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Des écrits bibliques pour la prédication

Des écrits bibliques pour la prédication

Chapitre 26

Des écrits bibliques pour la prédication

LES écrits ont toujours joué un rôle de premier plan dans le vrai culte. Jéhovah a donné à Israël les Dix Commandements, d’abord oralement, puis sous forme écrite (Ex. 20:1-17; 31:18; Gal. 3:19). Pour garantir une transmission fidèle de sa Parole, Dieu a ordonné à Moïse, et après lui à une longue lignée de prophètes et d’apôtres, de la mettre par écrit. — Ex. 34:27; Jér. 30:2; Hab. 2:2; Rév. 1:11.

La plupart de ces premiers écrits se présentaient sous forme de rouleaux. Au IIsiècle de notre ère, toutefois, le codex, livre à feuilles, a fait son apparition. Il revenait moins cher et était plus maniable. Les chrétiens ont figuré parmi ses premiers utilisateurs, car ils ont compris qu’il serait très précieux pour diffuser la bonne nouvelle du Royaume messianique de Dieu. Dans son livre Christianity Goes To Press (Le christianisme et l’imprimerie), le professeur Edgar Goodspeed parle de ces premiers chrétiens dans leur rôle d’éditeurs: “Non seulement ils marchaient avec leur temps, mais ils étaient en avance sur leur temps, et les éditeurs des siècles suivants n’ont fait que suivre leurs traces.” — 1940, p. 78.

Aujourd’hui, il n’est donc pas étonnant que les Témoins de Jéhovah, en qualité de prédicateurs du Royaume de Dieu, se soient à certains égards trouvés à l’avant-garde dans le domaine de l’imprimerie.

Des publications pour les premiers Étudiants de la Bible

L’un des premiers articles rédigés par Charles Russell est paru en 1876 dans Bible Examiner (Le scrutateur de la Bible), publié par George Storrs, de Brooklyn (État de New York). Durant sa collaboration avec Nelson Barbour de Rochester (État de New York), frère Russell a contribué financièrement à la publication du livre Three Worlds (Les trois mondes) et du journal intitulé Herald of the Morning (Le messager du matin). Il était coéditeur de ce journal et, en 1877, il a fait publier par l’imprimerie du Herald la brochure The Object and Manner of Our Lord’s Return (Le but et la manière du retour de notre Seigneur). Frère Russell avait un sens aigu des questions spirituelles et il était bon gestionnaire, tandis que Barbour avait de l’expérience dans la composition typographique.

Toutefois, lorsque Barbour a nié la valeur propitiatoire du sacrifice de Jésus Christ, frère Russell a rompu les ponts avec lui. C’est pourquoi Russell a fait appel à des imprimeries commerciales lorsqu’il a lancé en 1879 Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ (en anglais).

L’année suivante, on a préparé le premier d’une longue série de tracts destinés à éveiller l’intérêt des gens pour les vérités bibliques. Ce travail a pris rapidement des proportions monumentales. Pour mieux le diriger, on a fondé le 16 février 1881 la Zion’s Watch Tower Tract Society, dont le président était W. Conley, Charles Russell assurant la fonction de secrétaire-trésorier. Des dispositions ont été prises pour confier les travaux d’impression à des sociétés commerciales de différentes villes des États de Pennsylvanie, de New York et de l’Ohio, ainsi qu’en Grande-Bretagne. En 1884, la Zion’s Watch Tower Tract Society * a été enregistrée légalement, et Charles Russell en est devenu le président. Ses statuts montraient que l’objet de la Société ne se limitait pas au domaine de l’édition, mais que son objectif véritable avait un caractère religieux; elle avait pour but “la diffusion des vérités bibliques en différentes langues”.

Cet objectif a été poursuivi avec un zèle remarquable. En 1881, en l’espace de quatre mois, on a publié 1 200 000 tracts totalisant 200 000 000 de pages (nombre de ces “tracts” ou “traités” étaient en réalité de petits livres). Par la suite, on a produit chaque année des dizaines de millions de tracts bibliques destinés à être distribués gratuitement. Ces tracts ont été imprimés en une trentaine de langues, et ont été distribués non seulement en Amérique, mais aussi en Europe, en Afrique du Sud, en Australie, et dans d’autres régions du globe.

Un autre aspect de l’œuvre a pris forme lorsqu’en 1886 frère Russell a achevé la rédaction du livre Le divin Plan des Âges, le premier d’une série de six tomes écrits de sa propre plume. Pour la publication des quatre premiers tomes de cette série (1886-​1897), ainsi que pour celle des tracts et de La Tour de Garde de 1887 à 1898, il s’est servi de la Tower Publishing Company *. Par la suite, le travail de typographie a été effectué par des frères à la Maison de la Bible à Pittsburgh. Par ailleurs, afin de réduire les coûts, ils achetaient eux-​mêmes le papier à imprimer. Pour l’impression et la reliure, frère Russell passait souvent commande auprès de plusieurs entreprises. Il planifiait soigneusement l’édition et faisait ses commandes suffisamment tôt pour obtenir des tarifs intéressants. De la sortie du premier livre écrit par Charles Russell jusqu’en 1916, ce sont 9 384 000 volumes de cette série de six qui ont été imprimés et distribués.

La mort de frère Russell n’a pas mis fin à la publication d’ouvrages bibliques. L’année suivante était imprimé le septième tome des Études des Écritures. Il a été présenté à la famille du Béthel le 17 juillet 1917. Ce livre a rencontré un tel succès qu’à la fin de cette même année, la Société avait passé commande de 850 000 exemplaires en langue anglaise auprès d’imprimeries et d’ateliers de reliure commerciaux. Des éditions en d’autres langues ont été imprimées en Europe. De plus, cette année-​là, quelque 38 millions de tracts sont sortis des presses.

Mais ensuite, pendant la farouche persécution de 1918, quand les responsables de la Société ont été injustement emprisonnés, le siège (situé à Brooklyn) a été fermé. Les clichés d’imprimerie ont été détruits. Le personnel très réduit du bureau est retourné à Pittsburgh au deuxième étage d’un bâtiment situé au 119 Federal Street. Cela signifierait-​il la fin de la production d’écrits bibliques?

Devaient-​ils imprimer eux-​mêmes?

Après la libération de Joseph Rutherford, président de la Société, et de ses collaborateurs, les Étudiants de la Bible ont tenu une assemblée à Cedar Point (Ohio) en 1919. Ils ont réfléchi sur les événements que Dieu avait permis l’année précédente, et sur l’action à entreprendre au vu des indications fournies dans sa Parole. On a annoncé la parution d’un nouveau périodique, L’Âge d’Or, dans le but d’attirer l’attention du public sur le Royaume de Dieu, seul espoir de l’humanité.

Comme par le passé, la Société a demandé à une entreprise commerciale d’en assurer l’impression. Mais la situation avait évolué. Le secteur de l’édition était en proie à l’agitation sociale et le marché du papier était en difficulté. Il fallait adopter une méthode plus sûre. Les frères ont examiné la question dans la prière et ont recherché la direction du Seigneur.

La première question qui se posait concernait l’emplacement des bureaux de la Société. Fallait-​il de nouveau transférer le siège à Brooklyn? Le conseil d’administration de la Société a examiné la question, et un comité a été désigné pour analyser la situation.

Frère Rutherford a demandé à Charles Wise, vice-président de la Société, de se rendre à Brooklyn pour voir s’il était possible de rouvrir le Béthel et de louer des locaux où la Société pourrait commencer à imprimer. Désireux de savoir quelles dispositions auraient la bénédiction divine, frère Rutherford lui a dit: “Va voir si c’est la volonté du Seigneur que nous retournions à Brooklyn.”

“Comment saurais-​je si c’est la volonté du Seigneur que nous y retournions?” a demandé frère Wise.

Et frère Rutherford de répondre: “C’est parce qu’en 1918 nous n’avons pu nous approvisionner en charbon que nous avons dû quitter Brooklyn et revenir à Pittsburgh *. Que le charbon soit donc un signe. Va commander du charbon.”

“À ton avis, combien de tonnes dois-​je commander pour qu’on puisse y voir un signe?”

“Eh bien, fais qu’il n’y ait pas de doute sur ce signe; commande 500 tonnes”, lui a conseillé frère Rutherford.

Frère Wise s’est exécuté. Qu’en est-​il résulté? Il a fait une demande auprès des autorités et a obtenu un bon pour 500 tonnes de charbon, de quoi couvrir leurs besoins pendant des années! Mais où mettre tout ce charbon? Une grande partie du sous-sol du Béthel a été transformée en cave à charbon.

Le résultat de cette expérience a été interprété comme une indication sûre de la volonté divine. Le 1er octobre 1919, les frères ont repris leurs activités à Brooklyn.

Restait à savoir s’ils devaient imprimer eux-​mêmes. Ils ont voulu acheter une rotative pour produire les périodiques, mais on leur a répondu qu’il n’en existait que quelques-unes aux États-Unis, et qu’ils avaient peu de chances d’en obtenir une avant bien des mois. Les frères restaient néanmoins persuadés que, si c’était la volonté du Seigneur, il saurait balayer les obstacles. Et c’est ce qu’il a fait!

Quelques mois seulement après leur retour à Brooklyn, les frères ont réussi à acheter une rotative. Huit pâtés de maisons plus loin que le Béthel, au 35 Myrtle Avenue, ils ont loué trois niveaux dans un bâtiment. Au début de 1920, la Société disposait de sa propre imprimerie, petite mais bien équipée. Des frères qui avaient assez d’expérience pour travailler sur ces machines ont offert leurs services.

Cette année-​là, l’édition anglaise du 1er février de La Tour de Garde est sortie de la presse de la Société. En avril, L’Âge d’Or a également été imprimé par la Société. À la fin de la même année, La Tour de Garde déclarait avec satisfaction: “Pendant la plus grande partie de l’année, tout le travail sur LA TOUR DE GARDE, L’ÂGE D’OR et de nombreuses brochures a été réalisé par des travailleurs consacrés, mais leurs actions étaient uniquement motivées par l’amour pour le Seigneur et pour la cause de la justice. (...) Alors que la parution d’autres journaux et publications a dû être suspendue en raison de la pénurie de papier et des troubles sociaux, nos publications ont continué de paraître sans incidents.”

Les ateliers n’étaient pas très grands, mais la quantité de publications qui en sortait était impressionnante. L’édition de La Tour de Garde était souvent tirée à 60 000 exemplaires. Mais on y imprimait aussi L’Âge d’Or, et la première année, la livraison du 29 septembre a été une édition spéciale. Elle révélait en détail qui étaient les responsables des persécutions subies par les Étudiants de la Bible de 1917 à 1920. On en a imprimé 4 000 000 d’exemplaires! Un des conducteurs de presse a raconté plus tard: “Pour sortir cette édition, on a mobilisé tout le personnel, excepté le cuisinier.”

La première année où les frères utilisaient la rotative pour imprimer les périodiques, frère Rutherford leur a demandé s’ils pourraient aussi imprimer des brochures sur cette presse. De prime abord, cela paraissait impossible. Le fabricant de la presse a affirmé que ce n’était pas envisageable. Mais les frères ont essayé, et leur tentative a été couronnée de succès. Ils ont également conçu une plieuse, ce qui a permis de réduire de 12 à 2 le nombre d’opérateurs nécessaires pour ce travail. Quel était le secret de leur succès? Le responsable de l’imprimerie l’a résumé en ces mots: “L’expérience et la bénédiction du Seigneur.”

Toutefois, la Société n’imprimait pas uniquement à Brooklyn. Certaines éditions en langues étrangères dépendaient d’un bureau établi dans le Michigan. Pour faire face aux besoins de ce secteur, en 1921 la Société a installé une linotype, des presses et d’autres équipements annexes à Detroit (Michigan). On y imprimait en polonais, en russe, en ukrainien, etc.

La même année, la Société a publié le livre La Harpe de Dieu, écrit spécialement à l’intention des personnes qui commençaient tout juste à étudier la Bible. Avant 1921, la Société n’avait pas essayé d’imprimer et de relier elle-​même des livres. Fallait-​il aussi se lancer dans ce genre de travail? Une fois de plus, les frères ont recherché la direction du Seigneur.

Des livres imprimés et reliés par les frères

En 1920, La Tour de Garde a signalé que de nombreux colporteurs avaient dû abandonner leur service parce que les imprimeries et les ateliers de reliure n’arrivaient pas à honorer les commandes de la Société. Les frères du siège en ont conclu que la Société pourrait mieux rendre témoignage au dessein divin à l’égard de l’humanité si elle n’était pas dépendante d’entreprises commerciales, et à la merci de tous les conflits sociaux. Si la Société imprimait et reliait elle-​même ses livres, il serait moins facile aux opposants d’entraver l’œuvre. Et à terme, on espérait réduire le prix des ouvrages et les rendre ainsi encore plus accessibles au public.

Mais pour cela, il fallait davantage de place et de machines; de plus, il faudrait acquérir de nouvelles compétences. Était-​ce possible? Frère Robert Martin, surveillant de l’imprimerie, a rappelé qu’aux jours de Moïse Jéhovah avait ‘rempli de sagesse de cœur Bézalel et Oholiab pour faire tout travail’ nécessaire à la construction du saint tabernacle (Ex. 35:30-35). Au vu de ce récit biblique, frère Martin était convaincu que Jéhovah apporterait de même à ses serviteurs toute l’aide nécessaire pour imprimer les publications qui annoncent le Royaume.

Après avoir longuement réfléchi et prié, les frères ont commencé à dégager des projets précis. Faisant la rétrospective de ce qui s’était passé à l’époque, frère Martin écrira plus tard à frère Rutherford: “Le jour le plus mémorable reste celui où tu as demandé si nous avions une raison sérieuse pour ne pas imprimer et relier nous-​mêmes tous nos livres. C’était une idée exaltante, car elle signifiait l’installation d’un atelier complet de typographie, de galvanoplastie, d’impression et de reliure, avec toute une série de machines qui nous étaient peu familières, dont pour la plupart nous ignorions jusqu’à l’existence. Cela signifiait aussi apprendre plus d’une dizaine de nouveaux métiers. Mais il nous semblait que c’était le meilleur moyen de remédier à la flambée des prix qu’avaient connue les livres après la guerre.

“Tu as loué le bâtiment de cinq étages du 18 Concord Street (dont deux niveaux étaient occupés par des locataires), et le 1er mars 1922 nous avons pris possession de nos nouveaux locaux. Tu nous as acheté toutes les machines nécessaires à la typographie, à la galvanoplastie, à l’impression et à la reliure, la plupart étaient neuves, les autres d’occasion, et nous nous sommes mis au travail.

“Une importante entreprise qui avait beaucoup travaillé pour la Société a eu vent de ce que nous faisions, et son président est venu visiter nos installations. Il a vu le nouveau matériel et a déclaré d’un ton grave: ‘Vous avez entre les mains une imprimerie de premier ordre, mais personne ici ne sait comment la faire tourner. Dans six mois vous aurez tout mis en pièces; vous apprendrez par l’expérience que vous ne pouvez faire imprimer que par des gens qui ont toujours fait cela, dont c’est le métier.’

“Cela semblait frappé au coin du bon sens, mais c’était sans compter avec le Seigneur, qui nous a toujours soutenus. Quand l’atelier de reliure est devenu opérationnel, Il nous a envoyé un frère qui avait travaillé toute sa vie dans ce domaine. Ce frère est arrivé à point nommé. Avec son aide, et avec le soutien de l’esprit du Seigneur qui agissait sur les frères qui s’efforçaient d’apprendre, il ne nous a pas fallu longtemps pour commencer à produire des livres.”

Comme l’imprimerie de Concord Street était très vaste, on a transféré à Brooklyn les travaux effectués jusqu’alors à Detroit. La deuxième année de leur installation dans ces locaux, les frères ont imprimé 70 % des livres et des brochures nécessaires à la diffusion, sans compter les périodiques, les tracts et les feuilles d’invitation. L’année d’après, l’augmentation du volume de travail les a obligés à utiliser les deux derniers niveaux disponibles du bâtiment.

Seraient-​ils en mesure d’augmenter la production de livres? Ils disposaient d’une presse fabriquée en Allemagne qui avait été expédiée en Amérique et mise en service tout spécialement à cet effet. À leur connaissance, il s’agissait de la première rotative utilisée en Amérique pour l’impression de livres.

Toutefois, les travaux d’impression dirigés par les Étudiants de la Bible s’effectuaient aussi sur d’autres continents.

Premiers travaux d’impression hors Amérique

Dès 1881, frère Russell avait fait imprimer des publications en Grande-Bretagne par des firmes commerciales. Ce fut ensuite le cas en Allemagne en 1903, en Grèce en 1906, en Finlande en 1910 et même au Japon en 1913. Dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale, d’importantes commandes de livres, de brochures, de périodiques et de tracts ont été passées en Grande-Bretagne, dans les pays scandinaves, en Allemagne et en Pologne, et d’autres plus limitées au Brésil et en Inde.

Puis, en 1920, l’année où la Société a commencé à imprimer elle-​même des périodiques à Brooklyn, on a pris des mesures pour que les frères d’Europe effectuent également quelques travaux d’impression. Un groupe de frères suisses a ouvert une imprimerie à Berne. Il s’agissait d’une entreprise à caractère commercial, mais tous les employés étaient Étudiants de la Bible. Ils ont imprimé pour la Société, et à des tarifs très avantageux, des publications dans des langues parlées en Europe. Par la suite, la Société a racheté cette imprimerie et l’a agrandie. On a produit d’énormes quantités de publications destinées à être distribuées gratuitement dans des pays d’Europe frappés de plein fouet par la récession économique. À la fin des années 20, cette imprimerie expédiait des publications en plus d’une dizaine de langues.

À la même époque, le message du Royaume suscitait beaucoup d’intérêt en Roumanie. Malgré l’opposition farouche que l’œuvre rencontrait dans ce pays, la Société a implanté une imprimerie à Cluj, afin de réduire le prix des publications, et pour qu’en Roumanie et dans les pays environnants les gens épris de vérité puissent se les procurer plus facilement. En 1924, cette imprimerie a mis en circulation près de 250 000 livres, sans parler des périodiques et des brochures, en roumain et en hongrois. Mais l’un des frères qui dirigeaient l’œuvre est devenu infidèle, et par ses agissements il a fait perdre à la Société ses locaux et son matériel. Cela n’a pas empêché les frères roumains fidèles de poursuivre leurs efforts pour communiquer les vérités bibliques à autrui.

En Allemagne, après la Première Guerre mondiale, de nombreuses personnes assistaient aux réunions des Étudiants de la Bible. Mais les Allemands connaissaient de graves difficultés économiques. Pour maintenir à un bas niveau le prix de revient des publications, la Société a également mis en œuvre ses propres moyens d’impression dans ce pays. En 1922, au Béthel de Barmen, on imprimait à l’aide de deux presses à plat, l’une installée sur un palier d’escalier et l’autre dans une remise à bois. L’année suivante, les frères se sont établis dans des locaux plus adéquats à Magdeburg. Ils disposaient là de bâtiments assez spacieux, et d’autres ont été ajoutés par la suite; par ailleurs, on y a installé du matériel d’imprimerie et de reliure. Il était prévu qu’à la fin de 1925 la capacité de production de cette unité soit au moins équivalente à celle qu’avait à l’époque le siège à Brooklyn.

Dans la plupart des cas, les frères n’ont commencé à imprimer eux-​mêmes que sur une petite échelle. Cela a été le cas en Corée, où en 1922 la Société a installé une petite imprimerie pour produire des publications en coréen, en japonais et en chinois. Après quelques années, ce matériel a été transféré au Japon.

En 1924, on a commencé à imprimer de petits ouvrages au Canada et en Afrique du Sud. En 1925, on a installé une petite presse en Australie et une au Brésil. Les frères brésiliens ont rapidement utilisé leur matériel pour imprimer l’édition portugaise de La Tour de Garde. La filiale d’Angleterre a reçu pour la première fois du matériel d’imprimerie en 1926. En 1929, on s’est occupé des besoins spirituels des personnes humbles en Espagne en y imprimant La Tour de Garde sur une petite presse. Deux ans plus tard, on a mis en service une presse dans les sous-sols de la filiale de Finlande.

Toutefois, au siège mondial également, des agrandissements étaient en cours.

Le siège mondial acquiert sa propre imprimerie

Depuis 1920, l’imprimerie de la Société se trouvait dans un bâtiment en location qui n’était pas en très bon état; il tremblait de haut en bas quand la rotative tournait au rez-de-chaussée. D’autre part, il fallait plus d’espace, car la production augmentait sans cesse. Les frères sont arrivés à la conclusion qu’ils emploieraient mieux les fonds disponibles s’ils étaient propriétaires de leur imprimerie.

Un terrain situé à quelques pâtés de maisons du Béthel semblait parfaitement convenir; la Société a donc fait une proposition d’achat. En fin de compte, ce sont les laboratoires pharmaceutiques Squibb qui ont acquis la parcelle, mais quand ils ont voulu construire, il leur a fallu enfoncer 1 167 pieux de fondation pour assurer la stabilité des bâtiments. (Des années plus tard, la Société Watch Tower a racheté à la Société Squibb ces bâtiments, solidement assis sur leurs fondations!) Par contre, le terrain que la Société a acheté en 1926 présentait un sous-sol stable sur lequel on pouvait construire sans difficulté.

En février 1927, la Société a déménagé dans le bâtiment flambant neuf du 117 Adams Street, à Brooklyn. Elle disposait à présent d’une surface deux fois plus importante que précédemment. Ce bâtiment était bien conçu: le travail commencé dans les étages supérieurs descendait par les différents services pour aboutir au rez-de-chaussée à l’expédition.

L’accroissement n’allait néanmoins pas s’arrêter. Moins de dix ans plus tard, il a fallu agrandir cette imprimerie, et d’autres extensions ont suivi. En plus des millions de périodiques et de brochures qui sortaient de presse chaque année, l’imprimerie produisait jusqu’à 10 000 livres par jour. En 1942, la Société Watch Tower a commencé à inclure dans sa production des Bibles complètes, et là encore elle a fait œuvre de pionnier dans le domaine de l’imprimerie. En effet, les frères ont procédé à des essais et ont finalement réussi à imprimer sur du papier bible en se servant de rotatives, une technique que d’autres imprimeurs n’ont expérimentée que des années après.

Tandis que l’on imprimait en grande série, on n’a pas négligé les besoins particuliers de certaines communautés. Dès 1910, un Étudiant de la Bible de Boston (Massachusetts) et un autre établi au Canada coopéraient pour reproduire en braille des publications de la Société. En 1924, depuis un bureau installé à Logansport (Indiana), la Société expédiait des publications destinées aux aveugles. Mais elles n’ont rencontré qu’un intérêt limité à l’époque, et en 1936 la production d’écrits en braille a été interrompue. On a alors préféré aider les aveugles à l’aide de discours phonographiques et en leur accordant une attention personnalisée. En 1960, on a recommencé à produire des publications en braille, cette fois avec une gamme plus large, et elles ont progressivement rencontré davantage d’intérêt.

Une opposition acharnée

Dans un certain nombre de pays, la Société s’occupait de l’impression dans un contexte extrêmement tendu. Mais nos frères ont persévéré parce qu’ils comprenaient que c’est Jéhovah Dieu qui avait ordonné, par l’entremise de son Fils, de proclamer la bonne nouvelle du Royaume (És. 61:1, 2; Marc 13:10). En Grèce, par exemple, les Témoins avaient installé leur imprimerie en 1936 et s’en étaient servis pendant quelques mois seulement quand, à la suite d’un changement de gouvernement, les autorités l’ont fait fermer. De même, en Inde, en 1940, Claude Goodman a passé plusieurs mois à installer une presse et s’est familiarisé avec son fonctionnement. Mais sur l’ordre du maharadja, la police a investi les lieux, a saisi la presse et a versé en vrac dans de grandes boîtes les caractères soigneusement triés.

Dans bon nombre de pays, la réglementation sur l’importation des imprimés obligeait les frères à confier l’impression de leurs écrits à des imprimeries commerciales du pays, alors que la Société possédait dans un pays voisin une imprimerie qui aurait été à même d’en assurer la production. Au milieu des années 30, c’était le cas pour le Danemark, la Lettonie et la Hongrie.

En 1933, à l’instigation du clergé, le gouvernement allemand a mis un terme aux travaux d’impression réalisés par les Témoins de Jéhovah du pays. La police a occupé l’imprimerie de la Société Watch Tower à Magdeburg et l’a fermée en avril. Mais comme elle n’a rien trouvé qui puisse être retenu à charge, elle a quitté les lieux. Elle est cependant revenue en juin. Pour que la bonne nouvelle continue à être répandue, la Société a ouvert une imprimerie à Prague (Tchécoslovaquie) et y a fait transférer une grande partie du matériel qui se trouvait à Magdeburg. C’est ainsi que, dans les quelques années qui ont suivi, on y a imprimé des périodiques en deux langues et des brochures en six langues.

Puis, en 1939, les troupes de Hitler ont marché sur Prague. Les Témoins ont donc rapidement démonté le matériel qui s’y trouvait et l’ont sorti du pays. Une partie a été envoyée aux Pays-Bas. Ce transfert venait à point nommé: les Témoins néerlandais avaient de plus en plus de mal à communiquer avec la Suisse. Ils ont loué des locaux, et ont imprimé eux-​mêmes à l’aide de leurs nouvelles presses. Mais quelque temps plus tard, l’imprimerie a été saisie par l’envahisseur nazi. Les frères avaient néanmoins utilisé ce matériel aussi longtemps que possible.

En Finlande, durant la guerre, la publication de La Tour de Garde a été interrompue par une décision arbitraire du gouvernement. Les Témoins se sont alors mis à polycopier les articles principaux et à les envoyer par la poste. En Autriche, quand le pays est passé sous la férule des nazis en 1938, La Tour de Garde a été imprimée sur une machine à polycopier que l’on déplaçait régulièrement pour qu’elle ne tombe pas entre les mains de la Gestapo. De même, au Canada, alors qu’ils étaient frappés d’interdiction pendant la guerre, les Témoins ont dû transférer leur matériel d’un endroit à l’autre pour continuer à fournir la nourriture spirituelle à leurs frères.

En Australie, durant la période où leur œuvre était prohibée, les Témoins de Jéhovah ont imprimé eux-​mêmes leurs périodiques, et parfois même des livres, ce qu’ils n’avaient pas fait auparavant, alors que les conditions étaient plus favorables. Ils ont dû déplacer l’atelier de reliure 16 fois pour éviter qu’il ne soit saisi, mais ils ont réussi à produire 20 000 livres reliés à temps pour les mettre en circulation lors d’une assemblée qui a eu lieu en 1941 malgré d’énormes obstacles!

Expansion après la Seconde Guerre mondiale

Après la guerre, les Témoins de Jéhovah se sont réunis en assemblée internationale à Cleveland (Ohio) en 1946. Nathan Knorr, devenu président de la Société Watch Tower, y a parlé de reconstruction et d’expansion. Depuis le début de la Seconde Guerre mondiale, le nombre des Témoins avait augmenté de 157 %, et des missionnaires inauguraient rapidement l’œuvre dans de nouveaux territoires. Frère Knorr a présenté un projet visant à agrandir les locaux du siège mondial, afin de faire face à la demande de publications dans le monde entier. Lorsque ce projet serait réalisé, la surface de l’imprimerie serait plus de deux fois supérieure à celle des locaux installés en 1927, et le Béthel serait agrandi pour loger davantage de volontaires. Ces extensions ont été achevées et mises en service au début de 1950.

L’imprimerie et les bureaux du siège mondial à Brooklyn ont dû être agrandis maintes fois depuis 1950. En 1992, ils occupaient environ huit pâtés de maisons et offraient 230 071 mètres carrés de surface de plancher. Il ne s’agit pas simplement de bâtiments où l’on fabrique des livres. Dédiés à Jéhovah, ils sont destinés à la production de publications qui informent les humains sur les exigences divines pour obtenir la vie.

Dans certains pays, la Société a eu du mal à reprendre les travaux d’impression après la Seconde Guerre mondiale. L’imprimerie et les bureaux qui appartenaient à la Société à Magdeburg (Allemagne) se trouvaient en zone communiste. Les Témoins allemands ont réintégré les lieux, mais n’ont pu y travailler que peu de temps, après quoi les locaux ont de nouveau été saisis. Pour parer aux besoins de l’Allemagne de l’Ouest, il fallait y installer une imprimerie. Les villes avaient été réduites en ruines par les bombardements. Cependant, les Témoins ont rapidement pu utiliser une petite imprimerie qui avait servi aux nazis, à Karlsruhe. En 1948, deux presses à plat fonctionnaient jour et nuit dans un bâtiment mis à leur disposition à Wiesbaden. L’année suivante, ils ont agrandi les locaux de Wiesbaden et ont quadruplé le nombre de presses pour répondre aux besoins des prédicateurs du Royaume dont le nombre augmentait rapidement dans ce pays.

Quand la Société s’est remise à imprimer ouvertement en Grèce en 1946, l’alimentation en électricité était des plus sporadiques. Le courant était parfois coupé pendant des heures. Au Nigeria, en 1977, les frères ont rencontré le même problème. Avant que la filiale ne dispose d’un groupe électrogène, les volontaires qui travaillaient à l’imprimerie devaient retourner au travail quand le courant revenait, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Grâce au bel esprit qu’ils manifestaient, pas une seule édition de La Tour de Garde n’a manqué.

À la suite d’une visite de frère Knorr en Afrique du Sud en 1948, la Société a acheté un terrain à Elandsfontein; au début de 1952, la filiale s’est installée dans ses nouveaux locaux, les premiers construits par la Société en Afrique du Sud. À l’aide d’une presse à plat neuve, les frères ont commencé à imprimer les périodiques en huit langues africaines. En 1954, la filiale de Suède a été équipée pour imprimer ses périodiques sur une presse à plat, suivie en cela par le Danemark en 1957.

La demande en publications étant toujours plus forte, on s’est équipé de rotatives typographiques rapides, d’abord dans une filiale, puis dans d’autres. Au Canada, la première a été installée en 1958; en Angleterre, en 1959. En 1975, la Société Watch Tower faisait tourner 70 grandes rotatives réparties dans ses différentes imprimeries du monde.

Un réseau mondial pour publier la vérité de la Bible

À partir de la fin des années 60, on a fait de grands efforts pour décentraliser encore plus les travaux d’impression de la Société Watch Tower. Le nombre des Témoins de Jéhovah augmentait rapidement. Afin de leur fournir les publications bibliques dont ils avaient besoin pour leur usage personnel et aussi pour les offrir au public, il fallait disposer de plus grandes surfaces de travail. Mais, à Brooklyn, on ne pouvait pas étendre les locaux à un rythme rapide, à cause de la rareté des terrains et des difficultés administratives. On a donc envisagé d’imprimer davantage ailleurs.

C’est pourquoi, en 1969, on a commencé à tracer les plans pour la construction d’une nouvelle imprimerie près de Wallkill (État de New York), à environ 150 kilomètres au nord-ouest de Brooklyn. Il était prévu que la plupart des périodiques La Tour de Garde et Réveillez-vous! diffusés aux États-Unis seraient imprimés à Wallkill, dans cette extension du siège mondial. Trois ans plus tard, on préparait les plans d’une deuxième imprimerie à Wallkill, bien plus grande que la première. En 1977, les rotatives typographiques qui y étaient installées produisaient chaque mois plus de 18 millions de périodiques. En 1992, d’imposantes presses offset de marques MAN-Roland et Hantscho (4 presses offset seulement contre 15 presses typographiques auparavant) y tournaient, et la capacité de production journalière était de plus d’un million de périodiques.

Quand on a envisagé d’installer une imprimerie à Wallkill, La Tour de Garde était disponible en 72 langues; 32 de ces éditions étaient publiées à Brooklyn. On y imprimait aussi 14 des 26 éditions de Réveillez-vous! Environ 60 % des périodiques produits dans le monde l’étaient au siège mondial. Il apparaissait intéressant d’en faire imprimer davantage en dehors des États-Unis, par des Témoins plutôt que par des entreprises commerciales. Si à l’avenir des tensions mondiales ou des mesures de restriction gouvernementales devaient entraver l’œuvre des Témoins de Jéhovah quelque part dans le monde, il serait toujours possible de produire la nourriture spirituelle indispensable.

C’est ainsi qu’en 1971, quelque deux ans avant que la nouvelle imprimerie de Wallkill ne soit opérationnelle, on a entrepris la construction d’une nouvelle imprimerie, bien conçue, à Numazu, au Japon. Le nombre des prédicateurs du Royaume avait plus que quintuplé au Japon dans les dix années précédentes; cela laissait présager un grand besoin en publications bibliques. À la même époque, on a agrandi les locaux de la filiale du Brésil. On a fait de même en Afrique du Sud, où l’on produisait des publications bibliques en plus d’une vingtaine de langues. L’année suivante, en 1972, on a multiplié par quatre la superficie de la filiale d’Australie, pour éviter les longs délais d’acheminement dont souffrait chaque édition de La Tour de Garde ou de Réveillez-vous! dans cette partie du globe. D’autres imprimeries ont également été construites en France et aux Philippines.

Au début de 1972, Nathan Knorr et Max Larson, le surveillant de l’imprimerie de Brooklyn, ont effectué un voyage dans différents pays pour examiner le travail qui s’y effectuait, pour organiser les choses de manière à ce que les diverses installations soient utilisées au mieux et pour se préparer en vue de l’accroissement à venir. Ils se sont rendus dans 16 pays d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Extrême-Orient.

Peu de temps après, la filiale du Japon imprimait l’édition japonaise des périodiques nécessaires dans cette partie du territoire, ce qui lui a permis de se passer des services d’une imprimerie commerciale. Toujours en 1972, la filiale du Ghana a commencé à imprimer La Tour de Garde dans trois des langues du pays, ce qui lui évitait désormais d’attendre que les périodiques arrivent des États-Unis ou du Nigeria. Puis c’est la filiale des Philippines qui s’est mise à composer et à imprimer La Tour de Garde et Réveillez-vous! en huit langues locales (en plus des éditions anglaises dont elle avait besoin). Ces changements constituaient une nouvelle étape essentielle dans la décentralisation des travaux d’impression de la Société Watch Tower.

À la fin de 1975, la Société produisait des publications bibliques dans ses propres installations, dans 23 pays répartis un peu partout dans le monde: des livres dans trois d’entre eux; des brochures, des périodiques ou les deux dans les 23 pays. Dans 25 autres pays, la Société imprimait des documents de petit format sur des machines lui appartenant.

On a aussi augmenté la capacité de production de livres. Dès le milieu des années 20, on avait effectué des travaux de reliure en Suisse et en Allemagne. Après la Seconde Guerre mondiale, en 1948, les Témoins de Finlande se sont mis à relier des livres (au début, surtout manuellement), principalement pour faire face aux besoins de leur pays. Deux ans plus tard, la filiale d’Allemagne a de nouveau mis en service un atelier de reliure, et, avec le temps, elle a effectué le travail de reliure qui se faisait précédemment en Suisse.

Puis, en 1967, alors que les Témoins étaient plus d’un million dans le monde, on a commencé à imprimer des livres en format de poche destinés au ministère. La demande pour ce genre de publications a été phénoménale. En l’espace de neuf ans, on a multiplié par plus de six la capacité de production des chaînes de reliure à Brooklyn. En 1992, la Société Watch Tower disposait de 28 chaînes de reliure dans huit pays.

Toujours en 1992, la Société Watch Tower imprimait aux États-Unis des publications bibliques en 180 langues, et quatre de ses imprimeries principales situées en Amérique latine produisaient l’essentiel des publications dont avaient besoin la filiale de l’endroit ainsi que les pays d’alentour. Onze autres imprimeries assuraient la production de publications en Europe, et toutes préparaient des publications destinées à d’autres pays. L’imprimerie située en France envoyait régulièrement des publications dans 14 pays. Celle d’Allemagne, qui imprimait en plus de 40 langues, envoyait des publications par grandes quantités dans 20 pays et effectuait des envois plus restreints dans d’autres pays encore. En Afrique, six imprimeries de la Société Watch Tower produisaient des publications bibliques en 46 langues au total. Onze autres imprimeries, petites ou grandes, fournissaient pour le Proche-Orient et l’Extrême-Orient, pour les îles du Pacifique, le Canada et d’autres pays, les publications qui permettent de répandre le message vital concernant le Royaume de Dieu. Dans 27 autres pays, la Société tirait les imprimés destinés au bon fonctionnement des congrégations.

Nouvelles méthodes, nouveaux matériels

Dans les années 60 et 70, l’imprimerie a été secouée par une révolution technologique. Avec une rapidité prodigieuse, l’impression typographique a été abandonnée au profit de l’impression offset *. La Société Watch Tower n’a pas donné dans la précipitation. Les plaques offset disponibles à l’époque n’étaient pas adaptées aux grands tirages de la Société. De plus, un changement de cette ampleur impliquait des méthodes de composition complètement différentes. Il fallait également s’équiper de nouvelles presses et se familiariser avec une nouvelle technologie. Pour ainsi dire, toutes les installations des imprimeries de la Société devaient être remplacées. Le coût en était exorbitant.

Cependant, par la suite, on s’est rendu compte que les fournitures pour l’impression typographique ne seraient plus disponibles bien longtemps. Les plaques offset ont rapidement gagné en résistance. Il fallait donc changer de technologie.

Dès 1972, trois membres de la famille du Béthel d’Afrique du Sud qui s’intéressaient de près à l’évolution de l’impression en offset ont acheté d’occasion une petite presse offset à feuilles. Ils ont acquis un peu d’expérience en effectuant de petits travaux à l’aide de cette machine. Puis, en 1974, cette presse a servi à imprimer l’édition en ronga du livre format de poche La vérité qui conduit à la vie éternelle. La rapidité d’exécution leur a permis de procurer à temps ce précieux manuel d’enseignement biblique à des milliers de personnes éprises de vérité, avant que l’œuvre des Témoins de Jéhovah ne soit interdite de nouveau dans la région où elles habitaient. Une autre presse à feuilles, qui avait été donnée à la filiale d’Afrique du Sud peu après que nos frères eurent acheté la première, a été envoyée en Zambie où elle a été mise en service.

L’imprimerie de la Société en Allemagne a également commencé très tôt à imprimer en offset. En avril 1975, les frères se sont mis à utiliser une presse à feuilles pour imprimer sur papier bible des périodiques pour les Témoins de Jéhovah d’Allemagne de l’Est, où l’œuvre était interdite. L’année d’après, ils sont allés plus loin en imprimant sur cette même presse des livres pour ces frères persécutés.

En Argentine, à peu près à la même époque (1975), la Société Watch Tower a mis en service sa première presse offset à bobines pour imprimer des périodiques. Elle n’a cependant tourné qu’un peu plus d’un an, car le gouvernement argentin a interdit l’œuvre des Témoins de Jéhovah et a fermé leur imprimerie. Mais l’impression offset a continué de se développer dans d’autres pays. Au début de 1978, dans les locaux du siège de la Société Watch Tower à Brooklyn, on a commencé à imprimer des livres en trichromie sur une presse offset à bobines *. Une deuxième presse a été achetée la même année. Néanmoins, le changement de méthode d’impression allait encore nécessiter l’achat de beaucoup de matériel.

Le Collège central était persuadé que Jéhovah doterait ses serviteurs de tout ce dont ils auraient besoin pour accomplir l’œuvre qu’Il voulait les voir accomplir. En avril 1979 et en janvier 1980, des lettres ont été envoyées à toutes les congrégations des États-Unis pour expliquer la situation. Des offrandes sont parvenues à la Société, d’abord limitées, mais, avec le temps, elles ont permis d’équiper en matériel offset les imprimeries de la Société Watch Tower dans le monde entier.

Dans l’intervalle, pour bien utiliser les équipements existants et pour accélérer le changement de procédé, la Société Watch Tower a fait reconvertir en offset ses plus récentes presses MAN. Ces presses ont été envoyées à 12 filiales, dont six n’imprimaient pas jusque-​là leurs périodiques.

L’impression en quatre couleurs

La filiale de Finlande a été la première à imprimer toutes les éditions de ses périodiques en quatre couleurs par le procédé offset. Elle a commencé avec les éditions de janvier 1981 par une méthode simple, qui a été régulièrement affinée par la suite. Puis la filiale du Japon a imprimé un livre en quatre couleurs. D’autres filiales leur ont emboîté le pas à mesure qu’elles ont disposé de l’équipement nécessaire. Certaines presses ont été achetées et expédiées par le siège mondial. D’autres ont été financées par les Témoins de Jéhovah du pays concerné. Il est aussi arrivé que les Témoins d’un certain pays fassent don du matériel voulu à leurs frères d’un autre pays.

Après la Seconde Guerre mondiale, le monde est entré dans l’ère de l’image et l’emploi de couleurs réalistes a fortement contribué à rendre le livre plus plaisant à l’œil. La couleur a ajouté à l’attrait des imprimés et a de la sorte encouragé la lecture. Dans beaucoup d’endroits, on a remarqué que la diffusion de La Tour de Garde et de Réveillez-vous! a connu un essor considérable après que leur présentation a été améliorée par la couleur.

Mise au point de systèmes informatiques adéquats

Parallèlement au changement de matériel d’imprimerie, il a fallu mettre au point un système de pré-presse informatique, et la décision en a été prise en 1977. Des Témoins spécialisés dans ce domaine se sont portés volontaires pour travailler au siège mondial de la Société, afin de l’aider à combler rapidement ce besoin. (Peu de temps après, au Japon, a été constituée une équipe qui a compté jusqu’à 50 Témoins pour concevoir des programmes adaptés à la langue japonaise.) Les Témoins se sont servis du matériel informatique disponible dans le commerce, et ont préparé des programmes qui convenaient aux besoins de la Société, tant dans le domaine administratif que pour l’édition multilingue. Pour assurer un haut niveau de qualité et la flexibilité voulue, il a fallu concevoir des programmes spécialisés de photocomposition. Pour la plupart des 167 langues dans lesquelles la Société Watch Tower imprimait alors, il n’existait pas de programmes de saisie et de photocomposition. Les Témoins ont donc dû les élaborer eux-​mêmes.

Les langues parlées par de petits groupes de population ou par des gens aux revenus très limités ne représentaient pas à l’époque un créneau porteur pour les entreprises commerciales; mais les Témoins de Jéhovah, eux, ont pour préoccupation la vie des gens. Dans un délai relativement court, les programmes de composition qu’ils avaient mis au point ont été utilisés pour produire des publications en plus de 90 langues. Voici ce qu’on pouvait lire dans la très sérieuse revue Seybold Report on Publishing Systems à propos de leur travail: “Nous ne pouvons que faire l’éloge du personnel de la Watchtower pour son esprit d’initiative et sa perspicacité. De nos jours, rares sont ceux qui ont assez d’ambition et de courage pour entreprendre une telle tâche, surtout en partant de zéro.” — Volume 12, n1, 13 septembre 1982.

Il était manifeste que les travaux d’impression et l’entretien seraient grandement facilités si les installations utilisées dans le monde entier étaient entièrement compatibles. C’est pourquoi, en 1979, on a décidé que la Société Watch Tower concevrait son propre système de photocomposition. L’équipe qui allait s’atteler à cette tâche devait élaborer l’essentiel du matériel plutôt que de trop tabler sur les systèmes déjà existants sur le marché.

C’est ainsi qu’en 1979 une équipe de Témoins de Jéhovah, installée à la Ferme de la Société Watchtower à Wallkill (État de New York), a commencé à élaborer le système électronique de photocomposition multilingue (Multilanguage Electronic Phototypesetting System — MEPS). En mai 1986, l’équipe travaillant sur ce projet non seulement avait conçu et fabriqué les ordinateurs, les photocomposeuses et les terminaux graphiques du MEPS, mais, plus important encore, elle avait mis au point les logiciels permettant de traiter les textes à imprimer en 186 langues.

Parallèlement à l’élaboration de ces logiciels, il a fallu accomplir un imposant travail de digitalisation des polices de caractères. Cela demandait d’étudier en détail les particularités de chaque langue, de dessiner les caractères (par exemple, chaque lettre en majuscule et en minuscule, les signes diacritiques et la ponctuation, le tout en différents corps) selon chaque attribut (maigre, italique, gras, extra-gras), et autant que possible dans différentes polices de caractères. Les polices de l’écriture romaine ont demandé chacune 202 caractères. Les 369 polices du romain ont donc nécessité en tout 74 538 caractères. Pour préparer les polices du chinois, il a fallu dessiner 8 364 caractères pour chacune, et d’autres caractères allaient être ajoutés par la suite.

Ce travail graphique achevé, on a conçu des logiciels qui permettraient d’imprimer ces caractères de façon propre et nette. Les logiciels devaient pouvoir traiter non seulement l’alphabet romain, mais aussi le bengali, le cambodgien, le cyrillique, le grec, l’hindi et le coréen, sans parler de l’arabe et de l’hébreu (qui se lisent de droite à gauche), ainsi que le japonais et le chinois (qui n’utilisent pas un alphabet). En 1992, on disposait de logiciels capables de traiter des textes en plus de 200 langues, et des programmes pour d’autres langues parlées par des millions de gens étaient à l’étude.

Le changement intervenu dans les filiales a obligé les opérateurs à adopter de nouvelles procédures et à apprendre de nouvelles techniques. Certains ont été envoyés au siège mondial pour apprendre à installer, à conduire et à entretenir de grandes presses offset à bobines. Certains ont appris la séparation des couleurs sur scanner à laser. D’autres ont été formés pour utiliser et entretenir le matériel informatique. Cela permettrait de résoudre rapidement d’éventuelles difficultés de production, n’importe où dans le monde, pour que le travail puisse se poursuivre.

Le Collège central a estimé que si les Témoins de Jéhovah du monde entier pouvaient étudier simultanément les mêmes articles au cours de leurs réunions, semaine après semaine, et proposer les mêmes publications au cours de leur prédication, cela aurait un puissant effet unificateur. Par le passé, les publications éditées en langue anglaise n’étaient généralement pas disponibles dans d’autres langues avant quatre mois; pour beaucoup de langues il fallait compter une, voire plusieurs années. Mais il était maintenant possible de remédier à la situation. Les différentes filiales qui imprimaient des publications disposaient d’un matériel entièrement compatible; c’était un atout précieux pour imprimer simultanément les publications en de nombreuses langues. En 1984, on a réussi à publier simultanément La Tour de Garde en 20 langues. En 1989, quand le puissant message contenu dans le livre La Révélation: le grand dénouement est proche! a été répandu dans le public quelques mois seulement après la parution de cet ouvrage, celui-ci était disponible en 25 langues. En 1992, la parution en simultané de La Tour de Garde concernait déjà 66 langues, parlées par une forte proportion de la population mondiale.

Depuis que le projet MEPS a été lancé en 1979, l’informatique a progressé à pas de géant. Il existe à présent de puissants ordinateurs individuels d’une grande souplesse d’utilisation, dont le coût est de loin inférieur à celui des premiers matériels. Pour faire face aux besoins de l’œuvre d’édition, la Société Watch Tower a décidé de s’en équiper tout en conservant ses propres logiciels. Cela a fortement réduit les délais de production et a également permis de faire profiter davantage de filiales de la Société des programmes d’édition. Avant longtemps, c’étaient 83 filiales qui les utilisaient. En 1992, la Société Watch Tower disposait dans le monde entier de plus de 3 800 terminaux fonctionnant avec ses propres programmes. Toutes les filiales qui disposent de tels appareils n’ont pas d’imprimerie, mais avec un petit ordinateur, les logiciels de la Société et une petite imprimante laser, elles ont toutes la possibilité de faire du pré-presse sur les tracts, les périodiques, les livres et tout autre imprimé dont elles ont besoin.

L’informatique au service de la traduction

L’option informatique pourrait-​elle aussi faciliter le travail des traducteurs? La plupart des traducteurs des publications de la Société Watch Tower travaillent à présent sur des terminaux informatiques. Beaucoup sont installés dans des filiales de la Société. D’autres, qui traduisaient chez eux et qui travaillaient depuis de longues années sur une machine à écrire, voire à la main, ont appris à saisir leur texte sur un terminal ou sur un ordinateur portable fourni par la Société. Le texte traduit peut être facilement corrigé, directement à l’écran. Si la traduction n’est pas effectuée dans la filiale où la publication sera imprimée, il suffit de copier le texte sur une disquette et de l’envoyer à cette filiale, qui l’exploitera.

En 1989-​1990, presque d’un jour sur l’autre, les gouvernements de nombreux pays ont changé, ce qui a rendu plus faciles les communications internationales. Les Témoins de Jéhovah ont rapidement réuni en séminaire leurs traducteurs d’Europe de l’Est. Ce séminaire leur a montré comment améliorer la qualité de leur travail, comment tirer parti de l’équipement informatique mis à leur disposition, et comment faire en sorte que La Tour de Garde paraisse dans leur langue en même temps que l’édition anglaise. Les traducteurs de l’Asie du Sud-Est ont bénéficié d’une aide semblable.

Mais l’ordinateur pouvait-​il accélérer le travail de traduction ou en améliorer la qualité? Effectivement. En 1989, les Témoins de Jéhovah ont mis en œuvre de puissants moyens informatiques pour faciliter la traduction de la Bible. Un imposant travail de préparation a permis de créer des fichiers informatiques grâce auxquels le traducteur peut faire apparaître à l’écran n’importe quel mot de la Bible dans la langue originale accompagné d’une liste de toutes les expressions par lesquelles il a été traduit, selon le contexte, dans la Traduction du monde nouveau en anglais. Le traducteur peut aussi sélectionner un mot-clé anglais et obtenir la liste de tous les mots, dans les langues bibliques, que ce terme (éventuellement ses synonymes) traduit. Cette technique révèle souvent qu’il a fallu un groupe de mots anglais pour restituer l’idée exprimée par un seul mot dans la langue originale. Elle permet au traducteur d’analyser rapidement toutes les particularités du texte qu’il traduit. Elle l’aide à mieux saisir le sens précis de l’expression de base de l’original, ainsi que sa signification exacte dictée par le contexte, et donc de l’exprimer avec précision dans sa propre langue.

Grâce à ces documents informatiques, les traducteurs expérimentés peuvent examiner toutes les occurrences d’un mot quelconque dans la Bible et leur assigner, selon les exigences du contexte, des équivalents dans leur traduction. Cette méthode assure un haut degré de cohérence de la traduction. Le travail de chaque traducteur est révisé par d’autres membres de l’équipe pour que les recherches faites par chacun, ainsi que leur expérience, profitent au texte traduit. On peut ensuite, grâce à l’ordinateur, afficher un certain passage des Écritures, avec chaque mot du texte anglais, son numéro d’ordre qui renvoie au mot dans la langue originale, ainsi que le mot retenu dans la langue d’arrivée. Mais le travail ne s’arrête pas là. Le traducteur doit alors remanier la structure de la phrase pour qu’elle se lise bien dans sa langue. Par ailleurs, tout au long de ces diverses étapes, il est indispensable que le traducteur sache avec précision quel est le sens du passage en question. Pour l’aider dans sa tâche, il a instantanément accès aux commentaires publiés par la Société Watch Tower sur ce verset biblique ou sur les expressions qu’il contient.

Cette méthode réduit le temps consacré aux recherches et permet d’atteindre un haut degré de cohérence. On espère, par la généralisation de ces techniques, favoriser la publication rapide d’ouvrages de meilleure qualité, même dans des langues pour lesquelles on ne dispose que d’une petite équipe de traducteurs. Le recours à l’informatique offre d’extraordinaires perspectives dans le domaine de l’édition des publications qui favorisent la proclamation du message du Royaume.

C’est pourquoi, à l’image de leurs prédécesseurs chrétiens du Ier siècle, les Témoins de Jéhovah de notre époque emploient les moyens les plus modernes pour propager la Parole de Dieu. Pour communiquer la bonne nouvelle au plus de gens possible, ils n’ont pas hésité à relever de nouveaux défis dans le domaine de l’édition.

[Notes]

^ § 9 En 1896, le nom de cette société a été changé officiellement en Watch Tower Bible and Tract Society (La Tour de Garde, Société de Bibles et de traités).

^ § 11 Il s’agissait d’une entreprise appartenant à Charles Russell. En 1898, il a transféré par donation les biens de la Tower Publishing Company à la Watch Tower Bible and Tract Society.

^ § 20 Cette difficulté à s’approvisionner en charbon n’était pas imputable à la seule pénurie due à la guerre. Hugo Riemer, qui faisait à l’époque partie du personnel du siège, a écrit par la suite que c’était surtout à cause de la haine dont étaient alors l’objet les Étudiants de la Bible à New York.

^ § 82 L’impression typographique est obtenue à partir d’une surface en relief où apparaît l’image inversée de ce qui doit être imprimé. Cette surface en relief est encrée et pressée contre le papier. L’impression offset découle d’un report d’une zone d’impression encrée d’une plaque sur un cylindre recouvert de caoutchouc, qui le transfère sur le papier.

^ § 86 De 1959 à 1971, la Société s’était servie à Brooklyn d’une presse offset à feuilles pour imprimer en quadrichromie des calendriers qui présentaient des scènes ayant trait à la prédication de la bonne nouvelle.

[Entrefilet, page 578]

“Que le charbon soit donc un signe.”

[Entrefilet, page 595]

Les imprimeries de la Société Watch Tower dans le monde entier ont reçu du matériel offset.

[Entrefilet, page 596]

“Nous ne pouvons que faire l’éloge du personnel de la Watchtower.”

[Encadré/Illustrations, page 581]

Composition

Au début, tout se faisait à la main, caractère par caractère.

Afrique du Sud

De 1920 jusque dans les années 80, on s’est servi de linotypes.

États-Unis

Dans certains pays, la composition était réalisée sur monotypes.

Japon

On emploie aujourd’hui un procédé de photocomposition informatisé.

Allemagne

[Encadré/Illustrations, page 582]

La fabrication des clichés

Des années 20 aux années 80, on fabriquait des clichés en plomb destinés à l’impression typographique.

[Illustrations]

1. Les lignes-blocs de caractères qui composaient les pages de la publication étaient assemblées dans des cadres métalliques ou châssis.

2. On pressait les caractères contre un matériau qui acceptait l’empreinte et servait ensuite de moule.

3. On appliquait alors du plomb fondu contre ce flan (ou moule) pour former un cliché métallique incurvé.

4. On ôtait les bavures apparaissant sur le cliché.

5. On nickelait les clichés pour augmenter leur résistance à l’usure.

Plus récemment, on positionnait les négatifs des pages obtenues par photocomposition et on insérait les illustrations. Ces pages étaient copiées par procédé photographique sur des plaques offset souples.

[Encadré/Illustration, page 585]

‘La preuve de l’action de l’esprit de Jéhovah’

“Que des personnes qui avaient peu d’expérience, voire aucune, aient réussi à imprimer des livres et des Bibles sur des rotatives [à une époque où les autres imprimeurs ne le faisaient pas encore] est la preuve que Jéhovah dirigeait les choses par son esprit.” Ainsi s’est exprimé Charles Fekel, qui savait de quoi il parlait: il avait contribué pendant plus de 50 ans à l’évolution des travaux d’impression au siège de la Société. Durant les dernières années de sa vie, il a été membre du Collège central.

[Illustration]

Charles Fekel

[Encadré/Illustration, page 586]

Ils faisaient confiance au Dieu Tout-Puissant

Un fait raconté par Hugo Riemer, ancien acheteur de la Société Watch Tower, illustre la manière dont la Société aborde ses transactions.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le papier d’imprimerie était rationné aux États-Unis. Les commandes devaient être présentées à une commission nommée par le gouvernement. En une certaine occasion, une des plus célèbres sociétés bibliques avait délégué des juristes, des hommes d’affaires, des prédicateurs, etc., pour la représenter devant cette commission. Ils ont obtenu bien moins qu’ils ne demandaient. Après avoir écouté leurs requêtes, la commission a fait appeler la Watchtower Bible and Tract Society. Quand Hugo Riemer et Max Larson se sont avancés, le président a demandé: “Vous n’êtes que deux?” Ils ont répondu: “Oui; nous espérons que le Dieu Tout-Puissant est aussi avec nous.” Ils ont obtenu les quantités dont ils avaient besoin.

[Illustration]

Hugo Riemer

[Encadré/Illustrations, page 587]

Les presses

La Société Watch Tower effectue ses travaux d’impression sur de nombreux modèles de presses.

[Illustrations]

Durant de longues années, on a utilisé de nombreux modèles de presses à plat (Allemagne).

Des presses pour petits tirages ont servi à imprimer des formules et des feuilles d’invitation, mais aussi des périodiques (États-Unis).

Dans ses imprimeries, la Société possédait 58 de ces rotatives typographiques MAN de fabrication allemande (Canada).

À l’heure actuelle, dans ses grandes imprimeries la Société utilise des rotatives offset quatre couleurs à grande vitesse fabriquées dans différents pays.

Italie

Allemagne

[Illustrations, pages 588, 589]

La reliure

Au début, dans les imprimeries de la Société Watch Tower, certains travaux de reliure étaient effectués à la main (Suisse).

Aux États-Unis, les grandes séries exigeaient de nombreuses opérations successives.

1. Assemblage des cahiers.

2. Couture des cahiers.

3. Collage des pages de garde.

4. Massicotage.

5. Impression des couvertures.

6. Emboîtage des couvertures sur les blocs.

7. Pressage des livres jusqu’à parfaite adhésion.

Actuellement, la couture des cahiers est le plus souvent remplacée par un encollage, et des machines rapides peuvent produire 20 000 livres ou plus par jour.

[Encadré/Illustrations, page 594]

Pour faire connaître le Royaume de Dieu

La Société Watch Tower a produit au fil du temps des publications en plus de 290 langues. En 1992, elle publiait des ouvrages en quelque 210 langues. Tous ces efforts avaient pour but d’aider les gens à connaître le Royaume de Dieu et ce qu’il signifiera pour eux. Voici quelques-uns de leurs manuels d’étude biblique les plus répandus:

“La vérité qui conduit à la vie éternelle” (1968): 107 553 888 exemplaires en 117 langues.

“Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis” (1982): 62 428 231 exemplaires en 115 langues.

“Vivez éternellement heureux sur la terre!” (1982): 76 203 646 exemplaires en 200 langues.

Les chiffres donnés ci-dessus sont ceux de 1992.

[Encadré/Illustrations, page 598]

Enregistrements sur cassettes

En plus des imprimés qu’elle utilise dans son œuvre d’évangélisation, la Société Watch Tower produit depuis 1978 des cassettes audio (déjà plus de 65 millions) sur ses propres installations aux États-Unis et en Allemagne.

La “Traduction du monde nouveau” intégrale existe sur cassettes audio en allemand, en anglais, en espagnol, en français, en italien et en japonais. En 1992, des parties plus ou moins importantes de cette traduction étaient également disponibles sur cassettes en huit autres langues.

On a produit des cassettes destinées à l’enseignement des enfants, des enregistrements du “Recueil d’histoires bibliques” et du livre “Écoutez le grand Enseignant”, publications qui s’adressent spécialement aux jeunes.

Par ailleurs, dans certains pays, on prépare des enregistrements destinés à être radiodiffusés.

Des enregistrements musicaux sont produits par un orchestre composé exclusivement de Témoins. Ces enregistrements servent de musique d’accompagnement pour le chant des cantiques lors des assemblées des Témoins de Jéhovah. Il en existe également de magnifiques adaptations pour orchestre destinées à un usage privé.

Des drames enregistrés (mettant en scène des situations de notre époque ou des récits bibliques) sont utilisés lors des assemblées. Des Témoins jouent les scènes pour aider les assistants à se représenter les événements. Certains de ces enregistrements procurent par la suite une détente instructive aux familles.

Les périodiques “La Tour de Garde” et “Réveillez-vous!” sont tous deux disponibles sur cassettes audio en anglais et en finnois. “La Tour de Garde” est aussi disponible en allemand, en danois, en français et en norvégien. Destinées à l’origine aux personnes qui voient mal, ces cassettes sont tout aussi appréciées par des milliers d’autres.

[Illustration]

John Barr au studio d’enregistrement.

[Encadré/Illustrations, pages 600, 601]

Utilisation de cassettes vidéo dans la proclamation du Royaume

En 1990, la Société Watch Tower a franchi une nouvelle étape en sortant sa première cassette vidéo destinée au public.

On a estimé que cette année-​là plus de 200 000 000 de foyers dans le monde étaient équipés de magnétoscopes de divers types. Même dans des pays où n’existaient pas de chaînes de télévision, les gens possédaient des magnétoscopes. Les cassettes vidéo se présentaient donc comme un nouvel instrument d’enseignement, permettant de toucher un large public.

Dès 1985, on avait commencé à préparer une présentation vidéo de certaines activités du siège mondial de la Société à l’intention des visiteurs. Ensuite, grâce aux films vidéo, on a gagné du temps pour expliquer le fonctionnement du Béthel lors de l’accueil des nouveaux membres. Cet outil de formation pouvait-​il trouver d’autres applications pour concourir à l’œuvre mondiale d’évangélisation? Certains Témoins en étaient persuadés.

C’est ainsi qu’en octobre 1990 est sortie en anglais la cassette “Les Témoins de Jéhovah: un nom, une organisation”. L’accueil fut remarquable. La Société a reçu un flot de lettres souhaitant que d’autres films de ce genre soient préparés. Pour répondre à cette demande, le Collège central a créé un nouveau service: le Service vidéo.

Des Témoins expérimentés dans ce domaine ont été heureux d’apporter leur aide. On a acquis du matériel et monté des studios. Une équipe de cadreurs a commencé à se rendre dans divers pays pour y filmer des personnages et des objets qui pourraient servir dans des films destinés à affermir la foi des spectateurs. Pour rehausser la qualité des films vidéo, on a fait enregistrer des fonds musicaux par un orchestre international composé exclusivement de Témoins, orchestre qui avait déjà collaboré à d’autres réalisations spéciales.

On s’est fixé l’objectif de toucher davantage de groupes linguistiques. Au milieu de 1992, on a mis en circulation la cassette “Les Témoins de Jéhovah: un nom, une organisation” dans plus d’une dizaine de langues. Cette cassette a été doublée en 25 langues, dont certaines pour l’Europe de l’Est. Par ailleurs, il était prévu d’en produire des versions en mandarin et en cantonais destinées aux Chinois. La Société a également acquis les droits de reproduction et de distribution du film “Les triangles violets” (en anglais), qui relate l’intégrité d’une famille de Témoins allemands durant la période nazie. En l’espace de deux ans, plus d’un million de cassettes vidéo ont été produites à l’usage des Témoins de Jéhovah lors de leur ministère.

Une attention particulière a été accordée aux besoins des non-entendants. On a produit une version de la cassette “Les Témoins de Jéhovah: un nom, une organisation” en langage gestuel américain. On a entamé des études en vue de produire des films vidéo adaptés aux non-entendants d’autres pays.

Dans le même temps, on travaillait sur une série de films qui aiderait les gens à avoir confiance dans le livre qui est le fondement même de la foi chrétienne: la Bible. En septembre 1992, on avait achevé en anglais la première partie de la série, “La Bible: un récit historique exact, des prophéties dignes de foi”, et des versions en d’autres langues étaient en préparation.

Les cassettes vidéo ne sont en aucune manière appelées à remplacer les imprimés ou le témoignage individuel. Les imprimés de la Société continuent de jouer un rôle essentiel dans la diffusion de la bonne nouvelle. L’activité de maison en maison des Témoins de Jéhovah reste un aspect de leur ministère qui est puissamment attesté par les Écritures. Toutefois, les cassettes vidéo viennent à présent s’y ajouter et sont des instruments utiles pour affermir la foi des gens dans les précieuses promesses divines, et pour leur faire apprécier l’œuvre qui s’effectue à notre époque dans le monde entier.

[Illustrations]

1. Les grandes lignes du film définies, les prises de vues sont effectuées à mesure que le scénario est rédigé.

2. Les vues sont sélectionnées et leur ordre d’apparition est déterminé lors du montage.

3. L’orchestre enregistre la musique spécialement composée pour le film.

4. La musique électronique et les bruitages sont synchronisés avec le commentaire et les images.

5. Le son et l’image sont assemblés lors du montage final.

[Illustrations, page 576]

L’impression de ces anciennes publications a été assurée par des imprimeries commerciales.

[Illustration, page 577]

Charles Wise a fait un test pour voir si les Étudiants de la Bible devaient réinstaller leur siège à Brooklyn.

[Illustrations, page 579]

La première rotative de la Société a servi à imprimer 4 000 000 d’exemplaires du cinglant n27 de “L’Âge d’Or”.

[Illustration, page 580]

Robert Martin (à droite), premier surveillant de l’imprimerie de la Société à Brooklyn, s’entretient avec frère Rutherford.

[Illustration, page 583]

Une des premières imprimeries de la Société en Europe (Berne, Suisse).

[Illustrations, page 584]

Dans les années 20, la Société a installé une imprimerie à Magdeburg (Allemagne).

[Illustration, pages 590, 591]

Elandsfontein, Afrique du Sud (1972).

[Illustration, page 590]

Numazu, Japon (1972).

[Illustration, page 590]

Strathfield, Australie (1972).

[Illustration, page 590]

São Paulo, Brésil (1973).

[Illustration, page 591]

Lagos, Nigeria (1974).

[Illustration, page 591]

Wiesbaden, Allemagne (1975).

[Illustration, page 591]

Toronto, Canada (1975).

[Illustration, page 597]

Les Témoins ont réalisé un énorme travail de digitalisation des polices de caractères nécessaires à la réalisation d’ouvrages bibliques en de nombreuses langues (Brooklyn).

[Illustration, page 599]

Des terminaux graphiques couleur permettent aux maquettistes de positionner, de recadrer et de retoucher les illustrations par procédé électronique.

[Illustration, page 602]

Les Témoins de Jéhovah se servent de l’ordinateur pour accélérer et améliorer la traduction de la Bible (Corée).