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Martinique

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POUR les habitants de nombreuses régions de la terre, le nom Martinique est très évocateur. Il leur fait penser au soleil, aux plages de sable blanc et à la mer d’azur, ou encore à des douceurs comme la canne à sucre ou les bananes, et même au rhum ! Peut-être pensent-​ils aussi à des indigènes à la peau noire ou brune qui, avec un large sourire, offrent des plateaux de fruits exotiques aux visiteurs en signe de bienvenue. Pour d’autres, la Martinique, c’est l’éruption de la montagne Pelée qui, en 1902, détruisit complètement la ville de Saint-Pierre que l’on considérait alors comme le centre économique et culturel de la région.

Comparée à d’autres îles, la Martinique n’est qu’un grain de sable. Bien que ne mesurant que 80 kilomètres de long sur 35 de large, elle a occupé une place disproportionnée dans les affaires internationales. Du XVIIe au XIXsiècle, les puissances coloniales se sont combattues là sans merci pour la domination des Amériques et des Caraïbes. Saint-Domingue (Haïti), la Guadeloupe, la Martinique et d’autres îles des Indes occidentales changeaient alors de suzerains selon l’issue des batailles.

Pendant de nombreuses décennies, la Martinique, en dépit de sa petitesse, a été le centre du commerce des esclaves dans les Caraïbes. On ne peut d’ailleurs parler des Martiniquais sans évoquer l’esclavage qui a influencé leur histoire et qui explique dans une large mesure leur condition actuelle.

Nous parlons d’un peuple qui, ayant été si longtemps soumis à l’esclavage, est fier de sa liberté. Mais les Martiniquais font état de paradoxes assez étonnants. Ils tiennent jalousement à leur liberté et s’emploient à le faire savoir, tout en se conformant à la culture française qui leur a été imposée par la colonisation, culture dont les valeurs et la richesse sont à bien des égards appréciées par la majorité. Ils revendiquent le catholicisme romain qui leur a été imposé par des maîtres tyranniques. Ajoutons à cela qu’on leur a appris à adorer un Dieu dont ils ne savent pas grand-chose. On le leur a présenté comme un Dieu qui justifie l’esclavage des Noirs parce que, prétend-​on, il a maudit cette race. On dit qu’il est un Dieu d’amour et de justice, qualités étrangement occultées de ce fait. Leur religion consiste essentiellement en rites et traditions, les croyances précises ou les considérations théologiques n’ayant que très peu d’importance. (Pareillement, l’île voisine de la Barbade se réclame de la religion anglicane parce qu’elle a été colonisée par les Britanniques.)

En cette fin de siècle, bien qu’aimant se dire libres, la majorité des Martiniquais sont esclaves de deux maîtres très exigeants : d’un côté, ils supportent une religion faite de rites et de traditions qui n’étanche pas leur soif spirituelle et, de l’autre, ils travaillent dur, mais en vain, pour satisfaire des désirs nés de l’influence prédominante du mode de vie matérialiste propre à la civilisation occidentale. — Eccl. 5:10.

Un message annonçant une liberté qui n’a pas de prix

C’est sur cette île tropicale qu’un message de liberté a été proclamé avec un zèle croissant au cours du demi-siècle écoulé. Il s’agit de la liberté dont a parlé Jésus quand il a dit: “ Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera. ” (Jean 8:32). C’est la libération de l’esclavage du mensonge, de l’esclavage d’un système économique qui exploite cruellement les hommes et de l’esclavage du péché et de la mort.

Les graines de cette vérité ont commencé à être semées en 1946 quand Georges Moustache, venu de la Guadeloupe, a donné le témoignage pendant deux semaines à Fort-de-France et à Saint-Pierre. Trois ans plus tard, le 9 août 1949, quatre missionnaires (un couple et deux jeunes sœurs) diplômés de Guiléad, l’École biblique de la Société Watchtower, sont arrivés dans l’île. Il s’agissait de David et Celia Homer, de Mary Lolos et de Frances Bailey. Originaires des États-Unis, ils ne parlaient pas très bien le français. Toutefois, en un an et demi, ils ont distribué 631 livres et plus de 200 brochures expliquant la Bible, et ont commencé 32 études bibliques avec des personnes seules ou des familles. Mais en janvier 1951 le clergé catholique, qui était encore très puissant et qui ne souhaitait pas que son autorité soit contestée, a usé de son influence pour faire expulser ces missionnaires de l’île. La prédication de la bonne nouvelle en Martinique a donc cessé pendant plus de trois ans.

Nouveau départ pour l’œuvre

Le 10 juillet 1954, Xavier et Sara Noll sont arrivés de France métropolitaine, plus précisément de Marseille. Ils étaient tous deux serviteurs à plein temps, et Xavier était surveillant d’une congrégation à Marseille.

Ils se rappellent encore leur arrivée dans cette île qui leur paraissait être au bout du monde, à 7 000 kilomètres de leur pays d’origine. Ils n’ont pas oublié leur première impression, une sensation de chaleur et d’humidité, ni la convivialité, l’hospitalité et le style bon enfant des gens.

Dès les premiers jours, ils ont appris à vivre avec peu de confort. Après avoir logé pendant quelques jours chez un homme bien disposé envers les Témoins de Jéhovah, ils ont trouvé une maison en bois. En réalité, elle était faite d’une structure en bois, avec un plancher en bois, et d’un toit en tôle ondulée. Il n’y avait pas de plafond, et pas de toilettes. Le soir, frère Noll avait pour corvée d’aller vider le seau hygiénique dans une ravine. La première fois, c’était le 14 juillet, jour de la fête nationale française. Il lui fallait traverser la place Stalingrad, très animée en la circonstance. Il a donc traversé la place avec son seau hygiénique sous les regards amusés de groupes de gens venus se détendre et prendre le frais, et qui se tordaient de rire. C’était une première ! On n’avait jamais vu un Blanc effectuer une telle tâche.

Un accueil étonnant

Tôt ce matin-​là, frère Noll avait passé des heures à trier les livres et les brochures que les missionnaires avaient laissés quand on les avait expulsés. Beaucoup avaient été abîmés par les insectes, mais il y en avait un assez grand nombre en bon état que les Noll allaient pouvoir utiliser dans l’activité de témoignage qu’ils commenceraient le lendemain matin.

Frère Noll se souvient de cette première journée de service : “ Prêchant pour la première fois dans ce territoire, ma femme et moi étions impatients de rencontrer les gens, d’apprendre à les connaître et de savoir comment nous serions accueillis. La réalité a dépassé toutes nos espérances. Nous avons commencé à donner le témoignage dans le centre de la ville qui comptait alors 60 000 habitants. Ce matin-​là, ma femme et moi, nous nous sommes retrouvés deux fois à la maison, où nous étions revenus pour remplir nos serviettes de livres ‘ La vérité vous affranchira ’ et ‘ Le Royaume s’est approché ’, ainsi que de brochures comme ‘ Le Prince de la Paix ’. ”

Des gens nous disaient : “ Je prends votre livre pour marquer votre passage ” ou : “ S’il parle de Dieu, je le prends. ” Durant les deux premières semaines, nous avons distribué près de 200 livres et des centaines de brochures. Il était facile d’entamer des conversations, car les gens étaient curieux et disposés à recevoir des étrangers. Quel encouragement d’être reçus avec une telle hospitalité !

Frère et sœur Noll se demandaient s’ils allaient pouvoir étudier la Bible avec tant de personnes. Mais ils ont rapidement appris à faire la différence entre les gens qui exerçaient tout naturellement l’hospitalité et ceux qui avaient le réel désir de connaître et de mettre en pratique la vérité venant de Dieu. Certains désiraient vraiment apprendre. Frère Noll se souvient : “ La personne qui nous avait accueillis à notre arrivée à la Martinique nous a présentés à quelques ouvriers et apprentis de son atelier d’ébénisterie. Le soir-​même, nous commencions une étude biblique, et deux autres durant la première semaine. ”

L’une de ces études se faisait avec un jeune couple, Paul et Nicole Jacquelin. L’étude avait lieu trois fois par semaine, et ils faisaient de bons progrès. Ils n’ont pas tardé à participer à la prédication de maison en maison avec les Noll. Avec ces deux nouveaux proclamateurs, l’activité de prédication commençait à prendre une couleur locale.

“ To-To-To ”

En arrivant à une maison, il fallait crier : “ To-to-to, il y a du monde ? ” Très souvent, une voix répondait de l’intérieur : “ C’est pour quoi ? ” Le proclamateur criait de nouveau pour se présenter, et la personne répondait : “ Entrez et asseyez-​vous. ” Après quoi commençait une discussion intéressante.

La plupart du temps, les gens étaient disposés à discuter. À cette époque-​là, le stress était inconnu à la Martinique. On entendait rarement ce que nous entendons constamment aujourd’hui : “ Je n’ai pas le temps. ” Cependant, la conclusion était souvent celle-ci : “ Je comprends tout ce que vous me dites, mais je ne vais pas quitter la religion de mes parents et de mes grands-parents. ” Et même quand les gens semblaient s’intéresser au témoignage, de sorte que les proclamateurs leur demandaient : “ Pourrions-​nous nous revoir prochainement ? ” la réponse était souvent : “ Si Dieu le veut. ”

Les gens manifestaient généralement un profond respect pour la Bible, mais peu d’entre eux en possédaient une. Le clergé catholique faisait tout pour empêcher les gens d’avoir le moindre contact avec la Bible. Toutefois, quelques personnes avaient pu se procurer la version protestante de Louis Segond en français. Certains l’avaient obtenue auprès de marchands, d’autres auprès de voisins adventistes du septième jour, ou encore, mais plus rarement, auprès d’évangélistes.

Le clergé s’alarme

Cinq mois après la reprise de la prédication par les Témoins de Jéhovah à Fort-de-France, un journal publié par l’Église catholique titrait : “ Qui sont les Témoins de Jéhovah ? ” Suivait ce dialogue entre un prêtre et un paroissien : “ Connaissez-​vous Jéhovah, mon Père ? ” “ Tiens, vous parlez hébreu maintenant ? ” Venait ensuite une litanie de propos mensongers ou méchants sur les Témoins de Jéhovah et sur leurs enseignements. Un bulletin paroissial a même publié une caricature de sœur Noll.

Quelque temps après, alors qu’il n’y avait qu’une poignée de proclamateurs dans l’île, un prêtre, manifestement contrarié par le zèle de ces prédicateurs du Royaume, déclara : “ Des milliers de braves gens, parce qu’ils ne sont pas familiarisés avec leur propre religion, sont en train de devenir Témoins de Jéhovah. ” C’était comme Jésus l’avait montré dans la parabole de Lazare et de l’homme riche : les petites gens désiraient ardemment les miettes spirituelles provenant de la table du clergé prospère. — Voir Luc 16:19-31.

La visite de Notre Dame du Grand Retour

Quelques années auparavant, la foi de beaucoup de catholiques avait été ébranlée. Une mystification grandiose avait été organisée par l’évêché. On avait fait venir de France métropolitaine en grande pompe une statue de Marie que l’on avait promenée dans toute la Martinique et que la population avait glorifiée comme jamais. La statue de la “ Vierge ” avait été placée dans une barque montée sur roues que l’on avait promenée dans les rues. En cours de route, les gens avaient jeté dans la barque de l’argent et des bijoux pour la “ Madone ”. À cette époque-​là, les Martiniquais, riches ou pauvres, ne portaient que des bijoux en or. La collecte avait donc représenté une somme très importante.

Beaucoup d’habitants de l’île se souviennent encore très bien de ce qui s’est passé. Marthe Laurent, qui est aujourd’hui Témoin de Jéhovah, se rappelle l’arrivée de la “ Madone ” : “ C’était un samedi, au début du mois de mars 1948, sur la place de la Savane, à Fort-de-France. Il faisait nuit. La place était pleine de monde quand, soudain, on a vu apparaître une petite lumière sur la mer, à la Pointe des Nègres. La foule immense était en effervescence. La Vierge arrivait en barque ! ” Pierrette Hantoni est allée à plusieurs reprises déposer des offrandes. Son mari et elle ont décoré de fleurs leur maison et ont accroché une banderole portant ces mots : “ Chez nous soyez Reine. ” Dans cette ambiance, les gens étaient transportés et très généreux ; ils pensaient que la Vierge allait faire des miracles. Par exemple, un homme dont la fille était myopathe a suivi la barque montée sur roues en marchant sur les genoux dans l’espoir que la Vierge guérirait sa fille.

Par la suite, on a dit que la statue avait été ramenée en métropole, mais c’était un mensonge. On a découvert plus tard qu’elle avait été cachée dans un dépôt. Selon la rumeur publique, l’hydravion qui avait disparu en pleine mer quelque temps après transportait l’argent et les objets collectés ainsi que les organisateurs de cette supercherie. Dans l’esprit de la majorité des gens, c’était la punition de Dieu. Aujourd’hui encore, lorsque les gens parlent de cet événement, les Témoins de Jéhovah ont l’occasion de leur expliquer ce que la Bible dit au sujet de l’idolâtrie. — Ex. 20:4, 5 ; Ps. 115:4-8 ; 1 Jean 5:21.

Mariage et pas simplement concubinage

Certaines coutumes africaines, qui avaient survécu à l’esclavage, étaient acceptées par l’Église catholique aussi longtemps que ceux qui les suivaient observaient aussi les rites catholiques. Le concubinage était donc monnaie courante. Quand sœur Noll participait à la prédication, les gens lui demandaient : “ Avez-​vous des enfants ? ” “ Non ”, répondait-​elle, et les gens ajoutaient : “ Et votre mari ? ” Il n’était pas rare de rencontrer des hommes qui avaient des enfants d’autres femmes que celle à laquelle ils étaient officiellement mariés. Ceux qui voulaient devenir de vrais chrétiens devaient renoncer à ce genre de pratiques. — Héb. 13:4.

La première Martiniquaise qui a dû résoudre ce problème était Marguerite Lislet qui, quand elle a commencé à étudier la Bible, avait six enfants de trois hommes différents et vivait avec le père du dernier. Elle a vite compris qu’elle devait opérer de grands changements dans sa vie si elle voulait plaire à Jéhovah (1 Cor. 6:9-11). Elle a donc demandé à son concubin de la quitter et, malgré une santé précaire, a courageusement fait face aux difficultés pécuniaires pour s’occuper de ses six enfants. Elle a été baptisée en 1956 et est devenue plus tard la première Martiniquaise pionnière spéciale.

Jeanne Maximin, qui avait eu des enfants avec son concubin, voulait se faire baptiser. Celui-ci lui avait promis à plusieurs reprises qu’avant l’assemblée suivante il régulariserait leur situation, mais il n’avait jamais tenu sa promesse. Finalement, en 1959, alors qu’une autre assemblée approchait, elle a profité de l’absence de son concubin pour déménager. À son retour, quelle ne fut pas la surprise de celui-ci de constater qu’elle était partie et que bon nombre de meubles n’étaient plus là ! Les voisins n’ont pas tardé à lui dire où elle était. Il a insisté pour qu’elle revienne à la maison, promettant qu’il ferait le nécessaire pour qu’ils soient mariés avant deux semaines. La réponse de Jeanne a été très claire : “ Le jour où nous serons mariés, je reviendrai, mais pas avant. ” Il a fait le nécessaire et, moins de dix jours plus tard, ils étaient mariés. Bon nombre de nos sœurs ont vécu la même expérience.

Les Témoins de Jéhovah se sont fait la réputation de pratiquer une religion dans laquelle le mariage est considéré comme une institution divine. Dans le village du Vauclin, une femme, officier d’état civil, a été surprise de voir en peu de temps Jacques et Pierrette Nelson, deux pionniers spéciaux dans cette région, servir à deux reprises de témoins à l’occasion du mariage de deux couples qui vivaient en concubinage depuis de nombreuses années. Cette femme, qui possédait déjà le livre Comment s’assurer une vie de famille heureuse, a alors promis de le lire de nouveau parce qu’elle était dans la même situation que ceux qu’elle venait de marier. À la fin de la conversation, elle a déclaré d’un air entendu à nos deux témoins : “ Jamais deux sans trois. ” Cela s’est avéré exact en la circonstance, puisque peu de temps après les pionniers étaient de nouveau devant l’officier d’état civil en qualité de témoins à l’occasion du mariage d’un troisième couple qui étudiait la Bible avec eux.

Elle s’est affranchie de l’alcoolisme

La Martinique est célèbre pour son rhum. Partout dans l’île on trouve cette boisson alcoolique faite à partir de canne à sucre. Beaucoup l’apprécient, mais cette boisson peut être très néfaste si on en boit à l’excès. Dans les années 50, on pouvait entrer dans un bar et demander un verre de rhum pour 50 centimes seulement. On plaçait alors devant le client une bouteille de rhum, une bouteille de sirop de canne et quelques tranches de citrons verts du pays, et il se servait lui-​même.

La vérité biblique allait-​elle pouvoir aider des personnes qui s’enivraient régulièrement en buvant du rhum ? Certainement (1 Pierre 4:3). La première d’entre elles a été une femme qui était souvent ivre, au point qu’il était extrêmement désagréable d’être assis en face d’elle et de lui parler. De plus, elle vivait en concubinage avec un homme qui était tout aussi esclave de l’alcool qu’elle. Au bout de quelques mois, en raison de ce qu’elle avait appris grâce à son étude de la Bible, elle a cessé de boire et a quitté son concubin. Tous ceux qui la connaissaient ont remarqué son changement de conduite. Sa santé s’est améliorée, et sa vie professionnelle aussi, puisqu’elle a été titularisée dans la fonction publique. Elle a utilisé la somme d’argent qui lui a été versée comme arriéré pour assister à l’assemblée internationale “ La volonté divine ” qui a eu lieu à New York en 1958. Aujourd’hui, bien qu’âgée de 90 ans, Élisa Lafine participe toujours régulièrement à la prédication de la bonne nouvelle du Royaume. Elle donne également un bel exemple de conduite chrétienne. La Parole de Dieu peut effectivement affranchir les gens de l’esclavage de l’alcool.

Du fruit au cœur de l’île

Quand on considère la carte de la Martinique, on a l’impression que l’île se recroqueville autour de la baie de Fort-de-France. C’est incontestablement le cœur du pays avec, sur la côte nord de la baie, trois villes imbriquées : Fort-de-France, Schœlcher et Le Lamentin. Près de la moitié de la population de la Martinique vit dans cette région. Mis à part l’agriculture, la plupart des activités de l’île y sont concentrées. C’est dans cette région que la prédication de la bonne nouvelle a débuté et que, à quelques exceptions près, sont apparus les premiers proclamateurs.

Dès 1955, frère et sœur Noll ont commencé à se déplacer pour répandre le message du Royaume en dehors de la capitale. Ils passaient la journée entière à prêcher et rentraient le soir. Le vendredi, ils allaient au Lamentin, et une semaine sur deux dans le village du François, près de la côte orientale. Peu à peu des habitants ont commencé à accepter la vérité. Parmi les premiers au Lamentin, citons Jeanne Marie-Annaïs, Suzanne Guiteaud, Liliane Néral et Paulette Jean-Louis. Au François, il y a eu les familles Godard et Cadasse, ainsi que Pierre Loiseau. Quelque temps après, des pionniers spéciaux ont été envoyés au Lamentin, dont Valentin Carel et Nicolas Rénel. (Frère Carel est devenu plus tard membre du Comité de la filiale.) Il y a maintenant sept congrégations dans ces communes et leurs environs, vers le sud.

Certains, qui semblaient avoir pris un bon départ, ont par la suite quitté la route resserrée. Ils ont cédé aux inquiétudes de la vie, au matérialisme ou à l’immoralité. Mais beaucoup d’autres ont reçu la parole relative au Royaume dans leur cœur, qui s’est révélé une belle terre et qui a porté du fruit pendant de nombreuses années (Mat. 13:18-23). La grande majorité de ceux qui ont embrassé le culte pur très tôt servent toujours fidèlement Jéhovah. Parmi les frères qui se sont fait baptiser en Martinique il y a plus de 30 ans, citons Léon et Christian Bellay, Jules Nubul, Germain Bertholo, Vincent Muller, Roger Rosamond, Albert Nelson, Vincent Zébo et Philippe Dordonne. Ils ont tous fait preuve d’un grand amour pour Jéhovah en mettant leur jeunesse au service de Dieu. Ils ne sont plus jeunes, mais tous continuent à servir comme anciens dans leurs congrégations. D’autres sont morts, comme Toussaint Lada, dont tous les anciens se rappellent le calme et le sourire chaleureux. Il y a bien d’autres noms qu’on pourrait ajouter à la liste des vétérans qui ont été ou qui sont toujours de beaux exemples de foi et de zèle. La génération plus jeune suit leurs traces, ce qui est pour les plus âgés une grande source de joie.

Des femmes prêchent fidèlement la bonne nouvelle

En ces jours-​là, plusieurs femmes enseignantes de l’Éducation nationale accomplissaient également un excellent travail en enseignant la Parole de Dieu. Au nombre de ces femmes figurait Stella Nelzy. Elle a été la première de ce groupe de femmes à se faire baptiser et elle a continué à prêcher avec zèle, tout en s’occupant de sa mère très âgée, qui est décédée à l’âge de 102 ans. Il y avait aussi Andrée Zozor, qui était directrice d’école et qui a défendu efficacement la vérité de la Parole de Dieu, ainsi que sœur Victor Fousse (maintenant Lasimant), qui a tenu ferme malgré l’opposition virulente de sa famille. Son bel exemple a eu une heureuse influence sur ses enfants. Un de ses fils sert comme ancien depuis de nombreuses années, et sa fille, Marlène, est missionnaire au Mali.

D’autres ont achevé la course chrétienne, emportées par l’âge ou la maladie. C’est le cas de Léonide Popincourt qui, ayant pris sa retraite anticipée, a été pionnière pendant 16 ans. Elle est morte en 1990, mais sa fille Jacqueline sert comme missionnaire en Guinée. Emma Ursulet a, elle aussi, donné un excellent exemple en défendant la vérité de la Bible. Elle s’est particulièrement efforcée d’instruire ses enfants dans les voies de Jéhovah. Trois de ses filles sont devenues pionnières, et un de ses fils, Henri, est membre du Comité de la filiale de Martinique.

Sara Noll, qui est venue servir comme pionnière spéciale à la Martinique il y a 43 ans maintenant, est toujours zélée dans le service à plein temps à l’âge de 82 ans. Bien que le territoire soit parcouru très souvent, elle obtient toujours d’excellents résultats dans la diffusion des périodiques La Tour de Garde et Réveillez-vous ! Suivant les suggestions de la Société concernant l’activité dans les quartiers d’affaires, elle se rend dans pratiquement toutes les administrations. Elle apporte régulièrement les périodiques à la mairie, à l’hôtel de police, à l’administration des travaux publics et dans bien d’autres bureaux. Certains mois, elle laisse jusqu’à 500 périodiques. Durant toutes les années qu’elle a passées à la Martinique, elle a distribué plus de 111 000 périodiques.

L’eau gravit les montagnes

La Martinique compte de nombreuses montagnes. On raconte qu’un amiral anglais, voulant montrer au roi George II à quoi ressemblait cette île, aurait froissé une feuille de papier et l’aurait jetée sur la table en disant : “ Sire, voilà la Martinique. ” Un proverbe créole déclare : “ D’lo pa ka monté morne(“ L’eau ne gravit pas les montagnes. ”) Mais, à la Martinique, il est une eau qui gravit les montagnes. La vieille ville de Fort-de-France se situe au niveau de la mer, mais au pied de nombreuses collines. L’eau de la vérité biblique a bel et bien gravi ces collines. — Rév. 22:17.

En 1956, alors qu’il n’y avait que sept proclamateurs et trois pionniers dans l’île, on a distribué 5 000 livres, plus de 9 000 périodiques et de nombreuses brochures. Nombre de ces publications ont été laissées aux gens qui, aux terminus des lignes d’autocars, arrivaient de toutes les parties de l’île ou s’y rendaient. Frère et sœur Noll allaient aussi aux marchés aux poissons ou aux légumes pour proposer les périodiques. Ils prêchaient également dans les nombreux bars situés près des places de marché. C’est ainsi que les villageois retournaient chez eux, dans les collines, avec de précieuses publications bibliques dans leurs sacs.

‘ N’abandonnons pas notre assemblée ’

Quelques semaines seulement après leur arrivée à la Martinique, frère et sœur Noll commençaient à encourager ceux qui étudiaient la Bible à assister aux réunions (Héb. 10:23-25). C’est ainsi que quelques-uns d’entre eux se sont réunis dans la salle de séjour d’une modeste maison en bois de Morne-Pichevin, à Fort-de-France. Cette pièce ne pouvait accueillir qu’une dizaine de personnes. Quand les Noll participaient à la prédication, les gens demandaient souvent s’ils avaient un lieu de réunion où ils auraient pu se rendre. Les missionnaires désiraient vivement disposer d’un endroit plus approprié.

C’est alors qu’un hôtelier, qui se souvenait des premiers missionnaires Témoins de Jéhovah — ils avaient séjourné quelque temps dans son hôtel —, leur proposa de se réunir dans la salle à manger de son restaurant le dimanche après-midi, puisque le restaurant était fermé ce jour-​là. L’hôtel était situé rue Schœlcher, du nom d’un homme politique français qui avait préparé le décret du 27 avril 1848 définissant les conditions de l’abolition de l’esclavage. La cathédrale était dans la même rue. Maintenant qu’ils disposaient d’un lieu de réunion plus adéquat, les Témoins pensaient que beaucoup de gens viendraient. Pourtant, pendant un temps, il n’y a eu que 5 à 10 assistants dans une salle qui aurait pu en recevoir plus de 100. Quand on invitait d’autres personnes à venir aux réunions, celles-ci répondaient généralement : “ Je viendrai, si Dieu le veut. ” Mais rares étaient celles qui pensaient sérieusement à ce qu’était, selon la Bible, la volonté de Dieu à ce sujet.

Toutefois, Mme Marceau, une institutrice à la retraite, venait régulièrement écouter le message de la Bible après avoir assisté à l’office à la cathédrale. Alice Lassus, qui faisait le ménage à la cathédrale, assistait elle aussi aux réunions. Toutes deux sont devenues de fidèles Témoins de Jéhovah. Mais les Témoins avaient vraiment besoin d’un lieu de réunion qui convienne mieux à l’importance de leur groupe.

Quelques mois plus tard, ils ont transféré leurs réunions à la “ Villa Ma Fleur de Mai ”, quartier Clairière, à Fort-de-France, qui servait alors de maison de missionnaires. Stella Nelzy, qui commençait à assister aux réunions, fut très surprise par une remarque faite en ce lieu en une certaine occasion. Elle a déclaré plus tard : “ Le président a dit : ‘ Cette maison est la plus importante de toute la Martinique ! ’ ” Mais elle a ajouté : “ Je n’ai pas tardé à comprendre qu’il avait raison. La maison était humble d’apparence, meublée de bancs fabriqués avec des planches qui avaient été utilisées pour faire du coffrage et qu’on avait capitonnées avec du carton d’emballage. Toutefois, on y apprenait le merveilleux dessein, la volonté et l’incomparable personnalité de Jéhovah, ainsi que celle de son Fils, Jésus Christ. Oui, c’était vraiment la maison la plus importante. ”

En 1960, le nombre des proclamateurs avait atteint 47. Il était de nouveau nécessaire de trouver un autre lieu de réunion suffisamment spacieux. Adrienne Rudier a offert deux pièces au rez-de-chaussée de sa maison à Bellevue. Deux ans plus tard, elle a proposé de déménager à l’étage et de faire tomber la dernière cloison du rez-de-chaussée pour agrandir le lieu de réunion. Le nombre des proclamateurs avait doublé en l’espace de deux ans. Ils étaient maintenant 94 et dirigeaient 177 études bibliques. Comme certains proclamateurs venaient de quartiers situés de l’autre côté de Fort-de-France, il semblait sage de former un deuxième groupe. Celui-ci a tenu ses réunions chez Inoër Puisy, à Sainte-Thérèse, une petite commune dans le quartier sud de Fort-de-France.

L’accroissement s’est poursuivi. En 1964, on comptait en moyenne 157 proclamateurs. Pour recevoir les assistants aux réunions, on a acheté une maison dans le quartier Bellevue de Fort-de-France et on l’a convertie en Salle du Royaume. Cinq ans plus tard, on a construit une deuxième Salle du Royaume dans un autre quartier de la ville. Césaire et Elvire Quasima ont généreusement proposé le toit en terrasse de leur maison, en béton, pour qu’on y construise la Salle du Royaume, ce qui a été fait.

Le temps des petites assemblées

La première assemblée a eu lieu en 1955, dans la maison de frère et sœur Noll. Vingt-sept Témoins de la Guadeloupe s’étaient déplacés pour encourager les cinq Témoins de la Martinique. On n’a pas atteint le chiffre de 40 assistants, mais le programme de l’assemblée a fourni une abondante nourriture spirituelle. Quelle joie d’être réunis dans une ambiance spirituelle et fraternelle !

À cette époque-​là, il était difficile de commencer les réunions à l’heure. Quand quelqu’un arrivait en retard, cela pouvait donner lieu à des situations comiques. Lors d’une assemblée en 1956, une démonstration mettait en scène un prêtre qui se rendait dans un foyer pour dissuader les occupants de lire les publications des Témoins de Jéhovah. Un frère qui portait la barbe avait revêtu une soutane pour jouer le rôle du prêtre. Étant arrivée en retard, une personne bien disposée n’a pas compris qu’il s’agissait d’une démonstration. Aussi, après la réunion, a-​t-​elle fait ce commentaire réprobateur : ‘ Je ne suis pas d’accord avec ce qu’a fait le prêtre. Les Témoins de Jéhovah ne vont pas à la cathédrale pour faire du scandale. Le prêtre n’aurait pas dû en faire ici. ’

Le message de liberté est proclamé sur la côte nord-est

Avec le temps, il a fallu accorder plus d’attention aux parties de l’île éloignées de la capitale. La côte ouest de la Martinique est baignée par la mer des Caraïbes. La côte est, baignée par l’Atlantique, est balayée par les alizés, qui provoquent d’abondantes précipitations et un fort taux d’humidité. Sur les collines et les plateaux bien arrosés de cette région, tout pousse : canne à sucre, légumes, bananes et autres fruits. Les gros villages, dont la plupart sont situés le long de la côte, vivent également de la pêche.

L’histoire de cette région rappelle l’esclavage et l’émancipation des esclaves. Dans la commune du Lorrain, des noms de lieux font penser à cette époque, par exemple, Fond-Gens-Libres et Fond-Massacre. Bien que l’esclavage ait été aboli, quand ils font connaître le message du Royaume dans cette région, les Témoins de Jéhovah rencontrent des gens qui ont encore besoin d’être libérés, libérés de la fausse religion et des superstitions, ce qui n’est possible qu’en embrassant la vérité de la Bible.

Des idoles brisées et jetées dans la rue

Les missionnaires se sont rendus pour la première fois à Basse-Pointe, sur la côte septentrionale, à 50 kilomètres de Fort-de-France, le 1er novembre 1954. La route menant à ce village de pêcheurs et d’agriculteurs était escarpée. Elle était en très mauvais état, surtout après la saison des pluies ; aussi, à certains endroits, les missionnaires ont-​ils dû descendre de leurs petits cyclomoteurs et les pousser.

Ils espéraient rendre visite à une directrice d’école du village. Celle-ci avait eu des contacts avec les Témoins de Jéhovah en France et avait souscrit un abonnement à Réveillez-vous ! Son abonnement arrivait maintenant à expiration. La visite s’est révélée très fructueuse. Cette dame a expliqué que, bien que catéchiste, elle avait cessé d’aller à l’église après que le prêtre avait parlé du mariage avec mépris. Ce que la Bible dit sur l’âme et au sujet de la vie éternelle dans un paradis terrestre l’a beaucoup intéressée. Peu après, elle est retournée en France, où elle s’est vouée à Jéhovah et s’est fait baptiser.

Quand elle était en Martinique, les gens de la commune la considéraient comme quelqu’un d’important et elle passait pour une fervente catholique. Imaginez leur émoi quand, à son retour dans l’île, elle a brisé toutes ses idoles, grandes et petites, et en a jeté les débris devant sa maison pour qu’ils soient ramassés par les employés de la voirie (voir Deutéronome 9:16, 21). Furieux, le prêtre a préparé et prononcé des sermons incendiaires pour blâmer la conduite de cette ex-catholique. Résultat : tout le monde parlait de la religion de Mme Cressan. Depuis 42 ans maintenant, Gabrielle Cressan, Témoin de Jéhovah de 88 ans, s’applique à réaliser son rêve le plus cher : “ Que chaque battement de mon cœur soit à la louange de Jéhovah ! ”

Une autre catholique, une voisine de sœur Cressan qui avait entendu le prêtre attaquer celle-ci en termes virulents, a décidé d’aller demander des explications à sœur Cressan. Il s’agissait de Léonie Ducteil, femme du facteur de la commune et mère de 11 enfants. Convaincue que ce que sœur Cressan lui apprenait était la vérité, elle a commencé à étudier la Bible avec ses enfants. Au cours des années qui ont suivi, elle-​même et neuf de ses enfants se sont voués à Dieu et sont devenus des Témoins de Jéhovah baptisés. Des années plus tard, une de ses filles, Edgard, a épousé Gérard Trivini, qui est devenu par la suite membre du Comité de la filiale.

Dix ans avant que Léonie Ducteil apprenne la vérité avec l’aide de sœur Cressan, une de leurs voisines, Georgette Josèphe, avait entendu le nom Jéhovah dans un cantique chanté au cours d’une cérémonie dans une église adventiste. Ce nom avait retenu son attention. Or voilà que sa voisine, Mme Ducteil, lui disait qu’une dame lui avait expliqué la Parole de Jéhovah. Elle a aussitôt exprimé le désir d’en savoir davantage. Elle-​même, ses huit enfants et plus tard son mari sont tous devenus Témoins de Jéhovah.

Ces quelques familles ont formé le noyau des vrais adorateurs de Jéhovah sur la côte Atlantique, au nord de l’île. Au cours des années suivantes, depuis Basse-Pointe les graines de vérité ont été semées dans les villes et les villages de la côte Atlantique. Ces graines se sont développées et ont porté du fruit au Lorrain, à Marigot, à Sainte-Marie, à Trinité et au Robert, ainsi qu’à Ajoupa-Bouillon, à Vert-Pré et à Gros-Morne, à l’intérieur de l’île.

Des pionniers zélés ont contribué à répandre la vérité sur la côte orientale. Osman Léandre, une veuve, s’est installée à Sainte-Marie en 1965 et a offert sa maison pour y tenir les réunions. Arcade Bellevue et Maryse Mansuéla, des pionnières spéciales venues de la Guadeloupe, sont arrivées au Robert en décembre 1967 et ont persévéré dans leur activité malgré l’opposition du prêtre de la commune. En 1970, Aline Adélaïde et Jacqueline Popincourt ont commencé à donner le témoignage au Lorrain, où Aline a pu utiliser les Écritures pour aider une ancienne pratiquante de la sorcellerie à s’affranchir de la domination des démons. Trois ans plus tard, elles ont été rejointes par trois autres pionnières, Michèle et Jeanne Ursulet, ainsi que Josette Mérine. Ces pionnières du Lorrain avaient renoncé à leur emploi d’institutrice pour participer à une œuvre d’enseignement autrement plus importante : celle consistant à faire connaître la vérité qui conduit à la vie éternelle.

Pourquoi le prêtre voulait-​il le livre Vérité ?

Jeanne Ursulet raconte : “ En 1974, la Société nous a transmis une lettre que lui avait écrite un habitant du Lorrain. Cet homme désirait vivement recevoir des publications des Témoins de Jéhovah et en particulier le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle qu’il avait vu chez d’autres personnes. Le lendemain matin, nous nous sommes mises à la recherche de cet homme. Son nom ne nous disant rien, nous avons demandé au facteur s’il le connaissait. Quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre que la lettre avait été envoyée à la Société par le prêtre de la paroisse !

“ Nous nous sommes rendues au presbytère en nous demandant quel genre d’accueil nous allions recevoir. L’homme nous a fait entrer, mais nous a dit assez froidement qu’il ne désirait pas parler avec nous et qu’il était simplement intéressé par les publications. Nous étions perplexes. Toutefois, quelque temps après cette visite, des habitants de la commune nous ont souvent dit que le prêtre leur avait expliqué les choses de la même façon que nous. Nous en avons conclu qu’il se servait certainement de nos publications pour préparer ses sermons. ”

Après avoir cherché Dieu à tâtons, elle le trouve réellement

En 1967, quatre autres pionniers spéciaux — Octave Thélise, sa femme Alvina, et Élie et Lucette Régalade — ont donné le départ à ce qui allait devenir la congrégation de Trinité. Le lendemain de son arrivée, Élie Régalade est allé prêcher. Où a-​t-​il commencé ? Délaissant les maisons de gauche et de droite, il s’est rendu directement à la porte de Mme Moutoussamy et y a frappé. Il ne l’avait jamais rencontrée et personne ne lui avait donné son nom. Mais laissons-​la raconter :

“ Depuis l’enfance, j’étais très attachée à ma religion, la religion catholique. J’ai travaillé de nombreuses années dans une crèche dirigée par des prêtres. Mais j’étais déçue par l’hypocrisie que j’observais à l’église. Mon attachement à celle-ci s’affaiblissait de jour en jour. Quand est venu le moment d’inscrire mes deux fils aînés au catéchisme, j’étais partagée entre l’insistance de mes beaux-parents catholiques, l’opposition de mon mari communiste et l’influence de ma sœur adventiste. Je ne savais que faire. J’ai passé une bonne partie de la nuit à prier Dieu de m’aider à trouver une solution. Le lendemain, frère Régalade frappait à ma porte, se présentant comme Témoin de Jéhovah. Il était venu directement chez moi. J’étais la première personne de Trinité à qui il avait parlé. ”

Lisette Moutoussamy et son mari auparavant communiste se sont fait baptiser huit mois plus tard. Aujourd’hui, plus de 30 ans après, ils continuent de servir Jéhovah avec toute leur famille. Trois de leurs fils sont anciens. En vérité, comme le dit la Bible, les personnes qui cherchent sincèrement le vrai Dieu à tâtons le trouveront. — Actes 17:26, 27.

Le territoire s’est révélé productif, et plusieurs congrégations y ont été formées : une à Trinité et, à partir d’elle, six autres — deux au Robert, une à Sainte-Marie, une à Gros-Morne, une à Vert-Pré et une deuxième à Trinité. Toutes continuent à se développer, pour le plus grand honneur de Jéhovah.

Le clergé passe à l’attaque

Dans toute la Martinique, le clergé était furieux de constater que sa domination sur une population qu’il avait tenue dans l’ignorance ne cessait de se restreindre. En 1956, à Basse-Pointe, le prêtre de la paroisse a laissé éclater sa colère quand il a rencontré deux jeunes filles venues rendre visite aux parents d’un voisin décédé. Sachant que les jeunes filles étudiaient la Bible avec les Témoins de Jéhovah, il les a accusées d’apostasie et les a menacées du feu de l’enfer parce qu’elles avaient cessé d’aller à la messe. Une des jeunes filles lui ayant répondu fermement, il l’a giflée violemment, a sauté dans sa jeep et est parti.

Quand deux pionnières sont arrivées au Robert, en 1967, le prêtre a interdit à ses paroissiens de leur ouvrir leur porte. Un jour, fou de rage, il a presque renversé les deux sœurs avec sa voiture. Les prêtres multipliaient les mises en garde amères et furieuses dans les bulletins paroissiaux, et en chaire ils lançaient des anathèmes cinglants contre ceux qu’ils présentaient comme des ‘ suppôts de Satan venus troubler la paix romaine ’.

Les autres religions se sont jointes à ces attaques. Les Églises évangéliques en particulier nous accusaient faussement de ne pas croire en Jésus Christ. Les adventistes nous reprochaient de ne pas respecter le sabbat, alors que la plupart d’entre eux faisaient semblant seulement de le respecter. Pendant un temps, les frères se sont laissé entraîner dans des discussions interminables avec des pasteurs d’autres religions. Ces discussions prenaient souvent fin tard dans la nuit et ne donnaient rien. Petit à petit, avec l’aide de l’esclave fidèle et avisé, nous avons appris à bien employer notre temps à rechercher et à trouver les “ brebis ” qui prenaient réellement plaisir à écouter la voix de l’excellent Berger.

Toutefois, ces discussions ont ouvert les yeux de quelques “ brebis ”. C’est le cas de Jules Nubul, à Fort-de-France. Il a remarqué que le pasteur faisait mine de citer la Bible — en réalité, il inventait ces citations — dans le but de prouver que les chrétiens devaient respecter le sabbat (voir Romains 10:4 ; Colossiens 2:13-16). Aujourd’hui, frère Nubul est Témoin de Jéhovah et ancien. Gertrude Buval, de Trinité, qui était adventiste du septième jour, a constaté la mauvaise foi de son pasteur au cours d’une discussion avec Octave Thélise, qui était pionnier spécial avec sa femme Alvina. Des années plus tard, et malgré son grand âge et une mauvaise santé, sœur Buval demeure fidèlement attachée à l’organisation de Jéhovah.

Au pied du volcan — Écouteront-​ils ?

Dans le nord-ouest de l’île, les villes de Saint-Pierre, Le Prêcheur, Le Carbet et Le Morne Rouge sont toutes situées autour de la montagne Pelée, devenue tristement célèbre depuis la destruction de Saint-Pierre et de ses 30 000 habitants en 1902.

Au sujet de l’éruption du 8 mai de cette année-​là, les gens se rappellent surtout que les habitants de Saint-Pierre ont rejeté les avertissements et refusé de s’enfuir. Pendant un mois, le volcan a craché de la fumée, des cendres et des morceaux de roche. Saint-Pierre a été couverte de cendres, et 25 personnes ont été tuées par une coulée de boue. Les gens avaient peur, mais ils ne sont pas partis. C’était dû à leur attitude fataliste, mais aussi au fait que les dirigeants, y compris le clergé, les pressaient de rester. Les mêmes facteurs expliquent aujourd’hui encore la réaction de beaucoup à l’avertissement relatif à la venue imminente du jour redoutable de Jéhovah. — Yoël 2:31, 32.

Beaucoup de Martiniquais sont fatalistes et, face aux difficultés, haussent les épaules en disant : “ C’est la volonté de Dieu. ” Nous nous efforçons souvent de les aider dans ce domaine en leur rappelant ce qui est arrivé lors de l’éruption de la montagne Pelée. “ Si cet événement était la ‘ volonté de Dieu ’, leur demande-​t-​on, pourquoi l’unique survivant de cette catastrophe a-​t-​il été un repris de justice enfermé seul dans un cachot, au sous-sol de la prison, alors que tous les ‘ bons chrétiens ’ ainsi que les églises et leurs ‘ saints ’ ont été détruits ? ”

Au début des années 60, les proclamateurs de Fort-de-France ont commencé à se rendre assez régulièrement dans les communes proches du volcan pour communiquer le message du Royaume à leurs habitants. Toutefois, ceux-ci avaient peur du “ qu’en-dira-t-on ”. Craignant d’être rejeté par les voisins, pas un d’entre eux ne voulait être pris pour un Témoin de Jéhovah. En 1962, la famille Charpentier, venant de France métropolitaine, s’est installée au Morne Rouge, juste au nord-est de Saint-Pierre. Madeleine était pionnière spéciale. Pendant des années, son mari, René, et elle ont semé les graines de la vérité du Royaume dans cette région.

Aujourd’hui, l’influence de l’Église est encore très forte dans la partie nord de l’île. Il y a là de vastes plantations dirigées par de riches propriétaires, descendants des premiers colons, qui sont la main dans la main avec le clergé catholique. On peut compter sur les doigts de la main les Blancs de cette région qui ont accepté la vérité.

Affranchis de la crainte de l’homme

Alors que les habitants en général hésitaient à s’identifier à des Témoins de Jéhovah, au milieu des années 60 un homme et sa femme, Yoland et Bernadette Hortance, ont commencé à agir par amour pour Jéhovah et sa Parole. À quelles épreuves leur foi a-​t-​elle été soumise ? Ils racontent : “ Comme nous étions les premiers à accepter la ‘ nouvelle religion ’, nous nous sommes retrouvés en marge de la société. Nous sommes passés par une période d’épreuves. En l’espace d’une année, nous avons perdu deux enfants dans un accident, ce qui a amené les gens à dire que c’était Dieu qui nous punissait parce que nous avions quitté la religion catholique. Mais ce que nous avions déjà appris sur Jéhovah nous a aidés à tenir ferme. ”

Après tout cela, influencé par le prêtre de la paroisse, l’employeur de Yoland, un béké (un Blanc de l’endroit), a menacé de le congédier s’il ne retournait pas à l’église. Yoland n’a pas cédé, et son employeur n’a pas mis sa menace à exécution parce que Yoland était un ouvrier consciencieux. Bien qu’ils aient connu beaucoup d’autres épreuves, frère et sœur Hortance sont toujours de fidèles serviteurs de Jéhovah.

En 1968, la famille Palvair a quitté Fort-de-France pour s’installer au Morne Rouge. Peu à peu, d’autres personnes ont accepté le vrai culte, si bien qu’aujourd’hui il y a une congrégation de 60 proclamateurs au Morne Rouge.

De l’aide supplémentaire au pied du volcan

À partir de 1972, deux pionnières spéciales, Anne-Marie Birba et Arlette Girondin, se sont dépensées courageusement pour aider les habitants de Saint-Pierre, du Carbet et du Prêcheur. Alors qu’elles apportaient un message de paix, les gens leur lançaient parfois des pierres ou leur donnaient des coups de balai. Dans cette région, bon nombre de femmes qui ont accepté la vérité ont subi une sévère opposition de la part de leurs maris, mais, en raison de la belle conduite de leurs femmes, ceux-ci sont généralement devenus peu à peu plus tolérants. — 1 Pierre 3:1, 2.

Jules Martinon, un Témoin âgé qui sert à Saint-Pierre depuis plus de 20 ans, est un bel exemple de persévérance. Dans les années 60 et 70, dans cette région les réunions avaient lieu dans des lieux à peine acceptables. Toutefois, des frères dévoués, comme Jean Chavigny et, plus tard, les familles Lemoine et Papaya, ont contribué à la formation d’une belle congrégation à Saint-Pierre. Une magnifique Salle du Royaume qui peut accueillir 200 personnes est la preuve que les Témoins de Jéhovah se sont fermement établis au pied du volcan.

Une nuit dans le manguier

Le message du Royaume avait été prêché au Lamentin dès 1955, mais ceux qui voulaient y adorer Jéhovah Dieu continuaient de subir des épreuves difficiles. Elles n’étaient pas toujours provoquées par le clergé. Les hommes de la Martinique sont généralement jaloux de leurs prérogatives masculines, et beaucoup traitent leurs femmes de façon tyrannique. Quand une femme voulait adorer Jéhovah, elle devait souvent affronter la violence de son mari.

Une de nos sœurs du Lamentin rapporte : “ En 1972, quand le message du Royaume est entré chez moi, c’était la réponse à toutes mes espérances. Mais mon mari m’a interdit d’étudier la Bible. J’ai toutefois continué à le faire en cachette. Quand il s’en est aperçu, il a brûlé ma Bible et mon livre d’étude, et m’a battue. Mon mari a décidé de déménager, dans l’espoir que cela mettrait fin à l’intérêt que je portais à la Bible.

“ Quand j’ai commencé à assister aux réunions, il m’enfermait dehors. J’ai souvent dû dormir sous la véranda. Il a ensuite détruit tout ce qui pouvait me servir d’abri, même le poulailler. Il me battait fréquemment et je n’avais souvent rien à manger. Un soir, il m’a poursuivie en pleine nuit, un coutelas à la main ! Pour lui échapper, j’ai dû m’enfuir en courant à travers les broussailles et grimper aussi vite que possible dans un manguier. Je ne lui ai échappé que de justesse, seulement parce que sa lampe de poche s’était éteinte. Il m’a cherchée pendant des heures, passant à deux pas de l’endroit où j’étais cachée, blottie dans l’arbre et priant Dieu. J’ai passé toute la nuit dans le manguier. ” Malgré cela, elle s’est fait baptiser en 1977 et, plus tard, sa fille aussi a pris position pour Jéhovah.

Affranchis de la superstition et du Quimbois

Les personnes qui étudient la Bible avec les Témoins de Jéhovah et qui mettent en pratique ce qu’elles apprennent jouissent de la liberté dans bien des domaines. De nombreuses croyances et coutumes des Martiniquais tirent leurs origines des superstitions et des rites venus d’Afrique, qui se sont ensuite implantés dans le sol fertile du catholicisme romain. Ceux qui sont devenus Témoins de Jéhovah il y a des années se rappellent encore les superstitions dont ils ont été affranchis.

Ils se souviennent que, le vendredi saint, avant de faire quoi que ce soit, il leur fallait embrasser la croix. En souvenir du Christ, il était strictement interdit ce jour-​là de se servir d’un marteau et de clous, et de creuser le sol avec une pelle ou une fourche parce qu’il “ allait saigner ”, leur avait-​on appris. Le lendemain, le samedi matin, on croyait que, lorsque les cloches de l’église catholique sonnaient, tout était béni. Pour recevoir cette bénédiction, après la sonnerie des cloches, les gens devaient se plonger dans l’eau de la rivière ou de la mer. Ils baignaient leurs enfants malades et secouaient ceux qui étaient atteints de rachitisme pour être sûrs qu’eux aussi profiteraient de la bénédiction.

D’autres se souviennent du “ bal-funérailles ” auquel on avait coutume de participer à l’occasion d’un décès. C’était une veillée très bruyante au cours de laquelle on battait du tambour, on dansait, on chantait et on racontait des contes créoles. Les gens croyaient que cela empêchait l’âme du défunt de rester et d’errer dans la maison.

Bien que ne lisant que rarement la Bible, beaucoup la considéraient comme un objet sacré. Ils la gardaient chez eux, ouverte à un certain psaume, avec une paire de ciseaux dessus. On pensait que ces objets protégeraient la maison des esprits du mal.

Ils n’ont pas oublié non plus les potions que préparaient les sorciers. Quimbois est un mot créole qui, selon certains, viendrait du français “ Tiens, bois ! ” Ce serait une allusion au fait que les sorciers donnent souvent à leurs clients des potions magiques à boire. Bien que ces potions aient peu de pouvoirs magiques, beaucoup de sorciers se sont enrichis en les prescrivant. Ceux qui ont embrassé le vrai culte se sont affranchis de toutes ces superstitions.

On s’intéresse au sud de l’île

Sur la côte méridionale de l’île se trouvent les villages du Marin, de Sainte-Anne et du Vauclin, et non loin de là, à l’intérieur, Rivière-Pilote. Ce sont ces lieux qui ont amené les touristes à ne voir en la Martinique qu’une île aux plages de sable blanc et à la mer d’azur et de corail. Mais ces lieux ont également attiré des chanteurs de louanges à Jéhovah.

Rivière-Pilote a été le premier de ces villages à recevoir le témoignage. Comment ? Maguy Prudent, un médecin, venait juste d’achever ses études en France. Avant son retour à la Martinique, des Témoins de Jéhovah lui avaient parlé de ce que Dieu, dans son amour, se proposait de faire pour les humains. Quand elle est arrivée dans l’île, elle a pris contact avec les Témoins, et Sara Noll a étudié la Bible avec elle. Elle s’est fait baptiser en 1959. De par ses activités professionnelles, sœur Prudent rencontrait beaucoup de gens, y compris les habitants des villages de la région, et elle leur a fait part des vérités qu’elle avait apprises dans la Parole de Dieu.

Les proclamateurs de Fort-de-France se rendaient également dans cette région pour y donner le témoignage. Comme à cette époque très peu de Témoins possédaient une voiture, les proclamateurs avaient l’habitude de louer une “ bombe ”, un petit autocar ainsi nommé en raison de sa forme comparable à celle d’un fût d’huile. Ils commençaient leur journée de prédication en parlant aux habitants du village, après quoi ils allaient rendre visite à ceux qui habitaient sur les pentes escarpées des collines. La journée d’activité se terminait par l’étude de La Tour de Garde à l’ombre d’un manguier.

Plus tard, des pionniers spéciaux ont été envoyés dans ce territoire. Parmi eux figurait Marie Démas, venue de France métropolitaine, qui avait alors 70 ans. Son courage et son sens de l’humour ont laissé un bel exemple pour les plus jeunes. En 1963, Séphora Martinon et Georgette Charles, pionnières spéciales, sont venues aider les quelques proclamateurs. Ce n’est toutefois pas avant les années 70 que les pionniers spéciaux dans les villages voisins du Vauclin, du Marin et de Sainte-Anne ont commencé à récolter les premiers fruits de leur dur travail, et ce après avoir semé et cultivé pendant des années. Parmi ces pionniers, il y avait au Vauclin Stéphanie Victor et le couple Coutinard, Eugénie et Monique. Eugénie, qui est restée handicapée après une très grave opération, a fait montre d’un courage remarquable. Elle marchait avec des béquilles et parlait avec de grandes difficultés, mais elle a continué à servir comme pionnière permanente.

En 1966, deux pionnières spéciales, Anne-Marie Birba et Arlette Girondin, ont été envoyées à Rivière-Pilote (où une congrégation s’est formée en deux ans), et en 1970 deux autres, Hélène Pérasie et Thérèse Padra, ont été nommées au Marin. Jusqu’en 1975, un petit nombre de frères et sœurs de cette région devaient aller jusqu’à Rivière-Pilote pour assister aux réunions. Avec la bénédiction de Jéhovah, des congrégations ont été formées par la suite au Marin en 1979, au Vauclin en 1984, à Sainte-Luce en 1993 et à Sainte-Anne en 1997. Les frères de ces villages se réunissent aujourd’hui dans de belles Salles du Royaume et les congrégations prospères apportent leur concours pour remédier à la pauvreté spirituelle des habitants.

Des lieux appropriés pour de plus grandes assemblées

Il a bientôt été nécessaire de trouver des lieux plus appropriés pour les assemblées de circonscription et de district. Les seules salles spacieuses disponibles étaient des salles de danse appelées “ paillotes ” parce qu’elles étaient entourées de paille de coco tressée. Les plus anciens se souviennent de la salle de danse Kerlys et de celle de Serge Rouch, où nous avons organisé nos assemblées de district pendant des années. Mais ce genre de salle a fini par ne plus convenir.

Nos frères ont fabriqué une structure métallique démontable avec laquelle il a été possible d’organiser des assemblées dans toutes les parties de l’île. Chaque village a son terrain de football. Aussi, pendant des années, pour les assemblées de circonscription, nous avons dressé cette Salle d’assemblées démontable sur divers terrains de jeu de l’île. Cela donnait un excellent témoignage, et c’était très encourageant pour les Témoins qui habitaient dans le village où se tenait l’assemblée.

Pour les assemblées de district, nous utilisions le hall de sport du stade Louis Achille, à Fort-de-France. Nous nous souvenons encore de l’assemblée internationale “ La foi victorieuse ” de 1978 pour laquelle nous avons eu l’honneur de recevoir comme orateur principal John Booth, membre du Collège central. Dans un de ses discours, frère Booth a déclaré : “ Nous n’avons aucune raison de perdre notre foi dans l’organisation de Jéhovah ”, et il a ajouté : “ Notre foi inébranlable sera récompensée quand nous remporterons la victoire. Jéhovah ne décevra jamais ses serviteurs fidèles. ” Le programme a beaucoup encouragé les 2 886 assistants.

Les représentations bibliques attirent l’attention

La première représentation biblique, en 1966, a fait une impression durable. Nous n’avions pas de lecteur de cassettes sur lequel faire passer une bande enregistrée. Les participants ont donc dû apprendre leur rôle par cœur et le jouer. Cette représentation, sur Jérémie, durait deux heures ! Il fallait synchroniser les déplacements des différents personnages et l’utilisation des divers microphones sur pied. De plus, comme il y avait alors peu de Témoins à la Martinique, certains devaient jouer plusieurs rôles et changer de costume entre deux scènes. Quel travail ! Mais les assistants ont été transportés d’enthousiasme.

Il fallait aussi faire le bruitage. Dans les coulisses, un frère froissait une tôle ondulée pour imiter le tonnerre et un autre, alors que la salle était plongée dans l’obscurité, se servait du flash d’un appareil photographique pour faire les éclairs au-dessus de la scène. Sur une île, les nouvelles se propagent rapidement. Aussi, quand les gens ont entendu parler de nos représentations bibliques, une station de télévision est venue filmer nos répétitions. L’émission a fait une excellente publicité pour les assemblées.

On démolit, mais on construit aussi

Il ne fait aucun doute qu’à la Martinique la vérité de la Parole de Jéhovah a démoli nombre de citadelles d’erreurs et de superstitions. Comme le prophète Jérémie, les serviteurs oints de Jéhovah ont été chargés par Dieu de ‘ déraciner et d’abattre, de détruire et de démolir ’, mais aussi de ‘ bâtir et de planter ’. (Jér. 1:10.) C’est ainsi que les Témoins de Jéhovah ne font pas que dévoiler ce que la Parole de Dieu condamne ; ils utilisent aussi celle-ci pour aider les humbles à “ revêtir la personnalité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une justice et une fidélité vraies ”. — Éph. 4:24.

Comme le nombre des personnes qui recevaient la Parole de Dieu avec reconnaissance augmentait sans cesse, une autre œuvre de construction est devenue nécessaire. En effet, le nombre des Témoins de Jéhovah à la Martinique est passé de 1 000 en 1975 à 1 500 en 1984, et à 2 000 en 1986. Le nombre des assistants aux réunions est souvent deux fois plus élevé que celui des proclamateurs. Quant à l’assistance au Mémorial, elle est encore plus importante. Pour pouvoir accueillir les assistants aux réunions, il a fallu construire davantage de Salles du Royaume. On en a bâti 20, de 250 à 300 places. Il fallait aussi des locaux convenables pour le bureau de la filiale.

Une étape importante

Après des années de recherches assidues, les frères ont trouvé un terrain situé sur une des collines qui surplombent le centre de Fort-de-France et qui offrent une vue splendide sur la baie. A alors commencé une extraordinaire entreprise pour la Martinique.

Parmi les frères, très peu d’ouvriers spécialisés pouvaient offrir leurs services à plein temps. Le Collège central a donc donné son accord pour que des Témoins expérimentés d’au-delà des mers viennent apporter leur aide. Le premier à arriver, en février 1982, a été Robert Weinzaepflen, un architecte de France. Quelques jours après, Sylvain Théberge est arrivé du Canada pour diriger les travaux. L’équipe a été complétée quelques semaines plus tard par une vingtaine de frères et sœurs du Canada et quelques volontaires de la Martinique. Les frères de l’île ont soutenu le projet de construction en travaillant avec dévouement, mais aussi en faisant des offrandes généreuses selon leurs possibilités, certains offrant même leurs bijoux en or. Le zèle, l’unité et l’amour manifestés à l’occasion de ce projet ont donné un excellent témoignage.

Tous ces efforts pour la construction ont-​ils été accomplis au détriment de la prédication publique de la bonne nouvelle à la Martinique ? Bien au contraire ! On a même enregistré de l’accroissement. En mars 1982, 1 267 proclamateurs, dont 19 pionniers permanents et 190 pionniers auxiliaires, avaient participé à la prédication. En 1984, alors que la construction touchait à sa fin, le nombre des proclamateurs était passé à 1 635, avec 491 pionniers auxiliaires en avril. Il était évident que Jéhovah bénissait nos efforts.

Mais les progrès n’ont pas cessé. Durant le programme de l’inauguration, le 22 août 1984, John Barr, membre du Collège central, a développé le thème “ Allons de l’avant avec l’organisation de Jéhovah ”. Il a parlé du nouveau bâtiment de trois étages abritant le bureau de la filiale et le Béthel comme d’“ un magnifique instrument pour faire face à l’accroissement et pour mieux servir les brebis de Jéhovah ”. Parmi les assistants venus de plusieurs pays se trouvaient les quatre missionnaires qui avaient été expulsés quelque 34 ans auparavant et qui se réjouissaient de constater qu’à l’évidence Jéhovah avait béni ses serviteurs sur cette petite île des Antilles.

Des hommes spirituels apportent une aide précieuse

Évidemment, nous n’avons pas reçu de l’aide uniquement dans le domaine de la construction. Nous avons aussi bénéficié d’une surveillance pleine d’amour. Pendant de nombreuses années, jusqu’en 1977, l’œuvre de prédication à la Martinique a été dirigée par la filiale de la Guadeloupe. Durant toutes ces années, les surveillants itinérants, des bergers spirituels, sont venus de cette île sœur. Les plus âgés se souviennent de Pierre Jahnke et de Nicolas Brisart. Puis, à partir de 1963, c’est Armand Faustini qui a visité régulièrement les congrégations.

Après eux, d’autres surveillants itinérants, avec des personnalités et des méthodes différentes, ont contribué à bâtir spirituellement les congrégations. Xavier Noll a effectué ce service pendant des années. Ensuite, il y a eu Jean-Pierre Wiecek avec sa femme Jeanine. David Moreau, avec sa femme Marylène, a également visité les congrégations de la Martinique et celles de la Guyane dont s’occupait aussi la filiale de la Martinique à cette époque. Quand un bureau a été ouvert en Guyane, frère Moreau, qui avait été formé à la filiale de la Martinique, a été nommé coordinateur de cette nouvelle filiale. Claude Lavigne et sa femme Rose-Marie effectuaient leur service de missionnaires à Kourou, en Guyane, quand ils ont été désignés pour servir dans la circonscription en Martinique. Aujourd’hui, ils sont missionnaires en Guinée. D’autres ont servi moins longtemps comme surveillants de circonscription, mais nous gardons d’eux tous un souvenir affectueux, car ils étaient zélés et fidèles. Ceux qui étaient mariés ont trouvé en leurs femmes des compagnes précieuses qui ont été de bons exemples pour les sœurs dans les congrégations. Actuellement, Alain Castelneau et Moïse Bellay, accompagnés de leurs femmes, rendent visite aux congrégations de deux circonscriptions, congrégations qui comptent en moyenne cinq anciens et sept assistants ministériels.

Bien que la Martinique ne soit qu’une petite île, les serviteurs de Jéhovah qui s’y trouvent ont bénéficié de la surveillance pleine d’amour de membres du Collège central. Ewart Chitty, Daniel Sydlik, Karl Klein, William Jackson, Lloyd Barry et Milton Henschel, ainsi que d’autres surveillants de zone, sont venus dans l’île. Les 12 frères et sœurs qui vivent et servent au Béthel, ainsi que tous les Témoins de Jéhovah de la Martinique, ont beaucoup apprécié leurs visites.

‘ Jéhovah voit les humbles ’

Le psalmiste David a écrit : “ Jéhovah est élevé, et pourtant il voit l’homme humble. ” (Ps. 138:6). Le disciple Jacques a ajouté qu’“ aux humbles [Dieu] donne la faveur imméritée ”. (Jacq. 4:6.) Cela est particulièrement évident chez les habitants de la Martinique que Jéhovah a attirés à lui.

Christian Bellay et sa femme Laurette, qui vivaient alors à Fort-de-France, ont goûté la faveur imméritée de Dieu. Ils étaient troublés par le fait qu’il existe plusieurs religions à la Martinique. Laquelle était approuvée par Dieu ? Lorsqu’il a lu Révélation 22:18, 19, Christian Bellay a pensé avoir trouvé la clé de l’énigme. Laquelle de ces religions n’ajoute ni ne retranche quoi que ce soit à la Parole de Dieu ? Après avoir examiné les faits, il a été convaincu que c’était la religion des Témoins de Jéhovah. Mais il a aussi compris qu’il devait appliquer la même règle à sa propre vie, c’est-à-dire ne rien y ajouter et ne rien en retrancher. Or jusque-​là il vivait en concubinage avec Laurette. Il l’a donc officiellement épousée en 1956. À cette occasion, c’était la première fois qu’un Témoin de Jéhovah donnait un discours de mariage à la Martinique. L’année suivante, ils ont été baptisés dans la rivière Madame, à Fort-de-France. Le père et la mère de Christian, ainsi que son frère Léon, et Alexandre, le frère de Laurette, ont tous accepté la vérité. Moïse Bellay, un des fils de Christian et Laurette, est actuellement surveillant de circonscription. Cette famille a vraiment goûté la faveur imméritée de Jéhovah.

De simples actes de bonté en faveur des serviteurs de Jéhovah peuvent valoir des bénédictions aux hommes bons qui les font (Mat. 10:42). Cela s’est vérifié dans le cas d’Ernest Lassus, propriétaire d’une bijouterie à Fort-de-France. Il prenait régulièrement le périodique Réveillez-vous ! Ce n’est pas que son contenu l’intéressait ! C’était plutôt un geste de bonté de sa part. Un jour, le Témoin de Jéhovah qui le lui apportait s’est mis à lui expliquer que seul Jésus Christ, le Prince de paix, sera capable d’établir la justice sur la terre. C’est ce qu’Ernest Lassus désirait. Il a donc accepté que le Témoin lui rende visite chez lui, et une étude de la Bible a été commencée. “ Maintenant, dit Ernest, je suis comblé. La plupart de mes enfants sont dans la vérité ; une de mes filles est pionnière, et deux de mes fils sont anciens : l’un est pionnier, et l’autre, plus âgé, est membre de la famille du Béthel de la Martinique. ”

Déterminés à servir Jéhovah

Il est encourageant de voir des jeunes gens se tourner vers Jéhovah et montrer leur gratitude pour ses directives pleines d’amour. Beaucoup étaient désemparés par l’absence totale de direction saine dans le monde, mais la Parole de Dieu les a aidés à connaître le but véritable de la vie (Eccl. 12:13). Grâce à l’enseignement de la Bible, ils en viennent à comprendre qu’on tire un réel profit à suivre le conseil rapporté en Isaïe 30:21, savoir : “ Tes oreilles entendront une parole derrière toi, disant : ‘ Voici le chemin. Marchez-​y. ’ ”

Une jeune fille du nom de Claudia a posé de nombreuses questions au Témoin qui rendait visite à sa famille. En raison de la maladie du père, l’étude de la Bible avec la mère de la jeune fille est devenue irrégulière, mais Claudia a continué à étudier la Bible et à mettre en pratique ce qu’elle apprenait. Après la mort de son père, elle a donné le témoignage à tous ceux qui voulaient prier pour l’âme de son père. Adoptant la même attitude que la fillette israélite qui était au service de la femme de Naamân, elle a encouragé sa mère à assister aux réunions de la congrégation (2 Rois 5:2-4). À la Salle du Royaume, elle s’est inscrite à l’École du ministère théocratique. Elle n’a pas tardé à participer à la prédication et, en 1985, elle s’est fait baptiser en même temps que sa mère. Celle-ci a reconnu volontiers que si elle avait fait de tels progrès spirituels, c’était dans une large mesure grâce à sa fille.

Des jeunes gens ont saisi courageusement les occasions qui leur étaient offertes de donner le témoignage à l’école. Au François, un professeur de français a demandé à ses élèves de faire des recherches sur les différentes religions de la Martinique. Roselaine, qui avait alors 18 ans, et une camarade de classe ont eu ainsi la possibilité de donner un excellent témoignage en se servant du livre L’humanité à la recherche de Dieu. Elles ont laissé une vingtaine de livres à des camarades et au professeur.

Même si les sujets de discussion à l’école suscitent des controverses, les jeunes Témoins de la Martinique n’hésitent pas à s’exprimer et à faire connaître clairement les principes de la Parole de Jéhovah. Mary-Suzon Monginy raconte : “ Un jour, alors que nous traitions des problèmes liés à la surpopulation, le professeur a parlé des procédés modernes de contraception. La question de l’avortement a été soulevée, provoquant une vive polémique. J’ai demandé au professeur l’autorisation de présenter le lendemain des renseignements appuyant mon point de vue. Il a accepté et, pendant près de deux heures, nous avons eu une discussion avec toute la classe. ” Les renseignements étaient tirés de l’édition française de Réveillez-vous ! du 22 août 1980, notamment de l’article “ Journal d’une fillette qui n’a jamais vu le jour ”. Après cette discussion, les élèves de la classe ont adopté une meilleure attitude envers les Témoins de Jéhovah.

La population de la Martinique est jeune. Les jeunes en général se laissent entraîner, en désespoir de cause, dans le vide d’un système économique qui, de façon peu sage, met l’accent sur les biens matériels. Mais les jeunes Témoins de Jéhovah apprécient les valeurs spirituelles. Il est encourageant de voir les Salles du Royaume de la Martinique remplies de jeunes gens qui désirent apprendre à connaître Jéhovah et ses voies.

Affranchis de l’esclavage de la drogue

Comme dans d’autres pays où le matérialisme a supplanté les valeurs spirituelles, de nombreux jeunes Martiniquais ont ruiné leur santé et leur vie en faisant usage de crack et d’autres drogues. Toutefois, le christianisme véritable a libéré certains d’entre eux de ces pratiques néfastes. Paul-Henri et Daniel, de Fort-de-France, faisaient tous deux partie de la communauté rasta au sein de laquelle on usait librement de marijuana. Les rastas ont leur propre compréhension de ce que l’Apocalypse dit au sujet des ‘ feuilles des arbres pour la guérison des nations ’. Mais ils ne cherchent même pas à expliquer le reste de ce livre de la Bible. Paul-Henri et Daniel, quant à eux, désiraient le comprendre, et les Témoins de Jéhovah se proposaient de les y aider.

Paul-Henri et Daniel déclarent : “ Nous hésitions à assister aux réunions des Témoins de Jéhovah, parce que nous craignions un accueil peu aimable du fait de notre apparence physique plutôt repoussante. ” Mais quand ils y sont allés, ils ont été surpris par la gentillesse, la chaleur et la simplicité des Témoins qu’ils ont rencontrés à la Salle du Royaume. La semaine suivante, ils avaient les cheveux coupés et une tenue plus présentable. Peu de temps après, ils ont cessé de fumer et n’ont pas tardé à communiquer à leur tour la bonne nouvelle à d’autres.

Paul-Henri ajoute : “ Un jour, alors que je donnais le témoignage dans la rue, un inspecteur de police avec qui j’avais déjà eu affaire à cause de la drogue s’est écrié, stupéfait : ‘ Mais c’est Grosdésormaux ! ’ J’ai sorti de mon sac, non pas de la drogue, mais ma Bible et des périodiques qu’il a acceptés avec joie tout en me félicitant et en m’encourageant à continuer. C’est ce que j’ai fait. Je me suis fait baptiser en 1984 et j’ai rejoint les rangs des pionniers permanents en 1985. Aujourd’hui marié et père de famille, je suis ancien dans ma congrégation. Mon ami Daniel a progressé de la même manière dans la vérité. ”

Les jeunes ne sont pas les seuls à désirer connaître la solution aux problèmes de la vie. Les adultes aussi. Dans le but d’aider toutes les personnes dont le cœur est disposé à apprendre, en avril et en mai 1995, la filiale a mis à la disposition des congrégations, pour qu’elles les distribuent, 250 000 exemplaires des Nouvelles du Royaume intitulées “ Pourquoi la vie est-​elle si difficile ? ” La Martinique ne comptant que 330 000 habitants, cela voulait dire que tous les adultes et de nombreux jeunes gens pourraient recevoir ce message important. Cela a donné lieu à beaucoup de discussions constructives.

Un surveillant de circonscription a relaté qu’après avoir lu le feuillet, une femme habitant la campagne a cherché à téléphoner à la filiale. Dans sa précipitation, elle a fait un mauvais numéro... qui s’est finalement révélé bon. C’était celui d’une Salle du Royaume de Fort-de-France. Des proclamateurs s’y trouvaient justement, prêts à aller prêcher en compagnie du surveillant de circonscription. Elle a demandé : “ S’il vous plaît, envoyez-​moi un Témoin de Jéhovah le plus vite possible. Je veux étudier la Bible. ” Le lendemain, elle recevait l’aide désirée.

Enfin notre Salle d’assemblées

Trouver des lieux pour nos assemblées de district était devenu un gros problème. Le nombre des assistants ne cessait d’augmenter. De plus, le hall des sports que nous utilisions pour nos assemblées ne convenait plus. Que pouvions-​nous faire ?

À cette époque, un surveillant de la congrégation de Rivière-Salée cherchait un terrain pour y construire une Salle du Royaume. À sa grande surprise, on lui a proposé un terrain de six hectares, beaucoup plus que ce qui était nécessaire pour une Salle du Royaume. La providence a fait qu’il se trouvait dans la partie centrale de l’île. Sur ce terrain, il y avait un vieux hangar métallique qui, bien qu’abîmé, pouvait servir temporairement de lieu d’assemblées. Nous y avons organisé une première assemblée en 1985. Le nombre des assistants s’est élevé à 4 653, soit 600 de plus que l’année précédente.

On a commencé à travailler à la construction d’un nouveau bâtiment en 1992. Des frères et sœurs d’Italie sont venus, à leurs frais, nous aider dans cette tâche. Les Témoins de l’île ont donné généreusement de leur temps et de leur argent. Le travail est maintenant terminé. Cette belle Salle d’assemblées peut accueillir 5 000 personnes ; c’est le plus grand auditorium de la Martinique.

Il n’est plus nécessaire de repousser la date de nos assemblées — souvent au dernier moment — à cause des matchs de football en retard. Fini également le travail pénible qui consistait à monter, à démonter, à transporter et à stocker toute la structure métallique du bâtiment démontable. Notre Salle d’assemblées, située au milieu de fleurs, de palmiers royaux et de flamboyants, honore Jéhovah.

Une organisation qui loue Jéhovah

Jéhovah a fait en sorte qu’au cours du demi-siècle écoulé le culte pur s’enracine et prospère à la Martinique. Au moyen de son organisation, il a formé ceux qui allaient se voir confier la surveillance de son œuvre. Xavier Noll et sa femme ont reçu une formation de missionnaire lors de la 31classe de Guiléad. Plus tard, frère Noll a reçu une formation complémentaire en suivant le cours de dix mois à Guiléad, en 1964. Cette formation s’est révélée particulièrement utile quand le Collège central a décidé d’ouvrir une filiale à la Martinique, en février 1977.

Les premiers membres du Comité de la filiale étaient Xavier Noll, le coordinateur, Valentin Carel et Gérard Trivini. Plus tard, Armand Faustini, qui avait servi de nombreuses années comme surveillant itinérant, a été nommé au comité. Après la mort de frère Trivini et le départ de frère Carel pour la France, Henri Ursulet a été nommé, en septembre 1989, pour être le troisième membre du Comité de la filiale. Il est né en 1954, l’année où Xavier et Sara Noll sont arrivés de la métropole pour se consacrer au ministère en Martinique. Tout comme Timothée, compagnon de l’apôtre Paul, depuis sa petite enfance, Henri a bénéficié de l’exemple de foi de sa mère. — 2 Tim. 1:5.

En 1975, il y avait dans l’île 1 000 proclamateurs répartis dans 15 congrégations. En 1997, on a enregistré un maximum dépassant les 4 000 proclamateurs. Tous servent Jéhovah dans 46 congrégations. Au cours de ces 20 dernières années nous avons enregistré un accroissement annuel moyen de 7 %.

Il y a déjà un Témoin pour 90 habitants à la Martinique, et plusieurs milliers d’études bibliques sont dirigées avec des personnes qui s’intéressent à la vérité. L’œuvre de Jéhovah est très connue dans toute l’île, et ses Témoins sont tout aussi connus. Il est de plus en plus difficile de dire du mal des Témoins de Jéhovah, car il y a toujours quelqu’un à proximité pour reprendre les calomniateurs. Le témoignage dans les rues, sur les places, sur les marchés et sur les parkings des hôpitaux et des centres commerciaux permet de faire connaître largement le message du Royaume aux gens. Quand ceux-ci entendent quelqu’un demander à la porte de leur maison : “ To-to-to, il y a du monde ? ” ils savent tout de suite que des Témoins de Jéhovah viennent leur parler du Royaume de Dieu.

Dans certaines parties de l’île, il n’est pas rare que des territoires soient parcourus chaque semaine. Quand les proclamateurs vont prêcher, ils n’ont peut-être que 10 ou 15 maisons où se rendre. Dans ces régions, ils donnent le témoignage à des gens qui entendent fréquemment le message. Il leur faut donc varier leurs introductions et les thèmes de leurs discussions. Ils doivent faire un bon usage de toutes les méthodes et suggestions proposées par l’esclave fidèle et avisé. Jusqu’alors, les Témoins des territoires français ne donnaient que très rarement le témoignage dans les rues ; mais maintenant cette forme de prédication est en train de devenir une facette intéressante et productive de leur ministère.

“ Si Bon Dié Lé ”

Les Martiniquais ponctuent régulièrement leurs propos de l’expression “ Si bon Dié lé ” (“ Si Dieu le veut ”). Ce que Dieu veut est clairement exprimé dans la Bible. En Psaume 97:1, on lit : “ Jéhovah lui-​même est devenu roi ! Que la terre soit en joie. Que les îles nombreuses se réjouissent. ” Psaume 148:13 ajoute : “ Qu’ils louent le nom de Jéhovah. ” Et, par l’intermédiaire du prophète Isaïe, Jéhovah lance cette invitation attrayante : “ Ah ! si seulement tu étais bien attentif à mes commandements ! [...] ta paix deviendrait comme un fleuve. ” (Is. 48:18). Dans sa bonté, Dieu désire que “ toutes sortes d’hommes soient sauvés et parviennent à une connaissance exacte de la vérité ”. (1 Tim. 2:4.) La volonté de Dieu est également d’affranchir sa création, de la libérer de ses chaînes et de faire que la terre entière devienne un paradis habité par des humains de toutes races et couleurs, unis dans le culte de leur Créateur (Rom. 8:19 -21). La possibilité de bénéficier de la réalisation de ce dessein plein d’amour est toujours offerte à tous les habitants de la Martinique.

Comme le reste du monde, la Martinique a beaucoup changé au cours des dix dernières années. La drogue, le matérialisme et la décadence morale ont transformé ce qui était auparavant un paradis idyllique. La Parole de Dieu a annoncé ces changements dans l’attitude des hommes et les conditions qui en résultent (2 Tim. 3:1-5). Mais ce n’est pas la volonté de Dieu qu’il en soit ainsi. Bien au contraire, Jéhovah continue de faire venir d’entre les peuples ceux qu’il appelle les “ choses désirables ” et de préparer ses serviteurs à la vie qui sera la leur dans le Paradis dont ils constitueront la société humaine (Hag. 2:7). Ces hommes et ces femmes ne sont pas de ceux qui, indifférents, ne font rien, pensant que, si telle est la volonté de Dieu, cela arrivera de toute façon. Bien au contraire, ils examinent soigneusement les Écritures pour découvrir quelle est la volonté de Dieu, après quoi, motivés par l’amour, ils accomplissent avec zèle les œuvres qui lui plaisent. — Actes 17:11 ; Tite 2:13, 14.

[Carte, page 192]

(Voir la publication)

Les villes dans lesquelles sont réparties 46 congrégations.

SAINT-PIERRE

CASE-PILOTE

SCHŒLCHER (2)

FORT-DE-FRANCE (14)

LES TROIS-ÎLETS

AJOUPA-BOUILLON

LE MORNE ROUGE

GROS-MORNE

VERT-PRÉ

SAINT-JOSEPH (2)

LE LAMENTIN (3)

DUCOS

LE SAINT-ESPRIT

RIVIÈRE-SALÉE

RIVIÈRE-PILOTE

SAINTE-LUCE

BASSE-POINTE

LE LORRAIN

MARIGOT

SAINTE-MARIE

TRINITÉ (2)

LE ROBERT (2)

LE FRANÇOIS (2)

LE VAUCLIN

LE MARIN

SAINTE-ANNE

[Illustrations pleine page, page 162]

[Illustration, page 167]

Xavier et Sara Noll, l’année de leur arrivée à la Martinique.

[Illustrations, page 175]

Quelques chrétiens fidèles qui servent Jéhovah depuis longtemps : 1) Léon Bellay, 2) Jules Nubul, 3) Germain Bertholo, 4) Philippe Dordonne, 5) Roger Rosamond, 6) Christian Bellay, 7) Albert Nelson, 8) Vincent Zébo, 9) Vincent Muller.

[Illustrations, page 177]

Des femmes qui ont laissé un bel exemple comme enseignantes de la Parole de Dieu : 1) Stella Nelzy, 2) Victor Fousse (maintenant Lasimant), 3) Léonide Popincourt, 4) Andrée Zozor, 5) Emma Ursulet.

[Illustration, page 183]

La première Salle du Royaume possédée par les Témoins (à Fort-de-France).

[Illustration, page 186]

La famille Moutoussamy, dont tous les membres font partie de la congrégation chrétienne.

[Illustration, page 191]

La montagne Pelée, et Saint-Pierre le long de la côte.

[Illustration, page 199]

La famille du Béthel de la Martinique.

[Illustrations, page 207]

Enfin une Salle d’assemblées, à Rivière-Salée.