Aller au contenu

Aller à la table des matières

Japon

Japon

Japon

TRAVAIL assidu et acharné, unité de vues : telles sont entre autres les qualités qui ont sorti le Japon de la dévastation de la Seconde Guerre mondiale pour lui conférer son rôle actuel, celui d’un des géants de l’industrie mondiale. Aujourd’hui ce pays, qui compte 125 millions d’habitants, est connu tant pour ses marques de caméras, de voitures et d’appareils électriques que pour ses cerisiers en fleurs, ses azalées et son Fuji-Yama, dont le sommet neigeux culmine à 3 776 mètres.

Cependant, plus impressionnants encore ont été les progrès théocratiques d’après-guerre. En 1951, environ 40 missionnaires diplômés de Guiléad, l’École biblique de la Société Watchtower, et 200 proclamateurs d’origine japonaise ont assisté à une assemblée à Tokyo. Nathan Knorr, alors président de la Société Watch Tower, a déclaré attendre avec impatience le jour où il y aurait tant de proclamateurs du Royaume au Japon qu’il serait difficile d’y trouver les missionnaires. Ce jour n’a pas tardé ! Bâtissant sur le fondement qui est Christ, les missionnaires, compagnons de travail de Dieu, ont mis dix ans pour rassembler les 1 000 premiers proclamateurs du pays. Mais, en 1992, 1 000 nouveaux évangélisateurs étaient ajoutés en moyenne chaque mois (voir 1 Corinthiens 3:9-11). Le nombre total des ministres du Royaume de Dieu dans les îles qui forment le Japon est passé à 220 663, un nouveau maximum ayant été atteint chaque mois depuis plus de 18 ans. Ce qui s’est produit est une partie exaltante de la réalisation d’Isaïe 60:8, 9, qui dit : “ Qui sont ceux-là qui viennent en volant comme un nuage, comme des colombes vers les ouvertures de leur colombier ? Car les îles continueront d’espérer en moi. ”

L’Annuaire 1973 relate l’histoire du Japon, de ses débuts jusqu’en 1972, année où il y avait près de 14 000 proclamateurs, dont plus de 3 000 dans le service de pionnier en plein essor. Nous reverrons cette histoire que nous prolongerons de 25 ans.

Les premières graines de la vérité du Royaume

Dans ce pays traditionnellement bouddhiste et shintoïste, comment les graines ayant produit une moisson spirituelle si abondante ont-​elles été semées ? En 1911, Charles Russell, alors président de la Société Watch Tower, était allé au Japon pour se rendre compte de la situation. Il a rapporté que les missionnaires de la chrétienté étaient très découragés et que les gens en général montraient peu d’intérêt sincère pour la religion. Il pensait toutefois que l’“ évangile du Royaume ” était ce dont ils avaient besoin. Robert Hollister, un Américain, a été nommé représentant de la Société en Orient. Des tracts et des livres, y compris Le divin Plan des Âges, ont été traduits, et des millions d’exemplaires distribués, principalement par des autochtones. En 1926, Junzo Akashi, Américain d’origine japonaise, a été envoyé au Japon pour représenter la Société. Au début de 1927, une filiale a été ouverte à Kobe, puis, plus tard dans la même année, elle a été transférée à Tokyo. En 1938, le nombre des colporteurs qui distribuaient des périodiques et des livres était passé à 110. Mais le nationalisme religieux fanatique avait été attisé à travers le pays, ce qui a directement débouché sur la Seconde Guerre mondiale. Le 21 juin 1939, 130 membres de la Todaisha (mot qui signifie “ Le phare ”, comme on appelait alors l’organisation locale des Témoins de Jéhovah) ont été arrêtés et emprisonnés d’un seul coup, ce qui a mis fin d’une manière effective à l’activité organisée pendant les années de guerre.

Malheureusement, le surveillant de la filiale a apostasié sous la contrainte. À l’exception de quelques serviteurs fidèles, telles les familles Ishii et Miura, la majorité des membres de la Todaisha l’ont imité en abandonnant le service de Jéhovah. Si ce groupe a échoué, c’est également parce que ses adeptes ont suivi un homme, Junzo Akashi. Bien qu’étant déjà marié, il avait adopté la polygamie, coutume japonaise. Sa femme a continué de se dépenser dans le service de pionnier pendant plus de 40 ans à New York, et certains membres de la congrégation de Manhattan-​Ouest se souviennent encore avec tendresse de sœur Ogawachi (son nom de jeune fille). Lorsque les missionnaires de l’École de Guiléad sont arrivés au Japon après la guerre, ils ont trouvé un groupe important de la Todaisha à Osaka. Ses membres demandaient de l’argent pour les baptêmes et, plus grave encore, ils menaient une vie immorale, à l’exemple de Junzo Akashi. Comme ils refusaient d’abandonner cette façon de vivre, on a dû, pour préserver la pureté de la congrégation, exclure environ 30 d’entre eux.

Ceux qui sont restés fidèles

En revanche, prenons l’exemple de Jizo et Matsue Ishii, qui ont fait partie des premiers colporteurs japonais. De 1929 à 1939 ils ont parcouru tout le pays dans le cadre de la prédication. En juin 1939 ils ont été arrêtés et emprisonnés à Sendai. Matsue se rappelle encore sa première année d’isolement dans une cellule minuscule, sale et infestée de puces. On ne lui permettait pas de se doucher ni de se laver, et elle se faisait piquer par les punaises. Elle n’avait plus que la peau sur les os — elle pesait seulement 30 kilos — et a vu la mort de près. Envoyée dans une autre prison, elle a recouvré en partie la santé et, vers la fin de 1944, elle a été libérée. Son mari a subi les mêmes traitements, et plus tard a également démontré sa fidélité en refusant des transfusions de sang (Actes 21:25). Il est décédé à 71 ans. Matsue est demeurée un fidèle Témoin jusqu’à ce jour. Elle dit : “ Soumis à rude épreuve, la plupart de ceux qui, avant la guerre, excellaient par leurs capacités et leur intelligence ont quitté l’organisation de Dieu. [...] Ceux qui sont restés fidèles n’avaient aucune compétence particulière et ne se faisaient pas remarquer. À coup sûr, nous devons tous mettre notre confiance en Jéhovah de tout notre cœur. ” — Prov. 3:5.

Katsuo et Hagino Miura, un autre couple fidèle, ont entrepris le service de colporteur en 1931. Eux aussi ont été arrêtés en 1939, à Hiroshima. Ils ont refusé d’adorer l’empereur et de soutenir le militarisme japonais. Katsuo a été battu cruellement et incarcéré jusqu’à ce qu’une bombe atomique détruise la prison en août 1945. Bien qu’âgé de 38 ans seulement, sa santé était ruinée. À sa libération, il ressemblait à un vieillard. Il est reparti dans le nord, à Ishinomori, où Hagino, relâchée plus tôt, élevait leur jeune fils, Tsutomu.

Comment Katsuo a-​t-​il repris contact avec l’organisation de Jéhovah ? Le principal journal du Japon, l’Asahi, avait appris que cinq jeunes femmes, missionnaires de la Société Watch Tower, étaient venues à Osaka pour adopter le mode de vie japonais dans une maison japonaise. Des journalistes leur ont rendu visite et ont préparé un excellent article illustré dans lequel ils comparaient les cinq sœurs à des anges descendus du ciel comme des cerisiers en fleurs. L’article donnait également l’adresse de la maison des missionnaires. À plusieurs centaines de kilomètres au nord, Katsuo a trouvé par hasard l’article. Immédiatement, il a repris contact avec l’organisation de Jéhovah et a commencé le service de pionnier. Il s’est dépensé fidèlement jusqu’à sa mort, survenue en 1957.

Miyo Idei, âgée à présent de 92 ans, s’active dans le service de Jéhovah à Kobe. Elle a enduré bien des tribulations pendant ses 65 années de vérité biblique. L’histoire passionnante de sa vie a été publiée dans La Tour de Garde du 1er septembre 1991.

“ Les missionnaires de 49 ”

Après la Seconde Guerre mondiale, les conditions pour la prédication étaient devenues beaucoup plus favorables. Mais, en 1947, Junzo Akashi avait signalé au bureau de la Société Watch Tower à Brooklyn qu’il n’acceptait plus les enseignements de la Bible. Frère Knorr a tout de suite envoyé une lettre à la filiale d’Hawaii, à laquelle il demandait des volontaires hawaïens d’origine japonaise qui assisteraient aux cours de la 11classe de l’École de Guiléad pour la formation de missionnaires. Le surveillant de la filiale, qui avait été secrétaire de Joseph Rutherford au début des années 20, a alors posé cette question : “ Mais, frère Knorr, pourquoi pas les Haslett ? ” L’invitation a donc été faite à Don Haslett et à sa femme, Mabel, alors qu’ils approchaient de la cinquantaine. À Guiléad, Shinichi Tohara et Elsie Tanigawa ont enseigné le japonais à plus de 20 élèves.

En 1949, “ les Hawaïens ” — Don et Mabel Haslett, Jerry et Yoshi Toma, Shinichi et Masako Tohara avec leurs trois enfants, ainsi que Elsie Tanigawa — ont gagné leur affectation, la ville bombardée de Tokyo. La même année, ils étaient suivis par un groupe australien — Adrian Thompson, Percy et Ilma Iszlaub, ainsi que Lloyd et Melba Barry — qui a été affecté dans la ville dévastée de Kobe. Ces premiers missionnaires au Japon ont fini par être appelés “ les missionnaires de 49 ”. Six d’entre eux sont morts dans leur affectation, “ debout ”, comme dit le proverbe, et huit autres sont toujours dans le service à plein temps soit au Japon, soit à Brooklyn. Par ailleurs, en 1949, huit proclamateurs remettaient un rapport d’activité.

Accroissement à Tokyo

Le groupe hawaïen a connu un accroissement remarquable à Tokyo. Yoshi Toma raconte qu’en cette année d’après-guerre ils prêchaient “ de tranchée en tranchée ”. Elle déclare : “ Les personnes étaient pauvres et luttaient pour se remettre des effets de la guerre. La nourriture étant rationnée, Don Haslett faisait la queue avec les voisins pour recevoir quelques feuilles de chou. ” Mais les gens étaient bienveillants et aimables ; ils écoutaient patiemment les missionnaires, qui se démenaient pour faire leurs présentations en japonais. Ceux-ci devaient apprendre à enlever leurs chaussures en entrant dans une maison, après quoi ils se rendaient dans la pièce voisine. Les plafonds étant bas, Don Haslett, qui était grand, s’y cognait la tête, ce qui lui laissait de nombreuses cicatrices. En l’espace d’un ou deux ans, “ les Hawaïens ” ont établi un solide fondement à Tokyo, où se trouvent actuellement 139 congrégations.

Parmi les premiers missionnaires, Don et Mabel Haslett, des chrétiens oints, ont laissé un merveilleux exemple dans l’œuvre de témoignage, même lorsqu’ils étaient d’un âge avancé. À la mort de Don survenue en 1966, les six frères qui portaient le cercueil dans la Salle du Royaume, pour le service funèbre, étaient tous des jeunes gens à qui Don avait enseigné la vérité biblique et qui faisaient partie à l’époque des 19 membres de la famille du Béthel du Japon, à Tokyo.

Mabel lui a survécu huit ans. À plus de 70 ans, elle a contracté un cancer du côlon. Un grand hôpital de Tokyo, à Toranomon, a fait preuve d’égards envers elle en acceptant de l’opérer sans transfusion de sang à condition qu’elle se fasse hospitaliser deux semaines à l’avance. Dès le premier jour, elle a reçu la visite d’un jeune médecin curieux de savoir pourquoi elle refusait le sang, ce qui a débouché sur d’excellentes discussions bibliques chaque jour jusqu’à l’opération. En raison de la gravité de l’intervention, quatre médecins y ont participé. À son réveil, Mabel s’est exclamée : “ Maudit soit ce vieil Adam ! ” Combien cela était approprié ! Elle est restée en réanimation pendant une seule journée, alors que quatre autres patients, qui avaient subi la même opération mais avec des transfusions sanguines, y sont demeurés plusieurs jours. Qu’est devenu le jeune médecin ? Plus tard, il a dit à Mabel : ‘ Vous ne l’avez pas su, mais il y avait cinq médecins dans la salle d’opération. J’y suis allé afin de m’assurer qu’ils ne vous donneraient pas de sang. ’ Le docteur Tominaga a continué d’étudier la Bible à Yokohama. Aujourd’hui, son père et lui, ainsi que leurs femmes respectives, sont des membres actifs de la congrégation. Tel a été le fruit merveilleux d’un séjour à l’hôpital !

Mabel a poursuivi son service missionnaire à partir de la maison de Mita, à Tokyo. Lorsqu’elle a eu 78 ans, le cancer a récidivé, ce qui l’a obligée à garder le lit. Cependant, quand un soir les missionnaires sont venus chez elle lui raconter les excellents résultats de la campagne avec les Nouvelles du Royaume, Mabel a exigé qu’ils l’habillent et l’emmènent distribuer ces dépliants. Elle a eu suffisamment de force pour rendre visite à trois foyers avoisinants, ceux-là mêmes où elle avait donné le témoignage pour la première fois à son arrivée au Japon. Plusieurs semaines après, elle a achevé sa course terrestre et reçu son affectation céleste. — Voir Luc 22:28, 29.

Changements à Kobe

À Kobe, l’accroissement devenait également manifeste. Du 30 décembre 1949 au 1er janvier 1950 a eu lieu la première véritable assemblée théocratique au Japon sur le terrain de la spacieuse maison de missionnaires de Kobe. Le dimanche, le nombre d’assistants s’est élevé à 101 pour la réunion publique qui s’est tenue dans la salle de l’école Tarumi, à Kobe. Trois personnes se sont fait baptiser dans un grand établissement de bains situé à Tarumi.

Adrian Thompson, qui faisait partie de ce groupe de missionnaires, a fait des progrès remarquables en japonais et, en 1951, il a été le premier surveillant de circonscription au Japon. Plus tard, il est devenu le premier surveillant de district. Il a largement contribué à poser un fondement solide pour l’accroissement à venir. Fils d’une sœur fidèle qui a été pionnière pendant longtemps en Nouvelle-Zélande, il s’était rendu célèbre comme rugbyman de haut niveau, mais lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, il a quitté le feu des projecteurs pour se faire baptiser et devenir Témoin de Jéhovah, après quoi il a entrepris le service à plein temps en Australie. Bien qu’il soit mort en 1977, “ Tommy ” (surnom sous lequel il était connu) restera encore longtemps dans notre mémoire pour son énergie sans bornes et son “ attachement exclusif ” à Jéhovah. — Nomb. 25:11.

Il a fallu du temps aux missionnaires pour s’adapter à la culture, à la langue et aux foyers japonais, mais leur principal souci consistait à communiquer la vérité biblique à autrui. Voici ce qu’a raconté “ Tiger ” (Percy) Iszlaub, un Australien du Queensland d’un caractère très ouvert : “ Nous dirigions beaucoup d’études bibliques : j’en avais 36, Ilma et les autres missionnaires à peu près le même nombre. Les personnes venaient étudier chez nous, certaines tous les jours. Les études bibliques, trois ou plus chaque soir, se faisaient dans toutes les pièces de la maison. Nous disposions sur la table nos manuels d’étude en anglais et en japonais. Afin d’aider l’étudiant, nous comptions ensemble les lignes jusqu’à l’endroit où se trouvait la réponse. Les progrès étaient lents, mais il était stupéfiant de voir que les personnes comprenaient en lisant seulement les versets et en les comparant avec le commentaire des publications. Aujourd’hui, elles sont dans la vérité. ”

Au début, les missionnaires manquaient de publications pour la prédication. Ils disposaient bien d’un carton d’avant-guerre de l’édition japonaise du tome II du livre Lumière, mais les gens déclaraient qu’ils préféreraient lire d’abord le tome I. Toutefois, c’est la lecture du tome II qui a suscité l’intérêt de l’un des tout premiers Japonais pour la vérité à Kobe et, avec le temps, celui-ci a progressé au point de devenir surveillant de circonscription. Les matières du livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ! ” ont bientôt été utilisées. Quelques-uns de ceux qui étudiaient ont eux-​mêmes traduit des chapitres du livre qui étaient ensuite polycopiés et prêtés aux missionnaires afin qu’ils s’en servent pour d’autres études. Mais certaines traductions étaient douteuses. Ilma Iszlaub a été très surprise de découvrir qu’une de ces traductions comportait dans les notes l’expression ‘ interprétations de Mme Ilma Iszlaub ’.

Environ dix ans plus tard, à Fukuoka, Percy a vécu une situation extraordinaire. Kimihiro Nakata, prisonnier condamné à mort, très violent, qui avait été payé pour tuer deux hommes, a demandé une étude biblique, et c’est Percy qui a étudié avec lui. Kimihiro s’est alors complètement débarrassé de sa “ vieille personnalité ”. Il s’est fait baptiser en prison, et Percy a parlé de lui comme de “ l’un des proclamateurs du Royaume les plus zélés qu’il ait connus ”. (Éph. 4:22-24.) Il a appris le braille, dans lequel il a transcrit le livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ! ”, la brochure “ Cette bonne nouvelle du royaume ” et des articles de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! Ces publications ont été distribuées dans plusieurs régions du Japon, y compris dans des écoles pour aveugles. Cependant, le 10 juin 1959, une voiture de police s’est arrêtée devant la maison de missionnaires. Kimihiro avait tenu à ce que Percy assiste à son exécution ce matin-​là. Percy a respecté son souhait. Dans la cour où allait avoir lieu l’exécution, ils ont eu une courte discussion, puis ils ont chanté ensemble un cantique du Royaume. Kimihiro a demandé à Percy : “ Pourquoi trembles-​tu, Percy ? C’est moi qui devrais être agité. ” Avant qu’il soit pendu, il a prononcé ces dernières paroles : “ Aujourd’hui, j’ai une totale confiance en Jéhovah, dans le sacrifice rédempteur et dans la résurrection. Je vais dormir un peu de temps, et si c’est la volonté de Jéhovah, je vous retrouverai tous au paradis. ” Il a adressé ses chaleureuses salutations à ses frères de la terre entière. Kimihiro est mort pour satisfaire à la justice en donnant vie pour vie, non pas comme un criminel endurci et sans espérance, mais comme un serviteur fidèle et baptisé de Jéhovah. — Voir Actes 25:11.

Après avoir lutté contre le cancer pendant environ dix ans, Ilma Iszlaub est décédée au Béthel d’Ebina, le 29 janvier 1988. Par la suite, en tant que membre de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, Percy a assisté à plusieurs assemblées générales annuelles et a donné récemment un excellent rapport sur le Japon. Puis, en 1996, il est mort lui aussi.

Vers la fin de 1949, malgré la barrière de la langue, Melba Barry a commencé une étude biblique le premier jour de son service à Kobe. Qu’en est-​il résulté ? Deux nouveaux proclamateurs, dont Miyo Takagi, qui a été pionnière pendant plusieurs années. Plus tard, elle a avoué à Melba qu’elle avait été impressionnée de voir deux sœurs missionnaires traverser un champ boueux pour lui rendre visite. Aujourd’hui, 48 ans après, Miyo poursuit son ministère de maison en maison dans un fauteuil roulant. En moins de trois ans, avant d’être de nouveau affectée à Tokyo, Melba a aidé sept personnes à accepter la vérité biblique. Celles-ci ont persévéré au fil des années et, fort heureusement, elles ont survécu au grand tremblement de terre de Kobe en 1995.

Davantage de missionnaires dans le champ

Au début de 1950, cinq sœurs de la 11classe de Guiléad qui n’avaient pu obtenir de visas pour entrer en Nouvelle-Calédonie ont été réaffectées à Kobe. Parmi elles figuraient Lois Dyer, qui est pionnière depuis 67 ans maintenant, et Molly Heron. Elles ont été compagnes de service au cours des 49 dernières années et se dépensent en ce moment à la maison de missionnaires de Mita, à Tokyo. Le récit de la vie de Lois est paru dans La Tour de Garde du 15 septembre 1980.

Molly Heron se rappelle : “ La maison de Kobe était spacieuse, et nous y avons tenu le Mémorial six mois après l’arrivée des premiers missionnaires. Environ 180 personnes y ont assisté, remplissant la salle à manger et le vestibule, et certaines ont même écouté par les fenêtres le discours traduit par un interprète. ” Après avoir entendu lors de cette réunion une communication concernant la prédication, près de 35 assistants étaient là le lendemain matin (un dimanche) pour y participer. Frère Barry déclare : “ Les missionnaires devaient prendre chacun trois ou quatre personnes nouvellement intéressées par la vérité, mais comme les frères ne parlaient pas encore couramment la langue, les propriétaires de la maison se tournaient vers nos compagnons japonais et discutaient avec eux. Nous n’avons jamais su ce qu’ils ont dit. ”

Fin juin 1950, la guerre de Corée a brusquement éclaté. Bien entendu, les missionnaires du Japon voulaient savoir comment se portaient les huit membres de leur classe qui se trouvaient en Corée. La réponse ne s’est pas fait attendre : le deuxième jour après le déclenchement de la guerre, alors que certains missionnaires de Kobe retournaient chez eux en train de banlieue, un train qui venait de la direction opposée est entré en gare en même temps. Lorsque les deux trains sont partis, qui voyait-​on sur l’autre quai, en face des missionnaires ? Les huit missionnaires de Corée ! Imaginez les retrouvailles ! Ils avaient pu quitter le pays par le dernier avion qui évacuait les civils. La maison des 10 missionnaires à Kobe en comptait à présent 18. Bien qu’une grande partie de la ville soit en ruines, un témoignage très approfondi y a été donné.

Scott et Alice Counts sont bientôt allés à Tokyo, mais, en octobre, les huit missionnaires de Corée ont été affectés dans une nouvelle maison ouverte à Nagoya. Seuls Don Steele et sa femme, Earlene, sont retournés en Corée lorsque les conditions l’ont permis.

Des champs mûrs pour la moisson

Grace et Gladys Gregory, qui étaient parmi les missionnaires ayant participé à l’ouverture de la maison de Nagoya, ont trouvé le territoire mûr pour la moisson. En avril 1951, Grace a rencontré Isamu Sugiura, âgé de 18 ans, qui travaillait chez un marchand de pianos. Gladys se souvient : “ La mère d’Isamu l’avait élevé dans une secte shintoïste où il avait appris que le Japon était le shinshu (pays divin) et que le kamikaze (vent providentiel) protégerait leur pays et les aiderait à gagner la guerre. ” Sa foi dans les dieux japonais a cependant été détruite lorsque le Japon a capitulé et que lui-​même a souffert des terribles conditions économiques et de la famine provoquées par la guerre. L’année qui a suivi la fin du conflit, son père est mort de malnutrition. Le jeune Isamu a été touché par l’espérance d’un paradis terrestre et, en octobre, il s’est fait baptiser lors d’une assemblée de circonscription.

Une cinquantaine de missionnaires, ainsi qu’environ 250 Japonais, y ont assisté. Isamu a été profondément impressionné par le fait que les missionnaires, sans préjugés, se mêlaient volontiers aux Japonais alors que la Seconde Guerre mondiale avait pris fin juste six ans plus tôt. Après 45 ans de service dévoué, entre autres à l’École de Guiléad, dans la circonscription et le district, frère Sugiura est à présent membre du Comité de la filiale, à Ebina.

Gladys se rappelle avoir rendu visite à une dame, bouddhiste de nom, qui s’était tournée vers les Églises de la chrétienté mais les avait quittées, en proie à la désillusion. Elle avait été déçue quand les pasteurs n’avaient pas pu lui expliquer qui est Dieu et pourquoi ils n’utilisaient pas son nom personnel, bien qu’il apparaisse près de 7 000 fois dans sa bible (la Bungotai, une vieille version classique). Au lieu de répondre à ses nombreuses questions, son prêtre lui avait dit de “ croire simplement ”. Elle avait obtenu un exemplaire de La Tour de Garde (qui paraissait mensuellement au Japon depuis mai 1951) que Gladys avait laissé à son voisin. Impressionnée par ce qu’elle y avait lu, elle s’était mise à la recherche de Gladys. Celle-ci a plus tard déclaré au sujet de cette dame : “ Quand elle a vu les réponses à ses questions dans la Bible, son cœur a été touché. Immédiatement, elle est venue à l’étude de livre de la congrégation ; elle y a entendu les communications pour la prédication le lendemain et a exprimé le désir d’y aller aussi. Nous nous sommes efforcés de ralentir son élan en lui disant qu’il lui fallait d’abord étudier un peu. À quoi elle a répondu : ‘ D’accord, je vais étudier, mais je veux aller prêcher aussi ! ’ C’est ce qu’elle a fait : elle a passé plus de 50 heures dans la prédication ce mois-​là ! En l’espace d’une année, elle s’est fait baptiser, a entrepris le service de pionnier et, plus tard, elle a été une pionnière spéciale efficace. À 80 ans, elle est toujours dans le service de pionnier. ”

Jéhovah faisait croître

Cinq sœurs missionnaires envoyées à Osaka en 1951 ont eu la joie de voir de nombreuses personnes venir directement chez elles pour étudier. Mais, pendant longtemps, ces nouvelles missionnaires ont eu du mal à distinguer un Japonais d’un autre. Lena Winteler, originaire de Suisse, raconte : “ Lorsque les gens arrivaient, toutes les cinq nous nous alignions et les laissions choisir leur instructeur. ” S’appliquant à imiter la coutume japonaise, les missionnaires mettaient à la disposition des personnes qui venaient chez elles des pantoufles, mais elles ignoraient la différence entre celles pour les invités et celles pour les toilettes. Un jour, une étudiante a pris Lena à part et lui a expliqué : “ Nous n’avons pas coutume de proposer aux invités des pantoufles pour les toilettes. ” Les missionnaires ont appris cela petit à petit.

De temps en temps, les frères missionnaires de Kobe se rendaient à Osaka pour soutenir les cinq sœurs célibataires. À cette époque, il n’y avait qu’une poignée de proclamateurs dans toute la ville. Un jour, Lloyd Barry s’est joint à certains missionnaires d’Osaka pour assister à un opéra en plein air qui avait lieu dans le grand stade de base-ball de Koshien. Ce commentaire a été fait : ‘ Ne serait-​ce pas merveilleux si un jour nous pouvions remplir ce stade pour une assemblée ? ’ Chose apparemment impossible !

Toutefois, vers la fin de 1994, frère Barry, aujourd’hui membre du Collège central, a été invité à prononcer le discours d’inauguration de la nouvelle Salle d’assemblées construite à Hyogo pour les 52 congrégations de la région de Kobe. C’était une agréable réunion, à laquelle ont assisté un bon nombre des tout premiers proclamateurs japonais d’Osaka. Une plus grande assemblée était prévue pour le lendemain. Où allait-​elle avoir lieu ? À nul autre endroit que dans le stade de base-ball de Koshien ! Plus de 40 000 personnes s’y sont rassemblées, formant un groupe très discipliné. À travers tout le Japon, 40 endroits reliés par téléphone ont accueilli beaucoup d’autres auditeurs. Ainsi, le total des assistants s’est élevé à plus de 254 000, plus encore qu’à l’impressionnante assemblée de New York en 1958. Jéhovah a “ fait croître ” d’une manière absolument remarquable au Japon. — 1 Cor. 3:6, 7.

Au début de 1951, nous avons ouvert une maison de missionnaires à Yokohama. Cette ville s’est également révélée un champ très fertile. Gordon Dearn, le premier serviteur de la maison, aujourd’hui veuf, poursuit son service à plein temps à la filiale d’Ebina. À présent, il y a 114 congrégations à Yokohama, où l’accroissement continue, les frères japonais ayant repris le flambeau des missionnaires.

En 1952, une maison de missionnaires a aussi été établie à Kyoto. Des missionnaires d’Osaka et de Kobe y ont été transférés pour rejoindre le groupe zélé des nouveaux missionnaires qui s’y trouvaient déjà. En avril 1954, Lois Dyer et Molly Heron ont également été envoyées de Kobe à Kyoto.

La ville compte un millier de temples, pour ainsi dire un à chaque coin de rue. Pendant la guerre, elle n’a pas été bombardée, afin de préserver ces édifices religieux. Lois raconte : “ Là-bas, nous avons rencontré Shozo Mima, un épicier grossiste qui se remettait chez lui d’une longue maladie. Quoique zélé bouddhiste, il m’a annoncé qu’il voulait connaître le vrai Dieu. Commencer une étude biblique avec lui a été très facile. Par la suite, sa femme et ses filles se sont jointes à lui, et toute la famille est venue à la vérité. Ce frère sympathique est devenu un pilier spirituel dans la congrégation de Kyoto. ”

Margrit Winteler a rejoint Lena, sa sœur aînée, à Kyoto. Dans cette nouvelle affectation, elle s’est rendu compte qu’elle devait s’habituer tant au langage gestuel qu’au langage parlé. Par exemple, un homme qui voulait que ce soit sa femme qui prenne la décision d’accepter une publication pouvait simplement remuer le petit doigt pour indiquer qu’elle n’était pas là. De son côté, la femme levait le pouce, qui représentait le mari, et disait qu’il était absent. Margrit a fini par comprendre que, lorsqu’ils regardaient seulement les périodiques proposés, tournant délicatement une page à la fois, les habitants de Kyoto les refusaient en fait par des mimiques et souhaitaient que Margrit le comprenne sans qu’ils aient à le lui dire. Cependant, les réponses, qu’elles aient été dites ou mimées, étaient loin d’être toutes négatives. Aujourd’hui, 39 congrégations de Témoins de Jéhovah prospèrent à Kyoto.

Face aux hivers rigoureux et à une nouvelle langue

En 1953, quand davantage de missionnaires, parmi lesquels figuraient Adeline Nako et sa compagne de service Lillian Samson, sont venus d’Hawaii au Japon, ils ont été envoyés à Sendai, ville du nord où il fait très froid. La nuit, la température tombait à − 5 °C. En octobre 1952, Don et Mabel Haslett y avaient ouvert une nouvelle maison de missionnaires où les avaient rejoints Shinichi et Masako Tohara. Ayant grandi sous les tropiques, les Hawaïens avaient du mal à supporter les hivers rigoureux de Sendai. Ils ont fini par être appelés les “ Hawaïens frigorifiés ”.

Lillian se souvient : “ Pour la première fois de notre vie, nous avons appris à couper du bois pour le fourneau. Seule la cuisine était chauffée, aussi essayions-​nous de réchauffer nos lits avec un yutanpo, une bouillotte en métal. Dans la journée, nous achetions des ishi-yakiimo (des patates douces cuites sur la pierre) que nous mettions dans nos poches pour nous réchauffer les mains et que nous mangions au moment du repas. ”

Le froid, cependant, n’était pas la seule source de problèmes. Des situations délicates se sont produites jusqu’à ce que les missionnaires sachent lire les caractères japonais. Adeline n’a toujours pas oublié le jour où, parce qu’elle ne savait pas lire le japonais, elle a appuyé sur une alarme d’incendie, persuadée qu’il s’agissait d’une sonnette de couleur rouge. Les gens se sont précipités hors de leur appartement pour voir ce qui se passait. Ils l’ont sévèrement rabrouée pour cette méprise.

Toutefois, ces missionnaires ne se souviennent pas seulement de ce qu’ils ont personnellement vécu pendant leurs premières années au Japon. Pour eux, les milliers de frères et sœurs japonais et ce qu’ils ont connu ensemble ont une place dans leur “ album de famille ”. Nous vous invitons à examiner les pages de cet album tandis que nous nous penchons sur d’autres événements qui ont contribué à l’accroissement de la société théocratique au Japon.

Des pionniers spéciaux ouvrent de nouveaux territoires

L’activité des pionniers spéciaux a joué un rôle important dans la diffusion du message du Royaume jusqu’aux parties les plus reculées du pays. Certains d’entre eux ont été formés personnellement par les missionnaires et ils manifestent le même zèle pour Jéhovah. Parallèlement à l’activité des missionnaires, ces pionniers spéciaux japonais ont été envoyés dans des petites villes et des villages. Bien que baptisés depuis peu de temps au moment de leur nomination, nombre des premiers pionniers spéciaux ont fait preuve d’un dévouement et d’une endurance exceptionnels.

Un an et quatre mois après s’être fait baptiser, Hisako Wakui a reçu son affectation. Sa compagne de service, Takako Sato, et elle sont pionnières spéciales depuis 1957. Dans neuf lieux d’affectation, elles ont aidé, à elles deux, plus de 80 personnes à devenir Témoins de Jéhovah.

Parlant des résultats de la bénédiction de Jéhovah sur l’une des premières études bibliques qu’elle a dirigées, Hisako dit : “ Il s’agissait d’une pratiquante zélée, mais elle déclarait : ‘ Si c’est une étude de la Bible, je peux étudier tous les jours. ’ En apprenant que Jéhovah est le nom de Dieu et qu’il est le Père de Jésus, elle a quitté l’Église et aussitôt elle est allée prêcher. ” Son zèle n’a pas diminué lorsqu’elle a déménagé dans une région très froide où il n’y avait pas de congrégation. Aujourd’hui, son mari et ses quatre enfants sont tous dans la vérité. Leurs trois fils sont anciens et leur fille est pionnière spéciale.

Alors qu’elles se trouvaient à Tsuru, dans la préfecture de Yamanashi, Hisako et Takako ont constaté que l’accroissement était très lent. Seulement quatre ou cinq personnes assistaient aux réunions. Le surveillant de circonscription estimait que, peut-être, elles devraient être envoyées dans un territoire plus productif, mais les sœurs ne souhaitaient pas partir de Tsuru. Elles pensaient fermement que, puisqu’il les y avait envoyées, Jéhovah y possédait certainement des brebis. Aussi le surveillant de circonscription leur a-​t-​il dit : “ Si 18 personnes viennent au discours public ce week-end, je transmettrai à la Société votre désir de rester dans cette affectation. ” Les pionnières ont fait tout ce qui leur était bibliquement possible pour inviter les gens à la réunion du dimanche. Chose étonnante, 19 personnes étaient là ! La semaine suivante, seulement quatre ou cinq personnes assistaient de nouveau aux réunions, mais les pionnières ont pu continuer leur activité dans ce territoire. À présent, la congrégation de Tsuru compte un bon groupe de proclamateurs et dispose d’une belle Salle du Royaume.

Kazuko Kobayashi, une autre pionnière spéciale, a ouvert de nouveaux territoires pendant 40 ans. Lorsque Pauline Green, missionnaire à Kyoto, l’a rencontrée pour la première fois, Kazuko cherchait à découvrir le but de la vie. Pauline lui a montré Ecclésiaste 12:13, ce qui a satisfait Kazuko. Elle a conclu que le mode de vie d’un missionnaire se rapprochait le plus de celui d’un chrétien ; elle a donc fait de cette vie son objectif. Elle n’était baptisée que depuis trois ans lorsqu’elle a été nommée pionnière spéciale. Mais elle a bientôt vu la main protectrice et bienveillante de Jéhovah dans son service et connu d’excellents résultats. Kazuko a également compris ce qu’éprouvaient les gens dans les villages de campagne, et que la crainte de ce que peuvent penser les autres influence leurs décisions. Comment a-​t-​elle surmonté cela ? Elle dit : “ Je me suis efforcée de devenir leur amie. J’aime les gens et, où que je sois allée, j’ai essayé de me rappeler que Jéhovah les aime aussi. Alors il m’a été facile de devenir leur amie. ”

En mars 1971, le bureau de la filiale a envoyé davantage de pionniers spéciaux afin de prêcher dans les territoires isolés. L’exemple de deux jeunes sœurs, tout juste sorties de l’adolescence, est typique : il s’agit de Kazuko Yoshioka (aujourd’hui Tokumori) et d’Akemi Idei (maintenant Ohara), la fille adoptive de Miyo Idei, qui ont été envoyées à Kaga, dans le centre du Japon. Jusque-​là, elles se dépensaient sous l’aile de leurs parents et de leur congrégation. “ À présent, les choses étaient différentes, se rappelle Kazuko. Nous étions les seules à annoncer la bonne nouvelle dans le territoire où nous avons été affectées. ” Afin de briser la glace avec les gens, qui se méfiaient des étrangers, elles ont appris à se présenter dans le dialecte local en utilisant exactement la même intonation que les personnes. Au nombre de ceux qui ont accepté la vérité figuraient trois jeunes gens faisant partie d’une équipe de course sur piste. Kazuko raconte que, lorsqu’ils ont commencé à prêcher, elle a eu du mal à les suivre. Ils avaient été coureurs de fond, et ils couraient littéralement d’une ferme à l’autre.

Tandis que les pionniers spéciaux zélés donnaient le témoignage dans des territoires auparavant non attribués, le nombre des congrégations et des groupes isolés s’est accru, atteignant la barre des 1 000 en janvier 1976.

Changements à Okinawa

L’œuvre progressait également dans les îles d’Okinawa. Après la Seconde Guerre mondiale, ces îles, qui comptent 1 200 000 habitants, étaient sous administration américaine. Les insulaires sont par nature calmes, patients, chaleureux et amicaux. Nos frères et sœurs y manifestent aussi les belles qualités que sont l’endurance et le zèle pour la vérité.

La filiale du Japon, à Tokyo, s’est chargée d’Okinawa, et son surveillant, à l’époque Lloyd Barry, s’y est rendu pour la première fois en 1953. Quatre frères originaires des Philippines, qui travaillaient dans une entreprise de reconstruction, l’ont rencontré et immédiatement amené au centre correctionnel de l’armée américaine où trois soldats étaient détenus. Ces jeunes hommes avaient pris position pour la vérité biblique mais manquaient vraiment de tact. Ils poussaient les choses à l’extrême : c’est ainsi qu’ils chantaient à tue-tête les cantiques du Royaume tard dans la nuit et empêchaient les autres de dormir. On les a aidés à être plus équilibrés. Un détail : l’aumônier de la prison a fait remarquer qu’au train où allaient les choses le Royaume du Christ viendrait dans mille ans. L’un de ces jeunes gens a plus tard été membre de la famille du Béthel de Brooklyn. Tous les trois sont devenus des serviteurs responsables dans la congrégation chrétienne. Lors de la visite de frère Barry, nous avons organisé une réunion sous une hutte préfabriquée où se sont rassemblés 100 insulaires.

Yoshi Higa, native d’Okinawa, y a assisté. Dans l’île, la coutume est de disposer la dépouille d’un défunt dans un grand caveau, dont l’entrée est façonnée en forme de matrice, pour indiquer que ceux qui meurent retournent là d’où ils sont venus. C’est dans un tel caveau que Yoshi avait trouvé refuge pendant la terrible bataille d’Okinawa lors de la Seconde Guerre mondiale. La vue des os humains à l’intérieur l’a convaincue que les morts étaient réellement morts. Lorsqu’elle a étudié la Bible, elle a accepté de tout cœur ce qu’elle enseigne sur la condition des morts et sur la merveilleuse espérance de la résurrection.

Yoshi a été le premier proclamateur et le premier pionnier permanent d’Okinawa. La station de radio locale souhaitait vivement diffuser des discussions bibliques sur ses ondes, mais le clergé de la chrétienté tardait à fournir ces programmes. La station de radio a toutefois constaté que Yoshi était bien plus désireuse de combler cette lacune. Pendant plusieurs mois, elle a lu des articles de La Tour de Garde au cours de ces émissions radiodiffusées.

Il a bientôt été possible d’organiser une assemblée de circonscription pour les 12 nouveaux proclamateurs insulaires ; Adrian Thompson et Lloyd Barry se sont relayés pour présenter les parties du programme en japonais. L’œuvre s’est rapidement étendue, le nombre des proclamateurs et des pionniers augmentant à pas de géant.

En mai 1954, Yoshi a entrepris le service de pionnier. En 43 ans de fidélité dans ce ministère, elle a aidé plus de 50 personnes à connaître la vérité, et nombre de ses premières “ lettres de recommandation ” étaient d’anciens membres de l’Église locale de Shuri, l’ancienne capitale d’Okinawa (2 Cor. 3:1-3). Elle poursuit son service de pionnier à Ginowan.

Parmi ces Témoins enthousiastes, n’oublions pas Mitsuko Tomoyori, une veuve qui a commencé le service de pionnier avec sa fille, Masako, en 1957, à Shuri. Mitsuko a les yeux qui brillent quand elle parle des 40 dernières années passées dans le service de pionnier et des nombreuses personnes qu’elle a aidées à embrasser la vérité qui mène à la vie éternelle.

En 1965, la Société Watch Tower a ouvert une filiale à Okinawa, Shinichi Tohara, missionnaire d’Hawaii, en étant le surveillant. (Il avait de la famille à Okinawa.) Cette disposition a été maintenue en 1972, quand les îles sont revenues sous l’autorité du gouvernement japonais. En février 1976, Shinichi Tohara, James Linton (missionnaire australien) et Chukichi Une (natif d’Okinawa et diplômé de Guiléad) ont été nommés membres du Comité de la filiale.

La persévérance est nécessaire

Au cours de l’année de service 1976, des pionniers spéciaux ont été envoyés dans les autres îles dont s’occupe la filiale d’Okinawa, afin d’étendre la prédication de la bonne nouvelle. Sur certaines d’entre elles, l’accueil était favorable ; sur d’autres, de nombreuses années se sont écoulées avant que l’on puisse surmonter les coutumes, la superstition et les solides liens familiaux. Les pionniers spéciaux ont dû faire preuve d’une grande persévérance. En raison de la méfiance envers les étrangers, il leur a été souvent impossible de trouver un logement, bien qu’il y eût beaucoup de maisons inoccupées. Parfois, la seule maison disponible était celle où quelqu’un s’était suicidé, mais, à cause de la superstition locale, elle ne pouvait servir de lieu de réunion.

Pourtant, les pionniers ont bientôt vu le fruit de leur persévérance. Sur l’île de Tokuno Shima, une famille a assisté au discours public lors de la visite du surveillant de circonscription. Le père s’intéressait activement aux combats de taureaux, sport très prisé où deux taureaux sont opposés l’un à l’autre. Il avait dressé un magnifique taureau pour la lutte. Mais sa fille, qui avait rencontré les Témoins de Jéhovah au Japon, avait éveillé son intérêt pour la Bible. La famille a accepté une étude biblique et cet homme, ainsi que sa femme, sa fille et ses trois fils sont devenus des Témoins voués à Dieu. Deux familles voisines sont également venues à la vérité. Ce groupe s’est transformé en une véritable ruche bourdonnante d’activité. Aujourd’hui, il y a une congrégation de 49 proclamateurs et 16 pionniers sur cette petite île.

Plus au sud, sur l’île d’Ishigaki, les proclamateurs ont été surpris de voir un jeune homme, boxeur célèbre, venir les trouver pour leur demander une étude de la Bible. Auparavant, il avait étudié à Yokohama, mais il craignait d’assumer les responsabilités qui découlaient de la vérité biblique. Pour éviter cela, il s’était enfui à Iriomote, une île à la population clairsemée, où il était convaincu de ne rencontrer aucun Témoin de Jéhovah. Peu de temps après, cependant, il avait trouvé par hasard des publications des Témoins de Jéhovah et était stupéfait de voir que ceux-ci avaient aussi prêché dans cette île. Il en avait conclu qu’il n’existait aucun moyen de fuir de devant Jéhovah (voir Yona 1:3). Grâce à l’adresse d’un proclamateur, écrite sur l’un des ouvrages, il avait retrouvé les Témoins sur l’île proche d’Ishigaki. En peu de temps, il est devenu un Témoin voué à Dieu et un pionnier enthousiaste.

Après une visite de zone par frère Milton Henschel en septembre 1980, la filiale du Japon s’est de nouveau occupée d’Okinawa. Frère Tohara, frère Une et leurs femmes ont continué leur service à plein temps à Okinawa, et frère et sœur Linton sont retournés dans les plus grandes îles du Japon où frère Linton a été surveillant de district.

Les frères itinérants jouent un rôle important

En raison de leur esprit de sacrifice, les surveillants itinérants et leurs femmes ont pu contribuer de bien des manières à la croissance et à la maturité des congrégations japonaises qu’ils ont affermies par leur service. Les frères se rendent compte que ces surveillants et leurs femmes ont quitté ‘ maisons et mère et père à cause de la bonne nouvelle ’. — Marc 10:29.

Lorsque les surveillants de circonscription visitaient les congrégations au début, très peu de logements offrant une réelle intimité étaient disponibles. Mais le fait qu’ils acceptaient joyeusement n’importe quel domicile les faisait aimer des frères. Keiichi Yoshida se rappelle avec humour la fois où, il n’y a pas si longtemps, en 1983, sa femme et lui ont logé chez un frère célibataire et sa famille non chrétienne dans une grande ferme, dans le nord de Honshu. Il déclare : “ La famille nous a chaleureusement accueillis et nous a montré notre logement : une pièce où se trouvait un grand autel bouddhiste. Alors que nous allions dormir, sans nous prévenir, le grand-père, en pyjama, a ouvert la porte coulissante et, sans mot dire, a fait tinter la clochette de l’autel, brûler de l’encens, a récité ses prières, puis il est sorti par l’autre côté de la pièce. D’autres l’ont imité. Nous avons passé toutes les nuits de la semaine à nous demander quand auraient lieu ces cérémonies devant l’autel et d’où viendraient leurs participants. Mais notre séjour chez cette famille aimable et hospitalière a été agréable. ”

Les surveillants itinérants, qui sont 209 actuellement, ont passé en moyenne une vingtaine d’années dans le service à plein temps. La plupart sont d’anciens pionniers spéciaux. Ces antécédents leur permettent de donner une bonne formation dans le témoignage de porte en porte. Leur enthousiasme dans le service a largement favorisé l’excellent esprit pionnier au Japon.

Certains de ces surveillants ont encouragé des personnes et des familles à se déplacer dans des régions où le besoin en Témoins du Royaume était grand. D’autres ont accordé une attention particulière à ceux qui ne partageaient pas les croyances de leurs conjoints Témoins de Jéhovah, en conséquence de quoi certains se sont fait baptiser. Les jeunes aussi ont été aidés à se fixer des objectifs spirituels grâce à l’intérêt personnel qui leur a été témoigné et à l’exemple laissé par les frères itinérants.

Les missionnaires poursuivent leur activité

Dans les années 70, les missionnaires ont été envoyés dans de petites villes. Dans ces endroits, les gens avaient tendance à être plus traditionalistes ; la prédication progressait donc plus lentement. Là où il y avait des congrégations, les missionnaires ont aidé les frères à acquérir de l’expérience en les laissant prendre l’initiative. Ils se sont dépensés dans des villes comme Akita, Gifu, Kofu, Kawaguchi, Kochi, Nagano, Wakayama et Yamagata.

Patiemment, ils se sont efforcés d’aider les Témoins locaux à apprécier la sagesse qu’il y a à accepter l’ensemble des vérités bibliques (Héb. 6:1). Masao Fujimaki, surveillant-président d’une congrégation de Kofu, se souvient des années où les proclamateurs étudiaient le livre Comment s’assurer une vie de famille heureuse. Un frère âgé avait du mal à comprendre l’enseignement donné aux maris, selon lequel ils devaient exprimer publiquement leur affection pour leurs femmes. Il disait : “ C’est de toute évidence impossible pour nous qui avons été éduqués avant la guerre. ” Richard Bailey, un des missionnaires dans la congrégation, l’a gentiment aidé en privé en lui disant : ‘ Les vérités que nous apprenons devraient transcender nos origines nationales ou notre génération ; elles sont toujours applicables et utiles. Si nous minimisions ne serait-​ce qu’une partie de la vérité, nous pourrions nous enhardir à en rejeter des aspects encore plus importants. ’ (Luc 16:10). Le frère a compris, si bien qu’aux réunions suivantes on les voyait, sa femme et lui, assis heureux l’un à côté de l’autre. C’était tout nouveau pour eux !

La fréquentation des missionnaires a été une source de bienfaits pour ces Témoins dans d’autres domaines. Une sœur a dit ceci : “ Enjoués, ils savaient comment servir Dieu avec joie. Ils m’ont également appris l’importance d’adhérer aux principes guidés par l’amour plutôt que d’établir des règles. ” — Deut. 10:12 ; Actes 13:52.

Les missionnaires en ont aidé beaucoup à ressentir pleinement qu’ils faisaient partie d’une communauté internationale de frères et sœurs. Kazuko Sato, qui avait d’abord étudié à Tokyo avec Melba Barry, se rappelle de quelle façon elle avait été fortifiée alors qu’elle était pionnière dans une région rurale où l’animosité religieuse était grande. Se sentant seule, elle avait écrit aux missionnaires qu’elle avait connus dans son ancienne congrégation : “ Je prêche toute seule. ” Par la suite, elle avait reçu une lettre dans laquelle plusieurs missionnaires avaient écrit un mot, certains en caractères japonais laborieusement calligraphiés, disant : “ Kazuko, tu n’es pas seule ! Écoute, et tu entendras, bien au-delà de la pommeraie, le bruit de pieds, les pieds de frères zélés et fidèles du monde entier. ” — Voir Révélation 7:9, 10.

À présent, 41 missionnaires sont répartis dans cinq maisons — une à Yamagata, une à Iwaki, une à Toyama et deux à Tokyo — où ils effectuent toujours leur service. Par ailleurs, neuf sont surveillants itinérants et neuf servent au Béthel à Ebina. Ces missionnaires donnent un bel exemple de fidélité envers Jéhovah et son organisation. En paroles et en actions, ils ont permis aux Témoins de Jéhovah du Japon d’‘ élargir ’ leur point de vue et d’approfondir leur compréhension de la vérité biblique. — 2 Cor. 6:13 ; Éph. 3:18.

Des activités estivales pour parcourir des territoires non attribués

D’autres ont également fait connaître la bonne nouvelle dans les villes et villages isolés. En 1971, l’invitation à se rendre dans des territoires non attribués pendant les mois d’été a été lancée aux pionniers permanents. Puis, en 1974, une disposition a été prise pour les trois mois d’été : envoyer des pionniers spéciaux temporaires. Chaque année, 50 pionniers spéciaux temporaires ont été affectés dans 25 endroits différents où ils ont laissé de grandes quantités de publications.

En 1980, le nombre de personnes habitant dans des territoires qui n’étaient rattachés à aucune congrégation était descendu à environ 7 800 000. Aussi, au lieu d’envoyer des pionniers spéciaux temporaires, le bureau de la filiale a-​t-​il invité les congrégations, des groupes de pionniers permanents et des familles à prêcher dans ces territoires au cours des mois d’été. Pour les Témoins japonais, qui préfèrent accomplir des activités en groupe, c’était une perspective agréable.

Les résultats ont été stimulants. En 1986, un proclamateur qui se trouvait dans un territoire non attribué s’avançait vers une maison dans le village montagneux de Miwa, dans la préfecture d’Ibaraki, lorsque la maîtresse de maison l’a accueilli avec, dans les mains, les livres Comment s’assurer une vie de famille heureuse et Recueil d’histoires bibliques. Elle les avait obtenus précédemment et lus à plusieurs reprises. Elle avait recherché, mais en vain, une bible dans les librairies ; aussi était-​elle heureuse d’apprendre qu’une famille chrétienne allait s’installer dans le village. Une étude biblique a commencé sur-le-champ, et maintenant toute la famille est dans la vérité.

Petit à petit les villes et les villages qui restaient ont été rattachés aux congrégations avoisinantes.

Une instruction spéciale pour les anciens

À mesure que s’étendait la prédication de la bonne nouvelle, le nombre et l’importance des congrégations croissaient aussi. Souvent il n’y avait qu’un seul frère qualifié, parfois deux, pour s’occuper d’une congrégation. Peu d’entre eux avaient été formés dans ce domaine. Mais, après la disposition prise le 1er octobre 1972 concernant les anciens établis dans les congrégations, le bureau de la filiale à Numazu a invité les anciens nouvellement nommés à venir suivre un cours spécial de deux semaines.

Cette école a vraiment été un événement marquant. Les instructeurs se sont efforcés d’aider ces anciens à voir l’importance de montrer un amour sincère et d’être équilibrés et raisonnables dans leurs rapports avec leurs frères (2 Cor. 1:24). Ils ont également souligné la nécessité de s’occuper spirituellement de sa propre famille (1 Tim. 3:4 ; 5:8), ce qui n’était pas courant dans les maisonnées orientales.

Les frères étaient impatients de ramener chez eux tout ce qui leur avait été enseigné. Cependant, beaucoup avaient tendance à apprendre par cœur comme ils l’avaient fait pendant leur scolarité. Takashi Abe, un des instructeurs, se rappelle : “ Les élèves veillaient tard pour recopier avec peine les notes des discussions de la journée. Nous essayions de les encourager, non pas à prendre quantité de notes ni à établir des règles, mais à utiliser leur capacité de réflexion et à appliquer les principes bibliques. ” — Rom. 12:1 ; Héb. 5:14.

De nombreux frères ont assisté à cette école au prix de grands sacrifices. Certains venaient de l’île enneigée d’Hokkaido, à 1 300 kilomètres au nord, d’autres de l’île subtropicale d’Okinawa, à 1 800 kilomètres au sud. Il y en avait aussi qui allaient devoir retrouver un emploi en rentrant chez eux. En 1977, nous avons organisé des cours de deux jours dans plusieurs villes du pays. Ainsi, les frères y ont assisté plus facilement.

Face à l’opposition familiale

Devenir chrétien au Japon n’est pas sans difficultés. “ Particulièrement dans les régions rurales, les nouveaux venus rencontrent une grande opposition de la part des membres de leur parenté vivant dans le voisinage, explique Hiroko Eto, pionnière depuis 37 ans. La crainte de l’homme étant très forte, la famille a honte d’avoir un de ses membres différent des autres dans la communauté. ”

Yuriko Eto, sa mère, aimait la Bible avant même de prendre contact avec les Témoins de Jéhovah. Mais, en 1954, lorsqu’ils l’ont aidée à comprendre que le dessein de Dieu consistait non seulement à emporter au ciel un petit troupeau de fidèles chrétiens, mais aussi à faire de la terre un paradis rempli de serviteurs de Jéhovah heureux, Yuriko s’est montrée désireuse de transmettre cette bonne nouvelle à autrui. Avec patience, ses enfants et elle ont amené de nombreuses personnes à surmonter la crainte de l’homme afin qu’elles obtiennent l’approbation de Jéhovah.

Hiroko s’est efforcée d’aider une femme sincère. Cette femme, qui avait commencé à étudier la Bible, a subi l’opposition de sa belle-mère, avec qui son mari et elle vivaient. Ne voulant pas perturber la paix familiale, la femme a arrêté l’étude. “ Je l’attendais sur la route et l’encourageais à être aimable envers sa belle-mère, dit Hiroko, et à montrer par l’exemple le bon effet d’une étude de la Bible. Avec tact elle a posé des questions à son mari au sujet de ce qu’elle étudiait et, peu à peu, il s’y est intéressé. Au début, il lui disait qu’il était impossible d’être chrétien dans une région rurale comme la leur. Mais l’amour pour Jéhovah leur a permis de surmonter une grande opposition. ” À présent, leur fils aîné et eux-​mêmes sont baptisés. Le mari, assistant ministériel, dirige l’étude de livre dans leur foyer, et sa mère a surpris tout le monde lorsqu’elle a assisté à la réunion où il donnait son premier discours public.

Souvent l’opposition vient du conjoint parce qu’il est jaloux ou qu’il a grandi dans un environnement où le machisme est courant. Quand Keiko Ichimaru, tout juste mariée, s’est mise à étudier la Bible au début des années 70, Hiroyuki, son mari, s’est fermement opposé à elle et lui a ordonné de ne pas assister aux réunions. “ Je ne pouvais pas supporter l’idée de passer après sa religion ”, a plus tard affirmé Hiroyuki. Keiko aimait son mari ; elle lui a donc demandé avec tact de vérifier si ce qu’elle étudiait était bien. Il a décidé d’examiner la Bible par lui-​même, mais il ne parvenait pas à la comprendre. Il a alors demandé à sa femme s’il pouvait assister à son étude. Tous les deux se sont fait baptiser. Finalement, Hiroyuki est devenu pionnier permanent et maintenant il est ancien.

Après le début de l’œuvre de proclamation à Chikugo en 1971, Mayuki Sakamoto a été l’une des premières à accepter le message de la Bible. Toyota, son mari, s’est opposé lorsqu’elle et leur jeune fils ont commencé à assister aux réunions dans une ville voisine. Résolu à les en empêcher, Toyota a redoublé d’efforts, et cela pendant 14 ans, même après que Mayuki s’est fait baptiser en 1973. Un jour, il a braqué un revolver sur elle en criant : “ Je vais te tuer si tu n’arrêtes pas ! ” Sa réponse calme a intrigué Toyota. Il s’est demandé ce qui la rendait si ferme.

Malgré tout cela, Mayuki a cherché à témoigner de l’amour à son mari. Elle n’a jamais renoncé à l’aider à connaître la vérité (1 Pierre 3:1, 2). Un jour, contrarié que sa femme et son fils soient pionniers pendant que lui travaillait, Toyota s’est rendu sur son lieu de travail et a démissionné. Il prenait là une mesure décisive, car les Japonais considèrent en général leur travail comme sacré. Toyota espérait que sa femme et son fils le plaindraient, mais lorsqu’il est rentré et leur a annoncé ce qu’il avait fait, ils ont applaudi. Cela l’a fait réfléchir. Il a fini par étudier la Bible. Plus tard, il a rejoint sa femme et son fils dans le service de pionnier et à présent il est ancien.

Au début des années 70, ceux qui assistaient à nos réunions pour la première fois faisaient souvent remarquer qu’il n’y avait que des femmes et des enfants. Mais, depuis lors, des dizaines de milliers d’hommes ont fait d’excellents progrès spirituels. Aujourd’hui, l’organisation possède une solide structure d’hommes spirituellement mûrs qui font tout ce qui est nécessaire à la bonne marche de celle-ci. Parmi eux, il y a d’anciens opposants des années 70.

Les pionniers vont à l’école

En raison du pourcentage élevé des pionniers (25 à 30 %) dans chaque congrégation au cours des années 70, beaucoup étaient inscrits à l’École pour les pionniers, qui a débuté en janvier 1978 au Japon. Cette école a largement contribué à la maturité des congrégations.

Les premiers invités à l’école étaient les pionniers spéciaux, les missionnaires et les surveillants itinérants avec leurs femmes. Shigeru Yoshioka, un des premiers instructeurs, raconte : “ Le fait d’avoir ces pionniers expérimentés dans les premières classes a été d’un grand secours. Nous avons pu transmettre aux classes suivantes ce que nous avions appris des réponses de ces ministres mûrs et des événements qu’ils ont vécus. ”

À partir de février 1980, l’École pour les pionniers s’est tenue dans chaque circonscription. Les surveillants de circonscription et d’autres frères mûrs qui avaient assisté aux cours étaient les instructeurs. Dans les huit années qui ont suivi l’ouverture de cette école, alors que le nombre des proclamateurs augmentait de 12 % chaque année, celui des pionniers permanents augmentait en moyenne de 22 %. Actuellement, la plupart des circonscriptions ont régulièrement chaque année deux classes, sinon plus, de 25 à 30 élèves.

La majorité des pionniers qui assistent à cette école sont relativement nouveaux dans la vérité, mais, grâce à ces cours, ils acquièrent de la confiance et de l’habileté dans leur ministère, et apprennent des leçons inestimables pour la vie d’un chrétien. Une pionnière l’exprime en ces termes : “ Jusqu’à présent, le service, l’éducation des enfants, la personnalité chrétienne et la connaissance de la Bible, tout cela était mélangé dans les tiroirs de mon esprit. Pendant ces dix jours j’ai été en mesure de les classer aux bons endroits. ” En septembre 1997, 3 650 classes, auxquelles avaient assisté 87 158 pionniers, avaient été organisées.

Toutes sortes de personnes réagissent favorablement

Des gens de tous horizons sociaux forment la structure pittoresque de l’organisation théocratique au Japon. Dans une congrégation de Yokohama, Toshiaki Niwa est un ancien au tempérament doux. Pourtant, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il avait été formé pour piloter un Ohka, ou planeur lance-missiles, dans le cadre d’une attaque kamikaze contre les navires américains. Un tel service était considéré comme une preuve de dévouement envers l’empereur. Or, la guerre a pris fin avant qu’il ait eu la possibilité de mourir pour son pays. Par la suite, sa femme a étudié la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Lorsque Toshiaki a appris que les Témoins avaient gardé une stricte neutralité pendant la guerre, son intérêt a été suscité aussi. En 1977, il s’est joint à sa femme pour faire connaître à autrui le message de paix renfermé dans la Bible.

Dans le monde du spectacle, nous avons également trouvé des personnes qui, avec joie, ont modifié leur vie pour louer Jéhovah. Yoshihiro Nagasaki avait monté un orchestre de jazz dixieland avec plusieurs amis d’université. Ils ont demandé à leur professeur de jazz de devenir le chef de leur groupe. Cet homme, Yoshimasa Kasai, un des musiciens de jazz les plus célèbres du Japon, avait rencontré entre-temps “ Trummy ” Young, un trombone d’Hawaii. “ À partir de ce jour, les leçons, non de musique, mais de vérité ont commencé ”, se rappelle Yoshihiro, qui maintenant est membre du Comité de la filiale. “ Nous n’étions absolument pas intéressés, mais, parce qu’il était si enthousiaste et que nous ne voulions pas le perdre, nous l’écoutions. ” Ils ont même accepté d’étudier la Bible. Cependant, avril 1966 a été un tournant dans la vie de Yoshihiro lorsqu’il a assisté à une assemblée de circonscription. À cette assemblée, une lycéenne qu’il connaissait déjà l’a invité à l’accompagner dans la prédication. Elle donnait le témoignage à partir de la Bible et il offrait des dépliants aux personnes. “ Pour la première fois, la vérité signifiait vraiment quelque chose pour moi ”, raconte-​t-​il. Après cette assemblée, il a prêché chaque jour et a fait de rapides progrès. Sur les six musiciens du groupe, quatre sont aujourd’hui des Témoins actifs.

Shinji Sato était prêtre au célèbre sanctuaire shintoïste Izumo (un des plus importants au Japon), dans la préfecture de Shimane. De plus, il était instructeur de la religion Oyashirokyo. Bien que prêtre shintoïste depuis presque 20 ans, l’injustice et l’absence d’amour qu’il avait constatées parmi les prêtres l’avaient déçu. Il avait fini par comprendre que les dieux shintoïstes n’offraient aucun moyen de salut et il s’était mis à la recherche du vrai Dieu. Il avait commencé à lire la Bible, mais de nombreuses questions lui venaient encore à l’esprit.

C’est à ce moment-​là qu’il a rencontré dans la rue une personne qu’il connaissait et qu’il savait être Témoin de Jéhovah. Il lui a donc posé des questions qui, selon lui, identifieraient la vraie religion : “ Votre religion se mêle-​t-​elle de politique ? Est-​ce une organisation à but non lucratif ? Vos enseignements viennent-​ils de Dieu ou des hommes ? Les personnes qui se trouvent à votre siège mondial pratiquent-​elles ce qu’elles prêchent ? ” Et de demander : “ Si votre organisation remplit ces conditions, auriez-​vous la bonté de m’enseigner la Bible ? ” Quel soulagement pour lui lorsqu’il a fini par se libérer de Babylone la Grande (Rév. 18:4) ! Il déclare : “ Maintenant que je suis Témoin de Jéhovah et que j’enseigne aux autres la voie qui mène au vrai Dieu, je ressens ce qui est consigné dans le livre des Proverbes : ‘ La bénédiction de Jéhovah — voilà ce qui enrichit, et il n’ajoute aucune douleur avec elle. ’ ” — Prov. 10:22.

Des artistes et des musiciens réputés, un écrivain de bandes dessinées, un lutteur de sumo et des coureurs cyclistes professionnels ont tous renoncé à la gloire. Des personnes renommées, telles que des médecins, un éminent calligraphe et des avocats, ont vu la lumière de la vérité et mettent à profit leurs compétences pour favoriser les intérêts du Royaume. D’anciens bandits, truands, policiers et politiciens résident en paix avec leurs frères spirituels (Is. 11:6-9). Des moines bouddhistes, des prêtres shintoïstes et une femme qui avait créé sa propre religion sont sortis de Babylone la Grande (Rév. 18:2). Des enseignants, des hommes d’affaires japonais en vue et des artisans aux talents divers travaillent ensemble à des projets théocratiques. L’organisation de Jéhovah s’est développée au point de compter en son sein toutes sortes de personnes que l’on a aidées à “ revêtir la personnalité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une justice et une fidélité vraies ”. — Éph. 4:24.

Un esprit pionnier enthousiaste

Bien que le territoire de chaque congrégation se réduise et que l’indifférence religieuse augmente, l’enthousiasme pour le service de pionnier, lui, ne cesse de grandir. Au printemps, lorsqu’un grand nombre de pionniers auxiliaires rejoint les rangs des pionniers, le total s’élève à plus de 50 % des proclamateurs. En mars 1997, 108 737 prédicateurs étaient pionniers.

On demande souvent pourquoi il y a tant de pionniers au Japon. Il semble y avoir plusieurs facteurs. Des missionnaires zélés ont posé le fondement pour l’accroissement d’après-guerre ; par ailleurs, des étudiants reconnaissants s’efforcent d’imiter ceux qui les enseignent (Luc 6:40). En conséquence, l’héritage qu’est le zèle pour le ministère a été transmis à la génération suivante de disciples. De plus, il est vrai qu’en règle générale les maisons japonaises sont relativement modestes et nécessitent peu d’entretien ; pour la plupart, les gens mènent une vie traditionnellement simple. Les femmes au foyer peuvent donc accorder la priorité aux intérêts spirituels avec plus de facilité (Mat. 6:22, 23). En outre, le climat est généralement tempéré et les conditions politiques et économiques sont favorables dans le pays.

Les origines culturelles et les traits de caractère nationaux sont sans doute un autre élément d’explication. Dans l’ensemble, les Japonais obéissent aux ordres, sont sensibles aux encouragements venant du groupe et travaillent avec enthousiasme. Shinichi Tohara, un Américain d’origine japonaise et l’un des premiers missionnaires d’après-guerre venus au Japon, a déclaré à ce sujet : ‘ Les kamikazes sont morts pour l’empereur en dirigeant leur avion sur les navires ennemis. Si le peuple japonais est si fidèle à des seigneurs humains, que ferait-​il s’il trouvait le vrai Seigneur, Jéhovah ? ’ Oui, un vif désir de plaire à Jéhovah anime chacun de ceux qui remplissent une demande de pionnier.

Des parents pionniers

Qui sont les pionniers ? Une majorité de sœurs, dont la plupart sont mariées et mères de famille. Beaucoup n’ont pas de soutien spirituel venant de leur mari et de leur parenté non chrétiens.

“ Lorsque j’ai commencé le service, ma plus jeune fille n’avait que quelques mois, raconte Mutsuko, qui est pionnière depuis plus de 20 ans à Fujisawa. Mon mari, qui travaillait dans une banque, ne rentrait généralement pas avant que nous soyons revenus de la réunion le soir. Bien que cela m’ait demandé beaucoup d’efforts, je voulais continuer mon service. ” Elle a été récompensée lorsque ses trois enfants, sitôt leurs diplômes de fin d’études obtenus, ont entrepris le service de pionnier à ses côtés. Après plusieurs années d’opposition, puis d’indifférence, son mari s’est mis lui aussi à changer. Imaginez la joie de Mutsuko le jour où elle a entendu son fils et son mari prononcer respectivement la première et la deuxième partie d’un discours public dans la congrégation !

Les pères qui sont pionniers exercent également une bonne influence. Hisataka savait que son père avait renoncé à sa place de professeur d’informatique afin d’être pionnier. Pendant les vacances d’été d’Hisataka à l’école primaire, son père l’invitait à l’accompagner dans son travail, qui consistait à distribuer du lait tôt le matin. “ Au moment où le ciel prenait à l’est de splendides teintes orangées, se souvient Hisataka, papa m’exprimait ses sentiments intimes, me disant combien il est enrichissant de servir Jéhovah de toute son âme. Le fait de le voir travailler dur mais joyeusement pour Jéhovah m’a touché plus que des mots n’auraient pu le faire. ” Hisataka est maintenant membre de la famille du Béthel d’Ebina.

Sauvés du karoshi

“ Si vous mourez d’envie de travailler, associez-​vous à une compagnie japonaise ”, ont dit certains pour plaisanter. C’est parce qu’un chef de famille japonais typique est extrêmement dévoué à son métier et passe de longues heures sur son lieu de travail. Néanmoins, plus d’un père qui travaillait jusqu’à risquer le karoshi (mort par excès de travail) est à présent voué, non pas à une compagnie profane, mais à Jéhovah Dieu et a rejoint sa famille dans le service de pionnier.

Shunji vit dans la région de Kobe. Auparavant, il travaillait pour une entreprise de construction ; voici ce qu’il dit : “ L’attachement à mon travail et le désir de réussir me poussaient. Quand les chantiers étaient loin de la maison, au mieux, je rentrais auprès des miens seulement pour de courts week-ends. ” Qu’est-​ce qui a changé ? Il répond : “ J’avais peur de la mort, je me souciais de ce qui arriverait à ma famille si je mourais. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi ma femme et mon fils étaient toujours si joyeux d’aller prêcher. ” Alors que Shunji aidait la congrégation à régler des détails techniques pour la construction de leur Salle du Royaume, un ancien l’a encouragé à étudier la Bible, ce qu’il a fait. Aujourd’hui, il partage avec sa famille la joie du service de pionnier permanent. Il fait également partie d’un comité de construction régional.

Laisser ce que l’on considère comme la garantie d’un travail à vie dans une compagnie pour un emploi quelque peu précaire à temps partiel, afin d’avoir du temps pour le service de pionnier, demande, du chef de famille, une foi véritable et un esprit de sacrifice. Le père de Mitsunobu, qui habite dans la préfecture de Chiba, a changé de travail. Dans la grande entreprise où il travaillait et où ses anciens collègues avaient été promus cadres, il recueillait, de bureau en bureau, les vieux papiers pour qu’ils soient recyclés. C’est avec une réelle reconnaissance que Mitsunobu déclare : “ Comme je remercie mes parents de m’avoir personnellement appris à chérir ce trésor qu’est le service de pionnier, m’aidant ainsi à en faire ma carrière ! ” Ceux qui opèrent ces changements dans leur vie ont la conviction que les récompenses financières ne sont que temporaires, mais que les trésors spirituels sont de bien plus grande valeur. — Mat. 6:19-21.

Prenez des précautions pour vivre plus longtemps !

Certains, qui désirent réellement faire tout leur possible dans le service de Jéhovah, ont surmonté de graves problèmes de santé. “ Tout au plus verrez-​vous votre fils grandir. Ne vous surmenez pas, mais prenez toutes les précautions pour vivre plus longtemps. ” C’est ce que déclara le médecin à Yaeko Ono après avoir diagnostiqué des problèmes cardiaques. Son fils avait alors trois ans. “ Que faire pour mener le restant de ma vie sans aucun regret ? ” s’est-​elle demandé en rentrant de l’hôpital. Au moment où elle est arrivée chez elle, sa décision était prise : elle allait devenir pionnière. Lorsqu’ils ont appris cela, les membres de sa famille se sont inquiétés, mais cela ne l’a pas fait changer d’avis. Elle dit : ‘ J’ai entrepris le service en septembre 1978. À cette époque, je ne savais pas que j’étais enceinte. Ma mère est tombée gravement malade ; mon état de santé, quant à lui, s’aggravait. Cependant, ces paroles de Jésus m’ont encouragée : “ Avec de la foi gros comme un grain de moutarde on peut transporter une montagne. ” (Mat. 17:20). J’ai décidé de faire de mon mieux. ’

Dix-sept ans après, Yaeko a affirmé : “ Je suis convaincue que Jéhovah m’a entourée de son bras réconfortant. ” Même si parfois les difficultés étaient près de la submerger, elle se rappelait les bénédictions de Jéhovah, ce qui l’aidait à persévérer. Influencé par son zèle, son mari s’est mis à étudier. Et la joie de Yaeko s’est intensifiée lorsque, en réponse à ses prières ferventes, il est devenu son compagnon de service.

Tels sont les pionniers au Japon. On pourrait en citer beaucoup d’autres, comme ce frère, paralysé de la tête aux pieds, qui a été une source constante d’encouragement en qualité de pionnier, principalement par courrier ; cette sœur, née au tout début du siècle, qui a été pionnière pendant ses 13 dernières années, jusqu’en 1994, dans une région que la neige rendait difficilement accessible ; ou cet ancien qui, malgré sa cécité, s’est rendu dans une ville pour y être pionnier et aider la petite congrégation qui s’y trouve. À l’exemple des fidèles Témoins du passé, tous, quoique faibles physiquement, “ ont été rendus puissants ” par Dieu pour faire sa volonté. — Héb. 11:32-34.

La Traduction du monde nouveau en japonais

Dans le monde entier, leur utilisation de la Bible dans la prédication est un trait distinctif des Témoins de Jéhovah. Au Japon, les proclamateurs souhaitaient vivement posséder une bible exacte et facile à lire en japonais moderne. Beaucoup lisaient la version classique au prix de grands efforts. Malgré ses belles expressions et l’emploi régulier du nom sacré de Dieu, ceux qui avaient été instruits après la guerre avaient du mal à comprendre sa syntaxe vieillie. C’est pourquoi, en janvier 1970, les frères de la filiale ont été absolument ravis de recevoir une lettre du siège mondial autorisant la traduction en japonais de la partie grecque de la Traduction du monde nouveau.

Trois ans plus tard, lors de l’assemblée internationale “ La victoire divine ” à Osaka, une foule de 31 263 personnes ont applaudi avec une joie sans bornes lorsque Lyman Swingle, du Collège central, a annoncé la parution de l’édition japonaise des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau. Au cours des neuf années qui ont suivi, 1 140 000 exemplaires en ont été distribués, ce qui représente 75 fois le nombre des proclamateurs du pays à l’époque de sa parution. Cette bible avait été imprimée aux États-Unis, mais le jour approchait où notre filiale effectuerait ce travail d’impression et de reliure.

Peut-​on améliorer les lieux de réunion ?

Plus le nombre des congrégations se multipliait à travers le pays, plus il était évident que des lieux de réunion convenables étaient indispensables. Avant les années 70, très peu de congrégations en possédaient un. En fait, seules neuf Salles du Royaume ont été inaugurées dans les années 60. La majorité des congrégations se réunissait dans des salles publiques louées ou dans des foyers.

Se rappelant l’inconvénient de ces “ réunions mobiles ”, Ai Nakamura, une sœur d’Hirosaki, déclare : “ Vers 1963, nous louions la salle municipale tous les week-ends, et les jours où elle était fermée, les 15 proclamateurs de la congrégation se réunissaient chez moi. Nous devions tous aider à transporter les périodiques, les publications, l’estrade, etc., à chaque réunion. ” Les salles louées avaient une forte odeur de tabac et affichaient des slogans et des ornements politiques et religieux. Aucune n’était en harmonie avec le contenu spirituel des réunions des Témoins.

Molly Heron et Lois Dyer se souviennent de la salle qu’ils louaient à Kyoto. Il s’agissait d’une pièce, au premier étage d’un magasin, dont le sol était recouvert de tatamis, ou nattes de paille. De chaque côté, il y avait d’autres pièces : dans l’une, on donnait des leçons de shamisen, instrument à cordes japonais, tandis que dans l’autre des hommes jouaient au go, jeu d’échecs japonais. “ Dans tout ce vacarme, nous essayions de diriger notre étude de La Tour de Garde, a déclaré Lois Dyer. C’est dans de tels endroits que nous nous réunissions à cette époque. ” Puisque nous n’avions pas de lieux de réunion fixes comme les autres groupes religieux, les gens pensaient que nous n’étions qu’une religion sans importance, éphémère.

Mais, au milieu des années 70, le nombre des nouvelles congrégations était en pleine expansion, et les frères ont recherché des bâtiments pouvant servir de Salles du Royaume. En juillet 1974, les 646 congrégations du pays utilisaient environ 200 Salles du Royaume. Sur ce nombre, 134 ont été inaugurées au cours de l’année de service 1974.

Bien que nos frères aient été limités financièrement, leur ingéniosité, elle, n’a pas eu de limites. C’est ainsi que, sur l’île de Kyushu, la congrégation de Kitakyushu Wakamatsu a construit une Salle du Royaume de 130 mètres carrés sur une parcelle de terrain offerte par un des proclamateurs. On a obtenu gratuitement des planches et des tuiles de cinq maisons en démolition. Un établissement de bains publics désaffecté leur a également fourni du bois gracieusement. Les seuls matériaux de construction qu’ils ont achetés ont servi pour les finitions de la salle. Les frères ont aussi disposé des sièges d’un cinéma voisin qui avait cessé ses activités, sièges qu’ils ont repeints et installés dans la salle. Après six mois de travail assidu, ils avaient une belle Salle du Royaume.

En raison des prix exorbitants des terrains, certains Témoins qui étaient propriétaires dans les zones urbaines ont démoli leur maison pour bâtir une Salle du Royaume et leur lieu d’habitation au-dessus.

De nouveaux bâtiments pour suivre l’accroissement

De même que les vêtements d’un enfant deviennent sans cesse trop petits, de même les installations de la filiale du Japon ont eu besoin d’agrandissements à plusieurs reprises afin qu’on puisse faire face à l’accroissement du nombre des Témoins dans le pays. En 1971 ont été dressés les plans d’une imprimerie à deux étages et d’un Béthel comportant quatre étages qui seraient construits à Numazu, avec, en toile de fond, le magnifique Fuji-Yama.

Au début, les bâtiments de l’imprimerie étaient utilisés principalement pour imprimer les éditions japonaises de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! Un événement marquant a été l’impression du numéro spécial du 8 octobre 1972 de Réveillez-vous ! sur la nouvelle rotative de 40 tonnes Tokyo Kikai : c’était le premier périodique produit par nos frères de l’imprimerie à Numazu. Mais ils avaient beaucoup à apprendre. Parfois ils se demandaient si un jour ils pourraient faire fonctionner correctement la presse. “ À cette époque, a raconté un frère, certaines lettres étaient couvertes d’une couche d’encre si épaisse qu’on pouvait presque les lire en les touchant. ” D’autres caractères étaient à moitié effacés ou tachés. Cependant, à mesure que les frères acquéraient de l’expérience, la qualité de l’impression s’améliorait et le nombre de périodiques distribués en prédication augmentait.

En 1973, lorsque frère Knorr a pris la parole lors du programme de l’inauguration de la filiale à Numazu, les invités se sont rassemblés au deuxième étage de la nouvelle imprimerie. Parlant de l’usage qui en serait fait, frère Knorr a dit : “ Cet étage vide représente votre foi. Nous croyons que dans un ou deux ans vous aurez besoin de cet étage. L’organisation de Dieu va de l’avant, et ce à une très grande vitesse. ”

Comme frère Knorr l’avait annoncé, l’endroit a bientôt été utilisé. En 1974, deux bâtiments supplémentaires étaient nécessaires : un pour le stockage du matériel et un autre pour loger les bénévoles. “ C’était la première construction que les Témoins entreprenaient eux-​mêmes au Japon, raconte Toshio Honma. Nous étions quelque peu inquiets de savoir s’il y aurait suffisamment d’ouvriers expérimentés. Dieu nous a bénis en nous envoyant des hommes comme Tadazo Fukayama, un conducteur de travaux qui avait 30 ans d’expérience dans une importante entreprise de bâtiment. ”

Après des années de travail qui l’avaient éloigné des siens, Tadazo venait de démissionner afin de passer plus de temps auprès d’eux. Il était donc partagé quand on lui a demandé de venir diriger les travaux d’agrandissement du Béthel à Numazu. Devrait-​il de nouveau laisser sa famille derrière lui ? “ Non ”, lui a répondu la filiale. Sa femme et ses deux fils, âgés de 18 et 20 ans, étaient aussi invités.

Bien que les bâtiments construits alors aient été relativement petits par rapport aux projets à venir, les frères ont acquis, grâce à cette entreprise, de l’expérience et la certitude qu’avec l’aide de Jéhovah ils pourraient réaliser de plus grandes constructions.

Les frères japonais acceptent de plus lourdes responsabilités

En avril 1975, Lloyd Barry, qui était le surveillant de la filiale depuis 1952, a quitté le Japon pour être membre du Collège central des Témoins de Jéhovah. Avec zèle, il avait participé au ministère et vu l’organisation théocratique passer de 8 proclamateurs en 1949 à plus de 30 000 proclamateurs du Royaume zélés lors de son départ. La surveillance de la filiale a alors été confiée à Toshio Honma, un frère d’origine japonaise qui était le responsable de l’imprimerie.

Parlant des compétences de frère Honma, son adjoint a déclaré : “ Toshio n’était pas de ceux qui s’installent et attendent que quelqu’un leur dise tout ce qu’ils doivent faire. Si vous lui confiiez un travail en lui donnant les directives à suivre, il attrapait la balle et courait. C’était un organisateur efficace qui savait motiver les gens. ”

En février 1976, un autre changement s’est produit dans l’organisation. Comme au sein des autres filiales dans le monde, un comité de frères a été mis en place au Japon, la filiale n’étant plus ainsi sous la surveillance d’un seul frère. Les cinq qui furent nommés au début étaient Toshio Honma, le coordinateur, Masataro Oda, Shigeo Ikehata, Kiichiro Tanaka et James Mantz. Les frères japonais ont accepté de tout cœur cette nouvelle disposition, car le concept de décisions prises par un groupe de personnes et le consensus d’opinion leur étaient familiers. Un des membres du comité a plus tard fait observer : “ Grâce à cette disposition, les frères voient en ce groupe de frères mûrs les représentants de l’organisation. Leur attention est donc tournée vers l’organisation de Dieu plutôt que vers un homme. ” Lorsqu’une décision importante doit être prise, ces hommes spirituels aux origines et aux capacités diverses l’examinent en recherchant la direction de l’esprit saint et de la Parole de Dieu.

En janvier 1983, Masataro Oda, qui est au Béthel depuis février 1960, a remplacé frère Honma, qui devait alors subvenir aux besoins de sa famille (il avait un fils de deux ans), et il est devenu le coordinateur. Au nombre de ceux qui ont fait partie du Comité de la filiale pour des périodes plus ou moins longues figurent Ryosuke Fujimoto, Percy Iszlaub, Isamu Sugiura, Yoshihiro Nagasaki, Makoto Nakajima, Kenji Mimura et Richard Bailey. Actuellement, le comité est composé de sept frères. Au fur et à mesure de l’expansion de l’œuvre, chacun de ces frères a humblement offert ses talents pour promouvoir les intérêts du Royaume de Dieu dans cette partie du monde.

“ Si l’on regarde en arrière, constate frère Oda, on peut voir dans cette disposition qu’est le comité une manifestation de la sagesse divine. Depuis 1976, l’œuvre s’est étendue à tel point qu’aucun homme n’aurait pu s’en occuper seul. Jéhovah a donné la sagesse au Collège central afin qu’il délègue des responsabilités à de nombreux frères, si bien que rien n’a fait obstacle à la propagation régulière de l’œuvre. ”

Les frères organisent des assemblées

De la même façon, dans les années 70, les frères se sont vu confier la responsabilité d’organiser les assemblées. Takashi Abe fut l’un des premiers surveillants de district japonais à être surveillant d’une assemblée. Il avait acquis une expérience de grande valeur auprès de missionnaires tels que Percy Iszlaub. Percy avait été le surveillant de l’assemblée internationale “ Paix sur la terre ” tenue en 1969 au vélodrome Korakuen de Tokyo. Deux ans plus tard, frère Abe était le surveillant d’une assemblée organisée dans le même stade. Grâce à l’expérience qu’il avait acquise en 1969, tout s’est bien déroulé. Mais de plus lourdes responsabilités s’annonçaient.

En 1973, frère Abe a été établi par la Société surveillant de l’assemblée internationale de cinq jours “ La victoire divine ” qui devait avoir lieu à Osaka. On attendait une assistance d’environ 30 000 personnes, dont 400 délégués étrangers. Quelle fut sa réaction ? Il raconte : “ Lorsque j’ai reçu la lettre m’annonçant ma nomination, je suis tombé malade ; j’ai passé plusieurs jours au lit, incapable de me lever. Je ne pensais qu’à la difficulté d’organiser les différents services de l’assemblée. Quelle joie lorsque, quelques mois avant l’assemblée, j’ai reçu de la Société la brochure Organisation des congrès ! En suivant les instructions basées sur la Bible, nous avons résolu de nombreux problèmes. ”

L’un d’entre eux consistait à trouver suffisamment de sièges pour tous les assistants. L’assemblée allait se tenir dans la salle des fêtes du mémorial de l’Expo 70 à Osaka, mais il n’y avait ni sièges ni estrade. On a demandé aux congrégations voisines de se renseigner afin de louer des chaises pliantes. Tous les directeurs d’école d’une ville ont été contactés. On a demandé au président de la plus grande fabrique d’appareils électriques au Japon si sa compagnie serait disposée à louer des sièges. Un de ses représentants a rencontré le surveillant de l’assemblée au sujet de cette requête. L’entreprise ne possédait pas de chaises pliantes supplémentaires, mais elle a donné de l’argent pour en louer 5 000. Il en manquait encore. La solution ? Fabriquer des bancs de bois à partir de planches pour échafaudages louées à une entreprise de construction. Quelques jours avant l’assemblée, les bancs étaient achevés, et 31 263 personnes ont écouté le discours public. En raison de l’accroissement du nombre des Témoins de Jéhovah au Japon et à Okinawa, ce fut la dernière fois qu’ils se réunirent tous en une seule assemblée.

Cinq membres du Collège central ainsi que le responsable de l’imprimerie au siège mondial à Brooklyn ont assisté à ce rassemblement et encouragé les assistants. D’autres visiteurs, venus d’Allemagne, d’Australie, du Canada, des États-Unis, de Grande-Bretagne, du Guatemala, d’Hawaii, du Nigeria, de Nouvelle-Zélande et de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ont fait de cet événement une assemblée réellement internationale.

Après cela, davantage de frères japonais se sont mis à endosser les responsabilités de l’organisation des assemblées. Cela leur permettait de mieux répartir les tâches entre les préparatifs des assemblées et leurs autres responsabilités. De plus, les surveillants itinérants étaient en mesure de se concentrer sur leur service au lieu de passer des mois à préparer les assemblées.

Les assemblées internationales “ La foi victorieuse ” de 1978

En 1978 a eu lieu la quatrième assemblée internationale au Japon, “ La foi victorieuse ”, qui a duré cinq jours. Cette fois, quatre endroits ont servi pour accueillir tous les assistants. Un maximum de 31 785 personnes ont assisté à l’assemblée principale à Osaka, où sont venus plus de 200 délégués des États-Unis, du Canada, d’Allemagne, de Suisse, ainsi que d’autres pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Sud. Trois membres du Collège central étaient là pour participer au programme de l’assemblée.

Un bel esprit de coopération a été cultivé au fil des années. Les frères ont fini par avoir pleinement confiance qu’avec l’aide de Jéhovah ils pouvaient accomplir des tâches théocratiques importantes.

Du bowling à la Salle d’assemblées

Outre les Salles du Royaume, il est devenu évident que les frères avaient besoin de plus grandes installations pour les assemblées. Au début des années 70, beaucoup d’établissements publics ne louaient pas aux groupes religieux, et les contrats pour des gymnases pouvaient être annulés à la dernière minute à cause d’événements sportifs. Hirofumi Morohashi, qui a été surveillant d’assemblée dans la région de Tokyo pendant de nombreuses années, se souvient d’un incident particulier qui a incité les frères à rechercher une Salle d’assemblées. Voici ce qu’il dit : “ En 1974, nous avons versé 200 000 yens [plus de 4 000 francs] pour une salle dans un parc d’attractions d’Oyama afin de l’utiliser pour notre assemblée de circonscription. Plus tard, le parc d’attractions a fait faillite. Nous avons eu beaucoup de mal à recouvrer les arrhes et à trouver un autre lieu d’assemblée. ” Percy Iszlaub a alors montré aux frères les photos d’une vieille usine de tissage en Australie qui avait été transformée en une magnifique Salle d’assemblées. Les frères ont compris que c’était le moment pour eux d’agir ainsi.

Ils ont trouvé une salle de bowling désaffectée à Higashi-Matsuyama, dans la banlieue de Tokyo. Ne connaissant pas les Témoins de Jéhovah, le propriétaire du bâtiment s’est renseigné auprès d’une famille chez qui il avait logé aux États-Unis. Il a reçu une réponse très favorable : les Témoins de Jéhovah étaient le groupe religieux le plus digne de confiance aux États-Unis. Dès lors, les choses se sont bien passées, et un contrat a été signé.

C’est ainsi qu’en décembre 1976 a été achevée la première Salle d’assemblées du Japon. Pendant ce temps, un autre projet de construction considérable se dessinait.

Jéhovah dirige les événements

Lorsque les installations agrandies de Numazu ont été inaugurées en 1977, il y avait plus de 40 000 proclamateurs. La filiale a été chargée de chercher un terrain trois fois plus grand que la propriété de Numazu. Une vieille usine textile se trouvait à Ebina, à mi-chemin entre Numazu et Tokyo, sur une propriété de 7 hectares, soit 16 fois plus grande que celle de Numazu. Mais dans un pays où le prix des terrains était incroyablement élevé, le Collège central approuverait-​il ce déménagement ? Le prix de cette propriété serait deux fois plus élevé que celui qu’avaient payé les États-Unis lorsqu’en 1867 ils achetèrent l’Alaska à la Russie. Pendant quelque temps, aucune réponse ne parvint du Collège central. “ Puis, soudain, frère Barry est venu de New York en compagnie de Max Larson, le responsable de l’imprimerie de la Société à Brooklyn, pour voir le terrain et nous donner l’accord, dit Toshio Honma. En songeant à l’accroissement que nous avons enregistré au cours des 20 dernières années, nous remercions Jéhovah de nous avoir guidés pour acheter cette grande propriété. ”

En janvier 1979, on a entamé la construction d’une imprimerie d’un étage, d’un bâtiment administratif, de trois bâtiments d’habitation abritant 161 logements, d’une Salle du Royaume et de deux petits bâtiments pour les ateliers. C’était l’un des plus grands projets de construction jamais entrepris par les Témoins de Jéhovah où que ce soit dans le monde jusqu’à ce moment-​là.

Nombre de chefs de famille possédant des qualifications en construction ont laissé leur emploi pour se rendre, avec les leurs, à Ebina ou dans les villes avoisinantes et participer à la construction. Lorsque Yoshiaki Nishio a reçu sa première invitation à venir en tant que plombier, il venait d’emménager dans une petite ville sur l’île de Shikoku où le besoin était particulièrement grand. Comme il avait trois enfants en bas âge, était au chômage et à court d’argent, il a d’abord refusé. En recevant la troisième invitation par courrier exprès, il a compris que c’était la volonté de Jéhovah. Il en a parlé à sa femme, qui lui a proposé de subvenir aux besoins de la famille pendant son absence. “ Arrivé au Béthel, se rappelle Yoshiaki, je me suis rendu compte que nous étions invités tous les cinq ! C’était incroyable ! ” Ses trois enfants ont grandi et sont devenus pionniers ; aujourd’hui, l’un d’eux est membre de la famille du Béthel à Ebina.

“ À plusieurs reprises, nous avons vu Jéhovah nous ouvrir des portes pour cette construction, raconte James Mantz, président du comité de construction. Nous nous sommes retrouvés face à des murs apparemment infranchissables. L’administration de la préfecture de Kanagawa avait établi certaines des lois antipollution les plus strictes de tout le pays. On nous avait demandé de ne pas déverser une seule goutte d’eau usée dans le canal qui traversait la propriété. Mais Jéhovah nous a ouvert le chemin. L’ancienne usine refroidissait ses machines avec de l’eau tirée de trois puits ; l’eau s’écoulait ensuite dans un canal et servait à irriguer les cultures des voisins. Lorsque ceux-ci ont appris que leur alimentation en eau allait se tarir, ils se sont rendus à la mairie où ils ont protesté en disant que leurs récoltes dépendaient de l’eau de la propriété. Les fonctionnaires sont donc revenus sur leur décision et ont fixé une quantité minimum d’eau que nous devions déverser chaque jour dans le canal pour approvisionner les agriculteurs. Outre cette eau traitée, il nous fallait pomper l’eau de nos puits afin de satisfaire les besoins de nos voisins. ”

Frederick Franz, alors président de la Société Watch Tower, était là lorsque, le 15 mai 1982, les bâtiments achevés ont été dédiés à Jéhovah. Lloyd Barry et sa femme, Melba, ont eux aussi participé au programme d’inauguration. L’assistance a pu ressentir le profond amour que frère Barry éprouvait pour les frères japonais alors qu’il interviewait 14 missionnaires diplômés de la 11classe de l’École de Guiléad qui avaient été envoyés au Japon.

Progrès en quantité et en qualité

Le nombre des proclamateurs ainsi que la demande de publications ne cessaient d’augmenter. Avant l’inauguration des installations à Ebina, la filiale avait acquis, en octobre 1979, sa première presse offset à bobines. Celle-ci pesait 75 tonnes, mesurait 20 mètres de long et était capable de produire 300 périodiques en couleur à la minute. Cela comblait-​il nos besoins ?

“ En 1981, se rappelle frère Mantz, nous avons eu une visite de zone effectuée par frère Jaracz. Ayant remarqué que deux équipes se relayaient sur la presse, il nous a conseillé de demander l’autorisation d’acheter une deuxième presse. Nous avons hésité, car nous pensions qu’il était plus économique d’en utiliser une seule. Cependant, un mois plus tard, Brooklyn nous a envoyé des instructions pour commander notre deuxième rotative offset. À ce moment-​là, nous ne savions pas ce qui nous attendait. Mais, au bout d’un an, en mai, lorsque nous avons reçu la rotative, nous avons dû immédiatement entamer la production de l’édition complète de la Traduction du monde nouveau en japonais afin qu’elle paraisse aux assemblées de district juste deux mois après. Le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis devait également paraître. Nous avons vu de nouveau la main de Jéhovah diriger les événements. Nous n’aurions jamais pu produire nos périodiques, la Bible et le livre sur une seule presse. ”

En 1984, une troisième rotative puissante Mitsubishi a été installée : elle imprimait sur deux bobines de papier au moyen de cinq groupes d’impression, quatre imprimant en couleur sur une bande et un en noir sur l’autre, et elle pouvait produire 1 000 périodiques à la minute. C’était alors la presse la plus rapide du pays, et elle est devenue le sujet de conversation des imprimeurs. Ichiki Matsunaga, qui avait reçu une formation spéciale pour faire fonctionner la rotative, était fasciné de la voir tourner à sa vitesse maximum. “ Mais, a-​t-​il dit, il est encore plus fascinant de voir à quelle vitesse impressionnante le message imprimé sortira. ”

Comment 60 000 périodiques à l’heure pouvaient-​ils être traités d’une manière efficace ? Les frères de l’atelier de mécanique ont fini par créer un système électrique de convoyage qui transporte les périodiques de la rotative jusqu’à l’emballage en passant par une presse hydraulique et un massicot trilatéral. Le responsable de cette opération explique : “ La rotative utilise un rouleau de papier d’une demi-tonne toutes les 20 minutes ; à l’autre bout de la chaîne, les périodiques sont directement emballés dans des cartons étiquetés, prêts à l’expédition. ” En cinq minutes, le papier provenant du rouleau défile à travers la presse, passe au massicot et arrive dans le carton. Ce système à la chaîne réduit le nombre de frères nécessaire et permet un plus grand espace d’emmagasinage.

La qualité de l’impression que rend possible cet équipement et les améliorations apportées aux illustrations et à la qualité du papier mettent en valeur les périodiques. Les proclamateurs les proposent avec enthousiasme en prédication.

“ Une foule de spécialistes ”

Pour suivre les progrès dans le domaine de l’impression offset, la Société s’est mise à informatiser les étapes de pré-presse. Des Témoins du Japon ayant une expérience technique suffisante pourraient-​ils se rendre disponibles pour faire face à ce changement ? Oui. Yasuo Ishii, un des promoteurs techniques en informatique au Japon, est devenu un serviteur voué de Jéhovah. Il a également parlé de sa foi à ses collègues. Résultat : six ingénieurs en informatique et experts en programmation se sont fait baptiser. Tout le groupe a répondu à l’invitation à participer au projet de la Société ; certains sont devenus membres de la famille du Béthel, tandis que d’autres vivaient à l’extérieur. Songeant à ces événements, Toshio Honma, alors coordinateur du Comité de la filiale, a déclaré : “ Jéhovah disposait d’une foule de spécialistes au moment même où le besoin s’en est fait sentir. ”

Quel ordinateur allait-​on utiliser ? Le bureau de Brooklyn avait recommandé le gros ordinateur 4341 d’IBM, qui allait être mis sur le marché. La Société, au Japon, avait été désignée par tirage au sort pour être la deuxième à recevoir l’un de ces ordinateurs dernier modèle. Or, l’agent de la compagnie pensait qu’il serait mieux de le donner à un de ses clients fidèles qui était en mesure de faire le travail de programmation. Les cinq frères et la sœur qui travaillaient sur notre projet ont fait sans tarder un rapport détaillé indiquant les besoins exceptionnels de la Société. Après l’avoir lu, la compagnie a aussitôt inclus notre commande dans le premier envoi de ce nouveau modèle.

Sous la direction de ces spécialistes qualifiés, plus de 40 jeunes frères et sœurs volontaires ont reçu une formation de programmeurs. L’objectif était de créer un système entièrement automatique de composition pour les publications de la Société en japonais. En moins de deux ans, ce système, connu plus tard sous le nom de SCRIPT (System of Character Reproduction Incorporating Phototypesetting [Système de reproduction de caractères par photocomposition]), était prêt à l’emploi. Le premier ouvrage réalisé grâce à ce programme fut le livre de 192 pages “ Que ton royaume vienne ! ”

En 1987, les ordinateurs personnels proposés dans le commerce avaient atteint une modernisation qui leur permettait de satisfaire les besoins propres à l’écriture japonaise. Aussi, lorsque la photocomposeuse associée au SCRIPT est tombée en panne, a-​t-​on opté pour le système de composition plus économique de la Société, le MEPS, auquel ont été intégrées les caractéristiques spéciales du SCRIPT, mises au point par nos frères, qui comprenaient un “ alphabet ” de quelque 8 000 caractères japonais compliqués. Aujourd’hui, de nombreux programmeurs qui ont travaillé sur ce système au Japon prêtent leur concours au système d’édition mondiale de la Société dans d’autres filiales.

Un nouveau service voit le jour

Depuis près de 30 ans, l’imprimerie de la Société à Brooklyn fournissait au Japon les livres devant être diffusés dans la prédication. Mais, alors qu’en 1978 la construction de l’imprimerie à Ebina était en cours, il fut décidé que la filiale se mettrait à produire elle-​même les livres dont elle avait besoin.

Apprenant quels étaient nos projets, le président d’une grande entreprise fabriquant de la colle nous a rendu visite. Constatant que nous avions l’intention de fabriquer notre propre colle, il nous a proposé de nous fournir les matières premières et l’équipement dont nous aurions besoin. Mais, si nous préférions, il serait heureux de nous fournir la colle au prix coûtant. Pour quelle raison ? Quelques années auparavant, il avait assisté à une exposition de machines servant à la reliure et de presses à Chicago. Là, son équipe et lui avaient rencontré des frères du Béthel de Brooklyn qui les invitèrent à visiter l’imprimerie de la Société Watchtower à New York. Le fonctionnement des installations et surtout la gentillesse et le travail assidu des frères les avaient beaucoup impressionnés. À présent, cet homme souhaitait nous aider d’une façon ou d’une autre. Finalement, il nous est revenu moins cher de lui acheter la colle que de la fabriquer nous-​mêmes. Il nous a également mis en relation avec d’autres fournisseurs, ce qui s’est traduit par de considérables économies.

Plusieurs fabricants de machines ont collaboré de la même façon. Lorsque des représentants d’un fabricant de massicots et d’assembleuses sont venus rédiger un contrat à Ebina, ils ont été profondément impressionnés par le chantier de construction et particulièrement par les bénévoles, qui travaillaient avec ardeur. Aussi ont-​ils offert de réduire de 1 000 000 de yens (60 000 francs) le prix de leurs machines.

Qui formera les frères ?

À l’imprimerie, personne n’avait d’expérience en reliure. Robert Pobuda avait donc été invité à Brooklyn afin d’y recevoir une formation de six semaines qui lui permettrait de former à son tour les frères au Japon. La documentation a été traduite et des cours de reliure ont été organisés. Par ailleurs, des professionnels venant d’entreprises commerciales ont appris aux frères comment utiliser les matériaux pour la reliure. Nous avions également prévu de visiter des ateliers de reliure pour en examiner le fonctionnement.

Après l’une de ces visites, le directeur a fait entrer les frères dans son bureau. “ Savez-​vous pourquoi je vous ai permis de venir ? a-​t-​il demandé. Normalement, les gens de l’extérieur ne visitent jamais notre atelier, mais une semaine avant que vous preniez contact avec moi, un Témoin a frappé à ma porte et m’a proposé les périodiques La Tour de Garde et Réveillez-vous ! Ses manières et ce que j’ai lu dans ces revues m’ont impressionné. ” Il a accepté d’autres publications, dont des abonnements aux périodiques, et a offert de former un grand nombre de frères pendant un mois dans son atelier.

Depuis lors, ceux qui travaillent dans l’atelier de reliure ont continué au fil des années d’améliorer leur savoir-faire et d’approfondir leur connaissance. Des sociétés commerciales de reliure ont même envoyé leurs ouvriers visiter notre imprimerie ; ceux-ci ont toujours été frappés par la propreté et l’attention apportée aux moindres détails. James Mantz, qui a été surveillant de l’imprimerie, se rappelle : “ Un jour, une entreprise de reliure avait reçu la permission de filmer pendant que ses représentants effectueraient la visite normale de nos installations. Ils projetaient de se servir de ce film pour former leur personnel. Ils possédaient le même équipement et accomplissaient la même activité, mais ils voulaient montrer les Béthélites en exemple en raison de la joie qui se voit sur leurs visages et de leur travail efficace. ” Frère Mantz se souvient aussi de la surprise d’un cadre qui visitait l’atelier de reliure de la Société. L’homme a dit : “ Les jeunes Japonais sont victimes de ce qu’ils appellent le syndrome des trois ‘ K ’ : kiken, kitanai et kitsui. ” Ces trois mots signifient dangereux, sale et astreignant. Si le travail correspond à l’un de ces qualificatifs, la plupart des jeunes ne s’y intéresseront pas. Mais ce n’est pas le cas à l’imprimerie d’Ebina.

Notre atelier qui relie les publications à couverture en cuir souple a été l’objet d’un intérêt particulier. Il est devenu l’une des principales sources d’information concernant la reliure dite de luxe au Japon. Des bibles reliées en cuir y sont fabriquées en série.

L’édition complète de la Traduction du monde nouveau

Le passage à l’impression offset, la création du service de reliure, l’élaboration du SCRIPT : tout cela posait les bases qui allaient permettre de produire l’édition complète de la Traduction du monde nouveau.

La permission de traduire les Écritures hébraïques de la Traduction du monde nouveau avait été accordée en 1975. Ce serait un vrai travail d’équipe. Trois traducteurs ont été désignés pour réaliser ce projet. Mais comment préserver une harmonie aussi complète que possible entre ces différents traducteurs ? Ils ont rédigé de longues listes détaillées de mots anglais et rassemblé des renseignements concernant les noms propres, les animaux, les plantes, les minéraux, les couleurs, les maladies, les outils, les vêtements, la nourriture et les offrandes sacrificielles. Ils devaient également étudier avec soin et ajouter à ces listes des centaines de groupes de synonymes et d’expressions importantes. Par la suite, ils ont été invités à transmettre ce qu’ils avaient appris aux frères qui concevaient un système informatique d’aide à la traduction de la Bible au siège mondial. Leurs suggestions sont parmi celles qui sont suivies dans le monde entier par les traducteurs de la Bible.

L’édition complète de la Traduction du monde nouveau en japonais a été imprimée et reliée dans nos installations à Ebina. Afin de produire les 136 000 exemplaires de la Bible, qui devait paraître aux 17 assemblées de district “ La vérité du Royaume ” en 1982, les services du montage, de l’imprimerie et de la reliure ont travaillé 24 heures sur 24. Certains frères avaient des postes de 12 à 16 heures. Ce qui les encourageait, c’était de penser qu’ils perpétuaient le genre de travail qu’Ezra, ‘ un habile copiste de la loi de Dieu ’, avait accompli dans le passé. Mais, alors qu’Ezra le faisait à la main, eux se servaient d’une presse offset rapide à bobines et imprimaient en japonais. Ils avaient affiché les paroles d’Ezra 7:6 sur le côté de la rotative pour se rappeler l’importance d’imiter cet habile copiste.

Cette année-​là, tous les frères travaillant à la reliure ont assisté à la dernière assemblée qui se tenait à Fukushima. Ils avaient achevé la dernière bible juste huit minutes avant la fin de la dernière journée de travail précédant l’assemblée. Shigeru Yoshioka, qui travaillait alors à la reliure, raconte : “ Nous étions épuisés, mais, en voyant les larmes de joie sur le visage des frères qui recevaient l’édition complète tant attendue de la Traduction du monde nouveau, nous étions tous convaincus que l’effort en valait la peine. ”

Le texte de la traduction de la Bible en japonais étant gardé en mémoire sous forme électronique, il n’a pas été difficile de produire plusieurs éditions de différents formats. Au cours des années qui ont suivi la parution de la Traduction du monde nouveau en 1982, près de 3 000 000 d’exemplaires en ont été imprimés.

De nouveaux agrandissements en vue de l’accroissement

Comme un adolescent à la croissance rapide, l’organisation théocratique au Japon s’est rapidement sentie à l’étroit dans ses installations à la filiale. En février 1984, on annonça de nouveaux agrandissements, comprenant cette fois une imprimerie de cinq étages, dont la surface de plancher serait de 22 500 mètres carrés, soit deux fois celle de la première imprimerie, et un immeuble d’habitation de sept étages abritant 128 chambres pour loger les bénévoles. Chaque bâtiment aurait un sous-sol.

La construction a commencé en septembre 1984 et s’est terminée en février 1988. Pendant cette période, le nombre des proclamateurs a dépassé la barre des 100 000 et il n’a cessé de s’accroître. Cette extension allait permettre à la filiale de répondre aux besoins grandissants du territoire japonais, mais aussi d’imprimer pour d’autres pays. Le 13 mai 1989, les nouveaux bâtiments ont été dédiés à Jéhovah, Celui qui avait suscité l’accroissement rendant nécessaires ces installations.

Ils prennent soin de leur famille avant toute chose

Les feux de l’actualité nationale ont parfois été braqués sur les Témoins de Jéhovah. En 1986, une campagne médiatique a sensibilisé le public à la façon dont les Témoins prennent soin de leurs enfants. Voici ce que titrait le Mainichi Daily News : “ Un responsable de la JNR démissionne pour être avec sa famille. ” Au Japon, un père qui a de jeunes enfants et qui se voit offrir une mutation, même si cela signifie une promotion, est devant un dilemme. Les mutations sont proposées sans tenir compte de la situation familiale. Lorsque leurs enfants sont au lycée, les parents ne souhaitent pas que toute la famille quitte la ville où elle vit. Le père acceptera généralement la mutation et laissera les siens. C’est ce qu’on appelle tanshinfunin. Selon l’article du journal, Takeshi Tamura, Témoin de Jéhovah, avait été nommé directeur général du bureau de la Société nationale des chemins de fer japonais (JNR) à Kyushu. Mais il a préféré démissionner plutôt que d’accepter cette place prestigieuse et d’être séparé de sa famille. “ La fonction de directeur général peut être assumée par bien des gens. Par contre, je suis le seul père de mes enfants ”, a déclaré frère Tamura dans l’un des journaux.

Les gens étaient perplexes. Auparavant, la presse avait décrit les Témoins de Jéhovah comme étant cruels, laissant mourir leurs enfants. Et voici qu’un homme, parce qu’il voulait être près des siens, a eu suffisamment de courage pour renoncer à une fonction que la majorité de ses collègues auraient acceptée à n’importe quel prix. Des journalistes se sont rendus de maison en maison pour interroger les habitants. À la sortie de la gare, ils ont interviewé des hommes d’affaires tanshinfunin qui allaient passer le week-end avec leur famille. Ils leur ont demandé ce qu’ils pensaient de la décision de frère Tamura. La plupart déclaraient : ‘ J’admire sa décision. Si seulement j’avais le courage de faire la même chose ! ’

Se remémorant cet épisode, frère Tamura confie : “ J’ignore comment le Mainichi a obtenu les renseignements. Habituellement, si des informations sont divulguées, la JNR modifie intentionnellement la tâche de chaque employé, uniquement pour prouver l’inexactitude des rumeurs. Or, cette fois, il n’y a pas eu de démenti. Jéhovah y était certainement pour quelque chose. Par ce moyen, les Japonais ont compris que les Témoins de Jéhovah se soucient de leur famille. ” Aujourd’hui, frère Tamura et les siens sont tous évangélisateurs à plein temps. Frère Tamura est surveillant-président dans sa congrégation et son fils sert temporairement au Béthel.

Des progrès à Okinawa

Après que la filiale du Japon s’est de nouveau occupée d’Okinawa, ce territoire — où les vieilles traditions exercent toujours une forte influence sur la vie des gens — a connu de grands progrès. L’âge n’a pas retenu Kiku Sunagawa, 70 ans, d’entreprendre le service de pionnier. Pendant de nombreuses années, elle avait été esclave du yuta, ou médium, de l’endroit. Mais le fait d’apprendre dans la Bible que le vrai Dieu a un nom et peut lire dans les cœurs l’avait profondément touchée. Elle a détruit sur-le-champ tous ses objets ayant un rapport avec le yuta. Puis elle a décidé d’apprendre à lire afin d’approfondir sa connaissance de la volonté de Dieu. Avec patience, le Témoin qui étudiait la Bible avec elle lui a procuré l’aide nécessaire. En 1981, elle s’est fait baptiser, et l’année suivante elle était pionnière.

Bien qu’illettrée à l’origine, elle a pu à son tour apprendre à lire et à écrire à un étudiant de la Bible d’un certain âge afin que lui et sa femme progressent en vue du baptême. Le couple a démontré sa reconnaissance en donnant à la congrégation d’Akamichi une parcelle de terrain pour y construire une belle Salle du Royaume. Les efforts de Kiku ont été également récompensés lorsque ses deux sœurs cadettes se sont libérées elles aussi de l’influence du yuta afin de servir le vrai Dieu, Jéhovah.

En 1989, un couple âgé d’Hamamatsu a accepté de se rendre sur la petite île d’Aguni Jima, à environ 60 kilomètres des côtes d’Okinawa, pour y donner le témoignage. Le frère et sa femme ont vendu leurs alliances pour rassembler l’argent nécessaire à ce voyage. Ils ont passé 20 jours à rendre visite aux habitants des 600 maisons de cette île éloignée. Un jour qu’ils longeaient un mur de pierres sous un soleil de plomb en plein été, deux petites filles leur ont offert de l’eau. Touchés par leur bonté, ils ont décidé d’aller voir les parents des fillettes. En apprenant qu’ils étaient Témoins de Jéhovah, les parents les ont chaleureusement serrés dans leurs bras. Ils n’avaient pas rencontré de Témoins depuis qu’ils avaient quitté Okinawa huit mois plus tôt. Une étude biblique a été commencée par correspondance puis confiée à une congrégation de Naha, à Okinawa. Les parents et la fille aînée se sont fait baptiser en 1993. Ils font connaître la vérité à de nombreuses personnes sur cette île reculée.

En 1980, il y avait 958 proclamateurs répartis dans 22 congrégations à Okinawa et dans les îles voisines. À présent, plus de 2 600 proclamateurs du Royaume se dépensent activement dans la préfecture d’Okinawa.

L’aide des comités de construction régionaux

Pendant plusieurs décennies, les congrégations ont construit leurs Salles du Royaume avec l’expérience et les moyens qu’elles avaient, mais elles rencontraient des problèmes, d’ordre juridique ou autre, propres à la construction. Beaucoup de congrégations ne tenaient pas vraiment compte de l’harmonie des couleurs. La plupart des travailleurs étaient inexpérimentés et mettaient du temps à achever la construction. Du fait de la durée des travaux — des mois, voire des années — la spiritualité de la congrégation et notamment de ceux qui participaient à la construction était menacée. Le moment était donc venu de considérer la possibilité de suivre le procédé de construction rapide utilisé aux États-Unis.

En septembre 1990, le premier comité de construction régional a été formé dans la région de Tokyo. Sept autres ont été établis par la suite pour se charger du reste du pays. En mars 1991 a eu lieu à Nakaminato, dans la préfecture d’Ibaraki, la première construction au Japon d’une Salle du Royaume selon ce procédé rapide. Bien qu’une violente tempête ait retardé les travaux le deuxième jour, la salle de 120 places a été achevée en seulement quatre jours.

Depuis, le nombre des comités de construction régionaux du Japon est passé de 8 à 11 ; chaque année, ces comités participent à la construction de 80 à 100 Salles du Royaume. En raison du prix élevé des terrains, certaines d’entre elles ont un étage et utilisent le rez-de-chaussée comme parking. À Okinawa, le comité de construction régional a dû modifier les plans pour que les bâtiments puissent résister aux typhons qui frappent souvent les îles.

La veille du début des travaux de construction pour la congrégation de Kochinda, à Okinawa, le frère qui avait offert le terrain est mort. Le discours d’enterrement devait être prononcé à 16 heures le dimanche suivant dans la Salle du Royaume qui n’était pas encore construite. Comme le frère était très connu dans la région, les médias ont annoncé ses funérailles. Les personnes, qui ne voyaient que les fondations sur le chantier, demandaient : “ Allez-​vous vraiment construire un bâtiment à temps pour l’enterrement ? ” Effectivement, la salle fut achevée à temps, et de nombreuses personnes, dont certaines appartenaient aux milieux politique et juridique, s’y sont rassemblées pour écouter le discours funèbre.

Actuellement, il y a 1 796 Salles du Royaume au Japon et à Okinawa, dont 511 ont été construites ou réaménagées selon le procédé de construction rapide. Ces salles, témoignage éloquent de la présence des Témoins de Jéhovah, glorifient le Dieu qu’ils adorent.

Des Salles d’assemblées dans le pays

Il en va de même pour les Salles d’assemblées, où sont organisées les assemblées de circonscription et les assemblées spéciales d’un jour. À partir des années 80, des salles ont été construites l’une après l’autre à Kansai, à Ebina, à Chiba, à Tokai, à Hyogo, à Gumma, à Hokkaido et à Tochigi. En 1997, une neuvième a été achevée à Kyushu.

La conduite exemplaire des frères travaillant dur sur ces chantiers a souvent changé le cœur de voisins qui, au départ, n’étaient pas favorablement disposés. Lorsque la Salle d’assemblées de Tokai, près de Nagoya, était en construction, un voisin s’est résolument opposé au projet et a essayé d’organiser une campagne pour l’arrêter. Chaque jour, il venait sur le chantier pour voir l’état des travaux. Un jour, il est arrivé avec une scie à la main. Lorsque le frère responsable de la construction lui a demandé ce qu’il avait l’intention de faire, l’homme lui a dit : “ J’ai observé jusqu’à présent ce que vous faites, et il me semble que le bosquet de bambous gêne l’avancement des travaux. Laissez-​moi vous donner un coup de main aujourd’hui. ” Il a donc prêté son concours.

En 1995, lors de la construction de la Salle d’assemblées de l’île septentrionale d’Hokkaido, les frères avaient des moyens limités. Aussi ont-​ils été heureux d’obtenir 2 000 sièges gratuitement. Comment cela ? Pendant la construction, un important tremblement de terre a provoqué de graves dégâts à Kobe et ses environs, rendant inutilisables de nombreux bâtiments, dont le Kokusai Kaikan de Kobe, où se trouvait une belle salle de concert. Après que la décision de démolir l’édifice a été prise, un reportage aux actualités télévisées a montré des musiciens faisant leurs adieux à la salle. Voyant cela, les Témoins qui organisaient les secours à Kobe ont pris contact avec les responsables du bâtiment, qui leur ont accordé la permission d’enlever les sièges et de les envoyer à la Salle d’assemblées d’Hokkaido. Un tiers des fauteuils étaient neufs et le reste serait remis en état avant d’être utilisé. L’entreprise de démolition était ravie d’en être débarrassée.

À Tochigi et à Hokkaido, en 1995, on a commencé à faire participer également à la construction de Salles d’assemblées les frères et sœurs qui s’étaient qualifiés pour servir sous la direction du comité de construction régional pour les Salles du Royaume. Les frères apprécient beaucoup ces salles où ils ont la possibilité de se réunir lors de leurs assemblées. Ils voient dans ces magnifiques bâtiments une preuve supplémentaire de l’abondante bénédiction de Jéhovah pour leurs efforts afin de lui offrir un sacrifice de louanges.

Des lieux d’assemblées adaptés

Dans les années 80, la plupart des grandes assemblées de district avaient lieu dans des stades en plein air. Cela signifiait faire face à la chaleur accablante de l’été et à l’humidité, ainsi qu’aux typhons, qui s’abattent sur le Japon au moment des assemblées d’été.

En 1983, une assemblée de district devant accueillir plus de 20 000 personnes était prévue du 18 au 21 août sur les terrains du mémorial de l’Expo à Osaka. En vue de cet événement, les volontaires avaient dressé deux chapiteaux le dimanche 14 août. Cependant, un typhon se déplaçant à la vitesse de 160 kilomètres à l’heure se dirigeait vers Osaka. Les frères ont donc décidé de démonter les tentes afin d’éviter le danger. “ Le bureau de l’assemblée ressemblait à une station météorologique tandis que les frères suivaient attentivement la progression du typhon ”, déclare Shogo Nakagawa, le surveillant de l’assemblée.

“ Le 16 fut un jour de prières. Pour que l’assemblée commence au moment prévu, les frères devaient monter les tentes le 17 août, à 5 heures du matin. Le 16 août, le journal du soir titrait : ‘ Des trombes d’eau sont attendues dans la région d’Osaka. ’ Pour que nous puissions dresser les tentes comme prévu, il fallait que le typhon se déplace plus rapidement, qu’il tourne à droite et que les nuages d’ouest se dissipent. C’est exactement ce qui s’est passé. Le 17 août, à 4 heures du matin, une forte pluie est tombée dans le sud d’Osaka, épargnant le lieu de l’assemblée. Les tentes ont de nouveau été dressées et, comme prévu, le programme a commencé le jeudi 18 août, à 13 h 20. ”

Petit à petit des salles couvertes pouvant recevoir plus de 10 000 personnes ont été disponibles. Dans les années 90, les Témoins de Jéhovah ont commencé à louer ces salles climatisées. Un des plus grands rassemblements a eu lieu en 1992 au Dome Stadium de Tokyo. Là, 39 905 personnes ont assisté à l’assemblée de district “ Porteurs de lumière ”. Comme la salle était au centre de la ville, l’assemblée a été un excellent témoignage pour les observateurs. Un homme qui travaillait à côté du stade a avoué à une pionnière qui venait chez lui que ses collègues et lui avaient critiqué les Témoins. Mais, après avoir observé les assistants à l’assemblée, il s’est excusé en disant : “ Maintenant que mon point de vue a changé, je lirai ces périodiques avec ma femme. ”

Les évacués sont accueillis

Dans les années 80, les frères ont été mis à l’épreuve dans un autre domaine. Tout comme les chrétiens du premier siècle avaient l’occasion de démontrer la profondeur de leur amour en secourant leurs compagnons de Judée dans le besoin, les Témoins de Jéhovah du Japon ont eu la possibilité de manifester ces qualités chrétiennes en temps de détresse (Actes 11:28, 29 ; Rom. 15:26). La façon dont ils l’ont fait est une preuve supplémentaire de la réalisation des paroles suivantes de Jésus : “ Par là tous sauront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous. ” — Jean 13:35.

Après l’éruption du volcan Mihara, sur l’île d’Izu Oshima, le 21 novembre 1986, l’occasion a été donnée aux frères d’organiser pour la première fois des secours de grande envergure. À 16 h 17, Jiro Nishimura, ancien dans la seule congrégation de l’île, a entendu une forte explosion. “ Je suis sorti, a-​t-​il raconté, et j’ai vu une sorte de champignon atomique au dessus du Mihara. ” En une heure, 80 secousses ont ébranlé l’île. Pendant la nuit, plus de 10 000 insulaires ont été évacués.

Quelques heures après l’éruption, des comités de secours ont été désignés sur la péninsule d’Izu et à Tokyo pour s’occuper des Témoins évacués. Après l’ordre d’évacuation, Yoshio Nakamura et d’autres membres des congrégations de Tokyo se sont rendus sur les quais à 2 heures du matin pour accueillir les frères et sœurs de la congrégation d’Izu Oshima. Plus tard, un des évacués a dit : “ En descendant du bateau, nous avons aperçu un écriteau portant l’inscription ‘ Témoins de Jéhovah ’. [...] Ma femme a pleuré de soulagement quand elle a vu que nos frères chrétiens étaient là pour nous accueillir sur le quai. ”

Éruption volcanique à Shimabara

Moins de cinq ans après, en juin 1991, le mont Fugen, sur la péninsule de Shimabara, près de Nagasaki, est entré en éruption, provoquant la mort de plus de 40 personnes. Une sœur, dont la maison se trouvait sur le passage des cendres, a pu s’échapper de justesse avec son enfant. Sur les 42 proclamateurs de Shimabara, 30 ont dû être évacués. La congrégation ne pouvait plus utiliser la Salle du Royaume, car elle se situait dans la zone dangereuse. Les congrégations du pays ont été informées des besoins de leurs frères dans cette région dévastée, et un compte en banque pour les fonds de secours a été ouvert. La réaction a été immédiate et la banque, inondée d’argent, a demandé que les versements soient temporairement suspendus pendant qu’elle essayait de les traiter. En moins d’un mois, le comité de secours sur place avait déjà reçu plus que ce qui était nécessaire, aussi a-​t-​il demandé aux congrégations d’arrêter d’envoyer de l’argent. Les offrandes ont permis non seulement de s’occuper de ceux qui avaient perdu leur emploi et leur maison, mais aussi de construire une belle Salle du Royaume pour la congrégation de Shimabara et une autre pour la congrégation nouvellement formée d’Arie, à laquelle la moitié des évacués sont aujourd’hui rattachés.

Les secours et l’intérêt plein d’amour exprimé dans les plus de 3 000 lettres reçues ont profondément touché le cœur des Témoins dans la région sinistrée. En témoignage de leur reconnaissance à Jéhovah, les 28 proclamateurs de la congrégation de Shimabara et les 20 membres de celle d’Arie ont donc entrepris le service de pionnier auxiliaire durant le mois d’avril de l’année qui a suivi la catastrophe.

Une aide juridique est nécessaire

Évidemment, l’unité des serviteurs de Jéhovah ne réjouit pas Satan. Comme dans d’autres pays, il a essayé de dresser des barrières pour entraver la progression du peuple de Dieu, ce qui a parfois nécessité d’en appeler aux tribunaux. — Voir Actes 25:11.

Au début des années 80, un bureau qui se chargerait des situations réclamant des conseils d’ordre juridique a été formé à la filiale. En 1991, un jeune avocat s’est porté volontaire pour y servir à plein temps avec sa femme. Après avoir consulté d’autres frères exerçant la même profession, il a préparé, pour les collèges d’anciens, des renseignements utiles concernant la location et le droit de propriété des Salles du Royaume, la bonne attitude à adopter en cas d’actes violents contre les serviteurs de Dieu et les sages mesures à prendre en cas de conflits en rapport avec un divorce ou avec la garde des enfants. Il a également fourni des conseils à la filiale à propos des changements des lois sur l’impression, l’expédition de publications bibliques et d’autres questions semblables.

La conscience religieuse passe en jugement

Un cas remarquable porté devant les tribunaux a été celui de Kunihito Kobayashi, âgé de 16 ans, élève au Lycée municipal technique et industriel de Kobe. (Au Japon, les lycées techniques proposent cinq années de cours non obligatoires qui comprennent trois années d’enseignement secondaire.) Certains établissements avaient coutume de faire redoubler ou de renvoyer les élèves qui ne participaient pas aux exercices d’arts martiaux. On leur refusait donc le droit aux études. En décembre 1986, lors de la visite de zone de Lloyd Barry à la filiale, il fut conseillé de choisir un frère exemplaire, de préférence le fils d’un ancien, qui rencontrait ce problème et d’adresser une requête en justice contre son expulsion.

En 1990, Kunihito et quatre autres élèves avaient refusé de participer aux séances de kendo (escrime japonaise au sabre) en accord avec l’injonction d’Isaïe 2:4 de ‘ forger les épées en socs et de ne plus apprendre la guerre ’. On leur avait donc refusé l’admission en classe supérieure. Par la suite, Kunihito, bien qu’étant le meilleur élève de sa classe, a été renvoyé de l’école pour avoir échoué en éducation physique pendant deux années consécutives. Les cinq élèves ont intenté un procès contre l’établissement, revendiquant les droits constitutionnels — la liberté de culte et le droit à l’instruction — dont ils avaient été privés. Après plusieurs appels, le cas de Kunihito a finalement été présenté devant la Cour suprême. Le 8 mars 1996, les juges de la Cour suprême se sont prononcés en sa faveur, déclarant que le lycée avait eu tort de le forcer à choisir entre sa religion et l’instruction. C’était la première fois que la Cour suprême jugeait une affaire dans laquelle la liberté de culte était opposée à l’autorité d’une école en matière de programme. Le nouveau directeur a réuni l’ensemble des élèves, a reconnu que l’établissement avait manqué de bon jugement et leur a demandé de “ bien accueillir leur nouveau camarade de classe, M. Kobayashi ”. En avril 1996, soit quatre ans après son renvoi, frère Kobayashi, alors âgé de 21 ans, a repris les cours.

La décision a eu un grand retentissement dans le pays, et les Témoins de Jéhovah se sont réjouis que le nom et les voies justes de Dieu aient une fois de plus été portés à l’attention du public et qu’un témoignage favorable ait été donné. — Mat. 10:18.

Ils respectent la loi de Dieu sur le sang

Bien qu’ils soient connus pour l’intérêt qu’ils portent à la vie de leurs semblables, les Témoins de Jéhovah ont dû fournir des efforts acharnés afin de renverser les préjugés profondément enracinés contre leur respect du caractère sacré du sang (Gen. 9:4 ; Actes 15:28, 29). Avant les années 80, la filiale possédait une liste des hôpitaux et des chirurgiens qui avaient procédé à des opérations sans avoir recours au sang. Mais il ne s’agissait pas d’une liste de médecins qui se montraient coopératifs ; ce n’est qu’à contrecœur que certains avaient opéré sans transfusion de sang.

Pouvait-​on faire davantage pour permettre aux Témoins de connaître les noms de chirurgiens désireux de les opérer sans recourir au sang ? Akihiro Uotani, qui a directement contribué à combler ce besoin, se souvient : “ Nous nous sentions impuissants, car nous ne savions pas quoi faire lorsque des frères désespérés téléphonaient à la Société pour demander les noms de médecins prêts à collaborer. ” Puis, au début de 1989, la filiale du Japon a entendu parler de séminaires des comités de liaison hospitaliers (CLH) organisés aux États-Unis. Intéressée, elle s’est renseignée auprès du siège mondial à Brooklyn. En novembre, elle recevait une lettre du Service d’information hospitalier lui faisant savoir que le Comité d’édition avait donné son accord pour qu’un séminaire pour les CLH ait lieu au Japon en mars 1990. Ce serait l’un des premiers à l’extérieur des États-Unis.

Outre les 91 membres nouvellement nommés des CLH, 111 surveillants itinérants, 25 médecins Témoins du Japon, 44 frères de la République de Corée et 3 instructeurs de Brooklyn y assisteraient. Le séminaire se déroulerait en anglais avec une traduction en coréen et en japonais.

“ Pendant le séminaire, les instructeurs ont sans cesse souligné l’importance d’‘ informer les médecins ’, se rappelle frère Uotani. Certains assistants doutaient sérieusement que les médecins et les hôpitaux japonais acceptent qu’on leur rende visite afin de les informer, notamment parce que les Japonais avaient coutume d’accepter le traitement que leur médecin leur prescrivait, quel qu’il soit, sans se poser de questions, et que les docteurs n’avaient pas l’habitude de parler de leurs méthodes avec des profanes. Toutefois, après le séminaire, les trois instructeurs ont formé des équipes composées de membres de comités de liaison et ont visité des hôpitaux dans la région de Tokyo, avec d’excellents résultats. ”

Ils informent les médias et les médecins

En raison des rumeurs dues aux préjugés et des informations inexactes paraissant dans la presse, des efforts ont dû être faits pour informer les médias et les médecins concernant notre position sur le sang. À partir de septembre 1990, après la parution de la brochure Comment le sang peut-​il vous sauver la vie ? la filiale a organisé une campagne afin de rencontrer les journalistes qui écrivaient des articles de médecine pour des quotidiens régionaux ou nationaux. Ces efforts ont été couronnés de succès. Certains journalistes, impressionnés par ce qu’on leur avait montré, ont même proposé de rédiger un article sur les chirurgiens opérant sans transfusion de sang.

Voici un autre résultat excellent de cette campagne : des journalistes spécialisés dans la science pour les principaux journaux du pays avaient informé le CLH d’Osaka que le comité d’éthique du Centre national pour les troubles circulatoires se demandait comment agir envers les Témoins. On a immédiatement écrit une lettre sollicitant un entretien avec le président du centre. Le président et le vice-président du Comité d’éthique ont assisté à cette réunion. C’est ainsi que, le 22 avril 1991, ce comité a pris la décision de respecter le droit des Témoins de refuser les transfusions de sang.

Après ce bon départ, les comités d’éthique d’autres hôpitaux ont été contactés, avec des résultats semblables. Lorsque le comité d’éthique des hôpitaux et des maternités de Tokyo préparait un ensemble d’instructions sur la façon de traiter le refus des transfusions de sang pour raisons religieuses, il a invité à ses réunions un représentant du Service d’information hospitalier de la filiale et des membres des CLH de Tokyo. Les 13 membres du comité ont recommandé aux 16 hôpitaux sous la juridiction de Tokyo de respecter la volonté des patients adultes qui désirent être soignés sans transfusion sanguine, même si les médecins jugent une transfusion nécessaire. “ Dans le cas d’un patient qui arrive à l’hôpital inconscient mais qui porte sur lui un document attestant qu’il ne veut pas de transfusion, le médecin doit respecter ce désir ”, lisait-​on dans le Mainichi Shimbun. Plus loin, le journal ajoutait : “ On respectera la volonté des enfants en âge d’aller au lycée comme s’ils étaient des adultes. ”

Même des hôpitaux qui auparavant affichaient des écriteaux portant l’inscription “ Nous n’acceptons pas les Témoins de Jéhovah ” ont changé d’attitude et accepté de soigner les Témoins sans utiliser de transfusion sanguine. Aujourd’hui, il y a plus de 15 000 noms sur la liste des médecins coopératifs. Certains médecins se sentaient offensés si le CLH les oubliait. En octobre 1995, le Shin-Tokyo Hospital de Matsudo a lancé un programme médical et chirurgical ne faisant pas appel à la transfusion sanguine, qui respecte totalement la position des Témoins sur le sang. Ainsi, d’excellents progrès ont été faits dans ce domaine extrêmement important.

L’amour associé à l’organisation

Comme Jésus l’a annoncé, en ces derniers jours les tremblements de terre ne cessent de frapper un lieu après l’autre (Mat. 24:3, 7). L’un d’eux a touché la région de Kobe le mardi 17 janvier 1995. Ce séisme, de magnitude 7,2 sur l’échelle de Richter, a coûté la vie à plus de 5 000 personnes, laissant des milliers de sans-abri. Parmi les 9 000 Témoins vivant dans la zone touchée, 13 sont morts, ainsi que deux proclamateurs non baptisés. Hiroshi et Kazu Kaneko, pionniers spéciaux dans la congrégation de Nishinomiya-​centre, ont été ensevelis sous les décombres d’un vieil appartement ce matin-​là. Il a fallu plus de quatre heures pour dégager frère Kaneko, mais Kazu, sa femme, est morte écrasée. Sous le poids des gravats de longues heures durant, les reins d’Hiroshi cessèrent de fonctionner, ce qui l’a laissé dans un état critique pendant plusieurs jours. “ Ce qui m’a le plus frappé, c’est de voir que les biens matériels sont inutiles, a-​t-​il dit. Par contre, j’ai constaté l’importance de qualités intérieures, telles que la foi et l’espérance, qui nous aident à surmonter les pires situations que nous pouvons rencontrer. ”

Poussés par un amour intense pour leurs frères, les Témoins ont rapidement agi pour apporter leur secours. Fort heureusement, les circonscriptions de la région de Kobe étaient réparties de part et d’autre d’une ligne nord-sud divisant la ville en deux. Comme le tremblement de terre avait touché toute la côte d’est en ouest, des congrégations de chaque circonscription avaient été épargnées et pouvaient donc aider celles qui étaient dans le besoin. Les anciens des congrégations voisines qui n’étaient pas sinistrées ont pris l’initiative d’organiser les secours. Le lendemain de la première secousse, un convoi de 16 motos a fourni de la nourriture et de l’eau aux congrégations du centre de Kobe.

Des surveillants itinérants ont immédiatement formé des centres temporaires de secours pour les Témoins de la zone sinistrée. La filiale a désigné six Salles du Royaume épargnées afin de les utiliser comme dépôts de provisions. “ En l’espace de cinq heures, elles étaient pleines à craquer, se rappelle Yoshihiro Nagasaki, un membre du Comité de la filiale qui s’était rendu sur les lieux de la catastrophe à l’arrière de la moto d’un Témoin. Nous avons dû demander aux frères d’acheminer les provisions vers les Salles d’assemblées à proximité. ” Les représentants des congrégations locales pouvaient se procurer les secours nécessaires dans les centres prévus à cet effet, puis les anciens les distribuaient aux membres de ces congrégations.

La Bible encourage les chrétiens à ‘ pratiquer envers tous ce qui est bon, mais surtout envers ceux qui nous sont apparentés dans la foi ’. (Gal. 6:10.) Avec joie les Témoins ont partagé avec leurs voisins ce qu’ils recevaient. Deux jours après le séisme, lorsqu’un ancien s’est rendu compte que les secours pour les frères étaient suffisants mais que d’autres personnes en avaient désespérément besoin, il a tout de suite envoyé deux camions chargés de vivres à un centre local de réfugiés.

Une aide supplémentaire est apportée

On a veillé également à ce que les besoins affectifs et spirituels soient comblés. Sans tarder, des dispositions ont été prises pour maintenir les réunions chrétiennes. Le jour même du tremblement de terre, une congrégation s’est réunie dans un parc. Le dimanche, la plupart des congrégations de la zone touchée ont étudié La Tour de Garde. Outre les surveillants itinérants des cinq circonscriptions sinistrées, sept autres y ont été envoyés afin d’apporter un soutien affectif et spirituel aux victimes. Ils ont spécialement rendu visite aux frères afin de les fortifier et de les aider à accorder la priorité aux intérêts du Royaume dans leur vie malgré la catastrophe.

Dix Salles du Royaume étaient inutilisables, et les maisons de nombreux frères détruites complètement ou en partie. Les 11 comités de construction régionaux du Japon ont chacun organisé des équipes de 21 volontaires pour réparer les maisons endommagées. Une équipe de secours est venue des États-Unis à ses frais. À la fin des travaux, ces équipes avaient réparé 1 023 maisons et en avaient déblayé 4 autres qui avaient été détruites. Cinq Salles du Royaume ont été reconstruites et quatre réparées par des frères dévoués venus de tout le pays.

Des personnes non Témoins ont été l’objet des mêmes marques de bonté que les membres de leur famille Témoins de Jéhovah. Une sœur, mère de quatre enfants, dont le mari ne partageait pas la foi, a perdu son fils cadet dans le tremblement de terre. Cette famille est restée une semaine dans la Salle du Royaume avec 70 autres Témoins. Voyant comment les frères se souciaient de leurs semblables et leur offraient une aide pratique, le mari a commencé à apprécier l’organisation de Jéhovah. Un jour, il a visité le bureau des secours à Suita où il a vu de nombreux frères se dépenser beaucoup pour des personnes qu’ils ne connaissaient pas. Une grande émotion l’a saisi et il n’a pu retenir ses larmes. Le jour même, il a accepté une étude de la Bible.

Positifs face aux changements

Au fil des ans, la situation au Japon a changé. Fin mars 1992, soit 43 ans après l’arrivée du premier groupe de missionnaires en 1949, l’ensemble du territoire confié à la filiale du Japon était régulièrement parcouru par les proclamateurs qui répandaient la bonne nouvelle du Royaume. Cependant, l’état d’esprit et la situation des gens ayant changé eux aussi, les Témoins de Jéhovah ont dû faire preuve de souplesse.

Rodney Kealoha, un missionnaire qui a été surveillant itinérant pendant de nombreuses années, a fait remarquer : “ Il y a 25 ans [dans les années 70], les Japonais étaient très courtois et amicaux. Lorsque les Témoins leur rendaient visite, ils écoutaient, même si cela ne les intéressait pas. ” Les gens prenaient le temps de lire et en général avaient un grand respect pour les valeurs morales et l’ordre social. Mais, peu à peu, la prospérité matérielle croissante les a fait changer. Les femmes — auparavant au foyer — sont arrivées sur le marché du travail. De moins en moins de personnes étaient chez elles durant la journée ; celles qui s’y trouvaient étaient souvent trop occupées pour discuter de religion et ne souhaitaient pas de publications parce qu’elles n’auraient pas le temps de les lire.

Des résidences étroitement surveillées et des maisons à interphone ont été construites. Les proclamateurs de ces régions ont dû s’adapter pour présenter le message par l’interphone. Ils ont également appris à revisiter ceux qui s’étaient montrés simplement aimables. Hiroko, pionnière à Sapporo, avait essuyé un refus à l’interphone, d’une femme qui se disait shintoïste. Persuadée que cette femme à la voix aimable et très polie avait un bon cœur, Hiroko est revenue. Petit à petit, elles ont lié amitié à l’interphone. Après dix mois d’entretiens semblables, Hiroko a fini par s’entendre dire un jour : “ Une minute, s’il vous plaît ! ” après quoi la femme est apparue à la porte et l’a invitée à entrer. Une discussion sur la famille a rapidement cédé le pas à une étude biblique, puis a abouti au baptême. Cette nouvelle sœur, pionnière à son tour, avait effectivement un bon cœur.

Comme beaucoup sont rarement chez eux pendant la journée, Le ministère du Royaume a conseillé de développer le témoignage en soirée et dans les rues. La réaction des proclamateurs a été immédiate et enthousiaste. C’est ainsi que dans tout le pays on pouvait les voir dans les rues, et notamment près des gares fourmillant de monde, La Tour de Garde et Réveillez-vous ! à la main.

L’exemple d’une sœur près de Yokohama est typique. Bien que travaillant à plein temps, elle voulait être pionnière auxiliaire. Un ancien lui a donc suggéré de prêcher dans les rues près d’une gare, de 6 heures à 8 heures du matin, avant d’aller travailler. Après avoir surmonté sa timidité et les premières railleries de certains usagers des trains de banlieue, elle apportait régulièrement les périodiques à une quarantaine de personnes ravies de les recevoir. Parmi elles figuraient des banlieusards, des employés de la gare et des commerçants du voisinage. Elle distribuait chaque mois en moyenne 235 périodiques dans un territoire où les pionniers en distribuaient généralement une trentaine. En transmettant des pensées bibliques aux gens ne fût-​ce que quelques instants chaque jour, elle a pu commencer six études bibliques, dont une avec un agent de police.

D’autres proclamateurs ont suivi les conseils de la Société concernant le témoignage par téléphone, afin de prendre contact avec les habitants des résidences étroitement surveillées. La persévérance et la présentation d’un sujet intéressant ont ouvert la voie à de nombreuses études de la Bible. Quand une sœur a demandé à une femme au téléphone si elle avait déjà songé à son avenir et à celui de sa famille, la réponse a été affirmative. Constatant l’incapacité des humains à aider leurs semblables, elle en avait perdu la santé. Elle s’était donc enfermée chez elle. Touchée par l’intérêt sincère de la sœur, elle a consenti à la rencontrer au supermarché du quartier. Lorsque cette sœur lui a montré la table des matières du livre Vie de famille, elle a accepté avec joie une étude de la Bible.

L’activité énergique et la maturité des congrégations ont produit un accroissement régulier, soutenu. La succession actuelle des maximums du nombre des proclamateurs a commencé en janvier 1979 et s’est poursuivie pendant plus de 18 ans. De la deuxième moitié des années 80 au début des années 90, le nombre des proclamateurs au Japon augmentait de plus de 10 000 en moyenne chaque année. En mars 1995, il y avait 200 000 prédicateurs du Royaume dans le pays. En août 1997, 220 663 proclamateurs étaient répartis dans 3 785 congrégations, alors qu’en août 1972 il y en avait 14 199, rattachés à 320 congrégations. Toutefois, un nombre croissant d’entre eux ne sont pas d’expression japonaise.

Aide aux groupes d’expression étrangère

En raison de la prospérité économique du pays, de nombreux travailleurs étrangers, y compris des Témoins de Jéhovah, sont venus y vivre. Le Japon n’est plus un pays où tout le monde parle japonais. Comment pouvait-​on aider spirituellement les populations d’expression étrangère ?

Avant les années 80, il y avait une faible concentration d’habitants étrangers. De petits groupes isolés ou des congrégations avaient été formés à Misawa, à Tachikawa et à Okinawa pour les femmes et les enfants de soldats américains ainsi que pour d’autres personnes bien disposées.

La plus importante de ces congrégations s’occupait des bases militaires américaines à Okinawa. En 1968, Karl et Evalyn Emerson, autrefois missionnaires en Corée, se sont rendus à Okinawa avec leur petit garçon pour y aider la population de langue anglaise. Plus tard, Bill et Mary Ives, ainsi que Wayne et Penny Frazee, de la 40e et de la 52classe de Guiléad, les ont rejoints dans ce territoire productif. Au volant d’une petite voiture délabrée de 360 centimètres cubes de cylindrée, Wayne, ancien militaire, était particulièrement efficace auprès des recrues de l’immense base aérienne de Kadena. À eux deux, Wayne et Penny ont pu mener au baptême une centaine de personnes au cours des 15 années qu’ils ont passées à Okinawa. Leur ministère était si efficace que le commandant d’une base leur a demandé d’aller prêcher ailleurs. Pourquoi ? “ Vous prenez mes meilleurs hommes ”, s’est-​il plaint.

Malgré les arrivées et les départs perpétuels dans la congrégation, dus aux changements d’affectation vers d’autres bases militaires, ce sont littéralement des milliers de personnes qui ont assisté aux réunions et des centaines qui ont été aidées à prendre position pour Jéhovah. La plupart d’entre elles ont continué à servir Jéhovah après être rentrées aux États-Unis. Certains hommes sont devenus anciens ou assistants ministériels. L’un d’eux, Nick Simonelli, a plus tard assisté aux cours de la 93classe de Guiléad, suivant ainsi les traces du Témoin qui avait étudié la Bible avec lui. Aujourd’hui, il se dépense en Équateur avec sa femme.

Territoire d’expression anglaise au Japon

À la fin des années 70 et de la guerre du Viêt Nam, les groupes de langue anglaise disparaissaient petit à petit. Mais, au début des années 80, constatant que de nombreuses personnes parlaient anglais autour de la base aéronavale américaine d’Atsugi, qui ne se trouvait qu’à 15 minutes du Béthel, James Mantz a invité ses parents, qui vivaient alors en Californie, à passer en Orient pour apporter leur aide (voir Actes 16:9). Aussi, en mars 1981, James et Ruth Mantz, âgés respectivement de 62 et 59 ans, se sont-​ils rendus à Sagamihara près de la base d’Atsugi. “ Là où nous trouvions des personnes d’expression anglaise, c’était notre territoire ”, se rappelle Ruth. “ Dans la rue, Ruth arrêtait souvent de jeunes soldats américains à bicyclette en tendant les périodiques devant eux ”, raconte un membre de la famille du Béthel à Ebina. Malheureusement, peu après leur arrivée au Japon, James Mantz est mort, mais Ruth est restée dans la région, où elle a aidé un grand nombre de gens à embrasser la vérité biblique. En octobre 1985, le petit groupe anglais de Sagamihara est devenu une congrégation.

Comme l’économie japonaise prospérait au cours des années 80, le nombre des étrangers augmentait d’une manière spectaculaire. Des milliers de travailleurs immigrés venus des Philippines, d’Amérique du Sud, d’Afrique, de Chine et de Corée ont afflué dans le pays. La Société a pris des mesures pour qu’ils soient aidés spirituellement. Des pionniers japonais parlant anglais et de nombreux Béthélites ont été invités à prêter leur concours. “ Lorsque la Société a commencé à prendre ces dispositions ”, a déclaré un frère qui appartenait à la congrégation anglaise depuis des années, “ l’accroissement s’est immédiatement fait sentir ”. Le 1er septembre 1997, 18 congrégations anglaises formaient une circonscription à part entière.

Aide apportée aux Brésiliens

Un grand nombre de Japonais dont les parents ou les grands-parents avaient émigré au Brésil sont rentrés au Japon pour le travail, mais ils ne comprenaient ni le japonais ni l’anglais. En 1986, Kazuyuki et Nanako Kiritani, autrefois missionnaires au Brésil, se sont installés à Yokohama, où se trouvaient quelques sœurs et des étudiants de la Bible d’expression portugaise. Ce petit groupe étudiait La Tour de Garde et présentait, en portugais, un résumé de l’École du ministère théocratique une fois par mois.

Au printemps 1991, la Société a invité trois anciens d’origine brésilienne, qui vivaient à Tokyo, à Nagoya et à Toyohashi, ainsi que frère Kiritani à examiner la façon de couvrir le territoire portugais. En août, quatre groupes ont été établis. Des Béthélites se sont portés volontaires pour suivre les cours de portugais organisés par la filiale. Ils ont appris la langue avec diligence et posé une partie des fondements des groupes portugais. Très vite, ces groupes nouvellement formés sont devenus des congrégations, si bien que six ans plus tard il y en avait 21, constituant elles aussi une circonscription.

Le territoire espagnol s’ouvre

En septembre 1987, on a organisé la première réunion en espagnol pour aider huit sœurs qui, jusqu’alors, étaient rattachées à un groupe portugais. Louis Delgado, un frère célibataire du Pérou, en a pris la direction. À cette époque, certaines sœurs effectuaient six heures de trajet pour assister aux réunions en espagnol, mais le soutien spirituel qu’elles y recevaient en valait la peine. À cause de la barrière de la langue, quelques femmes, qui s’étaient mariées à des citoyens japonais pour la sécurité financière que cela représentait, rencontraient des problèmes conjugaux et avaient du mal à exprimer ce qu’elles ressentaient aux anciens des congrégations japonaises.

La prédication présentait également des difficultés pour les membres du groupe espagnol. Afin de prévoir un “ territoire ” où prêcher, ils sont descendus aux 29 stations de la ligne ferroviaire de Yamanote, périphérique intérieur de Tokyo, et ont recherché les noms espagnols aux portes des maisons. Cette activité, quoiqu’épuisante et réclamant du temps, leur a permis d’avoir un “ territoire ” bien délimité.

Durant la journée, des groupes de sœurs allaient dans des quartiers où vivaient de nombreuses Colombiennes. Celles-ci travaillaient dans des bars qui appartenaient en général à l’organisation yakuza, la maffia japonaise. Lorsqu’une femme semblait faire des progrès spirituels, le yakuza intervenait et la transférait ailleurs. Néanmoins, l’une d’entre elles a bien progressé et a compris qu’elle devait changer de travail pour plaire à Jéhovah. Pour cela, il lui fallait fuir et se cacher du yakuza. Avec l’aide du Témoin qui a étudié la Bible avec elle, cette femme a finalement pu retourner dans son pays.

Ainsi, au début des années 90, Jéhovah avait préparé un petit groupe espagnol afin de combler les besoins spirituels d’un grand nombre de personnes venues du Pérou, d’Argentine, du Paraguay, de Bolivie et d’autres pays pour travailler au Japon. En 1991, la filiale a organisé un cours d’espagnol pour les Béthélites qui souhaitaient se rendre utiles. En l’espace d’une année, certains donnaient des discours publics. En 1993, la première congrégation espagnole a été formée dans la région de Tokyo. En 1997, il y avait 13 congrégations prospères, formant une nouvelle circonscription d’expression étrangère.

Aide en faveur des Asiatiques

Quantité de Chinois ont aussi afflué au Japon. Il s’y trouvait des milliers d’étudiants et des descendants d’enfants japonais qui avaient été laissés en Chine à la fin de la Seconde Guerre mondiale. On estimait que plus de 300 000 Chinois vivaient au Japon, dont 200 000 dans l’immense conurbation de Tokyo. Levant les yeux et regardant le champ chinois, les frères se sont rendu compte qu’il était blanc pour la moisson, ‘ mais que les ouvriers étaient peu nombreux ’. — Mat. 9:37 ; Jean 4:35.

Masayuki et Masako Yamamoto ont passé huit ans dans le service missionnaire à Taïwan. En 1992, de nombreux Béthélites qui désiraient aider les Chinois ont appris leur langue. Immédiatement, Masayuki a pris contact avec ceux qui parlaient quelque peu le chinois, après quoi un groupe de 28 proclamateurs a été formé. La plupart étaient des pionniers japonais qui, bien qu’ayant du mal à parler chinois, désiraient aider les personnes bien disposées dont c’était la langue maternelle. Le zèle qu’ont montré les Témoins de Jéhovah a touché le cœur des Chinois. Une jeune fille a obtenu le livre Le plus grand homme de tous les temps par l’intermédiaire d’un frère qui fréquentait le même établissement scolaire qu’elle. Elle a lu le livre en une semaine, ce qui l’a poussée à assister à toutes les réunions. Elle a été stupéfaite d’y voir tant de Japonais apprendre sa langue afin de transmettre la bonne nouvelle aux personnes d’expression chinoise. Son jeune frère et elle ont fait des progrès si rapides qu’un an après ils se sont fait baptiser. Avant même son baptême, cette jeune fille dirigeait des études bibliques.

En mai 1993 a eu lieu la première assemblée de circonscription en langue chinoise. On a compté 399 assistants et il y a eu 8 baptêmes. Peu après, on a formé cinq congrégations en mandarin, et une étude de livre en chinois dans une congrégation japonaise.

D’autres groupes étrangers

À la fin des années 80, Penn Pitorest et Phiksang, sa femme, se sont mis à étudier la Bible. Tous les deux étaient des réfugiés cambodgiens qui avaient perdu leurs parents lors du massacre dans leur pays. Comme il n’y avait presque pas de publications bibliques dans leur langue, les progrès étaient lents, mais finalement ils se sont fait baptiser. Se souciant des besoins spirituels des réfugiés cambodgiens, ils se sont efforcés d’étudier la Bible avec eux. Un groupe a fini par être formé et, en 1994, a reçu une aide supplémentaire lorsque La Tour de Garde a commencé à paraître en cambodgien. Par la suite, dix frères du Béthel ont entrepris l’étude du cambodgien et ont assisté aux réunions tenues dans cette langue.

Bien que les Coréens soient le groupe étranger le plus important au Japon, la majorité d’entre eux comprennent le japonais. C’est pourquoi, pendant des années, il n’y a pas eu de congrégations formées spécialement pour eux. Toutefois, avec le temps, on s’est rendu compte que les Coréens comprendraient mieux la vérité s’ils l’étudiaient dans leur langue natale. Cela a abouti à la formation d’un groupe coréen près du Béthel, en avril 1996, et, plus tard, d’un autre à Itami, dans la préfecture de Hyogo.

N’oublions pas de parler des congrégations où l’on utilise la langue des signes. De nombreux volontaires ont appris la langue des signes japonaise afin d’aider les malentendants dans le pays. Depuis 1982, des interprètes traduisaient le programme de certaines assemblées de district en langage gestuel. Toutefois, c’est en 1992 qu’un effort commun a été fait pour aider les malentendants lorsque des congrégations gestuelles ont été formées à Fukuoka et à Kumamoto. On a également préparé des vidéos dans la langue des signes japonaise. Actuellement, il y a 11 congrégations et 9 petits groupes au Japon qui s’occupent activement des malentendants.

Les Témoins de Jéhovah du pays se sont ainsi efforcés d’atteindre les nombreuses personnes parlant d’autres langues et de les aider à profiter de la bonne nouvelle dans la langue qu’elles comprennent le mieux.

Enthousiasme pour une nouvelle école

En 1993, une nouvelle possibilité exaltante se présentait aux anciens et aux assistants ministériels célibataires du Japon : celle d’étendre leur service à l’intérieur du pays ou à l’étranger. James Hinderer et David Biegler, deux frères ayant de nombreuses années d’expérience dans le service itinérant, ont été envoyés des États-Unis pour diriger, en anglais, la première classe de l’École de formation ministérielle au Japon. Y assistaient en tant qu’observateurs sept frères du Japon, de la République de Corée et des Philippines, qui se préparaient ainsi à être instructeurs dans leurs pays respectifs.

Au sujet des bienfaits qu’ils ont retirés de l’école, un des élèves de la première classe a dit : “ Je crois que nombre d’entre nous avions du mal à raisonner et à prendre des décisions en nous basant sur les principes judicieux de la Bible. Appliquer des règles était beaucoup plus facile. Mais, pendant l’école, en utilisant fréquemment les deux questions ‘ Pourquoi ? ’ et ‘ Comment ? ’ nous avons appris à considérer les raisons de tel fait ou de telle réponse. ” Se faisant l’écho de cette pensée, un autre élève se rappelle ce qui s’est passé lorsqu’un des instructeurs a suggéré que l’assistant ministériel en charge des périodiques dans sa congrégation prépare en plus une présentation des nouveaux périodiques et en fasse bénéficier les proclamateurs. Un frère ayant soulevé une question à ce propos, l’instructeur a apporté un éclaircissement frappant sur la différence entre la justice et la bonté. Il a expliqué : “ L’homme juste applique les instructions écrites, mais l’homme bon va au-delà de ce qui est requis, par intérêt pour autrui. Nous devons être non seulement justes, mais aussi bons, et faire tout notre possible pour le profit des membres de la congrégation, sans avoir besoin d’un code écrit. ”

En règle générale, les jeunes frères au Japon n’ont pas hâte de se marier. En moyenne, les élèves des 18 premières classes étaient âgés de 29 ans, étaient dans la vérité depuis 13 ans et avaient passé 8 ans dans le service à plein temps. En août 1997, on avait déjà organisé 33 classes de l’École de formation ministérielle, et plus de 790 élèves avaient obtenu leur diplôme. Des milliers d’autres frères attendent de pouvoir y assister. Certains diplômés ont été nommés surveillants itinérants, pionniers spéciaux ou missionnaires. — Ps. 110:3.

Lorsque ces anciens et ces assistants ministériels bien formés coopèrent avec la congrégation, les bienfaits se font immédiatement sentir. Parlant de l’heureuse influence d’un diplômé, un ancien a déclaré : “ La congrégation est devenue beaucoup plus vivante et joyeuse. L’esprit pionnier s’y est développé et tous ont mieux apprécié l’importance de faire les choses selon les méthodes théocratiques. Les jeunes ont eu un regain d’enthousiasme pour les choses spirituelles et nombre d’entre eux se sont inscrits à l’École du ministère théocratique. ” Ainsi, les congrégations ont été affermies et bâties.

Des délégués assistent aux assemblées à l’étranger

Au fil des années, les Témoins de Jéhovah japonais ont eu de nombreuses possibilités de ‘ s’élargir ’ en exprimant leur amour pour la communauté internationale des frères et sœurs (2 Cor. 6:13). Comme les voyages à l’étranger sont devenus plus abordables, la Société a invité la filiale du Japon à envoyer des délégués aux assemblées internationales organisées en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique, à Hawaii et en Nouvelle-Zélande.

Le nombre des délégués répondant à l’invitation augmentait avec les années, et il était courant de rencontrer parmi eux de nombreux pionniers et autres ministres à plein temps. En 1996, lors des assemblées spéciales en République tchèque et en Hongrie, 1 114 évangélisateurs à plein temps faisaient partie des 1 320 délégués du Japon.

Ce que les Japonais ont vu et entendu lors de ces rassemblements particuliers a élargi leur vision des choses et leur a donné une impulsion nouvelle pour servir Jéhovah de tout leur cœur. Shigeo Ikehata, qui s’était rendu en République de Corée, à Hong-Kong, aux Philippines et à Taïwan pour les assemblées internationales de 1978, se souvient : “ J’ai été profondément impressionné par le lien d’amour qui existait parmi les frères et sœurs des pays étrangers. Le fait de constater directement que la langue pure unit les Témoins de Jéhovah a particulièrement influencé ma façon de considérer mes privilèges de service et le contenu de mes prières. ”

En visitant des pays où les serviteurs de Jéhovah ont enduré de cruelles persécutions et en les écoutant raconter ce qu’ils ont vécu, les délégués ont été incités à imiter leur foi. En 1992, Misako Oda a assisté à la première assemblée internationale dans l’ex-Union soviétique, à Saint-Pétersbourg. Elle raconte : “ Lorsqu’on a chanté le cantique qui marquait le début du premier jour de l’assemblée, une sœur russe assise à côté de moi s’est mise à pleurer. Levant la tête, j’ai vu d’autres sœurs russes, les larmes aux yeux, incapables de finir le cantique. J’ai remercié Jéhovah du fond du cœur pour la faveur imméritée qu’il me témoignait en me permettant, à moi qui n’ai pas subi les persécutions qu’elles ont endurées, d’être à leurs côtés et de vivre avec elles ce moment historique de la victoire de Jéhovah et de celle des frères fidèles. ”

Une jeune pionnière, Seiko Namba (aujourd’hui Nakajima), se souvient très bien de l’assemblée de Buenos Aires, en 1990. Voici ce qu’elle dit : “ J’ai appris des frères et sœurs argentins comment exprimer l’amour et la reconnaissance et l’importance de manifester ces qualités envers autrui. Au moment du départ, une sœur âgée m’a serrée dans ses bras et m’a fait un cadeau. Elle ne cessait de répéter tout en pleurant : ‘ Hasta luego en el Paraíso[On se reverra dans le Paradis]. De retour au Japon, je me suis efforcée d’exprimer le même amour et la même bonté envers les membres de ma congrégation et les gens du territoire. ” La fréquentation de leurs compagnons latino-américains a également permis à d’autres délégués japonais, quoique généralement plus timides et réservés, d’être plus démonstratifs dans l’expression de leur amour.

Avec les années, la filiale du Japon a eu le privilège d’envoyer des milliers de délégués à des assemblées spéciales organisées dans d’autres pays. Lorsque les congrégations reçoivent les invitations, la réponse remarquable indique le haut degré d’enthousiasme des frères et la valeur qu’ils accordent à ces occasions d’être avec leur famille internationale de frères et sœurs chrétiens.

Ils contribuent à l’expansion mondiale

C’est un grand privilège que celui d’aider de diverses manières la communauté mondiale de nos frères. Ayant acquis une précieuse expérience dans le domaine de l’impression, la filiale du Japon est en mesure d’imprimer pour les filiales voisines. Plus de 9 000 000 d’exemplaires de La Tour de Garde et de Réveillez-vous ! sont produits chaque mois, en dix langues, à l’imprimerie d’Ebina.

Actuellement, la filiale du Japon imprime en couleur des livres, des bibles et des brochures en 26 langues, dont le chinois, le cinghalais, le laotien, le tamoul (pour Sri Lanka), le thaï et 11 dialectes philippins. Les rotatives offset, rapides, permettent à l’imprimerie de répondre promptement aux besoins du territoire. En septembre 1993, par exemple, le Japon a imprimé une édition spéciale de la Bible en tagalog, qui comprenait Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau. À la mi-octobre, 70 000 bibles ont été imprimées et expédiées, juste à temps pour que les frères philippins les reçoivent à leurs assemblées de district en décembre. Peu après, c’était le tour des bibles en cebuano et en iloko. La reliure des bibles dites de luxe en portugais et en espagnol se fait également à l’imprimerie d’Ebina.

Après la mise en place des services de la traduction au siège mondial des Témoins de Jéhovah en 1989, la filiale du Japon a été invitée à prêter son concours aux traducteurs en Asie et dans les régions du Pacifique. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans cette partie de la terre, mais nombre de personnes aux dialectes multiples ne disposent pas encore des publications de la Société. Des frères japonais possédant des qualifications dans les domaines de la traduction et de l’informatique ont eu la joie de se rendre en Inde, au Pakistan, à Sri Lanka, au Népal, au Liban, en Malaisie, en Thaïlande, au Cambodge, en Indonésie, au Myanmar, aux îles Salomon, à Guam et dans d’autres pays afin de trouver, de former et d’organiser des équipes de traducteurs mais aussi d’installer les logiciels élaborés par la Société pour les aider.

Un échange d’encouragements

Nous ne pourrions pas manquer de parler des 76 frères et sœurs qui, à l’exemple des missionnaires servant au Japon, ont accepté avec empressement de se rendre dans neuf pays pour faire prospérer les intérêts du Royaume. Parmi eux figurent 13 diplômés de l’École de formation ministérielle. Ils ont été affectés dans des pays tels que le Brésil (7), le Cambodge (1), Guam (2), la Malaisie (2), le Nigeria (1), la Papouasie-Nouvelle-Guinée (11), le Paraguay (8), les îles Salomon (5) et Taïwan (39). Des lettres de Témoins vivant dans ces pays attestent que ces missionnaires ont réussi à s’adapter à de nouvelles langues, à de nouvelles coutumes, à une nouvelle nourriture, aux maladies tropicales et qu’ils ont bien voulu servir dans des régions aux conditions de vie rudimentaires, ne disposant parfois pas d’eau courante, de gaz ni d’électricité, en contraste avec la vie aisée qu’offre le Japon. Ils ont cultivé l’amour pour les gens de leur territoire et ont appris le contentement qui vient de Dieu. Ils sont heureux de pouvoir favoriser les intérêts du Royaume de cette façon.

Lorsque l’accroissement théocratique au Japon a de nouveau nécessité l’agrandissement des installations de la filiale, les travaux ont été effectués par des équipes internationales. La construction comprend des tours jumelles d’habitation de 12 étages et un bâtiment de services de 4 étages. En 1994, Frank Lee, des États-Unis, a été nommé surveillant de la construction. Steve Givins, un serviteur international des États-Unis, fait lui aussi partie du comité de construction. Plus de 49 volontaires sont venus d’Angleterre, d’Australie, du Canada, du Costa Rica, des États-Unis, de Finlande, de France, d’Italie, du Luxembourg et de Nouvelle-Zélande pour participer aux travaux. Tous ont renoncé à une vie stable dans leur pays natal afin de partager leur expérience et leurs compétences avec leurs frères à l’étranger et de promouvoir les intérêts du Royaume.

Les frères japonais ont répondu à l’appel d’une manière remarquable : ce sont en effet plus de 4 600 volontaires qualifiés ou non qui ont fait la demande pour travailler sur le chantier. La majorité d’entre eux ont dû opérer de grands changements pour venir, même pour une courte période ; il leur a fallu quitter leur emploi et leur famille. Mais leurs efforts ont été grandement récompensés.

Âgés mais toujours zélés

L’arrivée des missionnaires de la 11classe de Guiléad, en 1949 et en 1950, a marqué le début de l’accroissement de cette grande foule de serviteurs qui louent Jéhovah au Japon. D’autres missionnaires les ont rejoints, de la 7classe et de classes ultérieures. De ce nombre, 59, dont quelques-uns ont plus de 70 ou 80 ans, sont toujours zélés dans le service à plein temps. Après 64 ans de service énergique à plein temps, Lois Dyer déclare : “ Sans cesse je prie avec confiance, comme David l’a fait si éloquemment lorsqu’il a dit : ‘ Quand ma force s’épuise, [...] même jusqu’à la vieillesse et aux cheveux gris, ô Dieu, ne me quitte pas. ’ ” (Ps. 71:9, 18). Jéhovah n’a pas quitté ces fidèles qui ont passé la plus grande partie de leur vie au service du Royaume. C’est ce qu’a exprimé un membre de la famille des missionnaires en ces termes : “ L’organisation de Jéhovah est comme une mère qui nous entoure d’une chaude couverture et nous serre tout contre elle. ”

Aujourd’hui, 21 de ces serviteurs de longue date vivent dans la maison de missionnaires de Mita, à Tokyo. Le premier bâtiment, qui avait abrité la filiale, a été complètement rénové pour accueillir ces missionnaires d’un âge avancé. Et quelle famille exceptionnelle ! En moyenne, ils sont âgés de 74 ans et sont dans la vérité depuis 50 ans. Huit faisaient partie de la 11classe de Guiléad. Au fil des ans, ces missionnaires ont édifié un monceau de témoignage, aidant à eux tous 567 personnes à connaître la vérité biblique. Même si plusieurs membres de cette famille approchent des 90 ans et ont de graves ennuis de santé, ils sont loin d’être désœuvrés. Au cours de l’année de service 1997, ils ont passé en moyenne plus de 40 heures par mois dans la prédication et laissé un total de 17 291 périodiques et des centaines de livres dans leur territoire bien parcouru. Les membres de leur congrégation les honorent et leurs voisins les respectent.

Ruth Ulrich, âgée aujourd’hui de 87 ans, a passé 68 ans dans le service de pionnier et de missionnaire. Elle dit : “ Voir toutes ces personnes sortir des religions païennes pour venir à la vérité et devenir vraiment nos frères et sœurs a fortifié ma foi. ”

En tournant les pages de l’“ album de famille ”, qui retrace l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah au Japon, nous avons fait la connaissance de nombre de ces serviteurs zélés de Jéhovah. Mais ils ne représentent qu’une poignée des plus de 220 000 qui proclament la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans ce pays. Les missionnaires sont pleinement satisfaits des réalisations de leurs enfants et de leurs petits-enfants spirituels, jusqu’à la troisième et à la quatrième génération. Par ailleurs, ils attendent avec un vif intérêt de voir quel rôle Jéhovah leur confiera pendant les derniers jours du présent système et dans son merveilleux monde nouveau, maintenant très proche.

[Illustrations pleine page, page 66]

[Illustrations, page 71]

De fidèles proclamateurs japonais d’avant la guerre : 1) Jizo et Matsue Ishii, 2) Miyo Idei, 3) Katsuo et Hagino Miura.

[Illustrations, pages 72, 73]

Quelques missionnaires qui ont commencé leur service au Japon en 1949-​50 : 1) Don et Mabel Haslett, 2) Lloyd et Melba Barry, 3) Jerry et Yoshi Toma, 4) Elsie Tanigawa, 5, 6) Percy et Ilma Iszlaub, 7) Norrine Thompson (née Miller), 8) Adrian Thompson, 9) Lois Dyer, 10) Molly Heron, 11) Shinichi et Masako Tohara.

[Illustration, page 79]

Nathan Knorr (à gauche, ci-dessus) lors d’une assemblée dans la maison de missionnaires à Kobe, en 1951.

[Illustration, page 81]

Grace (en haut) et Gladys Gregory, de la 11classe de l’École de Guiléad.

[Illustration, page 82]

Margrit Winteler (à droite, 23classe de Guiléad) a rejoint sa sœur Lena (15classe) au Japon.

[Illustration, page 88]

Don Haslett et Lloyd Barry au Béthel de Tokyo, en 1953.

[Illustrations, page 89]

Des pionnières spéciales depuis 40 ans (de gauche à droite) : Takako Sato, Hisako Wakui, Kazuko Kobayashi.

[Illustration, page 90]

La filiale d’Okinawa, en 1979.

[Illustration, page 95]

En route pour la prédication en plein hiver sur l’île d’Hokkaido.

[Illustrations, page 95]

Haut : Adeline Nako.

Bas : Lillian Samson.

[Illustration, page 99]

Yuriko Eto.

[Illustration, page 102]

Une famille de pionniers heureuse va prêcher.

[Illustrations, page 110]

La filiale à Tokyo, 1949-​62.

La filiale à Tokyo, 1963-​73.

Les installations de la filiale à Numazu, 1972-82.

[Illustration, page 115]

Toshio Honma, surveillant de la filiale au milieu des années 70.

[Illustration, page 116]

Le Comité de la filiale en 1997 (de gauche à droite) : Richard Bailey, Shigeo Ikehata, Isamu Sugiura, Masataro Oda, Makoto Nakajima, Yoshihiro Nagasaki, Kenji Mimura.

[Illustration, page 124]

James Mantz (ici avec sa femme, Sarah) a été responsable de l’imprimerie.

[Illustrations, page 132]

Quelques Salles d’assemblées : Hyogo, Ebina, Kansai.

[Illustration, page 139]

Kunihito Kobayashi.

[Illustration, page 142]

Kobe après le tremblement de terre en 1995.

[Illustration, page 150]

Masayuki et Masako Yamamoto.

[Illustrations, page 156]

Quelques délégués japonais lors d’assemblées à l’étranger : 1) Kenya, 2) Afrique du Sud, 3) Russie.

[Illustrations, page 158]

Les bureaux de la filiale et le Béthel à Ebina. En médaillon : les nouveaux bâtiments construits en 1997.