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Bélize

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SUR la péninsule du Yucatán se trouve le Bélize, un joyau tropical serti entre le Mexique, le Guatémala et la mer des Antilles. Anciennement appelé Honduras britannique, c’est un creuset où se mêlent différentes cultures, langues, coutumes, cuisines et religions.

Ce petit pays de 300 000 habitants est peu peuplé, comparé au reste de l’Amérique centrale. Des oiseaux de toute beauté et d’autres animaux fascinants, tel l’insaisissable jaguar, résident dans ses forêts tropicales luxuriantes. Des ruines mayas y abondent, ainsi que des montagnes majestueuses, ornées de palmiers imposants et de cascades vertigineuses. Une particularité fascinante du pays est son immense réseau de cavernes, parfois reliées par les eaux limpides de rivières sinueuses. La barrière de corail qui s’étend le long de la côte offre une impressionnante diversité de coraux. Elle est ponctuée de cays, des îles plates couvertes de plages de sable blanc et de cocotiers.

UN PEU D’HISTOIRE

Les premiers colons sont des Arawak et des Caraïbes venus d’Amérique du Sud. Des siècles avant que les Européens n’investissent le Nouveau Monde, le Bélize est le centre présumé de la civilisation maya, avec des centres cérémoniels prospères et des temples magnifiques.

Peu de sources décrivent les efforts des premiers Européens pour coloniser le pays. Ce que l’on sait, c’est que les tentatives espagnoles pour soumettre les Mayas échouent. En 1638, des pirates anglais s’installent sur la côte. Au milieu du XVIIsiècle, des colonies d’exploitation de bois de campêche (dont est extraite une teinture précieuse) sont bien établies.

Les Britanniques importent des esclaves, achetés sur des marchés de la Jamaïque et des États-Unis, ou directement en Afrique, pour couper le campêche et l’acajou. Même si ceux qui surveillent ces esclaves de l’industrie du bois ne manient pas autant le fouet qu’ailleurs en Amérique, les conditions de vie sont déplorables et les mauvais traitements monnaie courante. Beaucoup d’esclaves se révoltent, se suicident ou s’enfuient pour former des communautés indépendantes dans le pays. En 1862, le Bélize est proclamé colonie britannique et, en 1981, il obtient son indépendance *.

LA VÉRITÉ S’ENRACINE

L’un des premiers Témoins de Jéhovah (alors appelés Étudiants internationaux de la Bible) qui arrive au Bélize est James Gordon. Après s’être fait baptiser à la Jamaïque en 1918, ce jeune frère menu à la voix fluette se fixe en 1923 à Bomba, un village maya isolé, où il fonde une famille. Bien que loin de ses frères chrétiens, il communique la bonne nouvelle du Royaume à ses amis et à ses voisins.

Comment la bonne nouvelle atteint-​elle les autres régions de cette colonie britannique ? En 1931, Freida Johnson, un petit bout de femme américaine approchant la soixantaine, se rend dans certaines parties de l’Amérique centrale. Voyageant seule, parfois à cheval, elle prêche dans des villes, des villages et des plantations de bananes éparpillées sur la côte caraïbe.

En arrivant à Belize City, en 1933, Freida loue une petite chambre. Sa logeuse, Mme Beeks, l’entend chaque matin lire la Bible et chanter un cantique avant de quitter la maison. Beaucoup remarquent le zèle infatigable de Freida, qui, par exemple, ne s’arrête pas pour la sieste d’usage sous les tropiques. Pendant son séjour de six mois, elle intéresse à la vérité Thaddius Hodgeson, un boulanger jamaïquain. Elle concentre ses efforts sur Belize City, mais elle va aussi dans la campagne, notamment à Bomba, où elle rencontre James Gordon. Son excellente activité permet à ceux qui ont les mêmes convictions de se connaître et de se retrouver pour des réunions.

LES GRAINES DE VÉRITÉ PORTENT DU FRUIT

Malgré des moyens de communication très limités, James et Thaddius, qui prêchent dans leurs régions respectives, restent en contact. Dès 1934, Thaddius écrit au siège mondial, à Brooklyn, pour demander un phonographe et des enregistrements de discours bibliques.

Les samedis soirs, Thaddius diffuse des enregistrements de discours devant le bâtiment de la Cour suprême, sur un ancien terrain d’entraînement militaire connu comme “ le champ de bataille ”. Le surnom de ce petit parc se révèle des plus appropriés. En effet, Thaddius passe des discours de frère Rutherford d’un côté tandis que la fanfare de l’Armée du Salut joue de l’autre, accompagnée par le gros tambour de Beaumont Boman. Mais Beaumont ne tarde pas à être sensible au message du Royaume et à rejoindre Thaddius de l’autre côté du “ champ de bataille ”. “ Je remercie mon Dieu, Jéhovah, s’exclame Beaumont, de m’avoir fait poser ce tambour ! ”

Un autre bon endroit pour la prédication publique est Mule Park, une petite place en face du marché. On y attache les mules qui tirent des charrettes de marchandises à livrer dans la ville et aux alentours. C’est là qu’on entend souvent un orateur très dynamique : le beau, grand et basané Thaddius. L’emprise des Églises de la chrétienté sur les habitants du Bélize, qui aiment la Bible, n’empêche pas de nombreuses personnes sincères d’accepter la vérité. C’est le cas de James Hyatt et d’Arthur Randall, deux Jamaïquains.

Dans le nord de Belize City, Thaddius organise des réunions à l’intérieur de sa boulangerie. Il déplace le comptoir et dispose des planches sur des chaises en guise de bancs. Dans le sud de la ville, des réunions se tiennent chez Cora Brown. Par ailleurs, Nora Fayad se rappelle que, dans son enfance, les quelques Témoins de sa région avaient l’habitude de se retrouver près de chez elle, dans la cour d’Arthur Randall.

UNE PRÉDICATION ÉNERGIQUE

Beaucoup de ces premiers Témoins se caractérisent par leur prédication inlassable. Par exemple, James (Jimsie) Jenkins, qui est aveugle, sillonne tout Belize City en se dirigeant avec sa canne. Molly Tillet racontera qu’elle l’entendait prêcher sur le marché, même à deux pâtés de maison de là. James marque aussi les esprits par l’attention soutenue qu’il prête aux réunions. Assis, s’appuyant légèrement sur sa canne, il boit chaque parole. Il connaît par cœur de nombreux textes bibliques, qu’il cite en prédication.

James Gordon, lui, est connu dans les villages avoisinants Bomba pour prêcher à tous ceux qu’il rencontre. D’une main, il tient une mallette en acajou contenant des publications et, de l’autre, un phonographe. Chaque dimanche, avant le lever du jour, il remonte la rivière dans sa pirogue faite d’un tronc d’arbre creusé, puis parcourt des kilomètres dans le territoire, durant toute la journée. À la tombée de la nuit, on le voit revenir de la rivière en marchant péniblement. Après le dîner, il dirige l’étude de ses six enfants jusqu’à ce qu’il soit trop fatigué pour tenir son livre.

Sa femme n’est pas encore Témoin. Pour tout dire, un jour, elle brûle une grande partie de ses publications bibliques pendant son absence. À son retour, lorsqu’il découvre ce qu’elle a fait, James reste calme. D’une voix ferme, il dit simplement : “ Que je ne t’y reprenne pas ! ” Ses enfants sont impressionnés par son sang-froid, car ils mesurent la douleur que cette perte lui cause.

ATTIRÉS PAR L’ESPRIT DE JÉHOVAH

Un dimanche matin, James prêche à Derrine Lightburn, une anglicane fervente, qui accepte le livre La Harpe de Dieu. Comme il ne parle pas bien fort, elle ne comprend pas vraiment de quoi il s’agit. Plus tard, alors qu’elle est à Belize City, chez sa tante Alphonsena Robateau, un homme arrive au portail et demande la permission d’entrer dans la cour.

“ On dirait le monsieur qui m’a apporté le bon livre dont je t’ai parlé ”, glisse Derrine à sa tante.

Il s’avère que ce n’est pas James Gordon, mais James Hyatt. Il actionne son phonographe devant les deux femmes et laisse La Harpe de Dieu à Alphonsena. Bien que très engagées dans la politique, Alphonsena et sa sœur Octabelle Flowers cherchent la vérité. Ce qu’Alphonsena entend ce jour-​là l’incite à dire à Octabelle : “ Tu sais, un homme est venu ici parler du Royaume de Dieu. Je crois que c’est ce qu’on cherche ! ” Octabelle veille à être présente quand le frère revient. Alphonsena, Octabelle et Derrine acceptent toutes les trois la vérité et se font baptiser en 1941.

Alphonsena et Octabelle ont une petite sœur, Amybelle Allen. Parce que leur mère vient de décéder, Amybelle demande à Dieu de mourir pour la retrouver au ciel. Cela étant, elle accepte l’invitation d’Octabelle à venir écouter le discours “ Où sont les morts ? ” Ensuite, elle ne manque aucune réunion.

“ Les gens étaient attirés par l’esprit de Jéhovah juste en lisant les publications et en allant aux réunions, explique Olga Knight, la fille de Derrine. Ils étaient tellement passionnés par la vérité qu’ils ne tardaient pas à parler à d’autres de ce qu’ils apprenaient. ”

Par exemple, le père d’Olga, Herman Lightburn, découvre la vérité en lisant le livre Enfants lors d’un séjour à l’hôpital. Enthousiasmé par ce qu’il apprend, il loue un camion chaque vendredi pour emmener le petit groupe de proclamateurs donner le témoignage dans les villages des alentours. Il parcourt aussi à fond la région rurale de Black Creek, où il a une ferme.

“ Mes parents prêchaient le long du fleuve Bélize, se souvient Olga. Le soir, les gens venaient à la lueur de lanternes les écouter. Tous les matins des vacances à la ferme, mes parents, ma tante Amybelle, sa fille Molly Tillet et moi suivions la piste menant à Crooked Tree, tous en file indienne, sur les chevaux de mon père. Une fois arrivés, nous étudiions la Bible avec ceux qui le désiraient, pendant que les chevaux broutaient. Grâce à cela, quelques familles sont venues à la vérité. ”

En 1941, le premier groupe de proclamateurs se fait baptiser à Belize City, dans la mer. Parmi eux figure George Longsworth, pionnier à partir de cette année-​là et jusqu’à sa mort, à l’âge de 87 ans, en 1967. Il accomplit une grande partie de son ministère dans l’intérieur du pays, où il défriche des territoires, se déplaçant à cheval sur des kilomètres pour atteindre villes et villages. Son zèle constant et son assistance régulière aux réunions sont particulièrement encourageants pour les nouveaux. Jéhovah se sert puissamment de ces serviteurs fidèles et zélés pour attirer les personnes sincères à son organisation.

L’ARRIVÉE DES PREMIERS MISSIONNAIRES

Elmer Ihrig et Charles Heyen, diplômés de la première classe de Guiléad, arrivent le 5 octobre 1945. Mais, la veille, un cyclone a frappé à 160 kilomètres au sud de Belize City. Comme les 16 kilomètres entre l’aéroport et la ville sont inondés, les deux missionnaires sont emmenés par des camions de l’armée. Thaddius Hodgeson met des parpaings et des caisses en bois devant chez lui pour qu’ils puissent entrer sans se mouiller les pieds.

Les Témoins du Bélize attendent avec impatience les premiers missionnaires. James Gordon, León Requeña et Rafael Medina n’hésitent pas à venir du nord du pays juqu’à Belize City pour les rencontrer. Ce déplacement n’est pas une mince affaire à l’époque ! “ Il n’y avait pas de bonne route reliant le nord du pays à Belize City, explique Ismael Medina, le petit-fils de Rafael. Il y avait seulement des picados, autrement dit des sentiers pleins d’ornières empruntés par les muletiers. Aucune maison ne se trouvant sur le chemin, à la tombée de la nuit, ils dormaient dehors malgré les serpents. Après avoir vu les missionnaires et reçu des instructions et des publications, les trois frères sont repartis par le même chemin. Cela leur a pris plusieurs jours ! ”

À Mule Park, les missionnaires sont présentés à la population de façon très inhabituelle... James Hyatt commence par une attaque cinglante contre le clergé en raison de ses faux enseignements, ce qui déclenche une avalanche d’injures de la part de certains badauds. À la fin de son exposé, il montre brusquement du doigt les deux missionnaires et dit : “ Je vous confie ces deux-​là ! ” C’est à peu près tout ce que les gens apprennent sur eux en cette occasion !

Il ne fait aucun doute que ces proclamateurs ont un amour extraordinaire pour Jéhovah et la vérité biblique, doublé d’une haine tenace pour les faux enseignements religieux. À l’évidence, les missionnaires ont quant à eux beaucoup à apprendre à ces ardents prédicateurs pour les aider à devenir plus efficaces.

Les deux missionnaires commencent leur activité à Belize City, où habitent alors quelque 26 700 personnes. Cette ville, construite sur un remblai à 30 centimètres seulement au-dessus du niveau de la mer, n’a pas de système d’évacuation des eaux. Pour ne rien arranger, le climat est chaud et humide. Les maisons n’ont pas l’eau courante, mais presque chaque cour dispose d’une grande cuve en bois pour recueillir l’eau de pluie. Cependant, la saison des pluies n’apporte pas toujours que du bon. C’est ainsi qu’en 1931 un cyclone détruit la ville et fait plus de 2 000 victimes.

DES PROGRÈS MALGRÉ LES RESTRICTIONS

Même si l’activité des Témoins de Jéhovah ne sera jamais interdite au Bélize, pendant une partie de la Deuxième Guerre mondiale le gouvernement impose des restrictions sur nos publications. Toutefois, peu avant l’arrivée des missionnaires, ces restrictions sont levées.

Malgré cela, La Tour de Garde du 15 juillet 1946 constate à propos de l’activité des missionnaires : “ Dans l’intérieur du pays, un prêtre catholique essaie encore de faire imposer les restrictions sur les publications reçues par courrier. La présence des deux missionnaires Témoins de Jéhovah déplaît fortement au clergé catholique. Un prêtre irlando-américain [...] s’indignait de ce que le gouvernement britannique colonial les autorise dans le pays. [...] Les deux [missionnaires] lui rappelèrent qu’il se déclarait lui-​même américain. Ils le firent détaler en lui montrant, statistiques des prisons américaines à l’appui, que le catholicisme n’est pas un bon gardien de la moralité des habitants des États-Unis. ”

Le premier rapport précis au sujet du Bélize date de 1944 ; il signale sept proclamateurs. Pour être plus efficaces, ceux-ci se mettent à utiliser des cartes de témoignage de porte en porte. Dans l’année qui suit l’arrivée des missionnaires, on enregistre 16 proclamateurs.

En 1946, Nathan Knorr et Frederick Franz, du siège mondial, viennent au Bélize et y ouvrent une filiale. Frère Knorr donne un discours sur l’organisation, expliquant la nécessité de rapporter l’activité de prédication sur les fiches prévues à cet effet. Frère Franz exhorte la congrégation à faire preuve de miséricorde envers autrui en continuant à prêcher le message du Royaume. Plus tard dans la semaine, Frère Knorr explique devant 102 personnes, dont beaucoup de non-Témoins, pourquoi ceux qui s’intéressent au message devraient se réjouir d’être associés au peuple de Jéhovah. Il les invite à étudier régulièrement la Bible avec les Témoins.

La même année arrivent Charles et Annie Ruth Parrish, accompagnés de Cordis et Mildred Sorrell. Truman Brubaker ainsi que Charles et Florence Homolka leur emboîtent le pas en 1948. Ils sont les bienvenus, vu l’ampleur de la tâche.

BEAUCOUP À FAIRE

“ Il n’y avait qu’une seule petite congrégation à l’époque, écrit Elmer Ihrig, et aucune en dehors du district de Bélize. Je passais quelques semaines d’affilée dans les autres districts. Je semais, laissant des livres, abonnant des personnes et donnant des discours. ” Pendant sa première année, Charles Heyen se rend en camion à Orange Walk, où il parcourt le territoire et encourage les frères à tenir régulièrement des réunions.

Le seul moyen d’accéder au sud est de passer par la mer. Charles et Elmer embarquent donc sur le Heron H pour atteindre les villes côtières de Stann Creek (maintenant Dangriga) et Punta Gorda, deux colonies garifuna. Leur but : y démarrer la prédication. Punta Gorda n’est alors accessible que par 30 heures de bateau, au départ de Belize City. Elmer fait le voyage et prononce un discours devant 20 personnes rassemblées dans la réception de l’hôtel où il est descendu.

Olga Knight revoit Elmer accompagnant sa famille à Crooked Tree. Dans ce village isolé, son père conduit des réunions sur la berge de la rivière bordée d’arbres. Les Témoins sont sensibles à la peine que se donnent les missionnaires et à leur humilité.

En 1948, on compte 38 proclamateurs en moyenne, et quatre petites congrégations rurales à l’extérieur de Belize City. Celles-ci se composent d’une poignée de proclamateurs : la famille Lightburn à Black Creek, la famille Gordon à Bomba, les familles Humes et Aldana à Santana, ainsi que frère Requeña et frère Medina à Orange Walk. Les missionnaires et les pionniers spéciaux se concentrent sur Belize City, comme ils y ont été encouragés. Jéhovah bénit leurs efforts soutenus puisque de plus en plus de personnes sincères se mettent à servir Jéhovah.

La visite suivante de frère Knorr, en décembre 1949, est encourageante et arrive au bon moment. Il passe une soirée dans la maison des missionnaires à parler des difficultés de leur forme de service. Bien des proclamateurs veulent adorer Jéhovah, mais ne comprennent pas la nécessité de se vouer à lui et de symboliser ce vœu par le baptême. Frère Knorr rappelle aux missionnaires l’importance de la patience, de l’endurance et de l’amour pour les gens. Il évoque aussi les bons résultats qu’ils ont obtenus.

MISSIONNAIRES REFUSÉS

En 1957, les frères sentent que le gouvernement surveille de près les activités des Témoins de Jéhovah. Par exemple, à Orange Walk, lors d’une projection d’un film de l’organisation de Dieu, un policier questionne les représentants de la filiale sur le moment de leur arrivée dans le village et celui de leur départ. Il dit que c’est pour en aviser le commissaire et ajoute qu’un policier en civil a récemment assisté à une assemblée pour faire un rapport du même genre.

Entre 1951 et 1957, dix missionnaires supplémentaires ont été acceptés dans le pays. Mais, brusquement, en juin 1957, les frères reçoivent une lettre des bureaux de la police et de l’immigration stipulant : “ Le gouvernement du Honduras britannique [aujourd’hui le Bélize] a décidé que, à compter de ce jour, plus aucun ministre religieux appartenant à votre association et venant de l’étranger ne sera autorisé à entrer au Honduras britannique. ” Une demande d’entretien avec le gouverneur pour connaître les raisons de cette décision est rejetée.

Si d’autres groupements religieux n’ont pas le droit de faire venir de nouveaux missionnaires, ils peuvent remplacer ceux qui partent, à la différence des Témoins de Jéhovah. En 1960, les frères écrivent aux autorités du Bélize et de Londres concernant le départ de deux missionnaires. Ils précisent bien qu’ils ne demandent pas de nouveaux missionnaires, mais plutôt des remplaçants.

Réponse cassante : “ Le gouverneur a pris la ferme décision de refuser l’entrée au Honduras britannique de tout autre missionnaire de la Watch Tower Bible and Tract Society. ”

Lorsque les frères sollicitent une entrevue, on leur objecte : “ Le gouverneur a pris la ferme décision, en 1957, de refuser l’entrée au Honduras britannique de tout autre missionnaire de votre association ; cela étant, son Excellence estime qu’il lui serait tout à fait inutile de vous rencontrer à ce propos. ” C’est comme si les frères se heurtaient à un mur.

Finalement, en octobre 1961, après pratiquement cinq années de demandes continuelles, le Béthel reçoit une lettre du secrétaire du Bélize. On y lit : “ Je vous informe que vos dernières protestations ont été examinées par le gouvernement du Honduras britannique, qui a décidé, pour l’heure, de permettre à des missionnaires étrangers de venir remplacer ceux qui s’y trouvent déjà. ” C’est ainsi qu’en 1962 Martin et Alice Thompson arrivent de la Jamaïque comme missionnaires.

L’ŒUVRE VA DE L’AVANT

Il est manifeste que des opposants religieux essaient de ralentir l’œuvre. Y parviennent-​ils ? Le rapport de l’année de service 1957 indique un maximum de 176 proclamateurs, répartis dans sept congrégations. La population s’élevant à 75 000 habitants, la proportion de proclamateurs est de 1 pour 400. Pour l’année de service 1961, on en enregistre 236, soit un accroissement de 34 % et une proportion de 1 proclamateur pour 383 habitants. La promesse de Jéhovah à son peuple se réalise : “ Toute arme qui sera formée contre toi n’aura pas de succès, et toute langue qui se dressera contre toi en jugement, tu la condamneras. ” (Is. 54:17). La prédication va de l’avant !

Parmi les étudiants de la Bible, beaucoup vivent en couple sans être mariés légalement ou vont d’un partenaire à l’autre. Mais dès qu’ils apprennent les normes élevées de Jéhovah, nombre d’entre eux sont prêts à faire de gros efforts et à engager les dépenses nécessaires pour se marier comme il se doit, certains à plus de 80 ans !

ENFIN UNE SALLE DU ROYAUME !

En décembre 1949, les frères paient à l’avance la location du Liberty Hall, à Belize City, en vue de la présentation de quatre discours spéciaux en janvier 1950. La veille du discours final, la radio annonce que, le lendemain, la salle va servir aux obsèques d’une personne en vue. Malgré l’insistance des frères auprès des propriétaires, le discours est interrompu par des gens qui pénètrent dans la salle et se mettent à préparer bruyamment la cérémonie. Pour finir, les Témoins doivent faire appel à la police. Il est clair qu’une Salle du Royaume serait bien utile. Les salles existantes sont toutes utilisées par des clubs ou pour danser. De plus, leur location est chère.

“ Dimanche soir de la semaine dernière, 174 personnes ont assisté à l’étude de La Tour de Garde ”, relate Donald Snider, le surveillant de filiale de l’époque. “ La salle est loin d’être équipée pour autant de monde, donc pas mal d’assistants restent debout. Comme la salle est bondée, la chaleur est intenable. ” Le Béthel et la maison de missionnaires sont déplacés plusieurs fois dans différents locaux loués.

En septembre 1958 commence la construction d’un bâtiment de deux niveaux. Le rez-de-chaussée accueillera un petit Béthel et une maison de missionnaires, l’étage, une salle de réunions. En 1959, la construction se termine. La congrégation de Belize City a enfin une Salle du Royaume !

LE TERRITOIRE HISPANOPHONE

La croissance spirituelle du peuple de Jéhovah au Bélize est surtout remarquable parmi les hispanophones. En 1949, aucun missionnaire ne parle espagnol, alors que c’est le cas de certains habitants du territoire. Par la suite, des missionnaires qui connaissent cette langue sont envoyés, notamment Leslie Pitcher, en 1955. Il est affecté à Benque Viejo, à l’ouest, près de la frontière avec le Guatémala. Sa venue est attendue par des habitants de cette ville hispanophone. Pourquoi donc ?

Environ un an plus tôt, Natalia Contreras découvre la vérité et se fait baptiser à San Benito, plus à l’ouest, au Guatémala. Elle traverse la frontière pour donner le témoignage à ses proches vivant à Benque Viejo. L’un d’eux, Serviliano Contreras, prête particulièrement attention à ses réflexions bibliques sur le culte des idoles et accepte la vérité. Il restera fidèle jusqu’à sa mort, en 1998, à l’âge de 101 ans. Bon nombre de ses enfants et petits-enfants sont Témoins de Jéhovah. Au début, le territoire du petit groupe de proclamateurs de Benque Viejo s’étend au-delà de la frontière guatémaltèque jusqu’à Melchor de Mencos, où ils tiennent des réunions. Avec le temps, une congrégation est formée dans cette ville. La congrégation de Benque Viejo est toujours connue pour son zèle.

Dès 1956, des parties d’assemblées de district et de circonscription sont présentées en espagnol. Mais il faut attendre février 1968 pour que toute une assemblée de circonscription se déroule dans cette langue. Elle a lieu dans la Salle du Royaume d’Orange Walk, avec 85 assistants et 4 baptêmes.

Des Témoins hispanophones, tels que Marcelo Dominguez, Rafael Medina, ainsi que Dionisio et Catalina Tek, assistent fidèlement aux réunions et aux assemblées en anglais, même s’ils n’y comprennent pas grand-chose. C’est seulement en octobre 1964 qu’une congrégation d’expression espagnole voit le jour à Orange Walk. Ses 20 proclamateurs allaient auparavant aux réunions en anglais.

Pendant les années 80, les guerres civiles qui font rage au Salvador et au Guatémala provoquent l’arrivée au Bélize de flots de réfugiés. Parmi eux figurent plusieurs familles de Témoins d’expression espagnole, qui comptent des anciens, des assistants ministériels et des pionniers. Leur présence, tout comme celle de missionnaires bilingues originaires de pays hispanophones, accélère l’accroissement dans le territoire.

“ LES VRAIS CHRÉTIENS PRÊCHENT DE PORTE EN PORTE ”

Un jour, deux inconnues se présentent chez Margarita Salazar, à Orange Walk : “ Connaissez-​vous une Témoin de Jéhovah qui s’appelle Margarita Salazar ? ” lui demandent-​elles. Il s’agit de Teófila Mai, 23 ans, et de sa mère ; elles viennent d’August Pine Ridge, un village situé à 34 kilomètres au sud-est d’Orange Walk. Mais que lui veulent-​elles ?

“ Près d’un an auparavant, explique Teófila, mon fils de neuf mois était très malade. Je l’ai donc emmené à Botes pour le vouer à la vierge Santa Clara. Le chauffeur du camion à l’avant duquel je voyageais m’a donné le témoignage. Après m’avoir demandé pourquoi j’emmenais mon bébé dans ce village, il m’a dit que la Bible désapprouve le culte des images. Cela m’a beaucoup intéressée. Le temps passant, cet homme, qui habitait par chez nous, m’a communiqué quantité de vérités bibliques qu’il avait apprises des Témoins de Jéhovah. ”

“ Sur le trajet, poursuit Teófila, le chauffeur du camion m’a dit que les vrais chrétiens prêchent de porte en porte. Il m’a expliqué que c’est ce que font les Témoins de Jéhovah et qu’ils lisent aux gens des passages bibliques comme Tsephania 1:14 et 2:2, 3. C’est ainsi que, mon petit garçon à la main et mon bébé dans les bras, j’ai fait du porte-à-porte à August Pine Ridge pour lire ces versets à mes voisins. Plus tard, le chauffeur m’a suggéré d’étudier la Bible avec les Témoins si je voulais vraiment connaître la vérité. Il m’a aussi parlé des Salazar et m’a indiqué où je pouvais les trouver à Orange Walk. Je n’étais jamais allée dans cette ville, alors je suis partie à leur recherche avec ma mère. ”

Margarita se souvient du matin ou elle a rencontré Teófila et sa mère : “ Elles m’ont posé plein de questions sur la Bible et nous avons eu une longue discussion. Elles voulaient savoir si c’était vrai que les Témoins de Jéhovah aident les gens à comprendre la Bible peu importe la distance qu’ils ont à parcourir pour les enseigner. Je leur ai assuré que c’était bien le cas et je leur ai promis que, toutes les deux semaines, nous irions les voir pour étudier avec elles. ”

Lorsque Margarita et son mari, Ramón, arrivent à August Pine Ridge, Teófila a réuni six adultes de sa famille pour l’étude de la Bible. Par la suite, des pionniers d’Orange Walk parcourent régulièrement avec les Salazar les plus de 30 kilomètres de chemins étroits et cahoteux pour prêcher dans le village pendant que Teófila et sa famille étudient. Souvent, Amybelle Allen reste jusqu’au lendemain afin de conduire des études bibliques. Teófila se fait baptiser en 1972, cinq mois après avoir commencé à étudier. Une congrégation est formée à August Pine Ridge en 1980 et, au fil du temps, 37 membres de la famille de Teófila acceptent la vérité.

DES EXPÉDITIONS FRUCTUEUSES

Si les territoires de Belize City et des autres grandes villes sont prêchés à fond, ceux des campagnes ne le sont pas régulièrement. Les premiers missionnaires sont allés en bateau dans les villes du sud, avant qu’une route ne relie les districts de Stann Creek et de Toledo au reste du pays. Puis, début 1971, le Béthel commence à organiser des excursions de prédication annuelles — des expéditions dans la jungle — pour apporter le message du Royaume dans les parties reculées de la forêt tropicale, aux Mayas mopans et kekchis.

Avec des véhicules de location et des pirogues, les frères et sœurs se rendent dans les villages et les villes situés entre Dangriga et Punta Gorda, et aussi loin que Barranco, près du Guatémala. Ils se déplacent parfois en camionnette escortée de deux à quatre personnes en moto. Chaque soir, ils s’arrêtent dans un village et, la journée, tandis que la majorité des proclamateurs y prêchent, les motocyclistes remontent par deux les sentiers jusqu’aux fermes isolées.

Aux environs de Punta Gorda, les frères marchent et campent de village en village. Avant de prêcher, ils doivent souvent s’adresser à l’alcade (le chef) dans le cabildo, la hutte de réunion des anciens du village.

Reiner Thompson, un missionnaire, rapporte : “ Dans un village, les hommes étaient réunis dans le cabildo pour discuter de la récolte du maïs quand les frères sont arrivés. Après la réunion, ils leur ont demandé de chanter un cantique. Bien que fatigués, l’estomac dans les talons et sans recueil de cantiques, les frères ont chanté de tout cœur, au grand plaisir de ces hommes. ” Avec le temps, des congrégations sont formées à Mango Creek et à San Antonio, l’un des plus grands villages mayas.

“ Il nous arrivait de nous rendre de nuit d’un village à un autre pour nous tenir à notre programme, explique Santiago Sosa. Nous avons appris à marcher en file indienne, au milieu du chemin et non sur les côtés, car les buissons étaient infestés de serpents. Nous avons aussi appris à tirer de l’eau des arbres aquifères quand nous en manquions. ”

Parfois les proclamateurs vont par deux ou par quatre dans différentes parties du village, puis ils se retrouvent tous en soirée. Deux restent toujours pour préparer à manger. “ Des fois, ce n’était pas triste, raconte Santiago avec humour, parce que certains ne savaient pas vraiment cuisiner. Je me souviens avoir regardé un plat et demandé ce que c’était. Le cuisinier m’a répondu : ‘ Je ne sais pas, mais ça se mange. ’ Comme le cuisinier lui-​même était incapable de déterminer ce que c’était, nous avons jugé préférable de faire goûter d’abord à un chien errant affamé. Mais même lui n’en a pas voulu ! ”

DES KEKCHIS ACCEPTENT LA VÉRITÉ

Rodolfo Cocom et sa femme, Ofelia, partent de Corozal pour s’installer dans le sud, à Crique Sarco. C’est dans ce village kekchi éloigné, où les Témoins de Jéhovah se rendent seulement lors de leurs expéditions annuelles dans la jungle, qu’Ofelia a grandi. À 14 ans, elle lit le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle, qu’elle a trouvé sous un oranger. Elle veut en savoir plus, mais ce n’est qu’après son mariage et son emménagement à Corozal qu’elle étudie, ainsi que son mari, avec deux pionniers spéciaux, Marcial et Manuela Kay.

Une fois à Crique Sarco, en 1981, les Cocom veulent rester en contact avec les Témoins. Rodolfo part donc à leur recherche. Pour cela, il doit marcher, prendre le bateau pour descendre la rivière et rejoindre Punta Gorda par la mer, un déplacement de plus de six heures. Dans cette ville, il rencontre Donald Niebrugge, un pionnier qui s’arrange pour étudier avec eux par correspondance. Mais un problème se pose : il n’y a pas de poste à Crique Sarco.

“ J’ai demandé à la poste de Punta Gorda comment je pouvais envoyer du courrier à Crique Sarco, explique Donald. On m’a dit que le prêtre y allait une fois par semaine. ” C’est ainsi que pendant environ six mois, le prêtre fait les allers et retours avec la correspondance pour l’étude biblique, sans se rendre compte qu’il sert de facteur aux Témoins de Jéhovah.

“ Lorsqu’il a pris conscience de ce qu’il transportait, explique Donald, le prêtre, plutôt vexé, a refusé de continuer à prendre nos lettres. ”

Pendant ces six mois, Donald va plusieurs fois à Crique Sarco étudier avec les Cocom. Puis vient le moment d’une nouvelle expédition dans la jungle. C’est alors que Rodolfo fait ses débuts dans la prédication. “ Nous l’avons emmené prêcher quatre jours dans les villages, poursuit Donald. La compagnie fraternelle l’a vraiment aidé à progresser. ”

“ Ofelia et moi allions prêcher dans notre village, relate Rodolfo. Nous n’étions que tous les deux à transmettre ce que nous avions appris. Les gens que j’enseignais se heurtaient à plus d’opposition que nous. On refusait à certains l’accès aux dons de médicaments, de nourriture et de vêtements que recevait le village. Par ailleurs, ma belle-mère s’opposait grandement à ce que nous faisions. Ofelia et moi avons compris que nous n’arriverions pas à faire de progrès spirituels à Crique Sarco. Nous avions besoin d’assister aux réunions. Nous sommes donc partis vivre à Punta Gorda pour continuer notre étude. Là, nous avons pu progresser. Nous nous sommes fait baptiser en 1985. ” Actuellement, les Cocom font partie de la congrégation de Ladyville, où Rodolfo est assistant ministériel.

DES SORTIES EN MER

Chaque année, des sorties en mer sont organisées pour prêcher dans les petites îles et les villages côtiers. À l’époque, Hopkins, Seine Bight, Placencia, Punta Negra et Monkey River sont inaccessibles par voie terrestre. Aussi, en dehors de la saison du homard, Polito Bevens prend à bord de son chalutier quatre pionniers et missionnaires. Pendant deux semaines, ils vont du nord au sud en s’arrêtant partout.

Donald Niebrugge, qui participe presque tous les ans aux expéditions dans la jungle et aux sorties en mer, aime se souvenir de leur sortie avec le voilier d’Ambroncio Hernandez. À la suite de cette sortie, Ambroncio, surnommé affectueusement Bocho, commence à étudier la Bible.

“ L’année suivante, quatre d’entre nous avaient prévu une sortie de deux semaines le long de la côte, se souvient Donald. Comme Bocho avait vendu son bateau, il nous a recommandé un pêcheur disposé à nous emmener avec son associé. Nous étions donc deux couples de pionniers spéciaux avec ces deux pêcheurs et Bocho. C’est lors de ce voyage que celui-ci a entamé son ministère. Beaucoup de yachts se trouvant au port de Placencia, nous avons prêché de yacht en yacht. Les deux autres pêcheurs nous ont bien soutenus pendant ces deux semaines. Un jour, pour notre retour d’une longue journée de prédication dans un village, ils avaient acheté un poulet et préparé un repas sur un petit réchaud à pétrole. ” L’année suivante, au moment de la sortie en mer, Bocho est déjà baptisé. Cela fait maintenant 18 ans qu’il est ancien à Belize City.

DU RÉSULTAT DANS UN TERRITOIRE NON ATTRIBUÉ

Le district de Toledo est situé dans le sud du Bélize, en pleine forêt tropicale. Ses collines ondulantes sont parsemées de villages mopans et kekchis, avec leurs chaumières au sol en terre battue. La plupart de ceux qui y habitent n’ont pas une vie facile. Ils effectuent de gros travaux agricoles avec de simples binettes. En cas de sécheresse, il leur faut porter eux-​mêmes de l’eau jusqu’aux champs pour cultiver le maïs, les haricots et le cacao. Beaucoup de femmes font de la broderie kekchi traditionnelle et des paniers pour les magasins de souvenirs du pays. Quant aux jeunes, ils sont de plus en plus nombreux à quitter les villages pour aller faire leurs études ou travailler dans les villes.

En 1995, Frank et Alice Cardoza sont invités à être pionniers spéciaux temporaires en avril et en mai pour distribuer dans ce district les Nouvelles du Royaume n34, Pourquoi la vie est-​elle si difficile ? “ Lors d’une expédition annuelle dans cette région, se souvient Frank, je m’étais dit qu’on pourrait mieux aider les Mayas à connaître la bonne nouvelle si quelqu’un s’installait par ici. Le Béthel m’a recommandé de louer un endroit pour y habiter, de démarrer un groupe d’étude de la Bible et de donner le discours spécial à San Antonio. Nous devions distribuer les Nouvelles du Royaume dans ce village ainsi que dans huit autres. ”

Les Cardoza organisent un groupe d’étude hebdomadaire dans la pièce en sous-sol qu’ils louent en guise de logement. Au bout de quelques semaines, trois ou quatre familles y assistent. Elles accompagnent aussi Frank et Alice à l’École du ministère théocratique et à la réunion de service à Punta Gorda, bien que cela représente une heure de route poussiéreuse et cahoteuse dans un vieux pick-up. Le premier mois, Frank prononce le discours spécial à San Antonio. Jesús Ich, l’un de ceux qui sont là pour la première fois, écoute, captivé. Étant membre de l’Église nazaréenne, il est particulièrement impressionné d’apprendre que le dogme de l’enfer de feu a des racines païennes et que, dans la Bible, le mot rendu par “ enfer ” désigne la tombe commune aux hommes. Après la réunion, il prend Frank à part et le presse de questions à ce propos. Sur ce, il se met à étudier la Bible et se fait baptiser l’année suivante.

À la fin de leur affectation temporaire, les Cardoza ont une décision importante à prendre. “ Nous avions entamé beaucoup d’études, se rappelle Frank, plus que nous n’en pouvions diriger. Notre cœur et notre conscience n’allaient pas nous permettre de retourner dans notre maison confortable de Ladyville. Si nous décidions de rester à San Antonio, nous pourrions être mieux logés en louant l’étage plutôt que le sous-sol de la maison où nous vivions. Je pourrais installer un petit évier, une gouttière pour récupérer l’eau de pluie, et, avec le temps, peut-être un W.-C. avec une chasse d’eau et aussi l’électricité. Nous avons prié Jéhovah à ce sujet, confiants qu’avec sa bénédiction une congrégation pourrait être formée dans la région. Puis nous avons écrit au Béthel que nous étions désireux de rester à San Antonio en tant que pionniers permanents. ”

La bénédiction de Jéhovah sur la décision des Cardoza ne tarde pas à être manifeste. Avant six mois, en novembre, la première réunion publique se déroule chez eux. À partir d’avril de l’année suivante, l’École du ministère théocratique et la réunion de service ont lieu à San Antonio. Quel soulagement pour le petit groupe de ne plus avoir 65 kilomètres à parcourir pour assister aux réunions à Punta Gorda !

“ SES MENACES NE M’ARRÊTERAIENT PAS ”

À San Antonio, les étudiants sincères de la Bible commencent rapidement à faire des progrès et leur amour pour la vérité est vraiment touchant. “ Dans ces villages, explique Frank, les femmes en particulier sont très timides. Par tradition, elles sont soumises à leurs pères et à leurs maris. Elles n’ont pas l’habitude de parler à des inconnus. C’est pourquoi il leur était très difficile de prendre part au ministère de porte en porte. ”

Priscilian Sho, 20 ans, est une proclamatrice non baptisée qui a le vif désir de prêcher à ses voisins. Un jour, elle fait des visites avec Amalia Sho, une de ses belles-sœurs, quand elles se retrouvent soudain face à une situation critique.

Priscilian se souvient : “ Je n’avais pas dit à mon père que je prêchais en public, car il me l’avait interdit et j’avais peur de lui. Ce dimanche matin-​là, alors que nous étions en prédication, d’un seul coup, nous avons vu mon père devant son église baptiste. Notre première réaction a été de nous accroupir dans les herbes pour qu’il ne nous voie pas. Puis j’ai dit : ‘ Tu sais Amalia, Jéhovah nous voit. Nous ne devrions pas avoir peur de mon père. C’est Jéhovah que nous devons craindre. ’ ”

Le père de Priscilian est furieux, mais le pire est encore à venir, vu qu’il s’oppose violemment à ce qu’elle devienne Témoin de Jéhovah. Priscilian prie à ce sujet jusqu’à la veille de l’assemblée où elle doit se faire baptiser et rassemble finalement son courage pour parler à son père.

“ Demain, je vais à Belize City ”, lui dit-​elle.

“ Que vas-​tu y faire ? ”

“ Me faire baptiser. Je vais faire ce que Jéhovah veut que je fasse. Je t’aime, mais je dois aussi aimer Jéhovah. ”

En colère, il réplique : “ Tu vas vraiment faire ça ? ”

“ Oui. Actes 5:29 dit que je dois obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. ”

Le père de Priscilian s’en va plein de rage. “ Je ne me suis sentie en sécurité que lorsque je suis montée dans le camion pour aller à l’assemblée, se souvient-​elle. Je ne savais pas ce qu’il ferait à mon retour. Mais je savais qu’à ce moment-​là je serais baptisée, donc, même s’il me tuait, j’aurais bien agi. ”

Si, au retour de Priscilian, son père ne lui fait pas de mal, plus tard il menace de la tuer. “ Il a vu que ses menaces ne m’arrêteraient pas et, depuis, il s’est adouci ”, conclut-​elle.

UN CHANGEMENT RADICAL

Alors que le tout nouveau noyau de proclamateurs zélés prospère spirituellement, une lettre du conseil du village informe subitement les Cardoza qu’ils doivent quitter San Antonio. Quelque temps plus tôt, ils ont obtenu la permission de rester en s’acquittant d’une taxe, mais, à présent, une personnalité du village essaie de les chasser. Au cours d’une réunion du conseil, trois personnes à qui Frank enseigne la Bible parlent en sa faveur. Puis le propriétaire des Cardoza prend la parole pour avertir que, s’ils sont expulsés, c’est le conseil qui devra lui payer le loyer. Ensuite, Frank présente une lettre de l’administration territoriale stipulant que l’on ne peut demander au locataire d’une propriété privée de partir. En définitive, les Cardoza sont autorisés à rester.

C’est Basilio Ah, un ancien alcade (chef) jouant encore un rôle important dans la politique, qui veut les expulser. Il se sert de son influence pour s’opposer autant que possible aux Témoins de Jéhovah de San Antonio. Lorsqu’ils cherchent un terrain pour une Salle du Royaume, il lance : “ Vous ne construirez jamais de Salle du Royaume dans ce village ! ” Ils obtiennent malgré tout un terrain et bâtissent une salle jolie et modeste. L’inauguration a lieu en décembre 1998. Fait étonnant, Basilio se trouve dans l’assistance. Que s’est-​il passé ?

Deux de ses fils qui se sont mariés rencontrent des problèmes familiaux. À deux reprises, il cherche de l’aide auprès de son Église, sans recevoir de réponse. Par la suite, ses fils entreprennent d’étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah. María, la femme de Basilio, remarque alors que ses fils changent en bien et que leurs vies de famille s’améliorent. Elle demande donc, elle aussi, à étudier.

“ Comme je voulais vraiment apprendre à connaître Jéhovah Dieu, déclare María, j’ai dit à mon mari qu’on devrait aller à la Salle du Royaume pour en savoir plus sur Dieu. ” Basilio ne démordra pas facilement de ses sentiments tenaces à l’encontre des Témoins de Jéhovah et de Frank Cardoza, qu’il appelle “ l’étranger ”. Toutefois, il est impressionné par les progrès de ses fils, qui appliquent les principes bibliques. Il décide donc de se renseigner plus exactement sur les Témoins de Jéhovah. Après quelques discussions, qui accepte-​t-​il d’avoir pour enseignant ? Précisément “ l’étranger ”, Frank Cardoza !

“ Ce que j’ai lu dans la Bible m’a fait changer d’avis, explique Basilio. Cela faisait 60 ans qu’en bon catholique je brûlais de l’encens devant des idoles à l’église. À présent, ce que j’apprenais sur Jéhovah se trouvait dans son livre, la Bible. J’ai honte du comportement que j’ai eu avec Frank Cardoza, qui est maintenant mon frère. Je n’ai pas peur de dire que j’ai eu tort. J’étais zélé pour les choses que je croyais être bien pour mon village et ma religion, mais j’ai rompu avec les traditions mayas liées aux guérisons spirites, courantes dans nos villages. J’ai aussi arrêté de faire de la politique. ” Aujourd’hui, Basilio et María sont heureux d’être des serviteurs de Jéhovah baptisés.

Le peuple de Jéhovah est connu pour son amour, sa joie et son zèle. Dans les régions reculées du Bélize, il n’est pas rare que des proclamateurs fassent trois heures de marche ou plus dans des collines escarpées pour prêcher. Par ailleurs, ils ne sont pas du genre à manquer les réunions. C’est ainsi que, un jour où elle doit être interlocutrice à l’École du ministère théocratique, Andrea Ich parcourt 4 ou 5 kilomètres dans la jungle avec ses fils pour cueillir des avocats. Ce faisant, elle se fait piquer 23 fois par des guêpes. Il n’empêche qu’elle rentre chez elle, prépare à manger pour sa famille, va à la réunion et sert d’interlocutrice. Elle a le visage enflé à cause des piqûres de guêpes, mais elle est joyeuse. Aux assemblées, il est toujours encourageant de voir les frères et sœurs mayas prendre grand plaisir à être unis dans le culte du vrai Dieu Jéhovah, même après un trajet de toute une journée en camion ou en bus.

LES ÉLÉMENTS SE DÉCHAÎNENT

Au cours des 115 dernières années, le Bélize a essuyé 51 cyclones et tempêtes tropicales. Depuis 1930, 12 cyclones se sont abattus directement sur le pays ou sont passés suffisamment près pour causer de graves dégâts matériels et humains. Hattie, l’un des plus violents, frappe tôt le matin du 31 octobre 1961. Les bourrasques atteignent 300 kilomètres à l’heure et un raz-de-marée fait des centaines de victimes. Belize City, située à 30 centimètres au-dessus du niveau de la mer, se retrouve sous 30 centimètres de boue. Le Béthel rapporte : “ Les maisons de la plupart des Témoins [de Belize City] ont subi de gros dégâts ou ont été complètement détruites, mais eux-​mêmes ne sont pas gravement blessés. Leurs vêtements sont perdus ou abîmés par l’eau. ”

“ Des bulldozers déblaient les rues et de grands feux sont allumés pour brûler les décombres. Ici, dans la maison [de missionnaires], nous avons eu 60 centimètres d’eau, ce qui a fait beaucoup de dégâts. L’eau est montée jusqu’à trois mètres dehors, [...] mais, heureusement, la maison de missionnaires est surélevée. [...] Il y a très peu de nourriture [...], et des corps sont encore dégagés des décombres. ”

Dix jours plus tard, le Béthel signale : “ La situation [à Dangriga] est pire qu’ici [à Belize City]. Les gens sont forcés à travailler huit heures par jour afin d’obtenir les tickets indispensables pour acheter quoi que ce soit. L’armée contrôle tout, et rien ne peut être acheté avec de l’argent. ” Quand sa maison s’effondre, un père de famille a les jambes brisées et ses deux fils meurent. Ils étaient tous les deux proclamateurs. L’un d’eux, âgé de 12 ans, avait la belle réputation de donner le témoignage à ses professeurs.

Là où passe l’œil du cyclone, entre Belize City et Dangriga, la plupart des frères et sœurs perdent leur maison et leurs biens, en totalité ou en partie. Dans les jours qui suivent, le gouverneur déclenche la procédure d’extrême urgence, impose un couvre-feu et demande à l’armée britannique de faire respecter ces mesures et de tirer sur les pillards. Les hommes, les femmes ou les enfants pris à braver le couvre-feu sont parqués comme du bétail pour la nuit.

Malgré le chaos ambiant, les réunions et la prédication reprennent dès que possible. Ce n’est pas facile car beaucoup logent dans des abris de fortune et les terrains sont inondés et boueux. Pourtant, les gens ayant besoin du message réconfortant de la bonne nouvelle du Royaume, les Témoins de Jéhovah sont prêts à faire des sacrifices pour le leur transmettre.

Les conditions de vie sont très difficiles, mais l’amour et la générosité des Témoins de Jéhovah de l’étranger contribuent grandement à remonter le moral de ceux du Bélize. Des filiales leur font parvenir 25 cartons de secours, principalement des vêtements, qu’ils partagent avec des voisins non Témoins. Le Béthel et la Salle du Royaume sont parmi les rares bâtiments qui résistent au cyclone. Par conséquent, lorsque le gouvernement demande à faire de la Salle du Royaume un abri public, les frères acceptent volontiers *.

“ MADAME PRATT, POURRIEZ-​VOUS PRIER POUR NOUS ? ”

À Ambergris Cay, en octobre 2000, les vents soufflant à 200 kilomètres à l’heure et la pluie torrentielle de l’ouragan Keith s’abattent trois jours durant sur les habitants de San Pedro. Après ces trois jours de pluie, Ladyville, située à une quinzaine de kilomètres au nord de Belize City, est recouverte de 80 centimètres d’eau. Quarante-deux Témoins trouvent refuge dans la Salle d’assemblées. La plupart des maisons de Cay Caulker sont détruites. Les 57 proclamateurs des deux îles perdent tout ou presque et n’ont plus ni électricité, ni eau, ni téléphone pendant plusieurs semaines. Le premier ministre déclare sinistrés les districts de Bélize, d’Orange Walk et de Corozal, ainsi qu’Ambergris Cay et Cay Caulker. Un couvre-feu est imposé dans toute la zone ravagée pour empêcher les pillages.

Ayant entendu l’alerte à l’ouragan, Cecilia Pratt, une pionnière spéciale de Cay Caulker, prépare un sac au cas où elle devrait se mettre en lieu sûr. Ce jour-​là, elle vient juste de rassembler les fiches d’activité de 12 sœurs. Elle prévoit de prendre le bateau de l’après-midi pour aller sur le continent les remettre au Béthel. Elle les enveloppe soigneusement dans une pochette plastique et les place dans son sac de secours. Bien lui en prend, car, la nuit même, elle doit se réfugier avec quelques sœurs dans une école construite en dur. Les autres sœurs s’abritent dans le centre communal.

“ Le vent a arraché la toiture en zinc de la première classe où nous étions, raconte Cecilia. Nous avons tous dû attraper nos affaires et nous précipiter dans une autre pièce. C’était comme si le vent faisait trembler tout le bâtiment, pourtant en béton. En regardant dehors, on avait l’impression d’être entourés par la mer. Il n’y avait plus de terre. Nous, les sœurs, sommes restées ensemble et avons prié intensément. Les 40 personnes, de différentes religions, qui se trouvaient là étaient terrifiées. Certaines disaient : ‘ Ça vient de Dieu ! ’ Un prédicateur catholique laïc est venu me demander : ‘ Madame Pratt, pourriez-​vous prier pour nous ? ’ Je lui ai répondu : ‘ Je ne peux pas. Je suis une femme et je n’ai pas de chapeau. ’ Il m’a alors proposé le sien. Je ne savais pas trop si je pouvais prier devant tout le monde, mais je voulais que tous ces gens sachent que le cyclone ne venait pas de Jéhovah. J’ai donc prié pour les sœurs, suffisamment fort pour que tous entendent. Dès que j’ai eu fini, tout le monde a dit ‘ amen ’, puis le vent s’est tu. À ce moment précis, nous étions dans l’œil du cyclone. ‘ C’était une bonne prière, a dit le prédicateur. C’est votre Dieu qui est le vrai. ’ Après cela, personne ne voulait que nous, les cinq sœurs, quittions l’abri et, pendant trois jours, on nous a donné de quoi manger et du café.

“ Toutefois, je m’inquiétais pour les autres proclamatrices. Aussi, le lendemain matin, quand le vent est tombé, je suis partie à leur recherche. Partout, des arbres étaient à terre. Tout était détruit. Des rafales avaient déplacé des maisons sur 10 ou 15 mètres. Je suis d’abord allée au centre communal, où j’ai trouvé deux sœurs et leurs enfants. La maison d’une autre avait été emportée, mais la sœur était vivante. ”

Après la tempête, le Béthel a du mal à rassembler les fiches d’activité des congrégations sinistrées. Celles de Cay Caulker sont les premières à arriver. En effet, Cecilia, qui les a protégées dans son sac de secours, les remet en main propre aux frères du Béthel qui viennent évaluer la situation.

Au cours des semaines suivantes, les Témoins des îles dévastées reçoivent des secours, ainsi que l’aide de volontaires venus leur prêter main-forte pour nettoyer et réparer leurs maisons et la Salle du Royaume d’Ambergris Cay.

Merle Richert, de l’équipe de Cay Caulker, rapporte : “ Nous avons d’abord monté de quoi loger et nous avons organisé les secours. Le lendemain, nous avons commencé à réparer les maisons des proclamateurs. Le dimanche matin, nous sommes tous allés prêcher. Puis, dans la cour d’une sœur, nous avons préparé un endroit pour les réunions en faisant des bancs et, à partir d’une vieille souche de cocotier, une estrade. Nous avons programmé la réunion en fonction du couvre-feu, qui débutait à 20 heures. Nous étions 43 pour le discours public et l’étude de La Tour de Garde. ”

DES ASSEMBLÉES PEU BANALES

À la fin des années 60, on parvient à tenir des assemblées dans diverses parties du pays en utilisant une grande tente. Mais il faut plusieurs jours d’efforts pour la monter. Santiago Sosa explique : “ Nous commencions les préparatifs tôt dans la semaine. Nous dressions la tente, apportions les bancs de la Salle du Royaume et empruntions des chaises. À l’époque, comme il y avait une cafétéria aux assemblées, nous nous faisions prêter des marmites. Nous passions souvent la nuit entière à cuisiner et à terminer les préparatifs. Parfois, quand on était fin prêt, une bourrasque détruisait tout pendant la nuit. Le lendemain, il fallait recommencer à zéro, mais personne ne se plaignait. ”

Jeanne Thompson se souvient d’une assemblée dans un petit village entre Belize City et Orange Walk. Les frères doivent débroussailler les abords de la Salle du Royaume avant de mettre en place la tente et les bancs. “ Finalement, il a plu pendant toute l’assemblée de district, dit Jeanne, et l’eau est rentrée sous la tente. Chacun posait donc les pieds sur le banc de devant. Nous ignorions que l’endroit était infesté de serpents corail. En raison de la pluie, nous avons été obligés de rester dans la tente ou aux alentours de la Salle du Royaume. Il aurait été dangereux de s’aventurer dans les buissons. ”

Dans les années 70, il devient possible de tenir les assemblées sur l’île de Bird, à 120 mètres au large de l’extrémité sud-est de Belize City. Le propriétaire de cette petite île tropicale y a construit une salle pour organiser des spectacles. Elle a un toit de chaume et est équipée de l’électricité, de l’eau courante et de toilettes. Les frères fabriquent un pont en bois qui offre, depuis le continent, un accès direct à ce lieu calme et paisible qui accueillera de nombreuses assemblées.

En mars 1983, les frères louent au gouvernement un terrain à Ladyville pour faire une Salle d’assemblées. Ils y montent tout d’abord une structure provisoire pour les assemblées de circonscription et de district, et pour des réunions spéciales. Puis, en 1988, ils achètent, au Guatémala, une structure en acier qui servira de Salle d’assemblées permanente sur ce même terrain.

LA PRÉDICATION EN CHINOIS

À partir des années 20, des immigrés d’expression chinoise s’installent au Bélize. Beaucoup parmi eux aiment lire nos publications dans leur langue. Roberta Gonzalez raconte : “ Je voulais donner le témoignage à une Taïwanaise propriétaire d’une boulangerie. Mais je savais que cette dame sympathique n’était pas portée sur la religion et était toujours très occupée. Comme je savais aussi qu’elle avait deux adolescents, un jour que j’étais dans sa boulangerie, je lui ai donné un livre Les jeunes s’interrogent en chinois et lui ai dit que j’aimerais savoir ce qu’elle en pensait. Quelques jours plus tard, alors que je passais en voiture devant son commerce, je l’ai vue me faire de grands signes. Quand je me suis arrêtée, elle m’a confié tout excitée que, depuis que je lui avais laissé le livre, elle attendait que je revienne. Elle m’a signalé que la plupart des adolescents des familles taïwanaises rencontraient des problèmes à la suite de leur immigration. Pour elle, ils avaient tous besoin du livre Les jeunes s’interrogent. Après avoir demandé à son fils de dénombrer, dans la ville, les familles taïwanaises qui avaient des adolescents, elle a voulu 16 livres pour en offrir un à chacune d’elles. ”

En octobre 2000, le Béthel organise un cours de mandarin de trois mois pour les pionniers et les proclamateurs désireux de prêcher aux habitants du territoire qui parlent cette langue. Avec quels résultats ? Un groupe d’expression chinoise comptant plusieurs pionniers est formé, puis devient une congrégation. Malgré une opposition intense, certains réagissent favorablement à la bonne nouvelle, ainsi qu’à l’amour que la congrégation leur manifeste.

Voici par exemple ce qui arrive à Monje Chen. Il accepte une étude de la Bible en 2006. Au début, les membres de sa famille coopèrent avec lui, mais ils ne tardent pas à le ridiculiser et à s’opposer à lui. Puis, brusquement, ils vendent tous leurs biens, y compris le magasin dont il est le gérant, et lui donnent une heure pour abandonner sa nouvelle religion et les suivre dans un autre pays. Devant son refus de renoncer à ses croyances, sa famille part sans rien lui laisser. Il est alors hébergé par un frère et continue d’étudier la Bible et d’assister régulièrement aux réunions. “ J’ai noué une relation étroite avec Jéhovah, qui a pris soin de moi, explique-​t-​il. Mon étude et ma méditation des Écritures m’ont aidé, tout comme les encouragements des frères. ”

Monje se fait baptiser en novembre 2008. L’attitude de sa famille s’améliore au vu de la transformation de son comportement et de sa façon de parler. “ Obéir à Jéhovah ne m’a pas rendu pauvre, ajoute-​t-​il, mais vraiment heureux. Jéhovah ne m’a pas abandonné. Il m’a permis de vivre parmi des frères et sœurs unis et pleins d’amour. ”

LE SOUTIEN DU BÉTHEL DU MEXIQUE

Après avoir examiné attentivement les besoins de l’œuvre du Royaume avec les Comités de filiale du Bélize et du Mexique, le Collège central décide que le Béthel du Mexique s’occupera de l’activité au Bélize. Ce changement, mis en place le 1er janvier 2001, apporte joie et bénédictions aux Témoins du pays.

Depuis, le Béthel du Mexique supervise la construction de Salles du Royaume. Le 16 mars 2002, une double Salle du Royaume modeste est inaugurée à Belize City. Le lendemain a lieu, à Ladyville, l’inauguration d’une nouvelle maison de missionnaires et de la Salle d’assemblées rénovée, toutes deux magnifiques. Bon nombre de ceux qui servent Jéhovah fidèlement depuis 50 ou 60 ans assistent avec joie au discours de Gerrit Lösch, membre du Collège central. La formation d’une équipe de construction de Salles du Royaume, qui réalise 20 salles, permet de beaux progrès.

En 2007, 325 pionniers du Mexique viennent prêcher dans des territoires rarement parcourus. Leur visite stimule l’esprit d’évangélisation. En conséquence, le nombre des pionniers monte en flèche.

Chaque année, les ecclésiastiques prient pour que les cyclones épargnent le Bélize. En 2007, les Témoins de Jéhovah, quant à eux, reçoivent des directives pratiques sur les procédures d’urgence en prévision de la saison des cyclones. Ils sont vraiment reconnaissants pour ces instructions lorsque Dean, cyclone de catégorie 5, frappe au mois d’août. Tous les frères et sœurs en danger sont évacués et logés chez d’autres dans des endroits plus sûrs. Une fois la tempête passée, des Témoins de tout le pays aident à réparer des maisons et des Salles du Royaume, ce qui pousse une radio locale à faire l’éloge des Témoins de Jéhovah, les citant comme exemples à suivre.

UN PEUPLE UNI

Grâce à la bénédiction de Jéhovah, le Bélize compte aujourd’hui plus de 1 800 proclamateurs, soit 1 pour 149 habitants. La présence de 1 Bélizien sur 39 au Mémorial 2009 promet un bel accroissement !

Au cours des 80 dernières années, la prédication au Bélize a produit une belle mosaïque de personnes spirituelles, unies par la “ langue pure ”, la vérité sur Dieu et ses desseins. “ Épaule contre épaule ” avec leurs frères et sœurs spirituels de toute la terre, les Témoins de Jéhovah du Bélize font bon usage de cette langue pure pour donner un témoignage public qui honore Jéhovah, notre Dieu d’amour. — Tseph. 3:9.

“ Nous ne devrions pas avoir peur de mon père. C’est Jéhovah que nous devons craindre. ”

[Note]

^ § 7 Le Bélize s’est appelé Honduras britannique jusqu’en 1973, mais nous utiliserons le nom Bélize, sauf si le contexte nous en empêche.

^ § 123 Après ce cyclone, la capitale n’est plus Belize City, mais Belmopan, une ville de l’intérieur du pays.

[Entrefilet, page 224]

“ Le chauffeur du camion m’a dit que les vrais chrétiens prêchent de porte en porte. ”

[Entrefilet, page 234]

“ Nous ne devrions pas avoir peur de mon père. C’est Jéhovah que nous devons craindre. ”

[Encadré, page 208]

Données générales Bélize

Géographie

Une plaine longe le littoral jusqu’aux monts Maya au sud. Les forêts abritent jaguars, pumas, singes hurleurs noirs, pécaris, iguanes verts et crocodiles, ainsi qu’une soixantaine d’espèces de serpents, notamment la très venimeuse vipère fer-de-lance. Parmi les hôtes de ces bois se trouvent aussi près de 600 espèces d’oiseaux, dont l’ara macao, menacé d’extinction, et le splendide toucan à poitrine jaune. La faune marine est, elle aussi, d’une grande diversité. Elle se compose non seulement de coraux, d’éponges et de poissons perroquets, mais aussi de lamantins, de barracudas et de requins-baleines.

Population

Elle est constituée de Mayas (Kekchis, Mopans et Yucatèques), de Créoles (issus d’ancêtres africains et européens), de “ Mestizos ” (issus d’Espagnols et de Mayas), de Garifuna (issus d’Africains et de Caraïbes), d’Indiens (d’Inde), de Libanais, de Chinois et d’Européens, parmi lesquels des mennonites allemands ou néerlandais.

Langues

Si l’anglais est la langue officielle, on parle aussi le créole du Bélize, l’espagnol, le garifuna, le kekchi, le maya, l’allemand et le mandarin.

Sources de revenus

Une grande partie de la population cultive et exporte la canne à sucre et des fruits tropicaux. De plus, beaucoup vivent de la pêche et du tourisme.

Alimentation

La diversité des cultures contribue à une cuisine riche et variée. Du riz cuit avec des haricots dans du lait de coco est un des plats traditionnels préférés, souvent servi avec du poulet, du bœuf ou du poisson rôti ou mijoté et des frites de bananes plantains bien mûres. On raffole aussi des fruits de mer, aussi nombreux que délicieux.

Climat

Situé en Amérique centrale, sur la mer des Antilles, ce pays au climat subtropical chaud et humide est exposé aux cyclones.

[Encadré/Illustration, page 215]

Des Garifuna acceptent la vérité

BEVERLY ANN FLORES

NAISSANCE 1961

BAPTÊME 1993

EN BREF C’est une Garifuna qui a accepté la vérité et qui aide à présent les siens à connaître Jéhovah.

▪ LES Garifuna (Garinagu dans la langue originale) sont apparus au début du XVIIsiècle, lorsque des esclaves se sont mariés avec des Caraïbes autochtones. Le garifuna est une langue arawak mêlée d’éléments français et swahili.

La religion des Garifuna est un mélange de traditions africaines et amérindiennes fortement teinté de catholicisme. Le dugu, par exemple, est une cérémonie complexe qui vise à apaiser les ancêtres défunts en leur offrant nourriture et boisson. “ Ma mère n’était pas pour la cérémonie du dugu, explique Beverly. Elle ne comprenait pas comment Dieu pouvait approuver qu’on enterre tous ces aliments. Elle avait l’habitude de dire : ‘ La nourriture, c’est fait pour être mangé ! Et puis, si les morts sont vraiment des êtres chers, pourquoi reviendraient-​ils nous faire du mal ? ’ ”

Beverly poursuit en expliquant ce qu’elle a fait après avoir découvert la vérité. “ Comme j’étais garifuna, je voulais aller à Dangriga prêcher aux miens. Je savais que la plupart des Garifuna accepteraient mieux quelqu’un de chez eux. Beaucoup écoutent quand ils m’entendent parler leur langue. Plusieurs se sont mis à fréquenter la congrégation. Ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient rompre avec les traditions contraires aux Écritures sans être tués par les mauvais esprits. ”

[Encadré/Illustration, page 218]

“ Jéhovah a toujours pris soin de nous ”

LILLY MILLER

NAISSANCE 1928

BAPTÊME 1960

EN BREF Elle a élevé seule six enfants et est dans le service à plein temps depuis 47 ans.

▪ “ EN 1959, Amybelle Allen m’a parlé de la Bible ”, raconte Lilly d’une petite voix douce. À l’église, on nous avait mis en garde contre tous les ‘ faux prophètes ’ qui vont de porte en porte. J’ai accepté une étude à condition de n’utiliser que la Bible. J’ai découvert la vérité, puis je me suis fait baptiser l’année suivante.

“ Au début, j’avais du mal à prêcher. Mes mains tremblaient tellement que j’arrivais à peine à tenir ma bible. Mais mon désir de transmettre ce que j’apprenais était ‘ comme un feu brûlant, enfermé dans mes os ’, pour reprendre les termes de Jérémie. Il fallait que je parle, que les gens écoutent ou non. ” — Jér. 20:9.

Comment Lilly est-​elle arrivée à élever seule six enfants tout en étant pionnière ? “ J’ai prié Jéhovah et il a fait que ce soit possible ”, explique Lilly. “ Trois fois par semaine, je me levais à 3 h 30 du matin pour préparer des biscuits. Mes filles et moi les faisions cuire dans un poêle à bois pendant que les gens faisaient la queue pour les acheter tout chauds. Une fois tous les biscuits vendus, les enfants partaient à l’école, et moi en prédication. Jéhovah a toujours pris soin de nous. ”

Depuis 1969, Lilly est pionnière à Corozal. Son fils aîné et deux de ses filles ont entrepris le service à plein temps. Elle a contribué à ce que 69 personnes se fassent baptiser.

[Encadré/Illustration, pages 227, 228]

Expéditions dans la jungle

“ Un jour de mars 1991, 23 frères et sœurs de tout le pays se retrouvent à Punta Gorda pour une excursion de prédication de dix jours au cœur de la forêt tropicale, raconte Martha Simons. En plus de nos vêtements, couvertures et hamacs, nous emportions des publications en anglais, en espagnol et en kekchi. Nous avions aussi de la nourriture, dont 200 biscuits de voyage.

“ Le matin suivant, nous sommes montés dans une pirogue creusée dans un grand tronc de kapokier, puis nous sommes partis sur une mer agitée. Nous avons installé notre camp à Crique Sarco. Tandis que les frères tendaient les hamacs, les sœurs préparaient un de nos plats préférés : la queue de cochon bouillie. Il s’agit d’un ragoût fait de manioc, de patates douces, de bananes plantains vertes, de noix de coco, d’œufs et, bien sûr, d’une queue de cochon. La nouvelle de notre arrivée s’est propagée et, bientôt, les habitants de ce village kekchi ont défilé pour nous saluer. Nous avons ainsi pu donner le témoignage à tout le village en deux heures. Les frères ont passé la nuit dans les hamacs, sous le poste de police monté sur pilotis. Les sœurs, elles, ont dormi à l’intérieur du cabildo, la hutte où se réunissent les anciens du village.

“ Le lendemain, nous avons tout remis dans la pirogue et avons remonté un cours d’eau recouvert par endroits de racines de palétuviers, qui assombrissaient le paysage et le rendaient sinistre. Au bout d’une demi-heure, nous avons accosté, puis nous avons marché une heure et demie dans la jungle jusqu’à Sundaywood. Les habitants de ce village étaient plutôt petits, avec un teint olivâtre et des cheveux noirs et raides. La plupart allaient nu-pieds. Les femmes portaient des jupes traditionnelles et des bijoux de perles. Les chaumières, au sol en terre battue, n’avaient ni cloisons ni meubles, juste des hamacs. À proximité se trouvait un endroit commun pour cuisiner.

“ Ces gens très amicaux ont montré beaucoup d’intérêt. Ils étaient particulièrement impressionnés que nous ayons des publications en kekchi et que nous leur montrions des versets de la Bible dans cette langue.

“ Nous avons été réveillés par les coqs, les oiseaux de la forêt et les singes hurleurs. Après un petit-déjeuner copieux, nous sommes retournés voir tous ceux qui avaient manifesté de l’intérêt la veille. Nous avons commencé des études bibliques avec plusieurs personnes, que nous avons toutes encouragées à continuer à étudier par elles-​mêmes en attendant notre retour, l’année d’après. Les jours suivants se sont déroulés de façon plus ou moins identique, alors que nous nous enfoncions dans la forêt vers des villages reculés.

“ À la fin de ces dix jours joyeux, nous avons repensé aux longues distances parcourues, à tous les villages atteints et à tous les gens rencontrés. Nous avons prié pour que, jusqu’à ce que nous revenions, un an plus tard, Jéhovah protège les graines de vérité semées. Nous avions mal aux pieds, nous étions fatigués, mais nos cœurs débordaient de reconnaissance envers Jéhovah pour la joie d’avoir participé à cette expédition annuelle dans la jungle. ”

[Encadré/Illustrations, pages 235, 236]

Des Mayas qui aiment Jéhovah

JORGE ET NICOLAS SHO (AVEC LEUR SŒUR, PRISCILIAN)

NAISSANCE 1969 et 1971

BAPTÊME 1997

EN BREF La tradition maya impose, même aux adultes mariés, le respect et l’obéissance totale aux parents.

▪ LORSQUE Nicolas et Jorge apprennent à connaître et à aimer Jéhovah, leur père s’oppose résolument à leurs activités chrétiennes.

“ J’ai expliqué à mon père que ce que j’apprenais était bénéfique, raconte Nicolas, mais il faisait partie de l’Église baptiste et ne partageait pas mon enthousiasme. J’ai arrêté plusieurs fois d’étudier la Bible parce que je ne voulais pas le peiner. Pourtant je savais qu’en me soûlant avec lui je ne donnais pas le bon exemple à mes enfants. Ma femme et mes enfants étaient tellement malheureux qu’ils ne souriaient jamais.

“ Une fois que j’ai commencé pour de bon à étudier la Bible et à assister aux réunions, la vérité m’a aidé à rompre avec ma mauvaise conduite. Je me suis mis à travailler dur pour ma famille, qui profitait dorénavant de l’intégralité de mon revenu. À présent, nous nous dépensons ensemble au service de Jéhovah et notre maison est pleine de bonheur et de rires. ”

La situation de Jorge était très semblable. Son ivrognerie et sa grossièreté causaient des ennuis à sa famille et il n’était jamais chez lui le week-end. Mais son étude de la Bible a entraîné une nette amélioration de son comportement.

“ À mesure que je progressais, relate Jorge, l’opposition de mon père s’intensifiait. Il nous traitait de faux prophètes. Plus d’une fois, il nous a menacés avec sa machette. Frère Cardoza, qui m’enseignait la Bible, avait essayé de nous y préparer bien avant. ‘ Et si votre père vous renvoie de la propriété familiale ? ’ nous avait-​il demandé. ‘ Mon père m’aime, avais-​je objecté, il ne fera pas ça. ’ Malheureusement, c’est exactement ce qu’il a fait.

“ N’empêche que j’aimais ce que j’apprenais, poursuit Jorge, et ma vie s’améliorait. Ma famille ressentait les bienfaits de ma nouvelle personnalité. Nous nous respections mutuellement et nous étions heureux ensemble. Aujourd’hui, grâce à Jéhovah, je suis pionnier permanent et la prédication m’apporte beaucoup de joies. ”

[Illustration]

Frank Cardoza prêchant à Jorge.

[Encadré/Illustrations, pages 238, 239]

Heureux d’aider là où le besoin est grand

Si s’installer dans un pays qui manque de prédicateurs du Royaume n’est pas une mince affaire, rester à l’étranger des années durant demande souvent beaucoup d’efforts et de sacrifices. Quantité de frères et sœurs ont relevé le défi avec bien du courage et dans la joie.

Par exemple, Arthur et Roberta Gonzalez arrivent des États-Unis en 1989 avec Dalton, leur fils de trois ans. “ Le plus dur, reconnaît Roberta, ça a été de laisser un travail stable et bien payé pour vivre dans un pays où il y a tant de chômage. ”

“ C’est vrai, confirme Arthur, il faut vraiment faire confiance à Jéhovah. Quand je lis dans la Bible qu’Abraham a quitté sa maison, sa famille et tout ce qu’il connaissait, ça m’impressionne. Mais Jéhovah a pris soin de lui. Pour nous, il n’a pas été simple de nous habituer au créole du Bélize. Toutefois, nous avons compté sur Jéhovah et il a pris soin de nous.

Frank et Alice Cardoza déménagent en 1991 de la Californie au Bélize pour y être pionniers. “ En lisant le livre des Actes, explique Frank, j’ai eu envie d’être missionnaire. Mais comme nous avons quatre enfants, je savais que l’École de Guiléad ne serait pas pour nous. Aussi, lorsque notre plus jeune fille a eu terminé sa scolarité, nous avons envisagé de partir à l’étranger. Ce que nous avons lu sur le Bélize dans une Tour de Garde nous a décidés. ”

“ J’ai accepté d’essayer pour trois ans, confie Alice. Maintenant, ça fait 18 ans qu’on y est, et je m’y plais énormément. ”

“ Nous aimons les gens et nous aimons être bien occupés, ajoute Frank, aussi ce n’est pas difficile pour nous de nous lier avec ceux qui aiment Jéhovah. Nous avons commencé plus d’études que nous pouvions en assumer. Nous avons vu des personnes accepter la vérité. Tout cela a fait de ces années les plus belles de notre vie. Nous ne renoncerions pas à ce privilège, même pour tout l’or du monde ! ”

Carl et Martha Simons sont venus du Texas en 1988. “ Nos deux enfants avaient huit et dix ans lorsque nous avons déménagé, raconte Martha. Au Bélize, nous avons passé des journées entières à prêcher en famille, et avec la congrégation, dans des villages de la forêt. Nous avons aussi participé ensemble à la construction de la Salle d’assemblées. Par ailleurs, pendant les assemblées, la maison était toujours pleine de frères et sœurs que nous hébergions. Nous sommes heureux d’avoir élevé nos enfants ici parce qu’ils ont pu fréquenter des pionniers spéciaux et des missionnaires. Bien sûr, il y a eu des moments où on a eu envie de prendre l’avion et de tout quitter, surtout quand il n’y avait pas d’électricité, d’eau courante, de batteries ou de téléphone. Mais, même avec tous les hauts et les bas, si c’était à refaire, on recommencerait. Nous avons enrichi notre vie en allant là où le besoin est grand. ”

[Illustrations]

De gauche à droite : Dalton, Roberta, Arthur et sa mère, Martha Gonzalez.

Alice et Frank Cardoza.

Carl et Martha Simons.

[Encadré, page 250]

“ Quelqu’un se soucie de nous ! ”

ALEJANDRO ET REBECCA (BECKY) LACAYO

NAISSANCE 1950 et 1949

BAPTÊME 1966 et 1959

EN BREF Diplômés de Guiléad en 1972, ils ont été missionnaires au Salvador, au Bélize, au Nicaragua, au Mexique et au Honduras. À présent dans le service de la circonscription aux États-Unis, ils n’ont pas oublié l’époque où ils ont pris part à des opérations de secours au Bélize.

▪ “ L’OURAGAN Keith est sur nous ! écrit Becky le lundi 2 octobre 2000. Ça fait deux jours et demi qu’il pleut sans arrêt. ”

Le lendemain, quand le vent et la pluie se sont calmés, Alejandro et Donald Niebrugge, un pionnier spécial, ont pu apporter des secours à Ambergris Cay. Avec deux anciens de l’île, ils ont rendu visite à chaque proclamateur des deux congrégations pour évaluer la situation.

“ Le mercredi, se souvient Becky, des Témoins des quatre coins du pays ont apporté au Béthel nourriture, eau et vêtements pour les frères et sœurs des îles. La réception et la bibliothèque n’ont pas tardé à en être remplies. ”

Pendant ce temps, Alejandro et trois autres frères sont allés à Cay Caulker apporter des provisions, donner des encouragements et prier avec les proclamateurs. Témoins et non-Témoins ont été profondément touchés par l’amour et la sollicitude des frères. “ Ça fait des années que je fais des dons à mon Église, s’est plainte une femme, mais elle n’a envoyé personne me demander comment je vais. ”

“ Regardez les autres, et regardez-​nous ! s’est exclamée une sœur en pleurant de joie. Quelqu’un se soucie de nous ! ”

[Tableau/Graphique, pages 244, 245]

REPÈRES HISTORIQUES Bélize

1923 James Gordon prêche à Bomba.

1930

1933 Freida Johnson prêche à Belize City.

1934 Thaddius Hodgeson tient des réunions dans sa boulangerie.

1940

1941 Premiers baptêmes à Belize City.

1945 Arrivée des premiers missionnaires.

1946 Création du bureau de la filiale.

1950

1957 Missionnaires refusés.

1959 Construction d’un Béthel, d’une maison de missionnaires et d’une Salle du Royaume.

1960

1961 Missionnaires de nouveau admis.

1961 Ravages de l’ouragan Hattie.

1971 Première assemblée sur l’île de Bird.

1980

1988 Construction d’une Salle d’assemblées à Ladyville.

1990

2000

2000 Ravages de l’ouragan Keith.

2001 Le Béthel du Mexique s’occupe du Bélize.

2002 Inauguration d’une double Salle du Royaume (à gauche), d’une maison de missionnaires et de la Salle d’assemblées rénovée.

2010

[Graphique]

(Voir la publication)

Total des proclamateurs

Total des pionniers

1 800

1 200

400

1930 1940 1950 1960 1980 1990 2000 2010

[Illustration]

Des Témoins vont à l’assemblée en bateau.

[Cartes, page 209]

(Voir la publication)

MEXIQUE

GUATÉMALA

Melchor de Mencos

MER DES ANTILLES

BÉLIZE

Ambergris Cay

San Pedro

Cay Caulker

DISTRICT DE COROZAL

Corozal

DISTRICT D’ORANGE WALK

Orange Walk

August Pine Ridge

DISTRICT DE BÉLIZE

Bomba

Santana

Crooked Tree

Black Creek

Ladyville

Belize City

DISTRICT DE CAYO

BELMOPAN

Benque Viejo

DISTRICT DE STANN CREEK

Stann Creek Valley

Dangriga

Hopkins

Seine Bight

DISTRICT DE TOLEDO

Mango Creek

Placencia

Monkey River

Punta Negra

San Antonio

Punta Gorda

Sundaywood

Barranco

Crique Sarco

Bélize

MONTS MAYA

[Illustration pleine page, page 200]

[Illustration, page 206]

Alphonsena Robateau et Amybelle Allen avec trois pionniers spéciaux.

[Illustration, page 207]

Herman et Derrine Lightburn avec Stephen, leur fils.

[Illustration, page 210]

Des Témoins avec une charrette sonorisée, Belize City, années 40 ; 1) Thaddius Hodgeson, 2) George Longsworth.

[Illustration, page 213]

Elmer Ihrig étend son ministère à l’extérieur du district de Bélize.

[Illustration, page 214]

Charles Heyen encourage les frères à tenir régulièrement des réunions.

[Illustration, page 221]

Le Béthel, la maison de missionnaires et la Salle du Royaume de Belize City.

[Illustration, page 223]

Première assemblée de circonscription entièrement en espagnol, Salle du Royaume d’Orange Walk, 1968.

[Illustration, page 229]

Marcial et Manuela Kay, pionniers spéciaux.

[Illustration, page 230]

Un village maya typique, district de Toledo.

[Illustration, page 240]

María et Basilio Ah.

[Illustration, page 246]

Cecilia Pratt.

[Illustration, page 249]

Une assemblée de circonscription sous une tente, Punta Gorda, années 60.

[Illustration, page 251]

Becky et Alejandro Lacayo.

[Illustrations, pages 252, 253]

Structure en acier utilisée pour la Salle d’assemblées (à droite).

Salle d’assemblées rénovée.

[Illustration, page 254]

Des frères et sœurs sur le chantier de la double Salle du Royaume de Belize City.