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Épreuves et criblage de l’intérieur

Épreuves et criblage de l’intérieur

Chapitre 28

Épreuves et criblage de l’intérieur

AU COURS des années où l’organisation actuelle des Témoins de Jéhovah s’est mise en place et s’est agrandie, de nombreuses situations ont sérieusement mis à l’épreuve la foi de ses membres. De même que le battage et le vannage séparent le blé de la bale, de même ces situations ont permis de déterminer qui sont les vrais chrétiens (voir Luc 3:17). Les personnes qui faisaient partie de l’organisation ont dû montrer ce qu’elles avaient dans le cœur. Recherchaient-​elles seulement leur intérêt personnel? Suivaient-​elles simplement un humain imparfait? Ou bien étaient-​elles humbles, désireuses de connaître et d’accomplir la volonté de Dieu, et vouées sans réserve à Jéhovah? — Voir 2 Chroniques 16:9.

Déjà au Ier siècle, les disciples de Jésus Christ ont vu leur foi éprouvée. Jésus leur a expliqué que s’ils restaient fidèles, ils auraient part avec lui à son Royaume (Mat. 5:3, 10; 7:21; 18:3; 19:28). Mais il ne leur a pas précisé quand ils recevraient ce prix. Lorsqu’en prêchant ils essuieraient l’indifférence des gens, voire leur hostilité, continueraient-​ils fidèlement à mettre les intérêts du Royaume à la première place dans leur vie? Tous ne l’ont pas fait. — 2 Tim. 4:10.

La manière dont Jésus lui-​même enseignait a constitué une épreuve pour certains. Les Pharisiens ont trébuché lorsqu’il a sans détour rejeté leurs traditions (Mat. 15:1-14). Même de nombreuses personnes qui affirmaient être disciples de Jésus se sont offusquées de sa façon d’enseigner. Un jour, alors qu’il parlait de l’importance d’exercer la foi dans la valeur de sa chair et de son sang qui allaient être offerts en sacrifice, beaucoup de ses disciples ont dit être choqués par le langage symbolique qu’il employait. Sans attendre d’autres explications, ils “s’en retournèrent vers les choses qui sont derrière, et ils ne marchaient plus avec lui”. — Jean 6:48-66.

Mais tous ne se sont pas détournés de Jésus. Simon Pierre a expliqué, en effet: “Seigneur, à qui irions-​nous? Tu as des paroles de vie éternelle; aussi nous avons cru et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu.” (Jean 6:67-69). Ils en avaient suffisamment vu et entendu pour être convaincus que Jésus était celui par l’intermédiaire de qui Dieu rendait manifeste la vérité le concernant ainsi que son dessein (Jean 1:14; 14:6). Néanmoins, la foi des disciples a encore subi des épreuves.

Après sa mort et sa résurrection, Jésus a employé les apôtres et d’autres hommes comme bergers de la congrégation. Ces hommes étant imparfaits, leurs imperfections constituaient quelquefois une épreuve pour leur entourage (voir Actes 15:36-41; Galates 2:11-14). Par ailleurs, des individus se sont mis à aduler des chrétiens en vue; ils disaient: “Moi, j’appartiens à Paul!”, tandis que d’autres disaient: ‘Moi, j’appartiens à Apollos!’ (1 Cor. 3:4). Tous devaient être sur leurs gardes afin de ne pas oublier ce que signifiait être un disciple de Jésus Christ.

L’apôtre Paul a prédit d’autres graves difficultés; il a expliqué que même au sein de la congrégation chrétienne ‘se lèveraient des hommes qui proféreraient des choses tortueuses, afin d’entraîner les disciples à leur suite’. (Actes 20:29, 30.) Quant à l’apôtre Pierre, il a prévenu les serviteurs de Dieu que parmi eux de faux enseignants chercheraient à exploiter les autres avec “des paroles artificieuses”. (2 Pierre 2:1-3.) De toute évidence, la foi et la fidélité des disciples allaient passer par des épreuves qui mettraient leur cœur à nu.

Ainsi, les épreuves et le criblage qui sont survenus dans le cours de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah n’étaient pas surprenants. En revanche, plus d’un ont été surpris lorsqu’ils ont vu qui trébuchait et à propos de quoi.

Attachaient-​ils vraiment un grand prix à la rançon?

Au début des années 1870, frère Russell et ses compagnons ont mieux compris le dessein de Dieu et y ont attaché davantage de prix. C’était pour eux une époque de réconfort spirituel. Mais en 1878, leur foi et leur fidélité envers la Parole de Dieu ont subi une grande épreuve. La valeur sacrificielle de la chair et du sang de Jésus était mise en question: l’enseignement même qui avait fait trébucher de nombreux disciples de Jésus au Ier siècle.

Seulement deux années auparavant, en 1876, Charles Russell avait noué des relations de travail avec Nelson Barbour, de Rochester (État de New York). Leurs groupes d’étude s’étaient associés. Charles Russell avait fourni des fonds pour relancer l’édition du périodique de Nelson Barbour, Herald of the Morning (Messager du matin). Nelson Barbour en était le rédacteur en chef et Charles Russell un rédacteur adjoint. Ils avaient aussi fait paraître conjointement un livre intitulé Three Worlds, and the Harvest of This World (Les trois mondes, et la moisson du monde d’à présent).

C’est alors qu’a eu lieu un incident qui a produit l’effet d’une bombe. Dans le numéro d’août 1878 du Herald of the Morning, Nelson Barbour a rédigé un article dans lequel il dénigrait des versets comme 1 Pierre 3:18 et Ésaïe 53:5, 6, ainsi que Hébreux 9:22, et déclarait que l’idée même que le Christ soit mort afin de faire propitiation pour nos péchés était outrageante. Charles Russell a écrit par la suite: “À notre douloureuse surprise, M. Barbour écrivit (...) un article pour le Herald dans lequel il rejetait la doctrine de la rédemption, niant que la mort du Christ fût le prix de rachat payé pour Adam et sa descendance. Il affirmait que la mort du Christ ne pouvait pas servir de paiement pour le châtiment des péchés du genre humain, pas plus que des parents terrestres ne considéreraient comme un règlement approprié pour un écart de conduite de leur enfant le fait de percer le corps d’une mouche avec une épingle pour la faire souffrir et mourir *.”

C’était une question capitale. Frère Russell resterait-​il fidèlement attaché à ce que la Bible enseigne sans ambiguïté au sujet des dispositions prises par Dieu pour le salut de l’humanité? Ou alors serait-​il la proie de la philosophie humaine? Bien que Charles Russell n’eût que 26 ans à ce moment-​là et que Nelson Barbour fût beaucoup plus âgé, il a courageusement écrit un article dans le numéro suivant du Herald, dans lequel il a défendu avec force la valeur propitiatoire du sang du Christ, qu’il a appelée “un des enseignements les plus importants de la Parole de Dieu”.

Après cela, il a invité J. Paton, l’autre rédacteur adjoint du Herald, à écrire un article qui confirmerait que la foi dans le sang du Christ est le fondement de la propitiation pour les péchés. J. Paton a écrit cet article, qui a été publié dans le numéro de décembre. Après avoir essayé à plusieurs reprises, mais en vain, de raisonner sur la question avec Nelson Barbour à partir des Écritures, Charles Russell a rompu ses relations avec lui et a cessé de soutenir financièrement son périodique. En juillet 1879, il a commencé à publier un nouveau périodique, Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ, qui dès le départ s’est fait l’ardent défenseur de la rançon. Mais l’affaire n’était pas close.

Deux ans plus tard, J. Paton, qui était alors représentant itinérant de La Tour de Garde, a également commencé à faire défection; il a ensuite publié un livre (le second de sa main qu’il intitulait Day Dawn [L’aurore du jour]), dans lequel il niait qu’Adam soit tombé dans le péché et par conséquent rejetait la nécessité d’un racheteur. Selon lui, le Seigneur lui-​même était un homme imparfait qui avait simplement montré à ses semblables, par sa vie, comment crucifier leurs tendances pécheresses. En 1881, A. Jones, un autre collaborateur, a lancé un journal (Zion’s Day Star [L’astre du jour de Sion]) du même genre que La Tour de Garde, mais dans le but de traiter des aspects plus simples du dessein de Dieu. Au début, tout semblait en ordre. Mais au bout d’une seule année, le journal d’A. Jones avait répudié le sacrifice propitiatoire du Christ, et la deuxième année il avait mis au rebut tout le reste de la Bible. Qu’était-​il arrivé à ces hommes? Ils s’étaient laissé détourner de la Parole de Dieu par des théories personnelles et par l’attrait des philosophies humaines en vogue (voir Colossiens 2:8). Le journal d’A. Jones a été publié quelque temps encore, puis a disparu. J. Paton a décidé de publier un périodique dans lequel il a exposé sa vision de l’Évangile, mais celui-ci n’a connu qu’une diffusion réduite.

Frère Russell se souciait énormément de l’effet que toutes ces dissensions avaient sur les lecteurs de La Tour de Garde. Il se rendait compte qu’elles mettaient la foi de chacun d’eux à l’épreuve. Il savait bien que certains interprétaient les critiques que lui, Charles Russell, formulait contre des enseignements non bibliques comme étant le fruit d’un esprit de rivalité. Mais frère Russell ne cherchait pas à s’attacher des adeptes. Il a écrit à propos de ce qui se tramait: “Le but de cette épreuve et de ce criblage est évidemment de faire un tri afin que soient choisis tous ceux dont les désirs du cœur sont dénués de tout égoïsme et qui se sont entièrement consacrés au Seigneur, sans réserve; étant tellement désireux de voir s’accomplir la volonté du Seigneur et étant animés d’une si grande confiance en sa sagesse, en ses voies et en sa Parole, ils ne permettent pas que les sophismes d’autres hommes ou leurs propres plans ou pensées les éloignent de la Parole du Seigneur.”

Dieu se servait-​il d’un canal visible?

Il existe bien entendu de multiples organisations religieuses, et un nombre considérable d’enseignants recourent dans une certaine mesure à la Bible. Dieu se servait-​il donc spécialement de Charles Russell? Si oui, n’a-​t-​il plus eu de canal visible à la mort de ce dernier? Ces questions, qui se sont posées avec acuité, ont provoqué de nouvelles épreuves et un nouveau criblage.

Naturellement, Dieu ne se serait pas servi de Charles Russell si celui-ci n’avait pas fidèlement adhéré à sa Parole (Jér. 23:28; 2 Tim. 3:16, 17). Dieu n’aurait pas employé les services d’un homme qui aurait eu peur de prêcher ce qu’il voyait noir sur blanc dans les Écritures (Ézéch. 2:6-8). Dieu n’aurait pas non plus utilisé une personne qui aurait tiré gloire de sa connaissance des Écritures (Jean 5:44). Alors, que montrent les faits?

Quand, aujourd’hui, les Témoins de Jéhovah considèrent l’œuvre que Charles Russell a accomplie, les choses qu’il a enseignées, les raisons qui l’ont poussé à les enseigner, et l’issue des événements, ils sont absolument certains que cet homme a été utilisé par Dieu d’une manière particulière et à une époque décisive.

Cette opinion ne tient pas seulement à la position ferme que frère Russell a adoptée en rapport avec la rançon. Elle prend aussi en compte son rejet courageux des credos sur lesquels reposaient certaines croyances fondamentales de la chrétienté, rejet motivé par leur incompatibilité avec les Écritures inspirées. Parmi ces croyances, citons la doctrine de la Trinité (qui remonte à la Babylone antique et qui n’a été embrassée par les soi-disant chrétiens que longtemps après l’achèvement de la rédaction de la Bible) ainsi que l’enseignement selon lequel l’immortalité est inhérente aux âmes humaines (enseignement auquel avaient souscrit des hommes impressionnés par la philosophie de Platon et qui les rendait réceptifs à des idées telles que le tourment éternel des âmes dans un enfer de feu). Bien des érudits de la chrétienté savent eux aussi que ces doctrines ne sont pas enseignées dans la Bible *, mais ce n’est généralement pas ce que ses prédicateurs disent du haut de leur chaire. Frère Russell, lui, a entrepris une campagne intensive en vue de faire connaître à qui voulait bien l’entendre ce que la Bible déclare véritablement.

Il vaut également la peine de considérer l’attitude de frère Russell envers d’autres vérités de la plus haute importance qu’il a apprises dans la Parole de Dieu. Il a discerné que le Christ reviendrait en tant que personne spirituelle glorieuse, invisible aux yeux humains. Dès 1876, il s’est rendu compte que l’année 1914 marquerait la fin des temps des Gentils (Luc 21:24, Sa). D’autres biblistes avaient perçu certaines de ces vérités et les avaient défendues. Mais frère Russell a employé toutes ses ressources à les diffuser dans le monde entier, à une échelle qu’aucun individu ni aucun groupe n’avait égalée.

Il a invité les gens à confronter minutieusement ses écrits avec la Parole inspirée de Dieu afin d’être certains que ce qu’ils apprenaient était en complète harmonie avec elle. À un homme qui lui écrivait pour lui demander des renseignements, frère Russell a répondu: “S’il était juste pour les premiers chrétiens de s’assurer de la véracité de ce qu’ils recevaient des apôtres, qui étaient inspirés et qui affirmaient l’être, combien plus est-​il important pour vous de vérifier soigneusement que ces enseignements restent bien dans la ligne de leurs instructions et de celles du Seigneur; d’autant que leur auteur ne prétend pas être inspiré, mais simplement guidé par le Seigneur, utilisé par celui-ci pour nourrir son troupeau.”

Frère Russell n’affirmait pas posséder un pouvoir surnaturel, ni avoir reçu des révélations divines. Il ne revendiquait pas le mérite de ce qu’il enseignait. C’était un étudiant de la Bible hors du commun. Mais il a expliqué que sa compréhension exceptionnelle des Écritures était due ‘au simple fait que le moment prévu par Dieu était arrivé’. Il a dit: “Si je ne parlais pas, et si on ne trouvait aucun autre instrument, les pierres mêmes crieraient.” Il disait de lui-​même qu’il n’était qu’un index pointé sur le contenu de la Parole de Dieu.

Charles Russell ne voulait pas être glorifié par les hommes. Pour rectifier le point de vue de ceux qui auraient eu tendance à lui accorder trop d’honneur, frère Russell a écrit en 1896: “Étant donné que nous sommes dans une certaine mesure, par la grâce de Dieu, utilisé dans le ministère de l’Évangile, il n’est peut-être pas déplacé de dire ici ce que nous avons souvent dit en privé, et précédemment dans ces colonnes, à savoir que, tout en appréciant l’amour, la sympathie, la confiance et la compagnie d’autres serviteurs de Dieu et de la famille entière de la foi, nous ne voulons aucun hommage, aucune révérence, ni pour nous-​même ni pour nos écrits; nous ne désirons pas non plus être appelé Révérend ou Rabbi. Nous ne voulons pas non plus que qui que ce soit se réclame de notre nom.”

À l’approche de sa mort, il ne pensait pas qu’il ne restait plus rien à apprendre, qu’il ne restait plus rien à faire. Il avait souvent évoqué la préparation d’un septième tome des Études des Écritures. Interrogé à ce sujet avant de mourir, il a dit à Menta Sturgeon, son compagnon de voyage: “Quelqu’un d’autre peut l’écrire.” Dans son testament, il a exprimé le désir que La Tour de Garde continue de paraître, sous la direction d’un comité d’hommes voués sans réserve au Seigneur. Il a déclaré que ceux qui en feraient partie devraient être des hommes “entièrement fidèles aux enseignements des Écritures et surtout à la doctrine de la rançon, aux doctrines selon lesquelles Dieu n’accepte quiconque, ne lui donne le salut et la vie éternelle, si ce n’est par la foi en Christ, l’obéissance à Sa Parole et à l’esprit de celle-ci”.

Frère Russell était conscient qu’il restait encore beaucoup à faire dans la prédication de la bonne nouvelle. En 1915, lors d’une séance de questions et réponses à Vancouver, au Canada, on lui a demandé quand les disciples du Christ oints de l’esprit qui vivaient alors pouvaient s’attendre à recevoir leur récompense céleste. Il a répondu: “Je ne sais pas, mais il y a une grande œuvre à accomplir. Et il faudra des milliers de frères et de l’argent par millions pour l’effectuer. D’où ils viendront, je l’ignore: le Seigneur connaît son affaire.” Puis, en 1916, peu avant de commencer la tournée de discours durant laquelle il est décédé, il a demandé à Alexander Macmillan, un de ses collaborateurs, de venir dans son bureau. Il lui a dit à cette occasion: “Je ne suis plus en état de diriger l’œuvre, et pourtant il reste un grand travail à faire.” Pendant trois heures, il a décrit à frère Macmillan l’immense œuvre de prédication qu’il entrevoyait, d’après les Écritures. Devant les objections de son interlocuteur, il a rétorqué: “L’œuvre que nous effectuons n’est pas celle d’un homme.”

Le changement d’administration suscite des épreuves

Nombre des compagnons de frère Russell étaient fermement convaincus que le Seigneur avait les choses bien en main. À l’enterrement de frère Russell, William Van Amburgh a dit: “Dieu a employé de nombreux serviteurs dans le passé, et sans doute fera-​t-​il appel à bien d’autres dans l’avenir. Nous ne nous sommes pas consacrés à un homme, ni à l’œuvre d’un homme, mais à l’accomplissement de la volonté de Dieu, telle qu’il nous la révèle par sa Parole et sa providence. Dieu est toujours à la barre.” Jusqu’à sa mort, frère Van Amburgh a gardé fermement cette conviction.

Mais malheureusement, certains de ceux qui disaient admirer Charles Russell manifestaient un autre état d’esprit, si bien que la situation nouvelle qui a résulté de sa mort a suscité des épreuves et un criblage. Des groupes apostats se sont détachés aux États-Unis, mais aussi à Belfast (Irlande), à Copenhague (Danemark), à Vancouver et à Victoria (Colombie-Britannique, Canada), et ailleurs encore. À Helsinki (Finlande), quelques-uns en sont venus à penser qu’après la mort de Charles Russell il n’existait plus de canal par lequel seraient transmises de nouvelles lumières spirituelles. Sur les instances de certains éléments en vue, 164 personnes ont quitté l’organisation dans cette ville. Leur dissidence a-​t-​elle été bénie par Dieu? Pendant un temps, ils ont publié un périodique de leur cru et tenu des réunions à part. Mais leur groupe a fini par se diviser, se disperser et a cessé d’exister; nombre d’entre eux sont alors revenus avec joie aux réunions des Étudiants de la Bible. Toutefois, tous ne l’ont pas fait.

La mort de frère Russell et les événements qui ont suivi ont également mis à l’épreuve R. Nicholson, le secrétaire de la filiale d’Australie, qui a alors montré ce qu’il avait dans le cœur. Après la mort de frère Russell, il a écrit: “Pendant plus d’un quart de siècle je l’ai aimé, non pas seulement en raison de son œuvre, mais aussi pour sa belle personnalité; je me suis réjoui des vérités qu’il a répandues et qui étaient la ‘nourriture au temps convenable’, ainsi que de ses conseils, admirant sa nature compatissante, bonne, pleine d’amour, si admirablement mêlée de force d’âme et de détermination à accomplir et à oser toute action qui réaliserait ce qui, selon sa conviction, était la volonté divine ou la révélation de sa Parole. (...) On se sent seul quand on se rend compte que ce puissant soutien a disparu.”

De l’avis de R. Nicholson, Joseph Rutherford, le nouveau président de la Société Watch Tower, n’était pas le genre d’homme qui aurait dû reprendre la fonction de surveillant que frère Russell avait occupée. R. Nicholson s’est mis à critiquer ouvertement la franchise extrême avec laquelle les nouveaux articles d’étude de la Bible dévoilaient la fausse religion. Il n’a pas tardé à quitter l’organisation, s’appropriant la plupart des biens de la Société (qu’il avait fait enregistrer à son nom) et entraînant les Étudiants de Melbourne qui avaient eu tendance à le mettre, lui, sur un piédestal. Comment expliquer cela? Apparemment, R. Nicholson s’était laissé aller à suivre un homme; cet homme disparu, son honnêteté et son zèle dans le service du Seigneur se sont refroidis. Aucun de ceux qui sont partis à l’époque n’a prospéré. Il est remarquable, par contre, que Jane Nicholson, bien que de constitution frêle, n’a pas fait défection avec son mari. C’est à Jéhovah Dieu en premier qu’allait son attachement, et elle a continué à le servir à plein temps jusqu’à sa mort survenue en 1951.

Beaucoup se sont rendu compte que ce qui se passait au cours des années qui ont suivi la mort de frère Russell accomplissait la volonté du Seigneur. Un serviteur de Jéhovah du Canada a écrit à ce sujet à frère Rutherford; il disait:

“Cher frère, ne te méprends pas sur moi à cause de ce que je t’écris. Ton tempérament et celui de notre cher frère Russell sont aussi différents que le jour l’est de la nuit. Beaucoup, hélas! vraiment beaucoup, aimaient frère Russell en raison de sa personnalité, de son tempérament, etc.; et très, très peu levaient le petit doigt contre lui. Beaucoup ont accepté la vérité simplement parce que frère Russell disait qu’il en était ainsi. Ensuite, beaucoup se sont mis à vouer un culte à l’homme (...). Tu te rappelles le jour où, à une assemblée, frère Russell a fait un discours très franc sur ce défaut de nombreux frères bien intentionnés, un discours sur Jean et l’ange (Révélation 22:8, 9). Quand il est mort, nous savons tous ce qui s’est passé.

“Mais toi, frère Rutherford, tu as un tempérament qui n’a rien à voir avec celui de frère Russell. Même vos apparences sont différentes. Ce n’est pas ta faute. C’est le lot qui t’est échu à ta naissance, et tu ne pouvais pas le refuser. (...) Depuis que tu as été placé à la tête des affaires de la SOCIÉTÉ, tu as été l’objet de critiques injustes et de calomnies de la pire espèce, tout cela de la part des frères. Pourtant, malgré tout cela, tu es fidèle et dévoué à notre cher Seigneur et à la mission qu’il a donnée et qui est mentionnée en Ésaïe 61:1-3. Le Seigneur savait-​il ce qu’il faisait quand il t’a placé à la tête de ses affaires? Sûrement. Dans le passé, nous étions tous enclins à adorer davantage la créature que le Créateur. Le Seigneur le savait. Il a donc placé une créature d’un tempérament différent à la tête de ses affaires ou, devrais-​je dire, il lui a confié l’œuvre, la moisson. Tu désires que personne ne te rende un culte. Je le sais, mais tu désires vraiment que tous ceux qui ont la même foi précieuse profitent de la lumière qui luit maintenant sur le sentier du juste, que le Seigneur juge bon de faire briller. Et c’est ce que veut le Seigneur.”

Identification du “serviteur fidèle et prudent”

Nombre de ceux que le criblage a écartés à l’époque ne démordaient pas de l’idée qu’une seule personne, Charles Russell, était le “serviteur fidèle et prudent” annoncé par Jésus en Matthieu 24:45-47 (Sg), lequel serviteur distribuait la nourriture spirituelle à la famille de la foi. Particulièrement après sa mort, La Tour de Garde elle-​même a énoncé cette idée pendant des années. Étant donné le rôle éminent que frère Russell avait joué, il semblait alors aux Étudiants de la Bible que tel était le cas. Lui n’encourageait pas cette idée, mais il acceptait les arguments apparemment raisonnables de ceux qui la défendaient *. Néanmoins, il soulignait aussi que, quel que soit l’homme utilisé par le Seigneur dans ce rôle, il devait être humble et glorifier le Maître avec zèle, et que si cet humain choisi par le Seigneur chutait, il serait remplacé par un autre.

Cependant, comme la lumière de la vérité a brillé avec de plus en plus d’éclat après la mort de frère Russell et comme la prédication annoncée par Jésus a pris de l’ampleur, il est devenu évident que le “serviteur fidèle et prudent” (Sg), ou “esclave fidèle et avisé” (MN), n’avait pas disparu à la mort de frère Russell. En 1881, frère Russell lui-​même avait avancé l’idée que cet “esclave” se composait de l’ensemble des chrétiens oints de l’esprit et fidèles. Il le voyait comme un serviteur collectif, une classe de personnes unies dans l’accomplissement de la volonté de Dieu (voir Ésaïe 43:10). Cette compréhension a été réaffirmée par les Étudiants de la Bible en 1927. Aujourd’hui, les Témoins de Jéhovah reconnaissent que La Tour de Garde et les publications apparentées sont employées par l’esclave fidèle et avisé pour donner la nourriture spirituelle. Ils ne prétendent pas que la classe de l’esclave est infaillible, mais ils la considèrent comme le seul canal utilisé par le Seigneur pendant les derniers jours de l’actuel système de choses.

Quand l’orgueil s’en mêle

Il y a toutefois eu des époques où des individus investis de responsabilités se sont considérés comme le canal diffusant la lumière spirituelle, si bien qu’ils refusaient ce que l’organisation fournissait. D’autres ont simplement cédé au désir d’exercer une plus grande influence. Ils ont cherché à amener leurs compagnons à les suivre, ou, pour reprendre les paroles de l’apôtre Paul, à “entraîner les disciples à leur suite”. (Actes 20:29, 30.) Cela a évidemment mis à l’épreuve les mobiles et la fermeté spirituelle de ceux qu’ils s’efforçaient d’attirer. Arrêtons-​nous sur quelques exemples:

Des lettres spéciales ont été adressées aux Étudiants de la Bible d’Allegheny (Pennsylvanie) pour les inviter à une réunion le 5 avril 1894. Frère et sœur Russell n’y ont pas été invités et n’y ont pas assisté, mais une quarantaine d’autres étaient présents. La lettre, signée par E. Bryan, S. Rogers, J. Adamson et O. von Zech, disait que la réunion traiterait de choses qui concernaient leur “plus grand bien”. Il s’est avéré que ces conspirateurs cherchaient avec malveillance à empoisonner l’esprit de leurs auditeurs: pour parvenir à leurs fins, ils ont divulgué ce qu’ils présumaient être frauduleux dans les affaires de frère Russell (les faits prouvaient le contraire), ils ont affirmé que frère Russell avait trop d’autorité (qu’ils revendiquaient pour leur compte) et ils se sont plaints de ce qu’il favorisait l’emploi de la page imprimée pour répandre l’Évangile et l’organisation de réunions de classes bibliques au lieu de donner simplement des discours (ils pourraient ainsi plus facilement exposer leurs idées personnelles). La congrégation a été très perturbée par ces accusations, et beaucoup ont trébuché. Mais ceux qui sont partis ne sont pas devenus pour autant plus spirituels ni plus zélés dans l’œuvre du Seigneur.

Plus de 20 ans après, avant de mourir, frère Russell a exprimé son intention d’envoyer Paul S. L. Johnson, un orateur très capable, en Grande-Bretagne afin de fortifier les Étudiants de la Bible. Par respect pour le souhait de frère Russell, la Société y a dépêché Paul Johnson en novembre 1916. Mais une fois sur place, celui-ci a renvoyé deux responsables de la Société. Se prenant pour un personnage important, il affirmait dans ses discours et sa correspondance que son intervention était préfigurée dans les Écritures par ce qu’avaient fait Esdras, Néhémie et Mardochée. Il prétendait être l’intendant (ou gérant) mentionné par Jésus dans sa parabole de Matthieu 20:8. Il a cherché à s’approprier l’argent de la Société, et il a entamé un procès devant la Haute cour de Londres pour parvenir à ses fins.

Contrarié dans ses projets, il est retourné à New York. Il a alors recherché le soutien de certains membres du conseil d’administration de la Société. Ceux qu’il a persuadés de se ranger de son côté ont tenté d’atteindre leurs buts en essayant de faire adopter une résolution qui abrogerait les statuts de la Société autorisant le président à en diriger les affaires. Ils voulaient avoir autorité sur toutes les décisions. Frère Rutherford a entrepris une action en justice pour protéger les intérêts de la Société et on a demandé à ceux qui cherchaient à entraver les activités de celle-ci de partir du Béthel. Lors de l’assemblée générale annuelle des membres de la Société, au début de l’année suivante, quand les membres du conseil d’administration et du bureau exécutif ont été élus pour l’année à venir, ceux qui avaient provoqué des troubles ont été écartés à une majorité écrasante. Peut-être certains d’entre eux pensaient-​ils avoir raison, mais la majeure partie de leurs frères spirituels ont montré clairement qu’ils n’étaient pas de leur avis. Allaient-​ils accepter la réprimande?

Par la suite, Paul Johnson est venu aux réunions des Étudiants de la Bible et a donné l’impression d’être d’accord avec leurs croyances et leur activité. Mais une fois qu’il avait gagné la confiance de quelques-uns, il semait des graines de doute. Si quelqu’un suggérait de se détacher de la Société, il l’en décourageait hypocritement... jusqu’à ce que la fidélité du groupe soit complètement sapée. Au moyen de lettres et même en se déplaçant personnellement, il s’est évertué à influencer les frères non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada, à la Jamaïque, en Europe et en Australie. A-​t-​il réussi?

On aurait pu le croire lorsque la majeure partie des membres d’une congrégation a voté la rupture avec la Société. Mais ils ont été comme une branche coupée d’un arbre: verte un moment, puis fanée et sans vie. Quand les opposants ont tenu une assemblée en 1918, les divergences ont fait surface et une scission s’est produite. D’autres divisions ont eu lieu. Certains se sont organisés un temps en petites sectes dirigées par un homme qu’ils admiraient. Aucun ne se consacrait à l’œuvre consistant à donner un témoignage public sur toute la terre habitée au sujet du Royaume de Dieu, œuvre que Jésus a confiée à ses disciples.

Durant cette période, les frères se sont souvenus des paroles consignées en 1 Pierre 4:12: “Bien-aimés, ne vous laissez pas déconcerter par l’incendie qui est au milieu de vous et qui vous advient pour servir d’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange.”

Les individus cités plus haut n’ont pas été les seuls à laisser l’orgueil miner leur foi. D’autres ont succombé à ce travers, comme Alexandre Freytag, le responsable du bureau de la Société à Genève, en Suisse. Il aimait attirer l’attention sur lui; il ajoutait des idées personnelles lorsqu’il traduisait les publications de la Société en français et il est allé jusqu’à se servir du matériel et des locaux de la Société pour imprimer ses propres ouvrages. Au Canada, Walter Salter, un responsable de la filiale, s’est trouvé en désaccord avec les publications de la Société; il n’a pas caché qu’il comptait être le prochain président de la Société Watch Tower et, après avoir été renvoyé, il s’est malhonnêtement servi du papier à en-tête de la Société pour envoyer aux congrégations, au Canada et à l’étranger, l’instruction d’étudier des articles rédigés par ses soins. Au Nigeria, il y a eu notamment G. Ukoli, qui a été zélé pour la vérité au début, mais qui s’est aperçu par la suite qu’elle pouvait être une source de profit et un moyen de se mettre en avant. Quand ses desseins ont été contrecarrés, il s’est mis à critiquer les frères fidèles par voie de presse. D’autres encore ont pris le même chemin.

Plus récemment, des individus qui occupaient des positions importantes de surveillants ont trahi un esprit similaire.

Bien sûr, ces hommes avaient tout à fait le droit de choisir leurs croyances. Mais quiconque défend en public ou en privé des idées différentes de celles qui figurent dans les publications d’une organisation, tout en prétendant représenter l’organisation en question, cause des divisions. Comment les Témoins de Jéhovah ont-​ils agi dans ces circonstances?

Ils n’ont pas déclenché de campagne de persécution à l’encontre de telles personnes (même si les apostats s’en prenaient souvent à leurs anciens frères spirituels), ni n’ont cherché à leur faire du mal sur le plan physique (ce qu’avait fait l’Église catholique avec l’Inquisition). Ils ont plutôt suivi ce conseil de l’apôtre Paul, écrit sous l’inspiration: “[Surveillez] ceux qui suscitent divisions et occasions d’achoppement à l’encontre de l’enseignement que vous avez appris, et évitez-​les. Car ces sortes de gens sont esclaves, non pas de notre Seigneur Christ (...); et, par des paroles doucereuses et un langage flatteur, ils séduisent le cœur des gens sans malice.” — Rom. 16:17, 18.

En observant ce qui se passait, les autres ont eu aussi l’occasion de montrer ce qu’ils avaient dans le cœur.

Des doctrines nécessitant un affinage

Les Témoins de Jéhovah reconnaissent volontiers que leur compréhension du dessein de Dieu a subi de nombreuses modifications au fil des années. La connaissance du dessein de Dieu étant progressive, les changements sont inévitables. Ce n’est pas que le dessein divin change, mais les éclaircissements que Dieu accorde continuellement à ses serviteurs exigent que ceux-ci révisent leur point de vue.

Bible à l’appui, les Témoins font remarquer que c’était vrai également des fidèles serviteurs de Dieu dans le passé. Abraham entretenait des relations étroites avec Jéhovah; mais quand il a quitté Ur, cet homme de foi ne savait pas dans quel pays Dieu le conduisait et pendant des années il n’a eu aucune idée de la façon dont Dieu tiendrait sa promesse de faire de lui une grande nation (Gen. 12:1-3; 15:3; 17:15-21; Héb. 11:8). Dieu a révélé un grand nombre de vérités aux prophètes, mais d’autres choses leur échappaient (Dan. 12:8, 9; 1 Pierre 1:10-12). Pareillement, si Jésus a donné quantité d’explications à ses apôtres, à la fin de sa vie sur la terre il leur a répété qu’il leur restait beaucoup de choses à apprendre (Jean 16:12). Certaines de ces choses, par exemple le dessein divin de faire entrer les Gentils dans la congrégation, les apôtres ne les ont comprises que lorsqu’ils ont vu effectivement l’accomplissement des prophéties. — Actes 11:1-18.

Comme on pouvait s’y attendre, quand il a fallu abandonner des points de vue qui avaient auparavant la faveur de tous, les changements ont été une épreuve pour certains. En outre, toutes les modifications dans la compréhension de la vérité ne sont pas survenues avec simplicité, en une seule fois. À cause de l’imperfection, on a parfois tendance à aller d’un extrême à l’autre avant de discerner la position correcte. Cela peut prendre du temps. Quelques-uns, de nature critique, ont trébuché pour cette raison. Considérons un exemple:

Dès 1880, les publications de la Société Watch Tower ont abordé différents détails en rapport avec l’alliance abrahamique, l’alliance de la Loi et la nouvelle alliance. La chrétienté avait perdu de vue la promesse de Dieu selon laquelle, par l’intermédiaire de la postérité d’Abraham, toutes les familles de la terre se béniraient assurément (Gen. 22:18). Mais frère Russell désirait sincèrement comprendre comment Dieu accomplirait ces paroles. Il pensait avoir vu dans la description biblique du jour des Propitiations chez les Juifs des indications sur la façon dont s’accompliraient peut-être les déclarations divines relatives à la nouvelle alliance. En 1907, ces mêmes alliances ont de nouveau été examinées, l’accent étant mis sur le rôle des cohéritiers du Christ pour ce qui est de procurer à l’humanité les bienfaits annoncés dans l’alliance abrahamique; certains Étudiants de la Bible ont soulevé de vives objections.

À l’époque, des obstacles empêchaient une claire compréhension. Les Étudiants de la Bible ne comprenaient pas encore correctement la position occupée par l’Israël selon la chair par rapport au dessein de Dieu. Cet obstacle est demeuré jusqu’à ce qu’il devienne incontestable que les Juifs en tant que peuple ne cherchaient pas à être employés par Dieu dans la réalisation de sa parole prophétique. Un autre obstacle était l’incapacité des Étudiants de la Bible à identifier correctement la “grande foule” de Révélation 7:9, 10. L’identité de cette grande foule n’est devenue claire que lorsque celle-ci a commencé réellement à se manifester en accomplissement des prophéties. Ceux qui critiquaient durement frère Russell ne comprenaient pas non plus ces questions.

Néanmoins, certains soi-disant frères chrétiens ont accusé à tort La Tour de Garde d’avoir nié que Jésus est le Médiateur entre Dieu et les hommes, d’avoir rejeté la rançon et d’avoir contesté la nécessité ainsi que la réalité de la propitiation. Aucune de ces accusations n’était fondée. Mais quelques-uns de leurs auteurs étaient en vue, et ils faisaient des disciples qu’ils entraînaient à leur suite. Peut-être avaient-​ils raison sur certains détails qu’ils enseignaient à propos de la nouvelle alliance, mais le Seigneur a-​t-​il béni leur façon d’agir? Pendant un temps, quelques-uns d’entre eux ont organisé des réunions, mais par la suite leurs groupes ont disparu.

En revanche, les Étudiants de la Bible ont continué de prêcher la bonne nouvelle, ainsi que Jésus l’avait ordonné à ses disciples. Dans le même temps, ils ont continué à étudier la Parole de Dieu et à observer les événements qui éclaireraient sa signification. Finalement, au cours des années 30, les principaux obstacles à une claire compréhension des alliances ont été écartés, à la suite de quoi des explications corrigées du sujet sont parues dans La Tour de Garde et des publications semblables *. Quelle joie ont ressentie ceux qui avaient patiemment attendu!

Leurs espoirs étaient-​ils fondés?

À certaines époques, les Étudiants de la Bible ont nourri des espoirs que des détracteurs ont tournés en ridicule. Pourtant, tous ces espoirs partaient du désir sincère de voir l’accomplissement de promesses que ces chrétiens zélés tenaient pour divines et infaillibles.

De par leur étude des Écritures inspirées, ils connaissaient les bénédictions promises par Jéhovah à toutes les nations de la terre grâce à la postérité d’Abraham (Gen. 12:1-3; 22:15-18). Ils avaient vu dans la Parole de Dieu la promesse que le Fils de l’homme dirigerait la terre entière en qualité de Roi céleste, qu’un petit troupeau de fidèles seraient pris de la terre afin d’avoir part avec lui à son Royaume et que ceux-ci régneraient pendant mille ans (Dan. 7:13, 14; Luc 12:32; Rév. 5:9, 10; 14:1-5; 20:6). Ils connaissaient la promesse faite par Jésus de revenir et d’emporter ceux à qui il avait préparé une place au ciel (Jean 14:1-3). Ils étaient au courant de la promesse selon laquelle le Messie choisirait également certains de ses ancêtres fidèles pour les établir princes par toute la terre (Ps. 45:16). Ils comprenaient que les Écritures prédisaient la fin du système de choses méchant et ils étaient conscients qu’elle allait de pair avec la guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant à Harmaguédon (Mat. 24:3; Rév. 16:14, 16). Ils étaient profondément touchés par les versets montrant que la terre a été créée pour être habitée à jamais, que ses habitants connaîtraient la paix véritable et que tous ceux qui exerceraient la foi dans le sacrifice humain parfait de Jésus vivraient éternellement dans le Paradis. — És. 2:4; 45:18; Luc 23:42, 43; Jean 3:16.

Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’ils se soient demandé quand et comment cela s’accomplirait. Les Écritures inspirées renfermaient-​elles des éléments de réponse?

S’appuyant sur la chronologie biblique établie par Christopher Bowen, un Anglais, les Étudiants de la Bible pensaient que 6 000 ans d’histoire humaine s’étaient achevés en 1873, que depuis ils vivaient le septième millénaire de cette histoire et qu’ils étaient à coup sûr proches de l’aurore du Millénium annoncé. La série de livres appelée L’Aurore du Millénium (et plus tard Études des Écritures), écrite par Charles Russell, mettait en évidence les implications de cette déduction d’après la compréhension que les Étudiants de la Bible avaient des Écritures.

Une autre disposition divine était tenue pour un indice temporel possible: le Jubilé, une année de libération instituée dans l’Israël antique toutes les 50années. Il était observé au bout de sept périodes de 7 années, qui se terminaient chacune par une année sabbatique. L’année du Jubilé, les esclaves hébreux étaient affranchis et les possessions terriennes héréditaires qui avaient été vendues étaient rendues à leur propriétaire (Lév. 25:8-10). À partir de calculs fondés sur ce cycle d’années, on est arrivé à la conclusion qu’un grand Jubilé pour toute la terre avait peut-être commencé en automne 1874, que le Seigneur était, semble-​t-​il, revenu cette année-​là et était présent invisiblement, et que les “temps du rétablissement de toutes choses” étaient arrivés. — Actes 3:19-21.

En posant pour prémisses que les événements du Ier siècle trouvaient des parallèles dans des événements postérieurs qui leur étaient liés, les Étudiants de la Bible sont aussi parvenus à la conclusion que si le baptême de Jésus et son onction en automne de l’an 29 de notre ère avaient pour parallèle le commencement d’une présence invisible en 1874, son entrée à Jérusalem sur un âne en tant que Roi au printemps de l’an 33 correspondrait au printemps 1878, où il prendrait le pouvoir en tant que Roi céleste *. Ils pensaient également qu’ils recevraient leur récompense céleste à ce moment-​là. Cela ne s’est pas produit; les disciples oints de Jésus devant avoir part avec lui au Royaume, ils en ont déduit que la résurrection pour la vie spirituelle de ceux qui dormaient déjà dans la mort avait commencé alors. Ils ont en outre émis l’idée que la fin de la faveur spéciale accordée par Dieu à l’Israël selon la chair, en 36 de notre ère, désignait peut-être 1881 comme l’année où la possibilité spéciale de devenir membre de l’Israël spirituel ne serait plus offerte *.

Dans le discours intitulé “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais”, qu’il a présenté le 21 mars 1920 à l’Hippodrome de New York, Joseph Rutherford a attiré l’attention sur l’année 1925. En fonction de quoi pensait-​on que cette date était importante? Dans une brochure publiée la même année, 1920, il était expliqué que si on calculait 70 Jubilés entiers à partir de la date qu’on pensait être celle où la nation d’Israël était entrée en Terre promise (au lieu de commencer le décompte après le dernier Jubilé typique précédant l’exil à Babylone et de le poursuivre jusqu’au début de l’année du Jubilé qui achevait le 50cycle), on pouvait aboutir à 1925. Se fondant sur ces paroles, beaucoup espéraient que les membres du reste du petit troupeau recevraient leur récompense céleste en 1925. On attendait également pour 1925 la résurrection des fidèles serviteurs préchrétiens de Dieu, qui seraient sur la terre les représentants princiers du Royaume céleste. Si ces espoirs devenaient réalité, cela signifierait que l’humanité était entrée dans une ère où la mort cesserait de régner, où des millions de personnes auraient l’espérance de ne jamais mourir. Quelle perspective réjouissante! Certes, ils se trompaient quant à la date, mais les Étudiants de la Bible ont fait connaître cette espérance avec empressement.

Par la suite, entre 1935 et 1944, un examen de l’ensemble de la chronologie biblique a révélé que la traduction inexacte d’Actes 13:19, 20 dans la King James Version (Bible du roi Jacques) *, ajoutée à certains autres facteurs, avait faussé cette chronologie de plus d’un siècle *. Cette découverte a par la suite fait germer une idée, quelquefois énoncée comme une possibilité, d’autres fois sur un ton plus affirmatif: étant donné que le septième millénaire de l’histoire de l’humanité commencerait en 1975, les événements relatifs au commencement du Règne millénaire du Christ débuteraient peut-être cette année-​là.

Les croyances des Témoins de Jéhovah dans ces domaines se sont-​elles révélées exactes? Incontestablement, ils ne se trompaient pas en croyant que Dieu réaliserait à coup sûr ses promesses. Mais certains de leurs calculs chronologiques et les espoirs qu’ils y rattachaient ont engendré de grandes déceptions.

Après 1925, l’assistance aux réunions a terriblement baissé dans certaines congrégations de France et de Suisse. La déception a de nouveau frappé en 1975, quand les espoirs relatifs au début du Millénium ne se sont pas concrétisés. Des éléments se sont pour cette raison retirés de l’organisation. D’autres ont été exclus parce qu’ils cherchaient à miner la foi de leurs compagnons. Indéniablement, la déception quant à la date y a été pour quelque chose; mais dans certains cas les causes étaient plus profondes. Des individus niaient la nécessité de prêcher de maison en maison. Certains ne se sont pas contentés de partir de leur côté; ils se sont mis à s’opposer avec agressivité à l’organisation à laquelle ils avaient appartenu, et ils ont répandu leurs idées dans la presse et à la télévision. Néanmoins, le nombre de ceux qui ont fait défection a été relativement peu élevé.

Bien que ces épreuves aient provoqué un criblage et que certains aient été emportés comme la bale quand on vanne le blé, d’autres sont demeurés fermes. Quelle en était la raison? À propos de ce que d’autres et lui ont vécu en 1925, Jules Feller a expliqué: “Ceux qui avaient mis leur confiance en Jéhovah restèrent fermes et poursuivirent leur activité dans la prédication.” Pour eux, une erreur avait été commise, mais en aucun cas la Parole de Dieu ne s’était trompée; ils n’avaient donc aucune raison de laisser leur espérance s’affaiblir ni de diminuer leur participation à l’œuvre consistant à dire aux gens que le Royaume de Dieu est le seul espoir de l’humanité.

Certains espoirs ne s’étaient pas réalisés, mais cela n’impliquait pas pour autant que la chronologie biblique n’avait aucune valeur. La prophétie rapportée par Daniel, selon laquelle le Messie apparaîtrait 69 semaines d’années après “la sortie de la parole de rétablir et de rebâtir Jérusalem”, s’est accomplie exactement au moment prévu, en 29 de notre ère * (Dan. 9:24-27). L’année 1914 était également prophétisée dans la Bible.

1914: Espoirs et réalité

En 1876, Charles Russell a écrit le premier de nombreux articles dans lesquels il a affirmé que l’année 1914 marquerait la fin des temps des Gentils dont Jésus Christ avait parlé (Luc 21:24Sa). Dans le deuxième tome de L’Aurore du Millénium, publié en 1889, frère Russell a exposé avec logique des détails qui permettraient aux lecteurs de discerner le fondement biblique de ses affirmations et de les vérifier par eux-​mêmes. Pendant presque quatre décennies jusqu’à 1914, les Étudiants de la Bible ont distribué des millions de publications qui attiraient l’attention sur la fin des temps des Gentils. Quelques journaux religieux se sont arrêtés sur la chronologie biblique qui aboutissait à 1914, mais, à l’exception des Étudiants de la Bible, quels croyants n’ont cessé de lui donner une publicité internationale et ont montré dans leur vie qu’ils étaient convaincus que les temps des Gentils prendraient fin cette année-​là?

À mesure que 1914 approchait, les espoirs s’animaient. Qu’allait-​il se passer? Dans L’Étudiant de la Bible (volume VI, n1, publié au début de 1914 en anglais), frère Russell a écrit: “Si nous possédons la bonne date et la bonne chronologie, les temps des Gentils prendront fin cette année: 1914. Qu’est-​ce à dire? Nous ne le savons pas avec certitude. Nous nous attendons à ce que le Messie commence à régner effectivement vers l’époque où le pouvoir ne sera plus laissé aux Gentils. Nous attendons, à tort ou à raison, de merveilleuses manifestations des jugements divins contre toute injustice, ce qui impliquera la dislocation de nombreuses institutions de l’époque actuelle, sinon de toutes.” Il a souligné qu’il n’escomptait pas la “fin du monde” en 1914 et que la terre demeure pour toujours, mais que le présent ordre de choses, dont Satan est le chef, doit passer.

Dans son numéro de janvier 1914 (15 octobre 1913 en anglais), La Tour de Garde a déclaré: “D’après les meilleurs calculs chronologiques que nous possédons, c’est approximativement le temps fixé, que ce soit octobre 1914 ou plus tard. Sans vouloir dogmatiser, nous attendons plusieurs événements: 1° la fin des temps des nations [Gentils] et de la domination des nations dans le monde — et 2° l’inauguration du Royaume du Messie dans le monde.”

Comment cela surviendrait-​il? Il semblait alors logique aux Étudiants de la Bible qu’en même temps ait lieu la glorification des humains encore sur la terre que Dieu avait choisis pour avoir part au Royaume céleste avec le Christ. Mais qu’ont-​ils pensé lorsqu’ils ont constaté que cela ne s’était pas produit en 1914? La Tour de Garde du 15 avril 1916 (en anglais) a dit: “Nous croyons que les dates se sont révélées tout à fait exactes. Nous croyons que les temps des Gentils ont pris fin.” Tout en ajoutant avec franchise: “Le Seigneur n’a pas dit que l’Église serait toute glorifiée en 1914. Nous l’avons simplement déduit et, manifestement, nous nous sommes trompés.”

En cela, ils ressemblaient un peu aux apôtres de Jésus. Ceux-ci connaissaient les prophéties concernant le Royaume de Dieu et ils pensaient y croire. Cela ne les a pas empêchés, à différentes reprises, de caresser des espoirs erronés sur la façon dont elles s’accompliraient et sur l’époque de leur accomplissement. Et quelques-uns en ont été déçus. — Luc 19:11; 24:19-24; Actes 1:6.

Octobre 1914 s’étant écoulé sans que le changement attendu pour la vie céleste se soit produit, frère Russell savait que les interrogations du cœur seraient grandes. Il a écrit dans La Tour de Garde de février 1915 (1er novembre 1914 en anglais): “Souvenons-​nous que l’époque actuelle est un temps de mise à l’épreuve. Les apôtres eurent à subir des épreuves analogues entre la mort de notre Seigneur et la Pentecôte. Notre Sauveur, après sa résurrection, apparut quelques fois à ses disciples, puis ils ne le virent pas pendant un certain nombre de jours; ils se découragèrent alors et se dirent qu’il ne valait plus la peine d’attendre. L’un d’eux dit: ‘Je vais pêcher’; deux autres ajoutèrent: ‘Nous allons aussi avec toi.’ Ils étaient sur le point de reprendre leurs occupations de pêcheurs et d’abandonner la pêche des humains. Cela était une mise à l’épreuve des disciples; il y a aussi pour nous maintenant une épreuve analogue. Existe-​t-​il des motifs susceptibles de nous éloigner du Seigneur et de sa vérité, susceptibles de nous induire à renoncer à notre sacrifice au Seigneur et à sa cause, alors ce n’est pas vraiment l’amour de Dieu dans nos cœurs qui a éveillé en eux un certain intérêt pour le Seigneur, mais c’est un autre motif, probablement l’espérance que la durée du sacrifice serait courte, que notre consécration ne serait nécessaire que pendant un certain temps.”

C’était apparemment le cas de quelques-uns. Ils avaient axé leurs pensées et leurs désirs sur la perspective d’être changés pour la vie céleste. Cela n’ayant pas eu lieu au moment prévu, ils ont fermé leur esprit à la signification des événements étonnants qui se sont effectivement déroulés en 1914. Ils ont perdu de vue toutes les précieuses vérités qu’ils avaient apprises dans la Parole de Dieu, et ils ont commencé à tourner en dérision les personnes qui les avaient aidés à les apprendre.

Humblement, les Étudiants de la Bible ont réexaminé les Écritures afin que la Parole de Dieu rectifie leur point de vue. Ils sont restés convaincus que les temps des Gentils avaient pris fin en 1914. Peu à peu, ils ont discerné plus distinctement comment le Royaume messianique avait été mis en place: il avait été établi au ciel quand Jéhovah avait remis le pouvoir à son Fils, Jésus Christ; à cet effet, il n’avait pas été nécessaire d’attendre que les cohéritiers de Jésus soient relevés pour la vie céleste: ils seraient glorifiés avec lui par la suite. En outre, ils ont compris qu’il n’était pas indispensable, pour augmenter l’influence exercée par le Royaume, que les fidèles prophètes du passé soient d’abord ressuscités; le Roi ferait des chrétiens fidèles qui vivraient alors ses messagers pour proposer aux gens de toutes les nations de vivre éternellement comme sujets terrestres du Royaume.

Cette magnifique perspective qui s’offrait à eux a provoqué de nouvelles épreuves et un nouveau criblage. Toutefois, ceux qui aimaient vraiment Jéhovah et qui prenaient plaisir à le servir étaient très reconnaissants pour les privilèges de service qui s’ouvraient devant eux. — Rév. 3:7, 8.

L’un d’eux était Alexander Macmillan. Il a écrit par la suite: “Bien que notre espoir [d’être emportés] au ciel fût déçu en 1914, cette année-​là a néanmoins été marquée par l’expiration des temps des Gentils (...). Le fait que tout ne se soit pas passé comme nous l’avions espéré ne nous troublait pas particulièrement, car nous avions de quoi nous occuper avec le Photo-Drame de la Création et les problèmes créés par la guerre.” Il a continué de se dépenser dans le service de Jéhovah et a eu la joie immense de voir le nombre des prédicateurs du Royaume dépasser largement le million au cours de sa vie.

Réfléchissant aux 66 années qu’il avait vécues avec l’organisation, il a dit: “J’ai vu l’organisation passer par de nombreuses et cruelles tribulations et la foi de ceux qui la composent sévèrement éprouvée. Grâce à l’esprit de Dieu, l’organisation a survécu et n’a cessé de progresser.” Il a ajouté à propos des ajustements effectués dans la compréhension de la vérité au fil des années: “Les vérités fondamentales que nous avions apprises dans la Bible restaient les mêmes. J’ai donc compris qu’il nous fallait reconnaître nos erreurs et continuer de sonder la Parole de Dieu pour obtenir une plus grande lumière. Quels que soient les ajustements qu’il nous faut faire de temps à autre, la bienveillante disposition divine de la rédemption et la promesse de la vie éternelle que Dieu nous a faite demeurent inchangées.”

Durant sa vie, frère Macmillan s’est rendu compte que, parmi les questions qui mettaient la foi à l’épreuve, deux révélaient ce que renfermaient les cœurs: le désir des serviteurs de Dieu de rendre témoignage et leur attachement à l’organisation théocratique. Comment cela?

La prédication et l’organisation mises en question

Dès son premier numéro, et de plus en plus par la suite, La Tour de Garde a exhorté chaque chrétien véritable à communiquer la vérité. Par la suite, les lecteurs de La Tour de Garde ont souvent été encouragés à attacher du prix à leur privilège et à leur responsabilité de prêcher la bonne nouvelle. Beaucoup l’ont fait dans une petite mesure, mais relativement peu étaient aux premières lignes, allaient de maison en maison pour donner à chacun l’occasion d’entendre le message du Royaume.

Cependant, à partir de 1919, on a davantage insisté sur la participation à la prédication. Frère Rutherford l’a mise en évidence avec force dans un discours à Cedar Point (Ohio) cette année-​là. Dans chaque congrégation qui demandait à la Société de l’organiser en vue du service, des dispositions ont été prises pour qu’un directeur du service, nommé par la Société, s’occupe de l’activité. Il devait donner l’exemple et veiller à ce que la congrégation dispose des publications nécessaires.

En 1922, La Tour de Garde (en anglais) a publié un article intitulé “Le service est essentiel”. Il parlait du besoin impérieux qu’ont les gens d’entendre la bonne nouvelle du Royaume, il faisait ressortir l’ordre prophétique donné par Jésus en Matthieu 24:14 et il disait à l’intention des anciens dans les congrégations: “Qu’aucun ne pense que parce qu’il est ancien dans la classe tout son service doit consister à prêcher en paroles. Si la possibilité lui est donnée d’aller mettre entre les mains des personnes le message imprimé, c’est là un grand privilège; c’est prêcher l’Évangile, souvent plus efficacement que par n’importe quel autre moyen.” L’article posait ensuite cette question: “Quelqu’un qui est vraiment consacré au Seigneur et qui serait paresseux à notre époque pourrait-​il se justifier?”

Certains ont rechigné. Ils ont soulevé toutes sortes d’objections. Ils ne trouvaient pas judicieux de “vendre des livres”, même si l’œuvre n’était pas effectuée dans un but lucratif et si c’était grâce à ces mêmes publications qu’ils avaient appris la vérité au sujet du Royaume de Dieu. Quand, à partir de 1926, on a encouragé le témoignage de maison en maison le dimanche à l’aide de livres, certains y ont trouvé à redire, alors que beaucoup de gens avaient l’habitude de réserver le dimanche au culte. Le fond du problème, c’est qu’ils estimaient indigne de leur personne de prêcher de maison en maison. Pourtant, la Bible atteste que Jésus envoyait ses disciples prêcher chez les gens et que l’apôtre Paul prêchait “en public et de maison en maison”. — Actes 20:20; Mat. 10:5-14.

À mesure qu’on insistait sur la prédication, ceux dont le cœur ne les incitait pas à imiter Jésus et ses apôtres en donnant le témoignage se retiraient de l’organisation. La congrégation de Skive, au Danemark, ainsi que quelques autres, ont diminué environ de moitié. Sur la centaine de personnes qui fréquentaient la congrégation de Dublin, en Irlande, quatre seulement sont restées. Aux États-Unis, au Canada, en Norvège et dans d’autres pays, les congrégations ont essuyé des épreuves et un criblage identiques. Cela les a purifiées.

Ceux qui désiraient réellement suivre l’exemple du Fils de Dieu ont répondu favorablement à l’encouragement venant des Écritures. Néanmoins, ce n’était pas parce qu’ils étaient disposés à aller de maison en maison qu’il leur était facile de commencer. Les débuts de certains ont été difficiles. Mais les dispositions prises pour le témoignage en groupe et des assemblées de service spéciales les ont encouragés. Deux sœurs du nord du Jutland, au Danemark, se sont longtemps rappelé leur première journée de prédication. Elles se sont réunies avec le groupe, ont écouté les instructions et sont parties dans leur territoire; mais là, elles ont fondu en larmes. Deux frères, voyant la scène, les ont invitées à prêcher avec eux. Rapidement, elles ont retrouvé le sourire. Après avoir goûté à la prédication, la plupart étaient remplis de joie et enthousiasmés à l’idée de la poursuivre.

Puis, en 1932, La Tour de Garde a proposé un article en deux parties intitulé “L’Organisation de Jéhovah”. (Numéros de novembre et de décembre.) Il montrait que la fonction élective d’ancien dans les congrégations n’était pas conforme aux Écritures. Les congrégations étaient invitées à n’utiliser à des positions de responsabilité que des hommes actifs dans la prédication, des hommes qui s’acquittaient de la responsabilité impliquée par le nom de Témoins de Jéhovah. Ces hommes devaient former un comité de service. L’un d’eux, proposé par la congrégation, était nommé directeur du service par la Société. À Belfast, en Irlande, cette disposition a passé au crible et écarté d’autres éléments encore qui voulaient détenir une position en vue plutôt que de servir humblement.

Au début des années 30, en Allemagne, la plupart de ceux qui s’efforçaient de mettre un frein à la prédication s’étaient retirés des congrégations. Quelques autres s’en sont retirés par crainte en 1933, quand l’œuvre a été interdite dans nombre des États allemands. Mais des milliers de Témoins ont enduré ces épreuves de leur foi et se sont montrés disposés à prêcher malgré le danger.

Partout sur la terre, la proclamation du Royaume s’est accélérée. La prédication a pris une place prépondérante dans la vie de tous les Témoins de Jéhovah. En Norvège, par exemple, la congrégation d’Oslo louait des autocars le week-end pour conduire des proclamateurs dans les villes voisines. Ils se retrouvaient tôt le matin, étaient dans leur territoire vers 9 ou 10 heures, prêchaient avec persévérance pendant sept ou huit heures, puis rejoignaient l’autocar pour rentrer chez eux. D’autres allaient dans les campagnes à bicyclette, munis de sacs pleins de livres et de cartons qui en contenaient d’autres en réserve. Les Témoins de Jéhovah étaient heureux, zélés et unis dans l’accomplissement de la volonté de Dieu.

En 1938, quand on a de nouveau examiné la façon de nommer les responsables dans les congrégations *, l’élimination de toutes les élections locales de serviteurs a été dans l’ensemble bien accueillie. Les congrégations ont avec joie adopté des résolutions qui montraient le prix qu’elles attachaient à l’organisation théocratique et qui demandaient à “la Société” (nom qui, pour elles, désignait le reste oint ou esclave fidèle et avisé) de les organiser pour le service et d’établir tous les serviteurs. Ensuite, le Collège central a procédé aux nominations nécessaires et a organisé les congrégations en vue d’une activité unie et productive. Quelques groupes seulement n’ont pas coopéré et se sont alors retirés de l’organisation.

Voués uniquement à la diffusion du message du Royaume

Pour conserver l’approbation de Jéhovah, l’organisation doit se consacrer exclusivement à l’œuvre que sa Parole ordonne d’accomplir à notre époque. Cette œuvre est la prédication de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu (Mat. 24:14). Toutefois, il est arrivé à plusieurs reprises que des individus qui collaboraient avec beaucoup d’ardeur avec l’organisation ont cherché d’un autre côté à s’en servir pour promouvoir des activités qui avaient tendance à distraire leurs compagnons de l’œuvre. Quand on les a repris, cela a été une épreuve pour eux, surtout quand ils étaient persuadés de la noblesse de leurs mobiles.

C’est ce qui s’est produit en Finlande en 1915: des frères ont fondé une association coopérative appelée Ararat et ont invité, dans les pages de La Tour de Garde en finnois, les lecteurs à entrer dans leur affaire. Celui qui était à l’origine de cette activité a réagi humblement quand frère Russell a fait remarquer que ses associés et lui se laissaient “distraire de l’œuvre importante de l’Évangile”. Mais par orgueil, un autre frère, qui avait servi Jéhovah avec zèle pendant plus de dix ans en Norvège, a refusé le même conseil.

Au cours des années 30, aux États-Unis, un problème du même genre s’est posé. Un certain nombre de congrégations publiaient chaque mois leurs propres feuillets d’instructions pour le service, feuillets qui renfermaient des rappels tirés du Bulletin de la Société ainsi que des faits de prédication et le programme local des dispositions prises en vue de la prédication. L’un de ces feuillets, publié à Baltimore (Maryland), encourageait la prédication avec enthousiasme, mais il servait aussi à promouvoir des opérations commerciales. Au départ, certaines ont eu l’accord tacite de frère Rutherford. Mais quand on s’est aperçu des conséquences que risquaient d’avoir de telles opérations, La Tour de Garde a précisé que la Société ne les cautionnait pas. Cela a mis sérieusement à l’épreuve Anton Koerber, car il avait l’intention d’aider ses frères par ces moyens. Avec le temps, cependant, il a de nouveau mis toutes ses capacités au service de la prédication qu’accomplissent les Témoins de Jéhovah.

En Australie, un problème du même ordre a commencé à se manifester en 1938, puis a pris de l’ampleur durant la période où la Société a été interdite (de janvier 1941 à juin 1943). Voulant répondre à des besoins qui semblaient réels à l’époque, la filiale de la Société s’est trouvée directement mêlée à diverses activités commerciales. C’était commettre une grave erreur. La filiale possédait des scieries, plus de 20 “fermes du Royaume”, un bureau d’étude, une boulangerie et d’autres entreprises. Deux imprimeries commerciales servaient de couverture à l’impression clandestine des publications de la Société. Mais certaines opérations commerciales ont amené les frères à renoncer à leur neutralité chrétienne, le travail étant accompli sous prétexte de fournir des fonds et de soutenir les pionniers. Néanmoins, la conscience de certains était profondément troublée. Bien que la majorité de ces frères soient restés dans l’organisation, la prédication du Royaume en général stagnait. Qu’est-​ce qui empêchait Jéhovah de la bénir?

Quand l’interdiction a été levée en juin 1943, les frères qui se trouvaient à la filiale ont compris qu’il fallait abandonner les entreprises et se concentrer sur la prédication du Royaume, qui passait avant tout. En l’espace de trois ans, c’était chose faite, et la famille du Béthel avait retrouvé une taille normale. Il était quand même toujours nécessaire de clarifier le problème, de faire renaître une confiance totale en l’organisation.

Nathan Knorr, le président de la Société, et son secrétaire, Milton Henschel, sont allés en Australie en 1947 spécialement pour régler cette situation. Dans un compte rendu de leur visite, La Tour de Garde du 15 octobre 1947 a dit au sujet des activités commerciales qui avaient été pratiquées: “Il ne s’agissait pas là d’un travail profane permettant à des frères et sœurs de gagner leur vie; en fait, la filiale de la Société avait acquis différentes entreprises et appelé, de toutes les régions du pays, des proclamateurs, des pionniers surtout, afin qu’ils travaillent dans ces entreprises au lieu de prêcher l’évangile.” Les frères avaient même indirectement participé à l’effort de guerre. À des assemblées tenues dans chacune des capitales des États, frère Knorr a parlé franchement de la situation. À chaque assemblée, une résolution a été adoptée, dans laquelle les frères australiens reconnaissaient leur erreur et demandaient à Jéhovah sa miséricorde et son pardon par l’intermédiaire de Jésus Christ. Ainsi, il a fallu faire montre de vigilance et traverser des épreuves pour que l’organisation continue à se vouer uniquement à la diffusion du message relatif au Royaume de Dieu.

Quand les Témoins de Jéhovah passent en revue leur histoire moderne, force leur est de constater que Dieu a affiné son peuple (Mal. 3:1-3). Petit à petit, les mauvais états d’esprit, les croyances et les pratiques erronées ont disparu, et tous ceux qui ont préféré y rester attachés sont partis avec eux. Ceux qui restent ne sont pas disposés à transiger avec la vérité biblique pour l’accommoder à la philosophie des hommes. Ils ne suivent pas des hommes, mais servent exclusivement Jéhovah Dieu. Ils obéissent avec joie aux directives de l’organisation parce que des preuves indiscutables leur montrent qu’elle appartient à Jéhovah. Ils se réjouissent de voir la lumière de la vérité briller toujours plus (Prov. 4:18). Individuellement, ils considèrent comme un privilège immense d’être des Témoins de Jéhovah actifs, des prédicateurs du Royaume de Dieu.

[Notes]

^ § 13 Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ, édition spéciale, 25 avril 1894, pp. 102-104 (angl.).

^ § 22 Au sujet de la Trinité, voir New Catholic Encyclopedia, vol. XIV, 1967, p. 299; Dictionary of the Bible, J. McKenzie, S.J., 1965, p. 899; The New International Dictionary of New Testament Theology, vol. 2, 1976, p. 84. Au sujet de l’âme, voir New Catholic Encyclopedia, vol. XIII, 1967, pp. 449, 450, 452, 454; The New Westminster Dictionary of the Bible, édité par H. Gehman, 1970, p. 901; The Interpreter’s Bible, vol. I, 1952, p. 230; Peake’s Commentary on the Bible, édité par M. Black et H. Rowley, 1962, p. 416.

^ § 38 D’après frère Russell, sa femme, qui l’a quitté par la suite, a été la première à lui appliquer Matthieu 24:45-47. Voir les numéros (angl.) de La Tour de Garde du 15 juillet 1906, p. 215; du 1er mars 1896, p. 47; et du 15 juin 1896, pp. 139, 140.

^ § 60 Justification, t. II, pp. 259, 260, 269, 270; La Tour de Garde, 1er juillet 1934, pp. 195-202; 15 juillet 1934, pp. 211-218; 1er novembre 1935, pp. 323-333.

^ § 67 L’opinion selon laquelle 1878 était une année importante semblait confortée par la référence à Jérémie 16:18 (“double” de Jacob, Sa) assortie de calculs indiquant que 1 845 années s’étaient apparemment écoulées entre la mort de Jacob et l’an 33 de n. è., date à laquelle l’Israël selon la chair a été rejeté, et que le double de cette durée s’étendrait de 33 à 1878.

^ § 67 Poussant plus loin les parallèles, les Étudiants de la Bible ont dit que la désolation de Jérusalem en 70 de n. è. (37 ans après que Jésus, entrant à Jérusalem à dos d’âne, avait été acclamé comme roi par ses disciples) préfigurait peut-être qu’en 1915 (37 ans après 1878) une période d’anarchie permise par Dieu atteindrait son point culminant, selon eux pour mettre un terme aux institutions du monde. Cette date a figuré dans les rééditions des Études des Écritures (voir t. II, pp. 79-99, 179, 234, 235, 247, 262, 263; comparer la réédition de 1914 à des éditions antérieures, comme celle de 1902 de L’Aurore du Millénium). Il leur semblait que cela coïncidait tout à fait avec ce qui avait été publié à propos de l’année 1914, qui devait marquer la fin des temps des Gentils.

^ § 69 Voir la traduction dans La Sainte Bible, de J. Ostervald; voir aussi la note sur Actes 13:20 dans Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau à références.

^ § 69 Voir “La vérité vous affranchira”, chapitre 11; “Le Royaume s’est approché”, pp. 167-173; ainsi que L’Âge d’Or, 27 mars 1935, pp. 391, 412 (angl.). Au vu de ces tables corrigées de la chronologie biblique, on constatait que les mentions antérieures des années 1873 et 1878, ainsi que d’autres dates déduites à partir de celles-ci en développant des parallèles avec les événements du Ier siècle, étaient basées sur une mauvaise compréhension.

^ § 73 Voir La perspicacité grâce aux Écritures (angl.), vol. 2, pp. 899-904.

^ § 97 Voir chapitre 15, “Formation progressive de l’organisation”.

[Entrefilet,page 619]

Les épreuves et le criblage qui sont survenus n’étaient pas surprenants.

[Entrefilet,page 621]

“Ils ne permettent pas [qu’on les éloigne] de la Parole du Seigneur.”

[Entrefilet,page 623]

“Nous ne voulons aucun hommage, aucune révérence, ni pour nous-​même ni pour nos écrits.”

[Entrefilet,page 624]

“Dieu est toujours à la barre.”

[Entrefilet,page 626]

Le “serviteur fidèle et prudent” n’avait pas disparu à la mort de frère Russell.

[Entrefilet,page 627]

Ils cherchaient avec malveillance à empoisonner l’esprit des autres.

[Entrefilet,page 628]

Certains ont laissé l’orgueil miner leur foi.

[Entrefilet,page 629]

“[Surveillez] ceux qui suscitent [des] divisions (...) et évitez-​les.”

[Entrefilet,page 630]

Certains ont accusé à tort “La Tour de Garde” d’avoir rejeté la rançon.

[Entrefilet,page 635]

“Nous l’avons simplement déduit et, manifestement, nous nous sommes trompés.”

[Entrefilet,page 636]

Ceux qui aimaient vraiment Jéhovah étaient reconnaissants pour les privilèges de service qui s’ouvraient devant eux.

[Entrefilet,page 638]

“Quelqu’un qui est vraiment consacré au Seigneur et qui serait paresseux à notre époque pourrait-​il se justifier?”

[Entrefilet,page 641]

Petit à petit, les mauvais états d’esprit, les croyances et les pratiques erronées ont disparu.

[Encadré/Illustration, page 622]

William Van Amburgh

En 1916, William Van Amburgh a déclaré: “Cette œuvre mondiale n’est pas l’œuvre d’un seul homme. (...) C’est l’œuvre de Dieu.” Bien qu’il en ait vu d’autres faire défection, il a gardé fermement cette conviction jusqu’à sa mort à l’âge de 83 ans, en 1947.

[Encadré/Illustration, page 633]

Jules Feller

Quand il était jeune, Jules Feller a été témoin de grandes épreuves pour la foi. Dans certaines congrégations de Suisse, le nombre des membres a diminué de moitié, voire davantage. Mais il a écrit par la suite: “Ceux qui avaient mis leur confiance en Jéhovah restèrent fermes et poursuivirent leur activité dans la prédication.” Frère Feller a pris la même résolution, si bien qu’en 1992 il servait depuis 68 ans au Béthel.

[Encadré/Illustration page 634]

Clayton Woodworth

À un homme qui avait cessé de servir Jéhovah parce que les disciples oints de Jésus Christ n’avaient pas été emportés au ciel en 1914, Clayton Woodworth a écrit ce qui suit:

“Il y a vingt ans, toi et moi nous croyions au baptême des enfants; au droit divin du clergé d’administrer ce baptême; que le baptême était nécessaire pour échapper aux tourments éternels; que Dieu est amour; que Dieu a créé et continue de créer des milliards d’êtres à sa ressemblance qui passeront les âges innombrables de l’éternité dans les vapeurs étouffantes du soufre embrasé, implorant en vain une goutte d’eau pour soulager leurs souffrances (...).

“Nous croyions qu’après sa mort un homme est vivant; nous croyions que Jésus Christ n’est jamais mort; qu’il ne pouvait pas mourir; qu’aucune rançon n’a jamais été payée ni ne sera jamais payée; que Jéhovah Dieu et Christ Jésus, son Fils, sont une seule et même personne; que le Christ était son propre Père; que Jésus était son propre Fils; que l’Esprit saint est une personne; que un plus un, plus un, égale un; que lorsque Jésus était attaché à la croix et a dit: ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-​tu abandonné?’, il se parlait simplement à lui-​même; (...) que les royaumes actuels font partie du Royaume du Christ; que le Diable se trouve loin, quelque part dans un Enfer indéterminé, et n’exerce pas son emprise sur les royaumes de la terre (...).

“Je loue Dieu pour le jour qui a amené la présente Vérité à ma porte. Elle était si vivifiante, si réconfortante pour l’esprit et le cœur, que j’ai rapidement laissé le charlatanisme et les inepties du passé et que j’ai été utilisé par Dieu pour ouvrir également tes yeux aveuglés. Nous nous sommes réjouis ensemble dans la Vérité, œuvrant côte à côte pendant quinze ans. Le Seigneur t’a grandement honoré en faisant de toi un porte-parole; je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui était capable de montrer aussi bien l’aberration des errements de Babylone. Dans ta lettre, tu demandes: ‘Et maintenant?’ Ah! voilà ce qui est malheureux. C’est que, maintenant, tu laisses ton cœur s’aigrir contre celui dont les œuvres d’amour et la bénédiction venant d’en haut ont amené la vérité dans nos deux cœurs. Tu es parti et tu as emmené plusieurs brebis avec toi. (...)

“Tu me trouves probablement ridicule du fait que je ne suis pas monté au ciel le 1er octobre 1914, mais moi, je ne te trouve pas ridicule — oh non!

“Au moment où dix des plus grandes nations de la terre se débattent aussi dans les douleurs de l’agonie, il me semble particulièrement inopportun de chercher à me moquer de l’homme, le seul homme, qui depuis quarante ans enseigne que les temps des Gentils prendraient fin en 1914.”

La foi de frère Woodworth n’a pas été ébranlée par la tournure qu’ont prise les événements de 1914. Il a simplement discerné qu’il restait des choses à apprendre. Sa confiance dans le dessein de Dieu lui a valu de passer neuf mois en prison en 1918-​1919. Plus tard, il a été rédacteur en chef du périodique “L’Âge d’Or”, devenu ensuite “Consolation”. Il est demeuré ferme dans la foi et fidèle à l’organisation de Jéhovah jusqu’à sa mort survenue en 1951, à 81 ans.

[Encadré/Illustration, page 637]

Alexander Macmillan

“J’ai pu voir combien il était sage d’attendre avec patience que Jéhovah augmente notre compréhension de la Bible plutôt que de nous laisser troubler par une pensée nouvelle. Parfois, nos prévisions touchant à une certaine date allaient trop loin, plus loin qu’elles ne devaient aller selon les Écritures. Même quand elles se révélaient inexactes, les desseins de Dieu n’en étaient pas pour autant changés.”

[Illustrations, page 620]

La foi des Étudiants de la Bible a été sérieusement mise à l’épreuve en rapport avec la valeur propitiatoire du sacrifice de Jésus.

[Illustrations, page 625]

La réaction de certains admirateurs de frère Russell face au tempérament de frère Rutherford a révélé qui ils servaient en réalité.

[Illustrations, page 639]

Quand on a davantage insisté sur la prédication, beaucoup ont cessé d’y participer; les autres ont montré plus de zèle.

“La Tour de Garde”, 1er avril 1928

“La Tour de Garde”, 15 juin 1927

“La Tour de Garde”, 15 août 1922

[Illustrations, page 640]

À mesure que l’organisation théocratique passait au premier plan, ceux qui cherchaient à être en vue étaient écartés par le crible.