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Colombie

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L’or de Colombie: S’agit-​il du précieux métal jaune ou de l’infâme poudre blanche appelée cocaïne? Ni l’un ni l’autre. L’or véritable de ce pays latino-américain se trouve chez ses habitants: les milliers de personnes qui se font un beau nom auprès de Dieu.

À QUOI vous fait penser la Colombie? Pour beaucoup, elle évoque l’excellent café, les émeraudes chatoyantes, les chrysanthèmes multicolores et les belles orchidées qui font, entre autres choses, la renommée du pays. En revanche, à peine a-​t-​on prononcé le mot Colombie, que certains évoquent le trafic de la cocaïne dans toute sa noirceur et la sinistre guerre de la drogue. Quel dommage! La drogue et le meurtre ne reflètent pas, et de loin, l’image réelle de la Colombie et de la grande majorité de ses habitants.

Mais voyez plutôt par vous-​même à quoi ressemble ce pays. Vous serez peut-être surpris, et sans doute content, d’apprendre qu’il n’est pas aussi primitif et dangereux que vous vous l’imaginiez. Et nous sommes certains que vous comprendrez pourquoi les Témoins de Jéhovah de Colombie sont si heureux de proclamer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans ce pays traditionnellement catholique.

La couronne espagnole et la croix catholique

Un coup d’œil sur une carte vous rappellera la géographie du pays. Comme vous le voyez, l’isthme de Panama s’étire au nord-ouest de l’Amérique du Sud, ce qui fait que l’Atlantique et le Pacifique baignent les côtes de la Colombie, appelée ainsi d’après l’explorateur européen qui découvrit le Nouveau Monde.

À la suite des expéditions célèbres de Christophe Colomb, toute la région de la mer des Antilles ne tarda pas à être l’objet de voyages d’exploration et de conquête. L’Espagne concentrait toutes ses forces sur un seul objectif: s’emparer des grandes richesses du Nouveau Monde, son or et son argent, et tenter, dans la foulée, de conquérir la domination du monde. Bien peu nieront que le XVIsiècle fut celui de l’Espagne.

Mais ce siècle fut également marqué par la Réforme protestante, quand les pays de l’Europe du Nord s’affranchirent de la domination de l’Église catholique et du Saint Empire romain. La traduction et la publication de la Bible ne tardèrent pas à prospérer, et les Saintes Écritures devinrent le livre de chevet. Mais il n’en allait pas de même dans les colonies espagnoles d’Amérique. Là, quand les conquistadores débarquaient pour prendre possession des terres au nom de la couronne, ils plantaient du même coup la croix catholique romaine, laissant ainsi un symbole d’un monopole religieux qui allait durer pendant les 400 ans à venir.

Ainsi, pour comprendre la Colombie et ses habitants, il faut connaître une partie de son histoire. Et pour comprendre les Témoins de Jéhovah de Colombie, il faut également savoir comment l’histoire profane est étroitement liée à leur histoire théocratique.

Principaux points d’intérêt

La majorité de la population colombienne occupe le tiers occidental du pays, les riches vallées et les pentes fertiles des trois chaînes andines qui s’étirent en éventail vers le nord depuis la frontière équatorienne. Nous porterons notre intérêt sur six de ses villes: la capitale, Bogotá, située sur un plateau de la Cordillère orientale, Barranquilla, Santa Marta et Cartagena, trois ports tropicaux sur la mer des Antilles, Medellín, ville située à l’ouest et mondialement célèbre pour son printemps perpétuel, et Cali, au sud-ouest vers l’Équateur, qui se prélasse au soleil d’un été permanent.

Avant la création d’une ligne aérienne commerciale au début des années 20, le fleuve Magdalena était la principale voie d’accès vers l’intérieur. À mi-chemin en amont, vers l’ouest, se dresse le volcan enneigé Nevado del Ruiz, qu’on aperçoit d’avion par temps clair. En dessous, dans la vallée, se situait la ville agricole prospère d’Armero avant la nuit fatale de novembre 1985, quand une avalanche meurtrière de boue, de glace et de lave raya de la carte cette ville de 28 000 habitants. Une quarantaine de Témoins de Jéhovah et de personnes bien disposées perdirent la vie dans cette tragédie *.

En route pour Bogotá

Laissant derrière eux la large vallée du Magdalena, les avions survolent la savane verdoyante et riche dans les montagnes où se trouve Bogotá, la capitale depuis 450 ans et la ville la plus importante de Colombie. Les passagers attentifs et placés du côté droit de l’avion peuvent apercevoir, l’espace d’un instant, le toit brun rougeâtre du nouveau bâtiment en construction de la filiale de la Société Watch Tower, exactement à l’ouest de la ville. Au sol, quelques travailleurs lèveront peut-être la tête, se demandant si l’avion amène d’autres volontaires du Programme international de construction pour accélérer le travail. Tandis que l’appareil poursuit sa longue descente vers l’aéroport international El Dorado de Bogotá, à l’extrémité du plateau les gratte-ciel de la ville s’élancent vers le soleil et se profilent sur les pentes de la Cordillère orientale.

En sortant de l’aéroport, les voyageurs sont souvent surpris par l’air vif et frais. À 2 500 mètres d’altitude, un pardessus ou un chandail est très utile pour se protéger de la fraîcheur.

La Colombie obtient la liberté du culte

Une chapelle surmonte la montagne qui domine la capitale, rappelant que la Colombie est un pays catholique; dédiée au “Sacré-Cœur de Jésus”, la Colombie a signé un concordat avec le Saint-Siège, concordat en vigueur depuis 1887. Ce concordat spécifiait à l’origine que la religion catholique est la religion d’État, soutenant la thèse du roi Philippe II d’Espagne selon laquelle “l’union politique ne peut se faire sans l’union religieuse”.

Par bonheur, depuis 1958 la Colombie jouit de la liberté du culte. Les Témoins de Jéhovah apprécient cette décision avisée du gouvernement.

La prédication à Bogotá

Permettez-​nous de vous présenter Agustín Primo, membre du Comité de la filiale de Colombie. Il a connu la vérité en 1972 grâce à un Témoin étranger qui exerçait son ministère à Bogotá, au temps où le besoin en prédicateurs du Royaume était très grand. Âgé de 60 ans et maintenant retraité, Agustín travaille à plein temps à la filiale. Il nous dit que l’actuel bâtiment de la filiale abritant les bureaux et l’imprimerie est trop petit pour satisfaire les besoins des plus de 40 000 proclamateurs et 600 congrégations, bien que son inauguration ne remonte qu’à dix ans en arrière.

Mais d’où vient cet accroissement de proclamateurs? Un examen de l’œuvre d’évangélisation accomplie dans cette ville étendue, qui compte quelque cinq millions d’habitants, nous fournira des éléments de réponse.

La prédication dans les quartiers riches de la ville est difficile en raison de la surveillance des appartements et de la copropriété, les résidents entrant et sortant la plupart du temps en voiture. Et lorsque les proclamateurs visitent les foyers privés de ces quartiers, il leur faut encore franchir la barrière des domestiques avant de rencontrer le maître de maison. Mais c’est avec les gens de la classe moyenne qu’il est souvent possible d’avoir des conversations édifiantes sur la Bible.

Dans les quartiers ouvriers plus simples, on rencontre beaucoup de gens bien informés sur les événements mondiaux, aussi est-​il plus facile de commencer des études bibliques avec eux, et leurs progrès dans la vérité sont très rapides.

Enfin, il y a le fléau des villes dans les pays en développement: des baraquements et des logements de fortune qui semblent pousser du jour au lendemain sur les terrains vagues non occupés et les collines dénudées. C’est le dernier campement pour le flot continu de gens qui abandonnent les régions rurales pour la vie des villes qui leur est étrangère. Parmi les dizaines de milliers de personnes qui vivent là, beaucoup écoutent le message réconfortant des Témoins de Jéhovah, et certains acceptent l’espérance du Royaume.

Les deux premiers proclamateurs du Royaume

“L’accroissement a été remarquable depuis l’arrivée des premiers missionnaires de Galaad en 1945. Toutefois, déjà 20 ans plus tôt il y avait des Témoins actifs en Colombie”, nous dit Euclides González, qui travaille au bureau du service du champ.

À peu près à l’époque où Charles Russell et son petit groupe d’étudiants de la Bible ouvraient leurs classes d’étude à Allegheny, aux États-Unis, Heliodoro Hernández voyait le jour dans les montagnes, à quelque 300 kilomètres au nord de Bogotá. C’était en 1871. Cinquante et un ans plus tard, il devenait le premier Témoin actif de Colombie.

Dans sa jeunesse, Heliodoro était un lecteur avide qui souhaitait ardemment posséder une Bible. Mais c’était un ouvrage rare en ce temps-​là. Finalement, à 25 ans il fit l’acquisition d’une Bible, et pendant les vingt-cinq années qui suivirent, il la lut avec une grande ferveur.

En 1922, il emprunta à un ami plusieurs exemplaires du périodique La Tour de Garde ainsi que la brochure Des millions d’hommes actuellement vivants ne mourront jamais. Transporté de joie par sa lecture, il se mit à annoncer cette bonne nouvelle à tous ceux qu’il rencontrait. Deux ans plus tard, il trouva une oreille attentive en la personne du jeune Juan Bautista Estupiñán, qui rentrait de Bogotá où il avait fait son service militaire. Il avait alors 53 ans et Juan 25. Par la suite, ce dernier épousa la nièce d’Heliodoro. Ces deux chrétiens ont semé les graines de la vérité du Royaume dans les villages et les villes du nord-est de la Colombie.

Hors de portée des volées de pierres

Dans les années 30, la Société envoya à Heliodoro et à Juan un appareil de sonorisation fonctionnant sur batterie, afin de les aider à répandre la bonne nouvelle plus efficacement. Ils visitaient les villes voisines, chargés de cette lourde machine et de leur stock de publications. Imaginez l’effet produit lorsqu’ils passaient des discours comme “La Trinité démasquée” et “La fin du monde” sur les places principales de ces villes catholiques. S’étonnera-​t-​on d’apprendre que lorsqu’ils arrivaient dans une ville, ils cherchaient d’abord un endroit abrité pour installer leur appareil? Celui-ci serait ainsi hors de vue, mais aussi hors de portée des volées de pierres lancées par les opposants.

Heliodoro est décédé en 1962, à l’âge de 91 ans, et son compagnon de service, Juan Bautista Estupiñán, est mort fidèle en 1976.

Qui répondrait à l’appel?

En 1930, alors que l’Église dominait depuis 43 ans, un changement de gouvernement ouvrit la voie à une plus grande liberté religieuse. Différents groupes protestants se mirent à étendre leurs activités en Colombie, et les Témoins de Jéhovah firent de même.

À l’occasion de l’assemblée de Washington en 1935, Joseph Rutherford, alors deuxième président de la Société Watch Tower, exhorta le peuple du Seigneur à se porter volontaire pour la prédication en Amérique du Sud. Cependant, Hilma Sjoberg et Kathe Palm, deux pionniers très hardis, servaient déjà en Colombie. Sœur Hilma Sjoberg, native de Suède, était veuve d’un planteur de coton du Texas. Kathe Palm, qui avait appris la vérité en Allemagne, son pays d’origine, avait été pionnier aux États-Unis avant d’exercer son ministère en Amérique du Sud.

Sœur Palm se souvient: “En novembre 1934, Hilma Sjoberg envoya de l’argent à la Société Watch Tower pour payer son passage en bateau entre les États-Unis et la Colombie. La Société me demanda si j’acceptais d’aider sœur Sjoberg en Amérique du Sud. (...) C’est ainsi que le 1er décembre j’arrivais à Buenaventura, en Colombie.” Bien que n’ayant qu’une carte de témoignage en espagnol et une connaissance limitée de la langue, sœur Palm se mit à prêcher seule dans cette ville portuaire.

Ensuite elle prit le train pour parcourir la Cordillère occidentale, puis descendit dans la riche vallée agricole du Cauca jusqu’à Cali. Là, en attendant la venue d’Hilma qui arrivait par la route depuis l’Équateur, elle se mit à donner le témoignage à Cali, puis à Palmira, de l’autre côté de la vallée. Quand sœur Sjoberg arriva, les deux compagnes qui venaient de faire connaissance se rendirent dans la Cordillère occidentale et sur le haut plateau de Bogotá. Sœur Palm dit qu’elles ont parcouru la capitale pendant plus d’une année, plaçant des cartons de livres.

Le territoire “en gants blancs”

Au cours des années 1939, 1941 et 1942, Marian Goas et sa fille Kate originaires du Mexique, qui effectuaient leur service ensemble, donnèrent le témoignage à Bogotá et dans plusieurs autres villes, et même dans la cité minière de Condoto, dans la jungle et les marais de la côte pacifique. Elles visitèrent également les villes portuaires de Cartagena, Barranquilla et Santa Marta sur la côte des Antilles. Kathe Palm dit que ces pionniers “s’habillaient avec élégance, — portant des gants blancs — et visitaient essentiellement les quartiers d’affaires”.

L’accueil qu’elles reçurent dans chaque ville laissait entrevoir la progression future de l’œuvre du Royaume. Par exemple, à propos de la ville religieuse de Medellín, elles rapportèrent qu’il ne se passait pas une journée sans que des meutes d’écoliers excités par les prêtres ne les attaquent. À propos de Barranquilla, Kate écrivit: “À Barranquilla, il y a beaucoup de gens aimables et bien disposés, et je crois qu’un important groupe d’étude pourrait être formé pour autant qu’un proclamateur sur place puisse consacrer tout son temps à cette œuvre.”

Avant cela, à Barranquilla, un Témoin d’un pays étranger avait contacté un jeune commerçant d’origine palestinienne nommé Farah Morán. Farah avait une Bible et aimait à la lire. Vers le milieu des années 30, par un samedi après-midi chaud, un étranger se présenta à sa chemiserie pour “parler de gouvernement”. Farah répondit qu’il ne discutait jamais de politique. “Mais il s’agit du gouvernement de Dieu”, dit l’étranger. Voilà qui était différent. Farah accepta le livre Gouvernement publié par la Société.

Il commença à le lire immédiatement; il était si absorbé dans sa lecture qu’il décida de la poursuivre chez lui et de fermer son magasin pour le restant de la journée. Vers quatre heures du matin, il avait lu la moitié du livre. À six heures, debout et douché, il se rendait à l’hôtel où était descendu l’homme qui lui avait remis le livre. Ce Témoin lui procura d’autres publications. Cherchant à saisir la vérité biblique, Farah lut et relut ces livres pendant les 14 années qui suivirent.

Ainsi, avant l’arrivée des diplômés de Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, des pionniers étrangers à l’esprit de sacrifice avaient accompli un travail admirable en Colombie, supportant les tribulations et l’opposition tout en semant la semence du Royaume dans tout le pays.

Pas de huttes de chaume en vue

En août 1945, le mois où prit fin la Seconde Guerre mondiale, l’avion qui transportait les trois premiers diplômés de Galaad envoyés en Colombie atterrit à l’ancien aéroport de Bogotá. Leur première tâche consistait à trouver une habitation convenable pour en faire une maison de missionnaires, car d’autres diplômés n’allaient pas tarder à arriver.

Avant leur venue en Colombie, certains de ces missionnaires rêvaient d’un pays aux plages idylliques, de palmiers se balançant au vent, de huttes de chaume pittoresques et de gens aimables prêts à venir à la vérité.

Mais en arrivant à Bogotá, les diplômés ont découvert une ville d’un demi-million d’habitants qui émergeait tout juste d’un passé colonial. Les habitants? Vêtus de noir et de gris pour la plupart. Le temps? Souvent nuageux et humide. Les nuits? Froides, à quelque 2 500 mètres d’altitude. Certes, ils avaient repris leur service de pionnier, mais dans une langue nouvelle, dans un territoire difficile, où il n’y avait pas de huttes de chaume et pas de “gens aimables prêts à venir à la vérité”, du moins à première vue.

Grands-mères aujourd’hui, mais toujours missionnaires de cœur

La plupart des missionnaires se mirent néanmoins à aimer leur territoire. “C’était amusant de marcher sous la pluie munis d’un imperméable et d’un parapluie, se souvient un ancien missionnaire. Et très souvent les journées étaient magnifiques, ensoleillées et claires. Il y avait des fleurs à profusion, des maisons au style colonial, de nouvelles coutumes à apprendre et le défi de la langue à relever. Notre service missionnaire dans ce pays était formidable à nos yeux.”

Les missionnaires se mirent à donner le témoignage d’abord aux gens de la classe moyenne qui habitaient près de chez eux; ils les trouvèrent aimables et hospitaliers, qualités propres aux Colombiens. Mais lorsqu’ils prenaient la Bible pour expliquer le but de leur visite, les craintes religieuses profondément enracinées faisaient surface, et la conversation prenait fin. Les nouvelles visites étaient peu nombreuses et les études bibliques difficiles à commencer.

Il n’était pas toujours aisé de s’adapter à la vie de groupe dans la maison de missionnaires. Certains d’entre eux partirent, parce qu’ils n’y étaient pas heureux. D’autres rentrèrent chez eux par la suite pour cause de maladie. Et Satan réussit à briser l’intégrité morale de quelques-uns.

Quoi qu’il en soit, trois jeunes sœurs de ce premier groupe ne se sont jamais départies de l’esprit missionnaire; il s’agit de Marian Brown, de Jewel Harper et de Helen Langford. Si elles cessèrent leur service missionnaire une fois mariées, elles restèrent dans leur territoire; grands-mères aujourd’hui, toutes sont encore missionnaires de cœur.

“Cela avait le son de la vérité”

Mais il y avait quand même des gens aimables, prêts à embrasser la vérité à Bogotá. L’un d’eux s’appelait David Guerrero et il était âgé de 23 ans. Il appartenait à une famille catholique dévote. À l’âge de 10 ans il perdit son père, et cette tragédie suscita en lui des doutes quant à la religion. Il acquit la conviction que les morts n’existent plus, contrairement à ce qu’enseigne l’Église catholique. Aussi, quand des années plus tard deux missionnaires se présentèrent à la bonneterie Guerrero, celle de son frère chez qui il travaillait, il était prêt à entendre la vérité.

David poursuit en disant: “Un matin mon frère m’appela pour parler avec des étrangers qui avaient du mal à expliquer le but de leur visite. Bien que mon anglais fût pauvre, j’y suis allé et je me suis trouvé en face de deux jeunes Américaines du Nord bien vêtues. Elles voulaient nous parler de la Bible. ‘Il faut beaucoup de courage pour faire cela dans un quartier comme le nôtre’, me suis-​je dit. Quand la visite prit fin, je tenais en main deux livres aux titres intéressants: La vérité vous affranchira et Enfants. Les jeunes filles promirent de revenir.”

David commença à lire ces livres, de larges extraits, çà et là. “J’aimais ce que je lisais, dit-​il; cela avait le son de la vérité. Et ces personnes faisaient bien de porter ce message directement aux gens.”

Les deux chrétiennes revinrent quelques jours plus tard accompagnées d’un couple de missionnaires, et une étude biblique fut commencée. David ne tarda pas à assister aux réunions. “Avant de m’en rendre compte, j’étais devenu un proclamateur du Royaume”, dit David.

Les deux premières cérémonies de baptême

La première cérémonie de baptême eut lieu en 1932 à l’occasion de la visite d’un représentant de la Société, qui baptisa dans une piscine de Bogotá les deux premiers proclamateurs du Royaume, frères Hernández et Estupiñán, ainsi que deux femmes. L’une d’elles s’appelait Alejandrina Moreno; elle mourut fidèle en 1950, et ce fut le premier service funèbre conduit par les Témoins en Colombie.

Le dernier dimanche de janvier 1946, la deuxième cérémonie de baptême eut lieu en Colombie devant une assistance de 30 personnes. Sept nouveaux proclamateurs symbolisèrent l’offrande de leur personne à Dieu par le baptême, y compris David Guerrero. Le décor subtropical choisi pour l’occasion réjouit les missionnaires. Cela se passa à 1 200 mètres d’altitude, en contrebas de la savane et parmi les bambous, les bananiers et les caféiers, les fleurs odorantes et les oiseaux aux couleurs vives — l’affectation sous les tropiques que beaucoup avaient imaginée.

Par la suite, David Guerrero épousa Helen Langford, l’une des missionnaires. Après avoir vécu pendant quelque temps aux États-Unis, ils revinrent en Colombie pour y servir comme pionniers et goûtèrent ensuite aux joies du service itinérant.

Ouverture d’une filiale le 1er mai 1946

Un mois après cette deuxième cérémonie de baptêmes, il y eut une grande effervescence à l’annonce de la visite du troisième président de la Société, Nathan Knorr, et du vice-président d’alors, Frederick Franz, prévue du 12 au 17 avril 1946. Le dimanche des Rameaux selon la chrétienté, 87 personnes se réunirent dans la maison de missionnaires pour écouter le discours de frère Knorr intitulé “Réjouissez-​vous, nations”. Deux jours plus tard, 29 personnes étaient assemblées à l’occasion du Mémorial, où frère Franz parla en espagnol de façon impromptue.

La filiale de Colombie fut organisée durant leur visite et devint opérationnelle le 1er mai 1946. Quelques mois plus tard, cinq missionnaires étaient transférés à Barranquilla, afin d’y ouvrir une maison de missionnaires et d’entreprendre la prédication du Royaume dans cette ville côtière.

John Green, le premier surveillant de filiale, demeura en fonction jusqu’en novembre de cette année-​là, mois où arriva Robert Tracy. Frère Green devait rentrer aux États-Unis à cause de la santé défaillante de sa femme.

Robert Tracy était diplômé de la sixième classe de Galaad. Après avoir passé quelques mois dans la circonscription, il reçut une formation au Béthel de Brooklyn puis se rendit en Colombie. Amical et énergique, frère Tracy devait jouer un rôle de première importance dans le développement de l’œuvre en Colombie.

La Violencia

L’année 1946 fut remarquable pour une autre raison encore. Tandis que les Témoins de Jéhovah progressaient sensiblement dans l’œuvre consistant à faire des disciples, un raz-de-marée politique déferla sur la Colombie, la faisant basculer dans le totalitarisme et retourner à l’Âge des ténèbres religieuses. Cette série d’événements plongea le pays dans l’une des périodes les plus sanglantes de son histoire: La Violencia.

Après les élections présidentielles de 1946, le candidat perdant, Jorge Eliécer Gaitán, protesta bruyamment et éloquemment en faveur des opprimés. Sa popularité était immense. Le 9 avril 1948, à l’heure de midi, un assassin abattit ce défenseur du peuple. Rendus furieux par la mort de leur idole, les Colombiens déclenchèrent des émeutes et se livrèrent avec frénésie au meurtre, au pillage et à la destruction. Manifestant un anticléricalisme violent, des émeutiers déchaînés détruisirent ou endommagèrent presque toutes les églises de la capitale. La résidence du nonce apostolique fut même complètement démolie.

La Violencia infâme avait débuté en Colombie. Au cours des dix années suivantes, des tueries insensées et des actes de sauvagerie allaient faire couler le sang de quelque 200 000 Colombiens. Les rivalités politiques séculaires ravivèrent la flamme de haines inassouvies et l’on tua, par balle ou à la machette, dans les campagnes et les montagnes. Les prêtres de villages prirent également parti dans le conflit. Qu’en résulta-​t-​il? On entendit des hommes, de plus en plus nombreux, déclarer: “Je suis catholique. Je crois en Dieu, mais je n’aime pas les prêtres.”

Les émeutes contre les Témoins et les tracasseries policières à l’instigation du clergé visaient à mettre fin à leur culte. Afin d’éviter de se faire arrêter dans l’activité de prédication, les frères se déplaçaient fréquemment d’un territoire à l’autre, postant parfois des sentinelles chargées de signaler tout mouvement adverse. La neutralité des Témoins de Jéhovah n’empêcha pas l’arrestation d’un grand nombre d’entre eux en divers endroits du pays ni la condamnation de quelques-uns à de courtes peines de prison. Toutefois, selon les rapports, aucun Témoin n’a été tué, ce qui ne fut pas le cas de certains protestants qui prirent parti.

Étrangement, dans les grandes villes la vie se poursuivait comme à l’accoutumée. Les étrangers qui séjournaient peu de temps dans la capitale ignoraient les ravages causés par la guerre civile dans l’arrière-pays.

La langue impose des limites, mais n’est pas une barrière

Au début de l’année 1948, Robert Tracy donnait le témoignage dans un quartier d’affaires de Bogotá lorsqu’il rencontra la famille Rojas. Le père était réparateur de radio. Lui, sa femme et ses quatre enfants vivaient dans une seule pièce, là même où il exerçait aussi son métier. “Malgré mon espagnol limité, dit frère Tracy, la famille progressa et petit à petit tous devinrent proclamateurs du Royaume. Luis, le fils aîné, entreprit le service de pionnier spécial, et Gladys et Marlene firent de même par la suite.”

Gladys épousa un missionnaire et tous deux exercèrent leur activité en Bolivie et en Équateur. Quant à Luis, il est maintenant l’un des trois surveillants de district de Colombie.

La filiale est transférée à Barranquilla

En décembre 1949, trois nouveaux diplômés de Galaad arrivèrent à Bogotá: Dewey Fountain et sa femme Winnie, ainsi que leur fille Elizabeth. Cela porta à neuf le nombre des missionnaires pour le pays. À ce moment-​là, la majorité des proclamateurs du Royaume se trouvaient sur la côte septentrionale de la mer des Antilles où l’œuvre commençait à s’épanouir.

C’est la raison pour laquelle en décembre 1951 la Société transféra le bureau de la filiale de Bogotá à Barranquilla. Robert Tracy demeura surveillant de filiale jusqu’en avril 1952, quand il retourna à Bogotá pour épouser “Libby” (Elizabeth) Fountain. James Webster, un missionnaire de Barranquilla, remplaça frère Tracy en qualité de surveillant de filiale et occupa cette fonction pendant les 13 années qui suivirent. Mais nous reparlerons de ces hommes un peu plus loin.

Les activités non catholiques sont interdites

En 1953, le président tyrannique travailla à l’adoption d’une nouvelle constitution renfermant les principes d’un État fascisant. Son projet avorta quand l’armée renversa son gouvernement. Le général Gustavo Rojas Pinilla devint le nouveau président-dictateur. Cela ne présageait rien de bon pour les Témoins.

Gabriel Piñeros, maintenant ancien dans l’une des congrégations de Cali, connaissait personnellement le général Rojas. Gabriel avait été colonel dans l’armée de l’air colombienne et pilote du général. Frère Piñeros se souvient du général comme d’un homme aimable, qui désirait mettre fin à la violence et stabiliser le pays. “Le général prit un bon départ, mais le pouvoir et l’ambition lui montèrent à la tête, dit frère Piñeros. Bien qu’il ne fût pas un homme particulièrement religieux, il se laissa influencer par l’Église.”

Désireux d’affermir son autorité de président, le général Rojas courtisa l’Église catholique pour avoir son soutien. En conséquence, il annonça que sa domination serait strictement catholique. Trois mois après sa prise de pouvoir, il interdit toutes les activités religieuses non catholiques dans 18 territoires de missions catholiques. Puis, en juin 1954, un nouveau décret interdit les activités religieuses non catholiques publiques où que ce fût. Seules seraient autorisées les réunions tenues dans les lieux de culte des religions établies et dans les foyers privés des groupements non catholiques reconnus.

Les couvertures des Bibles sont arrachées

En mai 1953, les membres de la congrégation de Bogotá organisèrent une sortie, mais il ne s’agissait pas d’une excursion récréative. Ils quittèrent leur ville de montagne et descendirent quelque 1 200 mètres jusqu’à Tocaima pour y célébrer un baptême en plein air. Après la cérémonie, les proclamateurs se répandirent dans ce village subtropical pour y donner le témoignage.

La police ne tarda pas à intervenir, arrêtant l’une des sœurs pour la mettre en prison. Frère Tracy et d’autres tentèrent d’obtenir sa libération, mais ils furent enfermés à leur tour. Bientôt huit Témoins étaient emprisonnés. Furieux, le sergent de police vociféra, disant qu’ils étaient des communistes et n’avaient aucun droit de prêcher dans ce village catholique. Le maire fit jeter les publications des Témoins dans un grand réservoir au centre de la cour intérieure (patio) du poste de police, après que les agents eurent arraché les couvertures des livres et des Bibles. Finalement, une heure plus tard, les autorités se calmèrent et relâchèrent les Témoins.

C’est joyeusement que la congrégation regagna la montagne, le voyage durant quatre heures, et tous ‘se réjouissaient d’avoir été jugés dignes d’être déshonorés pour le nom de Jésus’. — Actes 5:41.

La congrégation de Bogotá est livrée à elle-​même

En 1954, Bogotá était une capitale de plus de 600 000 habitants, et sa population croissait rapidement. Pourtant, après plus de huit années d’activité missionnaire, la congrégation de Bogotá ne comptait toujours en moyenne que 30 proclamateurs. Tant d’efforts pour un résultat si faible! Il s’ensuivit la fermeture de la maison de missionnaires de Bogotá et le transfert de ses occupants. Où cela? À Cali, où sœur Kathe Palm avait donné le témoignage 18 ans auparavant. Cali était maintenant une ville industrielle en plein essor; il était donc logique d’y ouvrir une nouvelle maison de missionnaires.

Frère Porfirio Caicedo, Colombien d’origine, fut nommé surveillant et chargé de superviser l’œuvre du Royaume dans la congrégation de Bogotá. C’était un excellent menuisier qui fabriquait des moules servant à recueillir le métal fondu. En apprenant la vérité en 1950, il s’était appliqué à éduquer ses nombreux enfants ‘dans la discipline et l’éducation mentale de Jéhovah’, mobilisant son esprit d’entreprise pour cette tâche. — Éphésiens 6:4.

Raúl, le deuxième fils de Porfirio, débuta dans le service de pionnier juste après ses études secondaires au début des années 60. Il prit son ministère au sérieux et devint surveillant de circonscription et de district, puis suivit les cours de l’École de Galaad. De retour en Colombie en tant que missionnaire, il reçut sa nomination définitive comme membre du Comité de la filiale. Ce fut une journée triste que celle où mourut Raúl Caicedo d’un cancer en 1981, à l’âge de 38 ans. Son père, Porfirio, le suivit dans la tombe deux ans plus tard.

L’histoire du fidèle Porfirio Caicedo et de sa grande famille se poursuit aujourd’hui *. Les 17 enfants encore en vie sont des Témoins voués et actifs, et parmi les quelque 50 petits-enfants, 20 sont baptisés, et les plus jeunes grandissent dans la vérité.

Sur la côte, tout le monde connaît les Témoins de Jéhovah

Parlons maintenant de l’œuvre du Royaume sur la côte de la mer des Antilles. Vous souvenez-​vous de ce que déclara sœur Kate Goas après avoir prêché à Barranquilla en 1942? Elle était convaincue qu’il s’y trouvait “beaucoup de gens aimables et bien disposés”, prêts à accueillir favorablement la vérité. Eh bien, quatre ans plus tard, cinq missionnaires arrivant de Bogotá commençaient à prêcher dans cette ville côtière.

La ville tropicale de Barranquilla a un charme particulier: le mode de vie y est facile, les gens sont extravertis et ont un accent spécial. Vraiment, les Costeños sont ouverts et manifestent souvent une gaieté bruyante. Vous les aimeriez immédiatement.

Les cinq missionnaires qui se déplacèrent de Bogotá à Barranquilla en 1946 reçurent de l’aide en novembre de la même année. James Webster arriva des États-Unis; c’était un jeune homme dégingandé de 28 ans, ancien garçon de ferme. “Quel brusque changement”, dit James. Il était de la même classe de Galaad que Robert Tracy, et, comme lui, il avait été surveillant de circonscription avant de venir en Colombie.

Six mois plus tard, en mai 1947, Olaf Olson vint de Bogotá pour renforcer le groupe de missionnaires. Étant d’origine norvégienne, mais né aux États-Unis, Olaf parlait l’espagnol avec un accent scandinave très particulier. Sur les 160 000 habitants de Barranquilla, seule une poignée fréquentait régulièrement les réunions tenues par les sept étrangers. Olaf prédit qu’un jour il y aurait 500 proclamateurs à Barranquilla. Cela paraissait impossible à l’époque, mais ce chiffre a pourtant été atteint en janvier 1959.

La plupart des nouveaux Témoins étaient issus d’entre les pauvres gens, el pueblo, comme les Colombiens les appellent. Durant La Violencia infâme, ce furent les Témoins d’entre el pueblo qui, courageusement, portèrent pour la première fois la vérité dans les autres villes de la côte et à l’intérieur du pays.

“Aujourd’hui, il y a 62 congrégations à Barranquilla, plus que dans aucune autre ville du pays à l’exception de Bogotá”, dit Rogelio Jones, le surveillant de ville, qui est entrepreneur de bâtiments et aide la Société dans ses travaux de construction depuis les années 50. Il ajoute: “Et la prédication effectuée le long de la côte s’est avérée productive. Presque tout le monde en ville a un parent, un ami ou un collègue de travail qui est Témoin de Jéhovah. La région côtière de la mer des Antilles est peut-être la seule en Colombie où les gens différencient immanquablement les Témoins de Jéhovah des autres groupements non catholiques.”

Autrefois vendeur de billets de loterie, aujourd’hui pionnier permanent

Les étrangers qui visitent la Colombie remarquent immédiatement les vendeurs de billets de loterie; ils sont omniprésents, pleins d’initiative et de ténacité. José Villadiego, l’un de ces camelots, se procura certaines de nos publications auprès d’un missionnaire qui donnait le témoignage dans les rues. Le message lui plut. Quelques jours plus tard, José rencontra par hasard un proclamateur du Royaume qui allait de porte en porte. Étant donné qu’il était expert dans ce genre d’activité, à ceci près qu’il présentait des articles tout à fait différents, il se mit à accompagner le proclamateur. Tout d’abord, il écouta par curiosité. Puis il se mit à intervenir pour souligner l’importance du message.

Le dimanche matin suivant, José était à la Salle du Royaume, prêt pour le service du champ. (A l’époque, les conditions requises des nouveaux proclamateurs n’étaient pas définies comme aujourd’hui.) José ne tarda pas à abandonner la vente de billets de loterie afin de remplir les conditions requises pour se vouer à Dieu et se faire baptiser. Six mois après son baptême, il devenait le premier pionnier permanent de Barranquilla, en avril 1949. Aujourd’hui José est ancien dans une congrégation de Barranquilla et c’est un pionnier permanent toujours aussi enthousiaste et plein d’initiative.

‘L’amabilité de l’homme m’a fait impression’

Parmi les gens riches, il y avait des personnes aimables qui attendaient, elles aussi, la vérité. Par exemple, dans la province d’El Prado vivait Inez Wiese, une veuve inconsolable. Née en Jamaïque de parents anglais, elle passa son enfance en Colombie. Plus tard, elle se maria et partit en Allemagne où, pendant la Seconde Guerre mondiale, son mari, Allemand d’origine, et deux fils adoptés moururent. Après la guerre elle revint en Colombie. Un jour de 1947, Olaf Olson se présenta à sa porte et lui proposa de s’abonner à La Tour de Garde. Elle raconta plus tard: “Je n’avais jamais entendu parler des Témoins de Jéhovah et ne connaissais presque rien de la Bible. J’ai pourtant accepté de m’abonner au périodique à cause de l’attitude aimable et pleine de considération de cet homme.” Deux ans plus tard, Inez devenait pionnier à l’âge de 59 ans.

Elle fit des dons généreux pour l’œuvre du Royaume, y compris un réfrigérateur et une machine à laver, très utiles pour la maison de missionnaires, ainsi qu’une voiture de grande capacité pour la filiale. Au fil des années elle fut également un excellent professeur d’espagnol pour les missionnaires nouvellement arrivés. Jusqu’à sa mort, en 1977, Inez donna un bel exemple. Son sens de l’humour et son amour pour la vérité étaient une source d’encouragement pour les missionnaires et les frères locaux *.

“L’œuvre commençait vraiment à progresser”

Farah Morán, propriétaire d’une chemiserie, dont nous avons déjà parlé et qui, pendant 14 ans, avait lu les livres de frère Rutherford, était convaincu d’avoir trouvé la vérité. Un jour de septembre 1949, alors qu’un des missionnaires se présentait à son magasin dans le cadre de son ministère, Farah l’interrompit en disant: “Je ne m’intéresse à aucune religion excepté à celle du juge Rutherford.” Quand on lui eut montré qu’il s’agissait de ce message-​là, Farah accepta avec empressement le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”. La même semaine, il assistait aux réunions.

Frère Webster rapporte: “La femme de Farah et quelques membres de sa famille vinrent à la vérité. Le vieux compagnon de chasse de Farah, César Roca, et sa femme ainsi que sa grande famille et plusieurs amis acceptèrent le message. Les frères de Farah, de religion protestante, leur famille et certains membres de leur belle-famille acceptèrent également la vérité. L’œuvre commençait vraiment à progresser.”

L’accroissement était rapide à Barranquilla, et une deuxième congrégation ne tarda pas à être formée, la maison de Farah Morán servant de Salle du Royaume. Olaf Olson était surveillant-président. Lors de la première réunion l’assistance s’éleva à 52 personnes. Frère Olson enseigna Farah de manière qu’il puisse se charger du groupe. Une troisième congrégation fut établie en septembre 1953. Deux ans plus tard, une quatrième voyait le jour.

Le micro du prêtre était resté branché

Frère Webster raconte comment l’œuvre d’évangélisation prit de l’essor:

“En mars 1953, nous recevions le nouveau véhicule offert à la filiale par sœur Wiese. Nous avons alors commencé le témoignage en groupe dans les banlieues environnantes et les pueblos proches. Bientôt nous avions visité dix villes du département atlantique qui n’avaient jamais entendu le message. Seuls les frères participaient aux voyages qui duraient plus d’un jour. Les frais étaient partagés. Nous trouvions à nous loger pour la nuit chez des familles hospitalières où nous dormions dans des hamacs, sur le sol ou dans ‘La Teocratica’ comme on appelait la grosse voiture. Plus d’une fois les prêtres des villages ont fait appel aux maires et à la police pour entraver notre œuvre.”

Un dimanche matin, alors qu’un groupe de frères arrivait sur la place de la ville de Tubará, la voix du prêtre hurla dans les haut-parleurs perchés sur le clocher de l’église: “À nos amis, les Témoins de Jéhovah, salut! Je vous invite à venir ici pour parler, et nous verrons bien qui de nous a raison.” Plusieurs frères se rendirent à l’église et le prêtre leur demanda de lui expliquer la différence entre le catholicisme et le protestantisme.

James Webster commença par l’histoire du christianisme au Ier siècle et parla de l’apostasie qui se développa aux IIe et IIIsiècles. Après un bref résumé de l’histoire de l’Église catholique jusqu’à la Réforme protestante au XVIsiècle, il mit en évidence que le catholicisme et le protestantisme ont les mêmes enseignements fondamentaux d’origine païenne, à savoir la Trinité, l’immortalité de l’âme et l’enfer. Puis il expliqua ce que la Bible enseigne réellement à propos de Jéhovah Dieu, de Christ Jésus, du Royaume et du paradis terrestre.

La discussion se poursuivit pendant 15 minutes juste à côté du micro du prêtre, qui était resté branché. Comme la voix des haut-parleurs de l’église se faisait entendre dans toute la ville, on releva le nombre des auditeurs visibles sur la place: 169, auxquels il fallait ajouter tous ceux qui écoutaient chez eux.

C’est alors que le prêtre se rappela que le micro était branché, aussi, à brûle-pourpoint, prétendit-​il avoir un rendez-vous pour un mariage et mit brutalement fin à la discussion. Tandis que les frères allaient retrouver le groupe de proclamateurs, un chant enregistré sortit des haut-parleurs: il avait pour titre “¡Palo con esa gente!” (Matraquez ces gens!). Mais il n’y eut pas d’émeute. Les Témoins donnèrent pacifiquement le témoignage de porte en porte, à la grande consternation du prêtre.

On les arrête et leur ordonne de quitter la ville

Antonio Carvajalino, tailleur de son métier, avait défendu la cause du parti communiste, quand il habitait la petite ville d’Aracataca. Plus tard, frères Webster et Olson le rencontrèrent dans l’œuvre de témoignage à Barranquilla. À plusieurs reprises ils eurent d’intéressantes conversations bibliques, tandis que les quatre sœurs célibataires d’Antonio tendaient l’oreille dans une pièce voisine pour ne rien perdre de la conversation. Finalement il capitula et reconnut que le Royaume de Dieu est le seul espoir pour les pauvres gens de Colombie et du reste du monde. Quelque temps après, Antonio fut baptisé. Ses quatre sœurs acceptèrent également la vérité avec reconnaissance et ne tardèrent pas à entreprendre le service de pionnier avec leur frère.

Par la suite, toute la famille Carvajalino ainsi que leur neveu Tomás Dangond furent nommés pionniers spéciaux à Barrancabermeja, un centre de raffinage du pétrole situé en amont du Magdalena. Cette région était un territoire de la mission catholique, hors limites pour le prosélytisme non catholique, selon le décret du général-dictateur Gustavo Rojas Pinilla. Les évangélistes de la ville se réunissaient dans leur propre église, portes closes. En apprenant que les Témoins de Jéhovah prêchaient maintenant en ville, ils se précipitèrent chez l’évêque, munis de La Tour de Garde et de Réveillez-vous!, pour lui dire que c’étaient les Témoins de Jéhovah, et non eux, qui diffusaient ces périodiques.

La police reçut l’ordre de mettre la main sur les Témoins. Les agents arrêtèrent d’abord les quatre sœurs, puis ils se présentèrent au domicile des pionniers et arrêtèrent les deux frères, confisquant leurs serviettes et leurs 20 cartons de publications. Le juge condamna les pionniers à des amendes et leur ordonna de signer une déclaration selon laquelle ils renonçaient à prêcher dans la ville. Tous refusèrent; en conséquence, les six furent condamnés à 90 jours de prison.

Le lendemain les deux frères réussirent à convaincre le maire que “c’était honteux de la part de son administration d’avoir fait enfermer quatre chrétiennes comme des criminelles dans des conditions aussi lamentables”. Ils demandèrent que les peines de prison infligées aux sœurs leur soient imputées, pour que les quatre femmes soient relâchées. Le maire accepta, et Antonio et son neveu Tomás furent condamnés à neuf mois de prison.

Le surveillant de filiale, James Webster, prit l’avion pour Barrancabermeja afin d’y chercher un avocat qui défende les Témoins. Mais aucun n’eut ce courage. Il reprit alors l’avion pour Bogotá afin de présenter lui-​même l’affaire devant le secrétaire du président. Après avoir été mis en possession des faits, celui-ci téléphona au maire de Barrancabermeja pour lui enjoindre de libérer les frères et de leur rendre leurs publications, à la condition que le groupe quitte la ville dans les 48 heures.

Elles ont aidé plus de 300 personnes à connaître la vérité

Dans les délais fixés et sous la surveillance de la police, les Carvajalino prirent un autobus pour la ville voisine de Bucaramanga, capitale de la province de Santander. Le banditisme causé par La Violencia sévissant toujours dans la campagne environnante, les habitants étaient craintifs et se méfiaient des nouveaux venus. Malgré cela, les pionniers prêchèrent avec tact et ils gagnèrent la confiance des gens. En une année ils formèrent une congrégation de 13 proclamateurs, et, chose étonnante, 65 personnes assistèrent au discours public lors de la visite du surveillant de circonscription.

Qu’est devenue la famille Carvajalino? Antonio est mort en 1958, et sa sœur Inés en 1987. Son neveu, Tomás Dangond, est ancien. Sa femme et lui ainsi que leur fille sont pionniers spéciaux au Venezuela, pays voisin. Les sœurs Carvajalino ne se sont jamais mariées, afin de ‘servir le Seigneur sans distraction’. (1 Cor. 7:35.) En tout, elles ont aidé plus de 300 personnes à venir à la connaissance de la vérité *.

Pendant toutes ces années, d’autres pionniers spéciaux ont également été incarcérés. En 1956, à Magangué, ville portuaire sur le Magdalena, Miguel Manga et sa femme Leonor ont passé 11 jours en prison à l’instigation du prêtre de la localité. Et dans la ville alors fanatisée de Sahagún, Córdoba, le maire, qui s’était laissé abuser, a arrêté le pionnier spécial Carlos Alvarino et l’a condamné à deux semaines de travaux forcés.

“C’est comme si je vivais dans un autre monde”

Paul écrivit à Timothée: “Les choses que tu as entendues de moi (...), confie-​les à des hommes fidèles, qui seront eux-​mêmes qualifiés pour en enseigner d’autres.” (2 Tim. 2:2). Benjamín Angulo et Armando Gómez allaient devenir deux de ces hommes fidèles.

Benjamín Angulo, un ouvrier d’usine de 27 ans qui travaillait à Santa Marta, avait perdu la foi dans l’Église, et la politique ne l’intéressait pas. ‘L’injustice et la souffrance sont partout; c’est si odieux, pensait-​il, comment peut-​on parler de l’existence d’un Dieu?’

Un jour de 1955, un collègue de travail lui parla de Jéhovah Dieu et de son Royaume, et lui proposa une étude biblique hebdomadaire à l’aide du livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”. Benjamín accepta, exigeant que l’étude ait lieu six jours par semaine, à l’heure du déjeuner.

Un mois passa. Le Témoin décida alors qu’il était temps d’inviter ce nouvel étudiant aux réunions. Benjamín accepta évidemment avec joie. Il fut à la fois ravi et déçu de cette première réunion. Il demanda pourquoi le Témoin ne lui avait pas parlé plus tôt de ces réunions instructives. Il avait perdu “tout un mois d’enseignement précieux”.

Il y avait peu de frères dans la congrégation de Santa Marta, et quoique extrêmement timide, Benjamín se vit immédiatement confier des exposés à l’École du ministère théocratique et bientôt à d’autres réunions. Il se mit donc à étudier consciencieusement le Manuel pour l’École du ministère théocratique, afin d’en appliquer tous les conseils. Se réjouissant d’avoir un nouveau but dans la vie, Benjamín s’exclama: “C’est comme si je vivais dans un autre monde — la vérité, les réunions, l’amour des frères, les privilèges de service!”

‘Le disciple devient enseignant à son tour’

Envoyé comme pionnier spécial en 1958 à Montería, sur la rivière Sinú, Benjamín ne tarda pas à trouver un autre de ces futurs hommes fidèles, Armando, le fils de sœur Gómez, une nouvelle proclamatrice de la congrégation. Il était âgé de 20 ans.

Benjamín quitta Montería pour servir dans la circonscription, tandis qu’Armando poursuivait son travail dans la congrégation locale. Armando avait le regard fixé sur l’exemple de Hermano (frère) Benjamín, plus âgé que lui. Jésus n’a-​t-​il pas dit: “Il suffit que le disciple devienne comme celui qui l’enseigne.” (Mat. 10:25). Armando devint, lui aussi, pionnier spécial et surveillant de circonscription. Armando Gómez travaille maintenant au Béthel de Bogotá et il est l’un des cinq membres du Comité de la filiale de Colombie aux côtés de Benjamín Angulo, qui, voilà plus de 30 ans, l’emmena avec lui dans le service du champ à Montería.

Des hommes frustes acceptent la vérité

La bonne nouvelle du Royaume se répandit rapidement depuis Montería jusque dans la campagne et dans les régions les plus reculées de Córdoba. Au XVIsiècle, les chercheurs d’or européens ratissèrent cette région à la recherche de cavernes et de tombes indiennes qui recelaient de nombreux objets en or. Ces chasseurs de trésors découvrirent un butin immense, qu’ils descendirent sur la rivière Sinú jusqu’à la mer, puis le long de la côte jusqu’à Cartagena où ils l’embarquèrent pour l’Espagne.

D’autres Espagnols arrivèrent par la suite et s’installèrent, si bien que Córdoba en vint à être connue comme la terre des éleveurs frustes, des hommes qui faisaient leur propre loi et qui réglaient leurs affaires à la machette ou au revolver. Ce qui est intéressant, c’est que beaucoup de ces hommes et leurs familles acceptèrent avec empressement le message du Royaume et se mirent à le porter à leurs voisins, éleveurs et fermiers. Ainsi, à mesure que croissait le nombre des personnes bien disposées, des congrégations furent formées et des surveillants de circonscription commencèrent à les visiter. Beaucoup de ces surveillants itinérants colombiens ont fait leurs premiers pas dans la circonscription de Córdoba, et certains parlent de cette expérience avec humour, la qualifiant de formation en vue de la survie lors de la “grande tribulation”. — Rév. 7:14.

À propos de ce commencement, Benjamín Angulo déclare: “J’ai vécu des aventures si nombreuses dans cette circonscription de Córdoba — monter à cheval ou à dos d’âne toute la journée, patauger dans des torrents infestés de serpents, affronter les guérilleros menaçants, subir les attaques d’une forte fièvre — que s’il me fallait les rapporter toutes, j’aurais de quoi écrire un livre.”

On notera avec intérêt que les régions isolées de Córdoba sont les seuls territoires ruraux de Colombie où le message du Royaume a été répandu aussi complètement.

“Annulez l’assemblée!”

La première assemblée de district de Colombie eut lieu à la filiale, la maison de missionnaires de Barranquilla, en décembre 1952. Les frères vinrent de six provinces, certains ayant voyagé quatre jours en bateau sur le Magdalena. L’assistance maximale s’éleva à 452 personnes, et il y eut 58 baptisés. L’assemblée était à peine finie que l’on parlait déjà avec enthousiasme de la prochaine.

En 1955, pour l’assemblée nationale “Le Royaume triomphant”, les frères avaient loué une salle de danse qui servait également à d’autres réunions. Mais le maire et le gouverneur firent annuler le contrat, sur l’ordre de l’évêque catholique. N’ayant reçu qu’un préavis d’un jour, les Témoins durent changer leurs plans et tenir de nouveau l’assemblée à la filiale.

La première session du soir venait juste de commencer, avec une assistance de 600 personnes, lorsqu’un chef de la police accompagné d’une douzaine d’hommes armés firent irruption; le chef ordonna: “Annulez l’assemblée!” Le lendemain matin, la démarche effectuée auprès du maire établit le droit des Témoins à tenir leurs réunions religieuses dans leurs propres bâtiments. Le secrétaire du maire présenta des excuses pour l’interruption illégale de l’assemblée. Le deuxième soir les assistants étaient au nombre de 700, et le quatrième et dernier jour presque 1 000 personnes se serraient dans la propriété de la filiale.

Fin du totalitarisme

En mai 1957, la dictature militaire colombienne était renversée. Le nouveau régime engloutit le flot du totalitarisme qui avait déferlé vers la fin des années 40, et introduisit une paix et une stabilité politiques relatives tout en garantissant les libertés fondamentales. Maintenant de nouveaux missionnaires allaient pouvoir entrer en Colombie et apporter leur aide pour que l’œuvre du Royaume s’étende plus rapidement dans le pays.

Grâce à cette liberté religieuse nouvellement acquise, 1 200 personnes, heureuses et enthousiastes, s’entassèrent dans la Salle du Royaume, le patio et l’entrée de la filiale de Barranquilla, à l’occasion de la visite en 1958 de Milton Henschel, aujourd’hui membre du Collège central à Brooklyn. La prochaine assemblée annuelle aurait certainement lieu dans une salle plus grande et mieux adaptée.

“Des ennuis avec l’évêque”

Certes, environ dix années de loi martiale et de dictature privilégiant la religion catholique avaient pris fin; pourtant l’Église était plus déterminée que jamais à tenir à sa merci le peuple colombien. Cela se vérifia à l’occasion de l’assemblée de district “Les ministres éveillés”, en 1959.

Le Teatro Metro, l’une des plus belles salles de Barranquilla à l’époque, dotée de la climatisation et de 2 000 places, fut choisi pour les trois derniers jours de l’assemblée qui en comptait quatre. Tout était en ordre, du moins en apparence. Les Témoins avaient en main un contrat signé devant notaire, un reçu pour les arrhes versées et une déclaration écrite du maire certifiant que les Témoins étaient autorisés à tenir leur assemblée “dans le lieu qui leur conviendrait”.

Le lundi matin, exactement trois jours avant l’assemblée, le directeur du Metro, tout excité, téléphona à la filiale pour dire que l’évêque le pressait d’annuler le contrat. Que faire? Les frères arrivaient déjà des différentes parties du pays. Une brève visite chez le maire révéla qu’il était lui aussi en proie à une grande agitation. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était “d’avoir des ennuis avec l’évêque”. Il voulait que l’assemblée soit annulée.

Le mardi matin, les Témoins retournèrent chez le maire et lui firent remarquer que l’article 53 de la constitution colombienne stipule clairement ceci: “La liberté est garantie à toutes les religions qui ne sont pas contraires à la morale chrétienne, et qui ne transgressent pas la loi.” Rien n’y fit, le maire ne changea pas d’avis.

L’étape suivante consistait à en appeler au ministère concerné à Bogotá. Les fonctionnaires se montrèrent compréhensifs. “Il est clair que vous êtes dans vos droits”, assurèrent-​ils aux frères. Cependant, ils n’étaient pas disposés à fournir un document écrit, de peur d’avoir “des ennuis avec l’Église”. Le gouverneur de la province d’Atlántico fut averti de leur décision. Lui, de son côté, parla avec le maire.

Le jeudi matin, l’assemblée commença comme prévu à la filiale. Finalement, à la fin de la journée, les frères sortaient du bureau du maire triomphants, une autorisation écrite entre les mains. Jéhovah leur avait accordé la victoire. Pour les trois derniers jours de l’assemblée, les Témoins profitèrent de la salle confortable et climatisée du Teatro Metro. L’assistance maximale s’éleva à 2 200 personnes.

Après cela, le directeur du théâtre ne fut plus le même homme. La bonne organisation, la conduite rangée des Témoins et la dignité du programme l’impressionnèrent visiblement beaucoup. Il déclara qu’il serait heureux de louer la salle aux Témoins pour leur prochaine assemblée, et il tint parole.

Où sont-​ils maintenant?

James Webster assuma la charge de surveillant de filiale d’avril 1952 à janvier 1965, quand sa femme Phyllis et lui rentrèrent aux États-Unis. Ils attendaient un enfant. Jusqu’à ce jour, les anciens de la côte colombienne se souviennent avec tendresse de leur Hermano Jaime. “Il était toujours aimable et affectueux, disposé à prêter une oreille attentive à tous”, disent-​ils. Les Webster sont actuellement pionniers spéciaux dans l’une des nombreuses congrégations d’expression espagnole des États-Unis. Leur fils Jaime junior et sa femme travaillent au Béthel de Brooklyn.

Olaf Olson, l’ancien compagnon de James, a servi dans toutes les grandes villes de Colombie. Il est le plus ancien missionnaire du pays et vit maintenant à Neiva, située sur le cours supérieur de la rivière Magdalena *.

Arrêtons-​nous là pour ce qui est de l’œuvre à Barranquilla, et parlons maintenant du port historique de Cartagena, situé au sud-ouest, vers Panama.

Cartagena de Indias

À 16 minutes de vol de Barranquilla se trouve Cartagena, avec son très beau port naturel et ses voies navigables. Le colonisateur Pedro de Heredia est à féliciter pour le choix de cet emplacement dont il fit Cartagena de Indias en 1533. Chaque année un nombre croissant de vacanciers découvrent également Cartagena en venant chercher le soleil et se baigner sur les plages de Boca Grande Peninsula, et en visitant les sites qui rappellent le passé colonial de la ville.

De la position avantageuse de Fort San Felipe de Barajas, le touriste féru d’histoire peut se représenter le port couvert de galions espagnols, tels ceux de la célèbre flotte Tierra Firme, qui, chargés d’or et profitant des vents favorables, prenaient la mer et emportaient leur précieuse cargaison vers l’Espagne.

Mais il fut un temps où Cartagena redoutait les étrangers à cause des incursions de pirates. La flotte des corsaires français, anglais et hollandais pillait les ports et les galions espagnols. Cartagena fut saccagée par le corsaire John Hawkins et, plus tard, par son audacieux neveu Sir Francis Drake, tous deux à la solde de l’Angleterre et de religion protestante. En fait, le père de Drake était prédicateur protestant. La prise en otage de Cartagena en 1586, et sa mise à rançon par Francis Drake, est l’un des griefs qui amenèrent Philippe II à lancer la grande Armada espagnole contre l’Angleterre protestante, en 1588. Cela marqua un tournant dans l’histoire européenne et mondiale.

Affranchis des craintes superstitieuses

L’histoire de l’or en Colombie serait incomplète si l’on omettait de parler des esclaves. Les Noirs africains constituaient l’essentiel de la main-d’œuvre des mines, et Cartagena “devint le plus important marché d’esclaves des Caraïbes — et peut-être du Nouveau Monde tout entier”. Là, les Africains étaient convertis à la religion des Blancs, et pour remplacer leurs fétiches on leur donnait des crucifix et des médailles. Au lieu de l’animisme, on leur enseignait à prier des statues et des peintures représentant des “saints”. À leurs croyances sur les morts, on ajouta d’autres enseignements païens comme ceux du purgatoire, de l’enfer et des limbes. L’affranchissement vint pour eux en 1851, mais l’esclavage des superstitions et de la crainte des morts allait subsister un siècle encore.

Gregorio de la Rosa, un Cartagenero, en est un exemple type. Né dans une famille très religieuse, Gregorio avait chez lui de nombreuses images et un autel familial; il se souvient à quel point les enseignements sur l’enfer et le purgatoire le terrifiaient lorsqu’il était enfant. Même adulte et marié, l’angoisse de la mort continuait à le tourmenter.

Un jour, Leonor Manga, pionnier spécial, commença d’étudier la Bible avec Lilia, la femme de Gregorio. Au début, il ne faisait qu’écouter à leur insu, assis dans la pièce voisine. Il aimait ce qu’il entendait; aussi se joignit-​il rapidement à l’étude avec leurs cinq filles. Gregorio ne tarda pas à participer au service du Royaume. Puis il reçut une invitation à venir travailler à la construction d’un Béthel à Facatativá, et aujourd’hui il sert comme surveillant de circonscription.

Prospérité à Cartagena

L’accroissement chez les Témoins de Cartagena a été lent après les années 50. Cependant, dans les années 80, le nombre des proclamateurs de la ville s’est accru de 100 % là aussi, principalement parmi el pueblo. Il y a plus de 1 000 proclamateurs, répartis en 17 congrégations, et presque 3 000 études bibliques sont dirigées chaque mois.

De 1983 à 1987, une maison de la station balnéaire de Boca Grande a abrité des missionnaires venus du Mexique, du Danemark, de Finlande, du Canada et des États-Unis. Ils ont fait connaître le message du Royaume à beaucoup de personnes, y compris à des hommes d’affaires. “C’est une joie que de visiter les quartiers d’affaires, dit l’un des missionnaires. Bon nombre d’hommes d’affaires prennent le temps d’écouter et de parler. Certains sont venus à la vérité.”

Les Antioqueños, résolument catholiques

Parlons maintenant de Medellín, ville mondialement célèbre de la province d’Antioquia, à 45 minutes de vol de Cartagena, mais à l’intérieur des terres. Les Basques espagnols et les Asturiens s’établirent dans cette région au cours de la seconde moitié du XVIsiècle. Leurs descendants sont aujourd’hui des gens fiers et énergiques, résolument catholiques; ils ont la réputation d’être habiles et économes, mais amicaux, et par-dessus tout loquaces. Au siècle dernier, les fermiers Antioqueño se sont mis à la culture du café et ont aidé au développement de la Colombie, qui est devenue le deuxième plus grand producteur de café du monde, après le Brésil.

Medellín, la deuxième plus grande ville de Colombie, se niche dans une vallée flanquée à l’est et à l’ouest de collines qui atteignent 500 mètres. La prospérité se voit partout: activité industrielle et commerciale, métro aérien sur le point d’être terminé (le premier en Colombie), autoroutes avec échangeurs, centres commerciaux attrayants et, au sud-est, tours d’habitation de luxe. La pauvreté existe également; des baraquements s’entassent sur les pentes dénudées des collines, les habitants ignorant souvent le danger des avalanches et des glissements de boue saisonniers.

Eugene Iwanycky est le surveillant de ville. Bien qu’Autrichien d’origine, il a connu la vérité au Canada et s’est installé en Colombie avec sa famille en 1969. Il signale qu’il y a maintenant 33 congrégations dans la ville, davantage avec la banlieue, toutes connaissant un accroissement rapide.

La capitale religieuse

C’est le mercredi 1er octobre 1958 que les premiers diplômés de Galaad arrivèrent à Medellín pour faire progresser l’œuvre d’évangélisation. Certes, la dictature avait pris fin et les Témoins de Jéhovah étaient déjà établis dans d’autres grandes villes du pays, mais à Medellín, c’était différent. À l’époque, elle était connue comme capitale religieuse de la Colombie. Quoi qu’il en soit, les couples de missionnaires accueillirent avec joie leur nouvelle affectation. Après une année passée dans la chaleur tropicale de Barranquilla, ils savouraient le climat doux et printanier de Medellín et se plaisaient dans cette ville propre, ornée de fleurs aux couleurs vives et surtout d’orchidées.

Richard et Virginia Brown étaient l’un de ces couples. Richard, aujourd’hui coordinateur du Comité de la filiale de Colombie, décrit les sentiments des missionnaires en ces termes: “Tout ce que nous avions entendu dire au sujet du caractère notoirement religieux de la ville se vérifia. Les prêtres en robe noire et les religieuses semblaient omniprésents: dans les rues, les magasins et les autobus. La ville était pleine d’églises, de chapelles et d’écoles religieuses. Dans un espagnol limité, nous tentions de donner le témoignage informel, seulement pour nous attirer des regards désapprobateurs.

“Nous n’étions que quatre missionnaires dans la ville, mais des mises en garde commencèrent à paraître dans les journaux à propos de notre activité: ‘Avertissement aux catholiques. Les Témoins de Jéhovah ont déclenché une campagne intensive. (...) Rejetez leurs publications et détruisez celles que vous pourriez avoir en votre possession.’ Pourtant, il y avait de l’intérêt, et en juin 1959 la première congrégation de Medellín était formée; elle comptait 23 proclamateurs, y compris les 5 qui étaient venus s’établir où le besoin était grand.”

‘Lancez des pierres aux Témoins!’

En mars 1960, un nouveau missionnaire venant du Canada arriva à Medellín. Son nom: George Koivisto; il était blond, célibataire et d’origine finlandaise. Après un mois d’étude intensive dans la classe d’espagnol de la maison des missionnaires, le moment vint pour lui de participer au service du champ. George n’oubliera jamais sa première matinée passée dans l’activité avec les périodiques.

“Je prêchais avec un petit groupe de pionniers et de proclamateurs locaux, dit George, et j’avais encore beaucoup de mal à parler et à comprendre l’espagnol. Le proclamateur qui m’accompagnait ne comprenait pas un mot d’anglais. Tout à coup, vers le milieu de la matinée, une foule hurlante d’enfants nous prirent pour cible, nous lançant des pierres et des mottes de terre.

“La maîtresse de maison nous fit entrer précipitamment et ferma promptement les volets de bois, juste à temps. Il se mit à pleuvoir des pierres sur la façade, sur le toit en tuiles d’argile et dans le patio.

“Une voiture de police arriva bientôt, la police voulant savoir qui était à l’origine de ce tumulte. Certains crièrent que c’était l’instituteur; il avait laissé 300 enfants sortir de l’école bien avant l’heure du déjeuner. Une autre voix hurla: ‘C’est faux! C’est le prêtre! Il a ordonné dans les haut-parleurs de laisser partir les élèves pour qu’ils “lancent des pierres sur ces Protestantes”.’”

À la suite de cet incident, l’attitude des gens du voisinage changea, et les Témoins trouvèrent de l’intérêt et commencèrent des études bibliques.

En 1961, George épousa une sœur pionnier du pays, et deux fils leur naquirent. La famille Koivisto demeura encore 18 ans en Colombie. En 1980, tous rentrèrent au Canada, et depuis 1983, George, Leonilde, sa femme, et leurs deux fils travaillent au Béthel du Canada.

Les écoliers sont dans la confusion

Un autre jour, une sœur missionnaire était seule dans l’activité de prédication à Medellín, lorsqu’un groupe d’adolescents cria à la maîtresse de maison de ne pas écouter ce missionnaire. Comme la femme prenait peur, la sœur mit fin à la conversation et, tandis qu’elle s’apprêtait à quitter calmement le quartier, les garçons l’entourèrent, l’empêchant d’avancer.

Ils lui demandèrent si elle avait des publications protestantes dans son sac. Elle répondit qu’elle avait la Bible et leur demanda si les Saintes Écritures étaient un livre protestant. Ne sachant quoi dire, ils accusèrent les Témoins de ne pas croire en la Vierge. La sœur sortit posément la Bible de son sac et leur demanda de trouver le passage où il est question de la Vierge. Aucun n’en fut capable.

Là-dessus, la sœur dit: “Je sais où trouver ce passage. Voulez-​vous que je vous le montre?” Elle ouvrit alors la Bible à Luc 1:26-38, et leur fit lire le récit de la visite de l’ange Gabriel à la vierge Marie. Elle leur certifia ensuite que les Témoins de Jéhovah croient à ce que dit la Bible. Les garçons rétorquèrent qu’on leur avait affirmé que les Témoins de Jéhovah ne croient pas à la Vierge. Ils étaient maintenant dans la confusion et sans voix de nouveau. La sœur remit sa Bible dans son sac et s’éloigna calmement, abandonnant les écoliers perplexes et songeurs.

Laissons à présent l’histoire de l’œuvre à Medellín dans les années 60, et parlons de Cali, qui fut fondée en 1536, l’année où William Tyndale, qui avait traduit la Bible, fut brûlé sur le bûcher.

En route pour le sud, pour Cali

Descendre à Cali, c’est parcourir en voiture les 450 kilomètres de la route panaméricaine qui y mène. Le voyage dure une journée, ce qui nous permet d’admirer des paysages de montagne grandioses, des plantations de café et une vallée où l’on cultive la canne à sucre. Aujourd’hui vous trouverez des Témoins de Jéhovah dans toutes les villes grandes et moyennes de la région.

Cali s’étend au pied et sur les pentes de la cordillère dont les chaînes s’élèvent toutes les unes plus hautes que les autres, pour atteindre 4 000 mètres. Sur l’autre versant des pics, les pentes descendent jusqu’aux plages du Pacifique, qui sont à moins de trois heures de voiture de la ville. Une brise agréablement rafraîchissante souffle sur les pentes de la cordillère, atténuant la chaleur du jour. Trois croix dressées sur l’un des sommets et une grande statue de Cristo Rey (Christ Roi) sur un autre dominent la ville.

Des gens aimables, réceptifs à la vérité

Cali était une petite ville à l’époque où Kathe Palm y prêcha en 1936. Mais au début de 1949, après une brève visite, Robert Tracy, le surveillant de filiale, écrivit ce qui suit au siège de la Société à Brooklyn: “Cali est l’une des villes les plus progressives de Colombie.”

Frère Tracy avait emporté dans sa serviette 15 livres et le nom de plusieurs personnes bien disposées. Il trouva les gens aimables et réceptifs, et en deux heures son stock de publications était épuisé. “Dès que possible, il faudrait envoyer des missionnaires dans cette ville”, écrivait-​il en conclusion de son rapport.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Cali commença de s’industrialiser, si bien que des firmes multinationales, des usines nationales et d’autres entreprises s’installèrent dans toute la région. Présentement, il y a 3 657 Témoins et 39 congrégations à Cali pour une population de deux millions d’habitants.

Un contrat de travail obtenu en une demi-journée seulement

En 1954, les Tracy et les Fountain quittèrent Bogotá pour établir une maison de missionnaires à Cali. Quelques mois plus tard, en décembre, deux nouveaux missionnaires arrivaient, Jesse et Lynn Cantwell. Jesse, le cadet d’une famille de huit pionniers des États-Unis, avait commencé sa carrière de prédicateur en 1934, pendant la période de la grande dépression; il avait 12 ans et était écolier.

Les Cantwell entrèrent en Colombie comme touristes, puisque les décrets dictatoriaux étaient encore en vigueur en 1954. Avec une éducation scolaire limitée et une connaissance élémentaire de l’espagnol, Jesse se mit à chercher un emploi qui lui permettrait d’obtenir pour lui et sa femme un visa de résidents. En une demi-journée seulement il obtenait un contrat de travail à l’Université de la Vallée, en qualité de professeur d’anglais de la Section médicale. “Cela ne pouvait se faire qu’avec l’aide de Jéhovah”, reconnut Jesse. Grâce aux six missionnaires, l’œuvre du Royaume allait s’implanter à Cali et progresser.

Quand la situation politique changea et que les restrictions religieuses furent levées, Jesse Cantwell quitta l’université pour visiter l’une des deux circonscriptions colombiennes de l’époque. Il eut ensuite la charge d’un district, puis travailla au Béthel de Barranquilla. En 1970, les Cantwell furent affectés en République dominicaine, où frère Cantwell remplit la fonction de surveillant de filiale. Actuellement, Jesse et Lynn Cantwell sont dans le service de la circonscription aux États-Unis.

Un prêtre arrogant — des agents compréhensifs

Dans un quartier de la classe moyenne de Cali, un prêtre nommé Arango livra un combat incessant aux Témoins de Jéhovah. Un jour que sœur Fountain et une nouvelle proclamatrice, Ana Valencia, revenaient visiter une dame, le prêtre Arango fit irruption dans la maison et cria à l’adresse de cette femme: “Chassez ces Indiennes!” Furieux, il téléphona lui-​même à la police. Dans l’intervalle, les sœurs demandaient à la maîtresse de maison d’appeler un taxi. La voiture cellulaire et le taxi arrivèrent en même temps. Sœur Valencia s’avança promptement vers la voiture et dit avec conviction au conducteur: “Voyez, monsieur, le prêtre a appelé la voiture de police pour lui-​même. Nous, nous avons demandé un taxi, nous prendrons donc le taxi.” L’agent étant d’accord, les deux sœurs sautèrent dans le taxi qui les conduisit au poste de police, laissant le panier à salade pour le prêtre.

Au poste de police, le prêtre courroucé lança cette accusation: “Ces femmes parcourent ma paroisse, semant le trouble; elles corrompent les gens et leur enseignent des coutumes différentes.”

“Puisque vous avez offensé le padre, dit le juge aux sœurs, je suis obligé de vous retenir.” Les sœurs furent gardées au secret pendant six heures environ, jusqu’à ce que frères Fountain et Cantwell les eurent trouvées et fait libérer. Le juge s’excusa, disant: “Je sais que votre religion est bonne, mais si je ne vous avais pas gardées ici, j’aurais perdu mon emploi demain.”

Jamais plus il ne douta de la sagesse de sa décision

L’année 1957 marqua non seulement la fin de la dictature en Colombie, mais aussi le commencement d’une campagne encourageant les frères “à servir là où le besoin est grand”. Ceux qui vinrent en Colombie arrivèrent par vagues; il y en eut deux: la première vers la fin des années 50 et le début des années 60, et la seconde — presque un raz-de-marée — dix ans plus tard.

Prenons le cas d’Elbert Moore et de Stephania Payne Moore, diplômés de la troisième classe de Galaad en 1944, qui avaient été respectivement missionnaires au Paraguay et au Chili. Mariés, parents d’une fille et d’un petit garçon, ils vivaient de nouveau aux États-Unis; ils furent les premiers à répondre à l’appel pour servir là où le besoin est grand. Elbert vint seul à Barranquilla, en janvier 1958. L’autobus qui l’amenait en ville depuis l’aéroport traversa un quartier pauvre. Des doutes commencèrent alors à l’assaillir; il se disait: “Qu’est-​ce que tu es venu faire dans un endroit pareil?” Environ 15 minutes plus tard, il fut accueilli chaleureusement à la filiale par les missionnaires enthousiastes, ce qui modifia complètement son point de vue. “Je n’ai jamais plus douté de la sagesse de ma décision de venir en Colombie”, dit-​il.

Ayant trouvé un emploi de professeur d’anglais le lendemain matin, la question d’un contrat de travail était réglée. Il fit donc venir sa famille. Après une année passée sur la côte à Barranquilla, les Moore chargèrent leurs effets dans une vieille camionnette studebaker et parcoururent 1 300 kilomètres à travers des régions de montagnes et de plaines pittoresques, mais aussi infestées de guérilleros et de bandits, pour rejoindre leur nouveau territoire là où le besoin était plus grand encore, savoir Cali. Frère Moore fut immédiatement mis à contribution dans la congrégation de Cali, et il obtint tout aussi rapidement un emploi dans la section linguistique de l’Université de la Vallée, où il travailla pendant vingt ans, jusqu’à sa retraite.

Les enfants Moore, tous deux mariés maintenant, vivent toujours en Colombie. Le fils et le gendre sont anciens. Après sa retraite, frère Moore a servi plusieurs années dans la circonscription et le district. Maintenant il est l’un des cinq membres du Comité de la filiale de Colombie et travaille au Béthel, plus convaincu que jamais de la sagesse de sa décision de venir dans ce pays, décision qui remonte à 30 ans. Sa femme Stephania est décédée en novembre 1988.

“Les années dorées”

Déménager pour aller s’installer dans un pays étranger n’est pas une mince affaire, particulièrement quand on a quatre petits enfants et seulement 100 dollars d’économie pour le voyage. Telle était la situation de la famille Zimmerman, des États-Unis, au début de 1959. Harold et Anne, diplômés de la 18classe de Galaad en 1952, avaient passé trois années comme missionnaires en Éthiopie. À présent, la Colombie était leur objectif, mais l’argent leur faisait défaut. Ils méditèrent le conseil donné lors d’une assemblée de circonscription à ceux qui envisageaient le service de pionnier. L’orateur avait dit: “N’attendez pas d’avoir une voiture, une caravane et de l’argent en banque. Fixez la date et partez!” Mais comment couvrir les frais de transport?

La semaine suivante, tandis qu’Anne venait de réserver une place pour Harold sur le vol Los Angeles-​Bogotá, une enveloppe arriva au courrier. À l’intérieur il y avait un chèque de 265 dollars équivalant à un trop-perçu de la perception. C’était une aubaine. Et voilà que le lendemain quelques familles de Témoins remettaient aux Zimmerman un don de 350 dollars. Le budget pour la première phase du projet était maintenant bouclé.

En arrivant à Cali, Harold reçut un choc: Il vit dans le journal des rapports sur la guerre, ainsi que des photographies de corps mutilés jonchant le sol — La Violencia infâme faisait ses ravages. ‘Pourquoi n’en ai-​je pas entendu parler auparavant, se dit-​il. C’est insensé d’avoir amené une femme et quatre petits vivre ici!’

‘Les bonnes décisions, se rappela-​t-​il, sont prises en tenant compte des principes de la Bible appliqués à chaque cas.’ Il se souvint des Israélites qui écoutèrent les dix espions craintifs qui revenaient d’avoir exploré la Terre promise. Ils craignaient que ‘leurs femmes et leurs petits ne deviennent un butin’ et voulurent retourner en Égypte. La réponse de Jéhovah fut la suivante: ‘Eux mourraient au cours des 40 années d’errance dans le désert. Leurs petits survivraient et entreraient en Terre promise.’ (Nomb. 14:3, 31, 32). Harold tenait la réponse à sa question. Il alla de l’avant.

Comment Harold résume-​t-​il 30 années de vie et de service en Colombie? Il dit: “Nous sommes venus dans ce pays pour servir ‘quelques années avant Harmaguédon’. Les années ont passé, certes, plus nombreuses que nous ne l’imaginions, mais elles ont été riches de privilèges et de bienfaits pour toute la famille, qui n’a ‘jamais oublié la présence du jour de Jéhovah’.” — 2 Pierre 3:12.

“Tous nos enfants sont mariés et persévèrent dans la vérité, et nous n’avons jamais été victimes d’actes de violence. Ma femme et moi, nous vivons maintenant dans un petit bungalow près du terrain de construction du nouveau Béthel à Facatativá, appréciant les ‘années dorées’ que nous vivons en tant que travailleurs volontaires au service du Béthel *.”

Vatican II a aidé les Témoins à commencer des études

L’Église catholique de Rome avait dû reconnaître que sa politique d’intolérance religieuse moyenâgeuse n’était plus soutenable au XXsiècle. Il lui fallait se moderniser pour garder sa crédibilité. Cela fut à l’origine du concile œcuménique Vatican II (1962-​1965). Mais la libéralisation n’était pas du goût de certains membres du haut clergé colombien. Les catholiques suivaient maintenant la messe en espagnol et non plus en latin. Les images commençaient à disparaître des églises. Les protestants étaient considérés comme des “frères séparés” et non plus comme des “ennemis de l’Église”.

De plus, on encourageait maintenant les catholiques à lire la Bible. Les écoliers se mirent à acheter leur propre exemplaire pour suivre les cours de religion. Des groupes de prière et de lecture de la Bible se formèrent dans certains foyers. Petit à petit la crainte de la Bible disparaissait. Il n’était pas rare que des catholiques demandent aux Témoins: “Quelle différence y a-​t-​il entre votre Bible et la Bible catholique?” Cela ouvrait la voie à davantage d’études bibliques à domicile.

“La fièvre n’est pas tombée”

Dans le port de Buenaventura, sur l’océan Pacifique, vivait un jeune garçon catholique nommé Óscar. Il était dans sa dernière année d’étude secondaire, et comptait l’évêque parmi ses amis intimes. La mère d’Óscar se mit à étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah, et il accepta de se joindre à l’étude dans l’intention de confondre le jeune ministre pionnier qui enseignait sa mère. À chaque visite ils avaient des discussions animées sur différentes doctrines: la Trinité, l’âme, l’enfer, l’infaillibilité du pape.

Óscar chercha à obtenir de l’évêque des arguments qui lui permettraient de défendre sa croyance en la Trinité. Quelle ne fut pas sa déception de ne recevoir aucune aide de sa part! Il s’adressa alors au prêtre qui lui enseignait la religion à l’école. Celui-ci lui répondit: “Je sais que la Trinité n’apparaît pas dans la Bible, Óscar; pendant plus de 13 ans j’ai passé des nuits à étudier, et je dois m’en tenir à ce que l’on m’a enseigné.” Aucune aide de ce côté-​là non plus.

Finalement, persuadé que les Témoins de Jéhovah ont la vérité, Óscar se mit à étudier sérieusement. Baptisé dans les six mois, il renonça à ses projets d’études de biologie. Les temps décisifs où nous vivons et la chronologie biblique l’avaient convaincu de l’urgence d’être plutôt pionnier. Ses anciens camarades d’université lui dirent que ce n’était qu’une fièvre subite qui tomberait, et que dans cinq ou six ans, quand ils connaîtraient la réussite professionnelle, Óscar viendrait mendier un emploi.

Óscar a été pionnier dans la ville pétrolière de Barrancabermeja, il a servi quatre ans dans la circonscription difficile de Córdoba, puis il a visité d’autres circonscriptions, passant en tout douze ans dans cette activité. Aujourd’hui il est membre de la famille du Béthel de Bogotá avec sa femme, Otilia. Se souvenant des railleries de ses anciens condisciples, Óscar Rivas dit: “Vingt et un ans ont passé et la fièvre n’est pas tombée. En fait, le feu qui brûle en moi pour la vérité de Jéhovah est sans cesse avivé.”

Rien ne pourrait plus entraver la progression

La liberté de culte ayant été accordée par la constitution, dans les années 60 des congrégations ont vu le jour dans toutes les grandes villes et même dans d’autres plus petites. Au sud de Cali, les pionniers locaux et des missionnaires portèrent la bonne nouvelle dans les places fortes du catholicisme que sont Popayán et Pasto, vers la frontière équatorienne, et jusqu’à Tumaco, sur la côte pacifique. Les Témoins colombiens ont également pris une part plus active au sein de l’organisation. Rien ne pourrait plus entraver la progression théocratique. Bientôt, dans le pays, retentirait partout la louange à Jéhovah.

Le récit chronologique de l’œuvre du Royaume en Colombie s’arrêtait vers le milieu des années 50, au moment où la congrégation de Bogotá se débattait sans l’aide des missionnaires. Reprenons maintenant son histoire qui couvrira les trois décades suivantes jusqu’à nos jours.

Frère Knorr encourage une migration

À partir de 1960, l’œuvre du Royaume progressa à Bogotá, la capitale. De nouveaux diplômés de Galaad arrivèrent pour ouvrir une maison de missionnaires dans la partie nord de la ville, puis une seconde au sud. Le nombre des congrégations croissant, des familles vinrent de l’étranger pour apporter leur aide. Avant la fin des années 60, un événement important contribua encore à l’accroissement de l’organisation en Colombie.

En 1966, la Société organisa des voyages en Amérique latine à l’occasion des assemblées “Fils de Dieu, fils de la liberté”. Nathan Knorr, qui était alors président de la Société, encouragea les délégués étrangers à faire savoir aux Témoins de leurs pays que l’Amérique centrale et du Sud offrent un champ d’activité vaste et productif à ceux qui ont l’esprit missionnaire.

L’exhortation de frère Knorr déclencha une migration de Témoins étrangers qui s’installèrent dans ces pays d’Amérique latine, migration qui allait se poursuivre jusque dans les années 70. Ainsi, des centaines de Témoins s’établirent en Colombie.

“En 1970, dit Eugène Iwanycky, bon nombre de Témoins, dont beaucoup avaient des enfants, sont venus des États-Unis, du Canada, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Autriche et même d’Australie pour se fixer à Medellín. La majorité de ces frères s’installèrent dans les quartiers habités par les gens de la classe moyenne, où ils se mirent à visiter les hommes d’affaires et ceux qui exercent des professions libérales. Leur activité produisit très vite le fruit du Royaume. De nombreux anciens du pays aujourd’hui sont les fruits produits par ces ‘résidents temporaires’.”

Richard Brown, actuel coordinateur du Comité de la filiale, ajoute un détail important à propos de ces frères qui s’établirent un peu partout dans les villes de Colombie. Il dit: “Rien que sous le rapport de la construction de Salles du Royaume, l’initiative et l’expérience de ces frères étrangers nous ont permis d’avoir des lieux de réunion spacieux et attrayants qui ont donné de l’essor à l’œuvre, car il y avait parmi eux des architectes, des ingénieurs et des entrepreneurs de bâtiments.”

Elle donne un but à sa vie

Les Témoins de Jéhovah cherchent les gens qui prennent le temps de réfléchir à la religion. En règle générale, l’Église catholique n’a pas appris ce genre de réflexion à ses ouailles.

Par exemple, vers le milieu des années 60, une jeune Colombienne donna dans le romanesque pour ce qui est de servir Dieu et de trouver le contentement en tant que religieuse cloîtrée. Elle entra donc dans un couvent du Costa Rica, vouant tout son temps à l’étude de la philosophie. Or, au lieu de s’édifier spirituellement, elle perdit la foi, doutant même de l’existence de Dieu. La vie au couvent lui sembla alors sans intérêt, devenant même insupportable. Elle décida d’y renoncer et de rentrer en Colombie.

De retour dans son pays, elle se rendit sur la côte du Pacifique, dans la région de Chocó, pour vivre avec une tribu indienne de la jungle et lui apporter son aide. Après une année de cette vie primitive, elle prit conscience de sa futilité. Revenue à la civilisation, elle chercha à se dépenser dans un mouvement politique révolutionnaire — nouvelle désillusion.

Après ces trois expériences décevantes, elle tenta de se faire une place dans la société capitaliste. Toutefois, avant qu’elle ne réussisse à émigrer aux États-Unis, un Témoin de Jéhovah la visita chez elle. Favorablement impressionnée par le message du Royaume, et particulièrement par les explications se rapportant au fonctionnement de l’organisation de Jéhovah, l’ancienne religieuse écarta ses projets pour se renseigner davantage. Elle apprit que Dieu est fondé à tolérer l’injustice et que la vie a bel et bien un but, avec un espoir réel pour l’avenir. Elle est maintenant ministre à plein temps; non seulement elle connaît le contentement qu’elle a tant recherché, mais encore elle le fait connaître à ses semblables.

Même ses camarades avaient peur de lui

En août 1968, le pape Paul VI vint en Colombie. C’était la première visite papale en Amérique latine, et ce fut un événement marquant. Immédiatement après eut lieu la deuxième Conférence latino-américaine à Medellín, en août-​septembre 1968. À l’occasion de cette conférence, les évêques catholiques d’Amérique latine dénoncèrent la pauvreté d’une grande partie des habitants de ces pays, donnant un élan à la théologie de la libération souvent controversée. En entendant cela, davantage de pauvres se mirent à recourir à la violence pour s’approprier une plus grande part des richesses nationales.

L’un des plus aigris, nous l’appellerons Gonzalo, se rallia à un groupe de guérilleros de la montagne, en 1971. Il devint si féroce que même ses camarades avaient peur de lui. Il eut d’abord la surprise de trouver des prêtres et des religieuses dans les rangs des guérilleros. Ils prétendaient “lutter contre les injustices sociales qui ne pouvaient se combattre autrement que par la violence”. Un jour, l’un des prêtres partit au combat et ne revint jamais. Cela porta un coup fatal à ce qui pouvait rester de croyance en Dieu dans le cœur de Gonzalo.

Gonzalo fut finalement capturé et condamné à six ans de prison. “Cette incarcération empoisonna mon cœur davantage encore”, dit-​il. Avant de se joindre aux guérilleros, il vivait avec une femme nommée Susana. En prison, le bruit lui parvint qu’elle vivait maintenant avec un autre homme. Il jura de la tuer à sa sortie.

Le jour de sa libération, il trouva Susana qui l’attendait impatiemment. Tandis qu’il était emprisonné, une voisine Témoin de Jéhovah avait parlé à Susana des bénédictions du Royaume de Dieu, et cela lui avait plu. À présent, elle était déterminée; elle insista pour que Gonzalo et elle se marient.

“Je suis trop vieux pour penser au mariage”, protesta-​t-​il. “Si tu ne veux pas m’épouser, insista Susana, je vais devoir me séparer de toi, et cette fois ce sera pour de bon.”

Gonzalo estima qu’il ferait mieux d’examiner la nouvelle croyance de Susana. Il accepta d’assister à une réunion à la Salle du Royaume dans l’intention de prouver que cette religion était une escroquerie comme toutes les autres. Il emporta deux pistolets, “à toutes fins utiles”, dit-​il.

Favorablement impressionné par ce qu’il vit et entendit, Gonzalo accepta une étude biblique. Finalement, il déclara: “C’est un miracle que je sois encore vivant. Désormais, je servirai Jéhovah.” Susana et lui se sont mariés et sont devenus proclamateurs du Royaume. “Gonzalo est maintenant doux comme un agneau grâce au pouvoir de la vérité de Jéhovah”, dit le surveillant de circonscription qui a relaté ces événements.

“Que font ici tous ces gringos?”

Parlons maintenant de Carlos, un psychothérapeute. Né dans une famille catholique stricte où il était de tradition d’avoir un fils médecin et un autre prêtre, Carlos fut désigné pour la prêtrise.

À l’université, Carlos se laissa captiver par la science et la technologie. Il rejeta son éducation catholique première comme déraisonnable et adopta les philosophies révolutionnaires, se joignant à des groupes qui combattaient l’impérialisme yankee.

Les années passèrent et Carlos était toujours animé des mêmes sentiments à propos de “l’impérialisme étranger”, quand un Témoin, ingénieur chimiste et mari de sa cousine, discuta avec lui du seul remède à toutes les injustices dans le monde, savoir le Royaume de Dieu. Carlos comprit le message. Sa femme, pédiatre, et lui acceptèrent une étude biblique.

Un mois plus tard, quand ils entrèrent dans la Salle du Royaume pour la première fois, Carlos resta presque figé à la vue des Nord-Américains dans l’assistance. ‘Que font ici tous ces gringos?’ grommela-​t-​il.

Après la réunion, le surveillant-président, qui se trouvait être un Nord-Américain, s’approcha du visiteur barbu pour lui demander s’il avait apprécié le programme. “Beaucoup, dit brièvement Carlos. Mais, dites-​moi, que font ici tous ces gringos? Et pourquoi faut-​il que tout ceci vienne des États-Unis d’Amérique?”

L’ancien expliqua que ces Témoins nord-américains étaient en Colombie comme évangélisateurs, et que le siège des Témoins de Jéhovah se trouve aux États-Unis. Il dit aussi que les Témoins de Jéhovah sont politiquement neutres dans tous les pays du monde, et que dans le passé ils ont été durement traités aux États-Unis, ce qui les a conduits à livrer de nombreuses batailles juridiques pour établir leurs droits constitutionnels.

Aujourd’hui, Carlos est ancien dans la congrégation locale, et il est psychothérapeute. Il n’hésite pas à parler de Dieu et de la Bible à ses patients, et lorsqu’il discerne chez eux un désir sincère de justice, il leur communique les enseignements publiés dans les écrits de la Société. Un certain nombre d’entre eux sont ainsi venus à la vérité.

Le professeur et la Trinité

Un professeur d’université qui avait été baptiste pendant cinq ans se mit à douter de toutes les religions. Un samedi matin, sa femme accepta La Tour de Garde et Réveillez-vous! que lui avait proposés un couple de Témoins venu à sa porte. Elle les invita à revenir pour parler avec son mari, “car il aime examiner toutes sortes de religions”, leur dit-​elle.

Le professeur accepta volontiers les discussions, mais avant de pouvoir commencer une étude systématique de la Bible, les Témoins ont dû passer des heures à expliquer les différences doctrinales entre les Témoins de Jéhovah et les protestants. La sœur du professeur, adepte du renouveau charismatique, lui remit des écrits renfermant tous les arguments imaginables contre les Témoins. Les uns après les autres, il a fallu réfuter ces arguments à l’aide de la Bible.

Un jour, en arrivant chez le professeur pour leur entretien biblique hebdomadaire, les Témoins ont eu la surprise de trouver un missionnaire protestant qui les attendait. Pendant une heure et demie la discussion porta sur la Trinité, mais le protestant fut incapable de défendre avec succès cette doctrine. Le professeur tint le raisonnement suivant: “Il est insensé de penser que Satan chercherait à amener le Dieu tout-puissant à se prosterner devant lui en échange de tous les royaumes du monde!”

À partir de ce soir-​là, le professeur progressa rapidement. Et une nouvelle famille ne tarda pas à venir se joindre à la congrégation locale.

Retour à Bogotá

Vers le milieu des années 70, les bâtiments de la filiale à Barranquilla étaient devenus insuffisants. Tandis que les frères s’activaient à la recherche d’un terrain approprié, aucun d’eux n’imaginait revenir à Bogotá, là où la première filiale avait été installée en 1946, et encore moins que la Colombie disposerait bientôt d’un nouveau Béthel et d’une imprimerie qui produirait les périodiques pour quatre pays voisins, outre la Colombie.

On fit donc l’acquisition d’un terrain à Bogotá, et on se mit à tracer les plans d’une résidence confortable pour 60 travailleurs et d’une imprimerie assez grande pour abriter deux presses offset. Ces installations devaient convenir pour les années à venir.

Frère Frederick Franz, président de la Société, vint pour l’inauguration en septembre 1979. Au cours de l’année de service suivante, l’organisation connut un nouvel accroissement. Le Béthel de Bogotá avait été construit au temps opportun.

En 1982, après 36 années passées dans le service missionnaire, dont 22 comme surveillant de filiale, Robert Tracy fut nommé coordinateur du Comité de filiale dans un autre pays d’Amérique latine. Les Témoins colombiens se souviennent de Bob et de Libby Tracy avec beaucoup d’affection, et eux-​mêmes sont restés très attachés à leurs frères de Colombie.

“Impossible! N’essayez même pas”

Jusque-​là, c’était de Brooklyn que la Colombie recevait les périodiques de la Société, d’abord par courrier maritime, puis par fret. À cause de la durée du transport, la Colombie avait toujours des mois de retard sur les autres pays pour ce qui est de la distribution des périodiques et de l’étude hebdomadaire de La Tour de Garde. Comme ce serait agréable de pouvoir un jour imprimer les périodiques en Colombie!

Eh bien, c’est chose faite. William Lensink, le surveillant de l’imprimerie, va nous dire comment cela s’est passé. William est en Colombie depuis 1969, quand, petit garçon, il est venu du Canada avec sa famille pour servir là où le besoin était grand.

Il dit: “En juin 1982, le bureau de Brooklyn nous informa par lettre qu’une presse offset allait être envoyée en Colombie en janvier 1983. Ravis, nous avons commencé à faire des préparatifs. Or, voilà que début novembre nous apprenions que les droits de douane sur le matériel d’imprimerie allaient passer à 15 % à dater du 1er janvier 1983. Brooklyn serait-​il d’accord pour une expédition anticipée de la presse? Et cela pourrait-​il se faire avant la fin de l’année? Les importateurs et les courtiers en douane nous répondirent: ‘En moins de deux mois et pendant les fêtes de fin d’année, c’est impossible! N’essayez même pas.’

“‘Mais, nous sommes-​nous dit, si telle est la volonté de Jéhovah, nous réussirons.’ La filiale de Colombie avait précédemment proposé à Brooklyn un projet et un budget pour que la presse soit amenée par camion jusqu’à Miami, en Floride, et ensuite transportée par avion gros porteur; cela nécessiterait moins de manutention, donc moins de risques, et c’était aussi plus économique et plus rapide. Nous avons demandé à la Société de prendre une décision, et le Comité d’édition du Collège central approuva la proposition.

“Les frères s’occupaient eux-​mêmes de l’expédition. Le 16 novembre nous soumettions la demande de licence au Bureau des importations; il faudrait attendre au moins un mois, en cas d’acceptation. Cela ne nous laisserait que peu de temps. Ensuite, il y aurait lieu d’accomplir les formalités de douane et de prévoir des solutions d’urgence pour chaque étape. Il m’apparut préférable d’établir un calendrier des événements.”

Calendrier des événements

“LUNDI 20 DÉCEMBRE: Nouvelles de Miami: Les camions sont arrivés de New York. Les différentes pièces de la presse sont prêtes à être chargées dans les avions. Aucune nouvelle au sujet de la licence d’importation.

“MARDI 21 DÉCEMBRE: José Granados, du Béthel, et un courtier en douane se rendent au Bureau des douanes pour demander l’autorisation de dédouaner l’importation à l’aéroport même. Le secrétaire de direction repousse cette proposition non conforme aux règles. Frère Granados explique alors la raison d’être de notre Société à but non lucratif. ‘La Société s’occupera de toutes les manœuvres de manutention, ajoute-​t-​il. Le premier arrivage de Miami aura lieu jeudi.’ L’autorisation est accordée, mise par écrit, signée et scellée.

“MERCREDI 22 DÉCEMBRE: Bill Neufeld, du Béthel, et moi, nous nous rendons tôt le matin au Bureau des importations. ‘Et si la licence nous était refusée?’ Nous ne voulons pas y penser. À notre arrivée, le secrétaire nous accueille avec un sourire chaleureux. ‘Le Bureau vous a accordé la licence hier, dit-​il. Descendez la chercher.’

“JEUDI MATIN 23 DÉCEMBRE: Notre équipe de Témoins se présente de bonne heure à l’aéroport El Dorado. La grue et les camions à plate-forme sont prêts. Un 747 arrive, c’est le premier des trois gros chargements. Les autorités douanières, les inspecteurs, les agents du fisc et les commissaires aux comptes expriment leurs objections à tour de rôle. Mais les photocopies de l’autorisation officielle mettent tout le monde d’accord.

“VENDREDI 24 DÉCEMBRE: Le deuxième gros chargement est réceptionné et dédouané sans problème, bien que nous soyons la veille des fêtes de la chrétienté.

“MERCREDI 29 DÉCEMBRE: Le dernier chargement arrive comme prévu. Il est dédouané et transporté par camion jusqu’à la filiale, juste avant le ralentissement et l’arrêt des activités officielles pour la fin de l’année.

“L’‘impossible’ s’était réalisé! Au Béthel, les réjouissances de cette fin d’année n’avaient rien à voir avec la nouvelle année célébrée dans le monde. L’allégresse venait de ce que Jéhovah avait couronné de succès les efforts en vue d’amener la presse offset à l’imprimerie de Colombie avant la date limite du 31 décembre 1982!”

Enfin, un parfait synchronisme!

“Nos premiers périodiques La Tour de Garde sortaient de la presse trois mois et demi plus tard; c’était le numéro du 15 avril 1983. Les proclamateurs du Royaume étaient dans l’allégresse. En peu de temps, La Atalaya et ¡Despertad! étaient diffusés dans les Salles du Royaume du pays avant la date de parution. Il n’y avait plus de confusion quant à savoir ‘quelle Atalaya étudier cette semaine’. À la fin de l’année, notre presse produisait 200 000 périodiques chaque mois, rien que pour la Colombie. En 1984, nous avons commencé à imprimer pour les républiques voisines du Venezuela, du Panama, d’Équateur et du Pérou.

“Et en mai de la même année, grâce à l’impression simultanée des périodiques en anglais et en espagnol, nous étions enfin en concordance parfaite avec l’organisation théocratique.”

Le vrai “sel de la terre”

Au cours de la deuxième visite papale en Colombie en juillet 1986, cette fois en la personne de Jean-Paul II, le chef de l’Église catholique lança un appel spécial aux jeunes Colombiens, disant: “Vous êtes le sel de la terre! Vous êtes la lumière du monde!” Mais il ne dit pas quel était ce message de lumière que la jeunesse catholique était censée communiquer aux Colombiens, aux Latino-Américains et au reste du monde.

En revanche, il n’y a pas de doute quant au message que les jeunes Témoins de Jéhovah doivent porter aux gens et à la façon de le faire. Formés à l’École du ministère théocratique dans leurs Salles du Royaume, et aidés par les introductions et présentations suggérées dans le livre Comment raisonner à partir des Écritures, ils ont acquis de l’expérience pour prêcher la bonne nouvelle de maison en maison, pour revoir les personnes bien disposées et diriger des études bibliques à leur domicile. Un nombre croissant de jeunes Témoins répondent également à l’appel du ministère à plein temps, devenant pionniers, membres du Béthel ou travailleurs volontaires pour la construction de nouveaux bâtiments pour la filiale. En vérité, ce sont là les jeunes qui, avec leurs frères et sœurs plus âgés du monde entier, sont “le sel de la terre” et “la lumière du monde”! — Mat. 5:13, 14.

Le trafiquant de drogue et le Témoin

Il y a une dizaine d’années, les seigneurs colombiens de la drogue commencèrent à s’amasser des fortunes colossales grâce au trafic des narcotiques. À la limite d’une petite ville il y avait, côte à côte, deux maisons isolées, habitées l’une par un jeune homme, un maillon de la chaîne internationale des trafiquants de drogue, et l’autre par une famille de Témoins de Jéhovah.

Un jour que le jeune trafiquant donnait, comme à l’accoutumée, une soirée coûteuse pour divertir ses amis, notre sœur, sa voisine, confia à son mari qu’elle se faisait du souci au sujet de ce jeune homme, car personne ne lui avait jamais donné le témoignage. Le mari répondit que l’homme était dangereux et qu’à son avis il était préférable de s’en tenir bien à l’écart pour l’instant. Mais notre sœur n’arrivait pas à chasser cette idée de son esprit.

Des mois plus tard, alors que le trafiquant revenait de l’un de ses voyages hors de la ville, la sœur décida qu’il était temps de lui donner le témoignage. Munie de son sac pour le service du champ et priant dans son cœur, elle frappa à la porte.

“Que voulez-​vous?”, lui dit l’homme avec brusquerie.

La sœur ne se souvient plus bien de sa réponse, mais elle parla du Royaume et de ses bénédictions. Le jeune homme écouta attentivement et lui dit simplement: “Je crois en Dieu.” Encouragée, la sœur lui donna un témoignage complet. Le jeune homme l’accueillit favorablement et accepta d’étudier la Bible.

Heureux d’apprendre les vérités bibliques, ce jeune voisin se mit à en parler à ses “associés”, qui pensaient que la lecture de la Bible l’avait rendu fou. Afin de prendre un nouveau départ dans la vie au moyen d’un travail respectable, il acheta un taxi. Puis il débuta dans le service du champ, se voua à Dieu et se fit baptiser.

Un jour qu’il conduisait dans son taxi un ami Témoin à son lieu de travail, par la fenêtre du bureau les collègues du Témoin virent celui-ci sortir du taxi et saluer amicalement le conducteur. Ils le mirent alors en garde contre cette mauvaise fréquentation. “Cet homme est un mafioso notoire”, lui dirent-​ils. Avec joie, notre frère leur répondit: “C’était un mafioso, mais aujourd’hui il est mon frère spirituel, Témoin de Jéhovah comme moi.”

Nouvelles encourageantes de Brooklyn

Durant la visite en janvier 1987 de frère Lyman Swingle, du Collège central, le Comité de la filiale lui expliqua que le manque de Salles du Royaume entravait la progression spirituelle. On lui fit comprendre que peu de congrégations sont à même de rassembler assez d’argent pour construire une salle, et que beaucoup de lieux de réunion sont des pièces où tous s’entassent, ou bien des patios couverts dans les quartiers éloignés de la ville. Dans les circonscriptions il est également difficile de louer des salles convenables pour les assemblées.

Peu après sa visite, des nouvelles encourageantes nous parvenaient de Brooklyn: Des dispositions allaient être prises en vue de consentir des prêts pour Salles du Royaume et Salles d’assemblées. En outre, les lieux de réunions chrétiennes devraient être spacieux, attrayants et situés dans des quartiers de la ville qui ne rebutent pas le public.

Un déferlement de Témoins locaux

Comment les habitants des territoires isolés entendraient-​ils la bonne nouvelle? Edwin Muller, diplômé de la première classe de Galaad tenue au Mexique en 1980-​1981, et qui travaille maintenant au bureau du service du champ à la filiale de Bogotá, nous l’explique:

“Nous avons étudié la carte de la Colombie et remarqué que plus d’une centaine de villes de 10 000 habitants n’avaient encore jamais été visitées dans le cadre d’un témoignage organisé, la plupart d’entre elles se situant dans la région montagneuse andine. Puis, avec l’accord du Collège central, nous avons envoyé 150 proclamateurs comme pionniers spéciaux temporaires dans 30 villes pour une durée de trois mois, à partir de septembre ou octobre 1988.

“Les résultats furent impressionnants: 1 200 études bibliques; dans la plupart des cas, les pionniers ont tenu toutes les réunions habituelles; des nouveaux proclamateurs débutèrent dans le service du champ; dans une ville beaucoup de gens vinrent demander une étude biblique, mais les six pionniers qui en avaient déjà 20 chacun ne pouvaient leur donner satisfaction.

“Les nouveaux commencèrent à se faire du souci, se demandant ce qui allait arriver à la fin des 90 jours. Dans une ville, 18 personnes signèrent une lettre qu’elles envoyèrent à la filiale; elles exprimaient leur gratitude pour le message du Royaume que les pionniers leur avaient apporté. Mais qu’allaient-​elles faire une fois que la mission spéciale aurait pris fin? ‘D’autres pionniers seraient-​ils envoyés pour les aider?’ Ailleurs, les habitants supplièrent les pionniers, disant: ‘S’il vous plaît, ne nous abandonnez pas. Nous vous aiderons à trouver du travail, si seulement vous vouliez rester.’”

Frère Muller conclut: “Cette fois, nous avons lancé un appel pour que davantage de Témoins aillent servir là où le besoin est grand. Des frères écrivent ou viennent personnellement au bureau de la filiale pour savoir comment se rendre dans un territoire isolé pour y prêcher la bonne nouvelle. Aujourd’hui, ce n’est plus un déferlement d’étrangers qui émigrent en Colombie pour y prêcher, mais ce sont les Témoins locaux eux-​mêmes qui saisissent l’occasion de combler un besoin de façon admirable.”

Il n’y a plus assez de place

Les activités du Béthel et de l’imprimerie s’étaient accrues au delà des prévisions. La famille du Béthel avait largement dépassé les 60 membres prévus lors de l’installation en 1975 du bâtiment résidentiel; nous allions atteindre les 90. Depuis longtemps déjà des bureaux supplémentaires avaient été installés dans la Salle du Royaume où se réunissaient plusieurs congrégations de Bogotá, qui avaient dû déménager. L’impression et l’expédition des périodiques pour plus de 130 000 proclamateurs de cinq pays occupaient maintenant toute la surface de l’imprimerie. L’espace réservé au stockage des publications, au service de l’expédition et aux petits travaux d’impression, comme Le ministère du Royaume, les formules et les tracts, était réduit au minimum. De toute évidence, il fallait plus de place. Que faire?

Au siège de la Société à Brooklyn, on approuva le projet de construction d’une nouvelle filiale en Colombie. On acheta une grande ferme d’élevage de poulets à la limite de Facatativá, une petite ville de la savane, à 45 minutes seulement de la capitale, à l’ouest. Les premières entrevues avec les autorités furent favorables. Nous avions imprimé à leur intention une brochure illustrée qui détaillait le projet, mettant l’accent sur l’impression de Réveillez-vous! pour l’exportation. Des photographies de l’actuel Béthel ainsi que des brochures sur la filiale d’Allemagne et sur la Ferme de la Société Watchtower aux États-Unis, avec ses champs cultivés, firent forte impression. On soumit aussi aux autorités des articles de Réveillez-vous! sur l’écologie et la protection de l’environnement pour compléter la documentation.

Le travail commença au début de 1987. Un grand nombre de volontaires participant au Programme international de construction arrivèrent à Bogotá et s’adaptèrent rapidement à la vie de La Granja in Faca (la Ferme de Facatativá). En 1989 ils étaient environ 75 sur le chantier. Des volontaires colombiens vinrent également grossir la famille. Non loin de là, à Faca, les gens de la ville suivaient avec curiosité et admiration les travaux de rénovation d’un grand bâtiment délabré acheté par la Société, lequel devint Las Torres (Les Tours) où 80 travailleurs supplémentaires ont trouvé à se loger.

Sous le bruit du bulldozer, des pelles mécaniques et de la bétonnière, le bâtiment commençait à prendre forme. Les week-ends et les jours fériés, des volontaires enthousiastes de la centaine de congrégations de la région de Bogotá arrivaient à La Granja pour faire du ciment et préparer l’armature des piliers et des murs en béton, lesquels étaient ensuite mis en place par des grues. À la cuisine, des volontaires s’affairaient à la préparation des repas de midi et du soir pour ces ouvriers affamés.

Des centaines d’ouvriers temporaires de l’équipe internationale envoyés par la Société payèrent eux-​mêmes leur voyage en Colombie; ils passèrent de deux semaines à un ou deux mois sur le chantier. L’un d’eux écrivit ce qui suit à la filiale une fois rentré chez lui: “J’ai eu le privilège de passer les deux plus belles semaines de ma vie sur le chantier de construction de Facatativá, en Colombie. J’ai pu constater par moi-​même que quelque chose de spécial et d’inhabituel se passait là.”

Les visiteurs locaux qui ont vu le Béthel et le chantier de Faca ont également été impressionnés et surpris par l’organisation et l’ampleur du travail accompli par les Témoins de Jéhovah en Colombie. Ils comprennent difficilement que ces ouvriers puissent être volontaires et payer eux-​mêmes leur voyage pour venir travailler ici. Un chef d’entreprise décida que sa famille devait “venir voir cela”. Après avoir pris un repas avec les frères et visité le chantier, le maire de la ville et les membres du conseil municipal déclarèrent qu’ils souhaitaient que les employés de la ville “viennent ici et apprennent vraiment à travailler”.

À n’en pas douter, la construction de la nouvelle filiale à Facatativá annonce de grandes choses pour l’avenir de l’œuvre du Royaume dans cette partie du monde.

Un grand travail reste à faire

Un grand travail reste encore à faire dans l’œuvre du Royaume en Colombie. Vers la fin des années 60 et dans les années 70, des villes et des bourgades isolées ont été périodiquement visitées jusqu’à ce que des congrégations soient formées. Nous employons la même méthode maintenant pour ce qui est des villages et des territoires ruraux disséminés dans les collines et les vallées de la région andine.

Mais vers l’ouest, dans les forêts tropicales le long de la côte pacifique, et vers l’est, dans les vastes plaines qui aboutissent à la forêt tropicale amazonienne bordant le Brésil, il y a des centaines de villages et de colonies qui n’ont absolument pas été touchés par le message. Ajoutons à cela le défi que représentent les “villes fortifiées” sans cesse croissantes: les immeubles en copropriété et les résidences fermées. Comment contacter toutes ces personnes? Nous sommes encouragés par la Bible, qui déclare que “la main de Jéhovah n’est pas devenue trop courte pour pouvoir sauver, et son oreille n’est pas devenue trop pesante pour pouvoir entendre”. (És. 59:1.) Sans aucun doute, Jéhovah a les moyens de faire connaître son nom et son Royaume partout et en peu de temps. — Luc 19:40.

Presque 70 ans d’évangélisation

Les foules qui sont allées acclamer le pape lors de sa visite en 1986 l’ont entendu à plusieurs reprises parler de “450 ans d’évangélisation en Amérique latine”. Il entendait par là que la conquête de ces pays par la croix catholique était pour Rome l’accomplissement de la mission confiée par Christ à ses disciples avant son départ (Mat. 24:14; 28:19, 20). Or, l’“Évangile” que les missionnaires espagnols ont apporté dans ces contrées n’a expliqué ni le Royaume de Dieu, ni le Règne millénaire du Christ, ni la vie éternelle sur une terre paradisiaque.

Ce véritable Évangile ou bonne nouvelle a atteint la Colombie pour la première fois au cours des années 20, quand l’esprit de Dieu a poussé deux chrétiens à proclamer seuls “cette bonne nouvelle” dans les villages du nord-est de la Colombie. Puis, dans les années 30, des chrétiennes courageuses, poussées par le même esprit, annoncèrent ces vérités dans les principales villes du pays. Par la suite, des dizaines de missionnaires et de nombreux Témoins d’autres pays ont contribué à la progression de l’œuvre consistant à faire des disciples.

En 1940, il n’y avait que deux Témoins de Jéhovah, les premiers, qui prêchaient régulièrement le Royaume en Colombie: Heliodoro Hernández et Juan Bautista Estupiñán.

Quarante ans plus tard, en 1980, 16 000 disciples colombiens proclamaient dans l’unité l’espérance du Royaume. Et en 1989, soit neuf ans plus tard, les proclamateurs du Royaume sont plus de 40 000, ce qui représente un accroissement de 150 %. Dans tout le pays on nous rapporte ceci: les Salles du Royaume sont combles, de nouvelles congrégations sont prêtes à être formées, le Mémorial a réuni une assistance maximale. Presque 70 ans de véritable évangélisation produisent les fruits du Royaume partout dans le pays.

Ici prend fin notre visite en Colombie, pays d’une grande beauté, aux ressources naturelles abondantes et peuplé de gens aimables et hospitaliers. Un pays où depuis presque 70 ans les Témoins de Jéhovah enseignent le véritable christianisme, édifiant un paradis spirituel jusqu’aux confins de la nation.

[Notes]

^ § 12 Voir le périodique Réveillez-vous! du 8 mai 1986, pages 10-15.

^ § 91 Pour ce qui est de l’histoire de la famille de Porfirio Caicedo, voir La Tour de Garde du 1er septembre 1976, pages 520-524.

^ § 104 Son histoire a paru dans La Tour de Garde du 15 juillet 1970, pages 434-437; BI 18/70, pages 26-30.

^ § 124 Leur histoire a paru dans La Tour de Garde anglaise de 1972, pages 281-286.

^ § 157 Les récits de la vie de James Webster et d’Olaf Olson ont paru respectivement dans La Tour de Garde du 15 janvier 1960, page 23 (BI 8/61 page 49), et du 15 janvier 1961, page 27.

^ § 216 L’histoire de Harold Zimmerman a paru dans La Tour de Garde du 1er août 1984, pages 25-29.

[Tableau, page 134]

(Voir la publication)

Colombie

Max. proclamateurs

50 000

41 956

 

 

 

 

16 044

 

 

7 083

1 640

162

1950 1960 1970 1980 1989

Moy. pionniers

6 000

5 884

 

 

 

 

 

 

 

1 014

667

175

16

1950 1960 1970 1980 1989

[Encadré/Carte page 66]

(Voir la publication)

Mer des Antilles

PANAMA

Océan Pacifique

VENEZUELA

COLOMBIE

Santa Marta

Barranquilla

Cartagena

Montería

Sinú

Cauca

Magdalena

Bucaramanga

Barrancabermeja

Medellín

Armero

Facatativá

Bogotá

Buenaventura

Palmira

Cali

Neiva

Popayán

Tumaco

Pasto

ÉQUATEUR

PÉROU

BRÉSIL

Amazone

[Encadré]

Capitale: Bogotá

Langue officielle: espagnol

Religion principale: catholicisme

Population: 31 677 000

Filiale: Bogotá

[Illustration, page 70]

Agustín Primo, membre du Comité de la filiale.

[Illustrations, page 71]

Le témoignage à Bogotá, capitale de la Colombie, et à Cali, vers l’Équateur (vue de gauche).

[Illustrations, page 73]

Heliodoro Hernández et Juan Bautista Estupiñán semèrent les graines de vérité du Royaume au milieu des années 20.

[Illustrations, page 82]

Gabriel Piñeros, ancien colonel de l’armée de l’air, maintenant ancien dans l’une des congrégations de Cali.

[Illustration, page 84]

Porfirio Caicedo, père de 18 enfants voués. Son fils Raúl, diplômé de Galaad et membre du Comité de la filiale jusqu’à sa mort en 1981.

[Illustration, page 87]

Les missionnaires Olaf Olson et James Webster.

[Illustration, page 88]

Rogelio Jones, José Villadiego et Farah Morán — respectivement entrepreneur de bâtiments, ancien vendeur de billets de loterie et ancien fabricant de chemises — premiers proclamateurs encore actifs à Barranquilla.

[Illustration, page 95]

Les sœurs Carvajalino, des pionniers exemplaires, qui aidèrent plus de 300 personnes à connaître la vérité.

[Illustration, page 96]

Benjamín Angulo et Armando Gómez, membres du Comité de la filiale.

[Illustrations, page 101]

Cartagena, important port de la mer des Antilles dans l’histoire de la colonisation espagnole, entend la bonne nouvelle.

[Illustration, page 102]

Gregorio de la Rosa et sa femme, Lilia, se sont libérés des craintes superstitieuses.

[Illustration, page 105]

Richard et Virginia Brown ouvrirent la première maison de missionnaires à Medellín en 1958. Richard est le coordinateur du Comité de la filiale.

[Illustration, page 110]

Elbert Moore est le premier qui, avec sa famille, répondit à l’appel de servir en Colombie. Il est maintenant membre du Comité de la filiale.

[Illustration, page 113]

Harold et Anne Zimmerman ont élevé quatre enfants à Cali; ils sont maintenant affectés aux travaux de la nouvelle filiale à Facatativá.

[Illustration, page 116]

Óscar Rivas choisit la carrière du service à plein temps. Il est maintenant au Béthel.

[Illustration, page 123]

Robert et Libby Tracy, qui sont restés en Colombie respectivement 36 et 32 ans, ont été nommés dans une autre filiale en 1982.

[Illustration, page 124]

Les experts avaient dit: “Impossible! N’essayez même pas”; la presse rotative fut amenée par avion; le procédé s’avéra économique. La Colombie imprime “La Tour de Garde” et “Réveillez-vous!” pour cinq pays latino-américains.

[Illustration, page 131]

La Salle du Royaume d’Ibagué, construite avec l’aide de la Société Watch Tower.

[Illustrations, pages 132, 133]

Construction des nouveaux bâtiments de la filiale; montage de la structure métallique pour la nouvelle imprimerie; maquette de la nouvelle filiale.