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Curaçao

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Les îles d’Aruba, Bonaire et Curaçao sont connues sous le nom d’îles ABC. Situées près de la côte du Venezuela, elles sont d’une beauté singulière : ce n’est pas la beauté des autres îles luxuriantes des Antilles, mais celle du désert, avec ses ombres mystérieuses la nuit et ses couleurs vives et contrastées le jour.

En raison des faibles précipitations, les cactus géants, dont le fier représentant est le kadushi, s’imposent dans le paysage par leur profusion. Le divi-divi, un arbre qui se distingue par son allure penchée, pousse lui aussi à foison. Les silhouettes des maisons coloniales, témoins du passé, se dessinent sur un fond de ciel azur, telles des sentinelles muettes. Des chèvres errent dans la campagne, gambadant par-​delà les routes.

Aruba et Bonaire s’enorgueillissent d’une activité touristique dynamique, tandis que Curaçao vit des revenus de l’industrie pétrolière et du forage offshore. Chacune d’elles possède une usine de désalinisation, qui distille l’eau de mer pour fournir de l’eau potable et de la vapeur nécessaire à la production d’électricité.

Ces îles, dont la population avoisine maintenant les 250 000 habitants, ont été découvertes au XVsiècle par les Espagnols. Plus tard, elles ont été conquises par la Hollande et, après être passées successivement aux mains des Français et des Anglais, elles sont redevenues hollandaises en 1815. Depuis 1954, la fédération des Antilles néerlandaises, qui comprenait au départ les îles ABC et trois des îles Sous-le-Vent, mène une politique intérieure autonome. En revanche, depuis 1986, Aruba bénéficie d’un status aparte, ou statut séparé.

Culture et langue

Étant sous un gouvernement hollandais, les îles jouissent d’un climat de tolérance religieuse. Leurs habitants sont majoritairement catholiques, mais il existe aussi de grands groupes protestants. Curaçao compte également une importante communauté juive. Des gens de 40 à 50 nations cohabitent en paix et composent une société sans ségrégation raciale. Bien qu’il existe une langue commune, chaque île conserve son identité. C’est au sein d’une population aussi diversifiée que la vérité biblique a pris racine et qu’elle continue de prospérer.

Les insulaires, tous polyglottes, sont si habitués à passer d’une langue à l’autre qu’ils oublient parfois laquelle ils sont en train de parler. Bien que le néerlandais soit la langue officielle et que l’anglais et l’espagnol soient largement utilisés dans le monde des affaires, la langue locale est le papiamento. Le papiamento serait apparu dans les îles du Cap-Vert d’Afrique occidentale, avant le XVIIsiècle. Ces îles servaient de base aux incursions portugaises en Afrique. Afin de permettre la communication entre Africains et Portugais, un nouveau créole, mélange de langues africaines et de portugais, a vu le jour. Une telle langue qui facilite la communication entre différents groupes linguistiques est appelée lingua franca. Plus tard, les esclaves débarqués dans les îles ABC y ont importé ce créole. Avec le temps, il s’est enrichi grâce à l’influence du néerlandais, de l’espagnol, de l’anglais et du français. Ainsi, le papiamento est né de la fusion de toutes ces langues.

Cette lingua franca apparue chez les esclaves et introduite dans les îles était fondamentalement un moyen de combler le fossé linguistique et un facteur d’unité. Cependant, par ailleurs, une autre lingua franca a été adoptée. Il s’agit de celle évoquée en Tsephania 3:9 : “ Alors je changerai la langue des peuples en une langue pure, pour qu’ils invoquent tous le nom de Jéhovah, pour qu’ils le servent épaule contre épaule. ” Cette “ langue pure ” a uni des insulaires non seulement entre eux, leur permettant de surmonter les différences sociales, raciales et parfois même nationales, mais aussi à la communauté internationale des Témoins de Jéhovah. Ainsi, même s’il existe des congrégations papiamento, anglaises, espagnoles et néerlandaises, la lingua franca de la vérité biblique rassemble les frères dans le lien étroit qu’est l’amour.

La vérité voit le jour

On ignore comment exactement les premières graines de vérité ont été semées dans les îles. De façon quasi imperceptible, la lumière de la vérité a dissipé les ténèbres qui enveloppaient ces îles, pendant longtemps bastions du catholicisme. À la fin des années 20 et dans les années 30, plusieurs personnes y ont prêché. Un vendeur ambulant de livres religieux, qui avait parmi ses ouvrages des publications produites par l’organisation de Dieu, a semé des graines de vérité à son insu. Ses deux filles, Pearl et Ruby, qui travaillaient avec lui, sont devenues Témoins de Jéhovah des années plus tard. Aujourd’hui, elles sont toujours fidèles.

En 1940, frère Brown, un Trinidadien employé dans la raffinerie pétrolière, a administré les premiers baptêmes à Curaçao : cinq personnes, avec qui il avait étudié, dont Martin et Wilhelmina Naarendorp et Eduard Van Marl, tous trois originaires du Suriname, se sont fait baptiser.

Anita Libretto, la fille des Naarendorp, se souvient : “ En 1940, j’avais six ans. Je me rappelle que mes parents étudiaient avec un frère anglophone. Ils parlaient seulement néerlandais et comprenaient à peine l’anglais, mais ils ont persévéré et au bout de six mois ils ont été baptisés. Les réunions se tenaient chez nous, mais elles n’étaient pas aussi structurées que maintenant. C’étaient des soirées d’étude qui se prolongeaient après minuit, durant lesquelles mes parents faisaient des efforts acharnés pour comprendre les livres écrits en anglais. ” Comme ce petit groupe ne parlait pas le papiamento couramment et qu’aucune publication n’était disponible dans cette langue, la prédication se faisait principalement en anglais.

Les autochtones n’avaient pas l’habitude de lire la Bible car l’Église catholique l’interdisait. Il n’était pas rare non plus que les prêtres confisquent les bibles qu’ils trouvaient. Au début, il y en avait un qui suivait les frères partout et qui leur criait en frappant du pied : “ Laissez mes brebis tranquilles ! ”

Des graines semées à Aruba et à Bonaire

En 1943, John Hypolite, ancien adventiste, et Martin Naarendorp sont allés à Aruba et y ont passé leurs vacances à annoncer la bonne nouvelle. Autant que l’on sache, ils ont été les premiers à y prêcher la bonne nouvelle. À leur retour à Curaçao, frère Hypolite a écrit au siège mondial à Brooklyn pour demander de l’aide dans ce territoire. Trois ans plus tard, des missionnaires y ont été envoyés, mais malheureusement, frère Hypolite est décédé avant leur arrivée. Néanmoins, des frères courageux de Curaçao, comme John Hypolite, avaient suivi l’exhortation contenue en Ecclésiaste 11:6 de semer libéralement leur semence, qui plus tard germerait et prendrait racine.

En 1944, Edmund Cummings, de la Grenade, et Woodworth Mills, de la Trinité, sont arrivés à Aruba et ont trouvé un emploi à la raffinerie de pétrole de San Nicolas. Située à l’extrémité est de l’île, San Nicolas fourmillait d’immigrants venus des quatre coins des Antilles pour y travailler. Frère Mills a donné un élan remarquable à la prédication de la bonne nouvelle grâce à ses discours particulièrement stimulants. Le 8 mars 1946, frères Mills et Cummings ont formé la première congrégation anglophone à San Nicolas : elle comptait 11 proclamateurs, et frère Mills était le serviteur de groupe (de congrégation).

Les premiers baptêmes ont eu lieu le 9 juin 1946. Parmi les quatre baptisés figuraient Timothy Campbell et Wilfred Rogers. Avant la fin de l’année, le nombre de proclamateurs avait doublé. Plus tard, des Témoins immigrants, comme les Buitenman, De Freitas, Campbell, Scott, Potter, Myer, Titre et Faustin, se sont joints à la congrégation.

Frère Mills avait beaucoup de succès dans le témoignage informel. Oris, une de ses collègues, sténographe, a réagi favorablement et s’est fait baptiser en janvier 1947. Ainsi, frère Mills a trouvé non seulement une sœur spirituelle, mais aussi une épouse, puisqu’Oris et lui se sont mariés quelque temps plus tard. En 1956, ils ont été invités à assister à la 27classe de Guiléad, puis on les a affectés au Nigeria.

Avant 1950, comme les frères parlaient peu le papiamento, la prédication à Aruba s’effectuait essentiellement dans San Nicolas, dont les habitants étaient surtout anglophones. Jusque-​là, aucun Arubien n’avait embrassé la vérité. Excités par l’Église catholique farouchement opposée, les Arubiens d’ordinaire amicaux se montraient hostiles aux Témoins, ce qui freinait l’accroissement. Il n’était pas rare, dans les débuts, que des Témoins soient chassés par un maître de maison furieux brandissant une machette. Parfois, on jetait sur eux de l’eau bouillante ou on lançait des chiens à leurs trousses. Ou encore, alors que dans les îles on considère comme un affront aux visiteurs de ne pas s’occuper d’eux, certains habitants faisaient entrer les frères chez eux puis s’absentaient en les plantant là.

Edwina Stroop, pionnière à Aruba, se souvient : “ Les prêtres terrorisaient les gens en leur disant qu’ils leur jetteraient un sort s’ils quittaient l’Église. ” Pourtant, cela n’a pas étouffé le zèle des frères, qui ont persévéré par amour pour Jéhovah et pour leur prochain.

Les graines de certaines plantes du désert restent en dormance pendant des décennies jusqu’à ce que des précipitations suffisantes les fassent germer et que finalement éclosent des fleurs magnifiques. Il en a été de même pour Jacobo Reina, un douanier de Bonaire. En 1928, il a obtenu un livre Création. Bien que né dans une famille catholique, il avait étudié les religions protestantes mais n’avait jamais été satisfait. En lisant le livre Création, il a reconnu l’accent de la vérité. Ce livre donnait la liste d’autres ouvrages publiés par les serviteurs de Jéhovah, mais Jacobo n’a pas réussi à se les procurer. Ce n’est que 19 ans plus tard, en 1947, alors qu’il rendait visite à sa sœur à Curaçao, qu’il a rencontré une missionnaire avec qui elle étudiait. Il lui a demandé si elle avait les livres mentionnés sur la liste qu’il gardait dans son portefeuille depuis tant d’années. Il a accepté toutes les publications qu’elle avait dans son sac, au moins 7 livres et 13 brochures, et s’est abonné à La Tour de Garde et à Réveillez-vous ! Son appétit spirituel aiguisé depuis longtemps allait enfin être satisfait. Oui, les graines de la vérité, qui avaient été dormantes toutes ces années, recevaient enfin l’eau nécessaire à leur croissance.

Les premiers missionnaires à Curaçao

Le 16 mai 1946, Thomas Russell Yeatts et sa femme, Hazel, diplômés de la sixième classe de Guiléad, sont arrivés à Curaçao, territoire quasiment vierge. Frère Yeatts allait apporter une contribution remarquable à l’œuvre dans ces îles au cours des 50 années qu’il allait y passer jusqu’à sa mort en 1999. Hormis une brève interruption, il a été surveillant de filiale de 1950 à 1994. Cet homme, d’un humour à toute épreuve, d’un optimisme sans bornes et dont la foi était inébranlable, a eu le privilège de voir l’œuvre de prédication de la bonne nouvelle prendre une ampleur considérable.

Hazel, qui a été un précieux soutien pour son mari, est restée fidèle jusqu’à aujourd’hui et elle est une source d’encouragement pour tous. Elle se souvient de son arrivée à l’aéroport et de l’accueil chaleureux des frères Naarendorp et Van Marl ainsi que de Clement Fleming, qui s’intéressait au message biblique.

À propos, Clement avait obtenu le livre Enfants, l’avait lu et était convaincu d’avoir trouvé la vérité. Jeune, il avait quitté l’Église catholique parce qu’il était en désaccord sur nombre de ses enseignements. Plus tard, il a commencé à fréquenter les Témoins de Jéhovah ; il était donc présent pour accueillir les premiers missionnaires. C’est Russell Yeatts, le nouveau missionnaire, qui l’a baptisé en juillet 1946. Frère Fleming, toujours proclamateur du Royaume, raconte : “ À 93 ans, je n’ai pas abandonné l’espoir d’être parmi ceux qui traverseront Har-Maguédôn pour passer dans le nouveau système sans jamais devoir mourir. ” Quel merveilleux exemple de foi et d’endurance !

Sœur Yeatts rapporte : “ Depuis l’aéroport, on nous a amenés dans un deux-pièces situé au-dessus d’un magasin qui vendait des queues de porc et de la morue salée. L’appartement n’avait ni meubles ni salle de bains ; pendant six mois, nous avons dû nous laver au rez-de-chaussée. Puis nous avons trouvé un meilleur logement. ” Bien que Hazel ait fait une crise de dysenterie après l’autre, Russell et elle ne se sont pas découragés. Frère Yeatts a écrit des années plus tard : “ Ce qui rend la vie intéressante, surtout pour les ministres de Jéhovah, ce ne sont pas les conditions de vie, le paysage, ni même la langue, mais ce sont les gens. Et des gens, on en trouve dans toutes les affectations. ”

Tout en apprenant le papiamento, la langue locale, ces missionnaires courageux devaient enseigner la langue pure, la lingua franca de la vérité, aux habitants de Curaçao. Parmi eux, Camilio Girigoria a été le premier à être baptisé, en 1950. Employé dans une raffinerie pétrolière, il est entré en contact avec la vérité en discutant avec plusieurs frères, dont Henricus Hassell, proclamateur zélé de la bonne nouvelle. Camilio, maintenant âgé de 78 ans, sert en tant qu’ancien. Il a aidé 24 personnes à progresser jusqu’à l’offrande de soi. En 1946, les missionnaires ont fondé la première congrégation anglophone de Curaçao, mais il a fallu attendre 1954 pour voir apparaître la première congrégation papiamento.

La lumière de la vérité se lève sur Aruba

En juillet 1949, les Canadiens Henry et Alice Tweed de la 12classe de Guiléad sont arrivés à Aruba, où ils allaient jouer un rôle-clé dans l’enseignement de la langue pure. Henry, à la silhouette grande et élancée, était connu pour sa bonté et sa gentillesse, et Alice pour sa vivacité d’esprit et son énergie inépuisable dans le service. Ils étaient les seuls missionnaires à vivre et à prêcher dans les trois îles. Des décennies après, tout le monde garde encore d’excellents souvenirs de leur esprit de sacrifice et de leur zèle.

En 1950, William Yeatts (le cousin de Russell) et sa femme, Mary, diplômés de la 14classe de Guiléad, ont été affectés à Curaçao. En 1953, ils se sont rendus à Aruba où ils servent toujours, quelque 50 ans après, constituant des exemples remarquables de foi et d’endurance. Avec le temps, Mary s’est distinguée par son zèle extraordinaire pour le ministère, constamment en première ligne dans l’activité de prédication, tandis que Bill s’est concentré sur la traduction des publications bibliques. Jusqu’à l’arrivée de Bill et Mary, les deux congrégations anglaises avaient obtenu peu de résultats parmi la population locale. Avec patience et méthode, Bill et Mary ont commencé à semer des graines de vérité chez les Arubiens parlant le papiamento. Lentement, leurs efforts ont été récompensés. Bill se souvient : “ Nous avons commencé à tenir l’étude de La Tour de Garde sous le grand kwihi situé dans la cour de la maison de missionnaires. Certaines fois, on comptait pas moins de 100 assistants. Nous étions assis sur des bancs dont l’Église catholique s’était débarrassée. ” Après la célébration du mémorial de la mort du Christ en 1954, une étude de livre a été organisée en papiamento.

Le premier Arubien à avoir appris la vérité biblique

Lorsqu’il était jeune, Gabriel Henriquez s’adonnait parfois à la boisson en fin de semaine, si bien qu’il n’était pas en état de se présenter le lundi matin à son poste de travail, dans la raffinerie de pétrole. Son patron voulait qu’il réforme son mode de vie et, bien que lui-​même athée, il a offert à Gabriel un abonnement à Réveillez-vous ! convaincu que cela l’aiderait. Plus tard, Gabriel a fait connaissance avec les Tweed, qui étudiaient la Bible avec son beau-père. Le livre d’étude étant en espagnol, Gabriel le lui traduisait. Son intérêt pour la Bible n’a pas tardé à grandir et, en 1953, Bill et Mary Yeatts ont commencé à étudier avec lui. “ J’avais enfin la réponse à toutes mes questions ”, a-​t-​il déclaré. En 1954, il a voué sa vie à Jéhovah et a été le premier Arubien à se faire baptiser.

La première congrégation papiamento à Aruba a été formée en 1956 ; elle comptait alors 16 proclamateurs. À la fin de l’année de service 1957, ce nombre était passé à 26. Une fois que les Arubiens ouvrent les yeux sur les enseignements erronés de “ Babylone la Grande ” et se libèrent de la crainte de l’homme, ils deviennent des amis de la vérité et des proclamateurs zélés de la bonne nouvelle (Rév. 17:5). C’est le cas de Daniel Webb. Lui et sa femme, Ninita, qui au début était opposée, ont accepté la vérité et se sont mis à prêcher le Royaume avec ardeur. D’autres suivraient-​ils leur exemple ?

De même que Daniel, beaucoup ont appris la vérité et l’ont laissée modeler leur vie et celle de leur famille. Pedro Rasmijn était l’un d’eux. Un jour, alors qu’il rentrait chez lui, Pedro s’est rendu compte que sa mère, Maria, une catholique fervente, avait détruit ses livres d’étude. N’ayant pas encore revêtu la nouvelle personnalité, il s’est vengé en brisant toutes les images de sa mère. Cette dernière, en colère, s’est plainte au prêtre, qui lui a dit que Pedro avait raison de penser que les images n’avaient aucune valeur. Indignée, elle a fait sortir le prêtre de chez elle et a décidé de faire des recherches dans la Bible. Finalement, Maria et Genaro, son mari, ont voué leur vie à Jéhovah. Avec leurs 11 enfants, leurs 26 petits-enfants et leur arrière-petit-fils, soit 40 personnes au total, ils servent Jéhovah.

Daniel Van der Linde, un des gendres de Maria, s’est fait baptiser, bien qu’ayant été renié par ses parents. Chassé de chez lui et frappé par un prêtre catholique, Daniel a persévéré avec la certitude qu’il avait trouvé la vérité. Malgré l’opposition, Daniel considère comme une bénédiction d’avoir été utilisé par Jéhovah pour aider de nombreuses personnes à connaître la vérité biblique. Sa fille, Prisquela et son gendre, Manuel, se rendent tous les jours au Béthel de Curaçao pour y travailler au service de la traduction. Un autre gendre de Maria, Tony, a lui aussi dû manifester une grande foi en Jéhovah et en ses promesses de nous soutenir, lorsqu’il est tombé malade et qu’il a dû subir cinq opérations. Voici ce qu’il déclare : “ Les médecins ont abandonné tout espoir me concernant, mais je ne cesse de prier Jéhovah pour qu’il m’accorde de la force. Mes frères charnels, qui m’ont pour ainsi dire abandonné, peuvent constater que j’ai des milliers de frères spirituels à travers le monde. ” — Marc 10:29, 30.

Progrès dans les îles

En 1965, Albert Suhr, diplômé de la 20classe de Guiléad, a dû quitter Curaçao pour des raisons de santé, mais il a laissé derrière lui d’excellentes “ lettres de recommandation ”. (2 Cor. 3:1, 2.) L’une d’elles, Olive Rogers, est devenue pionnière permanente en septembre 1951. Elle avait vécu avec un homme pendant 17 ans sans être mariée. Cependant, lorsqu’elle a appris les normes élevées de Jéhovah, elle a quitté cet homme, qui — trop tard — lui a proposé de l’épouser. Elle a refusé, s’est fait baptiser et a rejoint les rangs des pionniers, où elle est restée pendant près de 40 ans jusqu’à ce qu’elle tombe malade. La joie de sœur Rogers était bien visible tandis qu’elle passait le territoire au peigne fin. Aujourd’hui encore, on raconte beaucoup d’anecdotes réjouissantes à son sujet. Son caractère indomptable et sa persévérance lui ont permis d’aider de nombreuses personnes, parmi lesquelles de grandes familles, à vouer leur vie à Jéhovah.

À présent, beaucoup de familles nombreuses servent Jéhovah avec zèle dans les Antilles et à Aruba. C’est le cas des familles Martha, Croes, Dijkhoff, Rasmijn, Liket, Faustin, Ostiana et Roemer, qui constituent les pièces maîtresses des congrégations et qui contribuent grandement à leur stabilité.

Eugene Richardson, connu pour sa gentillesse, a été enseigné par Jéhovah à l’âge de 15 ans. Même sans avoir d’étude proprement dite de la Bible, il a progressé de façon régulière en assistant à toutes les réunions et s’est fait baptiser à 17 ans. En 1956, il a été nommé pionnier permanent et s’est trouvé confronté à un problème majeur : le manque de transport. “ Mon territoire se trouvait à 20 kilomètres de chez moi et je n’avais pas de moyen de locomotion. J’ai dû échanger mon piano contre une bicyclette, ce qui a horrifié ma famille, qui en parle encore, 40 ans après. Ce choix s’est néanmoins avéré judicieux, d’autant plus que quatre mois plus tard, j’ai été nommé pionnier spécial dans le territoire non attribué de Banda Abao. ”

On ouvre un nouveau territoire

La campagne de Banda Abao, connue par les autochtones comme le kunuku, couvre presque la moitié ouest de l’île de Curaçao. Cette région vallonnée est légèrement plus verte que le reste de l’île. Des maisons éparses ponctuent le paysage ; il faut donc beaucoup de temps pour parcourir ce territoire. Clinton Williams, un autre jeune pionnier zélé, s’est joint à Eugene pour défricher ce nouveau champ. Eugene se souvient : “ Ce n’était pas un territoire facile, comparé au reste de l’île. Les gens étaient très amicaux et ouverts à la conversation, mais on pouvait rarement aller plus loin. Nous y sommes quand même restés deux ans durant lesquels nous avons vécu des moments formidables. Le premier mois, j’ai rencontré un homme qui m’a dit que, si nous arrivions à lui prouver que le Royaume avait été établi en 1914, il deviendrait Témoin. Il est effectivement devenu Témoin, avec sa femme et ses enfants. Plus tard, une femme avec qui je discutais m’a dit que son neveu s’intéressait beaucoup à la Bible. Le soir même je suis revenu pour lui donner le témoignage. Il s’appelait Ciro Heide. ”

Ciro, un homme ouvert, nous donne sa version de l’histoire : “ J’étais un catholique très pratiquant et je connaissais si bien le catéchisme que je pouvais l’enseigner à l’école. Mais une chose m’avait toujours intrigué. Je ne comprenais pas pourquoi manquer la messe était considéré comme un péché mortel qu’il fallait confesser rapidement pour ne pas aller en enfer. Un jour, un jeune homme à bicyclette est venu à la porte et a parlé de la Bible à ma tante. Sachant que je m’intéressais à la religion, elle l’a invité à revenir lorsque je serais rentré. J’avais hâte de le rencontrer, car j’étais persuadé d’en savoir plus que lui sur la religion. Ce même soir, Eugene est arrivé chez moi. Lorsqu’il m’a fait remarquer que le Symbole des Apôtres, que je récitais tous les jours, disait que Jésus était descendu aux enfers, je suis resté bouche bée : comme je le débitais à toute vitesse sans y réfléchir, je n’en avais pas saisi le sens. Ce qui m’impressionnait le plus, c’était qu’Eugene expliquait tout à l’aide de la Bible, alors que j’étais incapable de situer un seul verset. J’ai immédiatement commencé à étudier la Bible et, depuis ce moment-​là, ma vie a changé radicalement. ” Ciro s’est ensuite fait baptiser malgré l’opposition de sa femme. Finalement, grâce au bon exemple de son mari, elle aussi a voué sa vie à Jéhovah. Ils servent Jéhovah fidèlement depuis 30 ans et Ciro est ancien depuis 25 ans.

Eugene a assisté à l’École de Guiléad en 1958, puis il a de nouveau été affecté à Banda Abao, où le problème du transport subsistait. “ Lorsque nous partions prêcher, raconte-​t-​il, il nous arrivait d’être 13 pour une seule voiture, la mienne, ce qui voulait dire faire deux voyages de 30 kilomètres à chaque fois. Je déposais le premier groupe dans le territoire et je me dépêchais d’aller chercher le second. En fin d’après-midi, je faisais la même chose pour raccompagner les frères chez eux. Au moins, nous passions toute la journée dans le service. C’était fatigant, mais quelle joie ! ” Eugene a également eu le privilège de servir quelques années en tant que surveillant itinérant.

Des changements dans le kunuku

En 1959, Clinton Williams, qui entre-temps avait été aussi diplômé de l’École de Guiléad, a poursuivi son activité dans le kunuku. Plus tard, il s’est marié avec Eugenie, une pionnière zélée qui s’est attiré l’affection de beaucoup par sa gentillesse. En 1970, une congrégation de 17 proclamateurs a été formée dans le village de Zorgvliet bij Jan Kok et les réunions étaient tenues chez la famille Pieters Kwiers. Les pionnières spéciales Juana Pieters Kwiers et sa fille, Esther, ainsi que les familles Minguel et Koeiman ont travaillé dur pour bâtir la congrégation. En 1985, le nombre de proclamateurs était passé à 76, avec une assistance aux réunions de 125 personnes. La même année, des frères des États-Unis mus par l’amour se sont portés volontaires pour construire une Salle du Royaume à Pannekoek, et l’ancienne Salle du Royaume a été transformée en maison de missionnaires. En l’espace de deux ans le nombre de proclamateurs s’est élevé à 142, si bien qu’en 1987 la congrégation de Tera Corá a été formée.

Pour les pionniers, il était toujours difficile de trouver un logement. Eugene se souvient avoir dû remettre en état une vieille maison abandonnée, dans laquelle des chèvres avaient élu domicile. Des semaines durant, il a essayé de se débarrasser de leur “ parfum ”. La viande de chèvre est considérée localement comme un mets délicat. D’ailleurs, pendant des années, lorsque l’on servait des repas aux assemblées, c’était habituellement un plat épicé de viande de chèvre dont les frères raffolaient au déjeuner. Par contre, quand la viande n’était pas fraîche, les allées et venues aux toilettes étaient fréquentes.

Russell Yeatts aimait raconter l’histoire d’une chèvre du nom de Mimi. Une fois, elle avait mangé trois bibles, plusieurs recueils de cantiques, des livres et de nombreux périodiques. “ Elle mangeait tellement de publications, a raconté Rita Matthews, sa propriétaire, qu’on l’appelait la chèvre sainte. ” Mimi a été vendue.

Les assemblées favorisent l’amour et l’unité

Au fil des ans, il est devenu difficile de trouver des lieux de réunion convenables, surtout pour les assemblées. Max Garey, de la cinquième classe de Guiléad, a organisé la construction, à Buena Vista (Curaçao), de la première Salle du Royaume dont les frères seraient propriétaires. Pleins d’enthousiasme, les frères se sont lancés dans la construction du bâtiment, et c’est avec émotion qu’ils l’ont vue s’achever. En 1961 est apparue la deuxième congrégation papiamento à Curaçao, avec comme surveillant Victor Manuel, proclamateur de la bonne nouvelle depuis maintenant 50 ans. Cette congrégation se réunissait dans la Salle du Royaume flambant neuve, inaugurée le 28 mars 1962 par Nathan Knorr, du Béthel de Brooklyn.

Dans les années 70, on a nivelé le terrain attenant à la salle de Buena Vista, sur lequel on a coulé une dalle de béton et installé une estrade. C’est là que se sont tenues pendant des années les assemblées de district et de circonscription. Comme il pleut rarement à Curaçao, les réunions avaient lieu à ciel ouvert, sans trop de perturbations. Cependant, les frères étaient parfois surpris par une averse soudaine qui trempait leurs vêtements et leurs publications, mais cela ne les a jamais découragés. Ils ouvraient simplement leurs parapluies et suivaient le programme avec une attention soutenue. À l’époque, ces rassemblements étaient bilingues : certains discours étaient donnés en anglais et traduits, d’autres étaient résumés en papiamento. Étant donné que les assemblées de district avaient lieu alternativement à Aruba et à Curaçao, des frères prenaient des avions charters pour se rendre sur l’une de ces îles, et d’autres arrivaient par bateau. En une certaine occasion, un grand nombre de frères voyageant à bord du Niagara ont souffert du mal de mer. Malgré cela, leur enthousiasme pour le banquet spirituel qui les attendait est demeuré intact.

Ingrid Selassa, alors âgée de 16 ans, se souvient que sa grand-mère avait vendu un porc pour financer le voyage. Des assistants à l’assemblée étaient logés chez les frères ; parfois, il leur arrivait de dormir par terre. Des amitiés durables se sont forgées dans une atmosphère d’amour et d’unité. En 1959, la première assemblée en papiamento a eu lieu dans la maison coloniale de Santa Cruz, à Banda Abao. Ingrid se souvient : “ Après avoir chargé les autobus avec de la nourriture, des lits de camp et du matériel, nous nous sommes mis en route pour l’assemblée. Le programme était une fête spirituelle et le soir nous faisions des jeux bibliques et nous chantions des cantiques sous le ciel étoilé. Je n’oublierai jamais les trois jours passés là-bas. Nous avions vraiment l’impression de faire partie d’une famille. ” Des rassemblements internationaux qui fortifient la foi, tels que l’assemblée internationale de 1969 “ Paix sur la terre ”, ont favorisé l’amour et l’unité entre les frères.

De nouvelles Salles d’assemblées

Les années passant, le lieu de réunion de Buena Vista est devenu trop petit, mais grâce aux dons généreux faits dans les congrégations, les frères ont pu acheter un bâtiment appartenant à la raffinerie pétrolière. Situé dans le district de Schelpwijk, cet édifice a été remis à neuf et on a pu y tenir des assemblées de circonscription et de district pendant de nombreuses années. Récemment, la filiale a reçu l’autorisation de démolir la structure existante et de construire une Salle du Royaume double, d’une capacité de 720 places assises, pouvant aussi servir de Salle d’assemblées, ce qui réjouit les frères.

Jusqu’en 1968, les assemblées à Aruba avaient lieu dans des salles louées, mais avec l’accroissement une Salle d’assemblées permanente s’est avérée nécessaire. On a donc décidé de construire une Salle du Royaume suffisamment spacieuse pour les assemblées. En 1968, les frères de l’endroit ont participé avec entrain et abnégation à la construction d’une belle salle pour y louer Jéhovah. Pendant les travaux, un massif de grands cactus cachait le chantier à la vue des passants. La semaine précédant la première assemblée, le gouvernement a ordonné que les cactus soient abattus. Et voilà comment, du jour au lendemain, la salle est apparue ; c’est du moins ce qu’on pouvait croire. Pour beaucoup, c’était un miracle, car ils pensaient que la salle avait effectivement été construite dans la nuit. Néanmoins, ce phénomène se produirait plus tard avec le procédé de construction rapide.

L’œuvre prend forme à Bonaire

En 1949, Joshua Steelman, un représentant spécial du siège mondial à Brooklyn, s’est rendu à Bonaire, où Jacobo Reina et Matthijs Bernabela, un fermier, prêchaient déjà activement. Aucun des deux n’était baptisé. Des dispositions ont été prises pour que soit donné le premier discours public à Bonaire. Environ 100 personnes sont venues, mais seules 30 sont entrées dans la salle ; les 70 autres avaient été envoyées par le prêtre catholique de la paroisse pour perturber la réunion. “ Une pluie de pierres a commencé à s’abattre sur le toit en tôle, comme la grêle en Égypte, se souvient Russell Yeatts. Des pétards ont explosé et les gens ont tapé sur des seaux. ” Ces efforts ont été vains, car les graines de la vérité étaient semées et elles ont pris racine. L’année suivante, Jacobo et Matthijs se sont fait baptiser à Curaçao et ont été les premiers Témoins à Bonaire.

En 1951, Russell et Bill Yeatts ont organisé des réunions chez frère Bernabela, puis en 1952 Clinton Williams a été affecté à Bonaire pour réunir la première congrégation dans une salle louée à Kralendijk. Il s’est ainsi attiré les foudres du prêtre catholique, qui a tenté de le faire expulser. Le prêtre a essayé de persuader une des personnes avec qui frère Williams étudiait la Bible de porter plainte contre lui pour propositions indécentes, mais elle a refusé. Contrarié, le prêtre a qualifié frère Williams de wara-wara, un oiseau de proie vivant dans les îles, l’accusant de lui voler ses brebis. Mais grâce à l’esprit de Jéhovah, frère Williams a continué d’affermir la jeune congrégation, jusqu’à ce qu’il soit de nouveau affecté à Curaçao. La première assemblée de circonscription a eu lieu en 1954, et à partir de ce moment-​là les assemblées de circonscription et de district ont joué un rôle essentiel dans la vie spirituelle des frères de Bonaire. Des films projetés par les Témoins de Jéhovah ont aussi attiré beaucoup de personnes et éveillé leur intérêt, mais les progrès de l’œuvre ont été faibles jusqu’à ce que deux pionnières spéciales, Petra Selassa et sa fille Ingrid, soient envoyées à Bonaire en 1969.

Lorsque Petra et Ingrid sont arrivées, elles n’avaient pas de voiture ; pourtant, elles ont parcouru presque toute l’île à pied. Avec le temps, beaucoup parmi leurs étudiants se sont fait baptiser. Assises et la tête couverte, les deux sœurs dirigeaient toutes les réunions. Une fois par mois, un frère venait par avion de Curaçao pour les accompagner dans la prédication et donner un discours public. Par la suite, Petra a dû partir, mais une autre pionnière spéciale, Claudette Tezoida, s’est jointe à Ingrid pour continuer à dispenser aux gens la vérité biblique.

La femme d’un homme politique découvre le gouvernement parfait

Parmi ceux qui ont appris la langue pure, il y avait la femme d’un homme politique en vue. Caridad Abraham, que l’on avait surnommée affectueusement Da, était la femme d’un ministre du gouvernement de Bonaire. Ses deux fils et son gendre avaient aussi une participation active dans la politique. Da, qui était connue et respectée de tous, faisait énergiquement campagne pour son mari. Un pasteur protestant, qui était aussi le parrain d’un de ses enfants, lui avait dit que les Témoins de Jéhovah ne croyaient pas en Jésus Christ. Cet homme étant à la fois son ami et son pasteur, elle avait cru cette affirmation erronée.

Après la mort de son mari, Da s’est installée aux Pays-Bas. Un jour, elle a été choquée de voir à la télévision deux pasteurs protestants confesser publiquement leur homosexualité. Déçue par la religion, elle a cessé d’aller à l’Église. Plus tard, elle a accepté une étude biblique, est devenue Témoin et est retournée à Bonaire. “ La vérité était si merveilleuse qu’il fallait que je revienne la faire connaître aux gens de mon pays ”, a-​t-​elle déclaré. Au lieu de prôner un gouvernement humain pour résoudre les problèmes de Bonaire, elle a commencé à prêcher la solution véritable et définitive : le Royaume de Dieu dirigé par Jésus Christ. Croyant qu’elle venait recueillir des voix pour son fils, les gens lui ouvraient la porte et étaient frappés par son message. Da était tellement connue que beaucoup, qui d’habitude n’écoutaient pas les Témoins, ont commencé à prêter l’oreille à la bonne nouvelle du Royaume.

Des publications dans la langue locale

La vérité touche plus rapidement le cœur des gens quand ils peuvent lire des publications bibliques dans leur langue maternelle. Cependant, lorsque les premiers missionnaires sont arrivés, il n’existait aucune publication en papiamento. Les réunions se déroulaient dans un mélange d’anglais et de papiamento, à l’aide de publications en anglais, en espagnol et en néerlandais, ce qui exigeait de nombreux efforts de la part des frères pour comprendre la vérité. Il y avait donc grand besoin de traduire les publications. Mais le papiamento avait un vocabulaire limité, il n’existait aucun dictionnaire dans cette langue et on ne trouvait pas deux personnes d’accord sur la façon de l’écrire. “ Il nous fallait dire et écrire des choses qui n’avaient jamais été dites ni écrites auparavant en papiamento, a noté des années plus tard Bill Yeatts, un traducteur expérimenté. Définir des règles d’usage était un véritable défi. ” Une tâche ardue, s’il en est ! En 1948, les frères ont traduit la première brochure, La joie pour tous les hommes. En 1959, la traduction du livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ” a été achevée, suivie de celle d’autres livres reliés et de Toren di Vigilancia, ainsi qu’on appelait La Tour de Garde en papiamento, et de Spierta ou Réveillez-vous ! Progressivement, le joug de fer que l’Église faisait peser sur les gens s’est adouci, tandis qu’ils se mettaient à lire et à comprendre la vérité de la Parole de Dieu dans leur langue.

La traduction a aussi eu un impact sur le chant pendant les réunions. D’habitude, les Antillais chantent à tue-tête ; mais les cantiques étant en espagnol, les frères retenaient leur enthousiasme. Toutefois, en 1986, lorsqu’ils ont reçu les recueils de cantiques en papiamento, les salles ont résonné de leurs voix fortes et claires. Par leur chant, ils pouvaient enfin donner libre cours aux sentiments qu’ils éprouvaient pour leur grand Dieu, Jéhovah. Maria Britten a fait cette remarque : “ Ce qui m’a le plus impressionnée la première fois que je suis allée à la Salle du Royaume, c’étaient les cantiques. Ils étaient tellement bien chantés que j’en avais les larmes aux yeux. ” — Is. 42:10.

À mesure que l’œuvre progressait, il fallait davantage de traducteurs. Deux jeunes pionniers zélés, Raymond Pietersz et Janine Conception, ont commencé à apporter leur aide dans ce domaine. Aujourd’hui, une équipe de neuf personnes composent le service de la traduction. En 1989, les traducteurs ont reçu des ordinateurs avec le programme MEPS, un outil précieux d’aide à la traduction qui permettait enfin de publier La Tour de Garde en papiamento en même temps que dans les autres langues : une véritable bénédiction pour l’activité de prédication.

D’autres missionnaires apportent leur aide

En 1962, John Fry, de la 37classe de Guiléad, a été nommé surveillant de la filiale pour remplacer Russell Yeatts qui devait assister au cours de formation à l’École de Guiléad. Au bout de 18 mois, sœur Fry est tombée enceinte. Les Fry ont donc dû retourner en Angleterre et frère Yeatts a repris ses activités à la filiale. Le 31 décembre 1964, Age Van Dalfsen venu des Pays-Bas est arrivé dans les îles, après avoir été diplômé de la 39classe de Guiléad. En débarquant à Curaçao, il a été accueilli par le spectacle magnifique des feux d’artifice et le bruit assourdissant des pétards retentissant dans la nuit. Non, ce n’étaient pas les insulaires qui lui souhaitaient la bienvenue. C’était plutôt la tradition annuelle des autochtones, leur façon d’éloigner les esprits et le mauvais sort de l’année passée et d’annoncer la nouvelle année. Frère Van Dalfsen, jeune et plein d’énergie, a entrepris le service de la circonscription, puis du district. Comme la plupart des missionnaires, il en est venu à aimer son nouveau pays et il déclare : “ Les gens sont chaleureux, accueillants et honnêtes. C’est une joie et un privilège d’être affecté ici. ”

En 1974, Age a épousé Julie, une sœur de la Trinité, qui l’a accompagné dans le service itinérant. Julie se souvient : “ J’ai été frappée par la gentillesse et la tolérance des gens. Même si je ne parlais pas un mot de papiamento, leur serviabilité a rendu ma prédication joyeuse. Il était facile de leur demander ‘ Con ta bai ? ’ (Comment allez-​vous ?) et de s’enquérir de chaque membre de la famille, comme le veut la coutume locale. Il était aussi facile de leur remettre des publications. Ce qui était difficile par contre, c’était de transporter un sac rempli de publications en quatre langues et d’affronter la poussière et le vent ! Mais pour moi, c’était une véritable joie. ” En 1980, Age et Julie sont allés aux Pays-Bas pour s’occuper du père d’Age qui souffrait de la maladie d’Alzheimer, mais ils sont revenus à Curaçao en 1992.

Robertus Berkers et sa femme, Gail, de la 67classe de Guiléad, ont continué le service de la circonscription en l’absence des Van Dalfsen et ont suscité un enthousiasme considérable pour le ministère à plein temps. En 1986, Otto Kloosterman et sa femme Yvonne ont quitté Guiléad pour se rendre à Curaçao, et frère Kloosterman a été nommé coordinateur de la filiale en 1994. Ils sont retournés aux Pays-Bas en 2000. En mars de cette même année, frère Van Dalfsen a été nommé au Comité de la filiale et il a été invité avec sa femme à venir au Béthel, où ils se trouvent actuellement. En 1997, Gregory Duhon, du service d’infographie à Brooklyn, et sa femme, Sharon, ont été affectés à Curaçao comme Béthélites à l’étranger. Sharon, infirmière diplômée, et d’autres ont été d’une aide précieuse pour s’occuper de frère Russell Yeatts, qui souffrait d’un cancer en phase terminale. En mars 2000, frère Duhon a été nommé coordinateur du Comité de la filiale. Il est grandement apprécié de tous pour sa gentillesse et son abord facile. À présent, Gregory Duhon, Clinton Williams et Age Van Dalfsen servent au Comité de la filiale.

Les nombreuses bénédictions qui découlent du service de pionnier

Lorsque Margaret Pieters a commencé à étudier la Bible, elle était satisfaite de sa religion. Elle se rappelle : “ Au début, je n’avais pas l’intention de changer de religion. J’étais un membre actif de l’Église catholique, j’appartenais à la Légion de Marie et je chantais dans le chœur de l’Église. Mais après avoir étudié la Bible, je me suis rendu compte que ce qu’on m’avait enseigné était faux. Je n’ai pas attendu qu’on m’invite à participer à la prédication ; c’est moi qui ai demandé à y aller. Je voulais que d’autres sortent de la fausse religion et prennent position pour la vérité. ” Margaret s’est fait baptiser en 1974 et sert en tant que pionnière permanente depuis 25 ans.

Jéhovah a béni Margaret, comme en témoigne le fait suivant. Une jeune fille du nom de Melva Coombs a été dirigée vers Margaret, qui lui a conseillé de demander à son père la permission d’étudier la Bible. Monsieur Coombs a été impressionné par le respect que lui témoignait Margaret et a dit que non seulement sa fille mais aussi toute la famille étudieraient : sept personnes ! Margaret a eu la joie de les voir tous se faire baptiser et plus tard un des fils est devenu ancien.

Blanche Van Heydoorn est une autre pionnière qui a goûté combien Jéhovah est bon. Elle s’est fait baptiser en 1961 et son mari, Hans, en 1965. Dans le service depuis 35 ans, elle a élevé ses six enfants, dont deux sont maintenant pionniers permanents. Tout cela n’aurait pas été possible sans le soutien physique et moral de Hans. Ensemble, ils ont aidé 65 personnes à vouer leur vie à Jéhovah.

Un des nombreux faits vécus par Blanche concerne sa voisine, Serafina. Lorsque Blanche a commencé à étudier la Bible avec elle, son mari Theo s’y est vigoureusement opposé. Il a brûlé ses livres et interdit à Blanche de remettre les pieds chez eux, disant à qui voulait l’entendre qu’il affûtait sa machette pour elle. Hans a découvert pourquoi Theo était si opposé. Il semble que Theo avait un ami dont la femme avait étudié avec un ministre d’une religion locale, avec qui elle avait fini par partir. Theo craignait donc que sa femme en fasse autant. À l’aide d’Hébreux 13:4, Hans lui a expliqué notre point de vue sur le mariage. Grandement soulagé, Theo a permis à sa femme de poursuivre l’étude. Serafina s’est fait baptiser, suivie de Theo quelque temps plus tard. Ils servent maintenant Jéhovah fidèlement tous les deux.

Blanche raconte qu’un jour, après avoir dirigé une étude biblique à 11 heures du matin, elle est rentrée chez elle pour le déjeuner et elle a accouché de son fils, Lucien, deux heures plus tard ! Elle continue de chérir son privilège de pionnière. “ Le service de pionnier oblige à se préparer et à étudier continuellement et il apporte une satisfaction qui n’existe nulle part ailleurs. ”

La puissance qui passe la normale

Marion Kleefstra a elle aussi trouvé une grande satisfaction à servir Jéhovah à plein temps. Adolescente, elle s’est intéressée à la vérité en lisant les périodiques à sa grand-mère aveugle. Elle a voué sa vie à Jéhovah en 1955, et en 1970, elle est devenue pionnière permanente. Son fils Albert l’a imitée et sert comme pionnier depuis 18 ans.

Marion a étudié la Bible avec Johanna Martina, mère de neuf enfants. Le mari de Johanna, Antonio, était très opposé, si bien que Marion ne pouvait pas étudier avec elle quand il était là. Quand Antonio était à la maison, Johanna attachait un morceau de tissu à la clôture, de sorte qu’en le voyant, Marion savait qu’elle devait revenir plus tard. Grâce à la patience de Marion et à la persévérance de Johanna, cette dernière et son mari ont tous deux accepté la vérité et se sont fait baptiser en même temps. Ils ont aidé huit de leurs neuf enfants à vouer leur vie à Jéhovah.

Plus tard, malheureusement, Antonio a été tué dans un accident de voiture. Quelques années après, deux des enfants de Johanna ont perdu la vie de la même façon et un troisième est décédé dans d’autres circonstances tragiques. Mais en dépit de tout cela, Johanna a tenu bon, confiante que Jéhovah lui accorderait la “ puissance qui passe la normale ”. (2 Cor. 4:7.) Sa foi solide lui a permis non seulement d’endurer des moments de chagrin extrême, mais aussi de persévérer dans son service de pionnier au cours des 25 dernières années. Johanna, âgée à présent de 81 ans, déclare : “ Jéhovah est grand et c’est lui qui me porte. Je l’implore constamment et il ne me déçoit jamais. ”

Ce ne sont là que quelques exemples de pionniers qui, grâce à leur fidélité et à leur dur travail, constituent l’épine dorsale de la plupart des congrégations et contribuent à leur enrichissement. Lorsqu’en 1998 l’objectif horaire des pionniers a été révisé, beaucoup se sont vu offrir la possibilité d’entreprendre cette forme de service. Les pionniers ont montré leur profonde reconnaissance pour l’École des pionniers, qui leur a été d’une aide incomparable pour devenir de meilleurs ministres. Les proclamateurs zélés s’unissent à eux en un chant de louange à Jéhovah et certains connaissent un grand succès dans le témoignage informel, comme le montre le fait suivant.

Au début des années 50, Albert Heath, un jeune docteur de Guyana, donnait des conférences en Indonésie, dans une université de Jakarta. Là, il a commencé à entendre parler d’une tout autre sorte de guérison. En tant qu’ophtalmologiste, il a pu apprécier le “ collyre ” dont parle Jésus aux Laodicéens, en Révélation 3:18. Albert a décidé que c’était ce type de “ collyre ” qu’il voulait prescrire. En 1964, avec sa famille il s’est installé à Curaçao, où il a approfondi sa connaissance du programme de guérison spirituelle confié par Jésus à la classe de l’esclave sur la terre (Mat. 24:45). Albert et son fils se sont fait baptiser à la même assemblée en 1969. Dans sa clinique, il a donné un témoignage complet aussi bien aux patients qu’aux membres du personnel. Il a pu en guider beaucoup vers les eaux de la vie, et certains servent actuellement comme anciens.

Des perturbations inattendues

À Curaçao, la vie avait toujours suivi tranquillement son cours. Pendant longtemps, rien n’était venu troubler la paix quasi idyllique de l’île. Mais des événements se préparaient, qui allaient changer radicalement la situation. Début mai 1969, le surveillant de zone, Robert Tracy, a adressé une mise en garde contre la suffisance et contre le danger de se laisser bercer par un sentiment illusoire de sécurité dû à la sérénité apparente de l’île. Cette sérénité allait bientôt être brisée. Quelques semaines plus tard, le 30 mai, un conflit social s’est envenimé. La ville autrefois paisible a été prise dans un tourbillon d’agitation politique déclenchant pillages et incendies. Clinton Williams se souvient : “ Un homme, torse nu, s’est élancé vers ma voiture, les yeux pleins de rage. Soudain, un de mes anciens étudiants est venu à mon secours en criant : ‘ Pas lui ! C’est quelqu’un de bien. ’ L’homme s’est avancé, a jeté sur le siège de la voiture des boîtes de conserve qu’il venait de voler au supermarché, puis il est parti. J’ai poussé un soupir de soulagement en remerciant Jéhovah de m’avoir protégé. ”

Pendant cette période de trouble et d’incertitude, le peuple de Jéhovah est resté serein, sûr de la promesse selon laquelle, dans un avenir proche, le Royaume de Dieu offrira à tous un gouvernement parfait. Alors Jéhovah satisfera le désir de “ toute créature vivante ”. (Ps. 145:16.) Aujourd’hui, on considère la date du 30 mai 1969 comme un tournant dans l’histoire de l’île.

De nouveaux bâtiments pour la filiale

Nathan Knorr, qui a servi en tant que membre du Collège central des Témoins de Jéhovah jusqu’à sa mort en 1977, a toujours manifesté un vif intérêt pour les missionnaires et a fortifié les frères par de nombreux voyages à l’étranger. En outre, en 1956, des surveillants de zone ont commencé à rendre visite aussi aux frères dans le monde entier : ces “ dons en hommes ” ont été “ une aide qui fortifie ”, donnant une impulsion à l’activité dans les îles ABC (Éph. 4:8 ; Col. 4:11). En 1950, frère Knorr s’est rendu dans ces îles pour la première fois et, alors qu’il était à Curaçao, il a organisé la création d’une filiale dont Russell Yeatts serait le surveillant. Voici ce qu’a ressenti frère Yeatts en entendant le discours de frère Knorr intitulé “ Liberté aux captifs ” : “ C’était comme s’il avait demandé à chacun de monter sur l’estrade et qu’il lui donnait des conseils personnalisés. ” Frère Knorr est venu une deuxième fois en 1955 et a prononcé un discours dans la Salle du Royaume en construction à Oranjestad, à Aruba. Il est ensuite allé à Curaçao pour une assemblée, accompagné d’un groupe de frères. À l’occasion de sa dernière visite officielle en 1962, il a inauguré la Salle du Royaume de Buena Vista, à Curaçao, et a puissamment encouragé les frères par ses discours opportuns. Il a également approuvé la construction d’un nouveau bâtiment réunissant la filiale, la maison de missionnaires et la Salle du Royaume à Oosterbeekstraat, aux abords de Willemstad.

Le père de l’architecte chargé de la conception du bâtiment était juif. Cet homme, qui s’était trouvé dans un camp de concentration nazi avec des Témoins de Jéhovah, a dit à Hazel Yeatts : “ Il n’existe qu’une vraie religion : celle des Témoins de Jéhovah. ” La filiale a été inaugurée en 1964 et agrandie en 1978, sur la recommandation d’Albert Schroeder, surveillant de zone. En 1990, il était devenu évident que des locaux plus grands étaient nécessaires. Des efforts ont donc été faits pour trouver un nouveau terrain sur lequel construire, mais sans succès.

Au cours du mois de novembre 1998, on a décidé d’acheter un bâtiment et d’en faire le nouveau siège de la filiale. Le choix des frères s’est porté sur un immeuble d’habitation bien situé, dans la rue Seroe Loraweg, à l’entrée de Willemstad. La transaction a été réalisée le 4 décembre. Tout s’est passé avec une rapidité et une facilité telles que les frères y ont vu la bénédiction de Jéhovah sur leurs efforts, en harmonie avec Psaume 127:1. Les bâtiments rénovés sont attrayants et rendent honneur et gloire au nom de Jéhovah.

Le 20 novembre 1999, 273 personnes ont assisté à l’inauguration des nouveaux locaux dans la cour de la filiale. Gerrit Lösch, membre du Collège central, a cité le prophète Isaïe pour illustrer l’usage qui allait être fait des nouveaux bâtiments au service du grand dessein de Jéhovah. Le programme spécial organisé le lendemain a rassemblé 2 588 personnes dans un stade, ce qui a été pour beaucoup l’événement marquant de l’année de service 2000.

La question du sang est débattue à la radio

Les Témoins de Jéhovah aiment la vie et la considèrent comme un don de Dieu. En harmonie avec Actes 15:29, ils s’abstiennent du sang. Leur refus des transfusions sanguines basé sur la Bible a été mal compris par des médecins et des autorités bien intentionnés. En 1983, un juge de Curaçao a refusé de reconnaître l’autorité parentale d’Esmond et de Vivian Gibbs, conférée par Dieu, et a ordonné que leur bébé reçoive une transfusion. Cette affaire a été très médiatisée et a donné lieu à de nombreux commentaires négatifs. Une station de radio a diffusé une émission dans le but de clarifier la question, et un groupe de sept personnes, dont Hubert Margarita et sa femme, Lena, ainsi que Robertus Berkers, surveillant de circonscription, a débattu sur le sujet pendant trois heures. Les frères ont habilement expliqué la loi divine relative au sang. L’émission a permis de dissiper la tension existante et d’aider les gens à comprendre les normes de Jéhovah.

Il y a aussi des médecins qui respectent le droit du patient de refuser une transfusion sanguine. Par exemple, Gerda Verbist, enseignante, a eu un grave accident de voiture et devait être opérée d’urgence. Elle avait perdu tellement de sang que sa numération globulaire était descendue à deux. Le chirurgien a décidé d’opérer en deux temps pour éviter à Gerda de nouvelles hémorragies. L’opération a été une réussite. Les Témoins de Jéhovah sont reconnaissants envers de tels médecins compétents et dévoués, qui doivent parfois lutter contre leur conscience et qui malgré tout respectent courageusement et fidèlement le droit de leurs patients d’être soignés sans transfusion.

Guillermo Rama, responsable du Comité de liaison hospitalier de Curaçao, déclare : “ Nous sommes régulièrement sollicités dans des situations de crise. Sans le comité, il y aurait beaucoup plus de problèmes. ” Alfredo Muller, responsable à Aruba, fait le même constat. Il remarque que, même si au départ certains médecins d’Aruba ont opposé une certaine résistance, la plupart ont fini par coopérer avec les Témoins de Jéhovah.

Des surveillants de circonscription se dépensent avec amour

Bien que l’accroissement dans les trois îles ait d’abord été lent, les progrès étaient constants et il était facile de laisser des publications. En 1964, il y avait quatre congrégations, comptant 379 proclamateurs ; en 1980, leur nombre est passé à 16, avec 1 077 proclamateurs. Entre 1981 et 2000, le nombre de proclamateurs a atteint le chiffre de 2 154, et en 2000, en comptant les deux congrégations de langue néerlandaise et les deux de langue espagnole, il y avait au total 29 congrégations, avec une assistance au Mémorial de 6 176 personnes.

Afin de desservir les différents groupes linguistiques, il fallait des surveillants de circonscription parlant au moins trois langues, et ce n’était pas toujours facile de trouver de tels frères. Les îles ABC ont néanmoins été bénies par la visite de surveillants itinérants qui, comme Paul, étaient contents de communiquer leurs âmes mêmes (1 Thess. 2:8). Parmi ceux qui ont accompli ce service, il y a eu Humphrey et Ludmila Hermanus, actuellement missionnaires au Suriname, ainsi que Edsel et Claudette Margarita, des pionniers locaux. Frankie et Maria Herms, des pionniers arubiens, ont également été dans le service de la circonscription jusqu’à ce qu’ils soient appelés au Béthel, où ils font actuellement partie de l’équipe de traduction.

En 1997, Marc et Edith Millen, ayant servi auparavant dans la circonscription en Belgique, sont partis loin de chez eux pour fortifier les frères. Comme tous les nouveaux missionnaires, les Millen ont dû apprendre la langue, défi qui provoque parfois des incidents très amusants. Frère Millen se souvient qu’il essayait d’expliquer qu’un chrétien ne doit pas ressembler à un soldat qui se cache dans une tranchée (buracu), et au lieu de cela il a dit de ne pas ressembler à un soldat qui se cache dans un âne (buricu) ! Malgré les difficultés posées par la langue, Marc et Edith ont persévéré. Maintenant qu’ils la maîtrisent bien, ils ont la joie de servir dans les congrégations néerlandaises et papiamento. En 2000, Paul et Marsha Johnson ont apporté leur soutien à une nouvelle disposition : pour la première fois, un surveillant de circonscription de Porto Rico rendait visite aux congrégations anglophones et hispanophones locales.

Construction rapide de Salles du Royaume

En 1985, 294 frères américains sont venus d’aussi loin que l’Alaska pour construire une Salle du Royaume dans la ville de Pannekoek, à Curaçao. La nouvelle salle, bâtie en neuf jours, a fait l’objet d’une grande publicité et a constitué un excellent témoignage et une démonstration de l’amour et de l’unité à l’œuvre. Les gens étaient surpris de voir des hommes, des femmes et des enfants aidant avec empressement les volontaires venus des États-Unis. Ramiro Muller raconte : “ Comme toujours, il y a eu des problèmes techniques, mais nous les avons surmontés et l’esprit de Jéhovah a agi puissamment sur la construction de la salle. Le dimanche soir, les frères ont pu adorer Jéhovah dans une salle toute neuve, au grand étonnement des sceptiques pour qui cela n’arriverait jamais. ”

Apparemment, cette réalisation a aussi stupéfié le clergé local, car un matin, après le reportage télévisé, une voiture s’est arrêtée devant la salle. Qui en est sorti ? Nul autre que l’évêque de Curaçao, accompagné de trois prêtres, leurs soutanes blanches flottant au vent, secouant la tête en signe de surprise et d’incrédulité !

Le temps nous manquerait pour raconter tous les actes désintéressés des frères, des premiers missionnaires comme les Van Eyk, les Hoornveld, les Phelps et Cor Teunissen, qui ont quitté leur pays pour servir les frères des îles ; de Pedro Girigorie qui, bien que ne sachant ni lire ni écrire, a dirigé de nombreuses personnes vers la vérité ; de Theodore Richardson, affectueusement appelé “ Grand garçon ”, arpentant les rues de Cher Asile pour effectuer d’innombrables nouvelles visites ; de pionnières zélées comme Maria Selassa, Edna Arvasio, Isenia “ Chena ” Manuel et Veronica Wall ; de la joyeuse Seferita Dolorita, aveugle et atteinte de sclérose en plaques mais qui persévère dans la prédication et qui ne manque jamais d’encourager ceux qui viennent la voir. Les images de ces frères fidèles ainsi que d’autres qui ont donné d’eux-​mêmes sans compter sont profondément gravées dans l’esprit et dans le cœur des frères des îles ABC.

Le désert fleurit

Dans les années 80, Aruba a connu un essor économique. Des hôtels ultramodernes bordent maintenant les plages de sable blanc et des casinos baignés de lumière attirent des membres de la jet-set du monde entier. Comme cela était à prévoir, la mentalité des gens s’en est trouvée affectée, et beaucoup se sont laissé piéger par l’attrait du matérialisme, même dans les congrégations. Les progrès spirituels sont néanmoins remarquables, surtout dans la population hispanophone, et il y a un grand besoin de frères capables pour diriger l’œuvre.

L’île de Curaçao, quant à elle, traverse une grave crise économique et beaucoup partent s’installer aux Pays-Bas. L’exode des frères a eu un impact sur les congrégations ; ces dernières années, on a enregistré un faible accroissement à Curaçao et à Bonaire.

Toutefois, à mesure qu’on avance dans le XXIsiècle, il y a lieu de relever la tête et de se réjouir. Le Royaume glorieux de Dieu est proche et son peuple continue d’enseigner la vérité à tous ceux qui sont “ dans la disposition qu’il faut ”. (Actes 13:48.) Autrefois desséché, ce désert spirituel est maintenant imprégné des eaux de la vérité.

[Encadré/Illustrations, page 72]

Des flamants roses et des ânes

Sur l’île calme et préservée de Bonaire, l’extraction du sel marin est une activité importante et représente une source de revenus pour les insulaires. La présence de puits salants fait donc de l’île l’un des rares endroits au monde propices à l’élevage de flamants roses, puisque ces oiseaux colorés se nourrissent d’aliments à forte teneur en sel. En outre, des ânes sauvages, importés initialement pour travailler dans les puits salants et remplacés par des machines, sont maintenant livrés à eux-​mêmes ; à présent, ils errent dans la campagne. Afin de les protéger, une réserve a été créée et un programme d’adoption a été mis en place dans l’île.

[Encadré/Illustration, page 87]

Les pignons et le pont flottant de Curaçao

La capitale de Curaçao est la ville pittoresque de Willemstad. Ses bâtiments à pignons évoquent Amsterdam, mais ils sont peints avec des couleurs vives. La baie de Sainte-Anne coupe la ville en deux. Le Queen Emma, un pont flottant, relie les deux parties de la ville et peut s’ouvrir en quelques minutes pour laisser entrer dans le port des bateaux de grand gabarit. À l’origine, il fallait payer pour traverser le pont, à moins d’être pieds nus, ce qui était un signe de pauvreté. Les pauvres empruntaient donc des chaussures pour ne pas être considérés comme pauvres et les riches cachaient les leurs pour ne pas payer !

[Encadré, page 93]

Saluer d’abord le prêtre ?

“ La dignité sacerdotale est si élevée et si sublime que rencontriez-​vous en chemin un prêtre et un ange, c’est le prêtre que vous devriez saluer le premier. ” — Traduit de l’hebdomadaire catholique La Union, numéro du 10 août 1951, publié à Curaçao.

[Encadré/Illustration, page 95]

La valeur d’une bonne réputation

En septembre 1986, Russell Yeatts est venu chercher un colis envoyé depuis la Jamaïque, adressé à la Watch Tower Bible and Tract Society. En l’ouvrant devant les inspecteurs des postes, il a été stupéfait de découvrir sous une pile de périodiques un paquet contenant quatre kilos de marijuana ! La police l’a immédiatement arrêté. Mais le responsable des postes de Curaçao a rendu pour lui un bon témoignage, disant qu’il était impossible que frère Yeatts soit impliqué dans un trafic de drogue. Si ce responsable ne s’était pas porté garant de façon aussi irréfutable, frère Yeatts aurait été envoyé en prison. Finalement, il a rapidement été relâché. La presse locale a largement commenté cet incident, certains journaux présentant frère Yeatts comme “ un homme honnête et d’une grande moralité ”, et “ dont le désir est de prêcher la bonne nouvelle à tous ”. Ce fait souligne la valeur d’une bonne réputation.

[Encadré/Illustration, page 96]

Un aspect peu commun de l’œuvre du Royaume

Chaque année, un très grand nombre d’exemplaires de la brochure Examinons les Écritures chaque jour sont distribués. Pendant plusieurs années, des pionniers ont pu en laisser des centaines. Alors qu’elle était hospitalisée, Giselle Heide a saisi l’occasion de donner le témoignage de façon informelle aux autres patients. Parmi eux, Ninoska, a réagi favorablement et a demandé à Giselle si elle avait “ le petit livre ”. Au début, Giselle ne savait pas à quel livre Ninoska faisait allusion, mais notre sœur a finalement compris qu’il s’agissait de la brochure Examinons les Écritures chaque jour. Giselle et Ninoska ont alors analysé le texte chaque matin. Elles ont aussi pris des dispositions pour étudier la Bible ensemble après leur sortie de l’hôpital. Moins d’un an plus tard, Ninoska se faisait baptiser. Actuellement, son mari et ses enfants étudient la Bible avec les Témoins.

[Illustration]

“ Examinons les Écritures chaque jour ”, en néerlandais, en anglais et en papiamento.

[Encadré, page 104]

“ Du zèle pour Dieu ; mais non selon la connaissance exacte ”

Un matin, alors qu’ils prêchaient, Hubert Margarita et Morena Van Heydoorn ont rencontré Morella, une écolière. Par sa façon de s’exprimer, Morella montrait qu’elle avait “ du zèle pour Dieu ; mais non selon la connaissance exacte ”. (Rom. 10:2.) Elle leur a expliqué qu’elle recevait un enseignement catholique quotidien et qu’elle était convaincue que c’était ainsi qu’il fallait adorer Dieu. Hubert et Morena ont commencé à étudier la Bible avec elle. Voici ce dont ils avaient convenu : Morella irait voir son professeur, le prêtre, pour vérifier ce qu’elle aurait appris. S’il n’était pas d’accord avec un enseignement, elle lui demanderait d’expliquer pourquoi sur la base de la Bible. Si jamais elle avait l’impression que ce que les Témoins lui apprenaient n’était pas biblique, elle arrêterait d’étudier. Morella s’est vite rendu compte que les enseignements de l’Église catholique étaient contraires aux Écritures. Constatant que ses questions embarrassaient de plus en plus le prêtre, elle a définitivement cessé d’assister à ses cours. Elle a poursuivi son étude de la vérité, s’est fait baptiser et maintenant elle sert Jéhovah joyeusement.

[Encadré/Illustration, page 107]

Le sable et la roche d’Aruba

Les gigantesques formations rocheuses de Casibari et d’Ayo sont une des particularités fascinantes du paysage arubien. Autres curiosités remarquables, les grottes ornées de dessins qui auraient été faits dans la roche par les Indiens Dabajaro. Le temps invariablement radieux et les longues plages de sable blanc attirent des milliers de touristes qui reviennent dans l’île chaque année.

[Encadré, page 110]

“ De la bouche des tout-petits ”

Jésus a déclaré : “ De la bouche des tout-petits et des nourrissons tu as produit une louange. ” (Mat. 21:16). Cela se vérifie aussi dans le cas des enfants des îles ABC. Maurice a 15 ans et il vit à Aruba. Lorsqu’il avait sept ans, sa mère l’avait perdu à une assemblée de district. Inquiète, elle était à sa recherche ; elle l’a finalement retrouvé au fond de la salle où se tenait la réunion pour ceux qui aimeraient servir au Béthel. Maurice voulait remplir une demande d’entrée au Béthel. Ne voulant pas le décourager, le frère qui présidait la réunion lui avait permis de rester. Le fervent désir qu’avait Maurice de servir Jéhovah au Béthel ne s’est pas éteint. Il s’est fait baptiser à l’âge de 13 ans et se dépense diligemment dans la congrégation, préparant consciencieusement ses exposés. Il est plus déterminé que jamais à servir au Béthel.

À Bonaire, Renzo a été invité à une réunion alors qu’il n’avait que six ans ; cela lui a beaucoup plu. Il a commencé à étudier la Bible et à partir de ce moment-​là il a refusé d’aller à l’église catholique. Il a demandé à ses parents pourquoi, à l’église, on ne leur avait pas parlé du Paradis, ce qui a éveillé leur curiosité. Ils ont alors commencé à étudier avec les Témoins de Jéhovah. Par la suite, le père et la mère de Renzo ainsi que l’une des personnes avec qui il étudiait la Bible se sont fait baptiser. Aujourd’hui âgé de huit ans, Renzo s’est fait baptiser lors d’une assemblée de circonscription à Bonaire.

[Encadré/Illustration, page 115]

Qui veut du ragoût d’iguane ?

Les iguanes, comme celui qui apparaît sur la photo ci-dessous, sont répandus dans les îles ABC. Ces reptiles sont très prisés, mais pas en tant qu’animaux de compagnie. L’iguane est l’ingrédient de base des soupes et des ragoûts. “ Il a exactement le même goût que le poulet, déclare un chef local. Sa chair est très tendre. ”

[Cartes, page 71]

(Voir la publication)

HAÏTI

MER DES CARAÏBES

VENEZUELA

ARUBA

ORANJESTAD

San Nicolas

CURAÇAO

WILLEMSTAD

Santa Cruz

Buena Vista

BONAIRE

Kralendijk

[Illustrations pleine page, page 66]

[Illustration, page 68]

Des gens de nationalités différentes coopèrent dans la paix au sein de la congrégation de Hooiberg, à Aruba.

[Illustration, page 70]

Pearl Marlin vendait des publications religieuses avec son père. Plus tard, elle est devenue Témoin de Jéhovah.

[Illustration, page 73]

La première congrégation anglophone d’Aruba, à San Nicolas.

[Illustrations, page 74]

Quelques-uns de ceux qui ont émigré à Aruba : 1) Martha Faustin, aujourd’hui Hamilton, 2) son mari, décédé depuis et 3) Robert et Faustina Titre.

[Illustration, page 75]

Woodworth et Oris Mills le jour de leur mariage.

[Illustration, page 76]

Edwina Stroop, une pionnière d’Aruba.

[Illustration, page 77]

Jacobo Reina a obtenu un exemplaire du livre “ Création ” en 1928 et a reconnu l’accent de la vérité.

[Illustration, page 78]

De gauche à droite : Russell et Hazel Yeatts, diplômés de la 6classe de Guiléad, et Mary et William Yeatts, de la 14classe.

[Illustration, page 79]

Henricus Hassell, à gauche, était un prédicateur zélé de la bonne nouvelle.

[Illustration, page 79]

Camilio Girigoria a été le premier insulaire à se faire baptiser, en 1950.

[Illustration, page 80]

On garde d’excellents souvenirs d’Alice et Henry Tweed, de leur esprit de sacrifice et de leur zèle.

[Illustration, page 81]

Gabriel Henriquez a reçu un abonnement gratuit à “ Réveillez-vous ! ” Il a été le premier Arubien à se faire baptiser.

[Illustrations, page 82]

Ninita Webb s’est d’abord opposée à la vérité. Elle et son mari sont devenus des proclamateurs zélés du Royaume.

[Illustration, page 82]

Maria Rasmijn était une catholique fervente jusqu’à ce que son prêtre lui dise que les images religieuses n’avaient aucune valeur.

[Illustration, page 83]

Albert Suhr a laissé derrière lui d’excellentes “ lettres de recommandation ”.

[Illustration, page 84]

Olive Rogers a aidé de nombreuses personnes à vouer leur vie à Jéhovah.

[Illustration, page 85]

Au-dessus : Eugene Richardson, baptisé à l’âge de 17 ans, a servi avec zèle en tant que pionnier.

[Illustration, page 85]

En dessous : Le jeune Clinton Williams s’est joint à lui pour ouvrir le territoire du “ kunuku ”.

[Illustration, page 86]

La maison de missionnaires à Aruba, vers 1956.

[Illustration, page 89]

Ci-dessus : En 1962, Nathan Knorr, du Béthel de Brooklyn, a inauguré cette Salle du Royaume, la première à appartenir aux frères de Curaçao.

[Illustration, page 89]

À droite : Victor Manuel, proclamateur de la bonne nouvelle depuis près de 50 ans, a servi dans la deuxième congrégation de langue papiamento.

[Illustration, page 90]

Ci-dessus : Assemblée internationale “ Paix sur la terre ” en 1969 à Atlanta, en Géorgie (États-Unis).

[Illustration, page 90]

À droite : La même assemblée, à Curaçao.

[Illustration, page 94]

Petra Selassa (à droite) et sa fille, Ingrid, pionnières spéciales envoyées à Bonaire en 1969 pour apporter leur aide.

[Illustration, page 97]

“ La Tour de Garde ” en papiamento.

[Illustration, page 98]

Au-dessus : Pauline et John Fry.

[Illustration, page 98]

En dessous : Age Van Dalfsen est arrivé en 1964, après avoir été diplômé de la 39classe de Guiléad.

[Illustrations, page 99]

Ci-dessus : Janine Conception et Raymond Pietersz font partie d’une équipe de neuf traducteurs.

[Illustration, page 99]

À droite : Estrelita Liket travaille sur ordinateur et utilise le programme MEPS, un outil précieux d’aide à la traduction.

[Illustration, page 100]

Robertus et Gail Berkers (à gauche), servant dans la circonscription, ont suscité un enthousiasme considérable pour le ministère à plein temps.

[Illustration, page 100]

Julie et Age Van Dalfsen (ci-dessous) sont retournés à Curaçao en 1992 et ont été invités à servir au Béthel en 2000.

[Illustration, page 100]

Age Van Dalfsen, Clinton Williams et Gregory Duhon sont membres du Comité de la filiale.

[Illustration, page 102]

Blanche et Hans Van Heydoorn ont aidé 65 personnes à vouer leur vie à Jéhovah.

[Illustration, page 108]

1) La filiale, inaugurée en 1964.

[Illustrations, page 108]

2, 3) La filiale actuelle, inaugurée le 20 novembre 1999.

[Illustrations, page 112]

Les îles ABC ont eu le bonheur d’accueillir des couples dans le service itinérant, tels que (ci-dessus) Ludmila et Humphrey Hermanus, (de gauche à droite) Paul et Marsha Johnson, et Edith et Marc Millen.

[Illustrations, page 114]

Les premiers missionnaires : 1) les Van Eyk, 2) les Hoornveld et 3) Cor Teunissen ont quitté leur pays pour servir leurs frères des îles.