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Brésil

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En 1500, Pero Vaz de Caminha adresse une lettre au roi du Portugal à propos du Brésil, où viennent de débarquer des explorateurs portugais. “ La meilleure chose qu’on puisse faire de ce pays, écrit-​il, (...) c’est de sauver sa population [les Indiens]. ” Ces mots trahissent l’une des principales raisons de l’expansion outre-mer des Portugais aux XVe et XVIsiècles : convertir d’autres peuples aux doctrines de la chrétienté.

Cependant, ce serait bien plus tard que les Brésiliens disposeraient de la Parole de Dieu, la Bible, et seraient alors en mesure de vérifier par eux-​mêmes ce qu’elle enseigne. La première bible complète en portugais vit le jour en 1751 (une partie étant disponible en Europe et l’autre dans le sud de l’Inde), mais il fallut attendre encore 125 ans pour la voir imprimée en portugais du Brésil. Puis c’est à la fin de notre siècle qu’elle fut publiée dans sa totalité, dans toutes les langues des tribus indiennes que compte le pays.

Le Brésil est l’un des rares pays d’Amérique du Sud où on ne parle pas l’espagnol, mais le portugais, qui en est la langue officielle. Il occupe presque la moitié du continent latino-américain et a une frontière commune avec tous les autres pays du continent, sauf le Chili et l’Équateur. D’où sa grande diversité. Les Brésiliens, enthousiastes et amicaux, sont des gens que les sujets spirituels intéressent. La plupart (85 % des 161 millions d’habitants) sont de confession catholique, un fort pourcentage d’entre eux étant attirés par le spiritisme. On a également remarqué qu’un nombre de plus en plus grand de Brésiliens se sont tournés vers les mouvements évangéliques ces dernières années.

Les débuts de la véritable instruction biblique

Dieu veut que ‘ toutes sortes de personnes soient sauvées et parviennent à une connaissance exacte de la vérité ’. (1 Tim. 2:3, 4.) On a commencé à répandre cette connaissance exacte au Brésil vers la fin du XIXsiècle. En 1899, Bellona Ferguson, de São Paulo, fut la première à recevoir des publications de la Société Watch Tower, provenant des États-Unis. Au fur et à mesure qu’elle apprenait les précieuses vérités bibliques, elle faisait de son mieux pour les communiquer à autrui. Elle se fit baptiser lorsque l’occasion se présenta, 25 ans plus tard.

Dans le même temps, huit jeunes marins brésiliens en permission à New York, où leur bateau était à quai, furent attirés par les réunions des Étudiants de la Bible (comme on appelait alors les Témoins de Jéhovah). On leur procura une bible en portugais et on leur apporta l’aide nécessaire pour la comprendre. De retour au Brésil en mars 1920, après plusieurs mois passés avec les Étudiants de la Bible new-yorkais, ils continuèrent à se réunir et à parler autour d’eux de leurs nouvelles connaissances. Au début ils se servaient, pour étudier, de publications en espagnol, parce qu’il n’y en avait pas dans leur langue, jusqu’à ce que, quelques années plus tard, George Young soit envoyé au Brésil. Des dispositions furent alors prises pour traduire et publier les publications en portugais. Puis, en 1923, une filiale de la Société Watch Tower fut ouverte à Rio de Janeiro dans le but de développer l’instruction biblique dans cet immense pays.

De l’aide arrive

Malgré ces débuts prometteurs, les progrès étaient lents. Aussi, sur les conseils du président de la Société Watch Tower, à l’époque Joseph Rutherford, Alston Yuille se rendit au Brésil en 1936 afin d’aider les Témoins à profiter plus pleinement des dispositions spirituelles que Jéhovah prenait par le moyen de son organisation visible. Maude, sa femme, l’accompagnait, ainsi qu’Antonio Pires de Andrade, un pionnier qui, du moins au début, servait aussi d’interprète. Trois ans plus tard, Otto Estelmann et Erich Kattner, des pionniers, arrivèrent d’Europe avec pour mission de faire connaître aux gens les bienfaits que pourraient leur apporter les vérités bibliques. Et, en 1945, ce fut le tour de deux missionnaires diplômés de la première classe de Guiléad : Charles Leathco et Harry Black.

Jéhovah a béni leur travail autant que celui des autres prédicateurs zélés du Royaume, si bien qu’en 1948 ce sont 1 000 Témoins de Jéhovah qui faisaient connaître les précieuses vérités bibliques au Brésil. Ce nombre s’est rapidement accru jusqu’à atteindre 10 000 proclamateurs en 1957, et 50 000 en 1968. Pendant ce temps, il a fallu agrandir le Béthel et l’imprimerie, et la filiale a quitté Rio de Janeiro pour de plus grandes installations à São Paulo. (Pour plus de détails sur l’œuvre au Brésil de 1920 à 1972, voir l’Annuaire des Témoins de Jéhovah 1973, pages 33-88.)

On procure la Parole de Dieu

Il y a de cela 50 ans, la plupart des catholiques brésiliens allaient toujours à la messe, priaient toujours Marie, obéissaient toujours au prêtre, mais ne lisaient jamais la Bible. Pourquoi ? D’une part, parce que les prêtres interdisaient aux fidèles de posséder une bible sur laquelle ne figurait pas l’imprimatur de l’Église catholique romaine. D’autre part, parce que toutes ces bibles approuvées par l’Église étaient hors de prix, donc hors de portée du pratiquant moyen. Rien d’étonnant si, à l’époque, les Témoins rencontraient souvent des gens qui n’avaient jamais vu une bible !

“ J’avais pour habitude de lire le Notre Père à ces personnes-​là, se souvient Fern, une missionnaire de longue date. Les catholiques connaissaient cette prière par cœur, et ils étaient tout surpris de la trouver dans la Bible. ” Souvent la surprise cédait la place à un certain intérêt, qui lui-​même se transformait en : “ Vous pourriez me procurer une bible ? ” Avec plaisir, les Témoins allaient se procurer une version d’un prix abordable auprès de la Société biblique brésilienne.

Les dix missionnaires alors à São Paulo étaient des habitués du point de vente local de la Société biblique. Mais les employés protestants de cette boutique n’étaient pas très heureux de voir leur stock entier de la Tradução Brasileira — une version utilisant le nom de Jéhovah — aller directement de leurs rayons dans les sacoches des missionnaires. Un jour l’employée a averti les missionnaires qu’elle ne pouvait plus leur en vendre. Peu de temps après, la Tradução Brasileira était épuisée. Il tardait aux Témoins d’avoir une nouvelle bible, et on les comprend ! En 1963, 57 délégués du Brésil assistaient aux assemblées internationales des États-Unis, lorsqu’on annonça la parution en portugais des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau. La traduction complète en portugais parut quatre ans plus tard. C’en était fini de distribuer des bibles à dose homéopathique !

Ces 30 dernières années, des millions d’exemplaires de la Traduction du monde nouveau sortis des presses de la Société ont inondé le pays et retenu l’attention du public. En 1987, Veja, premier hebdomadaire brésilien, a qualifié la Traduction du monde nouveau — avec notes et références de “ version des Écritures la plus complète ” du pays. Les Témoins de Jéhovah du Brésil (qui sont maintenant plus de 430 000) partagent ce point de vue et sont ravis que, grâce à leurs campagnes de distribution, de nombreux Brésiliens, qu’ils soient citadins ou villageois, feuillettent enfin leur propre exemplaire de la Parole de Dieu.

Les vérités bibliques à la portée de tous

Lire la Bible est une chose, mais la comprendre et savoir comment l’appliquer en est une autre. Il fallait donc mettre son enseignement à la portée de tous. En 1968, soit un an après la parution de la Traduction du monde nouveau en portugais, les 50 000 Témoins du Brésil reçurent un livre qui allait les aider dans cette tâche : La vérité qui conduit à la vie éternelle.

Après avoir lu ce livre, une pionnière expérimentée s’est exclamée : “ Il va aider des millions de gens à accepter la vérité ! ” Elle avait raison. Le nombre de livres diffusés a plus que triplé cette année-​là, et celui des études bibliques a augmenté de façon spectaculaire. Rute, du sud du pays, s’exprime au nom de tous ceux qui ont étudié ce livre : “ Quand j’ai examiné le livre Vérité, j’étais à la fois reconnaissante et furieuse. Reconnaissante parce que j’apprenais la vérité sur la condition des morts et l’espérance du Paradis, et furieuse d’avoir été trompée toute ma vie par l’Église. ”

Puis en 1983, les Témoins ont accueilli avec joie un nouvel outil pour leur œuvre d’enseignement biblique : l’édition portugaise du livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis. Ce livre a touché le cœur de bien plus de personnes de toutes couches sociales. Au début de 1996, plus de 500 000 personnes bénéficiaient d’une instruction biblique sur la base de cet outil efficace.

Alors que les mots touchaient les lecteurs du livre Vivre éternellement, les illustrations de la brochure Vivez éternellement heureux sur la terre ! quant à elles, enseignaient la Bible à nombre des 28 millions de Brésiliens ne sachant pas lire. Plus de six millions de brochures Vivez éternellement heureux ont été imprimées ces 13 dernières années. Est-​il possible pour des analphabètes de comprendre la Bible ? Bien sûr que oui ! Voyez Maria, une femme d’un certain âge. Grâce à la brochure, elle a appris que le nom de Dieu est Jéhovah et pas Senhor, tout comme elle s’appelle Maria et pas Senhora. Bien que n’en ayant jamais entendu parler auparavant, elle accepta cette nouvelle vérité lors de sa première étude biblique, et au moment de partir son enseignante s’est entendu dire : “ Que Jéhovah soit avec vous ! ” Le souhait sincère de cette femme est devenu réalité. L’œuvre d’instruction biblique va de l’avant au Brésil, grâce à Jéhovah qui la bénit.

Besoin de place pour imprimer à nouveau

En 1971, trois ans après l’installation de la filiale à São Paulo, le nombre des Témoins dépassait 70 000. On comptait cette année-​là 1 202 congrégations dans le pays ; les Témoins avaient consacré 11 000 000 d’heures à leur ministère public et dirigé, en moyenne, 58 902 études bibliques. Un tel programme d’enseignement réclamait direction et installations. À l’évidence, il fallait de nouveau agrandir les murs de la filiale. Les frères se sont concentrés sur ce besoin en s’appuyant sur Jéhovah.

L’édition portugaise de La Tour de Garde était imprimée depuis de nombreuses années au Brésil sur une vieille presse à feuilles. Cependant, en 1957, à cause du besoin croissant, de problèmes avec la presse (qui datait de 1918) et d’une réserve insuffisante de papier, le travail avait été confié à l’imprimerie de New York. Mais maintenant que des solutions avaient été trouvées pour la presse et le papier, le Brésil pouvait reprendre le flambeau.

On a entrepris des travaux dans un bâtiment annexe pour préparer un endroit pouvant accueillir une rotative typographique ultra-rapide, pour laquelle on effectuait, par ailleurs, les démarches relatives à son importation. Nous nous sommes efforcés d’obtenir l’importation en franchise, puisque nos périodiques sont de nature éducative. Mais comme des organismes religieux, à qui on avait accordé cette franchise, réalisaient de gros profits en vendant leurs publications, on comprend aisément que certaines autorités n’étaient plus disposées à en accorder à ce type d’organisme. Néanmoins un secours inattendu est arrivé en la personne d’un fonctionnaire pourtant agnostique. Il s’intéressa à notre demande et nous indiqua la marche à suivre. En novembre 1972, c’est-à-dire quatre mois plus tard, la franchise tant désirée était accordée. Augusto Machado, qui sert au bureau de la Société, se rappelle : “ Nous partions de zéro et nous n’y connaissions pour ainsi dire rien ; mais nous avons fait confiance à Jéhovah, nous avons fait notre part de travail et nous avons réussi. Jéhovah dirige vraiment ses serviteurs. ”

Il restait beaucoup à apprendre

La perspective d’imprimer sur une rotative typographique allait présenter de nouveaux défis. La machine arriva en décembre 1972, en pièces détachées, dans 47 gros containers dont certains pesaient jusqu’à six tonnes. Milan Miller fut envoyé du siège mondial pour diriger l’assemblage. Il coordonna les travaux d’une équipe de neuf frères, à qui il a ensuite appris à faire fonctionner la rotative. La participation de ces frères au montage de la presse leur a permis d’apprendre à en prendre soin. Il s’agissait pour la plupart de jeunes qui, jusque-​là, n’avaient que peu ou pas d’expérience dans le domaine de l’imprimerie. Karl Rietz participa à ce projet en tant que surveillant de l’imprimerie, ce qu’il est toujours aujourd’hui.

Les bobines de papier qui allaient servir à imprimer les périodiques arrivèrent à peu près en même temps. Euclides Justino, que le Béthel avait envoyé au port pour les réceptionner, raconte : “ Le premier arrivage faisait 150 tonnes. Nous avions prévu des camions pour transporter le papier du port de Santos jusqu’au Béthel, à São Paulo. Mais ce que nous n’avions pas prévu, c’est que le chariot élévateur du port ne ferait que déposer les bobines sur les camions et que nous aurions besoin d’une main-d’œuvre musclée pour les charger correctement. Frère Machado et moi avons donc grimpé sur un des camions et nous avons commencé à faire basculer les bobines — chacune pesant 400 kilos — pour les faire rouler jusqu’à leur place. Les dockers ont bien ri en voyant deux hommes cravatés se débattre avec leurs bobines ! Heureusement c’était bientôt l’heure du repas et nous sommes vite partis, profitant de ce temps pour engager des ouvriers afin de finir le travail. ” Petit à petit les frères découvraient ce que signifiait imprimer sur une presse rotative.

En 1973 arriva une deuxième rotative capable d’imprimer, comme la première, 12 500 périodiques à l’heure. Depuis lors, d’autres presses — des rotatives quatre couleurs — ont été installées. C’est ainsi que, tout au long de ces années, nous avons pu répondre à la demande de publications bibliques.

Inauguration de la nouvelle annexe

Environ quatre mois avant l’arrivée de la seconde rotative, on avait fixé la date de l’inauguration de la nouvelle annexe du Béthel. Certains doutaient que les travaux de construction soient terminés à temps. Fred Wilson, le surveillant de la filiale, leur répliqua : “ Vous ne connaissez pas nos frères ! ” Ils ont mis du cœur à l’ouvrage, ont travaillé jusque tard dans la nuit, y compris les samedis et les dimanches. Le 17 mars 1973, jour de l’inauguration, ils mettaient la touche finale et à midi tout était prêt ! Tandis que la dernière benne à ordures franchissait le portail à l’arrière, les visiteurs pénétraient dans la réception !

Nathan Knorr, président de la Société, et Max Larson, surveillant de l’imprimerie de Brooklyn, étaient présents pour l’occasion. C’est frère Knorr qui prononça le discours d’inauguration. Le lendemain, un programme spécial de trois heures avait été prévu, auquel ont assisté plus de 28 000 personnes rassemblées dans l’Ibirapuera Gymnasium plein à craquer. Ce jour-​là frère Knorr a montré toute l’importance d’examiner régulièrement le texte du jour, après quoi il présenta l’Annuaire 1973, publié pour la première fois en portugais. (Auparavant, les matières pour le texte du jour paraissaient dans La Tour de Garde.) Lire et examiner de cette façon une portion de la Parole de Dieu chaque jour est important dans la vie du peuple de Jéhovah, en accord avec les paroles de Jésus Christ lui-​même : “ L’homme doit vivre, non pas de pain seul, mais de toute parole qui sort par la bouche de Jéhovah. ” — Mat. 4:4.

L’assemblée internationale “ La victoire divine ”

L’année 1973 s’est terminée avec la plus grande assemblée jamais tenue au Brésil par le peuple de Dieu. Elle eut lieu au stade Pacaembu de São Paulo, du 26 au 30 décembre. Un énorme ballon flottait au-dessus du stade, reprenant le thème de l’assemblée, “ La victoire divine ”. Le programme a renforcé la conviction des assistants que la victoire divine par le moyen du Royaume de Dieu comblera bel et bien l’humanité de merveilleux bienfaits. Au cours de ce rassemblement, ils ont vu de leurs yeux que le fait d’être enseigné selon les voies de Dieu consignées dans la Bible avait déjà transformé la vie de dizaines de milliers de Brésiliens. En effet, 28 ans plus tôt, c’est à un auditoire de 765 personnes que frère Knorr s’était adressé dans un gymnase voisin. Là, le regard dirigé vers l’immense stade, il s’était demandé si les Témoins du Brésil le rempliraient un jour. Ce jour était arrivé en 1973. Frère Knorr avait devant lui, dans ce fameux stade, une foule de 94 586 personnes ! Et la veille 3 187 nouveaux ministres s’étaient fait baptiser. Ces cinq jours d’assemblée représentaient, à l’évidence, une victoire divine.

Les assistants étaient venus de tout le pays. Trois autocars et quatre voitures avaient parcouru quelque 4 000 kilomètres au départ de Manaus, la capitale de l’État de l’Amazone. Ils étaient les tout premiers à emprunter la précaire route transamazonienne. Un autre groupe avait effectué plus de 3 000 kilomètres depuis Belém, sur la côte nord ; et un train spécial ainsi que plus de 180 autocars avaient transporté les joyeux Témoins de l’État de Rio de Janeiro. On en a tant parlé que le gouverneur de l’État de São Paulo et le maire de la ville sont venus sur les lieux de l’assemblée.

Loger ces milliers d’assistants n’a pas été une mince affaire, d’autant que beaucoup d’entre eux n’avaient pas les moyens de se payer l’hôtel. Quelque 21 000 demandes de logement ont été traitées par le service logement. Conformément au conseil biblique de ‘ suivre la voie de l’hospitalité ’, des Témoins et d’autres personnes ont proposé d’accueillir des assistants chez eux (Rom. 12:13). Plus de 6 000 ont dormi dans des Salles du Royaume. Quant aux assistants venus d’Amazonie, ils ont été hébergés dans une fabrique offerte par le mari d’une sœur, fabrique dans laquelle on avait placé des matelas donnés par des Témoins et des personnes bien disposées.

Deux mois plus tard, la même assemblée avait lieu à Salvador, dans l’État de Bahia, réunissant 32 348 personnes.

“ Vous devez vous montrer saints ”

Bien que les Témoins de Jéhovah aient toujours désapprouvé l’usage du tabac, l’importance de ce point n’a pas été perçue avant 1973. C’est pourquoi des Témoins fumaient toujours, alors qu’ils étaient baptisés. Cependant, en son temps, Jéhovah a aidé ses serviteurs à saisir des principes bibliques qui devraient avoir une incidence sur leur comportement en rapport avec cette pratique (2 Cor. 7:1 ; Gal. 5:19-21, note). La Tour de Garde, dans son édition portugaise du 1er décembre 1973, a dirigé l’attention sur le fait que, dorénavant, tous ceux qui désiraient se faire baptiser devaient être affranchis de l’usage du tabac. Quant à ceux qui, déjà baptisés, fumaient encore, on leur accorda un délai de six mois pour abandonner cette habitude s’ils désiraient continuer de faire partie de la congrégation.

Animés du bon point de vue, la plupart ont réussi à se débarrasser de cette habitude impure. Un frère, qui fumait toujours bien que baptisé depuis 1964, s’est dit que si d’autres avaient pu s’arrêter de fumer pour leur santé, à combien plus forte raison y parviendrait-​il pour continuer à servir Jéhovah. Certains, il est vrai, ont été exclus, mais nombre d’entre eux ont fini par modifier leur état d’esprit et leur cœur, ont cessé de fumer et ont été réintégrés. Le peuple de Jéhovah continuait ainsi à se conformer à Ses normes élevées de sainteté. — Lév. 19:2 ; 1 Pierre 1:16.

Le temps se fait-​il court ?

Dans le but d’aider les gens à comprendre le besoin urgent de prendre position pour Jéhovah sur la question de la souveraineté, une distribution intensive de tracts Nouvelles du Royaume a été entreprise dans les années 70. Le n16 des Nouvelles du Royaume avait pour titre Le temps se fait-​il court pour l’humanité ? Amaro Santos, qui a servi au Béthel ces 25 dernières années, raconte : “ La Société avait envoyé l’équivalent de 100 tracts par proclamateur, que nous devions distribuer en dix jours, du 22 au 31 mars 1974. Le style de ce tract était attrayant, si bien que même les personnes habituellement indifférentes ont été réceptives au message du Royaume. Il y a eu plus de 7 000 nouveaux proclamateurs, et ensemble nous avons laissé huit millions de tracts. ”

Certains de ceux qui reçurent et lurent ce tract ont réagi rapidement. Témoin le cas de cet étudiant de São Paulo, âgé de 22 ans. Touché par l’urgence de la situation, il accepta d’étudier la Bible avec le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle. Très vite, il en parla aux autres étudiants et, trois mois plus tard, il participait à une autre distribution de tracts.

Des efforts particuliers ont été faits afin d’atteindre les gens qui habitaient des contrées éloignées. Les jeunes proclamateurs étaient de la partie. Voici ce qu’ont fait deux d’entre eux dans l’État du Rio Grande do Sul : “ Nous sommes partis de la maison à 6 heures du matin, a écrit Belarmino Colla, qui avait 15 ans à l’époque. Comme les habitations étaient éparpillées, nous n’avons pas rencontré âme qui vive avant 10 heures. Il a parfois fallu laisser les chevaux et aller à pied. Nous avons prêché jusqu’à 20 h 30 et passé la nuit chez une personne qui avait montré de l’intérêt pour notre message. Nous avons repris notre activité le lendemain matin à 7 heures et, à 15 heures, nous avons pris le chemin du retour pour arriver à la maison à minuit. En deux jours, nous avions parcouru 90 kilomètres à pied et laissé seulement 30 tracts. ” Ces prédicateurs du Royaume savaient que leur message pouvait signifier la vie éternelle pour les gens ; par conséquent, les millions de Brésiliens devaient avoir la possibilité de le connaître. Ces jeunes étaient conscients de l’urgence exprimée dans le titre de ce tract.

‘ Pas moyen d’échapper aux Témoins ’

En 1974, Edivaldo Gil da Silva et sa femme, Marli, deux pionniers spéciaux, étudiaient la Bible deux fois par mois avec une dame qui habitait une ferme très isolée à côté de Ribeirão Prêto, dans l’État de São Paulo. Pour qu’ils puissent accéder à cette ferme, un livreur de lait les prenait un bout de chemin dans son camion à 4 heures du matin et ils faisaient à pied les dix kilomètres restants. L’étudiante progressait bien jusqu’à ce que son mari s’oppose au point de déménager avec sa famille sans laisser d’adresse.

Huit ans plus tard, à une assemblée de district, un couple s’adressa à Edivaldo et Marli : “ Vous vous souvenez de nous ? C’est nous qui habitions la ferme. ” Et le mari d’expliquer qu’il avait voulu déménager pour échapper aux Témoins. Mais, arrivés à leur nouveau domicile, et avant même qu’ils aient eu le temps de décharger les meubles, deux Témoins étaient là qui leur parlèrent du dessein de Dieu pour l’humanité. C’est ce qui l’a fait réfléchir. Il a accepté d’étudier la Bible et a bien progressé ; quelques mois plus tard sa femme et lui se faisaient baptiser.

Une visite revivifiante

En septembre 1974, les frères de São Paulo ont connu une joie particulière : celle de recevoir Frederick Franz, alors président de la Société Watch Tower. Ce n’était pas sa première visite au Brésil. Il avait participé au programme de l’assemblée de São Paulo en 1945, aux côtés de frère Knorr. Cette fois, il était accompagné de Karl Klein qui devait faire partie peu de temps après du Collège central des Témoins de Jéhovah. Tous deux séjournaient là en touristes pour trois jours, ce qui ne les a pas empêchés de communiquer volontiers à leurs frères chrétiens “ quelque don spirituel ”. (Rom. 1:11, 12.) Que pouvait-​il y avoir de plus agréable que de parler de sujets spirituels ? On organisa sur-le-champ une assemblée, dans un théâtre, à laquelle assistèrent 2 000 personnes.

Massasue Kikuta, membre du Comité de la filiale depuis 1967, était présent. “ Frère Franz nous a tous surpris, dit-​il, en prononçant avec aisance son discours en portugais. Sans la Bible et sans notes (sa vue déclinait déjà), il a cité et expliqué tout le Psaume 91 verset par verset pendant plus de deux heures... Il avait 80 ans ! ” On apprit plus tard qu’il avait fait exactement la même chose en espagnol pour les frères du Paraguay !

Onze orphelins découvrent la vérité

À peu près à cette époque, une famille du Goiás avait absolument besoin d’aide. Pourquoi les souffrances ? Quel était le but de la vie ? Elle voulait comprendre. Le père désespéré à cause de graves problèmes financiers s’était suicidé. Quelques mois plus tard, c’est la maman qui succombait à une crise cardiaque. Tout ce qu’il restait de la famille Vinhal, c’étaient les enfants : 11 orphelins. Au moment du drame, la plus âgée avait 17 ans et le plus jeune 40 jours. À force de volonté et de courage, cinq d’entre eux ont pu rester ensemble. Quant aux six plus jeunes, ils ont été confiés à la famille. Certains, voulant les consoler, leur disaient que cette tragédie était la volonté de Dieu, ce qui, bien sûr, ne faisait qu’ajouter à leur chagrin.

Maria Lucia, l’aînée, se posait des questions sur Dieu et sur l’Église catholique. Son intérêt a été éveillé lorsqu’une femme, Témoin de Jéhovah, a proposé une étude biblique gratuite à une de ses collègues de travail. Remarquant l’intérêt de Maria Lucia, sa collègue lui a offert le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle. Quand Maria Lucia a revu la chrétienne quelques jours plus tard, elle l’a suppliée de la faire bénéficier du cours biblique proposé à sa collègue. Les paroles de Jésus relatives à la résurrection, citées en Jean 5:28, 29, l’ont remplie d’espoir. La réponse de la Bible à sa question “ Pourquoi Dieu permet-​il le mal ? ” lui a permis de comprendre que Dieu ne les avait pas abandonnés. Avec le temps, toute la famille, à l’exception du plus jeune, a pu être réunie, et tous s’encourageaient mutuellement. Les 11 enfants ont étudié la Bible et se sont fait baptiser. Grâce à la Bible, ils ont appris ce qu’était une conduite chrétienne. Au sens spirituel, ce n’étaient plus des orphelins ; ils avaient “ et frères, et sœurs, et mères ”, au centuple (Marc 10:29, 30). Aujourd’hui l’une des sœurs est pionnière spéciale, une autre est missionnaire au Paraguay, et Paul et sa femme servent au Béthel du Brésil.

100 000 proclamateurs !

Les années passant, le nombre des prédicateurs du Royaume augmentait constamment. Pour l’année de service 1959, l’accroissement a été de 23 %. Au cours des dix années suivantes, ce chiffre a diminué pour osciller entre 9 et 14 %. Puis en 1975 le nombre de baptêmes s’est élevé à 16 789, et on a franchi pour la première fois le cap des 100 000 proclamateurs, avec un accroissement sur l’année précédente de 17 %. Cette année-​là, l’accent avait été mis sur la prédication en territoires éloignés et en territoires insuffisamment parcourus et, pour la première fois également, on dépassait les 1 000 pionniers spéciaux. Bien qu’au cours des dix années suivantes l’accroissement ait été moindre, on allait de l’avant dans le domaine de la prédication, ce qui laissait présager de bons résultats.

À cette époque, le Brésil comptait plus de 100 millions d’habitants, mais 20 % d’entre eux n’entendaient pas parler de la bonne nouvelle régulièrement. Un grand nombre vivaient dans des petites villes situées assez loin des très grandes agglomérations. Afin de pouvoir les atteindre et d’organiser des réunions là où l’intérêt serait suffisant, des pionniers spéciaux temporaires ont été nommés avec l’accord du Collège central et ajoutés aux 1 000 pionniers spéciaux déjà en service. Au début ils étaient nommés pour trois mois, ensuite cette période a été prolongée. Les 128 premiers pionniers spéciaux temporaires ont été envoyés dans 113 villes différentes. Les résultats ont été très encourageants.

Dans une ville de l’État de Goiás, lorsque des pionniers sont retournés voir une dame qui avait demandé un exemplaire de la Traduction du monde nouveau, elle pleurait. Pour quelle raison ? On lui avait dit qu’il ne fallait pas lire cette bible parce qu’elle renfermait un autre nom pour Dieu : Jéhovah. Mais après avoir approfondi la question avec les pionniers, cette dame et ses amis ont découvert que le nom Jéhovah apparaissait à certains endroits dans leur propre bible. Elle était furieuse contre le pasteur de son Église. Quel en fut le résultat ? Quarante-cinq nouvelles études bibliques !

Il y avait, dans l’État du Piauí, un homme assoiffé de vérité. Avant de connaître les Témoins il avait lu en partie le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis. Il l’avait emprunté et avait tellement été passionné par son contenu qu’il avait décidé de le recopier à la main. Lorsque les Témoins l’ont rencontré, il avait déjà recopié 21 chapitres. Imaginez sa joie de pouvoir étudier la Bible, qui plus est, dans son propre exemplaire imprimé !

Dans l’État de Sergipe, deux pionnières ont rencontré beaucoup d’opposition de la part d’un diacre qui remplaçait le prêtre. Comment cela s’est-​il terminé ? Le diacre a fait une annonce par haut-parleur à la population, pour l’avertir que Jéhovah n’était pas le nom de Dieu, mais un nom inventé par une secte américaine. Il n’en fallait pas plus pour exciter la curiosité de nombreux paroissiens et, en peu de temps, les sœurs dirigeaient 67 études bibliques !

Dans l’État du Rio Grande do Norte, des pionniers ont commencé à étudier la Bible avec une dame. Sa première étude lui a tellement plu qu’elle a invité ses voisins à assister à la suivante. Elle avait prévu cinq bancs qu’elle avait empruntés à l’école. Trente personnes sont venues. Mais il y avait d’autres amateurs, si bien que les études suivantes ont eu lieu... dans la cour de l’école.

Dans une petite ville de l’État du Mato Grosso do Sul, un médecin et sa femme ont étudié la Bible, puis ont commencé à participer à la prédication. Le spectacle de ce médecin allant de porte en porte pour parler de la Bible a fait grand bruit dans la ville. Quand les pionniers qui avaient étudié avec ce couple sont partis, le médecin et sa femme se sont retrouvés les seuls Témoins actifs. Après avoir servi comme pionniers auxiliaires, ils ont entrepris le service de pionnier permanent. Au début, ils n’étaient que tous les deux aux réunions, mais, avec le temps, une congrégation de dix proclamateurs a été formée. Ce couple sert aujourd’hui au Béthel du Brésil.

Les premières Salles d’assemblées

Le nombre de Témoins de Jéhovah augmentant dans le pays, il devint de plus en plus difficile de trouver des lieux où tenir les assemblées. La solution était que nous ayons nos propres salles. Notre coup d’essai fut Salvador, dans l’État de Bahia, qui bénéficie toute l’année d’un climat tropical doux. En 1975, on y a construit, sur le versant d’une vallée, un amphithéâtre partiellement couvert pouvant accueillir 4 000 personnes sur des bancs en béton. On l’appela Parc d’assemblées. Un peu plus tard dans la même année, on commença à construire une Salle d’assemblées à Ribeirão Pires, dans un magnifique endroit boisé situé à 40 kilomètres de São Paulo. Une deuxième salle a plus tard été bâtie à côté de la première, et on les relia par un circuit interne de télévision. Leur capacité totale est de 3 300 places assises. Puis, en 1979, c’est la région de Rio de Janeiro qui a vu naître une Salle d’assemblées, plus exactement à Duque de Caxias.

Lors de la construction de ces Salles d’assemblées, on a remarqué un état d’esprit enthousiaste. Ce bel état d’esprit a compensé le manque d’expérience de beaucoup, mais également le manque d’engins et d’outils adaptés. Par exemple, à Ribeirão Pires, il a fallu creuser à sept mètres de profondeur pour établir les fondations sur un sol ferme. Seulement, la pelle mécanique utilisée ne pouvait creuser que jusqu’à 3,50 mètres. Le reste a été fait à la pelle et à la pioche. On a dû creuser ainsi plus de 20 trous !

Comment cela s’est-​il passé pour la préparation et le coulage du béton ? Il n’y avait ni centrale à béton ni camion-toupie pour ce chantier. Natal Batulevicins, membre de la famille du Béthel, raconte : “ Le béton était préparé dans deux vieilles bétonnières chargées manuellement, puis transporté par brouette jusqu’à la zone à bétonner. Des files de 20 à 30 volontaires poussaient les brouettes. Pour les endroits en pente ou difficiles d’accès, un deuxième volontaire venait à la rescousse en tirant la brouette avec des crochets. Quand il fallait couler une dalle, tout le monde mettait la main à la pâte, même ceux qui travaillaient dans les bureaux, et le travail durait parfois 24 heures. ”

Une nouvelle gestion

Pour les Témoins de Jéhovah du monde entier, l’année 1976 aura marqué un changement dans l’organisation des filiales. Le 1er février de cette année-​là, de nouvelles dispositions concernant les comités de filiale ont été appliquées. Au lieu d’un surveillant, c’est un comité de frères spirituellement mûrs, représentant le Collège central, qui a été nommé pour diriger l’œuvre dans chaque pays. Tous sont, sur le plan spirituel, des hommes d’âge mûr, des bergers du troupeau de Dieu.

Le Comité de la filiale du Brésil était composé à l’origine de sept membres : Massasue Kikuta, John Kushnir, Augusto Machado, Karl Rietz, Amaro Santos, Heinrich Selbert et Fred Wilson. Puis frère Selbert a dû quitter le Brésil pour raisons familiales, et, en 1988, frère Kushnir est mort. Les autres ont poursuivi leurs activités au sein de ce comité, et, en 1995, un 6membre a été désigné pour en faire partie : Östen Gustavsson. Vers la fin de 1976, quelques-uns d’entre eux ainsi que d’autres représentants des filiales du monde entier sont allés à New York pour des réunions organisées par le Collège central. Ces réunions avaient pour but de leur faire mieux connaître leurs responsabilités ainsi que les membres du Collège central et le siège mondial des Témoins de Jéhovah.

On tire un meilleur profit des assemblées

En 1976 on s’est également intéressé de plus près à la sonorisation des assemblées, domaine dans lequel des progrès restaient à faire. On s’était autrefois servi d’amplificateurs, de haut-parleurs et de pavillons conçus pour les petites salles, et, pour des occasions particulières, on avait utilisé différents types de matériel, dont certains étaient dépassés. Il en sortait un son trop faible et il y avait de fréquentes interruptions de programme.

Il a fallu des années de travail et beaucoup de matériel neuf pour améliorer la situation. Maintenant, les assistants de la plupart des assemblées peuvent mieux entendre les discours et en tirer un meilleur profit. C’est un point dont on comprend l’importance quand on sait qu’en 1995 se sont tenues 158 assemblées de district dans 82 villes différentes et que les 724 849 personnes présentes avaient dépensé temps, énergie et argent pour y assister. Elles méritaient ce qu’il y a de mieux en matière de confort d’écoute pour profiter au maximum du programme. Satisfait du résultat, un surveillant de circonscription a déclaré en 1994 : “ Je suis très heureux de vous faire savoir qu’à notre assemblée le son était d’excellente qualité, et qu’en conséquence les frères ont été très attentifs et ont pris de nombreuses notes. ”

Mais qu’a-​t-​on fait pour les Salles du Royaume ? En 1993 on a organisé 100 cours de sonorisation dans tout le pays pendant lesquels on a donné des conseils pratiques pour améliorer la qualité du son lors des réunions. Plus de 9 000 frères y ont assisté. “ Le cours de Floriano, dans l’État du Piauí, s’est déroulé à une époque de terrible sécheresse et la situation financière des frères était désastreuse, rapporte un instructeur. Pourtant, tous les invités étaient présents. Et certains avaient dû pour cela faire un voyage de 12 heures ! ”

Une atteinte à la liberté de culte à Cachoeiras de Macacu

Parfois, des obstacles naissent par suite de malentendus avec les autorités. C’est ce qui s’est produit le dimanche 13 juin 1976, jour où, sur ordre du juge, la police mit sous scellés la Salle du Royaume de Cachoeiras de Macacu, dans l’État de Rio de Janeiro. Toute activité de prédication fut également interdite dans la ville. Pourquoi ces décisions ?

Deux jours plus tôt, un jeune homme de 17 ans s’était blessé accidentellement avec un fusil de chasse. Il fut transporté à l’hôpital où on diagnostiqua une hémorragie interne et une grave anémie. Son père demanda au chirurgien de faire tout son possible pour sauver son fils, mais de ne pas lui administrer de sang. Malheureusement, le jeune homme mourut au cours de l’opération malgré la transfusion de sang qu’il reçut contre la volonté de son père. Une enquête fut ouverte afin de déterminer les responsabilités. Des reportages déformés influencèrent le juge qui ordonna la fermeture de la Salle du Royaume. Le surveillant-président de la congrégation, Ladislau Lehký, aidé de quatre avocats, adressa une demande d’injonction, qui fut enfin examinée le 26 octobre. Frère Orlando do N. Paula, l’un des avocats, profita de l’occasion pour présenter rapidement les faits. Les juges se prononcèrent à l’unanimité en faveur de l’injonction, ce qui eut pour conséquences l’annulation du précédent jugement, la réouverture de la Salle du Royaume et la reprise de l’activité de prédication. La liberté de culte avait été soutenue !

À l’assemblée de district “ Les travailleurs joyeux ”, l’exigence de Jéhovah concernant le caractère sacré du sang fut de nouveau soulignée dans un discours à l’issue duquel on annonça la parution de la brochure Les Témoins de Jéhovah et la question du sang (Lév. 17:10 ; Actes 15:28, 29). On organisa une campagne de distribution durant les mois d’avril et de mai 1978 dans le but de remettre cette brochure en main propre aux juges, aux avocats, aux médecins, aux infirmières et aux directeurs des hôpitaux ; cette brochure les aiderait à comprendre et à respecter la position des Témoins de Jéhovah. On encouragea également les frères à en remettre un exemplaire à leur médecin de famille. Parallèlement, des frères furent désignés pour envoyer la brochure accompagnée d’une lettre explicative aux médecins et autres membres des professions libérales que les proclamateurs n’auraient pas pu rencontrer personnellement. Il y avait plus de 70 000 médecins au Brésil. C’était une vaste entreprise, et elle fut couronnée de succès. Cependant c’était encore insuffisant, mais nous en reparlerons plus loin.

On s’organise en vue de l’accroissement

Un accroissement dans le nombre de proclamateurs ainsi qu’une extension de l’œuvre de prédication s’annonçaient. Il fallait s’organiser en conséquence (voir Isaïe 54:1-3). Pour couvrir le besoin en publications, il a été nécessaire de remplacer la rotative typographique par des presses offset plus rapides. Mais on manquait de place. En attendant de trouver une solution définitive, on a construit, en 1975, un bâtiment annexe à la Salle d’assemblées de Ribeirão Pires, qui servit d’entrepôt pour une partie du papier. Toutefois le besoin de locaux plus grands pour les habitations, les bureaux et l’imprimerie se faisait clairement sentir.

On envisagea l’achat de nouveaux terrains situés près des bâtiments existants, à São Paulo, mais ce projet s’avéra irréalisable en raison des lois sur la répartition des zones et du coût immobilier élevé. L’autre solution consistait à trouver un tout autre endroit. Le Collège central nous recommanda d’orienter nos recherches à l’extérieur de São Paulo. Après avoir étudié plusieurs possibilités, en août 1977 on fit l’acquisition d’une propriété de 115 hectares à Cesário Lange, dans l’État de São Paulo, à environ 150 kilomètres de sa capitale.

‘ Vous ne voyez pas assez grand ! ’

Juste après la transaction immobilière, des volontaires répondirent à l’appel de venir préparer le terrain. Différents projets de construction furent soumis au Collège central. Selon nos plans, il y avait de quoi faire face à l’accroissement pendant des années. En fait, nous pensions même avoir vu un peu grand. C’est pourquoi la réponse du Collège central nous a abasourdis : ‘ Vous ne voyez pas assez grand ! Vous devriez multiplier votre projet par deux ! ’

Finalement les plans des immeubles d’habitation, de l’imprimerie et des bureaux représentaient une surface cinq fois plus grande que celle que nous possédions à São Paulo. Était-​ce justifié ? Eh bien, depuis 1977 le nombre de Témoins de Jéhovah a quadruplé au Brésil et le nombre annuel d’heures consacrées au ministère a, lui, sextuplé.

Les travaux de construction furent confiés à une entreprise de bâtiment, mais nos frères ont tout de même pris en charge certaines tâches nécessaires. Frère Paulo Tinoco Carneiro, un ingénieur en bâtiments et travaux publics expérimenté, a quitté la ville de Salvador pour s’installer à proximité du chantier de construction. Environ 150 autres Témoins, dont des membres de la famille du Béthel, ont apporté leur soutien en effectuant certaines tâches, telles que la fabrication d’encadrements de fenêtre en aluminium, la préparation des repas pour les travailleurs et également des travaux de maintenance et d’entretien. Au moment fort de la construction, on servait trois repas par jour aux plus de 1 000 travailleurs. Ce n’était pas une mince affaire !

Le grand nombre d’ouvriers employés par l’entreprise de bâtiment a constitué un excellent territoire pour la prédication en soirée et le week-end. En un mois, un frère a laissé plus de 80 exemplaires du livre Recueil d’histoires bibliques. Des études bibliques ont été commencées et six ouvriers ont progressé jusqu’au baptême. L’un d’eux fait maintenant partie de la famille du Béthel.

De nouvelles responsabilités

La construction de nouvelles installations a entraîné des responsabilités. Max Larson, du siège mondial, a abordé ce point au cours de sa visite au Brésil en 1980, dans un discours prononcé au stade Pacaembu de São Paulo. Il a insisté sur la nécessité pour les frères de chaque pays de soutenir financièrement leur propre activité de prédication et la construction de leurs propres Béthel et imprimerie. Les frères du Brésil pourraient-​ils assumer cette responsabilité ? Leur pays traversait une grave crise économique, qui se manifestait par des taux d’inflation et de chômage élevés. La réponse fut magnifique. En dépit des difficultés, les frères ont fait des offrandes volontaires et régulières, que ce soit à titre individuel ou avec leurs congrégations ; les travaux de construction ont ainsi pu être achevés et le matériel nécessaire installé. Cette générosité a rappelé une caractéristique de l’esprit manifesté par les Israélites de l’époque du roi David, quand il projetait la construction du temple à Jérusalem. — 1 Chron. 29:3-9.

Le déménagement des 225 membres de la famille du Béthel et de tout le matériel de l’imprimerie commença en août 1980 ; il a représenté l’équivalent de 160 camions. Le matériel fut installé, et il ne manquait plus à la famille qu’une période d’adaptation à son nouveau cadre de vie.

Le programme d’inauguration eut lieu le 21 mars 1981. C’est frère Lloyd Barry, membre du Collège central, qui prononça le discours. Citant les paroles merveilleuses du roi Salomon lors de l’inauguration du temple de Jérusalem, frère Barry a bien fait comprendre que tout l’honneur et la gloire pour ce beau Béthel revenaient à Jéhovah. Puis il conclut ainsi : ‘ C’est pour que l’œuvre de prédication s’intensifie que ces bâtiments ont été construits. L’œuvre de prédication mérite par conséquent une attention soutenue de la part de chacun d’entre vous. ’

Les mois qui suivirent ont vu défiler des groupes de Témoins venus des quatre coins du pays pour visiter le Béthel. En un seul jour férié on a compté 12 000 visiteurs, soit 300 autocars et des dizaines de voitures.

Ces frères ont pu se rendre compte que le Béthel n’avait pas tout simplement pris possession de nouveaux bâtiments. Des pas importants avaient été franchis dans le domaine de l’impression des publications bibliques. Ainsi, en 1981, la filiale du Brésil commença à imprimer les éditions en espagnol de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! pour la Bolivie, le Paraguay et l’Uruguay, pays hispanophones voisins. Puis, en plus des périodiques, elle imprima et relia des livres d’étude biblique, ce qui réclama de nombreux équipements et de nouvelles compétences. La chaîne de reliure de la toute récente imprimerie commença à fonctionner en 1981, et le premier ouvrage qui en sortit fut l’Annuaire 1982 en portugais. Peu de temps après suivit le premier volume de l’Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, et, à partir de 1987, on s’attaqua au plus important de tous les livres, la Bible, avec l’impression et la reliure de l’édition portugaise des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau.

Les camions de la Société assurent les livraisons

Afin de réduire les frais d’expédition des publications et de garantir leur arrivée dans les congrégations, le réseau de livraison par les véhicules de la Société fut développé en 1982. Ce réseau existait depuis 1974, mais on y ajouta alors les congrégations du nord-est, dont certaines se situaient à 3 000 kilomètres du Béthel.

Actuellement les camions de la Société effectuent 463 livraisons toutes les trois semaines, ce qui représente plus de 30 000 kilomètres. Cette disposition permet de desservir régulièrement plus de 4 600 congrégations. Douze tournées sont assurées, la plus longue dépassant 7 000 kilomètres sur 15 jours. Les chauffeurs sont des membres de la famille du Béthel ; ils sont reçus avec hospitalité chez des Témoins des congrégations desservies et assistent aux réunions de la congrégation à laquelle appartiennent leurs hôtes.

On progresse vers les territoires isolés

La prédication de la bonne nouvelle continuait sa progression vers les territoires peu ou pas parcourus. En 1976, Francisco Albuquerque et sa femme étaient pionniers spéciaux à Tefé, en Amazonie. Ils tiraient parti des fêtes organisées dans la ville en prêchant aux gens qui venaient par bateau pour y assister. Un jour, Francisco a laissé un livre La vérité qui conduit à la vie éternelle à un jeune représentant de commerce et lui a montré comment l’étudier. Deux ans plus tard, lorsqu’ils se sont enfin revus, Francisco a remarqué que le jeune homme avait étudié le livre et que les réponses qu’il avait soulignées étaient les bonnes. Une étude biblique hebdomadaire fut commencée. Comme deux heures de bateau séparaient les deux hommes, Francisco se rendait deux fois de suite chez le jeune homme, qui, à son tour, les deux semaines suivantes, faisait le trajet jusque chez Francisco. Peu de temps après, le jeune représentant se faisait baptiser ainsi que quatre autres hommes. Il transforma une de ses pièces en Salle du Royaume, et bientôt une congrégation a été formée.

En 1977, des pionniers spéciaux qui prêchaient dans des petites villes et des zones rurales du centre du pays logeaient dans une caravane. L’un d’eux, Jair Paiva Ferreira, aujourd’hui membre de la famille du Béthel, raconte : “ Nous laissions la caravane dans une des plus grandes villes du centre, et nous utilisions la voiture pour nous rendre dans le territoire. Après un petit-déjeuner copieux pris tôt le matin, nous étions prêts à prêcher la journée entière, que nous commencions dès 8 heures. Ensuite nous cherchions un endroit près d’une rivière où nous pourrions nous laver et manger, et dormions dans la voiture. Seuls le bruit du vent et les grillons nous réveillaient. Le matin en ouvrant les yeux, nous voyions les perroquets et les aras voler tout près de nous. C’était très agréable. Quant aux gens du territoire, leur soif de vérité faisait chaud au cœur. Certains se sont procuré un exemplaire de chaque livre que nous avions en notre possession. J’ai laissé 48 livres en une journée et effectué 109 nouvelles visites en un mois, et cependant je n’ai pas pu revoir toutes les personnes qui avaient manifesté de l’intérêt. De nombreuses études ont été commencées, et, bien que beaucoup avaient du mal à lire, un grand nombre de gens sont venus à la vérité. ”

Le mariage : honorable devant Dieu et devant les hommes

Outre les lacunes en matière de lecture et d’écriture, un autre obstacle a empêché de nombreuses personnes de prendre position pour la vérité : leur statut matrimonial. Certains, ne pouvant payer et la cérémonie civile et la cérémonie religieuse, ont opté pour la dernière qui n’avait aucune valeur légale. Bien sûr, lorsque de telles personnes étudiaient la Bible, elles comprenaient qu’elles devaient légaliser leur union. — Héb. 13:4, 18.

Une femme d’Uberlândia, dans l’État de Minas Gerais, était dans cette situation. Elle avait été “ mariée ” lors d’une cérémonie catholique sept ans auparavant et son compagnon ne voyait pas l’utilité d’un mariage civil. Qu’allait-​elle faire ? Sa compréhension de la Bible grandissant, elle lui fit savoir que, s’il continuait de refuser, elle devrait le quitter, bien que ce n’était pas son désir. Comprenant qu’elle ne plaisantait pas, il finit par accepter. Elle se fit baptiser rapidement après leur mariage.

Jusqu’en 1977, aucune loi sur le divorce n’existait au Brésil. Si donc quelqu’un de marié avait quitté son conjoint et vivait maintenant maritalement avec une autre personne, il ne pouvait pas légaliser cette dernière union. Pourtant certains avaient des petits-enfants de leur deuxième union. Se fondant sur l’exemple de Jéhovah lui-​même qui pardonne les péchés commis par ignorance, le Collège central autorisa le baptême aux personnes qui signeraient une Déclaration de fidélité avec la promesse de se marier dès qu’elles en auraient la possibilité (Actes 17:30 ; Rom. 3:25). À une époque, la Société possédait un assez grand nombre de déclarations.

Ainsi, une mère de 13 enfants étudia la Bible pendant huit ans, mais il lui fut impossible de se marier. Elle signa une Déclaration de fidélité et put alors se faire baptiser. Quand ses enfants apprirent ce qui avait retardé son baptême, huit d’entre eux se sont mis à étudier la Bible. Cinq se sont fait baptiser et les autres assistent aux réunions.

Finalement, une loi sur le divorce fut promulguée, et, bien qu’elle ait exigé trois ans de séparation pour que le divorce soit prononcé, la plupart de ceux qui avaient signé une déclaration ont pu régulariser leur situation. En 1988, le gouvernement ramena cette période à un an.

Une école pour le ministère

En 1978, on accorda une attention toute particulière à la formation des anciens. L’École du ministère du Royaume formait déjà les frères nommés à une fonction de surveillant depuis 1959. Cependant, en 1978, tous les anciens du Brésil, y compris ceux qui en avaient bénéficié auparavant, furent invités à un cours de deux jours, pendant lesquels ils ont examiné à l’aide de la Bible comment s’améliorer dans leur rôle de berger et d’enseignant du troupeau ; les différentes façons de prendre la tête dans l’œuvre d’évangélisation ; comment garder la congrégation pure sur les plans moral et spirituel ; et également comment collaborer au sein du collège des anciens. Environ 7 000 anciens assistèrent à ce cours. Depuis lors, ce type de formation et de rappels est donné régulièrement par l’École du ministère du Royaume.

Les assistants ministériels n’ont pas été négligés. Ils ont également pu assister au cours de l’École du ministère du Royaume prévu à leur intention à partir de 1985. En outre, depuis 1988, nous n’utilisons plus seulement les Salles du Royaume, mais également les Salles d’assemblées, ce qui permet à un plus grand nombre d’anciens et d’assistants ministériels de suivre ces cours ensemble et dans un même lieu. Le dernier cours, celui de 1995, a réuni 22 092 anciens et 27 544 assistants ministériels. Quelle belle assemblée d’hommes qualifiés et désireux de se voir confier des responsabilités dans la congrégation !

Une autre école a également commencé à fonctionner au Brésil en 1978 : l’École pour les pionniers. Le premier cours de deux semaines a eu lieu à Fortaleza, dans l’État de Ceará. Son but est d’affermir les relations des pionniers avec Jéhovah, de les aider à suivre de plus près les traces du Christ et d’améliorer leur efficacité dans le ministère.

Les rapports de la Société indiquent que, ces 18 dernières années, 39 649 pionniers permanents ont pu bénéficier de cette merveilleuse disposition, grâce aux 1 650 cours tenus au Brésil. Pour la seule année 1994, on a organisé 187 cours dans 107 endroits différents, afin qu’une aide soit apportée aux pionniers de tout le pays.

Les efforts que certains ont faits pour y assister méritent d’être signalés. Une sœur dont le mari n’est pas Témoin se levait le matin à 5 heures. Après s’être occupée des tâches ménagères, elle allait au cours des pionniers, et, immédiatement après, elle repartait chercher ses enfants à l’école. Une autre sœur devait changer les dates de ses congés pour pouvoir assister au cours. Son employeur n’étant pas d’accord, elle continua d’essayer de le convaincre, mais en vain. C’était toujours la même réponse : “ Impossible ! ” Déterminée à assister à ce cours, elle décida, après avoir prié Jéhovah, de quitter son travail et l’annonça à son employeur. Impressionné par la sincérité de la sœur, celui-ci finit par accepter de modifier ses dates de congés.

Voici ce que déclara Paulo Azevedo, instructeur lors du premier cours : “ L’École pour les pionniers les aide à voir leur territoire sous un nouvel angle ; pour ce faire elle insiste sur la nécessité de montrer un intérêt sincère à la personne rencontrée, en prenant en considération ses soucis, sa situation, sa conception des choses et ses croyances. S’ils gardent cela bien présent à l’esprit, les pionniers découvriront un nouveau territoire. ”

Des missionnaires au Brésil

Les missionnaires ont joué un rôle considérable en établissant des structures solides en matière d’organisation. Les deux premiers missionnaires, diplômés de la première classe de Guiléad, arrivèrent au Brésil en 1945. Vingt-deux ans plus tard, ils étaient 76, et en 1974, 117. Certains ont servi des dizaines d’années dans la circonscription et le district, comme Richard et Ruth Wuttke ainsi qu’Eric et Christina Britten. Au fil du temps, ce sont 250 missionnaires venus de 11 pays qui ont servi au Brésil.

En général, le peuple brésilien respecte les étrangers. Il n’empêche qu’il faut quand même de la volonté et une bonne dose d’humour pour s’habituer au climat, à la nourriture, à la langue et aux coutumes locales. Voyez ce que raconte Sylvia Gustavsson, une missionnaire de Suède : “ La première nouvelle visite que nous avons faite au Brésil, mon mari (Östen) et moi, était chez un couple de Belo Horizonte, dans l’État de Minas Gerais. Après avoir parlé environ une heure avec eux, nous leur avons dit qu’il était temps pour nous de partir. ‘ Oh ! déjà ? se sont-​ils exclamés. Restez encore un peu ! ’ Nous en avons conclu qu’ils étaient très intéressés, nous nous sommes donc assis et avons poursuivi la conversation. Une demi-heure plus tard, nous avons de nouveau dit que nous allions partir. Et ils répétèrent : ‘ Oh ! déjà ? Restez encore un peu ! ’ Cette scène s’est reproduite trois fois, et nous les avons finalement quittés aux environs de minuit ! Nous avons vécu la même situation lors des visites suivantes, jusqu’à ce que nous comprenions que l’expression en question est en fait une formule de politesse, par laquelle les gens montrent qu’ils ont apprécié votre visite, mais elle ne signifie pas pour autant que vous devriez ‘ rester encore ’. Heureusement, l’intérêt de ce couple pour la vérité était sincère ! ”

Des missionnaires brésiliens

Étant donné l’aide excellente apportée par les missionnaires dans notre pays, combien nous avons été heureux d’apprendre, en 1982, que des frères du Brésil allaient à leur tour servir comme missionnaires à l’étranger ! À la fin de cette année-​là, trois couples avaient été envoyés en Bolivie, et, depuis lors, 90 frères et sœurs brésiliens ont été nommés missionnaires en Angola, en Bolivie, au Mozambique et au Paraguay.

Certains d’entre eux ont eux-​mêmes connu la vérité grâce aux missionnaires. C’est le cas d’Átila Carneiro, de Belém. Il avait été déçu par la religion. Lorsque Delfina Munguia (une missionnaire) l’a rencontré, il a montré un certain intérêt et acceptait régulièrement les périodiques. Au bout de quelque temps, Delfina s’est arrangée pour qu’il étudie la Bible trois fois par semaine en compagnie d’un frère missionnaire. Après sa deuxième étude, Átila commença à parler autour de lui de ce qu’il apprenait et, avant même qu’il soit baptisé, il dirigeait trois études bibliques ! Il s’est fait baptiser, a entrepris le service de pionnier permanent, puis celui de pionnier spécial. Sa femme et lui sont maintenant missionnaires au Mozambique.

Benjamin Silva et sa femme, Iolanda, font également partie des missionnaires brésiliens qui servent au Mozambique. Ils étaient auparavant pionniers dans le nord du Brésil où ils ont essayé de concilier deux responsabilités : celles de pionniers et de parents. Ensuite quand Martha, leur fille, s’est mariée, ils se sont rendus disponibles pour servir comme missionnaires. Martha est elle-​même pionnière. À l’évidence, Jéhovah les a bénis tous les trois.

Inondations dans le Sud

Déjà au Ier siècle, les chrétiens apportaient une aide matérielle à leurs frères qui traversaient de grandes épreuves (Actes 11:29, 30). Le Paraná, Santa Catarina et le Rio Grande do Sul, États du sud, ont été dévastés par de graves inondations en 1983. À Blumenau, dans l’État de Santa Catarina, le niveau du fleuve Itajaí-Açu est monté de 16 mètres, provoquant l’inondation de presque toute la ville. À l’exemple des chrétiens du Ier siècle, les Témoins ont porté secours à leurs frères en offrant 43 tonnes de nourriture et 41 tonnes de vêtements.

Le désir d’apporter de l’aide était vif, témoin le cas de João Vicentim Carrer, un ancien de Campo Grande, dans l’État du Mato Grosso do Sul, à 1 400 kilomètres du drame. Quand il a vu le reportage à la télévision sur l’inondation, il a appelé la Société et a demandé ce qu’il pouvait faire. Avec d’autres anciens, il a collecté les trois tonnes de nourriture, de vêtements, de chaussures et de médicaments préparés par les congrégations de la ville et, le jour même du reportage, il prenait la route pour Blumenau avec son fils.

Luiz Bognar, un ancien de Blumenau qui a participé à la distribution des secours, raconte : “ Avec les frères, nous avons adapté un système de roues sur le bateau, de manière qu’il puisse aussi bien flotter que rouler sur les îlots de terre qui émergeaient du fleuve, puis nous nous sommes mis à la recherche des frères isolés. À certains endroits, le niveau de l’eau était si haut que nous avons dû couper les fils électriques pour pouvoir passer. Je m’étais fait accompagner de mes deux fils, âgés de 10 et 12 ans, parce qu’ils savaient bien nager, et puis je savais aussi qu’on respectait davantage les bateaux dans lesquels il y avait des enfants. ”

Ils ont trouvé dans une maison 16 personnes qui étaient bloquées là depuis dix jours et qui avaient épuisé leurs réserves de nourriture. Juste avant qu’arrivent les secours, un frère de ce groupe avait dit en commentant le texte du jour que Jéhovah pourvoirait à leurs besoins en son temps. C’est exactement ce qui s’est passé. Dans une autre habitation, il y avait 22 personnes confinées à l’étage supérieur et dans le grenier depuis une semaine. Quand elles ont entendu un bateau s’approcher, elles ont tout d’abord pensé à des voleurs. Mais lorsqu’elles ont entendu crier : “ Frère Walter Germer ! ” elles ont compris qu’il s’agissait de frères venus à leur secours. “ Ce fut un bon témoignage pour les voisins ”, rapporte Janis Duwe, qui se trouvait parmi les sinistrés et qui est maintenant au Béthel. Ce qui a été fourni aux frères a largement dépassé leurs besoins pour un jour ou deux. “ Il s’est écoulé plusieurs mois avant que nous ayons à acheter quoi que ce soit pour manger, poursuit Janis, sauf bien sûr les denrées périssables. ”

L’esprit pionnier se propage

Bien que les Témoins de Jéhovah se portent secours sur le plan matériel en cas d’urgence, leur principale activité reste la prédication de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Ils reconnaissent en ce Royaume la seule solution définitive aux innombrables problèmes de l’humanité. Afin de mettre en valeur cette activité, en 1984 la Société a envoyé une lettre à tous les proclamateurs baptisés du Brésil, qui commençait ainsi : “ Par cette lettre, nous souhaitons t’inviter personnellement à entreprendre le service de pionnier auxiliaire en avril. ” Autrement dit, on les invitait à consacrer au moins 60 heures durant ce mois à faire connaître la Bible à leurs voisins. Cette invitation est-​elle restée lettre morte ? Le maximum précédent était de 8 000 pionniers auxiliaires pour le mois d’avril 1983 ; à la suite de l’invitation, ce chiffre est passé à plus de 33 000, soit 21 % du nombre des proclamateurs ! Quel mois formidable sur le plan théocratique !

Mais cela a réclamé de vigoureux efforts. Un frère camionneur et un autre, maçon, se sont organisés pour prêcher après leur travail, de 18 h 30 à 20 h 30. Une sœur, couturière à domicile, se levait tôt pour faire son travail et pouvoir ensuite effectuer son service. Une mère de huit enfants, âgés de 12 ans à 5 mois, a bénéficié de la coopération de sa famille : les plus grands se sont occupés des plus petits et le père s’est chargé des repas. Dans une congrégation, 5 des 12 proclamateurs ont entrepris le service. Parmi eux il y avait deux chefs de famille dont l’un était père de 10 enfants et l’autre de 14. Ils habitaient à environ 15 kilomètres de la ville et s’y rendaient deux jours par semaine, au cours desquels ils prêchaient neuf heures. Une autre sœur, qui ne pouvait pas marcher, installait sa chaise sur le trottoir en face de chez elle et abordait les passants.

Après avoir goûté à la joie que procure ce service, plusieurs de ces pionniers auxiliaires d’un mois ont rédigé une demande de pionnier permanent (Ps. 34:8). En avril 1984, on comptait 3 500 pionniers permanents. Six mois plus tard, il y en avait 4 200, et l’année d’après, 5 400. Aujourd’hui ils sont plus de 22 500. Quelle joie pour eux de se dépenser aussi pleinement dans l’œuvre la plus importante qui soit !

Les publications en simultané

Avant 1984, l’édition portugaise de nos périodiques paraissait six mois après l’édition anglaise. Toutefois, cette année-​là, nous avons été équipés de deux rotatives offset et du MEPS (Système Électronique de Photocomposition Multilingue mis au point par les frères du siège mondial à New York). Les textes étaient, cette fois, traduits directement sur ordinateur et mis en page par le MEPS de façon bien plus rapide. Paul Bauer, Erich Kattner et Franz Schredl reçurent une formation à New York sur l’utilisation et la maintenance de ce système. C’est ainsi qu’en 1984 les publications éditées en anglais ont commencé à être imprimées en même temps en portugais.

Les rotatives offset, produisant 32 000 périodiques à l’heure, furent offertes par les frères des États-Unis et installées sous la direction d’Harry Johnson, du Béthel de Brooklyn. Les publications paraissaient donc en simultané, et, peu de temps après, on les imprima également en quatre couleurs et sur un papier de meilleure qualité. Ces améliorations produisirent des résultats excellents. On enregistra le chiffre record de 50 000 abonnements pour le seul mois de juin 1987, chiffre qui continua d’augmenter pour atteindre 87 238 en avril 1994. Actuellement nous imprimons chaque mois une moyenne de 3 500 000 périodiques en portugais et en espagnol.

Un nombre exceptionnel d’hommes d’intégrité se rassemblent

Un autre événement marquant eut lieu en 1985, du 23 au 25 août, lors des assemblées de district “ Les hommes d’intégrité ”, pour lesquelles on avait réservé les deux plus grands stades du Brésil, le Morumbi de São Paulo et le Maracanã de Rio de Janeiro. Des délégués de 11 pays étaient présents, ainsi que deux membres du Collège central, John Barr et Lyman Swingle.

Le discours public, “ Où en sommes-​nous dans les temps et les époques fixés par Dieu ? ” fut présenté à São Paulo par John Kushnir devant 162 941 personnes, et à Rio de Janeiro par Augusto Machado devant 86 410 personnes, soit un total de près de 250 000 assistants ! C’était presque autant qu’à New York en 1958 où des délégués de 123 pays s’étaient rassemblés dans deux stades, à ceci près que 250 000 n’était pas le nombre total des assistants aux différentes assemblées de district au Brésil !

En effet, 144 000 personnes ont assisté aux 23 autres assemblées organisées à travers tout le pays, lors desquelles on a compté 1 192 baptêmes. Parmi ces nouveaux baptisés se trouvait une dame de São Leopoldo, dans l’État du Rio Grande do Sul, qui avait perdu récemment un enfant dans un accident et qui, à la suite de cela, s’était tournée vers le spiritisme. Cependant elle en vint à lire la brochure Les esprits des morts — Peuvent-​ils vous aider ou vous nuire ? Existent-​ils vraiment ? Cette lecture l’a tant marquée qu’elle s’est mise à rechercher la Salle du Royaume, où une étude biblique lui fut proposée. Elle accepta, et après de rapides progrès elle était prête pour le baptême. Aujourd’hui, cette sœur, son mari et une de ses petites-filles servent Jéhovah.

La distance n’est pas un obstacle

Nos frères et sœurs brésiliens appliquent vraiment le conseil biblique de ne pas ‘ abandonner l’assemblée ’, et cela d’autant plus qu’ils voient s’approcher le jour de Jéhovah (Héb. 10:24, 25). Il leur faut parfois pour cela faire des efforts considérables. Un frère de la congrégation de Fazenda Taquari, dans l’État de Bahia, parcourt huit kilomètres à pied pour aller aux réunions, bien que boiteux et âgé de 70 ans. Toujours dans l’État de Bahia, des frères de la congrégation d’Olindina emportent des vêtements dans un sac plastique pour se changer parce qu’ils auront marché pendant 16 kilomètres et traversé une rivière. À Pará, plusieurs familles font six kilomètres dans la forêt, où elles remarquent souvent des empreintes de jaguar. Dans l’État de l’Amazone, deux familles (15 personnes en tout) doivent traverser la jungle pour rejoindre leur congrégation à Repouso do Amatari. Un adulte marche devant et frappe le sol et les arbres avec un bâton pour faire fuir les serpents.

Chaque fois qu’elle ne peut se faire emmener en camion, une sœur enceinte fait les 16 kilomètres qui la séparent de la Salle du Royaume d’Axixá (Tocantins) à pied, avec un enfant dans les bras. Une autre sœur, pour emmener les siens à la salle, les met dans deux grands paniers à califourchon sur le dos d’un âne.

Trente-sept personnes de la congrégation de Rio Badejo, dans l’État de l’Amazone, ont assisté à l’assemblée de circonscription de Cruzeiro do Sul, dans l’État de l’Acre. Cette congrégation ne comptait alors que 9 proclamateurs. Tout le groupe a fait huit heures de marche, y compris une sœur, mère de huit enfants, dont le plus jeune n’avait que cinq ans. Enfin, dix frères ont parcouru 100 kilomètres à bicyclette pour assister à leur assemblée à Floriano, dans l’État du Piauí. Quelle profonde reconnaissance pour les dispositions que Jéhovah prend sur le plan spirituel !

L’esprit de sacrifice des bergers

Du fait de la rapide progression dans le nombre des proclamateurs, il a fallu davantage de bergers pour prendre soin du troupeau de Dieu (Actes 20:28 ; 1 Pierre 5:2). Il fallait non seulement des anciens dans les congrégations, mais aussi des surveillants qualifiés qui pourraient voyager et apporter leur aide dans les circonscriptions et les districts. Un grand nombre de frères se dépensent beaucoup dans le service itinérant depuis plus de 30 ans. On crée en moyenne chaque année 12 nouvelles circonscriptions, et il y a actuellement au Brésil 326 surveillants de circonscription et 21 de district. Ces frères manifestent un bel état d’esprit en étant prêts à servir à n’importe quel endroit, quelles que soient les conditions.

Qu’est-​ce que cela signifie ? Certains ont abandonné une maison confortable et acceptent de bon cœur de vivre dans des logements correspondant aux conditions de vie des frères. Ils ont affaire aux moustiques et à d’autres insectes qu’amène le climat tropical. À cause de la chaleur, il leur arrive de dormir dans des hamacs. Parfois, les maisons n’ont qu’un toit, mais pas de murs. Dans les endroits isolés, ils voyagent en bateau, à cheval, dans des autocars en ruine ou tout simplement à pied.

José Vertematti, qui était surveillant de circonscription dans l’État du Maranhão en 1970, écrit : “ Pour visiter les congrégations de Sítio Ceará et de Guimarães, ma femme Mazolina et moi devions commencer par deux heures de bateau, puis nous attendions tout ce qui pourrait nous servir de moyen de transport, puisqu’il n’y avait pas d’autocar. Nous avons plusieurs fois été emmenés en camion, Mazolina dans la cabine, et moi au-dessus du chargement qui pouvait être soit des cochons, des poulets ou des chèvres, ou encore de la farine, du riz ou des haricots. Parfois le camion s’embourbait, auquel cas nous descendions pour le pousser. Si tout se passait bien, cette partie du voyage nous prenait à peu près cinq heures. Il nous restait alors à faire quatre heures de marche pour arriver à la Salle du Royaume. ” Les Témoins étaient vraiment très heureux de recevoir leurs frères.

Pour assister aux réunions de la congrégation de Guimarães, certains frères faisaient environ 30 kilomètres à pied chaque semaine, ce qui représente cinq à six heures de marche. Mais, lorsque le surveillant de circonscription était là, ils restaient sur place toute la semaine pour profiter au maximum de sa visite.

Certaines circonscriptions sont immenses, avec une population clairsemée. Pour vous donner une idée, dans les années 80 une seule circonscription comprenait les États de l’Acre et de Rondônia, et une partie du Mato Grosso et de l’Amazone, soit une superficie équivalente à celle de l’Espagne. Alors qu’il était dans cette circonscription, Adenir Almeida se rendit dans la congrégation de Lábrea, dans l’État de l’Amazone, où beaucoup de gens souffraient de la maladie de Hansen, c’est-à-dire la lèpre. Pour y arriver, il avait voyagé quatre heures en bus, passé la nuit dans une pension de famille, et, le lendemain, partagé l’arrière d’un camion qui transportait des bouteilles de boissons alcoolisées avec huit autres personnes. Au bout de quelques heures passées dans ce camion, sous la chaleur, tous mouraient de soif. Or le seul élément liquide à leur disposition se trouvait dans ces bouteilles. Ils en ont donc chapardé quelques-unes et en ont proposé à frère Almeida, qui reconnaît qu’en la circonstance il a dû se faire violence pour ne pas céder à la tentation. Après un périple de dix heures sous un soleil brûlant, dans la poussière, puis sous la pluie, ils arrivèrent enfin à Lábrea, où la congrégation tout entière s’était déplacée pour accueillir frère Almeida : deux pionniers spéciaux et deux proclamateurs non baptisés ! Frère Almeida eut la joie de les baptiser le dimanche.

Wladimir Aleksandruk, surveillant itinérant célibataire pendant près de 30 ans, est allé en prison... pour y dormir ! En 1972, il était allé rendre visite à une proclamatrice isolée dont le mari n’était pas Témoin. Comme il n’y avait pas d’hôtel dans la petite ville, frère Aleksandruk s’est arrangé pour dormir dans la prison. Il en rit encore : “ Tout le monde me prenait pour le nouveau responsable de la prison. Eh oui, ils me voyaient entrer et sortir comme je le voulais, et puis je portais un costume et une cravate. Le premier jour, j’étais le seul locataire, mais le lendemain j’ai eu un compagnon : un homme qui avait volé un cochon, à qui j’ai pu donner le témoignage. ”

Ces surveillants, dont l’esprit de sacrifice est manifeste, s’accordent pour dire que l’inconfort ou le manque d’intimité sont largement compensés par l’amour chaleureux et le zèle véritable des frères.

En route pour l’Ouest

Dans les années 80, de nombreuses familles du Sud ont répondu à l’appel du gouvernement leur proposant de s’établir dans l’ouest du pays. Elles se sont principalement installées dans l’État de Rondônia pour y cultiver un lopin de terre offert par le gouvernement. Des routes de 35 kilomètres de long, appelées bandes, avaient été ouvertes et le terrain qui se trouvait de chaque côté de ces “ bandes ” pouvait être acquis par les nouveaux résidents. Voilà qui allait constituer un excellent territoire pour la prédication !

À Pimenta Bueno, dans l’État de Rondônia, un coiffeur évangélique avait construit une église. Cependant les disputes entre les pasteurs, tous voulant être nommés dans l’église qui collectait le plus d’argent, l’ont contrarié. Il n’avait jamais écouté les Témoins ; mais un jour qu’il observait les pionniers spéciaux en train de prêcher, à l’évidence très heureux, il se demanda : ‘ Si c’est moi qui détiens la vérité, pourquoi suis-​je aussi triste ? Et si ce sont eux les “ faux prophètes ”, pourquoi sont-​ils si heureux ? ’ Il attendit qu’il fasse nuit pour aller chez les Témoins — il ne voulait pas qu’on le voie — et accepta d’étudier la Bible. Frappé par ce qu’il avait appris, il invita les pionniers, Jonas et Robson Barbosa de Souza, à donner le témoignage aux 30 membres de son Église. Plusieurs acceptèrent la vérité, et bientôt on ferma l’église évangélique. Peu de temps après, c’est l’église catholique qui dut fermer ses portes. En effet, l’homme qui dirigeait l’office, et sa famille, étaient également devenus Témoins de Jéhovah.

Lors de la première visite du surveillant de circonscription, la congrégation comptait déjà 49 proclamateurs, et 280 personnes assistèrent au discours public. Le territoire était petit et on arriva rapidement à cette situation pour toute la ville : ou les habitants étaient des Témoins, ou ils étudiaient la Bible. Pour leur activité de prédication les proclamateurs devaient donc se rendre en camion dans les colonies voisines. Ils utilisaient ce même camion, recouvert d’une bâche contre la pluie et le soleil, pour aller aux assemblées à Pôrto Velho, la ville la plus proche, située à 600 kilomètres.

L’Amazonie

Bien que la prédication en Amazonie présente un réel défi, les besoins spirituels de la population n’ont pas été négligés. Cette région a une superficie supérieure à celle de l’Europe de l’Ouest. La partie brésilienne de la forêt constitue presque la moitié du pays, mais cette région ne compte que 9 000 000 d’habitants, c’est-à-dire 6 % du peuple brésilien. Les fleuves sont par endroits de vraies mers. C’est le cas du rio Negro, l’un des principaux affluents de l’Amazone. Sa largeur près de Manaus, la capitale amazonienne, est de 18 kilomètres. Quant à l’embouchure du bras le plus important de l’Amazone, elle a une largeur de 50 kilomètres. À maints égards, l’Amazone est le roi des fleuves.

Dans cette région il n’est pas rare de devoir voyager plusieurs jours en bateau pour aller d’une ville à l’autre. Deux pionniers spéciaux envoyés à Eirunepé, une ville de 20 000 habitants, racontent leur voyage : “ Il a fallu 13 jours de bateau pour rejoindre notre affectation. Considérant le bateau comme faisant partie de notre territoire, nous avons laissé plusieurs publications aux passagers et commencé huit études bibliques que nous dirigions deux fois par jour. ” En Amazonie, 213 pionniers spéciaux apportent une aide aux gens en leur faisant connaître la Parole de Dieu.

À bord des bateaux de la Société

Depuis 1991, quelques pionniers spéciaux utilisent deux bateaux mis à leur disposition par la Société et qui font partie intégrante de leur équipement pour le ministère. Il y a tout d’abord la Boas Novas (Bonne nouvelle) qui navigue sur le rio Negro, le rio Purus, le Madeira et le Solimões. Le second, Proclamador das Boas Novas (Prédicateur de la bonne nouvelle), tourne autour de l’île de Marajó — qui est aussi grande que les Pays-Bas — à l’embouchure de l’Amazone.

Cinq pionniers ont été affectés sur chaque bateau : pendant que quatre vont prêcher, le cinquième reste à bord pour préparer les repas, faire le ménage et aussi pour garder le bateau qui risquerait d’être pillé. Leur objectif principal est de rencontrer les habitants des petits villages situés sur les rives et ceux qui habitent des baraquements sur pilotis ou des maisons flottantes.

“ Entre ! ” (Entrez !), telle est l’expression qu’entendent presque invariablement les pionniers quand ils s’approchent d’une maison. Suit une conversation qui dure au moins 40 minutes. Ils restent deux mois dans les villages importants, étudient la Bible souvent plusieurs fois par semaine avec les personnes qui le souhaitent, prévoient le discours public et l’étude de La Tour de Garde dans une école ou chez un particulier. Les autres réunions ont lieu sur le bateau. Si des personnes montrent un réel désir de servir Jéhovah, alors des pionniers seront désignés pour rester et développer l’intérêt pour la bonne nouvelle.

À environ trois heures de bateau de Manaus, vers Janauacá, les frères ont construit une Salle d’assemblées unique en son genre. Les assistants qui y viennent de loin ne rencontrent aucun problème de logement. Beaucoup vivent dans des maisons flottantes qu’ils remorquent jusqu’à la Salle d’assemblées qui se trouve sur une île ; ils “ garent ” leur maison et n’ont plus qu’à débarquer. Bien que les congrégations des environs totalisent moins de 100 proclamateurs, l’assistance aux assemblées peut s’élever à presque 250 personnes.

Des Indiens viennent à la vérité

Les Indiens, qui sont rarement traités avec respect, sont touchés que les Témoins de Jéhovah, eux, le fassent. Un certain nombre d’entre eux ont progressé sur le plan spirituel et sont parvenus jusqu’au baptême. — Actes 10:34, 35.

Hamilton Vieira, qui a été surveillant de circonscription là où vivent des Indiens, a encore une anecdote en mémoire. Dans un discours, il a cité la mise en garde de Jésus en Luc 21:34-36 contre “ les excès de table et les excès de boisson ”. Il a d’abord parlé des “ excès de table ”. Voyant que l’assistance ne comprenait pas très bien, il a expliqué cette expression. Après quelques instants d’étonnement, les Indiens ont éclaté de rire. Manger à l’excès leur semblait totalement absurde ! Suivant leurs coutumes, ils pêchent le poisson en l’encerclant et en l’amenant au bord du fleuve, et ne gardent que ce dont ils ont besoin dans l’immédiat, pas plus. Mais qu’en était-​il des “ excès de boisson ” ?

Malheureusement, la consommation excessive de boissons alcooliques est courante chez les Indiens. L’abus d’alcool a été encouragé par des individus qui leur offraient à boire et riaient ensuite de leur comportement ridicule. Frère Vieira expliqua alors à son auditoire qu’il était tout aussi absurde de boire à l’excès que de manger à l’excès.

Dans cette région, un touriste doit parfois emprunter des sentiers étroits en forêt et apprendre à maintenir son équilibre en traversant des petites rivières sur des troncs d’arbres souvent humides et glissants. “ Ce n’était pas facile pour moi, se souvient frère Vieira. Par contre, ce n’était pas un problème pour les frères locaux, pas plus pour les sœurs d’ailleurs qui traversaient même avec des enfants dans les bras et qui, à ma grande confusion, portaient mes bagages pendant que moi je faisais tous les efforts du monde pour garder mon équilibre. ”

Un soutien inattendu

Dans les années 70 et 80, les discours publics avec diapositives ont joué un rôle important dans la prédication de la bonne nouvelle. À Pataíba, dans l’État de Bahia, il n’y avait que 1 500 habitants et une petite congrégation, mais l’assistance à la projection de diapositives s’éleva à 1 572 personnes. Que s’était-​il donc passé ? Moacyr Soares, surveillant de circonscription, répond : “ Comme la Salle du Royaume était petite, j’ai suggéré aux anciens de demander au maire l’autorisation d’utiliser la place du marché, c’est-à-dire la grand-place, située en face de l’église catholique. Nous avons retiré les étals avec sa permission et aménagé l’endroit. Mais c’était aussi la semaine sainte, et une grande procession devait avoir lieu le même jour et démarrer de l’église à 18 heures, heure de la projection. Pour l’occasion les fidèles des villages voisins avaient été invités et, comme il n’y avait pas de prêtre à Pataíba, un prêtre devait également venir diriger la procession. Or le prêtre fut retardé par une crevaison. Du coup, la plupart des fidèles assistèrent au discours public, dont le titre, tout à fait adapté aux circonstances, était : ‘ La multitude est amenée à la justice au temps de la fin. ’ ”

200 000 proclamateurs !

En janvier 1987, on franchissait le cap des 200 000 proclamateurs, et l’accroissement se poursuivait à une allure plutôt rapide. En 1988, 367 nouvelles congrégations ont été formées et 370 autres l’année suivante, ce qui représente plus de une congrégation par jour ! Qui dit plus de proclamateurs, dit plus de publications. On nous fit parvenir une troisième rotative, qui imprime 38 000 périodiques à l’heure. En outre, il fallait moderniser le Service de l’expédition qui devait honorer des milliers de commandes de publications envoyées par les congrégations.

On décida de construire une annexe de l’imprimerie, ce qui ferait passer la surface de travail de 27 000 mètres carrés à 42 000. Les travaux commencèrent en décembre 1988, et furent menés à bien par une équipe de Béthélites, sous la direction experte de serviteurs internationaux, tous bénévoles.

L’aide des serviteurs internationaux

Nous avons été heureux de recevoir 35 frères qualifiés venus de l’étranger nous aider dans ce projet d’agrandissement et par la suite à la construction de nouveaux bâtiments d’habitation. Certains de ces frères et sœurs sont restés quelques semaines, d’autres quelques mois, d’autres encore plus de six ans. Leur présence fut encourageante, édifiante et très productive eu égard à leur expérience.

Si certains d’entre eux étaient jeunes, d’autres étaient des grands-parents comme Keith Colwell et sa femme, Rae Etta. Ils sont arrivés les premiers, en mars 1989, et avaient déjà plus de 50 ans à l’époque. “ Être loin de nos deux filles et de nos gendres, de nos quatre petits-enfants, de mes parents n’a pas toujours été facile, reconnaît Keith. Parfois nous songeons à rentrer chez nous et à être tout simplement des grands-parents. Mais tant que nous pourrons être utiles, et tant que nous en aurons la force, nous dirons avec joie : ‘ Me voici ! Envoie-​moi. ’ — Isaïe 6:8. ”

Darwin Harley et sa femme, Shirley, ont également servi au Brésil quelque six années. Eux aussi s’ennuyaient de leurs quatre enfants et huit petits-enfants. Cependant ils étaient déterminés à mettre Jéhovah à la première place dans leur vie et à être ainsi des exemples pour leurs enfants. C’est pourquoi, après le mariage de leur dernier, ils n’ont pas hésité une seconde sur leur avenir. Ils ont demandé à être serviteurs internationaux. Bien qu’aujourd’hui âgés de plus de 60 ans, ils disent avec émotion : “ Nous remercions le Collège central de nous avoir donné l’occasion de goûter à cette forme de service pour Jéhovah. ” Il y en avait des larmes dans les yeux lorsque le moment des adieux est arrivé ! Certains de ces serviteurs fidèles sont retournés chez eux, tandis que d’autres rejoignaient leur nouvelle affectation.

Un prêtre découvre la vérité

Parmi les grandes choses que Jéhovah a faites au Brésil, libérer des gens profondément enracinés dans la fausse religion est la plus importante. Un jour, dans un bus, un Témoin s’assoit près d’Ademir de Oliveira, prêtre catholique depuis dix ans. Une discussion s’ensuit, qui porte sur la signification du mot “ enfer ”. Plus tard, Ademir y repense ; il lit un de nos périodiques et là tout s’éclaire. La vérité lui saute aux yeux.

Il se met à enseigner du haut de la chaire que Jéhovah est le nom de Dieu et qu’il n’est pas bien d’utiliser des images pieuses. Mais il prend conscience du décalage qui existe entre ce qu’il enseigne et ce qu’il pratique. N’y a-​t-​il pas, en effet, des images dans son église ? Entre-temps son père et sa mère meurent tous deux en l’espace de dix mois, et il se met à penser que Dieu l’a puni pour avoir envisagé de quitter l’Église catholique. Toutefois, à l’enterrement de sa mère, il comprend que c’est Jéhovah qui pourra la ramener à la vie. Il va pour la première fois à la Salle du Royaume en 1989, après quoi il assiste régulièrement aux réunions. Il quitte l’Église catholique. Son premier rapport d’activité de prédication indique 60 heures et 12 exemplaires du livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis. Depuis son baptême il est pionnier permanent et sert actuellement en tant qu’ancien dans la congrégation de Jundiaí, dans l’État de São Paulo.

Des réponses aux questions que les jeunes se posent

Pour servir Jéhovah de la bonne manière, les jeunes gens ont besoin d’aide (Eccl. 12:1). Le cycle d’assemblées de district de 1989, “ La piété ”, leur a apporté un outil particulièrement utile dans ce domaine. Voici ce qu’a ressenti une jeune fille de 15 ans : “ Au début du programme, il y a eu une communication demandant à tous les jeunes de 10 à 19 ans de venir s’asseoir devant l’estrade. On était tous surexcités ; on se demandait ce qui allait se passer. À la fin du programme, après un discours enthousiaste, l’orateur a annoncé que tous les jeunes allaient recevoir en cadeau le livre Les jeunes s’interrogent — Réponses pratiques. Quelle émotion ! J’avais envie de pleurer tellement j’étais heureuse. C’était exactement ce qu’il nous fallait. Depuis lors, je suis souvent allée chercher des conseils dans ce livre. Avec ce précieux cadeau que Jéhovah nous a fait, nous sommes vraiment bien équipés pour résister aux pressions de ce monde. ” Au cours des 108 assemblées de district du Brésil, plus de 70 000 livres ont été distribués aux jeunes.

Environ 35 % des personnes qui assistent aux réunions au Brésil sont des jeunes. Ces derniers sont confrontés chaque jour à l’influence dégradante que constituent le matérialisme et l’immoralité, si répandus dans le monde. Il leur faut relever un défi : recevoir d’une part une éducation scolaire qui les préparera à la vie adulte, et d’autre part l’enseignement indispensable de la Parole de Dieu qui les préparera à vivre dans le nouveau monde de justice. La majorité y parviennent. Beaucoup sont pionniers auxiliaires tout en achevant leurs études, après quoi ils entreprennent le service de pionnier permanent. D’autres considèrent l’école comme leur territoire et saisissent toutes les occasions de donner le témoignage.

Un jour, en prédication, un Témoin de l’État de Minas Gerais frappa à la porte d’une école et donna le témoignage à une institutrice. L’enseignante lui raconta alors : “ J’ai eu dans l’une de mes classes deux fillettes, de 9 et 11 ans. Elles n’étaient pas comme les autres. Je les ai observées pendant les prières : elles restaient debout sans faire de bruit, mais ne répétaient pas les prières. Je leur ai donc demandé si elles ne savaient pas prier ou si elles étaient gênées. Elles m’ont répondu que Jéhovah Dieu n’écoutait pas les prières répétitives et que, pendant que nous priions, de leur côté elles priaient Jéhovah en silence. Je leur ai demandé comment elles priaient. La plus âgée a pris la parole, m’a dit de baisser la tête et s’est mise à prier. Elle a remercié Jéhovah pour leurs parents, la nourriture, leur institutrice, et elle a même prié pour la santé de leur mère qui leur avait enseigné la Bible. Ne pouvant retenir mes larmes, j’ai couru aux toilettes pour y pleurer. ” Lors de la nouvelle visite, le frère a appris que ces deux fillettes et leur famille avaient quitté l’endroit parce qu’il n’y avait pas de Salle du Royaume. “ Elles me manquent terriblement ”, confia l’enseignante.

Le pouvoir transformateur de la Bible

La Parole de Dieu peut avoir un effet puissant et transformer des vies. Elle peut, par exemple, libérer des personnes de l’emprise des démons. Témoin le cas de ce jeune homme de São Paulo dont la famille faisait du spiritisme. Depuis l’âge de 13 ans il dirigeait un centre macumba (culte vaudou) où de nombreuses personnes venaient chercher de l’aide pour résoudre leurs problèmes de famille, de santé, d’emploi et de cœur. Leurs rites incluaient des préparations à base d’herbes, mais aussi des sacrifices de grenouilles, de poulets et de chèvres, qui avaient lieu la nuit dans les cimetières. Parfois certains utilisaient des os humains volés dans les cimetières. Le jeune homme rencontra les Témoins de Jéhovah pour la première fois en 1990. Il avait 19 ans. Quand il fut convaincu que ce qu’il apprenait était bien la vérité, il rassembla les 11 médiums qui travaillaient pour lui et leur expliqua que Dieu condamnait les pratiques spirites. Pour ne plus être assailli par les démons, il jeta tous les objets qui avaient un rapport avec le spiritisme. Cinq mois après avoir commencé à étudier la Bible, il devint proclamateur et inscrivit 12 études bibliques sur son premier rapport d’activité (Actes 19:19, 20). La plupart de ces 12 étudiants étaient des gens du voisinage qui l’avaient connu comme macumbeiro (adepte du culte macumba). Après son baptême il est devenu pionnier auxiliaire, puis pionnier permanent, et plus tard membre de la famille du Béthel.

La Bible a également modifié profondément la vie d’un homme qui, depuis 20 ans, s’investissait beaucoup dans le carnaval. Il a d’ailleurs reçu des prix lors de participations à de célèbres danses du carnaval de Rio. Il buvait, jouait et fréquentait des gens particulièrement immoraux. Quand il a découvert la vérité, il a opéré un changement radical dans sa vie. C’est maintenant un assistant ministériel, et il utilise ses talents pour décorer la scène lors des assemblées de district.

Un autre jeune homme de Rio de Janeiro avait une passion : le football. Il faisait partie d’un club de supporters qui harcelaient ceux du club adverse. Lorsqu’il assistait à une rencontre, il avait souvent sur lui un revolver et une bombe de fabrication artisanale. Il se battait avec les supporters de l’autre équipe et avec la police pour ainsi dire à chaque match. Puis il a commencé à étudier la Bible avec un ancien camarade de classe, ce qui l’a aidé à reconnaître ses vrais amis et à découvrir qui est son plus grand ennemi. Il a laissé la Bible transformer sa personnalité et il s’est fait baptiser.

Pedro, un jeune homme de São Paulo, avait lui aussi un comportement violent. Il pratiquait un des arts martiaux appelé capoeira (une technique de combat violent) et aimait porter des armes à feu. Avec ses deux mètres de haut et son physique d’athlète, il était toujours impliqué dans des bagarres. Pourtant un jour il a accepté d’étudier la Bible et a compris, en écoutant un discours à la Salle du Royaume, qu’il lui faudrait réformer sa vie. Il a détruit ses armes et a bien progressé, puis s’est fait baptiser. Depuis, il a aidé dix membres de sa famille à se joindre à lui pour servir Jéhovah.

Peut-​on vaincre sa timidité grâce à la vérité ? Oui, comme en témoigne le cas de cette dame de São Paulo. Lorsqu’elle a entendu le message de la Bible pour la première fois, elle a été émerveillée par ce qu’elle a appris. Mais l’assistance aux réunions et la prédication de la bonne nouvelle furent pour elle deux obstacles énormes, en raison de sa timidité et de la crainte d’aller à l’encontre des idées de son mari. Cependant elle a toujours gardé présents à l’esprit des textes bibliques, comme celui de Matthieu 10:37 ; elle y a puisé du courage pour enfin prendre part à la prédication. Elle désirait plaire à Jéhovah, même s’il lui est arrivé de nombreuses fois de combattre, au prix de bien des larmes, l’envie irrésistible de rentrer chez elle. Finalement, donner le témoignage est devenu plus facile pour elle et elle y a même pris goût. Sa persévérance a porté du fruit puisque sa mère, ses cinq frères et son mari sont maintenant Témoins de Jéhovah.

Vivre avec l’inflation

L’un des principaux fléaux des années 80 fut l’inflation galopante. Malgré plusieurs plans de lutte, elle a atteint 6 584 % pour la période de mai 1989 à avril 1990. Certains mois, les prix ont augmenté de 3 % par jour ! Ainsi un objet acheté en fin de mois coûtait deux fois plus cher qu’au début du même mois. Dans le but de remédier à la situation, le gouvernement a décidé le gel de tous les comptes bancaires pour 18 mois à compter de mars 1990, et il a dû plus d’une fois imprimer de nouveaux billets avec plusieurs zéros en moins.

L’inflation n’était pas nouvelle, mais le taux atteint en 1990 était énorme. Heureusement, au Béthel, nous avions des réserves suffisantes en papier et en autres fournitures pour imprimer. Nous n’avons acheté que ce qui était absolument nécessaire et avons différé les autres achats. D’autre part, les 800 membres de la famille du Béthel ont accepté de ne pas percevoir le remboursement mensuel de leurs frais pendant quelque temps. La Société a également reçu des appels téléphoniques et des lettres de frères proposant des dons ou des prêts pour que le Béthel puisse continuer à fonctionner, ce qui a été particulièrement encourageant. Quelques mois plus tard, le gouvernement autorisait les organismes à but non lucratif à refonctionner normalement. Pour le Béthel, cela signifiait la fin de la crise.

Pendant cette période difficile, les Témoins n’ont pas abandonné leur ministère. Ils ont utilisé sagement leur temps, leur argent et leur énergie. Beaucoup ont montré toute la valeur qu’ils accordaient au conseil divin de chercher d’abord le Royaume (Mat. 6:33). Il en est résulté pour cette année 1990 de nouveaux maximums dans le nombre de proclamateurs, de pionniers et des publications diffusées. L’accroissement de 11 % du nombre des proclamateurs atteint cette année-​là n’a, depuis lors, jamais été dépassé.

Lors du gel des comptes bancaires, la congrégation de Floresta, à Joinvile dans l’État de Santa Catarina, avait en dépôt l’équivalent de 500 000 francs français, en vue de la construction d’une Salle du Royaume. Les frères avaient remis leur projet à plus tard, mais les offrandes leur ont finalement permis de bâtir la salle sans avoir besoin de leurs économies. Quand la banque a débloqué les fonds, ils ont pu acheter un terrain pour le parking et aider une autre congrégation à financer son propre projet.

On apprend à lire la Bible et à la comprendre

L’homme heureux est décrit ainsi par le psalmiste : “ Son plaisir est dans la loi de Jéhovah, et dans sa loi il lit à voix basse jour et nuit. ” (Ps. 1:2). Malheureusement, beaucoup de gens n’ont pas eu la chance d’apprendre à lire à l’école. Pouvait-​on faire quelque chose pour eux afin qu’ils soient à même de ressentir la joie évoquée par le psalmiste ? À partir de 1958, on mit sur pied des cours d’alphabétisation dans les Salles du Royaume. Mais en 1970 des pas de géant ont été faits dans ce programme d’enseignement, grâce à la brochure Comment apprendre à lire et à écrire, parue en portugais. À ce jour, 20 000 personnes, dont de nombreux non-Témoins, ont appris à lire.

Même ceux qui ne sont pas Témoins de Jéhovah ont remarqué l’utilité de ces cours et en ont parlé avec éloge. À São Paulo, le mari d’une sœur a adressé des remerciements à la congrégation pour avoir appris à lire à sa femme. Le préfet de police de Ferros, dans l’État de Minas Gerais, a envoyé à la Société la lettre de félicitations suivante au sujet des Témoins qui s’étaient occupés des détenus incarcérés dans la prison locale : “ Que ce soit sur le plan spirituel ou sur le plan matériel, les Témoins de Jéhovah ont collaboré avec le préfet de police en apprenant à lire aux détenus. Telle une pluie fine qui tombe sans bruit, mais qui peut faire déborder les rivières, ils ont beaucoup contribué à l’intégration de ces détenus dans la société. ”

Bien sûr, lire prend toute sa valeur quand quelqu’un trouve du plaisir dans la Parole de Dieu et quand il partage ce plaisir avec d’autres. C’est précisément ce que fait une sœur de 74 ans, de Rio de Janeiro, qui a bénéficié des cours d’alphabétisation et qui a déjà pu enseigner la vérité à de nombreuses personnes de son voisinage.

Lors de sa parution, les proclamateurs ont été encouragés à utiliser la brochure Comment apprendre à lire et à écrire dans les études avec les personnes bien disposées qui en avaient besoin. Un jour en prédication, Sonia Springate, missionnaire à Curitiba, État du Paraná, demanda à une dame de lire Révélation 21:4. La dame hésita un instant, puis elle dit : “ Non, je préfère vous écouter ! ” Au cours de la nouvelle visite, Sonia s’est rendu compte que cette dame ne savait pas lire. Bien que très occupée avec ses quatre enfants, elle étudia la Bible à l’aide de la brochure. Au début elle perdait courage, mais avec le soutien de Sonia elle persista, et en l’espace d’un an elle savait lire. Aujourd’hui son mari et elle sont baptisés et leurs enfants progressent dans la vérité.

Certains savaient lire, mais avaient besoin d’améliorer leurs capacités de compréhension. À cet effet, en 1990, on créa dans quelques congrégations des groupes d’étude qui bénéficieraient d’une aide plus poussée dans les domaines de la lecture et de la conversation. Près de 6 000 Témoins constituent aujourd’hui ces groupes d’étude qui s’avèrent très efficaces. Une sœur de Rio de Janeiro, par exemple, mettait deux heures pour lire et comprendre les matières qui seraient examinées à l’étude de livre. Après deux mois de cours, elle était capable de le faire en 20 minutes.

Distribution spéciale de périodiques

Pour les Témoins de Jéhovah La Tour de Garde figure en tête de liste des ouvrages à lire. Celle-ci est en effet destinée à aider les gens qui aiment la vérité à comprendre la Bible. Elle exalte Jéhovah Dieu comme le Souverain Seigneur de l’univers et montre comment son Royaume viendra à bout des problèmes de l’humanité. Réveillez-vous ! dégage, quant à lui, le sens réel des événements et donne de solides raisons de croire que le Créateur introduira un monde nouveau de paix et de sécurité. Les Témoins de Jéhovah font connaître ce message avec empressement. Dans le but d’augmenter la distribution de ces périodiques et d’encourager les nouveaux à se qualifier dans le ministère, une diffusion spéciale a été organisée le 1er mai 1990, jour férié. Il était recommandé aux congrégations d’organiser des rendez-vous de prédication le matin, l’après-midi et le soir, et les familles entières étaient encouragées à y être présentes.

Quelle réussite ! Juste un exemple : À Rio de Janeiro, sur les 125 proclamateurs d’une congrégation, 121 ont prêché le matin et 118 l’après-midi. On a enregistré ce mois-​là un nouveau maximum de 288 107 proclamateurs, et plus de 500 000 périodiques ont été laissés ce 1er mai. Depuis, d’autres journées spéciales de ce type ont été organisées avec succès.

L’assemblée de district “ La langue pure ”

Les assemblées de district sont des événements marquants dans la vie d’un Témoin de Jéhovah, mais certaines d’entre elles sont inoubliables, comme celle qui s’est tenue à São Paulo en août 1990. Le dernier jour, plus de 134 000 personnes (86 186 au stade Morumbi et 48 220 au stade Pacaembu) étaient réunies pour écouter le discours public prononcé simultanément dans les deux stades, lors de l’assemblée de district “ La langue pure ”. Carey Barber et Albert Schroeder, membres du Collège central, étaient présents, ainsi que 2 350 délégués de 14 pays.

Après le dernier discours, les délégués des deux stades se sont mis à agiter mouchoirs et foulards. Profondément touchés par ce spectacle, beaucoup ont versé des larmes de joie. Leurs frères et sœurs d’autres pays s’étaient joints à eux pour l’événement, et les Témoins brésiliens leur en étaient vraiment reconnaissants.

Parmi les facteurs qui aident les gens sincères à reconnaître où se trouve la vérité, l’amour exceptionnel qui règne chez les serviteurs de Jéhovah est le plus déterminant (Jean 13:35). Un jeune homme et sa sœur s’opposaient à ce que leur mère, veuve, étudie la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Un ancien les invita à assister à l’assemblée de São Paulo le dimanche après-midi. Il passa les prendre tôt parce qu’il s’était proposé comme volontaire et qu’à ce titre il devait s’acquitter des tâches qui lui avaient été confiées. Ces deux jeunes ont été profondément touchés par ce qu’ils ont vu : l’ordre et la propreté, la façon dont les choses avaient été organisées, et, par-dessus tout, les marques d’amour à l’intention des délégués à la fin de l’assemblée. Ils ont accepté d’étudier la Bible et se sont fait baptiser en même temps que leur mère. Aujourd’hui, le jeune homme est assistant ministériel.

Les Comités de liaison hospitaliers

Tous les Témoins de Jéhovah, qu’ils soient baptisés depuis peu ou depuis de nombreuses années, savent que s’abstenir du sang est une exigence importante pour les chrétiens (Gen. 9:3, 4 ; Actes 21:25). En 1984, des comités composés d’anciens expérimentés ont été constitués, afin que ces derniers aient un entretien avec les médecins et qu’ils fassent la liste de ceux qui respecteraient la décision de leurs patients de refuser les transfusions sanguines. Cette disposition a eu plus de poids en 1991, année où fut organisé, à São Paulo, un séminaire international des comités de liaisons hospitaliers (CLH). Eugene Rosam et Fred Rusk, du Service d’information hospitalier de Brooklyn, y assistèrent, de même que 700 autres frères, parmi lesquels des médecins, des avocats et des membres des CLH.

Le séminaire a révélé qu’il y avait encore beaucoup de travail à faire. On prévoyait une restructuration des comités ; leurs membres rencontreraient les médecins et les équipes médicales pour leur expliquer clairement notre position et leur remettre des documents scientifiques sur les thérapeutiques ne faisant pas appel au sang. Pour ce qui est des relations avec les médecins, le mot d’ordre était : “ Communication et coopération, mais pas confrontation. ” Après la restructuration, le nombre des comités est passé de 200 à 64, avec 350 membres au lieu de 1 200. Finalement les comités étaient moins nombreux, mais mieux équipés, dans les villes où existaient des grands centres médicaux.

En octobre 1992 se présenta l’occasion de faire un exposé devant 1 300 médecins venus de plus de 100 pays, lors du XXIICongrès international sur les transfusions de sang, à São Paulo. Les organisateurs autorisèrent sœur Zelita da Silva Souza, hématologue, à afficher une liste comportant 65 traitements de substitution aux transfusions. Pedro Catardo et Sergio Antão, membres du Béthel, étaient présents. “ Au début, dirent-​ils, nous avions quelque appréhension au sujet de l’accueil qui nous serait réservé, mais les plus de 500 médecins avec lesquels nous avons eu un contact personnel réagirent très favorablement. L’un des principaux intervenants de ce congrès a examiné avec attention l’affiche et les articles présentés. Plus tard, dans un discours prononcé dans la salle principale, il exprima son admiration pour les précieux renseignements provenant d’‘ une source insoupçonnée : les Témoins de Jéhovah ’. ”

Les mois qui suivirent, on fit des exposés devant 20 Conseils régionaux de médecine, et plusieurs d’entre eux recommandèrent aux médecins de s’adresser au CLH le plus proche en cas de problème au sujet du sang. Ces quatre dernières années, plus de 600 exposés de ce type furent présentés, et on compte à l’heure actuelle plus de 1 900 médecins prêts à coopérer.

Fait intéressant, un certain nombre d’entre eux, sensibilisés aux avantages des techniques de substitution sans transfusion, furent à l’initiative de séminaires ayant pour objet de traiter de ces techniques avec d’autres membres de la profession médicale. Quelques-uns de nos frères médecins ou membres des CLH figuraient parmi les invités. Le premier séminaire eut lieu à Rio de Janeiro, mais d’autres furent également organisés dans différentes villes. Quelque temps plus tard le Conseil régional de médecine de Rio de Janeiro fit paraître un communiqué recommandant les traitements de substitution.

“ Jamais je n’oublierai cette prière ”

Les CLH sont d’un grand soutien pour les malades et leur famille. Alaide Defendi, une pionnière spéciale, en témoigne : “ Ma sœur a été blessée dans un accident de voiture à Curitiba, dans l’État du Paraná, en février 1992. Le médecin nous a fait savoir que sa survie dépendait d’une transfusion. J’ai appelé le CLH et, dans le quart d’heure suivant, trois frères en costume et cravate étaient là, porte-documents à la main, qui présentaient leur carte de visite au médecin. ”

Des dispositions furent prises pour transférer la sœur blessée dans un autre hôpital situé à 40 kilomètres. Il est un produit que certains de ceux qui ne veulent pas de transfusion acceptent : l’érythropoïétine, une hormone de synthèse qui stimule la formation de globules rouges par la moelle osseuse ; mais, selon le chirurgien, ce remède n’existait pas au Brésil. Les frères ont quand même appelé un membre du CLH de São Paulo, qui fit parvenir le médicament le jour même par avion. Sœur Defendi conclut en ces termes : “ Quand ma sœur était au plus mal, un membre du CLH est resté à l’hôpital toute la journée, et, à un moment particulièrement pénible, il m’a prise à part et m’a dit : ‘ Offrons une prière à Jéhovah. ’ Jamais je n’oublierai cette prière. ”

Rio et ses collines de favelas

C’est grâce à leur réputation de personnes entièrement dévouées à Dieu que les Témoins de Jéhovah des favelas peuvent prêcher dans leurs quartiers où règne la drogue. Il y a plusieurs congrégations dans ces bidonvilles, et, selon ce qu’explique un ancien, plus les frères prêchent mieux c’est. En effet les trafiquants les connaissent et ne leur causent pas d’ennuis. On compte 200 000 habitants dans ces collines où les conditions de vie sont insalubres. La plupart d’entre eux n’ont rien à voir avec le trafic de drogue, mais leur situation financière ne leur permet pas de vivre ailleurs.

Un ancien venu de l’extérieur allait donner un discours public dans une congrégation des favelas. Au moment où il garait sa voiture devant la Salle du Royaume, deux jeunes gens armés surgirent et lui demandèrent qui il était. Lorsqu’il se présenta comme Témoin de Jéhovah et leur expliqua pourquoi il était là, c’est-à-dire pour prononcer un discours biblique, ces jeunes gens lui ont dit qu’il pouvait aller le faire et qu’il n’avait rien à craindre pour sa voiture : personne n’y toucherait !

“ Une fois, raconte Francisco Duarte, un surveillant de circonscription, les trafiquants sont venus à la Salle du Royaume à la fin d’une réunion pour avertir les frères qu’il allait y avoir une fusillade. Ma femme et moi étions un peu inquiets, mais les frères et sœurs, eux, continuaient à parler comme si de rien n’était, alors qu’on entendait les coups de feu. Au bout d’un moment, les trafiquants sont réapparus et nous ont annoncé que la fusillade était terminée et que nous pouvions sortir. ”

Il n’est pas prudent de se promener dans les favelas sans être accompagné d’un habitant du quartier. Il faut également veiller à ne pas porter de vêtements, ou quoi que ce soit d’autre, qui pourraient attirer l’attention des voleurs. Frère Duarte était pourtant accompagné d’un proclamateur local, quand il fut arrêté par un homme qui lui réclama sa montre. “ J’ai d’abord cru que j’avais affaire à un agresseur, se souvient frère Duarte, mais cet homme poursuivit en disant : ‘ Je sais que tu es le nouveau surveillant itinérant. Mais si tu continues à porter cette montre dorée qui ressemble à de l’or, tu vas te la faire voler. Tiens, prends la mienne et mets la tienne dans ta poche. ’ En fait, c’était un frère, et il venait de me donner une leçon de prudence. ”

Un jeune trafiquant de drogue a compris, en étudiant la Bible, qu’il devait changer d’activité. Seulement il faisait partie d’un gang, et il savait qu’en le quittant il risquait d’être ‘ supprimé ’. Cette ‘ mesure de sécurité ’ est généralement prise pour éviter la divulgation d’informations secrètes. Malgré ce risque énorme, le jeune homme est allé trouver le chef de gang. Il lui expliqua qu’il étudiait la Bible avec les Témoins de Jéhovah, et, après lui avoir lu quelques textes bibliques, il a conclu en disant qu’il ne pouvait plus faire partie de la bande. Qu’allait-​il se passer ? Eh bien, il a découvert que le chef de gang avait lui-​même étudié la Bible par le passé. Finalement on l’a laissé partir sans aucunes représailles, et c’est maintenant un prédicateur actif.

300 000 proclamateurs !

Avec tous ces nouveaux venus dans la vérité, il fallait plus de publications pour maintenir un bon programme d’instruction biblique. Notre imprimerie avait déjà été agrandie, mais nous avions maintenant besoin de davantage de place pour loger la famille du Béthel, c’est-à-dire les volontaires qui servent à la filiale. Des jeunes frères étaient logés dans des dortoirs de plus de 20 lits. Aussi avons-​nous entrepris, en 1990, des travaux pour la construction d’un bâtiment de service et de huit bâtiments de logements comprenant au total 384 chambres. La salle à manger a elle aussi été agrandie de manière à pouvoir accueillir 1 500 personnes.

Plus de 1 000 volontaires se sont déplacés de tout le pays pour ce projet de construction, certains pour quelques semaines, d’autres pour plusieurs mois. Beaucoup étaient des gens de métier. (Plus de 130 d’entre eux sont d’ailleurs devenus par la suite des membres permanents de la famille du Béthel.) Un groupe de 23 frères de 12 congrégations différentes étaient venus de Feira de Santana, dans l’État de Bahia. Ils avaient loué un autocar, voyagé pendant 40 heures et parcouru plus de 2 000 kilomètres pour offrir leur aide toute une semaine. Trente-cinq frères compétents sont aussi venus de l’étranger sur le chantier. Et puis nous avons bénéficié, les week-ends, de l’aide particulièrement précieuse de centaines de frères et sœurs des congrégations voisines du Béthel.

En 1991, nous avons passé la barre des 300 000 proclamateurs, 100 000 de plus en seulement quatre ans ! Les travaux d’agrandissement étaient véritablement nécessaires.

“ Vous êtes vraiment rapides ! ”

Les progrès dans l’œuvre consistant à faire des disciples exigeaient également plus de lieux de culte. Des Salles d’assemblées avaient déjà été construites à Salvador (Bahia), à Duque de Caxias (Rio de Janeiro), à Ribeirão Pires, à Cosmópolis et à Sertãozinho (São Paulo) et à Betim (Minas Gerais). La plus grande Salle d’assemblées du pays, qui se trouve près de Vargem Grande Paulista (São Paulo), fut achevée en octobre 1992. Peu de temps après, on en termina une autre, pouvant recevoir 4 000 personnes, à Queimados (Rio de Janeiro). En septembre 1993, cinq autres salles furent inaugurées simultanément : celles de Fortaleza (Ceará), d’Itaboraí (Rio de Janeiro), de Quatro Barras (Paraná), de Recife (Pernambuco) et de Sapucaia do Sul (Rio Grande do Sul). À l’heure actuelle, 16 Salles d’assemblées sont en service et 5 autres sont à l’état d’ébauche.

En accord avec le commandement biblique de ne pas abandonner notre assemblée et pour pouvoir accueillir les personnes semblables à des brebis qui affluent vers l’organisation, il faut aussi davantage de Salles du Royaume (Héb. 10:23-25). Or seul un tiers des congrégations possèdent leurs propres salles, et le nombre des congrégations nouvellement formées s’accroît plus vite que celui des nouvelles constructions. En outre, on comptait en moyenne trois ans pour construire une Salle du Royaume. C’est pourquoi, en 1987, on décida de former des comités de construction régionaux composés d’anciens qui avaient de l’expérience dans le domaine de la construction et qui pourraient la partager avec les anciens des congrégations. Le Bureau d’études du Béthel était également là pour donner des conseils pratiques.

Un autre grand pas fut franchi en 1992 avec la mise en route d’un programme de construction rapide. La première expérience eut lieu à Agudos, dans l’État de São Paulo. Deux cents volontaires et une équipe de 25 Béthélites ont participé à ce projet qui demanda trois semaines. À présent, on réalise le même type de projet en 16 jours. Ainsi l’année de service 1995 a vu naître 129 nouvelles Salles du Royaume dédiées au service de Jéhovah.

Les observateurs sont toujours étonnés de la vitesse à laquelle une salle est construite. Un employé de l’entreprise qui devait fournir les vitres fut plutôt surpris quand les frères lui commandèrent le matériel et l’installation pour le mercredi suivant, alors que la construction n’était commencée que depuis une semaine. “ Vous plaisantez, dit-​il, vos murs ne seront jamais faits d’ici une semaine et vous n’aurez sûrement pas besoin des vitres aussi tôt ! ” Il est quand même revenu le mercredi suivant... mais sans les vitres. Quand il a vu les murs élevés et plâtrés, les encadrements de fenêtres et le toit posés — tout cela en moins d’une semaine — il n’en croyait pas ses yeux, au point qu’il lui a fallu cinq minutes pour s’en remettre et descendre de son camion. “ Vous êtes vraiment rapides ! ” a-​t-​il reconnu. Puis il est reparti chercher ses vitres.

Lors d’une autre construction, un voisin, stupéfait du rythme des travaux, demanda : “ Je voudrais vous aider. Que faut-​il que je fasse ? ” “ Vous devriez commencer par étudier la Bible avec nous ”, lui a-​t-​on répondu. C’est ce qu’il fit le lendemain même.

On communique le message par signes

Malgré la rapidité de l’accroissement, les personnes sourdes ou muettes n’ont pas été oubliées. On se préoccupa de leurs besoins, ce qui produisit d’excellents résultats. En 1992 parut en portugais un livre de 336 pages sur le langage des signes. Ce livre avait pour but d’uniformiser les signes utilisés par les Témoins de Jéhovah, mais également de tenter d’éliminer ceux qui tiraient leur origine des croyances babyloniennes. L’un de ces signes, par exemple, qui imitait l’aspersion, ne convenait évidemment pas pour désigner le baptême par immersion des chrétiens.

La première congrégation à l’intention des sourds et des malentendants fut formée en 1982 à Rio de Janeiro. Il en existe aujourd’hui 6, et 50 groupes plus petits dans plusieurs villes. En 1994, 18 assemblées comportaient un programme en langage gestuel, et quelques-unes avaient un interprète par personnage pour les drames. C’est avec un large sourire et les larmes aux yeux que les Témoins malentendants du Brésil reçurent, en 1996, une cassette vidéo produite par la Société Watch Tower, qui présente en langage des signes la brochure Ce que Dieu attend de nous. Combien elle serait profitable aux nombreux sourds qui ne savent pas lire, mais qui comprennent le langage des signes !

La bonne volonté des frères qui servent comme anciens, assistants ministériels ou pionniers est digne de louanges. Il faut du temps, des efforts et de la persévérance pour apprendre à communiquer par signes, mais les résultats en valent la peine.

“ Elle ne peut ni voir, ni entendre, ni parler, et pourtant elle m’a encouragé. ” C’est en général ce que disent d’elle ceux qui connaissent Rosemary Varella, qui est pionnière auxiliaire depuis trois ans. Elle est sourde de naissance et n’a, de ce fait, jamais appris à parler. En outre sa vue a progressivement diminué, et elle est pour ainsi dire aveugle. Elle s’exprime par signes et perçoit ceux qu’on lui fait par le toucher.

Rosemary avait perdu la vue avant de connaître la vérité, et la communication avec son mari en avait grandement souffert. Elle était très déprimée et avait même envisagé le suicide. C’est à ce moment qu’elle rencontra Nilza Carvalho, une jeune pionnière qui connaissait le langage des signes. Quand elle apprit que Dieu avait promis de guérir les personnes atteintes de toutes sortes d’infirmités, Rosemary accepta d’étudier la Bible (Is. 35:5). Rapidement, elle assista aux réunions de la congrégation pour malentendants de São Paulo. On s’arrangea pour qu’elle ait un interprète à côté d’elle, afin qu’elle puisse bénéficier du programme grâce au langage tactile. Plus tard, son mari se mit aussi à étudier la Bible ; il arrêta de fumer, et tous deux furent baptisés en février 1992. Peu après leur baptême, ils entreprirent le service de pionnier auxiliaire de façon permanente. Rosemary est parvenue à diriger pas moins de 20 études bibliques avec des sourds tout en s’occupant de ses tâches ménagères.

Afin d’apporter une aide aux non-voyants, la Société a commencé à éditer des publications en braille portugais en 1980. Aujourd’hui de nombreuses publications, dont la Bible et La Tour de Garde, sont disponibles en braille. La Bible en braille portugais compte 84 volumes ; on ne peut pas vraiment appeler cela une édition de poche ! Un manuel d’enseignement du braille a également été publié pour ceux qui désirent apprendre cet alphabet. D’après les statistiques, il y aurait plus de un million de non-voyants au Brésil.

Sécheresse dans le Nordeste

Bien que la sécheresse soit un problème chronique dans le Nordeste, la situation fut particulièrement grave en 1993. À certains endroits, il n’avait pas plu depuis deux ans. Les plus touchés furent les habitants des régions rurales, qui vivent de leurs récoltes. À Mumbaba (État de Ceará), pour avoir de l’eau les gens faisaient la queue jour et nuit devant l’unique source qui coulait encore. À la suite de cette sécheresse, les petits commerces et les supermarchés de plusieurs villes furent pillés. Les Témoins des congrégations de São Paulo, de Rio de Janeiro et de Curitiba portèrent secours à leurs frères en manifestant une générosité digne de celle des chrétiens de Philippes, au Ier siècle. Ils leur firent parvenir quatre gros camions chargés de 80 tonnes de nourriture, de vêtements et de chaussures, ce qui permit de venir en aide aux frères de 65 villes, dans cinq États différents. — Phil. 4:14-17.

À un point de contrôle, le garde demanda au chauffeur combien il était payé pour faire ce voyage si dangereux. (Le danger venait des pilleurs.) Quand il apprit que le chauffeur était Témoin de Jéhovah, il s’exclama : “ Il n’y a que vous, les Témoins de Jéhovah, pour faire ça gratuitement ! ” À un autre point de contrôle, sur une nationale, le garde réclama leur carte d’Instructions médicales à un chauffeur et à son compagnon qui se disaient Témoins de Jéhovah. Après avoir vérifié les cartes, il dit à son collègue : “ Tu peux les laisser passer, ce sont bien des Témoins de Jéhovah. ”

Dans l’État du Paraíba, un homme qui assistait à la distribution des secours fit ce commentaire : “ Les autres religions ne font que parler ; vous, vous faites vraiment quelque chose pour votre prochain. ” La situation était difficile, mais les frères n’en étaient pas pour autant réduits au désespoir, car ils savaient que Jéhovah pourvoirait à leurs besoins élémentaires. Voici ce qu’a écrit une sœur : “ Vous ne pouvez pas faire venir la pluie, pas plus que vous ne pouvez trouver une solution au manque d’eau, mais par l’aide que vous nous avez envoyée vous avez affermi notre foi et notre confiance dans le fait que nous ne sommes pas seuls dans ce monde. Il y en a qui pensent à nous. ” — Jacq. 2:14-17.

“ Bravo, les Témoins de Jéhovah ! ”

Les assemblées de district sont des moments particulièrement joyeux pour les Témoins de Jéhovah. Mais lorsqu’elles ont lieu dans des complexes sportifs, il peut surgir des problèmes auxquels on ne s’attendait pas, comme ce fut le cas en 1992 lors de l’assemblée de district “ Porteurs de lumière ”, au stade Pacaembu de São Paulo. Nous avions loué le stade pour trois jours, mais il est des endroits où les événements sportifs sont plus importants que tout. Ainsi, jeudi après-midi, c’est-à-dire la veille de l’assemblée, les frères furent avertis qu’il y aurait un match de football disputé par les deux meilleures équipes du pays, dimanche à 18 heures. Il fallait avoir quitté les lieux pour 16 heures...

João Fernandes, le surveillant de l’assemblée, raconte : “ Nous avions bien signé un contrat de location, cependant nous n’avions pas le choix. Nous nous sommes réunis vendredi soir avec trois frères de chaque service — nous étions 110 au total — pour organiser le démontage en un temps record. Chacun devait coopérer étroitement afin, non seulement de démonter les installations, mais aussi d’assurer leur transport sans perturber le départ des 30 000 assistants. L’estrade et la sonorisation furent démontées en quelques minutes. Le matériel restant fut transporté dans un bâtiment de l’ancien Béthel de São Paulo, où il fut nettoyé et entreposé. À 15 h 45, soit un peu plus d’une heure après la fin du programme, tout était terminé. ”

Durant la semaine de l’assemblée, des reporters de télévision affirmèrent que les Témoins de Jéhovah ne parviendraient pas à libérer le stade pour l’arrivée des supporters. Dimanche, au cours d’une émission sportive, un commentateur dans un autre stade demanda à celui qui se trouvait au stade Pacaembu : “ À quoi ressemble le stade ? Est-​ce que ces croyants ont été fidèles à leur promesse ? Ont-​ils tout débarrassé à temps ? ” Voici la réponse : “ Absolument ! Le stade a été libéré à temps. Mais ce n’est pas tout : il est propre. Les toilettes ont été nettoyées et les tribunes balayées ; ah ! ça fait plaisir à voir. Bravo, les Témoins de Jéhovah ! ”

Des mini-assemblées pour les groupes isolés

En Amazonie, il y a des groupes isolés et des familles pour qui il est impossible d’assister à une assemblée de district en raison des distances énormes. Les seuls moyens de transport sont l’avion, mais il est très cher, et le bateau, qui est très lent. Ces proclamateurs ne peuvent donc pas se rendre aux assemblées. Les frères de Tabatinga (État de l’Amazone), par exemple, sont à quelque 1 600 kilomètres de Manaus, lieu le plus proche pour l’assemblée de district.

Des dispositions ont donc été prises en 1990 pour que le surveillant de circonscription présente un résumé du programme lors de sa visite. Actuellement, cinq groupes dans trois circonscriptions bénéficient de ces dispositions. Ils rassemblent 50 à 180 personnes dans une Salle du Royaume, s’il y en a une, ou dans une autre salle.

“ Je peux être pionnier maintenant, n’est-​ce pas ? ”

Il est réconfortant de voir toute la valeur que des candidats au baptême accordent aux choses spirituelles. En 1993, lors d’une petite assemblée tenue à Tefé, en Amazonie, le surveillant de circonscription, Públio Cavalcante, remarqua un jeune homme qu’il ne connaissait pas, assis dans l’espace réservé aux candidats au baptême. Comme il y a peu de frères dans cette région, en général le surveillant de circonscription les connaît tous. Il a donc demandé aux anciens si ce jeune homme ne s’était pas assis là par erreur. ‘ Non, répondirent-​ils. Il habite à 35 ou 40 heures de bateau d’ici. Il a connu la vérité par correspondance. Tous les six mois, un pionnier spécial allait le voir à Juruá pendant environ un mois. ’

Un peu plus tard, le surveillant de circonscription est allé lui parler. Au cours de la conversation, il lui demanda s’il avait déjà dirigé des études bibliques. ‘ Oui, j’en ai 11. D’ailleurs, voici un de mes étudiants ’, répondit-​il en montrant du doigt un jeune homme dans l’assistance. Puis il en montra deux autres. Tous trois avaient payé leur billet et voyagé pendant plus de 35 heures pour assister à l’assemblée et être là pour le baptême de leur ami. Le jour même de son baptême, le nouveau baptisé demanda au pionnier spécial : “ Je peux être pionnier maintenant, n’est-​ce pas ? ” Il n’y a pas encore de réunions là où il vit, mais le pionnier spécial prévoit de former ce proclamateur nouvellement baptisé pour qu’il puisse les diriger.

La prédication en territoires rarement parcourus

En ce qui concerne la prédication, les Témoins de Jéhovah ne pensent pas que l’essentiel est de participer. Ils savent que chacun doit avoir la possibilité d’entendre la bonne nouvelle. Il y a beaucoup de territoires au Brésil qui ne sont attribués à aucune congrégation et d’autres qui sont rarement parcourus. Il s’agit pour la plupart de petites villes isolées ou d’accès difficile. D’après nos calculs, en 1990, 4 000 000 de personnes vivaient dans des territoires non attribués et 9 000 000 dans des territoires rarement parcourus. Dans le but de toucher une partie de ces personnes, on mit sur pied une campagne spéciale à laquelle participèrent plus de 2 000 proclamateurs ; ainsi, 177 villes furent visitées pour la première fois. Plus tard, 30 familles sont allées habiter dans plusieurs de ces villes, afin de former de nouvelles congrégations.

Quand il s’agit de prédication, les moyens pécuniaires limités ne constituent pas un obstacle insurmontable. Les anciens de quatre congrégations de Sobral (Ceará), dans l’une des régions les plus sèches et les plus pauvres du Brésil, se sont réunis en septembre 1993 pour réfléchir à ce qui pourrait être fait afin qu’on prêche régulièrement dans certaines villes. Dix villes leur avaient été attribuées, mais, jusque-​là, le témoignage n’avait été donné que de temps à autre. Les horaires des transports en commun ne permettaient pas aux proclamateurs de s’y rendre.

Ces villes se situaient dans un rayon de 130 kilomètres autour de Sobral. Les anciens décidèrent d’acheter une camionnette d’occasion qui permettrait à des proclamateurs de partir chaque matin et d’être de retour le soir. Lorsque les frères et sœurs eurent connaissance de ce projet, ils firent des offrandes pour cette camionnette. “ L’achat de ce véhicule ne s’est pas fait grâce à un seul don important, mais grâce aux efforts de chacun ”, écrivit frère Wilson Dias, l’un des anciens. Un autre frère explique : “ Les congrégations ont offert 2 000 dollars, un frère d’Angleterre a offert la même somme, et pour le reste nous avons pris un crédit. ”

Plus de 50 proclamateurs et pionniers se sont arrangés pour utiliser la camionnette, en choisissant un jour précis de la semaine. Ils ont pu ainsi rencontrer quelque 110 000 personnes, aider un certain nombre d’entre elles à devenir des prédicateurs du Royaume, et d’autres à reprendre leur place parmi les prédicateurs actifs. Des réunions ont maintenant lieu régulièrement dans quatre de ces villes.

Au début de 1995, une autre disposition fut prise, sous la direction de la filiale du Brésil, toujours dans le but d’atteindre les personnes des territoires éloignés ou non attribués. Plusieurs congrégations ont pris en charge les frais des pionniers permanents désireux de se rendre pendant six mois dans ces endroits. D’autres congrégations ont suivi leur exemple, ce qui a produit des résultats encourageants. À ce jour, plus de 340 pionniers ont été nommés dans 350 villes, et ils ont déjà aidé plus de 300 personnes à devenir proclamateurs.

Dans le même temps, les 1 400 pionniers spéciaux et spéciaux temporaires effectuent un excellent travail. Nombre d’entre eux ont été affectés dans des congrégations où il y a un besoin de frères qualifiés. Par exemple, dans une congrégation de Rio Branco (État de l’Acre), mis à part le pionnier spécial, il n’y a qu’un seul ancien pour s’occuper des 90 proclamateurs. Cependant, la plupart des pionniers spéciaux servent dans des petites villes où il n’y a pas de congrégation, et il est réjouissant de voir l’excellent travail qui y est fait.

Les frères des grandes villes ont également fait leur part pour ce qui est de prêcher dans les territoires éloignés ou rarement parcourus. Ceux de Rio de Janeiro, par exemple, ont organisé neuf années de suite des groupes qui se déplaçaient dans ces territoires pour quelques semaines. Récemment, un groupe de 68 Témoins ont prêché dans 20 villes de l’État du Paraná pendant 17 jours, au cours desquels ils ont fait 2 500 kilomètres. Les frères et sœurs n’ont qu’un seul regret, dit Georges Ghazi, qui organisait le groupe, celui de n’avoir pas commencé ce type de déplacements plus tôt.

Immeubles résidentiels

Les habitants des territoires non attribués ne sont pas les seules personnes difficiles à joindre. Dans les très grandes villes, de nombreux citadins préfèrent habiter des résidences ou des immeubles en copropriété, très surveillés, où ils sont à l’abri de la criminalité. Il est donc difficile de rencontrer ces personnes, mais pas impossible. Un couple de Témoins, qui avait été dans le service à plein temps dans les années 80, a emménagé dans l’un de ces immeubles près de São Paulo. Ils ont considéré leur immeuble comme leur territoire. “ Lorsque j’allais à la banque ou faire des courses, ou que j’allais rechercher les enfants à l’école, j’étais toujours prête pour donner le témoignage aux voisins ”, raconte la sœur, qui, plus tard, leur rendit visite de façon méthodique, mais avec prudence.

Lors d’une réunion de parents d’élèves, une mère fit part à la sœur des problèmes de concentration de son fils. Cette dernière lui apporta un article de Réveillez-vous ! traitant du sujet, ce qui déboucha sur une étude biblique. La mère et ses deux filles sont maintenant baptisées. Une autre voisine sollicita la sœur pour participer à une collecte de nourriture pour les nécessiteux. La sœur lui expliqua qu’elle s’était déjà investie dans une certaine activité, et qu’elle venait en aide aux gens du voisinage en étudiant la Bible avec eux. Cette femme, son mari et leur fils de 18 ans se sont mis à étudier, puis se sont fait baptiser.

Une dame et ses trois filles adolescentes acceptèrent d’étudier la Bible. Le mari, lui, bien que croyant, s’y opposa. L’une de ses filles lui suggéra alors d’assister à une réunion pour qu’il puisse se faire sa propre idée, ce qu’il accepta. Quelques jours s’écoulèrent, puis la sœur invita cette famille pour un repas, au cours duquel, à la surprise générale, le mari fit des commentaires sur la réunion. Plus tard il accepta une étude biblique, et aujourd’hui toute la famille sert Jéhovah.

D’autres encore ont étudié la Bible, et, en novembre 1991, on forma une congrégation composée en totalité d’habitants de cet immeuble. Elle compte 46 proclamateurs, et, en 1995, 80 personnes ont assisté au Mémorial. La vérité de la Parole de Dieu pénètre donc même dans les endroits difficiles d’accès.

400 000 proclamateurs et ce n’est pas fini !

Il y a de cela un siècle, des graines de vérité commençaient à arriver au Brésil par la poste. Vingt-cinq ans plus tard, les publications étaient traduites en portugais et imprimées à Rio de Janeiro. Dans l’autre quart de siècle qui suivit, environ 1 000 personnes devenaient Témoins de Jéhovah et participaient régulièrement à la diffusion de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Mais, en avril 1995, le nombre de prédicateurs dépassait les 400 000. Y avait-​il encore du travail à faire ?

Jésus avait prédit que le message du Royaume serait prêché “ dans toute la terre habitée ” avant que la fin n’arrive (Mat. 24:14). Dans quelle mesure cette prophétie s’est-​elle accomplie au Brésil ? Les premières réunions tenues par les Témoins de Jéhovah (connus alors sous le nom d’Étudiants de la Bible) rassemblaient ceux de São Paulo et de Rio de Janeiro. Aujourd’hui, dans ces grandes métropoles, il y a de nombreuses congrégations qui regorgent de personnes qui aiment et servent Jéhovah : 837 à São Paulo, 539 à Rio de Janeiro et 276 à Salvador. Dans tout le pays, il y a 6 650 congrégations de Témoins de Jéhovah zélés. Les habitants de nombre de ces grandes villes ont la possibilité d’entendre le message du Royaume fréquemment, chaque semaine dans certains quartiers.

Dans les petites villes et les régions rurales, tous ne sont pas visités aussi souvent. Il reste encore 350 petites villes (une population estimée à 1 500 000 personnes) et de vastes régions rurales qui ne sont attribuées à aucune congrégation. Le témoignage n’y est donc pas donné régulièrement, bien que l’on s’efforce de le faire tous les six mois.

Pourrait-​on aider encore davantage de personnes, que ce soit dans les métropoles ou dans les endroits isolés, à reconnaître la valeur du message biblique ? En avril et en mai 1995, on fit un effort particulier afin de toucher leur cœur en remettant personnellement au plus possible d’entre elles le tract Pourquoi la vie est-​elle si difficile ? Plus de 34 000 000 d’exemplaires ont été imprimés et envoyés aux congrégations en vue de leur distribution. Quand on lui donna ce tract, un homme a dit : ‘ Je me suis posé la question pas plus tard que ce matin, et j’en ai même parlé avec d’autres. ’ ‘ Ça fait des années que je me le demande, confia une femme, mais jamais je n’aurais imaginé qu’il y ait une réponse. ’ Une autre femme écrivit ceci à la Société : “ J’ai vraiment apprécié la lecture de ce tract. C’est pourquoi je voudrais étudier la Bible. Merci beaucoup. ”

Pour les Témoins brésiliens, le travail n’est pas fini. Ils n’ont pas le sentiment que tout a été fait pour communiquer le message du Royaume, conformément au commandement de Jésus. Ils ont remarqué que, même dans les endroits où ils prêchent souvent, beaucoup de gens sont absents, peut-être parce qu’ils travaillent, font leurs courses ou sont partis pour quelque temps, ou bien dorment tard, renouvelant ainsi leurs forces pour la semaine à venir. Les Témoins se soucient de ces personnes. Par exemple, un surveillant itinérant de Porto Alegre, dans l’État du Rio Grande do Sul, essaya cette tactique : se rendant compte que les froides journées d’hiver les gens restaient tard au lit parce que c’était l’endroit le plus chaud, avec les proclamateurs, il a fait le tour du pâté de maisons et n’a frappé qu’aux portes de celles qui montraient signe de vie. Ils ont fait neuf fois le tour du pâté, et à chaque fois ils trouvaient davantage de gens réveillés. Ils ont laissé des publications dans chaque foyer, et eurent donc des nouvelles visites en perspective.

De nombreux Brésiliens montrent un réel intérêt pour la Parole de Dieu, et les Témoins de Jéhovah sont très heureux de les aider à la comprendre et à savoir l’appliquer dans la vie de tous les jours. Les Témoins étudient actuellement la Bible dans plus de 500 000 foyers avec une seule personne ou plusieurs membres d’une même famille. Depuis 1995, et à l’aide du livre La connaissance qui mène à la vie éternelle, ils appliquent une méthode qui permet aux personnes bien disposées d’acquérir les enseignements de base bien plus rapidement que par le passé. Outre ces personnes qui étudient la Bible, il y en a également des millions d’autres qui acceptent volontiers les publications bibliques, comme en témoignent ces chiffres : durant l’année de service 1996, 2 334 630 livres, 21 168 979 périodiques et 2 787 032 brochures ont été diffusés.

Le champ d’activité théocratique des frères et sœurs brésiliens dépasse largement le cadre du Brésil. Nombre de pionniers sont allés servir là où le besoin est grand, dans des pays où il n’y a pas beaucoup de Témoins. Au Béthel, à Cesário Lange, des publications sont imprimées pour l’œuvre de prédication au Brésil, mais aussi en Angola, en Argentine, en Bolivie, en Allemagne, au Mozambique, au Paraguay, au Portugal et en Uruguay. Malgré le travail déjà effectué par le passé, l’allure semble s’accélérer d’année en année.

Que de moments joyeux !

Vraiment, il a fallu se dépenser pour donner le témoignage à travers tout le Brésil. Mais que de moments joyeux ! Oh ! bien sûr, il y en a aussi eu de difficiles. Mais nous avons eu sous les yeux la preuve évidente que Jéhovah a béni l’activité de ses serviteurs fidèles, et cela nous a réchauffé le cœur.

Erich Kattner se souvient encore des années 1939 et 1940 où, lorsqu’il prêchait dans les zones rurales, il dormait à la belle étoile avec pour tout oreiller son sac de prédication. Il n’y avait à l’époque que quelques centaines de proclamateurs dans tout le pays. Parmi les gens qu’il rencontrait, rares étaient ceux qui possédaient une bible. Pour en procurer une aux personnes qui le souhaitaient, il allait en chercher à la boutique de la Société biblique, jusqu’à ce que celle-ci refuse de lui en fournir. Néanmoins il affirme : “ J’ai eu l’immense privilège d’être présent à l’assemblée ‘ La bonne nouvelle éternelle ’ en 1963 à New York, lorsqu’on annonça la parution des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau en six langues, dont le portugais. Je savais qu’elles me seraient utiles dans mon affectation au Brésil, c’est pourquoi j’en étais particulièrement reconnaissant à Jéhovah. ” La Traduction du monde nouveau est disponible dans sa totalité en portugais depuis 1967. Quelle aubaine pour l’œuvre d’instruction biblique au Brésil ! Le nombre des personnes qui prennent une part active à louer Jéhovah est passé de 30 118 en 1963 à plus de 436 000 en 1996.

Augusto Machado se souvient avec reconnaissance de l’aide apportée par l’une des premières missionnaires envoyées au Brésil. Il garde également en mémoire sa première assemblée de district ; c’était à Rio de Janeiro, et frères Knorr et Henschel étaient venus de New York. Ils n’étaient alors que 1 064 assistants. L’un des discours avait pour titre “ L’amour, la voie la plus excellente ”. “ Puis en 1958, raconte frère Machado, j’ai eu la chance de faire partie des 253 922 assistants à l’assemblée internationale de New York. Ces deux assemblées reflétaient le même esprit rempli d’amour. (...) Je suis rentré de New York plus convaincu que jamais que le peuple de Jéhovah, loin des divisions tribales et raciales, accomplit une œuvre mondiale d’instruction biblique sans précédent dans l’Histoire. ”

En 1985, frère Machado avait devant les yeux l’excellent résultat produit par l’œuvre d’instruction biblique au Brésil. Le privilège lui avait été donné de s’adresser à l’auditoire d’une assemblée internationale organisée simultanément à São Paulo et à Rio de Janeiro. L’assistance totale, composée en majorité de Brésiliens, avoisinait les 250 000. Dix ans plus tard, lorsque toutes les congrégations du pays se sont réunies pour observer le Mémorial de la mort du Christ, plus de 1 144 000 personnes étaient présentes.

Aujourd’hui, tous les serviteurs dévoués de Jéhovah ont de nombreuses raisons d’être joyeux malgré les temps difficiles. Quand nous réfléchissons à ce que Dieu a déjà fait et à ses promesses pour l’avenir, notre cœur ne peut être que profondément touché. “ Les choses désirables ” de toutes les nations, y compris du Brésil, sont en train d’être rassemblées dans sa maison spirituelle (Hag. 2:7). Ces paroles de Psaume 144:15 se vérifient bel et bien : “ Heureux le peuple dont le Dieu est Jéhovah ! ”

[Carte/Illustrations, page 167]

(Voir la publication)

L’Amazone

Manaus

AMAZONE

MATO GROSSO

Cesário Lange

RIO GRANDE DO SUL

Belém

Fortaleza

Recife

Salvador

Rio de Janeiro

São Paulo

[Illustrations]

1) Recife : la plage.

2) Rio de Janeiro.

3) La forêt tropicale d’Amazonie.

4) Prédication sur l’Amazone.

5) Les bâtiments de la filiale de Cesário Lange.

[Illustrations pleine page, page 124]

[Illustration, page 126]

Alston et Maude Yuille ont commencé leur service au Brésil en 1936.

[Illustration, page 126]

Charles Leathco, diplômé de la première classe de Guiléad, sert toujours au Béthel.

[Illustrations, page 133]

La rotative typographique mise en service à São Paulo, en 1973.

[Illustrations, page 134]

À l’assemblée de district “ La victoire divine ” à São Paulo, les assistants ont eu chaud au cœur en voyant le fruit de leur témoignage donné à l’unisson.

[Illustration, page 142]

Le “ Parc d’assemblées ” partiellement couvert de Salvador.

[Illustration, page 145]

Le Comité de la filiale (de gauche à droite) : Massasue Kikuta, Karl Rietz, Amaro Santos, Östen Gustavsson, Augusto Machado et Fred Wilson.

[Illustrations, page 150]

Lors de l’inauguration de la filiale en 1981, Lloyd Barry a fait cette exhortation : ‘ Accordez toute votre attention à la prédication de la bonne nouvelle. ’

[Illustration, page 156]

Plus de 39 000 frères et sœurs ont assisté à l’École pour les pionniers, comme ici à Sorocaba, dans l’État de São Paulo.

[Illustration, page 158]

Des missionnaires et autres diplômés de Guiléad dans le service à plein temps, en compagnie de leurs femmes, lors de la visite du surveillant de zone en 1996.

[Illustrations, page 162]

Les rotatives offset et le MEPS : deux outils importants pour l’impression des publications en simultané.

[Illustration, page 170]

Le bateau utilisé pour prêcher la bonne nouvelle à l’embouchure de l’Amazone.

[Illustrations, page 175]

Des volontaires internationaux venus aider à la construction du Béthel : les Harley (en haut) et les Colwell.

[Illustrations, pages 176, 177]

Les bâtiments de la filiale d’où est dirigée l’activité des plus de 430 000 Témoins du Brésil.

[Illustrations, page 192]

Seize Salles d’assemblées répondent actuellement aux besoins des Témoins de Jéhovah du Brésil.

[Illustrations, page 193]

Davantage de Salles du Royaume sont nécessaires. La méthode des constructions rapides s’avère très efficace.

[Illustration, page 194]

Plusieurs congrégations apportent une aide particulière aux personnes sourdes et aveugles.

[Illustration, page 205]

Erich Kattner s’est réjoui lors de la parution en portugais de la “ Traduction du monde nouveau ”.

[Illustration, page 207]

Augusto Machado a constaté l’excellent résultat produit par l’instruction biblique au Brésil.