Islande
Islande
Le mot Islande évoque peut-être en nous des images de glace, de neige et d’igloos. L’impression de froid qui s’en dégage s’avive quand on situe cette île sur une carte. Peu de gens vivent aussi près du pôle Nord. En effet, la côte la plus septentrionale de l’île touche presque le cercle arctique !
En réalité, il n’y fait toutefois pas aussi froid que son nom (qui est formé des mots islandais signifiant “ terre ” et “ glace ”) et sa situation géographique pourraient nous le faire croire. Un courant océanique chaud, provenant d’une zone située au nord de l’équateur, près de celui-ci, rend le climat bien plus doux qu’on ne l’imagine. Il n’y a pas d’igloos. La société islandaise est très moderne, et les Islandais vivent dans de belles maisons pourvues du chauffage géothermique.
L’Islande est une terre de contrastes. Au cœur de l’hiver, le soleil fait une brève apparition à l’horizon, seulement pour quelques heures dans la journée. Bien que les longues nuits enténébrées de l’hiver se parent souvent de ces spectacles lumineux que sont les aurores boréales, le soleil donne l’impression de se refuser à faire une halte. Mais la clarté qui ne faiblit pas durant les mois d’été compense largement l’obscurité hivernale. À l’extrême nord de l’île, le soleil s’attarde au-dessus de l’horizon des semaines durant. C’est là qu’on peut voir le soleil de minuit.
L’Islande a été appelée le pays de glace et de feu, et avec justesse ! Les glaciers occupent un dixième environ de sa superficie. Quant au feu, l’Islande est un haut lieu de l’activité
volcanique et géothermique. Au fil du temps, des dizaines de volcans sont sortis de terre et, durant ces derniers siècles, des éruptions ont eu lieu tous les cinq ou six ans. Les sources d’eau chaude y foisonnent aussi.Ce pays à faible population jouit d’une beauté naturelle et d’une faune abondante. L’air pur, les cascades impressionnantes, les sommets déchiquetés et les grands espaces désertiques attirent de nombreux visiteurs. Au début du printemps, les oiseaux migrateurs reviennent dans leurs demeures estivales, sur les falaises ou dans les marécages. Parmi ces oiseaux figure la sterne arctique, que sa migration conduit jusqu’en Antarctique, à l’antipode de l’Islande. Macareux moines, eiders à duvet et goélands marins parsèment les côtes. Des moutons pâturent dans la campagne, et des poneys islandais, petits et robustes, errent dans les montagnes. Au début de l’été, des milliers de saumons sont de retour ; ils remontent les cours d’eau et les cascades pour aller frayer.
Les 290 570 habitants de l’Islande descendent des Vikings, qui s’y établirent voilà plus de 11 siècles. Ils venaient essentiellement de Norvège et parlaient le vieux norrois, duquel provient l’islandais. Un riche héritage littéraire conjugué à un certain isolement du pays a contribué à la préservation de la langue. De ce fait, les Islandais d’aujourd’hui peuvent lire les vieilles sagas, rédigées pour la plupart au XIIIe siècle. Ils sont fiers de leur langue, qu’ils préservent le plus possible des mots étrangers.
La majorité des premiers colons étaient des “ païens ”, et ce n’est que vers la fin du Xe siècle qu’on a cherché à les convertir au “ christianisme ”. Peu avant la fin du Xe siècle, d’éminents chefs islandais ont été convertis et, en l’an 1000, le Parlement islandais, l’Althing, a demandé à l’un des plus importants chefs religieux païens de choisir entre ces deux religions. Contre toute attente, il a décidé que seule la religion “ chrétienne ” devait être pratiquée. Il semble que ce choix n’ait pas rencontré beaucoup d’opposition. Cette directive n’empêchait toutefois pas le peuple de vénérer ses dieux païens en secret et de continuer à suivre ses coutumes. Bien que la décision ait été plus politique que religieuse, elle a sans doute contribué à faire des Islandais des libres penseurs, tolérants quant aux questions religieuses.
Aujourd’hui, environ 90 % de la population appartient à l’Église luthérienne, la religion d’État. Même si la majorité des foyers possèdent la Bible, peu d’Islandais la considèrent comme la Parole de Dieu.
La bonne nouvelle touche l’Islande
À l’aube du XXe siècle, nombre d’Islandais ont émigré au Canada, entre autres pour échapper aux difficultés suscitées par les éruptions volcaniques et les très grands froids. C’est là que certains ont entendu parler de la bonne nouvelle du Royaume pour la première fois. Georg Fjölnir Lindal, par exemple, était dans ce cas. Peu après avoir voué sa vie à Jéhovah Dieu, il est devenu pionnier. Comme il parlait l’islandais, frère Lindal a décidé en 1929, à l’âge de 40 ans, d’aller s’installer en Islande. Arrivé à Reykjavik le 1er juin de la même année, il a été le premier à annoncer la bonne nouvelle dans ce pays.
Frère Lindal a attendu trois mois que le premier chargement de publications arrive, après quoi il s’est mis aussitôt à donner le témoignage à tout le monde. À la fin du mois d’octobre 1929, il avait diffusé 800 exemplaires du livre La Harpe de Dieu en islandais. Il a écrit : “ Depuis mon arrivée, j’ai prêché dans plusieurs villes, soit à un total de 11 000 habitants. La population de l’Islande étant de 100 000 personnes ou légèrement plus, il reste environ 90 000 personnes à joindre. Il faudra un temps considérable à un seul homme pour parcourir tout le pays, tellement les déplacements sont difficiles. L’Islande est un pays de montagnes et de côtes déchiquetées ; ici, pas de chemin de fer, peu de routes carrossables ; je dois donc voyager par bateau la plupart du temps. ”
Il n’y a pas le moindre signe de plainte dans les quelques lettres manuscrites de frère Lindal, classées dans un dossier recouvert de papier kraft portant l’inscription “ Islande ” peinte au pochoir. Dans sa lettre datant de 1929, il rapporte : “ Cela me fait très plaisir de vous raconter un fait encourageant que j’ai vécu récemment. J’ai eu la possibilité de retourner à un endroit où j’avais déjà prêché. J’y ai rencontré plusieurs personnes qui m’avaient acheté des livres lors de mon premier passage. Un homme m’a dit : ‘ J’ai lu La Harpe deux fois, et j’en suis à la troisième. C’est un bon livre. Merci d’être venu. ’ Un autre a fait cette observation : ‘ Ainsi vous êtes revenu. Ce livre
est excellent ! Pourquoi ne publiez-vous pas tous les livres du juge Rutherford en islandais ? ’ Je lui ai signalé que la plupart étaient disponibles en danois. À quoi il a répondu : ‘ Faites-moi parvenir tout ce que vous avez, même les volumes du pasteur Russell, et j’aurai suffisamment à étudier cet hiver. ’ D’autres encore ont dit qu’ils avaient beaucoup apprécié les livres. Je suis reconnaissant à Dieu de m’avoir permis de porter le message de la vérité aux personnes qui y prêtent l’oreille. ”Parvenir à toucher tous les habitants de l’île, qui fait plus de la moitié de l’Angleterre, était une tâche gigantesque pour une seule personne ! L’Islande s’étend sur environ 300 kilomètres du nord au sud et sur
quelque 500 kilomètres d’est en ouest. Le littoral est long de près de 6 400 kilomètres, si l’on inclut les fjords et les criques. Toujours est-il qu’en dix ans frère Lindal a prêché et distribué des publications dans toute l’île. Il longeait les côtes en bateau et, pour atteindre les fermes à l’intérieur du pays, il utilisait deux poneys : il montait l’un et chargeait l’autre avec les publications et ses affaires. D’après les frères qui ont eu la joie de collaborer avec lui pendant quelques années avant qu’il ne quitte l’Islande, frère Lindal était dévoué, sérieux, timide et réservé. Il parlait peu. Sa stature le rendait imposant ; c’est tout juste s’il n’était pas trop grand pour les petits poneys qu’il utilisait dans ses déplacements. Quand parfois il n’avait pas de poney, il était assez fort pour porter lui-même les publications et ses effets personnels.Lorsqu’en 1929 il a commencé à prêcher en Islande, frère Lindal était loin d’imaginer à quel point ce serait difficile et combien il faudrait se montrer patient et persévérant de manière à briser la glace, pour ainsi dire. Pendant presque 18 ans, il a été le seul Témoin sur l’île. Malgré tous ses efforts, il n’a vu personne prendre position pour le Royaume. En 1936, il a écrit : “ Depuis que je suis ici, j’ai remis aux gens entre 26 000 et 27 000 livres. Beaucoup les ont lus. Quelques-uns semblent avoir pris parti contre la vérité, mais la plupart demeurent totalement indifférents. ”
Il en est, cependant, qui ont apprécié le message qu’il leur apportait. Par exemple, un homme âgé avait accepté le livre La Harpe de Dieu. Quand frère Lindal est revenu le voir quelques mois plus tard, il a rencontré la fille de cet homme, qui lui a dit que son père avait beaucoup aimé le livre et qu’il l’avait étudié minutieusement avant de mourir. Pour satisfaire à une coutume païenne, il avait même demandé qu’à sa mort le livre soit placé à côté de lui dans le cercueil, ce qui avait été fait.
Frère Lindal est longtemps resté le seul Témoin dans le pays ; mais le 25 mars 1947, des diplômés de Guiléad, l’École biblique de la Société Tour de Garde, sont arrivés. Frère Lindal a poursuivi son service en Islande, puis il est retourné au Canada, en 1953. Seize ans plus tard, Páll Heine Pedersen, alors pionnier spécial en Islande, a décidé de se rendre à Winnipeg, au Canada ; il souhaitait y rencontrer frère Lindal et obtenir de lui des renseignements de première main sur ce qu’il avait accompli en Islande, parce que les frères qui avaient œuvré à ses côtés, à l’époque, étaient partis. Durant ses vacances aux États-Unis, frère Pedersen a pris le car jusqu’à Winnipeg. À son arrivée, il a appris que frère Lindal avait achevé sa vie terrestre le matin même. Il avait servi Jéhovah fidèlement jusqu’à sa mort.
Davantage d’ouvriers pour la moisson
En 1947, la prédication de la bonne nouvelle est entrée dans une ère nouvelle, avec l’arrivée de deux missionnaires diplômés de Guiléad, les premiers en Islande. Ils venaient du Danemark. L’un d’eux s’appelait Leo Larsen. En décembre 1948, deux autres missionnaires les ont suivis : Ingvard Jensen, un Danois, et Oliver Macdonald, un Anglais. Ces nouveaux moissonneurs ont poursuivi l’œuvre commencée par frère Lindal et ont diffusé de grandes quantités de publications. L’hiver, ils prêchaient dans Reykjavik et ses environs et, durant l’été, qui est court, ils se concentraient sur les territoires ruraux du littoral. Ingvard Jensen se souvient bien d’une expédition en particulier. Il a écrit : “ Durant mon premier été en Islande, j’ai accompagné un missionnaire qui allait prêcher en zone rurale. En principe, nous prenions le car ou
le bateau pour nous rendre sur le territoire. Nous emportions bicyclettes, tentes, sacs de couchage, publications et provisions. Un soir, nous avons fait voile en direction de Stykkishólmur, sur la côte ouest ; nous y sommes arrivés le lendemain après-midi. Nous avions prévu de prêcher de porte en porte dans la ville, puis d’aller en vélo à une centaine de kilomètres de là, à Borgarnes, où un ferry assurait chaque jour la liaison avec Reykjavik. Le voyage a commencé sans difficulté. Nous étions à la mi-juin, et il faisait soleil. Le premier soir, après une journée de prédication dans une partie de la ville, nous nous sommes glissés dans nos sacs de couchage. Pendant la nuit, nous n’arrivions pas à avoir chaud dans nos sacs ; nous avons compris pourquoi au matin : il était tombé dix centimètres de neige ! Impossible d’écourter notre voyage puisqu’il n’y aurait pas de bateau avant une semaine. Nous avons dû nous en tenir à ce qui était prévu, c’est-à-dire prêcher dans la ville, puis gagner la ville suivante, en empruntant à bicyclette une route de montagne et en prêchant dans les fermes sur le trajet. ”Ils sont arrivés à Borgarnes au bout de quatre jours, après avoir pédalé dans la neige fondue, sous la pluie et des rafales atteignant 100 kilomètres à l’heure. Ce temps exécrable a été en partie compensé par l’hospitalité peu commune des fermiers qui les invitaient toujours à prendre un café ou à manger quelque chose. Frère Jensen se rappelle qu’ils prenaient huit à dix repas par jour ! “ Je pensais que les gens seraient vexés si nous repoussions leur aimable invitation, dit-il, et cela nous permettait de leur donner un témoignage complet au sujet du Royaume établi par Jéhovah. ”
Durant les trois premières années d’activité missionnaire en Islande, les frères ont diffusé 16 000 publications. Cela étant, le nombre des nouvelles visites et des études n’a pas augmenté proportionnellement : les personnes acceptaient les publications bien volontiers, mais le message ne suscitait aucune réaction chez elles. Par exemple, frère Larsen et sa femme, Missie — qui était venue du Danemark en 1950 pour se marier avec lui —, sont allés sur la côte est et ont prêché dans les villes de Höfn, d’Eskifjörđur, de Neskaupstađur et de Seyđisfjörđur. Au cours de ce voyage éprouvant, ils ont laissé 300 livres et environ autant de brochures. Des marque-pages contenant un bref message biblique et l’adresse des missionnaires qui habitaient Reykjavik avaient été imprimés et glissés dans chaque livre. Tous ceux qui acceptaient une publication étaient invités à écrire pour en savoir plus sur la vérité, mais aucun ne l’a fait.
En 1952, on a estimé que le territoire de la côte nord méritait une plus grande attention. C’est pourquoi, au mois de
juin, Oliver Macdonald et sa femme, Sally, venue d’Angleterre en 1949 pour l’épouser, ont été affectés à Akureyri comme pionniers spéciaux. Ils se sont heurtés à une vive opposition de la part d’un groupe appelé les Frères de Plymouth, dirigé par le consul britannique qui résidait dans cette ville. Non seulement le consul avait de nombreux partisans, mais d’autres habitants l’écoutaient quand il s’en prenait aux Témoins lors de conférences ou dans des articles. Même si, à Reykjavik, les pionniers n’avaient pas été habitués à une telle opposition, ils l’ont affrontée courageusement et ils ont continué de prêcher comme d’habitude, saisissant chaque occasion de réfuter les fausses accusations. D’ailleurs, certains journaux ont publié leurs réponses.En plus de prêcher dans la ville, les pionniers se sont rendus dans sa grande banlieue ; ils ont laissé des publications aux habitants, mais, bien qu’ils aient été l’objet de l’hospitalité typique des Islandais, ils n’ont pas rencontré beaucoup d’intérêt pour le message du Royaume. Frère et sœur Macdonald sont retournés à Reykjavik en juillet 1953. Toutefois les graines de vérité qu’ils avaient plantées à Akureyri allaient croître plus tard.
Un fondement est posé
Après avoir planté et arrosé pendant 27 ans, les frères d’Islande ont fini par récolter le fruit de leurs efforts. Au début de l’année 1956, sept personnes ont pris position pour le Royaume et ont voué leur vie à Jéhovah. Jusque-là, la plupart de ceux qui s’étaient intéressés à la vérité n’avaient pas tenu bon, sauf Iris Åberg, une sœur anglaise qui a ensuite quitté l’Islande. Avec ces sept nouveaux baptisés, un fondement solide était posé. Toutefois, en 1957, les missionnaires et les pionniers qui avaient tant fait pour que la vérité s’implante en Islande avaient quitté le pays, essentiellement pour raison de santé.
C’est ainsi qu’en 1957 seule Edith Marx, une pionnière spéciale venue du Danemark l’année précédente, est restée dans la congrégation. Il fallait des moissonneurs pour soutenir ces frères et sœurs, qui se trouvaient brutalement privés de ceux qui avaient aidé les nouveaux à connaître la vérité et à s’y cramponner. Peu après, cependant, des pionniers spéciaux sont arrivés du Danemark, de Suède et d’Allemagne. Qui plus est, des proclamateurs et des pionniers en nombre se sont installés en Islande pour prendre part à la prédication. À partir de là, l’accroissement a été lent mais régulier.
Il s’est accompagné d’événements enthousiasmants, telles les visites régulières du surveillant de circonscription et
les assemblées de district. Mais il y avait besoin de plus de publications en islandais. Le premier numéro de La Tour de Garde en islandais est paru le 1er janvier 1960. Cela a donné un nouvel élan à l’activité. Comme les frères étaient joyeux de pouvoir proposer aux Islandais cette publication dans leur langue maternelle ! Et combien la foi des frères eux-mêmes s’est trouvée fortifiée par l’excellente nourriture spirituelle dont ils bénéficiaient chaque mois ! Quand il a été annoncé, lors d’une assemblée de district à Reykjavik, que La Tour de Garde paraîtrait en islandais, un périodique géant a été montré derrière l’orateur. L’assistance a accueilli ce cadeau de Jéhovah par une salve d’applaudissements !Frère Pedersen se rappelle qu’à son arrivée en Islande en octobre 1959 la brochure “ Cette bonne nouvelle du Royaume ” était la seule publication disponible en islandais ; bien des gens la possédaient déjà. Les proclamateurs proposaient La Tour de Garde et Réveillez-vous ! en allemand, en anglais, en danois ou en suédois aux nombreuses personnes qui lisaient l’une de ces langues. Reste qu’il était beaucoup plus avantageux pour elles de lire La Tour de Garde dans leur langue maternelle. Cette publication en islandais a eu un effet considérable sur l’œuvre de prédication. Les 41 proclamateurs et pionniers ont abonné 809 lecteurs et diffusé 26 479 périodiques durant l’année de service 1960. Les frères ont aussi pu voir le nombre des études bibliques augmenter.
L’ouverture d’une filiale le 1er janvier 1962 a marqué une autre étape. L’œuvre en Islande avait été supervisée par le Béthel des États-Unis et auparavant par celui du Danemark. Plus tard, en 1969, Les Témoins de Jéhovah ont été enregistrés officiellement par le ministère de la Justice et des Affaires ecclésiastiques. Désormais, ils jouissaient des mêmes droits que les autres confessions et étaient habilités à célébrer des mariages et des funérailles.
L’opposition du clergé
Le mois où la filiale a été créée, les frères ont rencontré de l’opposition de la part du clergé. Un beau matin, un grand journal annonçait en manchette que l’évêque de l’Église islandaise avait publié une brochure contre les Témoins de Jéhovah, recommandant aux gens de ne pas les écouter. Cette brochure était intitulée Vottar Jehóva—advörun (Mise en garde contre les Témoins de Jéhovah). D’autres journaux ont exploité l’affaire. Vísir, grand quotidien du soir, a publié l’interview d’un frère du Béthel dans un article qui exposait nos enseignements. Plusieurs journaux n’ont pas tardé à faire paraître des articles sur les Témoins de Jéhovah. Un témoignage considérable a ainsi été donné, et beaucoup ont découvert nos activités. Des lecteurs ont écrit des lettres de soutien, que les journaux ont publiées. Pour contre-attaquer, l’évêque a publié une “ réponse ” à notre intention. Toutefois, le journal le plus important, Morgunbladid, a consacré une page aux Témoins de Jéhovah dans un article exposant en détail leurs activités et leurs croyances.
La brochure qui contenait la mise en garde a été diffusée dans tout le pays. Il en est résulté pour les Témoins de Jéhovah une grande publicité dont les effets sur le territoire ont duré des années. D’où la remarque d’un journal : “ L’évêque s’est fait le directeur de publicité des Témoins de Jéhovah. ” Les
serviteurs de Jéhovah sont devenus très connus, même dans les régions isolées où ils n’avaient pas encore prêché. Même si certaines personnes ont suivi la recommandation de l’évêque, la réaction la plus courante était plutôt la curiosité. Cependant, à Akureyri, dans le nord du pays, les frères ont rencontré de l’opposition. Il est arrivé que des jeunes jettent des pierres sur Heinrich et Katherine Karcher, des pionniers. Des années plus tard, d’autres opposants religieux ont réimprimé la brochure de l’évêque et l’ont distribuée. Les pentecôtistes ont fait de même à Reykjavik, s’imaginant qu’ils parviendraient ainsi à arrêter ou à entraver notre prédication.Organiser des assemblées : un défi
Les assemblées de circonscription et de district ont toujours été des moments forts et joyeux pour le peuple de Dieu. En Islande, même quand les proclamateurs étaient peu nombreux, les frères n’hésitaient pas à organiser des assemblées. La première s’est tenue en juillet 1951 à l’occasion de la visite des frères Percy Chapman (du Canada) et Klaus Jensen (de Brooklyn) ; ces frères se sont ensuite rendus à plusieurs assemblées organisées en Europe durant l’été. Quoique l’Islande n’ait alors compté qu’une poignée de proclamateurs, l’assistance maximale s’est élevée à 55 personnes. L’assemblée suivante a eu lieu sept ans plus tard, en juin 1958, au cours de la visite du surveillant de zone, Filip Hoffmann. Le discours public a été suivi par 38 auditeurs. Depuis, des assemblées de circonscription et de district sont organisées tous les ans.
Fridrik Gíslason était souvent sollicité aux assemblées dans les années 50. Il raconte : “ Je me souviens que j’étais responsable de la cafétéria lors des premières assemblées. Je faisais presque tout moi-même et, en plus, il n’était pas rare que l’on me confie trois ou quatre discours chaque jour. Je portais un tablier pour travailler à la cuisine. Au moment de donner
un discours, j’enfilais ma veste et je me précipitais dans la salle. À plusieurs reprises, les frères ont dû me rappeler d’enlever mon tablier ! À présent, entre 400 et 500 personnes assistent aux assemblées, et de nombreux anciens sont de bons orateurs. ”Moments forts des assemblées de district, les drames bibliques sont instructifs et passionnants. Toutefois, comme les proclamateurs étaient peu nombreux en Islande, on faisait passer la bande-son, mais les drames n’étaient pas joués. La filiale du Danemark a contribué à rendre ces représentations plus vivantes en fournissant des diapositives en couleur qu’il fallait projeter en les synchronisant avec le son. Il n’empêche que les drames nécessitaient une grande préparation. Ils devaient déjà être traduits en islandais. Puis il fallait enregistrer les voix de frères et sœurs islandais. Quant à la musique et aux
effets sonores, ils étaient repris des enregistrements anglais. Certains acteurs interprétaient plusieurs rôles, ce qui les amenait à adapter leur voix en fonction du personnage incarné. Par la suite, on a joué sur scène, en costumes d’époque, certains des drames.La première représentation de ce genre, qui avait trait à la reine Esther, a été prévue pour l’assemblée de district de 1970. Les frères et sœurs ont travaillé d’arrache-pied sur ce projet et ils ont été très assidus aux répétitions. C’était la première fois qu’ils s’habillaient comme aux temps bibliques et que les frères portaient une fausse barbe. Que le drame serait joué sur l’estrade lors de l’assemblée est resté confidentiel. Quelle agréable surprise ! Dans les petites assemblées, où presque tout le monde se connaît et où l’assistance est proche de la scène, certains tentent de reconnaître les acteurs. Après avoir assisté à la représentation, une sœur a dit : “ C’est incroyable, je n’ai reconnu qu’un seul frère parmi tous les participants ; c’était celui qui jouait le rôle de Neboukadnetsar ! ” Après avoir prononcé le nom du frère, elle a été très étonnée d’apprendre qu’elle s’était trompée. Les frères et sœurs apprécient énormément le dur travail que beaucoup accomplissent pour présenter le programme de ces petites assemblées de circonscription et de district. Tous tirent profit des leçons précieuses qu’enseignent les drames présentés dans leur langue.
Des assemblées internationales joyeuses
Au cours des années, les frères d’Islande ont eu la joie d’assister à des assemblées à l’étranger. En 1958, cinq d’entre eux ont eu le privilège de se rendre, en tant que délégués, à l’assemblée internationale de New York “ La volonté divine ”. Beaucoup sont allés en Europe pour les assemblées “ Les Adorateurs unis ”, en 1961, et “ La bonne nouvelle éternelle ”, en 1963. D’autres ont profité de la compagnie des
frères venant de différents pays lors des assemblées internationales “ La victoire divine ”, qui ont eu lieu en 1973. Plus d’une centaine de proclamateurs d’Islande ont assisté à l’assemblée internationale “ Paix sur la terre ” qui s’est tenue au Danemark, à Copenhague, du 5 au 10 août 1969. Jamais autant d’Islandais ne s’étaient rendus à l’étranger pour une assemblée internationale ; cet été-là, 80 % des proclamateurs ont assisté à une assemblée dans un autre pays.Vu le nombre de frères d’Islande qui prévoyaient de se rendre au Danemark pour assister à l’assemblée internationale de 1969, la filiale de ce pays a fait en sorte qu’ils soient assis ensemble. Chaque matin, avant le début de la session, ils se réunissaient dans leur section. Des résumés du programme leur étaient présentés dans leur langue.
Parmi les assistants se trouvait un jeune homme, Bjarni Jónsson. C’était le fils de l’avocat qui louait aux frères le bâtiment qui servait de maison de missionnaires et de Béthel, à Reykjavik. Bjarni en savait peu sur la vérité, et il n’avait pas fait le déplacement à Copenhague avec les frères dans l’intention de se rendre à l’assemblée. Comment s’y est-il donc retrouvé ?
Kjell Geelnard, qui était alors le surveillant de la filiale, devait examiner certaines questions avec le père de Bjarni. Kjell lui a parlé de l’assemblée internationale de Copenhague et du groupe de frères et sœurs qui comptaient s’y rendre. L’avocat a demandé s’il était possible que son fils aîné les accompagne. Il a expliqué à frère Geelnard que son fils venait d’achever ses études secondaires, et qu’il voulait lui offrir un voyage à l’étranger, pourquoi pas à Copenhague. Kjell lui a dit que c’était une bonne idée, ajoutant que, si Bjarni voulait assister à l’assemblée pour voir comment cela se passait, des dispositions pouvaient être prises pour qu’il soit logé à Copenhague. Ravi, l’avocat a demandé à son fils si cela lui plairait d’aller à
l’assemblée avec les Témoins de Jéhovah. Il a accepté bien volontiers.On a pris contact avec le service du logement pour que Bjarni soit hébergé à Copenhague. Les frères ont trouvé une famille qui pouvait le recevoir. Un délégué américain qui devait loger chez cette famille avec un frère islandais prénommé Jakob avait annulé sa réservation, aussi Bjarni l’a-t-il remplacé. Cependant, il s’est trouvé que Jakob n’est pas venu. Seul Bjarni s’est présenté. Comme le service du logement n’avait pas prévenu les membres de la famille d’accueil que Bjarni remplaçait le frère américain, ils ont pensé qu’ils recevaient Jakob.
En général, quand des frères de différents pays se rencontrent, ils échangent des anecdotes. Aussi, les frères danois étaient surpris que “ Jakob ” n’ait pas grand-chose à raconter. De son côté, Bjarni était un peu étonné que ses hôtes l’appellent tout le temps Jakob. Il se disait que, puisque Jakob était un nom biblique, il devait être courant chez les Témoins de Jéhovah d’attribuer des noms bibliques à leurs interlocuteurs. Le quiproquo s’est dissipé quand un membre de la famille
d’accueil de Bjarni a rencontré un frère danois qui était pionnier en Islande. Il lui a demandé si “ Jakob ” était nouveau dans la vérité pour avoir si peu de choses à dire au sujet de l’œuvre en Islande. Le frère danois lui a expliqué que “ Jakob ” s’appelait en réalité Bjarni et que c’était un étudiant islandais qui avait voyagé avec les frères. Les hôtes de Bjarni lui ont témoigné une grande hospitalité et l’ont invité à rester chez eux une semaine de plus, pendant qu’il visiterait le Danemark. Bjarni a été touché par leur gentillesse.Donc, Bjarni a bien assisté à l’assemblée. Et même s’il n’avait pas une connaissance de base de la vérité pour tirer pleinement profit du programme, il a été très impressionné par ce qu’il a vu et entendu. Dès son retour en Islande, sa famille et lui se sont mis à étudier la Bible. Bjarni a fait de bons progrès dans la vérité, et il s’est fait baptiser en 1971. Depuis 1979, il est membre du Comité de la filiale.
Svanberg Jakobsson est traducteur au Béthel d’Islande depuis des années. Il est actuellement le surveillant du service de
la traduction. Jeune proclamateur, il a assisté à l’assemblée internationale de Londres “ La victoire divine ”, en 1973. Il raconte : “ Je me rappelle combien j’étais heureux de voir tous ces frères et sœurs affluer par milliers dans le stade. J’étais fasciné à la vue des frères et sœurs d’Afrique, tous revêtus de leurs costumes traditionnels très colorés. Ces moments passés en compagnie de milliers de frères et sœurs, à écouter le programme avec eux, à chanter avec eux, à me joindre à eux dans la prière, à manger avec eux ou simplement à être à leurs côtés ont été inoubliables. ”Sólborg Sveinsdóttir, baptisée en 1958, a fait six jours de bateau avec quatre de ses enfants pour se rendre au Danemark et assister à l’assemblée de Copenhague en 1961. Sólborg appartenait à un petit groupe isolé, à Keflavík. Qu’a-t-elle ressenti en assistant à cette grande assemblée internationale ? Elle raconte : “ C’était très beau d’entendre plus de 30 000 frères et sœurs chanter à l’unisson les cantiques en cinq langues ; cela m’a beaucoup émue. Tout était si bien organisé ! ”
Se rendre à une assemblée internationale occasionnait de grandes dépenses. Mais les frères et sœurs estimaient que cela en valait largement la peine. Pour eux, être présent à de tels festins spirituels préparés par Jéhovah et se trouver parmi des milliers de compagnons unis par la foi était une bénédiction.
Visite inattendue d’un “ serveur ” spirituel
Beaucoup sont venus en Islande parce qu’ils voulaient se dépenser là où le besoin en proclamateurs était grand. Tous ces frères et sœurs ont dû faire des efforts considérables pour apprendre l’islandais, qui est une langue complexe. Cela étant, une faute de langage a parfois d’heureuses conséquences.
Un jour, par exemple, alors qu’il prêchait de maison en maison, Heinrich Karcher se présentait comme ministre, ou serviteur. Une jeune femme a ouvert sa porte et l’a fait entrer dès qu’il s’est présenté. Elle n’avait pas bien compris qui il était, parce qu’en islandais le même mot veut dire “ serviteur ” et “ serveur ”. Elle a pensé que c’était un collègue de son mari, qui était serveur dans l’hôtel de la localité. Elle s’est dit que, comme son mari serait bientôt de retour, il serait bien de faire entrer ce supposé collègue pour qu’il le voie. On le comprend, ils ont bien ri quand ils ont découvert le quiproquo.Le mari est arrivé, et notre “ serveur ” spirituel lui a servi, ainsi qu’à sa femme, un délicieux repas spirituel, qu’ils ont beaucoup apprécié. Ils ont même demandé à Heinrich de revenir en compagnie de sa femme. Ces derniers ont donc commencé à étudier la Bible régulièrement avec le couple, qui s’est mis à donner le témoignage. Même quand il travaillait à l’hôtel, le jeune serveur parlait de la vérité à quiconque voulait bien l’écouter. Au bout de quelque temps, sa femme et lui se sont fait baptiser. Ils étaient vraiment heureux que le “ serveur ” spirituel les ait joints chez eux et qu’il ne se soit pas retenu de leur donner le témoignage dans une langue qui n’était pas la sienne.
Au fil des ans, les frères et sœurs qui apprenaient l’islandais ont provoqué de nombreux et amusants malentendus. Ainsi, peu après son arrivée en Islande, Sally Macdonald s’était préparée à dire en introduction : “ Je rends visite aux personnes du quartier pour échanger avec elles des pensées intéressantes tirées de la Bible. ” Mais elle a confondu le mot qui voulait dire rendre visite (heimsækja) avec celui qui signifiait persécuter (ofsækja) ; elle disait donc avec un large sourire : “ Je persécute les personnes du quartier. ”
De maison en maison avec un pasteur luthérien
Holger et Tove Frederiksen, du Danemark, ont œuvré fidèlement durant de nombreuses années comme pionniers spéciaux et, pendant quelque temps, dans le service itinérant. Même si Tove a eu du mal à bien apprendre l’islandais, elle a aidé beaucoup de personnes à venir à la vérité grâce au zèle et à l’enthousiasme qu’elle manifestait.
Un jour, tandis qu’il rendait visite à une congrégation en tant que surveillant itinérant, Holger, accompagné d’un jeune proclamateur, prêchait de maison en maison dans un petit village. À leur grand étonnement, le pasteur luthérien s’est joint à eux. Pour quelle raison ?
Un peu plus tôt, ils étaient allés le voir à son domicile. Il semblait amical et les avait priés d’entrer dans son bureau. Après avoir jeté un coup d’œil sur les ouvrages que les frères lui proposaient, il s’est exclamé : “ Ces livres contiennent de faux enseignements ! ” Puis il a bondi de sa chaise et levé les bras en appelant sur eux la malédiction de Dieu. “ Je vous interdis de prêcher dans ma paroisse ! ” a-t-il hurlé. Holger lui a répondu qu’il n’avait pas le droit de les en empêcher, et qu’ils allaient continuer. Sur quoi le pasteur a ajouté : “ Si vous continuez de prêcher à mes paroissiens, alors je vais venir avec vous. ” Holger lui a dit qu’il pouvait le faire.
Après que le pasteur s’est présenté avec eux aux deux maisons à côté de la sienne, ils ont rencontré Tove et une autre sœur ; elles ont été surprises de voir le pasteur les accompagner. Celui-ci les a ensuite tous invités à prendre un café chez lui. Ils ont eu une conversation agréable. Holger a eu le sentiment que le pasteur se montrait soudainement gentil et accueillant dans le but de les empêcher de rencontrer tous les habitants du territoire. C’est pourquoi, le lendemain, ils sont retournés prêcher dans tout le village cette fois, ont laissé beaucoup de publications et rencontré de nombreuses personnes attentives au message.
Arrêtés par une avalanche
Pour parvenir à prêcher aux populations rurales durant les sombres mois d’hiver, il est souvent nécessaire de franchir, en voiture, des cols de montagne verglacés et bordés de congères. En décembre 1974, alors qu’ils effectuaient leur service itinérant, Kjell et Iiris Geelnard se sont rendus à Akureyri, sur la côte nord. Durant la semaine qu’ils ont passée avec la congrégation locale, ils ont parcouru 80 kilomètres pour atteindre Húsavík. Ils y sont allés avec Holger et Tove Frederiksen. Tous les quatre ont prêché pendant quelques jours à Húsavík même et dans sa périphérie. À la fin de la semaine, un discours public comprenant une projection de diapositives a été prononcé dans une école. Quand la réunion a commencé, une tempête s’est levée, amenant des vents glacials et de la neige, parfois fondue. Après la réunion, tandis que les assistants rassemblaient leurs affaires pour rentrer chez eux, toute la ville s’est trouvée privée d’électricité à cause de la tempête. Les frères et sœurs ont quitté l’école dans le noir, mais tous étaient contents d’avoir pu voir les diapositives avant la panne.
Les Geelnard et les Frederiksen devaient retourner à Akureyri. Ils ont demandé à des policiers et à des chauffeurs de bus et de camion des renseignements sur l’état des routes ; on leur a dit qu’il n’y avait pas de grandes difficultés. Ils ont donc décidé de partir le plus vite possible, mais il leur a fallu du temps pour faire leurs bagages à la bougie. Quand, par la suite, ils sont allés prendre du carburant, le pompiste a dû pomper l’essence à la main. En définitive, ce n’est que vers neuf heures du soir qu’ils étaient prêts pour le départ.
Kjell a raconté le voyage ainsi : “ Au début, tout allait bien, si ce n’est que les flocons devenaient plus épais. Par moments, il était tellement difficile de voir où était la route que
Holger était obligé de sortir de la voiture pour nous guider avec sa torche. Puis nous nous sommes empêtrés dans des congères. Nous avons réussi plusieurs fois à nous en dégager en poussant la voiture et en pelletant la neige, jusqu’à ce que nous soyons finalement arrêtés par une muraille neigeuse qui, nous l’avons compris par la suite, avait été apportée par une avalanche. Alors qu’en temps normal il faut deux heures pour aller de Húsavík à Akureyri en voiture, cela faisait déjà six heures que nous étions partis, et nous n’étions qu’à mi-chemin.“ Il était maintenant trois heures du matin. Nous étions trempés, exténués et gelés. Imaginez notre joie quand nous avons vu de la lumière dans une ferme à proximité ! Cela nous a redonné du courage et nous y sommes allés. Holger, toujours très poli et prévenant, a frappé à la porte d’entrée.
Comme personne ne répondait, il l’a ouverte, est monté au premier et a frappé doucement à la porte de la chambre. Quoique surpris, le fermier et sa femme ont bien accueilli cette intrusion. Ils ont expliqué qu’ils étaient allés se coucher quand la lumière s’était éteinte à la suite de la coupure d’électricité, et qu’ils n’avaient pas pensé à baisser l’interrupteur.“ Ce que nous avons vécu ensuite nous a fait goûter à l’hospitalité chaleureuse des Islandais. Le fermier et sa femme ont déplacé leurs enfants endormis dans une autre pièce, afin que nous puissions, tous les quatre, nous partager deux chambres ; peu après, du café bien chaud et du pain délicieux nous attendaient sur la table de la cuisine. Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, le fermier nous a instamment invités à rester pour le repas de midi. Après avoir mangé avec la famille, nous avons pu poursuivre notre route vers Akureyri, car deux gros chasse-neige avaient dégagé la route. L’hospitalité dont le fermier et sa femme ont fait preuve nous a permis de leur parler de la vérité biblique. ”
La prédication sur un chalutier
Il y a quelques années, Kjell Geelnard a rencontré un jeune homme en prédication. Il s’appelait Fridrik et était le fils aîné de la famille. Intéressé par les questions spirituelles, il aimait discuter de la Bible. Il posait une foule de questions et était avide de connaissance biblique. Seulement, ce n’était pas facile de le retrouver : étant mécanicien sur un chalutier, il naviguait la plupart du temps et ne revenait chez lui que pour quelques jours. Toutefois, en consultant le planning du chalutier et en demandant à la mère de Fridrik quand il devait rentrer, Kjell parvenait à le voir, au port ou à la maison. De cette façon, les frères l’ont aidé à progresser spirituellement.
Vers la fin de 1982, Fridrik a été invité à assister à une assemblée organisée à Reykjavik. À cette époque-là, sa foi en Jéhovah avait commencé à croître ; il a donc prié pour trouver un moyen d’assister à l’assemblée. Il s’est trouvé qu’un des membres de l’équipage qui avait posé des jours de congé a brusquement décidé de ne pas les prendre. Fridrik a pu en profiter pour s’absenter de son travail et venir à l’assemblée. Le programme l’a beaucoup impressionné et l’a convaincu de servir Jéhovah.
De retour chez lui, Fridrik a informé sa fiancée du choix qu’il avait fait et des conséquences que ce choix aurait dans sa vie. Il lui a dit qu’il voulait l’épouser, mais que, si elle ne se voyait pas mariée à un Témoin de Jéhovah, elle ferait mieux de rompre. Le lendemain matin, on frappait à la porte de la maison de missionnaires. C’était Fridrik, accompagné de sa fiancée. Le message de Fridrik était bref mais ferme : “ Helga veut une étude biblique ! ” Les missionnaires ont donc pris des dispositions pour étudier avec elle. Plus tard dans la journée, l’un des jeunes frères de Fridrik a lui aussi demandé une étude. Dans la même semaine, Fridrik a emmené sa plus jeune sœur à la réunion et a dit : “ Unnur veut une étude biblique ! ”
Fridrik voulait symboliser l’offrande de sa personne à Jéhovah par le baptême d’eau. Mais il lui fallait auparavant consolider sa connaissance et répondre aux questions prévues à l’intention des candidats au baptême. L’ennui, c’est qu’il devait passer le plus clair de son temps en mer. Faute de pouvoir le trouver à son domicile, Kjell pourrait peut-être le joindre sur son lieu de travail. Mais comment faire ? Fridrik a engagé Kjell pour qu’il travaille avec lui sur le chalutier, dans la salle des machines. Au début de 1983, pourvu de sa Bible et d’un manuel d’étude, Kjell est monté à bord du chalutier Svalbakur.
“ Le travail et la prédication sur le Svalbakur ont été des moments inoubliables, se rappelle Kjell. La journée de travail commençait à 6 h 30 et se terminait à 18 h 30. Le midi, nous prenions notre repas, et il y avait une pause-café le matin et l’après-midi. Je consacrais mon temps libre à étudier avec Fridrik, et j’avais de nombreuses occasions de donner le témoignage aux membres de l’équipage. Nous passions nos soirées à examiner des sujets spirituels et à en parler. Parfois, il était plus de minuit quand nous allions nous coucher. Durant la pause de midi, nous nous efforcions de rester le moins longtemps possible dans la salle à manger afin de pouvoir discuter du texte du jour dans la cabine de Fridrik. ”
Bien entendu, les marins ont été intrigués de voir un missionnaire faire désormais partie de l’équipage. Les premiers jours, ils se méfiaient de Kjell, parce qu’ils ne savaient à quoi s’attendre avec lui. Cela étant, certains ont écouté avec un vif intérêt ce qu’il disait. L’un d’eux s’est montré particulièrement intéressé ; lorsqu’il a entendu parler de la discussion du texte du jour durant la pause de midi, il a voulu y assister. Un jour que la conversation à laquelle tous participaient dans la salle à manger n’en finissait plus, il s’est impatienté et a dit à Kjell et à Fridrik devant tous les autres : “ C’est l’heure de monter et de lire le texte du jour, non ? ”
Un soir, Kjell et Fridrik ont invité tous les membres de l’équipage dans la cabine de Fridrik afin de considérer ce que disait un Réveillez-vous ! au sujet de l’alcoolisme. Sept sont venus à cette réunion inoubliable ; des marins qui travaillaient sur d’autres chalutiers en ont d’ailleurs eu des échos.
“ Après avoir passé environ deux semaines à bord du Svalbakur à prêcher et à travailler, nous étions de retour au port, raconte Kjell. Entre-temps, j’avais examiné les questions du baptême avec Fridrik, abordé de nombreux sujets bibliques avec lui, prêché et laissé des publications aux autres membres de l’équipage. ” Fridrik s’est fait baptiser au printemps 1983. Sa fiancée, sa mère et sa sœur ont toutes trois pris position pour la vérité.
Des études par téléphone
Il a toujours été difficile de prêcher la bonne nouvelle aux gens qui habitent les régions isolées de cette grande île. Le téléphone est un outil efficace pour joindre les personnes intéressées par la vérité et garder le contact avec elles.
Bien des personnes ont bénéficié de cette façon de donner le témoignage. Il y a quelques années, une femme nommée Oddný Helgadóttir a rendu visite à son fils et à sa belle-fille qui étudiaient avec les Témoins de Jéhovah. Quand ils lui ont expliqué ce qu’ils apprenaient, elle aussi a voulu étudier la Bible. Toutefois, Oddný habitait dans une région isolée sur la côte nord-ouest, à plus de 300 kilomètres de la congrégation la plus proche. Quand une sœur, Gudrún Ólafsdóttir, lui a proposé de faire l’étude par téléphone, elle a accepté avec joie. Après une prière d’introduction, Oddný répondait aisément aux questions posées dans le livre. Elle préparait l’étude avec un très grand soin, recopiant les versets de façon à pouvoir les lire dès qu’on y faisait référence. Ainsi, elle n’avait pas besoin de les chercher durant l’étude. Une fois, l’étude s’est faite chez Gudrún, car Oddný était dans les environs. Toutes deux étaient un peu mal à l’aise, puisque c’était la première fois qu’elles étudiaient face à face. Pour plaisanter, Gudrún a donc proposé à Oddný d’aller dans la pièce d’à côté où se trouvait un deuxième téléphone !
Quand Oddný a commencé à comprendre les vérités bibliques, elle s’est mise à donner le témoignage à son mari, Jón. Celui-ci a manifesté de l’intérêt. Mais, à ce moment-là, Oddný s’est demandé si c’était une bonne chose qu’elle étudie avec lui. Elle a appris qu’elle pouvait le faire, mais qu’il convenait qu’elle se couvre la tête. Elle a donc entrepris l’étude avec son mari. En plus, elle donnait le témoignage à ses voisins. Par la suite, elle a exprimé le désir de se faire baptiser. Gudrún a fait en sorte qu’un ancien examine avec elle, par téléphone, les questions du livre Organisés pour bien remplir notre ministère afin de déterminer si elle satisfaisait aux conditions requises. Il était manifeste que c’était le cas, à ceci près qu’elle n’avait pas fait retirer son nom des registres de l’Église.
Environ une semaine plus tard, Oddný a téléphoné à Gudrún pour lui dire qu’elle s’était retirée de l’Église. Son mari en avait fait autant. C’était une décision grave pour lui, parce qu’il était le président du conseil de la paroisse. Plus tard, Oddný s’est fait baptiser lors d’une assemblée de circonscription. L’assemblée a été pour elle un moment très agréable ; avant cela, elle ne s’était trouvée qu’une fois parmi des Témoins, lesquels étaient en nombre restreint. Lors d’une interview durant le programme, on lui a demandé s’il lui était difficile d’être aussi isolée. Elle a répondu qu’elle ne se sentait jamais seule, sachant que Jéhovah est présent aussi sur la côte nord-ouest de l’Islande. Elle ajouta qu’elle était triste que son mari n’ait pas pu venir à l’assemblée, mais qu’il lui avait promis de venir quand il serait prêt pour le baptême. Et il a tenu parole ! Peu de temps après, ils se sont installés dans une région plus peuplée, ce qui leur a permis d’assister aux réunions régulièrement.
Un besoin en maisons de missionnaires et en Salles du Royaume
En 1968, quand Nathan Knorr, membre du siège mondial des Témoins de Jéhovah, est venu en Islande, il a voulu trouver un bâtiment mieux adapté pour la filiale et pour loger les missionnaires. Auparavant, différentes maisons étaient louées. Les frères se sont donc mis à rechercher un terrain où ils pourraient bâtir un immeuble qui comprendrait une Salle du Royaume, un logement pour les missionnaires et les bureaux de la filiale. En attendant, ils ont loué une maison au 5, rue Hrefnugata, à Reykjavik, et les six missionnaires y ont emménagé le 1er octobre 1968. Cette maison a servi de centre de l’œuvre durant les cinq années qui ont suivi. Puis les frères ont fait l’acquisition d’une parcelle de terrain bien située, au 71, rue Sogavegur, à Reykjavik. Au printemps 1972 a commencé la construction du nouveau Béthel. Cela s’est révélé être une entreprise délicate pour les quelques frères locaux, qui avaient une connaissance limitée dans le domaine du bâtiment aussi bien pour ce qui est de la conception que de la réalisation. Puisqu’aucun d’eux n’était entrepreneur ou maçon, il a fallu faire appel à des gens de métier non Témoins. Ils se sont montrés très coopératifs et ont autorisé les Témoins à participer au projet. Les frères ont loué une partie d’une vieille maison qui était à côté du chantier pour y prendre leurs repas. Les sœurs cuisinaient à tour de rôle chez elles et apportaient ensuite ce qu’elles avaient préparé.
La construction a permis de donner un puissant témoignage dans la localité. Les entrepreneurs et les autorités municipales ont eu une belle occasion d’apprendre à connaître
les Témoins de Jéhovah. Des gens s’arrêtaient près du chantier pour voir l’avancement des travaux. Au moment de réaliser le plâtrage, un frère maçon de métier est venu du Danemark pour apporter son aide. Les sœurs ont, par ailleurs, réalisé une grande partie du travail. Quand des responsables municipaux sont venus visiter le chantier, ils ont remarqué certaines d’entre elles en train d’utiliser la bétonnière. L’un d’eux a dit : “ Je pense que, dans notre Église, les femmes pourraient s’inspirer de cela. Il serait sûrement mieux de construire des églises en travaillant plutôt qu’en circulant avec une boîte pour faire la quête. ” Le bâtiment a été inauguré en mai 1975 ; à cette occasion, Milton Henschel est venu prononcer un discours. Le nouvel édifice a longtemps été la principale maison de missionnaires du pays et la seule Salle du Royaume des congrégations de Reykjavik. Il abrite actuellement le Béthel.En 1987, un nouveau bâtiment regroupant une Salle du Royaume et une maison de missionnaires a été construit à Akureyri. Que le peuple de Jéhovah forme une communauté internationale et unie a été manifeste lorsque plus d’une soixantaine de frères et sœurs finlandais et suédois sont venus aider les frères islandais à mener à bien ce projet de construction.
“ La meilleure espèce de bois ”
Au fil des ans, les frères et sœurs islandais ont été énormément encouragés par les visites de représentants du Collège central. L’année 1968 a été marquée par celle de frère Knorr, dont nous avons déjà parlé. Il a donné un discours vibrant, raconté des anecdotes et parlé des progrès de la prédication en Islande.
La première visite de frère Henschel a eu lieu en mai 1970. Frère Henschel a été accueilli par quelques missionnaires en manque de sommeil. Il faut dire qu’il était arrivé très tôt le matin, alors que l’Hekla, un volcan réputé, était entré en éruption la veille : spectacle que les missionnaires avaient admiré toute la nuit !
Frère Henschel a accordé une attention particulière aux missionnaires et aux pionniers spéciaux. Il les a invités à une
réunion spéciale pendant laquelle il leur a raconté des anecdotes tirées de sa propre expérience de pionnier à l’époque de la grande crise des années 30. Il a expliqué que les pionniers échangeaient les publications contre des poulets, des œufs, du beurre, des légumes, une paire de lunettes, ou encore un chiot ! Ainsi, l’œuvre s’était poursuivie dans ces temps difficiles, et les pionniers ont toujours eu les nécessités de la vie.Ceux qui visitent l’Islande se rendent vite compte que l’alimentation n’est pas celle à laquelle ils sont habitués. L’une des spécialités islandaises, appelée svid, consiste en une tête de mouton coupée en deux et bouillie. Imaginez que, dans votre assiette, il y ait une demi-tête de mouton avec des dents et un œil ! Beaucoup d’étrangers ont du mal à regarder le svid “ dans les yeux ”. Bien sûr, on peut toujours se procurer du poisson frais. Le hardfiskur est une autre spécialité : il s’agit d’un poisson que l’on découpe en filets et que l’on fait sécher. On le mange cru, de préférence avec un peu de beurre. Sa chair étant généralement coriace, on doit la battre pour l’attendrir. Les missionnaires étaient donc très impatients de voir la réaction de frère Henschel quand on lui servirait ce poisson. Après qu’il l’a goûté, les missionnaires lui ont demandé ce qu’il en pensait. Il a réfléchi quelques instants, puis a répondu avec diplomatie : “ Eh bien, c’est la meilleure espèce de bois que j’aie jamais goûtée ! ”
Des représentants du Collège central ont effectué bien d’autres visites mémorables et encourageantes en Islande. Ces visites ont montré à nos compagnons que, bien qu’étant peu nombreux et isolés, ils appartiennent à la famille internationale de frères et sœurs, qui est unie par l’amour chrétien.
Coopération avec le corps médical et les médias
En 1992, un comité de liaison hospitalier (CLH), composé de quatre frères, a été constitué en Islande. Ces frères ont
assisté à un séminaire, où ils ont reçu une formation ; pour ce faire, deux d’entre eux sont allés en Angleterre, et les deux autres, au Danemark. Après la création du CLH, une réunion a été organisée avec le personnel médical d’un grand hôpital universitaire. Cent trente personnes sont venues : des médecins, des infirmiers, des avocats et même des membres de la direction de l’hôpital. Puisque c’était la première réunion que le CLH tenait avec des professionnels de la santé, les frères, on le comprend, éprouvaient une certaine appréhension. En fait, tout s’est très bien passé, et ils ont ensuite pris des dispositions pour rencontrer des médecins et d’autres professionnels par petits groupes dans différents hôpitaux. Les frères ont aussi établi de bonnes relations avec quelques chirurgiens et anesthésistes de premier plan. Ces contacts ont permis d’éviter ou de résoudre des difficultés relatives à des traitements non sanguins.En 1997, une nouvelle loi sur les droits du patient est entrée en vigueur. Cette loi stipule qu’aucun traitement ne doit être administré à un patient sans son consentement et que, si la volonté d’un patient en état d’inconscience est connue, elle doit être respectée. Cette loi prévoit également que les enfants âgés de 12 ans ou plus soient consultés au sujet de leur traitement. Gudmundur Gudmundsson, le président du CLH, fait cette observation : “ En règle générale, les médecins se montrent très coopératifs, et les problèmes sont rares. Même les opérations lourdes sont effectuées sans transfusion sanguine. ”
Quand a été publié le Réveillez-vous ! du 8 janvier 2000 sur la médecine et la chirurgie sans transfusion, la filiale a encouragé les proclamateurs à faire un effort spécial pour le diffuser le plus largement possible. Elle a aussi donné des suggestions sur la façon de le présenter et de répondre aux questions relatives au sang. Au début, certains hésitaient à le proposer,
mais rapidement ils se sont aperçus que les gens souhaitaient s’informer sur le sujet. Plus de 12 000 exemplaires ont été diffusés, ce qui représente 1 périodique pour 22 habitants. Un frère a dit : “ J’avais du mal à couvrir le territoire, tant j’avais de bonnes conversations. ” Une sœur a reconnu : “ Seules deux personnes ont refusé les périodiques que je leur proposais ! ”La présentatrice d’une émission hebdomadaire diffusée sur une radio nationale a reçu ce numéro. Au cours de son émission, elle a expliqué qu’elle avait eu cette revue, puis elle a retracé l’historique de la transfusion sanguine en s’appuyant sur l’un des articles. Elle a conclu en invitant quiconque voudrait en savoir davantage sur la médecine sans transfusion à demander une publication aux Témoins.
La campagne de diffusion de ce numéro de Réveillez-vous ! a ouvert les yeux de beaucoup sur le caractère raisonnable de notre position sur le sang. En outre, les gens ont compris que les Témoins de Jéhovah ne veulent pas mourir, mais que, bien au contraire, ils cherchent les meilleurs traitements qui soient. En conséquence, certaines personnes, qui autrefois avaient été mal informées au sujet de notre position, ont accepté le message du Royaume.
Deux salles en quatre jours
Un événement particulier a marqué l’année de service 1995 pour les frères du pays. En effet, deux Salles du Royaume ont été construites au mois de juin, l’une à Keflavík, et l’autre à Selfoss. C’était la première fois qu’en Islande on utilisait les méthodes de construction rapide. Il n’a fallu que quatre jours pour construire ces salles. L’aide bienveillante des frères et sœurs de Norvège a permis de réaliser cette entreprise. La filiale de Norvège a fourni la plupart des matériaux de construction, et plus de 120 frères et sœurs sont
venus de ce pays pour participer aux travaux. La remarque qu’on entendait le plus souvent sur les chantiers était : “ C’est incroyable ! ” Les frères d’Islande avaient bien lu ou entendu des informations sur les constructions rapides de Salles du Royaume, mais maintenant ils en voyaient une de leurs propres yeux. Et c’était effectivement incroyable, si l’on songe que le nombre des Salles du Royaume en Islande a doublé en seulement quelques jours !En plus d’avoir deux nouvelles Salles du Royaume, les Témoins d’Islande ont été encouragés par l’agréable compagnie de leurs frères et sœurs venus de Norvège à leurs propres frais pour participer à la construction des salles pendant leurs vacances. Une belle preuve que nous formons une famille internationale ! Les Témoins d’Islande ont consacré du temps et des efforts à la réalisation de ces projets. Plus de 150 frères et sœurs y ont participé, soit près de la moitié du nombre total de proclamateurs dans le pays.
À l’occasion de la construction de ces deux salles, un excellent témoignage a pu être donné. Deux chaînes de télévision nationales en ont parlé aux informations et ont montré des images des deux chantiers. Plusieurs stations de radio et différents journaux en ont aussi fait mention. Un pasteur de l’église de Selfoss n’a pas apprécié que l’on parle autant des Témoins. Il a fait paraître dans le journal local un article qui dénonçait les enseignements soi-disant faux et dangereux des Témoins de Jéhovah. Il a précisé que les personnes faibles et influençables devaient être particulièrement prudentes. Il a formulé la même mise en garde au cours d’une interview à la radio. Cependant, ses paroles n’ont pas eu l’effet escompté. Au contraire, la plupart des gens ont été impressionnés par les deux nouvelles salles et beaucoup ont dit aux Témoins qui leur prêchaient qu’ils s’étonnaient de la réaction du pasteur.
Une semaine environ après la publication de la mise en garde du pasteur, le même journal a fait paraître un dessin humoristique. Au premier plan se trouve une église, et à l’arrière-plan une Salle du Royaume. Une rivière coule entre ces deux édifices, et des frères souriants et bien mis empruntent le pont pour aller de la Salle du Royaume vers l’église, des sacoches de prédication à la main. Devant l’église, une femme prise de panique jaillit de son fauteuil roulant. Un homme qui a une jambe dans le plâtre et un autre, qui semble aveugle, courent en s’écriant : “ Fuyons, fuyons, les Témoins arrivent ! ” Sur les marches de l’église se tient le pasteur, abasourdi. Beaucoup ont aimé ce dessin. L’équipe de la rédaction l’a élu comme le meilleur dessin de l’année, l’a agrandi, et l’a affiché sur l’un de ses murs. Il y est resté pendant plusieurs années.
Une exposition qui rend un excellent témoignage
Au cours de l’année de service 2001, une exposition a été organisée pour souligner la position de neutralité que les Témoins de Jéhovah ont adoptée avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale, sous la persécution nazie. Cette exposition, qui s’est tenue à trois endroits différents, a accueilli un total de 3 896 personnes. Le dernier week-end, plus de 700 visiteurs ont rempli le hall d’exposition de Reykjavik. La cassette vidéo La fermeté des Témoins de Jéhovah face à la persécution nazie, en islandais, a été passée en boucle durant toute l’exposition, et ce sur les trois sites. De nombreux visiteurs, tout en en profitant pour s’asseoir, l’ont regardée en entier.
La fermeté des Témoins dans les camps de concentration a impressionné les visiteurs qui ignoraient cette facette de notre histoire. Une femme, professeur d’université, qui a visité l’exposition plusieurs fois, a dit que celle-ci l’avait profondément marquée et avait changé sa façon de considérer les Témoins de Jéhovah. La foi forte des Témoins internés l’a particulièrement touchée, car ils auraient pu, contrairement aux autres prisonniers, obtenir la liberté en renonçant à leurs croyances.
L’exposition a également fait l’objet d’une grande publicité à la télévision, sur une chaîne nationale et des chaînes locales, et sur différentes stations de radio. Quand l’exposition a été ouverte au public, un pasteur luthérien l’a visitée avec sa femme et sa fille. Plus tard, un frère a invité cet homme à visiter le Béthel, ce qu’il a accepté. Quelques jours après, une femme a posé au pasteur une question au sujet d’un texte de la Bible. Il l’a encouragée à prendre contact avec le siège des Témoins de Jéhovah, car il était sûr qu’elle obtiendrait une réponse. Par la suite, un frère a étudié avec ce pasteur.
La traduction au cours du temps
Il a toujours été difficile pour les proclamateurs d’Islande, peu nombreux, de traduire dans leur langue toute la nourriture spirituelle fournie par “ l’esclave fidèle et avisé ” (Mat. 24:45). Au début, ce sont des Témoins islandais vivant au Canada qui ont effectué la majeure partie de la traduction. Plus tard, le travail s’est fait en Islande. En 1947, quand les premiers missionnaires sont arrivés, ils ont habité la même maison qu’un poète âgé, dont ils ont fait la connaissance. Il maîtrisait l’anglais et a aidé les missionnaires à apprendre l’islandais. Comme il leur a également proposé ses services de traducteur, les frères lui ont demandé de traduire le livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ! ” et la brochure La joie pour tous les hommes. Malheureusement, il a utilisé un style poétique ancien truffé de mots et d’expressions archaïques. Bien que les missionnaires et frère Lindal aient révisé et retouché la traduction, le livre n’a jamais été l’excellent manuel d’étude qu’il aurait dû être. Néanmoins, il a été massivement diffusé dès sa première édition, et un total de 14 568 exemplaires ont été imprimés. En 1949, la brochure a été tirée à plus de 20 000 exemplaires. Par la suite, les frères ont fait appel à un autre traducteur pour traduire le livre La religion a-t-elle servi l’humanité ?
Durant ces années-là, un petit groupe de frères traduisaient plusieurs brochures. L’une d’elles, “ Cette bonne nouvelle du royaume ”, est parue en 1959. Elle a aidé les frères à commencer de nombreuses études bibliques. C’est alors que la publication de La Tour de Garde en islandais a été approuvée.
Plusieurs excellents livres ont été traduits et publiés dans les années qui ont suivi : C’est ici la vie éternelle ! est paru en 1962 ; Du paradis perdu au paradis reconquis, en 1966 ; La
vérité qui conduit à la vie éternelle, en 1970 ; Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis, en 1984 ; et La connaissance qui mène à la vie éternelle, en 1996. Une édition trimestrielle de Réveillez-vous ! est venue s’ajouter, en 1982, sur la liste des publications éditées en islandais.Pendant des années, les frères ne disposaient pas d’un recueil de cantiques en islandais. En 1960, quatre cantiques ont été traduits et ronéotypés pour une assemblée. Puis, lors de l’assemblée de district de novembre 1963, un petit recueil contenant 30 cantiques est paru, ce qui a réjoui les frères et sœurs.
Jusqu’alors, le chant des cantiques lors des réunions brassait un certain nombre de langues. En 1958, Günther et Rut Haubitz sont arrivés d’Allemagne ; ils étaient pionniers spéciaux. Rut se souvient que les frères venus de l’étranger utilisaient leurs propres recueils de cantiques, en allemand, en anglais, en danois, en finnois, en norvégien et en suédois. Les Islandais chantaient dans la langue qu’ils connaissaient le mieux. “ Nous formions un chœur pour le moins mélangé ! ” se rappelle Rut. Au cours des années, d’autres cantiques ont été traduits, mais il faudra attendre 1999 pour disposer, dans un même recueil, des 225 cantiques, en islandais. Comme les frères et sœurs se sont réjouis de pouvoir chanter en complète harmonie des louanges à Jéhovah !
L’assemblée de district qui s’est tenue en août 1999 comportait une nouveauté pour l’Islande. Le livre Prêtons attention à la prophétie de Daniel ! est paru simultanément en islandais et en anglais. Quand l’orateur a annoncé la parution du livre en anglais, toute l’assistance a applaudi. Mais au lieu de dire que le livre sortirait en islandais plus tard, il a continué en en montrant un exemplaire en islandais, et en déclarant, pour la plus grande joie des assistants, que le livre était déjà traduit ! Depuis lors, La prophétie d’Isaïe, lumière pour tous
les humains I et II sont aussi parus en même temps que l’édition anglaise.Le Béthel est agrandi et l’accroissement continue
En 1998, on a entrepris de rénover les bâtiments de la filiale. Deux appartements en face du Béthel ont été achetés afin de loger les Béthélites et de permettre au service de la traduction d’avoir davantage de place. Ces dernières années, les traducteurs ont reçu la visite de frères qui œuvrent au siège mondial, à New York. Ces frères leur ont appris à utiliser des logiciels développés par les Témoins de Jéhovah et particulièrement adaptés à la traduction.
Récemment, des représentants du siège mondial sont venus donner le Cours pour une meilleure compréhension de l’anglais. Ce cours explique aux traducteurs comment
mieux comprendre le texte anglais avant de commencer à le traduire.La filiale a écrit : “ Quand nous songeons aux années passées, nous sommes heureux que certains aient eu le courage de commencer à traduire en islandais, même si les conditions étaient précaires et que leur connaissance de la langue était limitée. Bien que la qualité de la traduction des débuts n’ait pas toujours été celle d’aujourd’hui, nous ‘ ne méprisons pas le jour des petites choses ’. (Zek. 4:10.) Nous nous réjouissons de voir que l’on a fait connaître en Islande le nom de Jéhovah et son Royaume, et que de nombreuses personnes connaissent la vérité. ”
Actuellement, la filiale compte huit Béthélites. D’autres Témoins se rendent chaque jour au Béthel pour apporter leur
aide à mi-temps. Afin de réserver à un autre usage la Salle du Royaume qui se trouvait dans les locaux du Béthel, une nouvelle salle a été construite récemment pour les congrégations de Reykjavik. La filiale prévoit donc de réaliser sous peu des travaux dans ses locaux, de façon à pouvoir accueillir davantage de Béthélites.Depuis ses débuts, la prédication en Islande réclame de la persévérance, de l’abnégation et de l’amour. On peut vraiment dire que le dur travail accompli depuis 76 ans par des proclamateurs du Royaume zélés n’a pas été vain. Un grand nombre de frères et sœurs ont pris part à la moisson. Beaucoup ont quitté leur pays d’origine pour passer quelques années en Islande, et leur œuvre ne sera pas oubliée. Certains parmi eux y ont élu domicile. La persévérance de nombreux proclamateurs islandais est aussi remarquable.
Le nombre moyen des proclamateurs n’est pas grand, mais les Témoins de Jéhovah sont très connus dans le pays. Aujourd’hui, sept missionnaires prêchent dans les zones rurales et soutiennent les petites congrégations du pays. Durant la dernière année de service, 543 personnes ont assisté au Mémorial de la mort de Christ, et près de 180 études bibliques ont été dirigées.
Peut-être les Témoins d’Islande connaîtront-ils un jour un accroissement semblable à celui qui est décrit en Isaïe 60:22 : “ Le petit deviendra un millier et l’infime une nation forte. Moi, Jéhovah, j’accélérerai cela en son temps. ” D’ici là, les Témoins de Jéhovah d’Islande sont déterminés à accomplir la tâche qui leur a été confiée par le Roi Jésus Christ : prêcher la bonne nouvelle du Royaume. Ils sont confiants que Dieu fera croître les graines de vérité qui ont été semées dans des cœurs réceptifs et pleins de reconnaissance ! — Mat. 24:14 ; 1 Cor. 3:6, 7 ; 2 Tim. 4:5.
[Encadré, page 205]
Quand les prénoms deviennent des noms
Comme le veut la tradition, les Islandais n’ont pas de noms de famille : les gens s’appellent par leur prénom. Le nom d’un enfant est formé à partir du prénom de son père auquel on ajoute le suffixe -son s’il s’agit d’un garçon ou -dóttir s’il s’agit d’une fille. Ainsi, le fils et la fille d’un homme prénommé Haraldur se nommeraient respectivement Haraldsson et Haraldsdóttir. Une femme conserve son nom quand elle se marie. Étant donné le nombre de personnes qui portent le même nom, les annuaires téléphoniques ne mentionnent pas seulement les noms, les adresses et les numéros de téléphone des abonnés, mais encore leur profession. Les registres généalogiques permettent aux Islandais d’identifier leurs ancêtres en remontant jusqu’à plus de mille ans.
[Encadré, page 208]
Données générales
Le pays : Cette île se situe juste au-dessous du cercle arctique, entre l’océan Atlantique Nord, la mer du Groenland et la mer de Norvège. Volcans, sources chaudes et geysers fumants y abondent. Des glaciers recouvrent un dixième des terres.
La population : Descendants des Vikings venus essentiellement de Norvège, les Islandais sont généralement travailleurs, inventifs et tolérants. La plupart vivent près des côtes.
La langue : Bien que l’islandais soit la langue officielle, beaucoup parlent deux langues étrangères ou plus, généralement l’allemand, l’anglais ou une langue scandinave.
Les sources de revenus : L’industrie de la pêche joue un rôle vital dans l’économie de l’Islande. Les chalutiers rapportent du capelan, de l’églefin, du hareng et de la morue ; la majeure partie de ces prises seront préparées et exportées.
L’alimentation : Il est très courant de manger de l’agneau ou du poisson. Une spécialité : la tête de mouton bouillie.
Le climat : Un courant chaud de l’océan Atlantique tempère le climat. Les hivers sont cléments, malgré les vents. Les étés sont doux.
[Encadré/Illustration, page 210]
6 septembre 1942 : “ Il n’y a toujours qu’un seul pionnier dans ce pays, aussi n’y a-t-il pas grand-chose à signaler. La population islandaise s’élève à environ 120 000 habitants. L’Islande compte à peu près 6 000 fermes. Le seul moyen d’y accéder est d’utiliser des poneys. Pour les atteindre toutes, il faut parcourir quelque 16 000 kilomètres à travers un grand nombre de montagnes et de torrents. Jusqu’ici, le message n’a rencontré que peu d’intérêt. ”
Ces mots ont été écrits par Georg Lindal après 13 ans de service de pionnier. Il devait rester l’unique proclamateur d’Islande pendant cinq autres années.
[Encadré/Illustration, pages 213, 214]
Une vie de service fidèle
Oliver Macdonald, diplômé de la 11e classe de Guiléad, a été l’un des premiers missionnaires affectés en Islande. Il est arrivé en décembre 1948 avec Ingvard Jensen. Tous deux ont voyagé depuis New York sur un navire marchand. La traversée a duré 14 jours et l’Atlantique Nord était mauvais ; ils ont eu le mal de mer presque tout le temps.
En mars 1950, frère Macdonald s’est marié avec Sally Wild, qui était originaire d’Angleterre et qui avait été membre de la famille du Béthel de Grande-Bretagne. Mac, comme on l’appelait affectueusement, et Sally se sont beaucoup dépensés dans les années 50, et les personnes avec qui ils ont étudié servent toujours Jéhovah fidèlement.
En 1957, Mac et Sally sont retournés en Angleterre, où Sally a été emportée par un cancer diagnostiqué en Islande. Après la mort de sa femme, Mac a repris le service à plein temps, comme pionnier permanent puis comme surveillant itinérant pendant 13 ans. En 1960, il a épousé Valerie Hargreaves, qui était pionnière spéciale. Ensemble, ils se sont occupés de plusieurs circonscriptions en Grande-Bretagne, depuis le nord de l’Écosse jusqu’aux îles Anglo-Normandes, au sud de l’Angleterre. Quand ils effectuaient leur service dans le nord du pays et dans les îles Shetland, au nord de l’Écosse, Mac disait toujours : “ Le prochain arrêt, c’est l’Islande ! ” sans vraiment penser qu’ils s’y rendraient un jour ensemble.
Toutefois, en 1972, Mac et Valerie ont bel et bien été nommés missionnaires en Islande. Mac a servi comme serviteur de la filiale, puis comme coordinateur du Comité de la filiale. Valerie et lui sont restés sept ans dans le pays avant d’être nommés missionnaires en Irlande, d’abord à Dublin puis en Irlande du Nord. Ils s’y dépensaient depuis 20 ans quand Mac est mort d’un cancer en décembre 1999, après 60 ans de service à plein temps. Valerie poursuit son service de pionnière permanente à Belfast, en Irlande du Nord.
[Illustration]
Valerie et Oliver Macdonald à Reykjavik, dans les années 70.
[Encadré/Illustration, page 218]
Reykjavik
Reykjavik, qui signifie “ baie fumante ”, est la capitale de l’Islande. Ce nom lui fut donné par le premier colon, Ingólfur Arnarson, du fait des vapeurs qui s’échappaient des sources chaudes. Aujourd’hui, Reykjavik est une ville moderne très animée qui compte environ 180 000 habitants.
[Encadré/Illustration, pages 223, 224]
Ils ont élu domicile en Islande
Páll Heine Pedersen est Danois. Il a été affecté en Islande comme pionnier spécial en 1959. En 1961, il a assisté à deux assemblées internationales “ Les Adorateurs unis ” tenues en Europe, où il a rencontré Violet. Elle avait fait le déplacement depuis la Californie, aux États-Unis, pour assister à plusieurs de ces assemblées.
Les assemblées finies, Páll est retourné en Islande et Violet en Californie. Ils se sont écrit pendant cinq mois puis, en janvier 1962, Violet s’est rendue en Islande pour se marier avec Páll. Il était toujours pionnier permanent et le seul Témoin dans une partie faiblement peuplée du nord-ouest de l’Islande. Ils ont habité dans un village où, en plein hiver, on ne voit pas le soleil pendant deux mois. Pour entrer en contact avec certaines personnes du territoire, ils devaient emprunter des routes de montagne escarpées et souvent verglacées ; leur seul moyen de transport était une moto que Páll avait rapportée du Danemark. Puisque Violet avait vécu sous le soleil californien depuis sa naissance, bien des frères pensaient qu’elle ne tiendrait pas longtemps en Islande. Et pourtant si. Elle en est venue à aimer le pays et ses habitants.
Páll et Violet ont été pionniers ensemble jusqu’à la naissance de leur fille, Elísabet, en 1965. Páll a poursuivi son service jusqu’en 1975, et Violet était pionnière auxiliaire de temps à autre. En 1977, ils ont décidé de s’installer en Californie en raison de la santé de Páll. Avec le temps, ils ont eu très envie de se dépenser là où on avait grand besoin de proclamateurs du Royaume. Ils sont redevenus pionniers permanents et, quand leur fille a eu terminé ses études et atteint la majorité, ils ont de nouveau été nommés missionnaires en Islande. Pendant quelques années, ils ont pris part au service missionnaire et au service itinérant. En 1989, on a demandé à Páll de faire partie du Comité de la filiale. Et quand, en 1991, un Béthel a officiellement été ouvert en Islande, Páll et Violet ont été les premiers membres de la famille du Béthel. Ils y sont toujours actuellement.
[Encadré/Illustration, pages 228, 229]
Connus pour leur hospitalité
Fridrik Gíslason et sa femme, Ada, étaient parmi les sept personnes qui se sont fait baptiser en 1956. Ce sont Oliver et Sally Macdonald qui leur ont fait connaître la vérité. Au début, l’étude biblique se faisait seulement avec Fridrik, Ada étant prise tout l’hiver par son club de couture. Le club fermait au printemps ; alors, quand l’étude avait lieu, elle restait assise dans la cuisine. Finalement, sa curiosité pour les conversations bibliques l’a poussée à demander de se joindre à l’étude juste pour écouter. Toutefois, elle n’a pas tardé à y participer activement.
Par la suite, une étude de La Tour de Garde en anglais s’est tenue régulièrement à leur domicile. Ils ont commencé à assister aux réunions organisées à la maison de missionnaires. “ Je me rappelle que nous nous réunissions dans une petite pièce au grenier, là où vivaient les missionnaires, déclare Fridrik. Il y avait de la place pour 12 chaises, mais les fois où nous étions plus nombreux que d’habitude, nous ouvrions une porte qui donnait sur la petite pièce d’à côté. Les choses ont bien changé, puisque trois congrégations se partagent actuellement la Salle du Royaume de Reykjavik ! ”
Fridrik et Ada se sont fait largement connaître par leur hospitalité. Alors qu’ils élevaient six enfants, leur porte était toujours ouverte pour les frères. Quand la congrégation en était à ses débuts, beaucoup d’étrangers arrivant en Islande ont apprécié d’être hébergés chez Fridrik et Ada, qui les accueillaient jusqu’à ce qu’ils trouvent un logement.
[Encadré/Illustration, page 232]
La Bible en islandais
La plus ancienne traduction de la Bible en islandais est incluse dans une œuvre du XIVe siècle, appelée Stjórn, qui contient des traductions et des paraphrases de certaines parties des Écritures hébraïques. Le premier “ Nouveau Testament ” complet fut imprimé en 1540. Il fut traduit par Oddur Gottskálksson, le fils de l’évêque de Hólar. Oddur avait embrassé les croyances de la Réforme en Norvège et avait rencontré Martin Luther en Allemagne. L’Histoire rapporte qu’à son retour en Islande Oddur a accompli sa traduction dans une étable et à grand-peine, désireux qu’il était de ne pas offenser l’évêque catholique de Skálholt pour qui il travaillait. Il a traduit à partir de la Vulgate, une version latine, et a lui-même apporté son manuscrit au Danemark pour le faire imprimer. En 1584, l’évêque Gudbrandur Thorláksson a demandé que soit imprimée la première Bible complète en islandais. La première traduction intégrale de la Bible réalisée à partir de l’hébreu et du grec fut imprimée en 1908 ; elle fut suivie, en 1912, d’une version révisée.
[Illustration]
La “ Gudbrandsbiblía ”, la première Bible complète en islandais.
[Tableau/Graphique, pages 216, 217]
ISLANDE — REPÈRES HISTORIQUES
1929 : Arrivée de Georg Lindal, le premier proclamateur du pays.
1940
1947 : Arrivée des premiers missionnaires de Guiléad.
1950 : Formation d’une petite congrégation.
1960
1960 : Parution de La Tour de Garde en islandais.
1962 : Ouverture d’une filiale à Reykjavik.
1975 : Inauguration des nouveaux bâtiments de la filiale, plus grands.
1980
1992 : Création d’un comité de liaison hospitalier.
1995 : Courant juin, deux Salles du Royaume sont construites en quatre jours.
2000
2004 : 284 proclamateurs œuvrent en Islande.
[Graphique]
(Voir la publication)
Total des proclamateurs
Total des pionniers
100
200
300
1940 1960 1980 2000
[Cartes, page 209]
(Voir la publication)
ISLANDE
Húsavík
Hólar
Akureyri
Seyđisfjörđur
Neskaupstađur
Eskifjörđur
Stykkishólmur
Borgarnes
Höfn
REYKJAVIK
Skálholt
Keflavík
Selfoss
[Illustrations pleine page, page 202]
[Illustration, page 207]
À droite : Georg Lindal, en 1947.
[Illustration, page 207]
Ci-dessous : frère Lindal avec un poney islandais, au début des années 30.
[Illustration, page 212]
Quelques-uns des premiers missionnaires, de gauche à droite : Ingvard Jensen, Oliver Macdonald et Leo Larsen.
[Illustration, page 220]
Ce bâtiment a servi de Béthel de 1962 à 1968.
[Illustration, page 227]
Plus d’une centaine de proclamateurs d’Islande ont assisté à l’assemblée internationale “ Paix sur la terre ” à Copenhague, en 1969.
[Illustration, page 235]
Iiris et Kjell Geelnard à Akureyri, en janvier 1993.
[Illustration, page 238]
À droite : le chalutier “ Svalbakur ”.
[Illustration, page 238]
Ci-dessous : Fridrik et Kjell.
[Illustration, page 241]
À droite : Oddný Helgadóttir.
[Illustration, page 241]
Ci-dessous : Gudrún Ólafsdóttir.
[Illustration, page 243]
À droite : la Salle du Royaume et la maison de missionnaires d’Akureyri.
[Illustration, page 243]
Ci-dessous : Bjarni Jónsson devant le Béthel.
[Illustration, page 249]
Ci-dessus : la construction de la Salle du Royaume de Selfoss, en 1995.
[Illustration, page 249]
À droite : la salle, achevée.
[Illustration, page 253]
La famille du Béthel d’Islande.
[Illustration, page 254]
Le Comité de la filiale, de gauche à droite : Bjarni Jónsson, Gudmundur Gudmundsson, Páll Pedersen et Bergthór Bergthórsson.