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Uruguay

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QUAND, en 1516, les Espagnols sont arrivés en Uruguay, ils n’ont trouvé ni or ni argent, ni le passage vers l’Orient qu’ils recherchaient. Mais par la suite ils se sont rendu compte que le relief vallonné et le climat tempéré du pays convenaient parfaitement à l’élevage. C’était un excellent moyen de faire fortune. Recourant alors aux méthodes trop souvent employées par les puissances coloniales, l’Espagne déclencha une campagne militaire agressive visant à exterminer les Indiens Charruas et à s’approprier le pays. Au cours des XVIIe et XVIIIsiècles, les Espagnols ont presque anéanti et remplacé la population indigène. Par la suite, des milliers d’immigrés arrivèrent également d’Italie et d’autres pays. Les habitants de l’Uruguay sont donc pour la plupart des descendants d’immigrés européens, et l’espagnol est la langue officielle du pays.

L’influence européenne est prédominante parmi les plus de trois millions d’habitants, mais environ 10 % de ceux-ci sont d’origine indienne, et moins de 3 % descendent des esclaves amenés d’Afrique. La majorité des Uruguayens ne se préoccupent guère de religion, et l’Église catholique n’exerce pas sur le peuple la même emprise que dans les autres pays sud-américains. En réalité, depuis le début du XXsiècle, il y a une séparation très nette entre l’Église et l’État. Toutefois, s’il y a de nombreux libres penseurs, agnostiques et autres athées, beaucoup de gens croient encore en Dieu. On entend souvent ces propos très révélateurs de leur position : “ Je crois en Dieu, mais pas à la religion. ”

Comment ces gens allaient-​ils réagir quand, au lieu de leur enseigner les croyances de la chrétienté, on leur apprendrait à connaître le vrai Dieu dont le dessein empreint d’amour et les actes de bonté en faveur du genre humain sont exposés dans la Bible ? Se révéleraient-​ils être du nombre des “ choses désirables ” que Jéhovah accueille dans sa maison de culte spirituelle ? — Hag. 2:7.

Un petit commencement

En 1924, Juan Muñiz, venu d’Espagne, se mit à la recherche de personnes sincères qui deviendraient des adorateurs de Jéhovah. C’est Joseph Rutherford, alors président de la Watch Tower Bible and Tract Society, qui lui avait demandé de se rendre en Amérique du Sud et de diriger l’œuvre de prédication en Argentine, au Chili, au Paraguay et en Uruguay. Peu après son arrivée en Argentine, Juan Muñiz traversa le Río de la Plata pour prêcher aux habitants de l’Uruguay.

Durant les 43 années qui ont suivi et jusqu’à sa mort, survenue en 1967, Juan Muñiz a été un enseignant hardi de la Parole de Dieu et a contribué à la propagation de la bonne nouvelle dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont l’Uruguay. De nombreux Témoins de Jéhovah ayant vécu à cette époque se rappellent comment il pouvait captiver un auditoire pendant deux à trois heures en se servant uniquement de la Bible, sans consulter aucune note.

L’appel pour davantage d’ouvriers est entendu

Peu après son arrivée en Amérique du Sud, Juan Muñiz discerna que l’œuvre consistant à faire des disciples offrait de belles perspectives et comprit qu’il y avait un grand besoin de prédicateurs. Il a dû éprouver les mêmes sentiments que Jésus quand il a dit : “ La moisson est grande, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. ” (Mat. 9:37, 38). En harmonie avec ses prières adressées à Jéhovah, le “ Maître de la moisson ”, frère Muñiz a fait part de ses préoccupations à frère Rutherford.

Répondant à la requête de frère Muñiz, lors d’une assemblée à Magdebourg en 1925, frère Rutherford demanda à un pionnier allemand s’il était disposé à apporter son aide en Amérique du Sud. Ce frère, Karl Ott, accepta cette affectation et il fut bientôt connu par les frères d’expression espagnole sous le nom de Carlos Ott. En 1928, après avoir effectué pendant un temps son service en Argentine, il fut envoyé à Montevideo, la capitale de l’Uruguay. Il servit dans ce pays pendant les dix années qui suivirent.

Carlos s’est aussitôt mis à l’œuvre, faisant preuve de zèle et d’ingéniosité. Il a très vite trouvé dans la rue Río Negro un endroit où habiter et tenir des réunions pour l’étude de la Bible avec les quelques personnes qui s’y intéressaient. Il a également fait diffuser des discours bibliques à la radio. Une station de radio a même accepté de le faire gratuitement.

Carlos entrait parfois dans un restaurant et abordait les clients en train de prendre un repas. Un jour qu’il donnait ainsi le témoignage de table en table, il a rencontré José Gajek, un commerçant allemand, qui a rapidement accepté la vérité. José n’a pas tardé à accompagner Carlos dans son activité et à devenir ainsi un des tout premiers proclamateurs de la bonne nouvelle en Uruguay.

Déterminé à prêcher la bonne nouvelle du Royaume à plein temps, frère Gajek a vendu son magasin et a entrepris le service de pionnier. Frère Ott et lui ont parcouru une grande partie du pays, prêchant de maison en maison et donnant des discours bibliques dans de nombreuses villes. Frère Gajek a semé de la graine en abondance dans le cœur de beaucoup d’Uruguayens jusqu’à sa mort, en 1953. Un grand nombre de ses étudiants sont devenus membres de la congrégation chrétienne et sont restés fidèles jusqu’à ce jour.

Des Russes acceptent la vérité

Au cours de la Première Guerre mondiale, plusieurs familles russes sont arrivées et se sont établies dans le nord de l’Uruguay, où elles ont fondé des colonies agricoles prospères. Elles ont conservé leur respect traditionnel de la Bible qu’elles lisaient régulièrement. Très travailleurs et de caractère réservé, ces Russes formaient une communauté austère qui n’avait que peu de contact avec la société uruguayenne. C’est dans cette région qu’est entré en scène un autre proclamateur des débuts ; il s’appelait Nikifor Tkachenko.

En Bessarabie, où il était né, Nikifor avait été un communiste convaincu. Mais peu après qu’il a émigré au Brésil, on lui a donné une brochure intitulée Où sont les morts ? publiée par la Société Watch Tower. Il a tout de suite reconnu le son de la vérité et est devenu un ardent étudiant de la Bible. Il n’a pas tardé à prêcher parmi la population russe de la région de São Paulo. Désireux de prêcher dans sa langue à ses compatriotes d’Uruguay, il a fait un voyage de quelque 2 000 kilomètres. C’est ainsi qu’en 1938 frère Tkachenko est arrivé dans une communauté russe du nom de Colonia Palma, dans le nord de l’Uruguay, où il a prêché avec un tel zèle qu’il a eu vite fait d’épuiser son stock de publications bibliques en russe.

Les fermiers ont accueilli le message avec enthousiasme, et des familles entières ont étudié la Bible et accepté la vérité. Elles ont été parmi les “ choses désirables ” invitées à venir à la maison de Jéhovah. Les Tkachenko, Stanko, Cotlearenco, Gordenko, Seclenov et Sicalo ne sont que quelques-unes des familles dont les petits-enfants et les arrière-petits-enfants ont constitué le noyau de plusieurs congrégations du nord du pays comme Bella Unión, Salto et Paysandú. Des membres de ces familles ont été pionniers spéciaux, anciens, surveillants de circonscription ou missionnaires. Quant à frère Tkachenko, il est resté fidèle jusqu’à sa mort survenue en 1974.

Les six Allemands

En raison des violentes persécutions que les Témoins de Jéhovah subissaient en Allemagne nazie, de nombreux pionniers allemands ont quitté leur pays pour poursuivre leur service en Amérique du Sud. Au début de 1939, six de ces pionniers sont arrivés à Montevideo, sans un sou et avec très peu de bagages. Ils ont été heureux d’y rencontrer Carlos Ott, qui était là pour les accueillir. Il s’agissait de Gustavo et Betty Bender, Adolfo et Carlota Voss, Kurt Nickel et Otto Helle. Trois jours après leur arrivée, ils prêchaient déjà de maison en maison. Ne connaissant pas l’espagnol, ils utilisaient une carte de témoignage imprimée. Tout ce qu’ils pouvaient dire en espagnol était “ Por favor, lea esto ” (“ S’il vous plaît, lisez ceci ”). Malgré leur connaissance limitée de l’espagnol, c’est à ce groupe de pionniers allemands qu’on laissa le soin de s’occuper de l’œuvre du Royaume en Uruguay quand frère Ott fut de nouveau affecté en Argentine.

Les premiers mois n’ont pas été faciles. Apprendre la langue du pays relevait du défi. Il n’était pas rare qu’ils invitent les gens aux riñones (les reins) plutôt qu’aux reuniones (les réunions) ; ils parlaient des abejas (les abeilles) au lieu des ovejas (les brebis) ; et ils demandaient de l’arena (du sable) plutôt que de la harina (la farine). L’un d’eux se souvient : “ Prêcher de maison en maison et diriger des études bibliques ou les réunions sans connaître la langue était une tâche très difficile. De plus, nous n’avions aucune aide financière. Nous utilisions les contributions reçues en échange de publications pour acheter de la nourriture et payer nos frais de transport. À la fin de 1939, nous étions reconnaissants d’avoir enregistré 55 abonnements et laissé plus de 1 000 livres et 19 000 brochures. ”

À bicyclette et sous la tente

Ces six Allemands ne se décourageaient pas facilement. Ils ont peu après commencé à parcourir le pays pour y prêcher la bonne nouvelle, et ce de la façon la plus économique. Ils ont acheté six bicyclettes. Otto Helle et Kurt Nickel ont parcouru à bicyclette 615 kilomètres en quelques jours jusqu’à Colonia Palma pour y aider frère Tkachenko. Mais imaginez leur surprise quand ils ont constaté que celui-ci ne parlait ni l’espagnol ni l’allemand, alors qu’eux-​mêmes ne comprenaient pas un mot de russe ! Ressentant les effets des événements qui avaient eu lieu à Babel, ils ont décidé de prêcher avec leur espagnol bien limité dans la ville voisine de Salto, tandis que frère Tkachenko continuerait de donner le témoignage aux Russes. — Gen. 11:1-9.

Pendant ce temps, les Bender avaient commencé un voyage de plusieurs centaines de kilomètres sur des chemins de gravier et poussiéreux pour répandre le message de la Bible dans les villes du sud. Sur leurs bicyclettes ils transportaient une tente, un petit réchaud, des ustensiles de cuisine, des publications, un phonographe avec des disques de discours bibliques, ainsi que des vêtements pour plusieurs mois. Le matériel chargé sur chaque bicyclette pesait l’équivalent d’une deuxième personne de quelque 60 kilos. C’est avec cet équipement sommaire qu’ils ont affronté le froid, la chaleur et la pluie. Parfois, pataugeant dans les eaux en crue, ils devaient tout porter sur leurs épaules pour que les livres et le phonographe ne soient pas mouillés.

La tente était l’élément essentiel de leur équipement. Les Bender avaient traité la toile avec de l’huile et de l’ail pour la rendre étanche et la protéger des mites. Mais un matin, à leur réveil, ils furent stupéfaits de voir le ciel à travers une dizaine de trous dans la toile de leur tente. Durant la nuit, les fourmis n’avaient pu résister à la tentation d’un excellent repas : de la toile avec de l’huile et de l’ail ! Le couple allemand avait sous-estimé l’appétit vorace des fourmis.

Des “ espions nazis ” ?

Alors qu’ils prêchaient à l’intérieur du pays, la nationalité allemande de Gustavo et Betty Bender est devenue un de leurs plus gros problèmes. Pourquoi ? On était alors en pleine Deuxième Guerre mondiale, et la radio et les journaux uruguayens donnaient des nouvelles sensationnelles sur l’avance des armées allemandes en Europe. Un jour, alors que les Bender campaient non loin d’une ville, la radio a annoncé que les Allemands avaient lâché derrière les lignes ennemies des parachutistes armés avec leurs bicyclettes. Pris de panique, les habitants de la ville en ont immédiatement conclu que les deux Allemands qui campaient à proximité étaient des espions nazis. Accompagnée d’un groupe important d’hommes armés, la police s’est immédiatement rendue au campement des Bender pour enquêter.

On interrogea Gustavo et Betty. Remarquant que certains objets étaient recouverts d’une toile, les policiers, nerveux, demandèrent : “ Que cachez-​vous sous cette toile ? ” “ Nos deux bicyclettes et des publications bibliques ”, répondit Gustavo. Avec un regard de méfiance, un policier lui ordonna de soulever la toile. Il ne découvrit aucune arme à feu, mais deux bicyclettes et des publications bibliques, au grand soulagement des policiers. Ceux-ci invitèrent amicalement les Bender à demeurer en un endroit plus hospitalier, le poste de police, durant le temps où ils prêcheraient dans la ville.

Les six Allemands ont prêché fidèlement pendant plusieurs dizaines d’années en Uruguay. Après la mort de Gustavo Bender, en 1961, sa femme est repartie en Allemagne où elle a poursuivi son service de pionnier. Elle est décédée en 1995. Adolfo et Carlota Voss ont été missionnaires en Uruguay jusqu’à leur mort survenue respectivement en 1993 et en 1960. Kurt Nickel est resté en Uruguay jusqu’à sa mort, en 1984. Quant à Otto Helle, au moment de la rédaction de ce récit, dans sa quatre-vingt-douzième année, il servait toujours en Uruguay.

Les graines portent du fruit

Ces premiers proclamateurs de la bonne nouvelle en Uruguay recherchaient avec zèle de futurs sujets du Royaume de Dieu. En 1944, 20 proclamateurs et 8 pionniers rapportaient leur activité dans le pays. C’était un petit commencement. D’autres “ choses désirables ” devaient encore être trouvées.

María de Berrueta et ses quatre enfants — Lira, Selva, Germinal et Líber — ont commencé à assister aux réunions chrétiennes en 1944. Peu après, Lira et Selva se sont mises à prêcher et, quelques mois plus tard, elles ont entrepris le service de pionnier. Elles accompagnaient Aida Larriera, une des premières proclamatrices très zélées du pays. Toutefois, les membres de la famille Berrueta n’avaient pas encore symbolisé l’offrande de leur personne à Dieu par le baptême d’eau. Lors d’une de ses visites, Juan Muñiz, qui venait d’Argentine, nota cette anomalie. C’est ainsi que Lira et Selva ont été baptisées, en même temps que leur frère Líber et leur mère María, six mois après avoir entrepris le ministère à plein temps.

“ Soutenus par la faveur imméritée de Jéhovah, nous n’avons jamais renié notre vœu ”, dit Lira. En 1950, elle a été invitée à l’École de Guiléad. Devenue missionnaire, elle a été envoyée en Argentine où elle a servi pendant 26 années, jusqu’en 1976, date à laquelle elle est revenue en Uruguay. Selva a également suivi les cours de Guiléad, avec son mari, en 1953. Ils ont été affectés en Uruguay où son mari a servi comme surveillant de circonscription. Elle est restée fidèle jusqu’à sa mort, en 1973. Líber s’est marié, a élevé des enfants et a goûté à de nombreux privilèges de service. Jusqu’à sa mort survenue en 1975 il a été le président de l’association qu’utilisent officiellement les Témoins de Jéhovah d’Uruguay, la Sociedad La Torre del Vigía. Qu’est devenu Germinal ? Il cessa de fréquenter les Témoins de Jéhovah, mais 25 ans plus tard la graine de la vérité germa de nouveau dans son cœur. Aujourd’hui, il est ancien dans une des congrégations de Montevideo.

Des missionnaires de Guiléad arrivent

En mars 1945, Nathan Knorr et Frederick Franz, du siège mondial de la Société, effectuèrent leur première visite en Uruguay. Ils furent une source d’encouragement pour tous. Un autre frère, Russell Cornelius, arrivé à peu près en même temps, n’allait pas seulement faire une courte visite en Uruguay. Pour le plus grand bonheur des frères, il s’agissait du premier missionnaire de Guiléad affecté en Uruguay. À son arrivée, il ne parlait que quelques mots d’espagnol, mais il était résolu à apprendre. Six semaines plus tard, il donnait son premier discours public en espagnol. Il a été d’une aide très précieuse pour l’œuvre du Royaume en Uruguay.

La même année, la Société a envoyé 16 autres missionnaires, toutes de jeunes sœurs. Leur présence à Montevideo a été aussitôt remarquée. Un journal a écrit que “ des anges blonds maquillés ” étaient descendus du ciel à Montevideo. Elles ont aussitôt commencé à prêcher avec zèle et enthousiasme. Les résultats de leur ministère n’ont pas tardé. L’assistance au Mémorial est passée de 31 personnes en 1945 à 204 l’année suivante. Plus tard, plusieurs de ces missionnaires ont été envoyées dans des villes de l’intérieur. Jéhovah a béni les efforts de ces missionnaires qui prêchaient dans des territoires où n’avait jamais pénétré la bonne nouvelle.

Au cours des années, plus de 80 missionnaires ont servi en Uruguay. Certains y sont toujours ; il s’agit d’Ethel Voss, Birdene Hofstetter, Tove Haagensen, Günter Schönhardt, Lira Berrueta et Florence Latimer. Tous ont passé plus de 20 ans dans cette affectation. Le mari de sœur Latimer, William, est mort dans son affectation après avoir été 32 ans missionnaire et servi bon nombre d’années comme surveillant itinérant.

Une réunion bien protégée

Jack Powers, un missionnaire de la première classe de Guiléad, a commencé à servir en Uruguay le 1er mai 1945. Sa femme Jane et lui ont œuvré inlassablement en faveur du Royaume jusqu’en 1978, quand ils ont dû retourner aux États-Unis pour s’occuper de leurs parents infirmes. Jack se souvient d’un incident inoubliable qu’il a vécu alors qu’il était en Uruguay. En 1947, il est arrivé à Rivera, une ville du nord du pays près de la frontière avec le Brésil. Alors qu’il n’y avait pas de proclamateur à Rivera, avec l’aide d’un frère venu du Brésil il a prêché pendant un mois dans cette ville, diffusant plus de 1 000 exemplaires de la brochure Un monde, un gouvernement en espagnol.

Pour bien terminer son mois d’activité, il a décidé d’organiser une réunion publique sur la Plaza Internacional. Comme son nom l’indique, la Plaza était située en un endroit central, juste sur la frontière entre le Brésil et l’Uruguay. Après avoir annoncé la réunion pendant plusieurs jours, les deux frères ont pris place sur la Plaza, espérant voir une foule de gens s’y presser pour écouter le discours. Peu après sont arrivés 50 policiers armés pour maintenir l’ordre durant la réunion. Quelle a été l’assistance ? Au total, 53 personnes : les deux frères, une personne que le sujet du discours intéressait et les 50 policiers. La réunion s’est effectivement déroulée dans l’ordre, et elle a été vraiment bien protégée !

L’année suivante, la Société a affecté cinq missionnaires à Rivera, et, peu après l’arrivée de ces missionnaires, Nathan Knorr et Milton Henschel, du siège mondial de la Société, ont tenu une réunion à Rivera à laquelle ont assisté 380 personnes. Au cours des années, de nombreux habitants de Rivera ont accueilli favorablement le message du Royaume, et aujourd’hui il y a deux congrégations actives dans ce territoire.

Deux voisines curieuses

Située sur la rive orientale de l’Uruguay, Salto est une des villes les plus importantes de l’intérieur du pays. C’est une région agricole très fertile, célèbre pour ses oranges et autres agrumes. Mais Salto s’est également révélée fertile dans un sens spirituel, puisque la région compte aujourd’hui cinq congrégations. Toutefois, c’est seulement en 1947 que les missionnaires ont commencé à rechercher à Salto des “ choses désirables ” pour Jéhovah.

Cette année-​là, Mabel Jones, une des 16 sœurs missionnaires arrivées en 1945, s’est rendue pour quelques semaines à Salto avec d’autres missionnaires, afin d’y susciter l’intérêt pour l’assemblée qui devait y être organisée. Deux voisines, Carola Beltramelli et son amie Catalina Pomponi, observaient Mabel avec curiosité. Un samedi après-midi, alors que Mabel rentrait chez elle après avoir participé à la prédication, les deux voisines curieuses l’ont abordée et lui ont posé des questions sur la Bible. Catalina Pomponi se souvient : “ J’avais toujours eu des craintes d’ordre religieux. C’est pourquoi j’avais commencé à lire la Bible seule. J’avais appris beaucoup de choses, par exemple qu’on devait prier Dieu dans le secret de sa maison pour ne pas être vu des autres. Après cela, je me suis souvent agenouillée pour prier Dieu de me donner la compréhension. La première fois que Mabel Jones nous a parlé, nous avons eu l’impression qu’un voile était ôté de devant nos yeux. Je suis rentrée chez moi, je me suis agenouillée et j’ai remercié Dieu. Le lendemain Carola et moi assistions à la réunion publique, à l’assemblée. ”

Malgré l’opposition de leurs maris, les deux voisines de Mabel ont fait de rapides progrès et se sont fait baptiser. Plus tard, Catalina Pomponi a été nommée pionnière spéciale. Au cours de sa carrière productive de 40 années dans le service à plein temps, elle a aidé 110 personnes à se faire baptiser Témoins de Jéhovah. Carola Beltramelli a elle aussi été une proclamatrice du Royaume très zélée ; elle a aidé plus de 30 personnes à se faire baptiser. Ses deux fils sont devenus pionniers. Delfos, l’aîné, a eu le privilège d’aller à l’École de Guiléad, et depuis 1970 il apporte son aide dans la surveillance de la filiale.

Au pays du maté

Durant leur activité dans les régions rurales, les missionnaires sont allés dans plusieurs estancias, d’immenses élevages de bétail et de moutons. Les gens qui y vivent sont simples et hospitaliers. Ils invitent souvent les Témoins à boire le maté, leur boisson traditionnelle. C’est une infusion bouillante que l’on aspire à petites gorgées d’une gourde à l’aide d’une bombilla, un tube métallique se terminant par une passoire. Pour les Uruguayens, préparer et servir le maté est presque une cérémonie. Une fois l’infusion servie, la gourde passe de l’un à l’autre, chacun buvant à la même bombilla.

Imaginez la réaction des missionnaires quand on les a invités pour la première fois à boire le maté de cette façon. Au grand amusement de leurs hôtes, ils faisaient toutes sortes de grimaces en buvant cette boisson verte et amère. Certains ont décidé que leur première tentative serait aussi la dernière et, après cela, ils ont décliné poliment toute nouvelle invitation à boire le maté.

‘ Si vous avez des images, je ne reviendrai pas ’

Un groupe de missionnaires ont été affectés dans la ville de Tacuarembó, dans le nord de l’Uruguay. Aux alentours de la ville, il y a de grandes estancias et d’autres exploitations agricoles. En 1949, Gerardo Escribano, un jeune fermier qui se posait de nombreuses questions sur la vie, a reçu une invitation pour un discours public à la Salle du Royaume. Il a accepté l’invitation, mais à une condition : “ Si vous avez des images et qu’on me demande de répéter des prières, je ne reviendrai pas. ”

Gerardo a été très content de voir qu’il n’y avait aucune image dans la Salle du Royaume et qu’on n’y observait aucun rite. Il a apprécié le discours public, qui a ravivé son intérêt pour la Bible. Il a continué d’assister aux réunions et il est devenu un serviteur de Jéhovah voué et baptisé. Au cours des années, il a goûté à de nombreux privilèges : il a été pionnier spécial, surveillant de circonscription et de district. Frère Escribano et sa femme Ramona totalisent à eux deux 83 années de service à plein temps. Depuis 1976, frère Escribano est membre du Comité de la filiale aux côtés de Delfos Beltramelli et de Günter Schönhardt, un missionnaire venu d’Allemagne qui, depuis de nombreuses années, contribue beaucoup à bâtir spirituellement les congrégations proches de la filiale.

La moisson s’accélère

“ La moisson est grande, mais les ouvriers sont peu nombreux ”, a dit Jésus (Mat. 9:37, 38). Avec un si vaste territoire à parcourir, ces paroles revêtaient une signification toute particulière pour les missionnaires d’Uruguay. Mais au fur et à mesure que les années passaient, il devenait évident que Jéhovah soutenait et bénissait les efforts de ses ouvriers.

En 1949, quand frères Knorr et Henschel sont venus pour la deuxième fois en Uruguay, 592 personnes se sont réunies à Montevideo pour écouter le discours de frère Knorr intitulé “ Il est plus tard que vous ne le pensez ! ” À cette occasion, il y a eu 73 baptêmes. Le pays comptait 11 congrégations. Dix ans plus tard, lors de sa quatrième visite, frère Knorr a donné un discours devant plus de 2 000 personnes à Montevideo. Il y avait alors 1 415 proclamateurs et 41 congrégations en Uruguay.

Les années 50 ont été marquées par un accroissement du nombre des congrégations dans tout le pays. Toutefois, beaucoup tenaient leurs réunions dans des foyers privés. Dans l’un d’eux, le maître de maison avait fort astucieusement installé des roulettes sous tous les meubles. Quand c’était le moment de faire de la place pour la réunion de la congrégation, il suffisait de pousser les meubles. Dans un autre endroit, la congrégation se réunissait dans une petite pièce sur le devant d’une maison privée. Au fur et à mesure que la congrégation grandissait, on enlevait des cloisons pour accueillir les assistants plus nombreux. Avec le temps, presque toutes les cloisons avaient été ôtées, et la famille avait accepté de vivre dans un espace réduit à l’arrière de la maison.

Le film La Société du Monde Nouveau en action s’est révélé un instrument remarquable pour faire connaître l’œuvre des Témoins de Jéhovah aux Uruguayens. Ce film est arrivé en Uruguay en 1955, et cette année-​là, se déplaçant dans l’intérieur du pays, frère Líber Berrueta l’a projeté devant plus 4 500 personnes. Cette projection a incité de nombreuses personnes qui n’avaient jusque-​là manifesté que peu d’intérêt pour notre œuvre à étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah.

De nouveaux bâtiments pour la filiale

Le nombre des proclamateurs continuant d’augmenter rapidement, il était évident qu’il fallait des locaux adaptés pour abriter les bureaux de la filiale et loger les missionnaires. Au cours des années, on avait loué différents bâtiments pour remplir ce rôle, mais le moment était venu pour la Société d’acheter un terrain et d’y construire ses propres bâtiments. Le prix des terrains dans le centre de la capitale, Montevideo, étant trop élevé, il semblait n’y avoir d’autre choix que d’acheter un terrain dans les faubourgs de la ville. On acheta donc un terrain assez grand en 1955. Les plans de la construction avaient été approuvés et les équipes étaient prêtes à commencer le travail sur le site, quand les frères ont appris avec surprise que la municipalité avait décidé de prolonger une des avenues principales et de la faire passer juste au milieu du terrain que nous venions d’acquérir.

Qu’allaient faire les frères ? Des négociations ont été entamées avec les autorités. En guise de solution, celles-ci proposaient d’acheter le terrain de la Société, mais le prix qu’elles offraient était inférieur à celui que les frères avaient payé. Il ne suffirait pas à acheter un autre terrain équivalent.

“ À un certain moment, nous pensions que, pour Jéhovah, ce n’était peut-être pas le moment de construire, se souvient Jack Powers, mais nous n’avons pas tardé à mieux comprendre les paroles de Paul en Romains 11:34 : ‘ Qui est parvenu à connaître la pensée de Jéhovah, ou qui est devenu son conseiller ? ’ Un des fonctionnaires laissa entendre que nous pourrions peut-être échanger notre terrain contre un des terrains inutilisés appartenant à la municipalité. Il nous proposa un terrain d’une superficie équivalente, idéalement situé dans le centre de Montevideo, rue Francisco Bauzá. Nous avons accepté l’offre sans hésiter. Après tout, ce terrain avait une valeur plusieurs fois supérieure à celle de celui que nous avions acheté, et nous ne devions pas débourser un centime ! Vraiment, la main de Jéhovah dirige les choses en faveur de son peuple. ”

Un architecte prend une décision

La construction des nouveaux bâtiments pour la filiale a été dirigée par Justino Apolo, un architecte très connu. Justino venait de commencer à étudier la Bible avec un des missionnaires. “ J’avais toujours désiré trouver la vérité sur Dieu, se souvient Justino. J’avais reçu une éducation catholique, mais au fil des années j’avais été de plus en plus déçu. Je me souviens très bien du jour où je suis allé à l’église pour les préparatifs de mon mariage. Le prêtre m’a demandé : ‘ Combien de lampes allumées voulez-​vous avoir durant la cérémonie ? Plus il y aura de lampes, plus cher ce sera, mais vous serez sûr d’impressionner vos amis. ’ Je voulais évidemment une belle cérémonie ; j’ai donc demandé beaucoup de lampes. Le prêtre m’a demandé ensuite : ‘ Voulez-​vous un tapis rouge ou blanc ? ’ La différence ? ‘ Le tapis rouge fait davantage ressortir la robe de la mariée, a-​t-​il expliqué, mais il coûte deux fois plus cher. ’ Puis est venue la question de l’‘ Ave Maria ’. ‘ Voulez-​vous un seul chanteur ou un chœur ? ’ Et le prêtre a continué à me vendre la cérémonie morceau par morceau.

“ Je me suis bien marié à l’église, mais j’étais très irrité par tout ce commerce religieux. Quand j’ai commencé à étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah, la différence a été évidente. J’ai vite compris que j’avais trouvé la vérité. ”

Après des mois d’étude, tout en travaillant à la construction du Béthel et en s’associant aux Témoins de Jéhovah, Justino a compris qu’il devait prendre une décision. Après l’achèvement des travaux de construction en 1961, cet architecte a pris la bonne décision et s’est fait baptiser. Justino sert aujourd’hui comme ancien et il a collaboré à la construction de plus de 60 Salles du Royaume en Uruguay.

La filiale continue de s’agrandir

L’inauguration joyeuse du nouveau et beau bâtiment a eu lieu le 28 octobre 1961. Le rez-de-chaussée offrait de la place pour des bureaux, un dépôt de publications et une Salle du Royaume confortable. À l’étage, il y avait neuf chambres qui permettaient de loger les missionnaires et les frères servant au bureau.

Pour les 1 570 proclamateurs qui se dépensaient alors dans le pays, le nouveau Béthel paraissait en mesure de faire face à l’accroissement attendu dans les années suivantes. Mais l’accroissement a été plus rapide que prévu, et en 1985 la surface de plancher a été doublée par la construction d’un autre bâtiment d’un étage.

Plus récemment, la Société a acquis un excellent terrain dans la banlieue de Montevideo. La construction de nouveaux bâtiments pour la filiale et d’une Salle d’assemblées avance bien. Avec l’aide d’une équipe de travailleurs internationale, on espère l’achever en 1999.

La formation des surveillants

Pour faire face à l’accroissement du nombre des “ choses désirables ” en Uruguay, il ne fallait pas seulement des bâtiments pour la filiale, mais aussi des bergers. Entre 1956 et 1961, le nombre des proclamateurs avait doublé et 13 nouvelles congrégations avaient été formées. L’École du ministère du Royaume était donc une disposition pleine d’amour qui arrivait à point nommé. Quand elle a commencé, en 1961, de nombreux frères assumant des responsabilités dans les congrégations se sont organisés pour suivre les cours d’un mois. Beaucoup ont dû faire un long voyage, et certains ont risqué de perdre leur emploi pour assister à la totalité des cours.

Par exemple, Horacio Leguizamón vivait à Dolores, à 300 kilomètres de Montevideo, où se tenait l’École du ministère du Royaume. Quand il a demandé un mois de congé à son employeur, celui-ci lui a répondu que c’était impossible. Frère Leguizamón lui a alors expliqué que cette formation était très importante pour lui et qu’il voulait en bénéficier même s’il devait perdre son emploi. Quelques jours plus tard, il a été surpris d’apprendre que son patron avait décidé de faire une exception pour qu’il puisse aller à cette école sans perdre son emploi.

Les cours méritaient-​ils que l’on s’attire de telles difficultés ? “ Nous n’avions jamais connu quelque chose de comparable, déclare un des premiers élèves. Le fait d’être en compagnie de frères mûrs venus de tout le pays nous donnait l’impression de vivre un mois dans le monde nouveau. L’école nous a donné une formation appropriée pour relever le défi proposé : bien faire paître le troupeau, avec le soutien plein d’amour de l’organisation visible de Jéhovah. ”

L’École du ministère du Royaume a permis à des centaines de chrétiens mûrs d’être mieux équipés, ce qui a contribué à l’affermissement des congrégations, et ce à une époque où les difficultés propres à l’actuel système de choses s’aggravaient.

Pauvres, mais riches spirituellement

Selon des historiens uruguayens, les années 60 ont marqué le début de la récession économique dans le pays. Les produits traditionnellement exportés, tels que le bœuf, le cuir et la laine, ont peu à peu perdu de leur valeur sur le marché international. Beaucoup de banques et de grosses sociétés se sont déclarées en faillite, faisant de nombreux chômeurs. Les gens étaient très inquiets à cause de l’inflation non maîtrisée, de la dévaluation de la devise nationale, de l’accroissement des impôts et des difficultés à se procurer la nourriture et les autres choses nécessaires.

La crise économique a eu de graves conséquences d’ordre social. L’appauvrissement de l’importante classe moyenne a provoqué une augmentation de la criminalité. Le mécontentement a suscité de fréquentes et parfois violentes manifestations contre les autorités. Des milliers d’Uruguayens, surtout des jeunes, sont partis dans d’autres pays pour échapper à la crise qui s’aggravait rapidement.

En revanche, au sein de l’organisation de Jéhovah, les années 60 ont vu une croissance spirituelle qui faisait penser aux paroles d’Isaïe 35:1, 2 : “ Le désert et la région aride exulteront, la plaine désertique sera joyeuse et fleurira comme le safran. À coup sûr, elle fleurira et vraiment elle sera joyeuse avec allégresse et avec des cris de joie. ” Entre 1961 et 1969, on a formé 15 congrégations et atteint le chiffre maximum de 2 940 proclamateurs.

Le 9 décembre 1965, le gouvernement a approuvé l’enregistrement légal de notre association, connue sous le nom de Sociedad La Torre del Vigía. Cet instrument juridique a rendu possible l’obtention de permis spéciaux et d’exemptions de taxes pour l’impression, l’importation et la distribution de bibles et de publications bibliques. Ce statut légal a également permis d’acheter des terrains et de construire des Salles du Royaume.

La “ grande assemblée ”

On se souviendra aussi de 1967 comme de l’année de la “ grande assemblée ”. Quelque 400 Témoins étrangers venus des États-Unis et d’Europe, dont frères Franz et Henschel, y ont assisté. Une assistance de 3 958 personnes a suivi pour la première fois une représentation biblique en costumes d’époque. C’était également la première fois que les frères utilisaient le Palacio Peñarol, un vaste palais des sports où avaient lieu tous les grands événements sociaux, artistiques et sportifs de Montevideo.

De nombreux frères uruguayens ont fait des efforts extraordinaires pour couvrir leurs frais de voyage et de logement. Une sœur a lavé à la main le linge d’autres personnes pendant six mois pour avoir assez d’argent pour le voyage. Une autre, dont le mari s’opposait à ce qu’elle soit Témoin de Jéhovah, s’est procuré l’argent nécessaire en préparant des rafraîchissements glacés qu’elle vendait aux gens du quartier.

Quelle impression l’assemblée a-​t-​elle faite sur les administrateurs du palais des sports ? L’un d’eux a déclaré que “ le Palacio Peñarol n’avait jamais été aussi propre ni autant débarrassé de ses mauvaises odeurs ”. Les administrateurs ont été si impressionnés par le bon ordre et l’excellente organisation des Témoins qu’ils ont mis leurs bureaux personnels à la disposition des frères qui organisaient l’assemblée. Après cela, le palais des sports a été utilisé pour de nombreuses assemblées de district jusqu’en 1977. Cette année-​là, le gouvernement a changé d’attitude envers les Témoins de Jéhovah, si bien que pendant plusieurs années l’organisation d’assemblées de district a été l’objet de restrictions.

“ Prudents comme des serpents ”

Au début des années 70, l’économie de l’Uruguay s’était encore dégradée. Les actes de désobéissance civile devenaient plus fréquents, et les manifestations de travailleurs ou d’étudiants donnaient lieu à des saccages violents et destructeurs. Des bandes armées de guérilleros ont fait leur apparition dans les grandes villes. La terreur se répandait du fait que ces bandes se livraient au vol, à des attentats, à des agressions et au kidnapping. Au milieu de tous ces troubles, l’armée, de plus en plus puissante, a renversé le gouvernement en 1973.

Les militaires ont dirigé le pays avec une poigne de fer. Toute activité politique ou syndicale était interdite, et la presse était censurée. On ne pouvait organiser de réunions publiques sans autorisation préalable des autorités. Les libertés individuelles étaient strictement limitées. Comment, dans des conditions aussi troublées, les frères allaient-​ils ‘ prêcher la parole ’ ? — Voir 2 Timothée 4:2.

Frère Escribano se souvient : “ En ces jours-​là, nous devions comme jamais auparavant suivre le conseil de Jésus donné en Matthieu 10:16 : ‘ Voyez ! Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; montrez-​vous donc prudents comme des serpents et pourtant innocents comme des colombes. ’ La Société a donc rapidement donné des instructions à tous les anciens, afin que les proclamateurs reçoivent la formation nécessaire pour continuer à prêcher avec zèle, mais avec prudence et discernement. ”

Comme des membres du clergé et d’autres groupements religieux avaient apporté leur soutien aux rebelles, le nouveau gouvernement militaire se montrait suspicieux envers tous les mouvements religieux, y compris les Témoins de Jéhovah. C’est ainsi que nombre d’entre eux ont été arrêtés en divers endroits du pays alors qu’ils prêchaient de maison en maison. Mais dans la plupart des cas, on les a relâchés dès qu’ils ont montré leurs publications bibliques et expliqué la nature de leur activité. Après cette première vague d’arrestations, les frères ont jugé sage de se montrer plus discrets en sortant prêcher en groupes plus petits.

Dans certains cas, les militaires autorisaient tacitement les Témoins à effectuer leur activité de maison en maison. Une fois, ils les ont même aidés, à leur façon. Une patrouille de soldats passait dans le quartier où prêchait une sœur. Dans une maison où la sœur venait de sonner, la maîtresse de maison est apparue à une fenêtre du premier étage et a demandé en termes très impolis à la sœur de partir. Un des soldats qui avait vu la scène a réagi immédiatement ; pointant sa mitraillette vers la femme, il lui a ordonné de descendre et de bien accueillir la sœur, ce qu’elle a fait.

Un lieu pour les assemblées

En juin 1974, le bureau de la filiale a reçu du gouvernement une lettre demandant que des frères responsables se présentent devant le secrétaire de la Cour suprême de justice. Frère Beltramelli était l’un d’eux. Il se rappelle : “ Nous étions inquiets. Nous savions que le gouvernement avait, s’il le voulait, le pouvoir d’interdire l’œuvre sur-le-champ. Quel soulagement quand le fonctionnaire nous a expliqué que le gouvernement souhaitait acheter un bâtiment que nous utilisions comme Salle du Royaume ! On nous a même proposé de nous aider à trouver un autre bâtiment approprié pour une Salle du Royaume. Résultat : nous avons été en mesure d’acheter le cinéma Lutecia, à Montevideo. Il était idéalement situé, sur une des avenues principales de la capitale. L’argent que nous avons reçu du gouvernement a largement suffi pour transformer ce cinéma en une Salle du Royaume. ”

“ Nous étions convaincus, se souvient frère Beltramelli, que Jéhovah y était pour quelque chose. Le grand auditorium de ce cinéma, qui pouvait accueillir près de 1 000 personnes, allait servir non seulement de Salle du Royaume, mais aussi de Salle d’assemblées, ce dont nous avions grand besoin du fait des nouvelles restrictions pour nos assemblées. ”

C’est ainsi que pendant plusieurs années l’ancien cinéma, qui était officiellement une Salle du Royaume pour la congrégation du quartier, a en réalité servi pour les assemblées de circonscription semaine après semaine. Les frères avaient appris à se montrer prudents lors de ces assemblées importantes. Ils entraient dans le bâtiment et en sortaient le plus discrètement possible, et ils garaient leurs voitures un peu partout dans le quartier.

Un temps pour construire

Même durant ces années troublées, il y a eu un accroissement constant du nombre des proclamateurs du Royaume et la formation de nouvelles congrégations, ce qui a été une source de joie. En 1976, le nombre des proclamateurs avait augmenté de 100 % en dix ans. Mais il fallait relever un défi : comment accueillir tant de nouveaux dans de vieilles Salles du Royaume, dont la plupart étaient louées ? “ Pour tout il y a un temps fixé ”, a dit le roi Salomon, inspiré par Dieu. Avec 85 congrégations et seulement 42 Salles du Royaume, il semblait évident que c’était le ‘ temps de bâtir ’ des Salles du Royaume. — Eccl. 3:1-3.

Mais le pays tout entier subissait une crise économique, et les congrégations n’avaient pas assez d’argent pour construire. D’où viendrait donc l’argent ? Delfos Beltramelli, le coordinateur du Comité de la filiale, se souvient : “ Durant cette période, nous avons ressenti la main de Jéhovah et l’amour de ses serviteurs. Les offrandes généreuses des frères du monde entier ont permis à la filiale de prêter aux congrégations d’Uruguay l’argent dont elles avaient besoin. ”

Il fallait aussi des ouvriers qualifiés, mais les frères du pays ont comblé ce besoin. Beaucoup se sont rendus disponibles pour aider à la construction de Salles du Royaume dans un lieu après l’autre. Avelino Filipponi était au nombre de ces volontaires infatigables. Après avoir participé à la construction du Béthel en 1961, frère Filipponi et sa femme Elda ont servi comme pionniers spéciaux, et Avelino est surveillant de circonscription depuis 1968. Pendant des années, on lui a aussi demandé de collaborer à la construction de Salles du Royaume en apportant ses compétences professionnelles à la réalisation des projets de construction.

“ El Plomito 

Frère Filipponi se rappelle quelques faits relatifs à la construction des Salles du Royaume : “ Partout où il y avait une construction de Salle du Royaume, les voisins et les passants étaient très impressionnés par le zèle et l’enthousiasme des Témoins qui y participaient. Lors d’une construction, un petit garçon de six ans, non Témoin, qui habitait le quartier, venait nous voir tous les jours et nous demandait de l’autoriser à travailler avec nous. Il insistait tellement qu’on a fini par le surnommer el plomito, ‘ la petite peste ’. Puis les années ont passé et nous n’avons plus entendu parler du garçon. Mais un jour, à une assemblée, un frère s’est approché de moi et m’a demandé : ‘ Frère Filipponi, te souviens-​tu d’“ el plomito ” ? C’est moi, je suis baptisé depuis deux ans. ’ ” La graine de la vérité avait manifestement été semée chez ce jeune garçon lors de la construction de la Salle du Royaume.

Il y a maintenant 81 Salles du Royaume, soit une Salle du Royaume pour 129 proclamateurs. Manifestement Jéhovah a béni la construction de lieux de culte convenables pour ses adorateurs en Uruguay.

Des assemblées pour aider nos voisins

Quand un régime militaire a été instauré en Argentine, le pays voisin à l’ouest, le gouvernement argentin a fermé les bâtiments de la filiale ainsi que les Salles du Royaume. Les frères d’Argentine ont donc organisé des réunions par petits groupes. Durant toute cette période, ils ont néanmoins pu organiser leurs assemblées en public, sans avoir d’ennuis avec le gouvernement. Comment était-​ce possible ? En passant la frontière et en organisant ces assemblées en Uruguay. Ces grands rassemblements étaient organisés par les frères d’Uruguay, mais les frères d’Argentine s’occupaient en grande partie du programme. Recevoir les milliers de frères venant d’Argentine était un privilège spécial. Il en est résulté un “ échange d’encouragements ” qui a affermi la foi des frères. — Rom. 1:12.

Une assemblée inoubliable a eu lieu du 13 au 16 janvier 1977 au Palacio Peñarol. On y a dénombré, assis ensemble, près de 7 000 frères et sœurs uruguayens et argentins. À la fin de l’assemblée ils ont chanté des louanges à Jéhovah, les deux groupes chantant à tour de rôle : les Argentins chantaient une strophe tandis que les Uruguayens restaient silencieux, et vice versa. À la fin, tous ont uni leurs voix pour chanter la dernière strophe. Des sentiments mélangés : la joie d’avoir été ainsi réunis à l’assemblée et la tristesse de devoir dire au revoir à leurs chers frères ont tiré des larmes à beaucoup d’assistants.

Toutefois, le 13 janvier 1977, alors que cette grande assemblée avait lieu au Palacio Peñarol, un journal très connu, favorable à l’Église catholique, a publié en première page un article intitulé “ Témoins de Jéhovah : leur autorisation mise en question ”. L’article critiquait l’attitude des Témoins de Jéhovah envers les emblèmes nationaux. Il insistait sur le fait qu’en Argentine le gouvernement avait interdit nos activités et que cela pourrait bien se produire en Uruguay. Peu après la publication de cet article, le gouvernement cessa de nous donner les autorisations nécessaires pour nos assemblées.

Des restrictions plus sévères

En 1975, le gouvernement ayant déclenché une campagne visant à exalter le patriotisme et le nationalisme, l’euphorie nationaliste qui en résulta attira des ennuis aux frères qui veillaient à garder leur neutralité chrétienne. Ils s’efforçaient de ‘ rendre les choses de César à César, mais les choses de Dieu à Dieu ’. (Marc 12:17.) Plusieurs jeunes Témoins ont été renvoyés de leur école parce que leur conscience leur interdisait de vénérer les emblèmes nationaux. Sur leur lieu de travail, beaucoup de frères ont essuyé les moqueries et les injures de leurs collègues. Certains ont même perdu leur emploi à cause de leur neutralité.

Dans des petites villes de l’intérieur, les autorités locales surveillaient de très près les Témoins. Dans certains endroits, des espions sont venus à la Salle du Royaume en prétendant s’intéresser à la vérité. Les frères ont donc jugé nécessaire de redoubler de prudence. Aux réunions, ils s’abstenaient d’aborder la question de la neutralité pour éviter toute confrontation avec les autorités.

Un jour, un de ces espions est arrivé à la Salle du Royaume juste avant le début de la réunion. Il a demandé à un frère : “ Quand la congrégation va-​t-​elle chanter l’hymne aujourd’hui ? ” En fait, le mot espagnol himno désigne aussi bien un hymne national qu’un chant religieux. Sachant que l’homme était un espion, le frère lui a répondu : “ Trois fois : au début, au milieu et à la fin de la réunion. ” Le frère pensait évidemment au chant des cantiques. L’espion est parti aussitôt ; il était tout à fait satisfait, pensant que les frères allaient chanter l’hymne national trois fois durant la réunion.

Arrêtés, mais heureux

La police faisait parfois irruption dans les Salles du Royaume au beau milieu d’une réunion et arrêtait tous les assistants. Tous les frères et sœurs étaient ensuite soumis à un interrogatoire, une belle occasion de donner le témoignage à bon nombre de policiers. Une fois que chacun avait été interrogé, ce qui demandait généralement plusieurs heures, tous étaient libérés. — Voir Actes 5:41.

Dans la congrégation Montevideo Florida, dans le quartier nord de la ville, sœur Sely Assandri de Núñez devait présenter un exposé d’élève à l’École du ministère théocratique. Elle a donc invité Mabel, une voisine, à venir l’écouter. Mabel n’était jamais venue à la Salle du Royaume. Ce soir-​là, la police a fait irruption dans la salle et arrêté tous les assistants, y compris Mabel. Elle a été détenue plusieurs heures, après quoi son mari a pu la faire libérer. Cet incident inattendu a éveillé l’intérêt de Mabel pour les enseignements des Témoins de Jéhovah. Peu après, elle a commencé à étudier la Bible et à assister aux réunions. Elle est aujourd’hui Témoin de Jéhovah, vouée à Dieu et baptisée.

Malgré ces presque 12 ans de restrictions imposées par le régime militaire, les personnes sincères n’ont pas cessé d’affluer dans l’organisation de Jéhovah. En 1973, il y avait 3 791 proclamateurs dans le pays. En 1985, à la fin de cette période difficile, ce chiffre était passé à 5 329, soit un accroissement de plus de 40 % ! Jéhovah a incontestablement béni ses serviteurs durant cette période difficile.

Des assemblées sans restrictions

En mars 1985, un gouvernement démocratique a été mis en place, et toutes les restrictions ont été levées. Les serviteurs de Jéhovah pouvaient désormais prêcher et enseigner librement le Royaume. Ils étaient également libres de se réunir en assemblées de circonscription et de district sans la moindre restriction. Les frères et sœurs étaient heureux d’avoir de nouveau la possibilité de rencontrer leurs compagnons venant de régions éloignées du pays. Il était encourageant pour eux de constater que, comme eux, leurs frères étaient restés fermes et servaient toujours fidèlement Jéhovah.

Mais où allions-​nous trouver un site qui permettrait d’accueillir les plus de 10 000 personnes attendues pour une assemblée ? Les endroits utilisés auparavant ne convenaient plus. Jéhovah a une fois de plus exaucé nos prières. Durant le régime militaire, un nouveau stade de football, Estadio Charrúa, avait été construit dans le Parque Rivera, un des plus grands parcs de Montevideo. Ce stade avait été utilisé exclusivement pour des manifestations sportives, mais nous avons pu le louer pour l’assemblée nationale de décembre 1985. Depuis, les autorités de la ville ont fait montre de coopération en nous permettant d’utiliser ce stade chaque année pour nos assemblées, avec parfois plus de 13 000 assistants.

En décembre 1990, un excellent témoignage a été donné par l’assemblée de circonscription organisée dans le stade de la ville de Treinta y Tres. De l’intérieur d’une église catholique, on pouvait très bien voir tout le stade entièrement rempli par les Témoins de Jéhovah. Un matin, regardant par la fenêtre, le prêtre a déclaré à ses paroissiens : “ Voyez-​vous tous ces gens rassemblés par les Témoins de Jéhovah ? Comment s’y prennent-​ils pour avoir tant d’assistants ? Ils ont quelque chose que vous, catholiques, n’avez pas : l’esprit d’évangélisation. Nous diminuons en nombre jour après jour parce que nous n’allons pas prêcher comme eux. Ou bien nous nous mettons à évangéliser comme eux, ou bien notre Église va disparaître. ”

L’activité dans les territoires isolés

Durant les années 80, on a fait un effort spécial pour prêcher la bonne nouvelle dans les territoires les plus éloignés. Au cours de leur activité annuelle dans le nord-est du pays, un groupe de frères avaient laissé plusieurs livres dans une petite ville du nom de Cuchilla de Caraguatá. L’année suivante, ils ont rendu visite à un homme de cette ville, mais il ne voulait pas écouter leur message, prétendant qu’il possédait la vérité. “ Je suis Témoin de Jéhovah ”, a-​t-​il déclaré. Il n’était pas chez lui l’année d’avant quand les Témoins étaient venus dans la ville. Mais à son retour, il avait lu les publications que ceux-ci avaient laissées et en avait conclu que c’était la vérité. Il avait fait le tour de la ville en disant à tous qu’il était désormais Témoin de Jéhovah. Aujourd’hui il y a une petite congrégation dans cette ville.

Bien qu’habitant dans la ville éloignée de Dolores, Berta de Herbig estimait qu’assister régulièrement aux réunions était très important. Pour se rendre à la Salle du Royaume, elle faisait 11 kilomètres à pied, avec ses six enfants. La plupart du temps elle arrivait une heure avant le début de la réunion. Par son bel exemple d’endurance et de détermination, cette mère de famille a exercé une puissante influence sur ses enfants. Voilà des années qu’elle sert Dieu fidèlement, et aujourd’hui quatre de ses enfants sont très actifs dans la vérité. L’un d’eux, Miguel Ángel, qui par la suite est devenu pionnier, faisait 58 kilomètres à vélo pour rejoindre un groupe isolé à La Charqueada-Cebollatí. Un autre de ses fils, Daniel, est actuellement pionnier spécial à Treinta y Tres.

De meilleures relations

Pendant de nombreuses années, le corps médical en Uruguay a méprisé les Témoins de Jéhovah parce qu’il ne comprenait pas leur refus des transfusions de sang (Actes 15:28, 29). De nombreux hôpitaux refusaient d’admettre les Témoins de Jéhovah. D’autres les admettaient pour une intervention chirurgicale, puis, parce qu’ils refusaient la transfusion, les renvoyaient juste avant l’opération. Mais ces dernières années, les relations entre le corps médical et les Témoins se sont considérablement améliorées.

En 1986, l’Hospital Central de las Fuerzas a organisé un séminaire sur les traitements de substitution pour les Témoins de Jéhovah, séminaire qui a réuni de nombreuses personnalités du monde de la médecine et de la chirurgie ainsi que des juristes spécialisés dans le domaine de la médecine. Les Témoins de Jéhovah ont fourni des renseignements et fait des suggestions à l’intention des responsables des hôpitaux. À la suite de ce séminaire, de nombreux médecins d’Uruguay ont changé d’attitude envers les Témoins de Jéhovah et sont maintenant disposés à les soigner tout en respectant leur prise de position sur le sang fondée sur la Bible.

Un certain nombre de réunions largement médiatisées ont ensuite été organisées, d’abord à Montevideo, puis dans d’autres villes. Des spécialistes renommés ont reconnu qu’avec l’aide des Témoins de Jéhovah ils avaient appris de nouvelles techniques permettant des thérapies sans transfusion. Un professeur en hémothérapie a déclaré : “ Nous avons beaucoup appris et modifié notre façon de penser, grâce aux Témoins de Jéhovah. Dans le passé, nous avons eu beaucoup de confrontations avec eux, tout simplement parce que nous ne les comprenions pas. Nous reconnaissons aujourd’hui que dans de nombreux domaines ils avaient raison. Ils se sont manifestement épargné bien des douleurs en refusant d’absorber du sang. ”

Leur travail n’a pas été vain

On peut assurément dire que le dur travail accompli en Uruguay par les proclamateurs zélés des années 1920 et 1940 n’a pas été vain. Une poignée de proclamateurs venus de l’étranger ont rassemblé et enseigné des milliers de “ choses désirables ” dans ce magnifique pays de collines (Hag. 2:7). En Uruguay, il y a maintenant plus de 10 000 proclamateurs du Royaume de Dieu. Les plus de 135 congrégations comptent chacune en moyenne cinq anciens. En mars 1998, 656 anciens et 945 assistants ministériels ont assisté à la dernière session de l’École du ministère du Royaume. Presque toutes les congrégations possèdent leur Salle du Royaume, beaucoup de ces salles ayant été construites par les frères avec l’aide financière de la Société.

Au cours des 20 dernières années, le nombre des proclamateurs a plus que doublé et il y a de belles perspectives d’accroissement. Aussi longtemps que Jéhovah retiendra les vents de la grande tribulation maintenant proche, les Témoins de Jéhovah d’Uruguay continueront à lancer cette invitation : “ Venez et montons à la montagne de Jéhovah, à la maison du Dieu de Jacob ; et il nous instruira de ses voies, et nous voulons marcher dans ses sentiers. ” — Is. 2:3 ; Rév. 7:1.

[Illustration pleine page, page 224]

[Illustration, page 227]

Juan Muñiz.

[Illustration, page 229]

Ils ont vécu sous des tentes de leur fabrication et parcouru tout l’Uruguay à bicyclette pour donner le témoignage. (De gauche à droite) : Kurt Nickel, Gustavo et Betty Bender, Otto Helle.

[Illustrations, page 235]

Les premiers proclamateurs uruguayens. (De gauche à droite) : María de Berrueta, Carola Beltramelli et Catalina Pomponi.

[Illustration, page 237]

Missionnaires servant toujours en Uruguay : 1. Florence Latimer ; 2. Ethel Voss ; 3. Birdene Hofstetter ; 4. Lira Berrueta ; 5. Tove Haagensen ; 6. Günter Schönhardt.

[Illustration, page 243]

De nouveaux locaux pour la filiale étaient en construction en 1998.

[Illustration, page 245]

Le Comité de la filiale (de gauche à droite) : Günter Schönhardt, Delfos Beltramelli, Gerardo Escribano.