assis derrière elle. Pensant s’excuser, elle lui a dit alors: “Con su permiso [Avec votre permission].” Les passagers ont ri de bon cœur lorsqu’il lui a répondu sur un ton très naturel: “Mais faites donc, Madame.”

Sœur Zola Hoffman est restée fidèle à son affectation en Équateur jusqu’au terme de sa course terrestre. On se souvient bien d’elle pour sa hardiesse dans l’œuvre de témoignage. Craignait-​elle de parler à tous de la bonne nouvelle? Certainement pas! Le quartier d’affaires de Guayaquil était son territoire favori. Là, tout le monde la connaissait, ou presque, que ce soit les directeurs, les avocats, les juges et bien d’autres encore. Un grand nombre de ceux à qui elle avait prêché à Guayaquil ont assisté à son enterrement. La Salle du Royaume était pleine à craquer et la foule s’amassait à l’extérieur, jusque de l’autre côté de la rue. Certaines des 94 personnes que sœur Hoffman avait aidées personnellement à vouer leur vie à Jéhovah étaient présentes.

La voix autrefois puissante de frère Albert Hoffman n’est plus qu’un murmure sourd. Que s’est-​il passé? Un soir, après une réunion, il rentrait chez lui en voiture et s’est arrêté à un feu rouge. C’est alors qu’un inconnu s’est approché et lui a appliqué le canon d’un pistolet sur le cou. L’homme a réclamé quelque chose, probablement de l’argent. Étant dur d’oreille, Albert n’a pas répondu immédiatement. Pris de colère, l’homme a appuyé sur la détente. La balle a traversé le cou d’Albert et s’est logée dans son épaule droite, sectionnant au passage les cordes vocales. Ce handicap n’empêche pas Albert de continuer à louer Jéhovah avec sa voix, même si elle n’est plus aujourd’hui qu’un murmure sourd. Voilà maintenant presque 60 ans que frère Hoffman sert Jéhovah à plein temps.

Herman Gau a lui aussi la réputation d’être un chrétien déterminé. Sa femme et lui ont quitté l’Allemagne pour servir là où il y avait davantage de besoin. Herman aime mener les choses à terme, et vite, quelles que soient les difficultés qui peuvent surgir. La petite congrégation de Puyo, une ville située dans la jungle, avait besoin d’une Salle du Royaume. Frère Gau s’est donc dit: “Allons dans la jungle et abattons quelques arbres pour la charpente.” Il en a aperçu un qui lui semblait beau et bien droit. Mais le frère équatorien qui l’accompagnait l’a averti en ces termes: “Si j’étais à ta place, je ne le couperais pas. Il y a des fourmis à l’intérieur.”

“Ce ne sont pas des fourmis qui vont m’empêcher d’abattre ce bel arbre pour construire une Salle du Royaume”, lui a répondu Herman. Ils ont donc commencé à couper le tronc avec leur machette. Lorsque cet arbre en partie creux s’est abattu sur le sol, des milliers de fourmis en colère ont assailli de toutes parts leurs agresseurs. En désespoir de cause, les deux frères se sont rués vers la rivière et ont sauté dans l’eau tout habillés. Depuis ce jour-​là, Herman écoute toujours les gens du pays quand ils lui parlent des arbres. “N’empêche que nous l’avons bel et bien construite, cette Salle du Royaume!”, ajoute-​t-​il avec un rire franc.

Les jeunes embrassent le culte pur

Élever des enfants dans le culte pur est autrement plus difficile que de bâtir des Salles du Royaume. Jorge et Orffa Santos ont passé près de 30 ans dans le service à plein temps. Au cours de toutes ces années, ils ont aussi élevé cinq enfants, qui sont tous engagés à présent dans le service de pionnier. Ceux-ci n’ont fait que suivre le bel exemple que leur ont laissé leurs parents. Voilà un cas parmi tant d’autres qui démontre l’importance pour les parents de fournir un excellent exemple à leurs enfants lorsqu’ils les élèvent selon la voie dans laquelle ils doivent marcher. — Prov. 22:6.

Carlos Salazar, pour sa part, n’a pas bénéficié d’une telle éducation spirituelle. Bien au contraire, lorsqu’il a choisi de servir Jéhovah, sa mère l’a chassé du foyer. Quant à ses frères et sœurs charnels, ils se sont détournés de lui. En revanche, au cours des 34 années qu’il a passées dans le ministère à plein temps, Carlos a retrouvé plus de 12 000 frères et sœurs spirituels dans son pays natal, sans compter les plus de 3 000 000 d’autres qui constituent une famille internationale. Il en est venu à éprouver une grande reconnaissance pour l’attention pleine d’amour que Jéhovah accorde à ceux qui sont devenus “orphelins” à cause de la bonne nouvelle.

Jim et Frances Woodburn se sont dépensés avec beaucoup de zèle pour semer partout les graines de vérité. Ce couple de missionnaires a visité de nombreux établissements d’enseignement secondaire pour y présenter le livre Votre jeunesse — Comment en tirer le meilleur parti. Ce livre a comblé un besoin urgent dans les écoles. En effet, il a aidé les jeunes gens à mieux connaître les principes moraux, à manifester du respect envers les enseignants et à prendre conscience des dangers de la drogue. Frère et sœur Woodburn ont également présenté dans les écoles le livre La vie: comment est-​elle apparue? Évolution ou création? Ils en ont souligné le caractère unique, à savoir que ce manuel est le seul à exposer les deux thèses en présence. Les enseignants et les autorités scolaires ont autorisé frère et sœur Woodburn à aller jusque dans les salles de classe pour y présenter le livre aux élèves. Même les établissements scolaires dirigés par des prêtres et des religieuses se sont déclarés intéressés par cette publication. Un prêtre a rassemblé tous les élèves dans une salle et leur a dit: “C’est exactement le livre qu’il vous faut. Je conseille vivement à chacun d’entre vous d’en acquérir un exemplaire.” Les Woodburn ont ainsi visité plus de 65 écoles, et dans aucune d’entre elles on ne leur a refusé l’autorisation de proposer aux élèves ces livres qui renferment une connaissance vitale! Ces deux missionnaires laissaient parfois plus d’un millier d’ouvrages en un seul mois.

Les perspectives d’avenir

Quand on descend aujourd’hui les rues de Quito, de Cuenca, de Riobamba ou de San Antonio, on a du mal à imaginer qu’il y a encore peu de temps de cela, la liberté de prêcher la bonne nouvelle y a été âprement défendue. Les foules en colère ont fait place à une population paisible qui écoute avec un profond respect le message tiré des Écritures. On trouve partout des Salles du Royaume, lesquelles permettent aux 188 congrégations de s’assembler pour se nourrir de la Parole de Dieu. Ces lieux de culte constituent autant de monuments qui célèbrent la victoire de Jéhovah.

Cette année encore, le nombre des proclamateurs a fait un bond en avant, atteignant un chiffre maximum de 13 352. Quant aux études bibliques, leur nombre est presque le double de celui des proclamateurs, et 66 519 personnes ont assisté au Mémorial commémorant la mort du Christ. Tout cela indique qu’un grand travail reste à faire pour aider les Équatoriens à embrasser à leur tour le culte pur.

Alors que les frères et sœurs subissaient le feu de la persécution, des Équatoriens au cœur honnête se sont portés à leur secours et leur ont donné “une coupe d’eau froide”. Quel rafraîchissement pour ces Témoins! Comme Jésus l’a dit, ces personnes ne perdent assurément pas leur récompense (Mat. 10:42). Des milliers d’hommes et de femmes vivant ici, le long de l’équateur — qu’ils habitent dans les plaines tropicales couvertes de forêts ou dans les régions montagneuses aux sommets enneigés —, ont déjà reçu une récompense: celle de s’abreuver aux eaux rafraîchissantes de la vérité. Notre désir le plus sincère est que des milliers d’autres viennent s’y abreuver avant que le présent système de choses n’arrive à sa fin.

[Encadré/Carte, page 201]

Caractéristiques générales de l’Équateur

Capitale: Quito

Langue officielle: espagnol

Religion principale: catholicisme

Population: 10 054 000

Proclamateurs: 13 352

Pionniers: 1 978

Congrégations: 188

Assistance au Mémorial: 66 519

Filiale: Guayaquil

[Carte]

(Voir la publication)

OCÉAN PACIFIQUE

COLOMBIE

ÉQUATEUR

Ibarra

Atuntaqui

San Antonio

ÉQUATEUR

Quito

Manta

Ambato

Riobamba

Babahoyo

Guayaquil

Milagro

La Libertad

Andes

Cuenca

Machala

PÉROU

[Illustration pleine page, page 199]

[Illustration, page 202]

Thomas et Mary Klingensmith, à gauche, ainsi que Willmetta et Walter Pemberton furent les premiers missionnaires de l’École de Galaad en Équateur, en 1946.

[Illustration, page 207]

Pedro Tules, le premier Équatorien diplômé de l’École de Galaad.

[Illustration, page 209]

Nathan Knorr, à gauche, le troisième président de la Société Watch Tower, debout avec Milton Henschel, également du siège mondial, lors de leur visite en Équateur en mars 1949. Albert Hoffman, à droite, fut le premier surveillant de la filiale d’Équateur. Il survécut plus tard à une fusillade.

[Illustration, page 210]

César Santos abandonna le culte des idoles pour devenir Témoin.

[Illustration, page 215]

Carl Dochow, missionnaire diplômé de Galaad, rencontra de l’opposition à Cuenca.

[Illustration, page 218]

Carlos Salazar, le second Équatorien à avoir reçu la formation de l’École de Galaad.

[Illustration, page 220]

En 1958, Unn Raunholm a été envoyée comme missionnaire en Équateur.

[Illustration, page 223]

Ray et Alice Knoch. Ces missionnaires ont reçu comme affectation les villages de la côte Pacifique.

[Illustration, page 227]

Maruja Granizo (à gauche) avec ses petits-enfants et sa belle-fille.

[Illustration, page 230]

John Furgala (à gauche) devant sa quincaillerie.

[Illustration, page 233]

Rafael Coello, autrefois juge à la cour d’appel, donne le témoignage à ses anciens collègues au Palais de Justice de Guayaquil.

[Illustration, page 238]

Bob et Joan Isensee, anciens missionnaires, et leurs enfants. Ils ont été confrontés à la question du sang.

[Illustrations, page 241]

Mario Polo, après avoir remporté l’épreuve nationale de cyclisme. Mario et sa femme, Norma, défendent maintenant la vérité biblique.

[Illustrations, page 245]

Le nouveau Béthel d’Équateur et le hall d’entrée.

[Illustration, page 246]

Les nouvelles installations à ciel ouvert de la Salle d’assemblées et le nouveau bâtiment de la filiale, à l’arrière-plan.