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Les missionnaires étendent l’œuvre au monde entier

Les missionnaires étendent l’œuvre au monde entier

Chapitre 23

Les missionnaires étendent l’œuvre au monde entier

L’ACTIVITÉ zélée de missionnaires disposés à se rendre où que l’on ait besoin d’eux a beaucoup contribué à ce que le Royaume de Dieu soit proclamé dans le monde entier.

La Watch Tower Bible and Tract Society a envoyé des missionnaires hors de leur pays d’origine bien avant d’ouvrir une école dans ce but. Le premier président de la Société, Charles Russell, était conscient de la nécessité d’inviter des prédicateurs compétents à aller à l’étranger afin d’y inaugurer et d’y organiser la prédication de la bonne nouvelle. Il a donc demandé à des hommes de se rendre dans diverses parties du monde: Adolf Weber en Europe, Evander Coward aux Antilles, Robert Hollister en Orient, et Joseph Booth en Afrique australe. Malheureusement, ce dernier s’est surtout montré désireux de poursuivre ses propres objectifs; c’est pourquoi, en 1910, on a invité William Johnston, qui se trouvait en Écosse, à se rendre au Nyassaland (aujourd’hui le Malawi), où la mauvaise influence de Booth se faisait particulièrement sentir. Par la suite, frère Johnston a été chargé d’ouvrir une filiale de la Société Watch Tower à Durban (Afrique du Sud), puis a été nommé surveillant de filiale en Australie.

Après la Première Guerre mondiale, Joseph Rutherford a invité davantage de frères encore à partir comme missionnaires; par exemple, Thomas Walder et George Phillips ont quitté la Grande-Bretagne pour l’Afrique du Sud; William Brown, l’île de la Trinité, où il avait été envoyé, pour l’Afrique occidentale; George Young le Canada pour l’Amérique du Sud et l’Europe; Juan Muñiz, lui, s’est rendu en Espagne, puis en Argentine; George Wright et Edwin Skinner en Inde, comme plus tard Claude Goodman, Ron Tippin, et d’autres. Tous ont vraiment fait œuvre de pionniers en se rendant dans des régions où l’on n’avait que peu prêché la bonne nouvelle, voire pas du tout, et en posant un solide fondement en vue de l’accroissement futur de l’organisation.

L’esprit missionnaire en a incité d’autres également à aller prêcher à l’étranger. Citons Kate Goas et sa fille, Marion, qui se sont dépensées avec zèle pendant des années en Colombie et au Venezuela; Joseph Dos Santos, qui a quitté Hawaii pour entreprendre un voyage qui l’a amené à accomplir son ministère pendant 15 ans aux Philippines; également Frank Rice, qui est parti d’Australie à bord d’un cargo pour inaugurer la prédication de la bonne nouvelle sur l’île de Java (aujourd’hui en Indonésie).

Cependant, en 1942 la Société a pris des dispositions pour ouvrir une école spécialement destinée à former des hommes et des femmes disposés à partir comme missionnaires quel que soit l’endroit où l’on ait besoin d’eux dans le monde.

L’École de Galaad

En pleine guerre mondiale, d’un point de vue humain, il pouvait sembler irréaliste de prendre des dispositions en vue d’étendre la prédication du Royaume à d’autres pays que les États-Unis. Pourtant, en septembre 1942, avec une confiance totale en Jéhovah, les administrateurs de deux des principales associations qu’utilisent les Témoins de Jéhovah ont approuvé la proposition de Nathan Knorr d’ouvrir une école destinée à former des missionnaires et d’autres chrétiens appelés à assurer certaines formes de service. Cette école devait s’appeler Galaad, l’Université biblique de la Société Watchtower. Par la suite, ce nom a été changé en Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower. Les cours seraient gratuits et les étudiants logés et nourris par la Société pendant la durée de leur formation.

Au nombre de ceux qui ont été invités à préparer les cours se trouvait Albert Schroeder, qui avait déjà acquis une grande expérience comme membre du Bureau du service, au siège mondial de la Société, à Brooklyn, et comme surveillant de filiale en Grande-Bretagne. Son optimisme, son abnégation et l’intérêt sincère qu’il portait aux étudiants l’ont rendu cher à tous ceux qu’il a enseignés les 17 années durant lesquelles il a été secrétaire de cette école et instructeur. En 1974, il est devenu membre du Collège central, et l’année suivante il a été appelé à faire partie du Comité pour l’enseignement, comité qui dépend de ce collège.

Frère Schroeder et ses collaborateurs (Maxwell Friend, Eduardo Keller et Victor Blackwell) ont préparé un cours de cinq mois consacré à l’étude de la Bible elle-​même et de l’organisation théocratique; ce cours portait aussi sur les doctrines bibliques, l’art oratoire, la prédication, le service missionnaire, l’histoire religieuse, la loi divine, les relations avec les autorités, le droit international, la tenue des dossiers et l’étude d’une langue étrangère. Le programme a subi des modifications au fil des ans, mais l’étude de la Bible elle-​même et l’importance de l’œuvre d’évangélisation sont restées la préoccupation première. Le but de ce cours est d’affermir la foi des étudiants, de les aider à développer les qualités spirituelles nécessaires pour vaincre les difficultés propres au service missionnaire. L’accent est mis sur l’importance de compter entièrement sur Jéhovah et de lui être fidèle (Ps. 146:1-6; Prov. 3:5, 6; Éph. 4:24). Les étudiants ne sont pas instruits pour avoir réponse à tout, mais on leur apprend à faire des recherches et on les aide à comprendre pourquoi les Témoins de Jéhovah croient telle ou telle chose et pourquoi ils tiennent à agir de telle ou telle façon. Ils apprennent à discerner les principes dont il faut tenir compte. C’est ainsi qu’est posé le fondement de leurs progrès futurs.

Les invitations pour la première classe ont été envoyées le 14 décembre 1942, et c’est en plein hiver que les 100 étudiants la composant sont entrés dans les locaux de l’école, à South Lansing, dans le nord de l’État de New York. Ils étaient pleins de bonne volonté, empressés, mais aussi quelque peu nerveux. Bien que le cours fût leur préoccupation immédiate, ils ne pouvaient s’empêcher de se demander dans quelle partie du monde ils allaient être envoyés après la remise des diplômes.

Dans un discours qu’il a prononcé devant cette première classe le 1er février 1943, le jour de l’ouverture de l’école, frère Knorr a déclaré: “Vous allez recevoir une formation particulière en vue d’accomplir une œuvre semblable à celle de l’apôtre Paul, de Marc, de Timothée et d’autres évangélisateurs qui ont voyagé dans toutes les parties de l’Empire romain pour proclamer le message du Royaume. Ils devaient puiser de la force dans la Parole de Dieu. Ils devaient bien connaître Ses desseins. En de nombreux endroits, ils ont dû comparaître seuls devant des personnages haut placés et des puissants du monde. Il vous arrivera peut-être la même chose; et Dieu sera votre force dans cette situation.

“Il y a de nombreux endroits où le témoignage du Royaume n’a pas été beaucoup donné. Les habitants de ces territoires vivent dans les ténèbres où les maintient la fausse religion. Dans certains de ces pays où il n’y a que peu de Témoins, on a remarqué que les personnes bien disposées écoutent attentivement le message et se joindraient à l’organisation du Seigneur si elles étaient convenablement enseignées. S’il y avait plus d’ouvriers dans le champ, il serait à coup sûr possible de toucher des centaines, voire des milliers de ces gens. Mais par la grâce du Seigneur, il y aura davantage d’ouvriers.

“Cette université NE FERA PAS de vous des ministres ordonnés, car vous êtes déjà des ministres actifs depuis des années (...). Le programme d’étude établi par cette université a uniquement pour but de vous préparer à devenir des ministres plus capables dans les territoires où vous serez envoyés. (...)

“Votre tâche principale consiste à prêcher l’évangile du Royaume de maison en maison à l’exemple de Jésus et de ses apôtres. Quand vous aurez trouvé une oreille attentive, prenez des dispositions pour faire une nouvelle visite; commencez une étude biblique à domicile et organisez dans la ville un groupe [une congrégation] qui sera composé de ces personnes bien disposées. Non seulement il vous appartient de former un groupe, mais vous devez encore aider ceux qui en sont membres à comprendre la Parole, les affermir, leur parler personnellement de temps à autre, les aider au cours des réunions de service et sur le plan de l’organisation. Quand ils seront forts et pourront se diriger seuls et s’occuper du territoire, vous pourrez alors vous rendre dans une autre ville, afin d’y prêcher le Royaume. De temps en temps, il vous faudra peut-être revenir pour les affermir dans la très sainte foi et pour les redresser sur le plan doctrinal; vous serez donc chargés de veiller sur les ‘autres brebis’ du Seigneur, et de ne pas les abandonner (Jean 10:16). En fait, votre tâche consiste à aider les personnes bien disposées. Vous devrez faire preuve d’initiative, tout en recherchant la direction divine *.”

Cinq mois plus tard, les étudiants de cette première classe avaient reçu leur formation spéciale. Une fois les visas obtenus et leur voyage organisé, ils ont commencé à se rendre dans neuf pays d’Amérique latine. Trois mois après la remise des diplômes, les premiers missionnaires de Galaad quittaient les États-Unis pour se rendre à Cuba. En 1992, plus de 6 500 étudiants originaires d’au moins 110 pays avaient été formés puis envoyés dans plus de 200 pays et archipels.

Jusqu’à sa mort, survenue 34 ans après l’inauguration de l’École de Galaad, frère Knorr s’est personnellement beaucoup intéressé à l’activité des missionnaires. Dans toute la mesure du possible, il rendait visite plusieurs fois à chacune des classes en formation, prononçait des discours et emmenait avec lui d’autres membres du siège mondial pour qu’ils s’adressent aux étudiants. Après que les diplômés de Galaad eurent commencé leur service à l’étranger, il a lui-​même rendu visite aux groupes de missionnaires, les a aidés à résoudre les difficultés et leur a prodigué les encouragements voulus. Quand les groupes de missionnaires se sont multipliés, il a pris des dispositions pour que d’autres frères compétents effectuent ce genre de visites, afin que tous les missionnaires, où qu’ils se trouvent, soient régulièrement l’objet d’une attention personnelle.

Des missionnaires différents

Les missionnaires de la chrétienté ont ouvert des hôpitaux, des centres de réfugiés et des orphelinats pour combler les besoins matériels des gens. Se présentant comme les défenseurs des pauvres, ils ont également fomenté des révolutions et participé à des guérillas. Par contre, les missionnaires diplômés de l’École de Galaad enseignent aux gens la Bible. Au lieu de construire des églises et d’attendre que les gens viennent à eux, ils vont de maison en maison pour trouver et enseigner ceux qui ont faim et soif de justice.

S’en tenant strictement à la Parole de Dieu, les missionnaires Témoins de Jéhovah expliquent à autrui pourquoi c’est le Royaume de Dieu qui apportera une solution complète et durable aux difficultés de l’humanité (Mat. 24:14; Luc 4:43). Le contraste entre cette activité et celle des missionnaires de la chrétienté a sauté aux yeux de Peter Vanderhaegen en 1951 quand il s’est rendu en Indonésie, où il avait été nommé. Le seul autre passager du cargo sur lequel il voyageait était un missionnaire baptiste. Frère Vanderhaegen a bien essayé de lui parler de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, mais ce baptiste lui a clairement fait comprendre que ce qui lui tenait à cœur, c’était d’aller à Taïwan soutenir Tchang Kaï-chek dans ses efforts pour reprendre le pouvoir en Chine.

Malgré tout, beaucoup de personnes en sont venues à apprécier la valeur des déclarations de la Parole de Dieu. À Barranquilla (Colombie), quand Olaf Olson a donné le témoignage à Antonio Carvajalino, qui soutenait activement un certain parti politique, il ne s’est pas rangé de son côté ni n’a défendu une quelconque autre idéologie politique. Non, il lui a proposé, ainsi qu’à ses sœurs, d’étudier gratuitement la Bible en sa compagnie. Antonio n’a pas tardé à comprendre que le Royaume de Dieu est vraiment le seul espoir pour les pauvres, aussi bien en Colombie que dans le reste du monde (Ps. 72:1-4, 12-14; Dan. 2:44). Ses sœurs et lui sont devenus des serviteurs de Dieu zélés.

Un autre incident qui s’est produit en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) souligne d’une autre manière que les missionnaires Témoins de Jéhovah n’ont absolument rien à voir avec les religions de la chrétienté. Lorsque Donald Morrison s’est présenté chez l’un des missionnaires établis dans ce pays, cet homme a déploré que les Témoins ne respectent pas les limites fixées. De quelles limites parlait-​il? Eh bien, les religions de la chrétienté avaient divisé le pays en régions dans lesquelles chacune avait une sorte de monopole. Les Témoins de Jéhovah ne pouvaient pas se conformer à un tel accord. Jésus avait dit qu’il fallait prêcher le message du Royaume sur toute la terre habitée. À l’évidence, la chrétienté ne le faisait pas. Par contre, les missionnaires formés à Galaad étaient résolus à le faire à fond, par obéissance au Christ.

Ces missionnaires étaient envoyés, non pour être servis, mais pour servir. Sous bien des rapports, il était manifeste que c’était bien leur objectif. Certes, il n’est pas mal d’accepter des dons matériels faits spontanément (et non sollicités) par reconnaissance pour l’aide spirituelle. Toutefois, pour toucher le cœur des gens en Alaska, John Errichetti et Hermon Woodard se sont aperçus qu’il était utile de consacrer ne serait-​ce qu’un peu de temps à travailler de leurs mains pour subvenir à leurs besoins, comme l’apôtre Paul l’avait fait (1 Cor. 9:11, 12; 2 Thess. 3:7, 8). Leur activité principale était la prédication de la bonne nouvelle, mais quand on leur offrait l’hospitalité, ils apportaient leur aide en effectuant certaines tâches nécessaires — par exemple, ils ont bitumé le toit de la maison d’un homme qui avait manifestement besoin d’aide. Et quand ils se déplaçaient de lieu en lieu en bateau, ils prêtaient main-forte au déchargement du fret. Les gens se rendaient vite compte que ces missionnaires ne ressemblaient en rien aux ecclésiastiques de la chrétienté.

Dans certains pays, les missionnaires Témoins de Jéhovah ont dû occuper un emploi pendant quelque temps simplement pour pouvoir s’y établir et y accomplir leur ministère. Ainsi, quand Jesse Cantwell est allé en Colombie, il a enseigné l’anglais à la faculté de médecine d’une université jusqu’à ce que la situation politique change et que les restrictions touchant les activités religieuses soient levées. Il a pu ensuite faire profiter les Témoins de Jéhovah de son expérience en servant à plein temps comme surveillant itinérant.

Pour se rendre dans de nombreux pays, les missionnaires ont dû dans un premier temps se contenter de visas de tourisme qui ne les autorisaient à y demeurer qu’un ou plusieurs mois. À la fin de cette période, il leur fallait sortir du pays et y entrer de nouveau. Mais ils n’ont pas renoncé, jusqu’à obtenir les documents voulus pour être résidents dans le pays. Ils avaient à cœur d’aider les habitants des pays où ils avaient été envoyés.

Ces missionnaires ne se croyaient pas supérieurs aux autochtones. Tel était le cas d’un surveillant itinérant, John Cutforth, qui avait été enseignant au Canada. Il rendait visite aux congrégations ainsi qu’à des Témoins isolés en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il s’asseyait par terre avec eux, mangeait avec eux et acceptait de dormir chez eux sur une natte, à même le sol. Il appréciait leur compagnie lorsqu’il prêchait à pied avec eux. Mais son attitude étonnait les gens, car les pasteurs européens des missions de la chrétienté avaient la réputation de se tenir à l’écart des indigènes, de ne fréquenter leurs paroissiens que brièvement à certaines de leurs réunions, et de ne jamais manger avec eux.

Les gens parmi lesquels les Témoins prêchaient ressentaient l’amour que les missionnaires et l’organisation qui les avait envoyés éprouvaient pour eux. En réponse à un courrier de João Mancoca, un humble Africain détenu dans une colonie pénitentiaire en Afrique-Occidentale portugaise (aujourd’hui l’Angola), la Société Watch Tower a envoyé un missionnaire pour lui fournir de l’aide sur le plan spirituel. Par la suite, repensant à cette visite, Mancoca a déclaré: “Je n’avais plus aucun doute. J’étais persuadé que cette organisation avait le soutien de Dieu. À mon avis, aucune autre Église n’aurait fait cela: envoyer à ses frais un missionnaire dans un pays lointain pour qu’il rende visite à un illustre inconnu pour la simple raison qu’il lui avait adressé un courrier.”

Conditions de vie et coutumes

Bien souvent, les missionnaires étaient envoyés dans des pays où le niveau de vie était loin d’être celui de leur pays d’origine. Quand Robert Kirk est arrivé en Birmanie (le Myanmar) début 1947, les cicatrices de la guerre y étaient toujours visibles, et peu de foyers avaient l’électricité. Dans de nombreux pays, les missionnaires ont découvert que la lessive se faisait à la main sur une planche ou sur des pierres au bord d’une rivière, et non à la machine à laver. Mais étant venus pour enseigner aux gens la vérité biblique, ils se sont adaptés aux conditions locales et se sont dépensés dans le ministère.

Souvent, personne n’était là pour accueillir les missionnaires. C’était à eux de trouver un logement. Quand Charles Eisenhower et 11 autres missionnaires sont arrivés à Cuba en 1943, ils ont dormi à même le sol la première nuit. Le lendemain, ils ont acheté des lits et se sont fabriqué des placards et des meubles de rangement avec des caisses à pommes. Chaque groupe de missionnaires demandait à Jéhovah sa bénédiction pour parvenir à payer le loyer, à s’acheter de la nourriture et à couvrir toutes les autres dépenses indispensables grâce aux contributions reçues en échange de publications et à la modique allocation que la Société Watch Tower accordait aux pionniers spéciaux.

Ils devaient parfois changer leurs habitudes dans le domaine culinaire. Là où il n’y avait pas de réfrigérateurs, ils devaient faire leur marché tous les jours. Dans de nombreux pays, on cuisinait au charbon ou au bois, et non sur une cuisinière électrique ou à gaz. Ainsi, quand ils sont arrivés au Liberia, George et Willa Mae Watkins ont eu la surprise de constater que leur cuisinière consistait en trois malheureuses pierres servant à soutenir un chaudron.

Et l’eau? Voici ce que Ruth McKay a dit concernant sa nouvelle habitation en Inde: ‘C’est une maison comme je n’en ai jamais vu. La cuisine est dépourvue d’évier; il y a simplement un robinet dans un coin et un rebord en béton pour empêcher l’eau de se répandre dans la pièce. L’eau étant souvent coupée dans la journée, il faut en avoir une réserve.’

Certains missionnaires sont tombés malades durant les premiers mois suivant leur arrivée dans le pays, car ils n’étaient pas habitués aux conditions qui y régnaient. Russell Yeatts a eu crise de dysenterie sur crise de dysenterie après son arrivée à Curaçao en 1946. Cependant, un Témoin local avait prononcé une prière si fervente pour remercier Jéhovah de la présence des missionnaires que l’idée de partir ne leur effleurait même pas l’esprit. À leur arrivée en Haute-Volta (aujourd’hui le Burkina Faso), Brian et Elke Wise se sont retrouvés sous un climat délétère et difficile à supporter. Ils ont dû s’habituer à des températures de l’ordre de 43 °C durant la journée. Au cours de leur première année dans ce pays, Elke a été malade pendant plusieurs semaines à cause de la chaleur et du paludisme. L’année suivante, Brian a été alité cinq mois à cause d’une grave hépatite. Mais en peu de temps, ils ont dirigé d’excellentes études bibliques, autant qu’ils pouvaient en diriger — et par la suite plus qu’ils ne le pouvaient. Ce qui les a aidés à persévérer, c’est leur amour pour les autochtones, ainsi que le fait de considérer leur activité comme un privilège et une bonne formation en vue de tout ce que Jéhovah leur réservait pour l’avenir.

Au fil des ans, davantage de missionnaires ont été accueillis par leurs prédécesseurs ou par des Témoins indigènes. Certains ont été envoyés dans des pays où les grandes villes étaient assez modernes. À partir de 1946, la Société Watch Tower s’est aussi efforcée de fournir à chaque groupe de missionnaires un logement convenable, un minimum de meubles et de quoi s’acheter à manger, les libérant ainsi de ce souci et leur permettant de diriger davantage leur attention sur l’œuvre de prédication.

Dans bon nombre d’endroits, leur endurance était mise à l’épreuve quand ils devaient se déplacer. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, après la pluie, plus d’une sœur missionnaire s’est retrouvée obligée de transporter ses affaires dans un sac à dos et de marcher dans la brousse sur un sentier si détrempé que ses chaussures restaient parfois collées dans la boue. En Amérique du Sud, plus d’un missionnaire a senti ses cheveux se dresser sur sa tête en voyageant en autocar sur les étroites routes de montagne des Andes. C’est une expérience inoubliable d’être dans un autocar qui roule tout au bord de la route pour croiser un autre véhicule dans un virage sans rambarde et de sentir qu’il commence à pencher vers le précipice!

Les révolutions semblaient faire partie du paysage politique dans certains pays, mais les missionnaires Témoins de Jéhovah ont gardé présente à l’esprit la déclaration de Jésus selon laquelle ses disciples ne feraient “pas partie du monde”; ils sont donc restés neutres dans ce genre de conflits (Jean 15:19). Ils ont appris à réprimer toute curiosité susceptible de leur faire courir un danger inutile. Souvent, le mieux était tout simplement de rester à l’abri chez soi jusqu’à ce que la situation se calme. Au Viêt Nam, neuf missionnaires habitaient en plein cœur de Saïgon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville) quand la guerre s’est abattue sur cette ville. Ils ont vu les bombes tomber, la ville s’embraser et des milliers de gens fuir pour sauver leur vie. Mais sachant que Jéhovah les avait envoyés là pour communiquer une connaissance vivifiante aux gens affamés de vérité, ils se sont tournés vers lui pour recevoir protection.

Même lorsque la situation était relativement calme, les missionnaires avaient du mal à accomplir leur ministère dans certains quartiers de villes asiatiques. La simple arrivée d’un étranger dans les ruelles d’un quartier pauvre de Lahore (Pakistan) suffisait à attirer une ribambelle d’enfants en loques de tous âges. Ils suivaient le missionnaire de maison en maison en criant et en se bousculant et s’introduisaient souvent dans les maisons derrière lui. Bientôt, toute la rue connaissait la contribution suggérée pour les périodiques et avait entendu dire que l’étranger ‘faisait des chrétiens’. Dans ces conditions, il lui fallait généralement quitter l’endroit. Son départ était fréquemment accompagné de huées, d’applaudissements et, parfois, d’une pluie de pierres.

Les coutumes locales obligeaient souvent les missionnaires à changer certaines habitudes. Au Japon, ils ont appris à se déchausser avant d’entrer chez quelqu’un. Ils ont dû aussi s’habituer, dans la mesure du possible, à s’asseoir par terre devant une table basse lors des études de la Bible. Dans certaines régions d’Afrique, ils ont découvert qu’il était insultant de donner quelque chose de la main gauche. Et ils ont constaté que, dans cette partie du monde, il est contraire aux bonnes manières de révéler le but de sa visite avant d’avoir un peu discuté de choses et d’autres — de s’être mutuellement enquis de sa santé, d’avoir indiqué d’où l’on vient, combien d’enfants l’on a, etc. Au Brésil, les missionnaires ont remarqué qu’au lieu de frapper à la porte il fallait généralement frapper dans ses mains devant l’entrée, afin d’appeler l’occupant de la maison.

Au Liban, les missionnaires ont découvert des coutumes d’une autre sorte. Peu de frères emmenaient leur femme et leurs filles aux réunions. Celles qui y assistaient s’asseyaient toujours au fond, jamais parmi les hommes. Les missionnaires, qui ne connaissaient pas cette coutume, ont jeté le trouble lorsqu’ils ont assisté à leur première réunion. Un couple s’est assis vers l’avant, et les sœurs célibataires là où il y avait une place libre. Mais après la réunion, une discussion des principes chrétiens a permis d’éclaircir la question (voir Deutéronome 31:12; Galates 3:28). La ségrégation a pris fin. Davantage de femmes et de filles de Témoins sont venues aux réunions. Elles ont également prêché de maison en maison avec les sœurs missionnaires.

Apprendre une langue: un défi

Les quelques missionnaires arrivés en Martinique en 1949 avaient une connaissance très limitée du français, mais ils savaient que les insulaires avaient besoin d’entendre le message du Royaume. Avec une foi authentique, ils se sont mis à aller de porte en porte, essayant de lire quelques versets de la Bible ou un passage de la publication qu’ils proposaient. Petit à petit, leur français s’est amélioré.

Certes, les missionnaires désiraient aider les Témoins et les personnes bien disposées de l’endroit où ils étaient envoyés, mais c’était souvent eux qui devaient d’abord être aidés — pour apprendre la langue. Ceux qui ont été envoyés au Togo ont constaté que la grammaire de l’éwé, langue dominante dans ce pays, était tout à fait différente de celle des langues européennes, et que le ton sur lequel un mot est prononcé peut en changer le sens. Ainsi, le mot de deux lettres to, quand on le prononce sur un ton montant, peut signifier oreille, montagne, beau-père ou tribu; sur un ton descendant, il signifie buffle. Les missionnaires qui ont été envoyés au Viêt Nam ont dû apprendre une langue qui emploie six tons différents pour n’importe quel mot, chaque ton conférant à ce terme un sens particulier.

Edna Waterfall, qui a été envoyée au Pérou, n’est pas prête d’oublier la première personne à qui elle a essayé de prêcher en espagnol. Prise d’une sueur froide, elle a récité tant bien que mal la présentation qu’elle avait apprise, a proposé une publication et a pris rendez-vous pour étudier la Bible avec cette dame âgée. Celle-ci lui a dit alors dans un anglais parfait: “Très bien! tout cela est excellent. J’étudierai avec vous et nous ne parlerons qu’en espagnol pour vous aider à apprendre cette langue.” Interloquée, Edna lui a répondu: “Vous parlez anglais? Et vous m’avez laissée vous expliquer tout cela dans mon espagnol écorché?” “C’était un bon exercice pour vous”, lui a fait remarquer son interlocutrice. Et de fait, c’en était un! Comme Edna s’en est vite rendu compte, il est important de s’exprimer dans une langue pour l’apprendre.

En Italie, quand George Fredianelli a essayé de parler la langue du pays, il a remarqué que les gens ne comprenaient pas ce qu’il pensait être des expressions italiennes (mais qui, en fait, étaient des mots anglais italianisés). Pour surmonter cette difficulté, il a décidé de rédiger entièrement ses discours, et de les prononcer devant les congrégations à l’aide d’un manuscrit. Mais nombre de ses auditeurs s’endormaient. Il a donc mis de côté ses manuscrits, s’est exprimé librement et a demandé à l’assistance de l’aider quand il n’arrivait pas à finir une phrase. Cela a tenu ses auditeurs éveillés et l’a aidé à progresser.

Pour que les missionnaires connaissent les premiers rudiments d’une langue qu’ils allaient devoir parler, on a donné aux premières classes de Galaad des cours de langues comme l’espagnol, le français, l’italien, le portugais, le japonais, l’arabe et l’ourdou. Avec le temps, plus de 30 langues ont été enseignées. Mais comme les diplômés d’une classe donnée n’allaient pas tous dans des pays où l’on parlait la même langue, par la suite ces cours de langue ont été remplacés par une période d’étude intensive sous la direction d’un enseignant à leur arrivée dans leur territoire. Pendant le premier mois, les nouveaux venus se plongeaient complètement dans l’étude de la langue 11 heures par jour; le mois suivant, ils passaient la moitié de leur temps à apprendre cette langue chez eux, et l’autre moitié à utiliser en prédication ce qu’ils savaient.

On s’est toutefois rendu compte que l’emploi effectif de la langue dans la prédication est un facteur majeur de progrès; on a donc apporté une modification: pendant les trois premiers mois suivant leur arrivée, les nouveaux missionnaires qui ne connaissaient pas la langue du pays passeraient quatre heures par jour à l’apprendre avec un enseignant compétent et appliqueraient aussitôt leurs nouvelles connaissances en prêchant le Royaume de Dieu aux gens du territoire.

De nombreux missionnaires ont travaillé en groupe pour améliorer leur connaissance de la langue. Chaque jour au petit déjeuner, ils discutaient de quelques mots nouveaux, parfois jusqu’à une vingtaine, puis ils s’efforçaient de les utiliser dans le ministère.

Leur apprentissage de la langue du pays les a beaucoup aidés à gagner la confiance des gens. Les habitants de certains pays ont une certaine méfiance envers les étrangers. Hugh et Carol Cormican, qui ont été missionnaires dans cinq pays d’Afrique avant et depuis leur mariage, sont bien conscients de la méfiance qui existe souvent entre Africains et Européens. Malgré tout, ils déclarent: “Ce sentiment se dissipe rapidement quand on parle la langue locale. De plus, des personnes qui n’ont pas envie d’écouter la bonne nouvelle quand elle leur est présentée par des compatriotes acceptent de nous écouter, de prendre des publications et d’étudier, parce que nous avons fait l’effort de parler avec eux dans leur langue.” Pour parvenir à ce résultat, frère Cormican a appris cinq langues, en plus de l’anglais, et sœur Cormican six.

Bien sûr, tout ne va pas toujours comme on le voudrait quand on apprend une langue. À Porto Rico, un Témoin qui proposait de faire écouter l’enregistrement d’un sermon biblique à des gens fermait son phonographe et se rendait à la porte suivante quand la personne lui répondait: “¡Cómo no!” Pour lui, cela voulait dire “non”. Il lui a fallu un certain temps pour découvrir qu’en réalité cette expression signifie “Pourquoi pas?” D’un autre côté, les missionnaires ne comprenaient pas toujours leurs interlocuteurs quand ceux-ci disaient que le message ne les intéressait pas, et ils continuaient donc à leur donner le témoignage. Ce genre de quiproquos a valu des bienfaits à quelques personnes sympathiques.

Il survenait également des situations cocasses. À Singapour, Leslie Franks a appris qu’il devait veiller à ne pas dire “noix de coco” (kelapa) quand il voulait dire “tête” (kepala), ni “herbe” (rumput) quand il voulait dire “cheveu” (rambut). Aux Samoa, à cause d’une erreur de prononciation, un missionnaire a demandé à un autochtone: “Comment va votre barbe?” (cet homme n’en portait d’ailleurs pas), alors qu’il voulait poliment s’enquérir de la femme de cet homme. En Équateur, un conducteur d’autobus ayant démarré un peu sèchement, Zola Hoffman, qui était debout, a perdu l’équilibre et a atterri sur les genoux d’un passager. Embarrassée, elle a essayé de s’excuser, mais ce sont les mots “Con su permiso” (Avec votre permission) qui lui sont venus à l’esprit. Quand, sans sourciller, l’homme lui a répondu: “Je vous en prie, Madame”, il y a eu un éclat de rire général dans l’autobus.

Malgré tout, les efforts des missionnaires ne tardaient pas à produire du fruit. Lois Dyer, qui est arrivée au Japon en 1950, se rappelle le conseil que lui a donné frère Knorr: “Fais de ton mieux; même si tu commets des erreurs, fais quelque chose!” C’est ce qu’elle a fait, comme beaucoup d’autres. Au cours des 42 années suivantes, les missionnaires envoyés au Japon ont vu le nombre des proclamateurs du Royaume dans ce pays passer de quelques-uns à plus de 170 000, et l’accroissement n’a pas cessé. Quelle récompense pour avoir accepté de relever le défi, après s’être tournés vers Jéhovah pour bénéficier de sa direction!

Ils inaugurent l’œuvre dans certains territoires, lui font prendre son essor dans d’autres

Dans quantité de pays et d’archipels, ce sont des missionnaires formés à Galaad qui ont inauguré l’œuvre du Royaume ou qui lui ont donné l’impulsion nécessaire pour se développer là où d’autres avaient déjà prêché un peu. Ils ont été, semble-​t-​il, les premiers Témoins de Jéhovah à annoncer la bonne nouvelle en Somalie, au Soudan, au Laos et dans quantité d’archipels à travers le globe.

Des prédicateurs avaient déjà quelque peu prêché en Bolivie, en République dominicaine, en Équateur, au Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en Éthiopie, en Gambie, au Liberia, au Cambodge, à Hong-Kong, au Japon et au Viêt Nam. Toutefois, aucun Témoin de Jéhovah ne remettait de rapport d’activité dans ces pays quand les premiers missionnaires diplômés de l’École de Galaad sont arrivés. Là où ils l’ont pu, les missionnaires ont entrepris de parcourir le pays de façon systématique, en concentrant d’abord leurs efforts sur les grandes villes. Ils ne se sont pas contentés de distribuer des publications puis de s’en aller, comme les colporteurs du passé. Non, ils sont revenus voir avec patience les personnes qui manifestaient de l’intérêt, ont étudié la Bible avec elles et les ont formées dans le ministère.

Ailleurs, il n’y avait qu’une dizaine de proclamateurs du Royaume (souvent même moins) avant l’arrivée des missionnaires diplômés de l’École de Galaad. C’était le cas en Colombie, au Guatemala, en Haïti, à Porto Rico, au Venezuela, au Burundi, en Côte d’Ivoire, au Kenya, à l’île Maurice, au Sénégal, au Sud-Ouest Africain (aujourd’hui la Namibie), à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), en Chine, à Singapour et dans de nombreux archipels. Par leur zèle, les missionnaires ont donné l’exemple dans le ministère, ont aidé les Témoins indigènes du pays à devenir plus efficaces, ont organisé des congrégations et ont soutenu leurs frères pour qu’ils se qualifient et donnent l’exemple dans l’activité. Dans de nombreux cas, ils ont aussi inauguré l’œuvre de prédication dans des régions où personne n’avait encore jamais prêché.

Grâce à leur aide, le nombre des Témoins a commencé à augmenter. La plupart de ces pays comptent maintenant des milliers de Témoins de Jéhovah actifs. Dans certains, ils sont des dizaines de milliers, voire plus de cent mille, à louer Jéhovah.

Des gens avides de connaissance

En certains lieux, les missionnaires ont trouvé des gens avides de connaissance. Quand Ted et Doris Klein, diplômés de la première classe de Galaad, sont arrivés aux îles Vierges en 1947, il y avait tant de personnes désireuses d’étudier la Bible qu’il leur arrivait souvent de ne pas terminer leur journée de prédication avant minuit. Quand frère Klein a prononcé son premier discours à Charlotte Amalie, sur la Place du Marché, on a dénombré une assistance d’un millier de personnes.

Joseph McGrath et Cyril Charles ont été envoyés à Taïwan, dans le territoire de la tribu Amis, en 1949. Ils ont habité dans des maisons au toit de chaume et au sol de terre battue. Mais ils étaient là pour aider les gens. Certains membres de la tribu s’étaient procuré des publications de la Société Watch Tower, avaient beaucoup apprécié leur lecture et parlaient de la bonne nouvelle autour d’eux. Maintenant, les missionnaires étaient là pour les aider à progresser sur le plan spirituel. On leur avait dit que 600 personnes s’intéressaient à la vérité, mais en tout 1 600 personnes ont assisté aux réunions qu’ils ont tenues dans un village après l’autre. Ces gens humbles étaient désireux d’apprendre, mais ils n’avaient pas la connaissance exacte sur de nombreux sujets. Avec patience, les missionnaires ont commencé à les enseigner, en ne traitant qu’un point à la fois. Il leur est souvent arrivé de consacrer huit heures ou plus à l’examen d’un thème par questions et réponses dans chaque village. Ils ont aussi formé les 140 personnes qui ont exprimé le désir de participer à la prédication de maison en maison. Quels moments joyeux pour les missionnaires! Il restait toutefois beaucoup à faire pour consolider ces progrès spirituels.

Une douzaine d’années plus tard, Harvey et Kathleen Logan, missionnaires formés à Galaad qui prêchaient au Japon, ont été chargés d’apporter une aide supplémentaire aux Témoins appartenant à la tribu Amis. Frère Logan a passé beaucoup de temps à les aider à comprendre les doctrines et les principes bibliques fondamentaux, ainsi que des questions d’organisation. Quant à sœur Logan, tous les jours elle prêchait avec les sœurs Amis, après quoi elle s’efforçait d’étudier les principales vérités bibliques avec elles. Puis, en 1963, dans le cadre d’une assemblée tenue dans le monde entier, la Société Watch Tower a prévu que des délégués originaires de 28 pays se rassemblent avec les Témoins de cette région à Shou Feng. Toutes ces dispositions ont jeté les premières bases de l’accroissement à venir.

En 1948, deux missionnaires, Harry Arnott et Ian Fergusson, sont arrivés en Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie). À l’époque, il y avait déjà 252 congrégations de Témoins africains dans ce pays, mais on allait désormais s’occuper aussi des Européens qui s’y étaient installés pour travailler dans les mines de cuivre. Les résultats ont été très encourageants. On a distribué de nombreuses publications, et les personnes qui ont accepté d’étudier la Bible ont progressé rapidement. Cette année-​là, le nombre des Témoins participant à la prédication s’est accru de 61 %.

Dans de nombreux endroits, il n’était pas rare que les missionnaires doivent inscrire sur une liste d’attente les gens désireux d’étudier la Bible. Il arrivait que des parents, des voisins et autres amis assistent aussi aux études. Avant même de bénéficier de leur propre étude biblique, certains assistaient régulièrement aux réunions tenues à la Salle du Royaume.

Dans d’autres pays, par contre, la moisson était minime malgré les efforts soutenus des missionnaires. Dès 1953, la Société Watch Tower a envoyé des missionnaires au Pakistan oriental (aujourd’hui le Bangladesh), où la population, qui dépasse maintenant les 115 000 000 d’âmes, se compose principalement de musulmans et d’hindous. On a fait beaucoup pour aider ces gens. Pourtant, en 1992, il n’y avait que 42 adorateurs de Jéhovah dans ce pays. Toutefois, aux yeux des missionnaires qui prêchent dans de tels pays, les personnes qui embrassent le vrai culte sont toutes particulièrement précieuses, tant elles sont rares.

Ils aident avec amour les autres Témoins

L’activité principale des missionnaires consiste à évangéliser, à prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Cependant, tout en participant à cette activité, il leur est également possible d’apporter une grande aide aux Témoins de l’endroit. Les missionnaires les invitent à prêcher avec eux et leur offrent des suggestions sur la manière de faire face aux situations difficiles. En les observant, leurs compagnons ont souvent appris à accomplir leur ministère de façon plus organisée et à enseigner plus efficacement. De leur côté, les missionnaires ont été aidés par ces Témoins à s’adapter aux coutumes du pays.

À son arrivée au Portugal en 1948, John Cooke a organisé la prédication systématique de maison en maison. Les Témoins portugais étaient pleins de bonne volonté, mais beaucoup avaient besoin d’être formés. Voici ce qu’il a relaté par la suite: “Je n’oublierai jamais l’une des premières fois où j’ai prêché en compagnie des sœurs de la ville d’Almada. En effet, six d’entre elles se sont dirigées vers une seule et même porte. Imaginez-​vous six femmes devant une porte pendant que l’une d’elles prononce un sermon! Mais heureusement, peu à peu les choses ont commencé à prendre tournure et à progresser.”

Aux îles Sous-le-Vent, l’exemple de courage des missionnaires a incité les Témoins à faire preuve de hardiesse, à ne pas se laisser intimider par ceux qui essayaient d’entraver l’œuvre. La foi dont un missionnaire a fait preuve en Espagne a aidé les Témoins de ce pays à participer au ministère de maison en maison malgré la dictature fasciste soutenue à l’époque par le catholicisme. Les missionnaires qui ont été envoyés au Japon après la Seconde Guerre mondiale ont épuisé des trésors de tact; ils n’ont pas ressassé l’échec essuyé par la religion d’État, l’empereur japonais ayant renoncé à sa divinité, mais ont plutôt apporté des preuves convaincantes de l’existence du Créateur.

Les Témoins du pays observaient les missionnaires et étaient souvent profondément touchés par des choses dont les missionnaires n’avaient pas toujours conscience sur le moment. À la Trinité, des années plus tard, on parle encore de faits qui ont mis en évidence l’humilité des missionnaires, leur volonté de surmonter les difficultés et leur zèle dans le service de Jéhovah malgré la chaleur. En Corée, les Témoins ont été grandement impressionnés par l’abnégation des missionnaires qui, pendant dix ans, n’ont pas quitté le pays pour rendre visite à leur famille parce que le gouvernement coréen ne laissait revenir les étrangers qu’exceptionnellement, pour des raisons “humanitaires”.

Pendant et après leur formation à Galaad, la plupart des missionnaires avaient vu de près le fonctionnement du siège mondial de l’organisation visible de Jéhovah. Ils avaient souvent eu l’occasion de discuter avec des membres du Collège central. Par la suite, là où ils étaient envoyés comme missionnaires, ils pouvaient transmettre aux Témoins et aux personnes qui s’intéressaient au message ce qu’ils avaient appris sur l’organisation en la voyant fonctionner et leur dire combien ils l’appréciaient. Souvent, ils insufflaient une profonde reconnaissance pour le fonctionnement théocratique de l’organisation et cela contribuait beaucoup à l’accroissement.

Dans la plupart des endroits où les missionnaires étaient envoyés, aucune réunion chrétienne n’était encore organisée. Ils prenaient donc les dispositions voulues, dirigeaient les réunions et présentaient la plupart des exposés jusqu’à ce que d’autres soient en mesure de recevoir ces privilèges. Ils formaient constamment leurs frères pour qu’ils puissent endosser des responsabilités (2 Tim. 2:2). Au départ, c’était généralement la maison de missionnaires qui servait de lieu de réunion, puis des Salles du Royaume ont ouvert leurs portes.

Là où il y avait déjà des congrégations, les missionnaires contribuaient à rendre les réunions plus intéressantes et instructives. Leurs commentaires soigneusement préparés étaient appréciés et servaient bientôt de modèle que les autres assistants essayaient d’imiter. Tirant profit de la formation reçue à Galaad, les frères donnaient un excellent exemple pour ce qui est de s’exprimer et d’enseigner en public, et ils étaient heureux de consacrer du temps à leurs frères pour les aider à progresser dans ce domaine. Dans les pays où les gens étaient par nature insouciants et peu ponctuels, les missionnaires leur ont aussi patiemment fait comprendre l’importance de commencer les réunions à l’heure et ont encouragé chacun à arriver à temps.

En certains endroits, ils ont découvert des situations qui soulignaient la nécessité d’amener les Témoins à discerner l’importance de respecter les normes de justice de Jéhovah. Au Botswana, par exemple, ils ont remarqué que les sœurs mettaient toujours à leurs bébés des chaînettes ou des bracelets censés les protéger, ne discernant pas pleinement que cette coutume plongeait ses racines dans la superstition et la sorcellerie. Au Portugal, ils ont été confrontés à des situations qui causaient la désunion. Grâce à l’aide qu’ils ont apportée avec patience, amour, et fermeté au besoin, ils ont contribué au rétablissement spirituel de leurs compagnons.

Les missionnaires à qui ont été confiées des fonctions de surveillance en Finlande ont consacré beaucoup de temps et d’énergie à apprendre à leurs frères comment analyser les problèmes à la lumière des principes bibliques pour parvenir à une conclusion conforme à la pensée de Dieu. En Argentine, ils ont également montré à leurs frères l’intérêt d’avoir un programme, ainsi que la façon et l’importance de tenir les dossiers. En Allemagne, ils ont aidé des frères fidèles, mais qui étaient rigides à certains égards parce qu’ils avaient dû lutter pour survivre dans les camps de concentration, à imiter plus pleinement la douceur avec laquelle Jésus Christ a fait paître le troupeau de Dieu. — Mat. 11:28-30; Actes 20:28.

Certains missionnaires ont été amenés à rencontrer des représentants du gouvernement, à répondre à leurs questions et à solliciter la reconnaissance officielle de l’œuvre des Témoins de Jéhovah. Par exemple, sur une période de près de quatre années, frère Joly, qui a été envoyé au Cameroun avec sa femme, a essayé à plusieurs reprises d’obtenir la reconnaissance officielle de l’œuvre. Il s’est souvent entretenu avec de hauts responsables français et africains. Finalement, à la suite d’un changement de gouvernement, l’œuvre a été officiellement reconnue. À ce moment-​là, les Témoins prêchaient au Cameroun depuis 27 ans et étaient déjà plus de 6 000.

Les difficultés du service itinérant

Certains missionnaires ont été invités à être surveillants itinérants. Il en manquait particulièrement en Australie, où les efforts de certains Témoins avaient été malheureusement détournés de la cause du Royaume vers la poursuite d’objectifs profanes pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec le temps, les choses ont été redressées, et en 1947, lors d’une visite, frère Knorr a souligné l’importance de toujours accorder la priorité à la prédication du Royaume. Par la suite, l’enthousiasme, le bel exemple et les méthodes d’enseignement des diplômés de Galaad qui servaient comme surveillants de circonscription et de district ont contribué à l’édification spirituelle des Témoins australiens.

Il fallait souvent être prêt à déployer de grands efforts et à braver le danger pour prendre part au service itinérant. Wallace Liverance a constaté que la seule façon d’atteindre une famille de proclamateurs isolés à Volcán (Bolivie) était de parcourir à pied 90 kilomètres sur un terrain rocailleux et aride, sous un soleil de plomb à une altitude d’environ 3 400 mètres, tout en portant sac de couchage, nourriture, eau et publications. Pour visiter certaines congrégations des Philippines, Neal Callaway prenait souvent des autobus de campagne pleins de voyageurs, mais aussi d’animaux et de bagages divers. Richard Cotterill a commencé son activité de surveillant itinérant en Inde à une époque où des milliers de gens étaient tués à cause de la haine religieuse. Un jour qu’il devait rendre visite à des Témoins vivant dans un endroit où avaient lieu des émeutes, l’employé de la gare a essayé de le dissuader d’entreprendre le voyage, qui a d’ailleurs été un cauchemar pour la plupart des passagers. Mais frère Cotterill avait un profond amour pour ses frères, où qu’ils vivent et quelle que soit leur langue. Plaçant sa confiance en Jéhovah, il s’est dit: “Si c’est la volonté de Jéhovah, je m’efforcerai d’aller là-bas.” — Jacq. 4:15.

Ils encouragent le service à plein temps

Par leur zèle, les missionnaires ont incité beaucoup de ceux qu’ils ont enseignés à suivre leur exemple en entreprenant le service à plein temps. Au Japon, où 168 missionnaires ont été envoyés, il y avait 75 956 pionniers en 1992; plus de 40 % des proclamateurs japonais étaient dans une forme ou une autre du service à plein temps. En République de Corée, la proportion était du même ordre.

Beaucoup de ministres à plein temps originaires de pays où la proportion des Témoins par rapport à la population est assez élevée ont été invités à suivre les cours de l’École de Galaad, puis ont été envoyés dans d’autres pays. Un grand nombre de missionnaires sont originaires des États-Unis et du Canada; environ 400 de Grande-Bretagne; plus de 240 d’Allemagne; plus de 150 d’Australie; plus de 100 de Suède, outre les groupes relativement importants provenant du Danemark, de Finlande, d’Hawaii, de Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas, etc. Certains pays qui ont reçu l’aide de missionnaires en ont eux-​mêmes fourni par la suite.

Ils comblent les besoins au sein d’une organisation en expansion

Au fur et à mesure que l’organisation a grandi, les missionnaires ont endossé davantage de responsabilités. Un nombre considérable d’entre eux sont anciens ou serviteurs ministériels dans les congrégations qu’ils ont contribué à former. Dans beaucoup de pays, ils ont été les premiers surveillants de circonscription et de district. Quand la Société a jugé utile d’ouvrir de nouvelles filiales, un bon nombre de missionnaires ont été chargés d’assurer leur fonctionnement. Dans certains cas, ceux qui ont acquis une connaissance suffisante de la langue ont été invités à participer à la traduction et à la correction de publications bibliques.

Mais leur plus grande récompense a été de voir ceux avec qui ils avaient étudié la Parole de Dieu, ou des Témoins qu’ils avaient aidés à progresser sur le plan spirituel, se qualifier pour assumer de telles responsabilités. Ainsi, au Pérou, un couple de missionnaires a eu la joie de voir certains de ceux avec qui ils avaient étudié devenir pionniers spéciaux, contribuer à l’affermissement de nouvelles congrégations et inaugurer de nouveaux territoires. À Sri Lanka, l’un des membres du Comité de la filiale vient d’une famille qui a étudié avec un missionnaire. Beaucoup d’autres missionnaires ont connu les mêmes joies.

Mais ils ont aussi rencontré de l’opposition.

Face à l’opposition

Jésus a prévenu ses disciples qu’ils seraient persécutés, tout comme lui (Jean 15:20). Les missionnaires venant généralement de l’étranger, lorsqu’une persécution virulente se déclenchait dans un pays, cela signifiait souvent leur expulsion.

En 1967, Sona Haidostian et ses parents ont été arrêtés à Alep, en Syrie. Ils ont été détenus pendant cinq mois, puis expulsés du pays sans leurs biens. Margarita Königer, originaire d’Allemagne, a été envoyée à Madagascar; mais en raison de multiples expulsions, elle a été envoyée au Kenya, au Dahomey (le Bénin), et en Haute-Volta (le Burkina Faso). Domenick Piccone et sa femme, Elsa, ont été expulsés d’Espagne en 1957 parce qu’ils y prêchaient, puis du Portugal en 1962, et du Maroc en 1969. Toutefois, dans chacun de ces pays, tout en essayant de prévenir les arrêts d’expulsion, ils ont fait œuvre utile. Ils ont donné le témoignage aux autorités. Au Maroc, par exemple, ils ont eu la possibilité de prêcher aux responsables de la Sécurité nationale, à un juge de la Cour suprême, au chef de la police de Tanger et aux consuls américains en place à Tanger et à Rabat.

L’expulsion des missionnaires ne signifiait pas la fin de l’œuvre des Témoins de Jéhovah, comme certains hauts fonctionnaires le pensaient. Les graines de vérité déjà semées ont souvent continué à germer. Ainsi, au Burundi, le gouvernement a expulsé en 1964 quatre missionnaires qui prêchaient depuis seulement quelques mois dans le pays. Cependant, l’un d’eux a gardé contact par courrier avec un homme qui s’intéressait au message. Celui-ci lui a écrit qu’il étudiait la Bible avec 26 personnes. Un Témoin tanzanien qui s’était installé depuis peu au Burundi a également continué de prêcher avec zèle. Petit à petit, le nombre des proclamateurs a augmenté jusqu’à ce qu’ils soient des centaines à communiquer le message du Royaume à d’autres personnes encore.

Ailleurs, avant de décréter l’expulsion, les autorités ont recouru à des brutalités pour essayer de plier tout le monde à leurs exigences. À Gbarnga (Liberia), en 1963, les soldats ont entouré 400 hommes, femmes et enfants réunis pour une assemblée chrétienne. Ils les ont fait marcher jusqu’à la caserne où ils les ont menacés, battus, et leur ont ordonné à tous — quelles que soient leur nationalité ou leurs croyances religieuses — de saluer le drapeau libérien. Dans le groupe se trouvait Milton Henschel, des États-Unis, ainsi que quelques missionnaires, dont John Charuk, du Canada. L’un des diplômés de Galaad a transigé avec sa conscience, comme il l’avait déjà fait en une autre circonstance (mais en secret), ce qui a sans nul doute contribué à ce que d’autres cèdent également. Il est devenu facile de distinguer ceux qui craignaient vraiment Dieu de ceux qui avaient la crainte de l’homme (Prov. 29:25). Après cela, le gouvernement a ordonné à tous les Témoins missionnaires venus de l’étranger de quitter le pays; cependant, plus tard la même année, un décret présidentiel les a autorisés à y revenir.

C’était souvent à l’instigation du clergé que les autorités décidaient l’expulsion des missionnaires. Les ecclésiastiques manœuvraient parfois dans l’ombre pour parvenir à leurs fins. À d’autres moments, leurs agissements étaient de notoriété publique. George Koivisto n’oubliera jamais sa première matinée de prédication à Medellín (Colombie). Une foule d’écoliers ont surgi en criant et lui ont jeté des pierres et des morceaux d’argile. Son interlocutrice, qui ne l’avait jamais vu auparavant, l’a vite entraîné à l’intérieur de sa maison et a fermé les volets en bois tout en déplorant la conduite de ces enfants. Quand la police est arrivée, certains ont accusé l’instituteur d’avoir laissé sortir ses élèves de l’école. Mais quelqu’un s’est écrié: “Non, non! C’est le prêtre! Il a dit par les haut-parleurs de laisser sortir les écoliers pour ‘jeter des pierres aux Protestantes’.”

Il fallait un courage conforme à la volonté de Dieu et de l’amour pour les “brebis” dans de telles situations. Elfriede Löhr et Ilse Unterdörfer ont été envoyées dans la vallée de Gastein, en Autriche. Elles y ont rapidement distribué de nombreuses publications bibliques parmi les personnes affamées sur le plan spirituel. Mais les ecclésiastiques ont décidé de contrer leur activité. Ils ont encouragé les écoliers à crier après les missionnaires dans les rues et à passer en avant d’elles pour dire aux gens de ne pas les écouter. Cela a effrayé la population. Mais grâce à leur amour et à leur persévérance, les missionnaires ont pu commencer quelques bonnes études de la Bible. Le jour où un discours biblique a été prévu, le curé s’est posté d’un air provocant devant le lieu de réunion. Cependant, lorsque les missionnaires sont sorties dans la rue pour accueillir les gens, il a disparu. Il est revenu avec un policier dans l’espoir d’interrompre la réunion. Mais ses efforts ont été vains. Avec le temps, une belle congrégation a vu le jour à cet endroit.

Dans les villes proches d’Ibarra (Équateur), Unn Raunholm et Julia Parsons ont eu maintes fois affaire à des foules excitées par un prêtre. Comme celui-ci provoquait un tumulte à chaque fois qu’elles arrivaient à San Antonio, ces missionnaires ont décidé de concentrer leurs efforts sur une autre ville, Atuntaqui. Mais un jour, tout affolé, le chef de la police a demandé à sœur Raunholm de quitter la ville au plus vite. “Le prêtre est en train d’organiser une manifestation contre vous, et mes hommes ne sont pas suffisamment nombreux pour vous protéger”, lui a-​t-​il dit. Elle a un souvenir très net de ce qui s’est passé: “La foule était à nos trousses! Le drapeau blanc et jaune du Vatican flottait en avant du groupe tandis que le prêtre criait des slogans, tels que: ‘Vive l’Église catholique!’ ‘À bas les protestants!’ ‘Vive la virginité de Marie!’ ‘Vive la confession!’ La foule répétait mot pour mot chaque slogan après l’ecclésiastique.” Juste à ce moment-​là, deux hommes ont invité les Témoins à se réfugier dans la Maison des syndicats. Les missionnaires y ont donné le témoignage à des curieux qui entraient pour savoir ce qui se passait. Elles ont pu leur laisser toutes les publications dont elles disposaient.

Des cours conçus pour des besoins particuliers

Depuis l’époque où les premiers missionnaires sont sortis de l’École de Galaad, l’organisation des Témoins de Jéhovah s’est développée à un rythme prodigieux. En 1943, quand l’école a été inaugurée, il n’y avait que 129 070 Témoins dans 54 pays (mais 103 selon les divisions de la carte politique du monde au début des années 90). En 1992, ils étaient en tout 4 472 787 dans 229 pays et archipels. Au fur et à mesure que cet accroissement s’est produit, les besoins de l’organisation ont changé. Des filiales qui s’occupaient à une certaine époque de moins d’une centaine de Témoins répartis en quelques congrégations dirigent maintenant l’activité de dizaines de milliers de Témoins. D’autre part, nombre de ces filiales ont jugé nécessaire d’imprimer des publications sur place pour équiper ceux qui participent à l’œuvre d’évangélisation.

Pour faire face aux nouveaux besoins, 18 ans après l’ouverture de l’École de Galaad, les frères qui devaient assumer de lourdes responsabilités dans les filiales de la Société Watch Tower ont reçu une formation de dix mois au siège mondial de la Société. Certains d’entre eux avaient déjà suivi le cours de cinq mois à Galaad; d’autres pas. Tous allaient pouvoir bénéficier d’une formation spécialement adaptée à leur activité. Les discussions sur la façon d’agir en diverses situations et de régler les questions d’organisation suivant les principes bibliques ont eu un effet unificateur. Le programme incluait une analyse verset par verset de toute la Bible. Il comprenait aussi une étude de l’histoire de la religion, un examen détaillé de la façon de diriger une filiale, un Béthel et une imprimerie; des instructions sur la manière d’organiser la prédication, de former des congrégations et d’inaugurer de nouveaux territoires. Ces cours (dont la dernière session a été réduite à huit mois) ont été donnés au siège mondial, à Brooklyn (New York), de 1961 à 1965. La plupart de ceux qui les ont suivis sont retournés dans les pays où ils accomplissaient leur activité; certains ont été envoyés dans d’autres pays où ils allaient être d’un précieux soutien dans l’œuvre.

Le 1er février 1976, une nouvelle disposition a été mise en place dans les filiales de la Société pour les préparer à l’accroissement auquel on s’attendait en accord avec les prophéties bibliques (És. 60:8, 22). Au lieu d’un seul surveillant de filiale et de son adjoint pour chaque filiale, le Collège central a nommé trois frères qualifiés, ou plus, comme membres d’un Comité de filiale. Dans les grandes filiales, le comité pourrait compter jusqu’à sept membres. Une formation spéciale de cinq semaines dans le cadre de l’École de Galaad, à Brooklyn (New York), a été prévue pour ces frères. Quatorze classes formées de membres des Comités de filiale du monde entier ont reçu cette formation spéciale au siège mondial de fin 1977 à 1980. Cette excellente disposition a permis d’uniformiser et d’affiner les méthodes d’organisation.

L’École de Galaad continuait de former des ministres à plein temps qui avaient des années d’expérience et qui étaient désireux et en mesure de se rendre à l’étranger; cependant, un plus grand nombre pouvaient être employés. Pour accélérer la formation, on a ouvert des annexes de l’École de Galaad en dehors des États-Unis. Ainsi, les étudiants qui y seraient invités n’auraient pas à apprendre l’anglais pour suivre les cours. En 1980-​1981, l’École culturelle de Galaad au Mexique a formé des étudiants d’expression espagnole qui ont contribué à combler un besoin urgent de ministres qualifiés en Amérique centrale et en Amérique du Sud. En 1981-​1982, en 1984, puis de nouveau en 1992, des classes d’une annexe de l’École de Galaad ont également été instruites en Allemagne. De là, les diplômés ont été envoyés en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe de l’Est et dans diverses îles. On a organisé d’autres classes en Inde en 1983.

Les Témoins autochtones pleins de zèle se joignant aux missionnaires pour étendre le témoignage relatif au Royaume, le nombre des Témoins de Jéhovah s’est rapidement accru, et il en est résulté la formation de nouvelles congrégations. Entre 1980 et 1987, le nombre des congrégations dans le monde a augmenté de 27 %, pour atteindre le chiffre total de 54 911. Dans certains pays, beaucoup assistaient aux réunions et participaient à la prédication, mais la plupart des frères étaient baptisés depuis peu. Il y avait un grand besoin de chrétiens expérimentés pour diriger l’œuvre d’évangélisation. C’est pourquoi, en 1987, dans le cadre du programme d’enseignement de l’École de Galaad, le Collège central a ouvert l’École de formation ministérielle. Le cours de huit semaines comprend une étude approfondie de la Bible, et une attention personnelle est accordée aux progrès spirituels de chaque élève. On y examine les questions d’organisation et les questions judiciaires, ainsi que les responsabilités des anciens et des serviteurs ministériels. Les étudiants reçoivent une formation spéciale dans le domaine de l’art oratoire. Cette école ne perturbe pas les cours normaux de formation des missionnaires, car elle utilise d’autres locaux, dans divers pays. Les diplômés de cette école apportent maintenant une aide fort appréciée en de nombreux endroits du monde.

La formation étendue fournie par Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, s’est donc adaptée aux besoins changeants de l’organisation internationale qui s’accroît rapidement.

“Me voici! Envoie-​moi”

Les missionnaires manifestent un état d’esprit semblable à celui du prophète Ésaïe qui, lorsque Jéhovah lui a offert la possibilité d’accomplir un service spécial, a déclaré: “Me voici! Envoie-​moi.” (Ésaïe 6:8). Leur bonne volonté a incité des milliers de jeunes hommes et de jeunes femmes à quitter leur cadre de vie habituel et leurs proches pour promouvoir l’œuvre divine où que l’on ait besoin d’eux.

La situation familiale de nombreux missionnaires a changé avec le temps. Bon nombre de ceux qui ont eu des enfants après être devenus missionnaires ont pu rester dans le pays où ils se trouvaient, y occuper un emploi et collaborer avec les congrégations. Certains, après des années de service, ont dû rentrer dans leur pays d’origine pour s’occuper de leurs parents âgés, ou pour d’autres raisons. Mais à leurs yeux c’était un privilège d’avoir pu effectuer le service missionnaire le plus longtemps possible.

D’autres ont pu faire du service missionnaire la carrière de leur vie. Pour y parvenir, ils ont dû surmonter des situations éprouvantes. Olaf Olson, qui est missionnaire depuis de nombreuses années en Colombie, a fait cet aveu: “La première année fut la plus pénible.” S’il en a été ainsi, c’est surtout parce qu’il ne pouvait s’exprimer correctement dans sa nouvelle langue. “Si j’avais continué à penser au pays que j’avais quitté, je n’aurais pas été heureux, mais j’avais préparé mon esprit à vivre physiquement et mentalement en Colombie, à faire de mes frères et sœurs dans la vérité des amis, à veiller à ce que ma vie soit entièrement occupée par le ministère. Je me suis bientôt senti chez moi dans le territoire qui m’a été attribué.”

Ce n’est pas forcément parce qu’ils estimaient avoir un cadre de vie idéal que les missionnaires ont persévéré là où ils ont été envoyés. Norman Barber, qui a servi en Birmanie (le Myanmar) et en Inde de 1947 jusqu’à sa mort, survenue en 1986, a dit un jour: “Quand quelqu’un se réjouit d’être employé par Jéhovah, alors n’importe quel endroit est bon pour lui. (...) Pour parler franchement, le climat tropical n’est pas pour moi le climat idéal. La manière de vivre des gens des tropiques n’est pas non plus le genre de vie que je choisirais. Mais il y a des choses plus importantes que de telles banalités. Aider des gens qui vivent réellement dans l’indigence spirituelle est un privilège si grand que nul ne saurait le décrire.”

Beaucoup partagent cette opinion, et cet esprit d’abnégation a grandement contribué à l’accomplissement de la prophétie de Jésus selon laquelle la bonne nouvelle du Royaume doit être prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations, avant que vienne la fin. — Mat. 24:14.

[Note]

^ § 16 La Tour de Garde (angl.), 15 février 1943, pp. 60-64.

[Entrefilet, page 523]

L’accent est mis sur l’importance de compter entièrement sur Jéhovah et de lui être fidèle.

[Entrefilet, page 534]

Un solide sens de l’humour était un atout précieux!

[Entrefilet, page 539]

Patience, aide empreinte d’amour, et fermeté au besoin.

[Entrefilet, page 546]

“Aider des gens qui vivent réellement dans l’indigence spirituelle est un privilège si grand que nul ne saurait le décrire.”

[Encadré, page 533]

Les classes de Galaad

1943-​1960: École à South Lansing (New York). En 35 classes, 3 639 étudiants originaires de 95 pays ont été diplômés, et la plupart ont été envoyés dans le service missionnaire. Des surveillants de circonscription et de district des États-Unis ont également fait partie de ces classes.

1961-​1965: École à Brooklyn (New York). En 5 classes, 514 étudiants ont été diplômés; ils ont été envoyés dans des pays où la Société Watch Tower avait des filiales; la plupart se sont vu confier des tâches administratives. Pour 4 de ces classes, les cours ont duré 10 mois; pour une, ils ont duré 8 mois.

1965-​1988: École à Brooklyn (New York). En 45 classes, qui ont suivi chacune 20 semaines de cours, 2 198 étudiants ont été formés, la plupart pour le service missionnaire.

1977-​1980: École à Brooklyn (New York). Cours de 5 semaines pour les membres des Comités de filiale. Quatorze classes ont été instruites.

1980-​1981: École culturelle de Galaad du Mexique; cours de 10 semaines; 3 classes; 72 diplômés d’expression espagnole ont été préparés en vue d’accomplir leur service en Amérique latine.

1981-​1982, 1984, 1992: Annexe de l’École de Galaad en Allemagne; cours de 10 semaines; 4 classes; 98 étudiants d’expression allemande originaires de différents pays d’Europe.

1983: Classes en Inde; cours de 10 semaines donnés en anglais; 3 groupes; 70 étudiants.

1987- : École de formation ministérielle; cours de 8 semaines qui sont donnés en des endroits choisis dans diverses parties du monde. En 1992, des diplômés de cette école accomplissaient déjà leur activité dans plus de 35 pays autres que leur pays d’origine.

1988- : École à Wallkill (État de New York). Des cours de 20 semaines préparant au service missionnaire y sont actuellement donnés. Il est prévu de transférer cette école au Centre d’enseignement de la Société Watchtower à Patterson (New York), après l’achèvement des travaux.

[Encadré, page 538]

Des étudiants venus du monde entier

Les étudiants qui ont suivi les cours de l’École de Galaad représentent un grand nombre de nationalités et sont venus de plus de 110 pays.

La première classe internationale a été la sixième, en 1945-​1946.

On a demandé aux autorités américaines d’autoriser l’admission d’élèves étrangers en leur accordant un visa d’étudiant non immigrant. Cette demande a amené le ministère de l’Éducation des États-Unis à reconnaître que l’École de Galaad dispense une instruction comparable à celle des grandes écoles professionnelles et des établissements d’enseignement. Ainsi, depuis 1953, Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, figure sur la liste des établissements d’enseignement agréés fournie aux consuls américains du monde entier. Le 30 avril 1954, le nom de cette école a été inclus dans la publication de langue anglaise “Établissements d’enseignement agréés par le ministère de la Justice”.

[Illustrations, page 522]

Première classe de l’École de Galaad.

[Illustration, page 524]

Albert Schroeder examine les caractéristiques du tabernacle avec des étudiants de Galaad.

[Illustration, page 525]

Maxwell Friend donne un cours dans l’amphithéâtre de l’École de Galaad.

[Illustrations, page 526]

Les remises des diplômes aux étudiants de Galaad ont été des moments spirituels marquants

... lors de grandes assemblées (New York, 1950).

... sur le campus de l’école (où l’on voit Nathan Knorr faire un discours devant la bibliothèque de l’école, en 1956).

[Illustrations, page 527]

Campus de l’École de Galaad, à South Lansing (New York), dans les années 50.

[Illustration, page 528]

Hermon Woodard (à gauche) et John Errichetti (à droite) en prédication en Alaska.

[Illustration, page 529]

John Cutforth se servant de supports visuels pour enseigner en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

[Illustration, page 530]

Missionnaires en Irlande avec un surveillant de district, en 1950.

[Illustration, page 530]

Diplômés en route vers leurs territoires en Extrême-Orient, en 1947.

[Illustration, page 530]

Quelques missionnaires et d’autres prédicateurs au Japon, en 1969.

[Illustrations, page 530]

Missionnaires au Brésil, en 1956

... en Uruguay, en 1954

... en Italie, en 1950.

[Illustration, page 530]

Les quatre premiers missionnaires formés à Galaad envoyés à la Jamaïque.

[Illustration, page 530]

Première maison de missionnaires à Salisbury (aujourd’hui Harare, Zimbabwe), en 1950.

[Illustration, page 530]

Malcolm Vigo (Galaad, 1956-​1957) et sa femme Linda Louise; ensemble, ils ont prêché au Malawi, au Kenya et au Nigeria.

[Illustration, page 530]

Robert Tracy (à gauche) et Jesse Cantwell (à droite), avec leurs femmes — missionnaires dans le service itinérant en Colombie, en 1960.

[Illustration, page 532]

Cours de langue dans une maison de missionnaires en Côte d’Ivoire.

[Illustration, page 535]

Ted et Doris Klein, qui ont rencontré de nombreuses personnes désireuses d’entendre la vérité biblique aux îles Vierges américaines en 1947.

[Illustration, page 536]

Harvey Logan (devant au centre), avec des Témoins de la tribu Amis devant une Salle du Royaume dans les années 60.

[Illustration, page 540]

Victor White, surveillant de district formé à Galaad, donne un discours aux Philippines en 1949.

[Illustration, page 542]

Margarita Königer dirige une étude biblique à domicile au Burkina Faso.

[Illustration, page 543]

Unn Raunholm, qui est missionnaire depuis 1958, a dû faire face à des foules excitées par un prêtre en Équateur.

[Illustrations, page 545]

École de formation ministérielle

Première classe, Coraopolis (Pennsylvanie, États-Unis), en 1987 (ci-dessus).

Troisième classe en Grande-Bretagne, à Manchester, en 1991 (à droite).