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La prédication en public et de maison en maison

La prédication en public et de maison en maison

Chapitre 25

La prédication en public et de maison en maison

QUAND Jésus Christ a envoyé ses disciples en mission, il leur a donné cette instruction: “Chemin faisant, prêchez en disant: ‘Le royaume des cieux s’est approché.’” (Mat. 10:7). Il a également donné un ordre prophétique pour les vrais chrétiens qui vivraient pendant la conclusion du système de choses quand il a déclaré: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage.” (Mat. 24:14). Qu’entendait-​il par là?

Il ne voulait pas dire que ses disciples devraient bâtir des églises, sonner une cloche et attendre qu’une assemblée de fidèles se réunisse une fois par semaine pour les écouter prononcer un sermon. Le verbe grec traduit ici par ‘prêcher’ (kêrussô) a pour sens premier “faire une proclamation en qualité de héraut”. Ce mot ne signifie pas prononcer des sermons devant un petit groupe de disciples, mais plutôt faire une déclaration publique.

Par son exemple, Jésus a montré comment il fallait prêcher. Il s’est rendu dans des lieux où il pouvait rencontrer du monde. Au Ier siècle, les gens se réunissaient régulièrement dans les synagogues pour écouter la lecture des Écritures. À plusieurs reprises, Jésus a saisi l’occasion de leur prêcher en ces lieux, non pas dans une ville seulement, mais dans les villes et les villages de toute la Galilée et de la Judée (Mat. 4:23; Luc 4:43, 44; Jean 18:20). Les Évangiles rapportent qu’il a prêché plus souvent encore au bord de la mer, à flanc de montagne, sur la route, dans les villages et chez ceux qui le recevaient. Partout où il trouvait des gens, il parlait des dispositions prises par Dieu en faveur de l’humanité (Luc 5:3; 6:17-49; 7:36-50; 9:11, 57-62; 10:38-42; Jean 4:4-26, 39-42). Et quand il a envoyé ses disciples prêcher, il leur a dit d’aller dans les foyers afin de chercher les personnes qui étaient dignes du message et de leur donner le témoignage au sujet du Royaume de Dieu. — Mat. 10:7, 11-13.

À notre époque, les Témoins de Jéhovah s’efforcent de suivre le modèle laissé par Jésus et ses disciples du Ier siècle.

L’annonce de la présence du Christ

Lorsque Charles Russell et ses compagnons ont commencé à discerner l’harmonieux modèle de vérité exposé dans la Parole de Dieu, ils ont été profondément touchés par ce qu’ils apprenaient sur le but et la manière du retour du Christ. Frère Russell a compris, et la nécessité de faire connaître ces choses, et la grande urgence de cette œuvre. C’est pourquoi il s’est organisé pour se déplacer là où il pourrait exprimer ces vérités bibliques devant des groupes d’auditeurs. Il a assisté à des rassemblements religieux en plein air où il a pu prendre la parole, tout comme Jésus avait prêché dans les synagogues. Cependant, il s’est vite rendu compte qu’il était possible de donner un plus grand témoignage d’autres façons encore. Son étude des Écritures lui a fait comprendre que Jésus et ses apôtres avaient accompli la majeure partie de leur prédication en ayant des conversations particulières avec les gens et en allant de maison en maison. Il a aussi discerné l’importance de faire suivre l’entretien par la remise d’un écrit à l’interlocuteur.

Déjà en 1877, il avait publié la brochure The Object and Manner of Our Lord’s Return (Le but et la manière du retour de notre Seigneur). Deux ans plus tard, il a entrepris de publier régulièrement le périodique Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ. En effet, son objectif était de prêcher des nouvelles capitales concernant la présence du Christ, d’en être le messager.

Dès 1881, les Étudiants de la Bible ont distribué gratuitement leurs publications près des églises — pas devant l’entrée, mais à proximité, de telle sorte que les gens portés sur les questions religieuses en reçoivent. Beaucoup d’Étudiants de la Bible remettaient ces publications à leurs connaissances ou les expédiaient par la poste. En 1903, La Tour de Garde leur a recommandé de distribuer les tracts à tout le monde, de maison en maison, plutôt que de concentrer leurs efforts sur les gens qui assistaient aux offices. Si tous les Étudiants de la Bible ne l’ont pas fait, beaucoup ont néanmoins suivi cette exhortation avec un zèle véritable. Ainsi, on a signalé que le témoignage a été donné dans presque chaque foyer d’un certain nombre de grandes villes des États-Unis et de leur banlieue, dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres ou plus. Des millions et des millions de tracts ou de brochures ont ainsi été distribués. À l’époque, la plupart des Étudiants de la Bible qui proclamaient la bonne nouvelle le faisaient en participant d’une façon ou d’une autre à la distribution gratuite de tracts et de divers imprimés.

D’autres Étudiants de la Bible, en nombre plus restreint, étaient des évangélisateurs-colporteurs; ils consacraient une grande partie de leur temps à cette œuvre.

Des colporteurs zélés donnent l’exemple

C’est en avril 1881 qu’a été lancé le premier appel invitant des hommes et des femmes voués à Dieu à utiliser une bonne partie de leur temps à ce service. Ils proposaient aux gens, chez eux, dans les commerces et dans les bureaux, un petit livre expliquant les vérités bibliques, ainsi que l’abonnement à La Tour de Garde. Leur objectif était de rechercher les personnes affamées de vérité et de les éclairer. Dans un premier temps, ils essayaient d’en dire juste assez pour stimuler l’intérêt, laissaient dans chaque foyer une série de publications pour que la personne les examine, puis revenaient quelques jours plus tard. Certains leur rendaient les ouvrages; d’autres voulaient les acquérir; quoi qu’il en soit, il était souvent possible de converser. La Tour de Garde définissait ainsi l’objectif de ces évangélisateurs: “Le but n’est pas de vendre des séries de livres ni d’obtenir des abonnements, mais de faire connaître la vérité en amenant les gens à lire.”

Les colporteurs étaient relativement peu nombreux. Durant les 30 premières années, leur nombre a varié entre une poignée et 600 environ. Ces colporteurs étaient des pionniers au vrai sens du terme; ils ouvraient de nouveaux territoires. Anna Andersen a persévéré dans ce service pendant des dizaines d’années; se déplaçant généralement à bicyclette, elle a annoncé la bonne nouvelle dans presque toutes les villes de Norvège. D’autres colporteurs se sont expatriés et ont été les premiers à proclamer le message dans des pays comme la Finlande, la Barbade, le Salvador, le Guatemala, le Honduras et la Birmanie (le Myanmar). Il en est aussi qui n’étaient pas libres de se déplacer, mais qui ont été des évangélisateurs-colporteurs dans leur région.

Les colporteurs ont accompli une activité remarquable. En 1898, l’un d’eux, qui prêchait sur la côte ouest des États-Unis, a écrit que durant les 33 mois précédents il avait parcouru presque 13 000 kilomètres en voiture à cheval, donné le témoignage dans 72 villes, eu 18 000 entretiens, laissé 4 500 livres, obtenu 125 abonnements, distribué 40 000 tracts et vu 40 personnes non pas simplement accepter le message, mais aussi commencer à le communiquer à autrui. En Australie, un couple de prédicateurs a réussi en seulement deux ans et demi à remettre 20 000 livres à des personnes bien disposées.

Était-​il exceptionnel de distribuer beaucoup de publications? Le rapport pour 1909 montre qu’environ 625 colporteurs (leur nombre total à l’époque) ont reçu de la Société cette année-​là 626 981 livres à distribuer (soit une moyenne de plus de mille par colporteur), outre un grand nombre d’imprimés gratuits. Souvent, ils ne pouvaient pas transporter assez de livres de maison en maison; ils prenaient donc des commandes et revenaient les livrer ultérieurement.

Néanmoins, certains objectaient: “Ce n’est pas cela, prêcher!” Mais en fait, comme frère Russell l’a expliqué, il s’agissait d’une prédication des plus efficaces. Au lieu d’entendre un seul sermon, les gens en recevaient de nombreux sous forme écrite et ils pouvaient ainsi les lire et les relire tout en vérifiant leur contenu dans leur propre exemplaire de la Bible. Il s’agissait d’une méthode d’évangélisation qui prenait en compte le niveau d’instruction qui permettait désormais au public de lire. À ce sujet, voici ce que déclarait le livre La Nouvelle Création: “Le fait que ces [évangélisateurs] travaillent dans des conditions adaptées à notre époque, au lieu de le faire comme on le faisait dans le passé, n’est pas un argument contre ce travail, pas plus que le fait de voyager aujourd’hui par la vapeur ou l’électricité au lieu de voyager à pied ou à cheval. L’évangélisation se fait par la présentation de la Vérité, (...) de la Parole de Dieu.”

Les Étudiants de la Bible désiraient sincèrement aider leurs semblables, comme en témoigne la minutie avec laquelle ils en sont venus à effectuer leur prédication. La Tour de Garde du 1er mars 1917 (en anglais) décrivait leur activité comme suit: Dans un premier temps, les colporteurs rendaient visite aux habitants d’une certaine région et leur proposaient des tomes des Études des Écritures. Ensuite, des ouvriers pastoraux * rendaient visite aux gens qui avaient décliné leur identité aux colporteurs ou lors de réunions publiques. Ils essayaient de stimuler en eux le désir de lire la publication, encourageaient ceux qui manifestaient de l’intérêt à assister à des discours prévus spécialement, et s’efforçaient d’organiser des classes d’étude béréenne de la Bible. Ensuite, dans la mesure du possible, les colporteurs parcouraient de nouveau la même région; ils étaient suivis par les ouvriers pastoraux qui restaient en relation avec les personnes intéressées par le message. Par la suite, d’autres ouvriers d’ecclésia rendaient visite aux mêmes personnes pour leur remettre de la “littérature gratuite”, comme ils appelaient les tracts et autres écrits qu’ils distribuaient gracieusement. Ainsi, chacun pouvait obtenir au moins un imprimé susceptible de lui donner envie d’en apprendre davantage sur le dessein de Dieu.

Quand il n’y avait qu’un ou deux colporteurs dans une région où ne se trouvait aucune congrégation, ils entretenaient souvent eux-​mêmes l’intérêt suscité. Ainsi, en 1908, quand Hermann Herkendell et son compagnon sont allés faire œuvre de colporteurs à Bielefeld (Allemagne), ils avaient pour instruction de mettre en relation entre elles les personnes bien disposées de l’endroit et de former une congrégation. Quelques années plus tard, La Tour de Garde a signalé que d’autres colporteurs accordaient une telle attention individuelle aux gens intéressés par le message que, dans toutes les villes où ils passaient, ils laissaient derrière eux une classe d’Étudiants de la Bible.

En 1921 est paru un ouvrage fort utile pour accomplir cette activité: La Harpe de Dieu. Ce livre spécialement conçu pour les débutants dans l’étude de la Bible a été publié à 5 819 037 exemplaires, en 22 langues. Pour aider ceux qui entraient en possession de cette publication, la Société a préparé un cours par correspondance permettant d’étudier la Bible par sujets. Il consistait en 12 questionnaires, qui étaient expédiés sur une période de 12 semaines. Étaient également prévues des discussions bibliques en groupe sur la base de ce livre au domicile des personnes qui manifestaient de l’intérêt. Généralement, plusieurs Étudiants de la Bible assistaient à ce genre d’étude.

Les Témoins étaient bien conscients que le champ était immense, mais qu’ils étaient peu nombreux. — Luc 10:2.

Beaucoup entendent le message alors que les prédicateurs sont peu nombreux

La Tour de Garde a montré que les authentiques chrétiens oints de l’esprit avaient reçu de Dieu la responsabilité de trouver et d’aider tous les gens qui étaient des chrétiens sincères, pratiquants ou non (És. 61:1, 2). Comment y parviendraient-​ils?

Les deux Étudiants de la Bible (J. Sunderlin et J. Bender) qui ont été envoyés en Angleterre en 1881 n’auraient pas pu faire grand-chose tout seuls; mais avec l’aide de centaines de jeunes hommes dont on avait loué les services, ils ont fait en sorte que 300 000 exemplaires de Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis) soient rapidement distribués. Adolf Weber, qui est retourné en Suisse au milieu des années 1890 pour y prêcher la bonne nouvelle, devait s’occuper d’un vaste territoire s’étendant sur plusieurs pays. Comment a-​t-​il fait pour le parcourir entièrement? Il a lui-​même voyagé comme colporteur, mais a aussi fait paraître des annonces dans les journaux et pris des dispositions pour que des libraires incluent des publications de la Société Watch Tower dans leurs collections. En 1907, le petit groupe d’Étudiants de la Bible allemands a fait en sorte que 4 850 000 tracts de quatre pages soient expédiés avec des journaux. Peu après la Première Guerre mondiale, un frère letton qui faisait partie des volontaires travaillant au siège mondial de la Société, à New York, a fait insérer à ses frais des annonces dans les journaux de son pays natal. C’est un homme ayant répondu à l’une de ces annonces qui est devenu le premier Étudiant de la Bible en Lettonie. Cependant, l’utilisation de telles méthodes publicitaires ne remplaçait pas le témoignage donné à titre individuel et la recherche de maison en maison de ceux qui étaient dignes du message. Elle servait plutôt à amplifier l’effet de la proclamation.

Toutefois, on ne faisait pas paraître que des annonces dans les journaux. Durant les années qui ont précédé la Première Guerre mondiale, les sermons de frère Russell ont été publiés régulièrement, sous sa direction, dans la presse. En peu de temps, le nombre des journaux qui les reproduisaient s’est accru de façon spectaculaire: il s’est élevé à plus de 2 000. Ces journaux représentaient en tout 15 000 000 de lecteurs aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie et en Afrique du Sud. Était-​il possible de faire plus? Frère Russell le pensait.

En janvier 1914, au bout de deux ans de préparatifs, est sorti le “Photo-Drame de la Création”. Il était présenté en quatre parties. Ce spectacle de huit heures consistait en une projection de films et de vues fixes synchronisée avec des commentaires enregistrés. C’était vraiment une production extraordinaire destinée à faire prendre conscience aux spectateurs de la valeur inestimable de la Bible et du dessein divin expliqué dans ses pages. Les séances étaient programmées de telle sorte qu’il pouvait y en avoir dans 80 villes chaque jour. Elles étaient annoncées au moyen des journaux, d’une profusion d’affiches apposées dans les vitrines et aux fenêtres, et d’un grand nombre d’écrits distribués gratuitement dans le but de susciter l’intérêt pour le “Photo-Drame”. Partout où il a été présenté, des foules se sont déplacées pour le voir. En un an, il a été vu par plus de 8 000 000 de personnes aux États-Unis et au Canada, et on signalait qu’il était projeté devant des salles combles en Grande-Bretagne et sur le continent européen, ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. Par la suite, une version abrégée du “Photo-Drame” (sans les films) a été utilisée dans les petites villes et les régions rurales. Le Drame a continué d’être présenté en diverses langues pendant une vingtaine d’années au moins. Il a suscité un grand intérêt; de nombreuses personnes bien disposées ont laissé leur adresse et ont reçu une visite par la suite.

Puis, dans les années 20, un autre instrument qui allait permettre de donner une très large diffusion au message du Royaume a vu le jour. Frère Rutherford était convaincu que la main du Seigneur était pour quelque chose dans son apparition. De quoi s’agissait-​il? De la radio. Moins de deux ans après que les premières stations radiophoniques commerciales eurent commencé à émettre régulièrement (en 1920), Joseph Rutherford, le président de la Société Watch Tower, a pris la parole à la radio pour répandre la vérité biblique. C’était là un moyen de toucher simultanément des millions de personnes. Deux ans plus tard, en 1924, la Société disposait de sa propre station de radio, la WBBR, à New York. En 1933, 408 stations, un nombre record, étaient utilisées pour diffuser le message sur tous les continents. Outre les émissions en direct, on diffusait des programmes préenregistrés traitant de quantité de sujets. On donnait une grande publicité à ces émissions en distribuant des annonces imprimées afin que les gens soient informés de leur existence et les écoutent. Elles ont renversé de nombreux préjugés et ont ouvert les yeux des personnes sincères. Beaucoup, par crainte de leurs voisins et du clergé, n’osaient pas assister aux réunions organisées par les Étudiants de la Bible, mais cela ne les empêchait pas d’écouter la radio chez elles. Les émissions radiophoniques ne rendaient pas superflue la prédication de maison en maison; mais elles ont fait pénétrer la vérité biblique en des endroits difficiles d’accès, et elles fournissaient d’excellentes entrées en matière aux Témoins quand ils rendaient personnellement visite aux gens.

Chacun a la responsabilité de témoigner

La Tour de Garde soulignait depuis des dizaines d’années que chacun avait la responsabilité de prendre individuellement part à l’œuvre de témoignage. Mais à partir de 1919, ce point a été constamment rappelé dans les publications et aux assemblées. Malgré tout, beaucoup trouvaient difficile d’engager la conversation avec des inconnus à leur porte, et au début seul un nombre limité d’Étudiants de la Bible participaient régulièrement à la prédication de maison en maison.

Des encouragements chaleureux tirés des Écritures ont été donnés. Dans ses numéros de mars et d’avril 1920 (1er et 15 août 1919 en anglais), La Tour de Garde contenait l’article intitulé “Heureux ceux qui ne craignent pas”. Elle mettait ses lecteurs en garde contre la crainte de l’homme, attirait leur attention sur les 300 courageux soldats de Gédéon qui s’étaient montrés vigilants, prêts à servir de la façon préconisée par le Seigneur, quelle qu’elle soit, et ce alors que tout semblait les désavantager. Elle louait également la confiance totale qu’Élisée avait placée en Jéhovah (Juges 7:1-25; 2 Rois 6:11-19; Prov. 29:25). En 1921, l’article “Ayez bon courage” soulignait que servir du côté du Seigneur contre les forces sataniques des ténèbres en participant à l’œuvre annoncée en Matthieu 24:14 est non seulement un devoir, mais un privilège. Ceux qui, en raison de leur situation, ne pouvaient participer que dans une mesure limitée à cette activité étaient exhortés à ne pas se décourager et, dans le même temps, à ne pas se retenir de faire tout ce qu’ils pouvaient.

Au moyen d’articles bibliques directs, La Tour de Garde amenait tous ceux qui disaient être des serviteurs de Dieu oints à prendre conscience de leur responsabilité d’être des prédicateurs du Royaume de Dieu. L’édition anglaise du 15 août 1922 contenait un article concis et précis intitulé “Le service est essentiel”. Il y était question du service consistant, comme celui du Christ, à rendre visite à d’autres personnes à leur domicile pour leur parler du Royaume de Dieu. Plus tard au cours de la même année, il a été montré que, pour avoir de la valeur aux yeux de Dieu, ce service doit être motivé par l’amour (1 Jean 5:3). Un article publié dans le numéro d’octobre 1926 déclarait que Dieu ne se laisse pas impressionner par un culte formaliste; ce qu’il demande, c’est qu’on lui obéisse, et notamment qu’on fasse grand cas de tous les moyens qu’il utilise pour accomplir son dessein (1 Sam. 15:22). Environ un an après, à l’examen du sujet “Mission des chrétiens sur la terre”, l’attention des lecteurs a été attirée sur le rôle que Jésus joue en tant que “témoin fidèle et vrai” et sur le fait que l’apôtre Paul a prêché “en public et de maison en maison”. — Rév. 3:14; Actes 20:20.

Les prédicateurs étaient invités à apprendre par cœur les présentations détaillées suggérées dans le Bulletin, leur feuillet mensuel d’instructions pour le service. Ils étaient encouragés à participer à la prédication régulièrement chaque semaine. Au début, toutefois, ceux qui témoignaient vraiment en allant de maison en maison étaient peu nombreux, et certains de ceux qui ont commencé à le faire n’ont pas persévéré. Aux États-Unis, par exemple, la moyenne hebdomadaire des prédicateurs s’élevait à 2 712 en 1922. Mais en 1924, ce chiffre était tombé à 2 034. En 1926, la moyenne était de 2 261, avec un maximum de 5 937 durant une semaine d’activité spéciale.

Puis, fin 1926, la Société a commencé à encourager les congrégations à réserver une partie du dimanche pour la prédication en groupe et à présenter ce jour-​là non seulement des tracts, mais aussi des livres d’étude biblique. En 1927, La Tour de Garde a exhorté les membres fidèles des congrégations à retirer la charge d’ancien à tous ceux dont les paroles ou les actions montraient qu’ils n’acceptaient pas la responsabilité de prêcher en public et de maison en maison. Ainsi, les sarments qui ne portaient pas de fruit ont été enlevés, en quelque sorte, et les autres ont été taillés de manière à produire plus de fruit à la louange de Dieu (voir l’illustration de Jésus consignée en Jean 15:1-10). Y a-​t-​il eu effectivement davantage de louanges adressées à Jéhovah en public? En 1928, la moyenne hebdomadaire des prédicateurs s’est accrue de 53 % aux États-Unis.

Les Témoins ne se contentaient plus de remettre un écrit gratuit et de poursuivre leur chemin. Un plus grand nombre d’entre eux parlaient brièvement aux personnes, s’efforçaient de susciter leur intérêt pour le message de la Bible, puis proposaient des livres.

Indéniablement, ces premiers Témoins étaient courageux; certes, tous ne faisaient pas preuve de tact, mais ils se démarquaient des autres groupements religieux. Ils ne se bornaient pas à dire que chacun devait témoigner de sa foi. Ils étaient de plus en plus nombreux à le faire.

Cartes de témoignage et phonographes

Fin 1933, les Témoins ont inauguré une autre méthode de prédication. En guise d’entrée en matière, ils tendaient aux gens une carte de témoignage sur laquelle était imprimé un bref message qu’ils les invitaient à lire. Cette carte était surtout d’une grande aide pour les nouveaux prédicateurs, qui ne recevaient pas une grande formation à l’époque. Généralement, quand la personne avait lu la carte, ils ne lui adressaient que quelques paroles; certains parlaient davantage, en se servant de la Bible. Cette méthode a continué d’être utilisée pendant une bonne partie des années 40. Elle permettait aux Témoins de parcourir rapidement le territoire, de toucher davantage de gens, de distribuer un grand nombre de précieuses publications bibliques, de donner un témoignage uniforme, et même de présenter le message à des gens dont ils ne parlaient pas la langue. Cette méthode a aussi donné lieu à des situations embarrassantes: il arrivait que les personnes conservent la carte et referment leur porte, ce qui obligeait le Témoin à frapper de nouveau pour la récupérer.

Les discours bibliques phonographiques ont également joué un grand rôle dans les années 30 et au début des années 40. En 1934, certains Témoins ont commencé à prêcher avec un phonographe portatif. Comme cet appareil était assez lourd, ils le laissaient dans leur voiture ou à un endroit approprié jusqu’à ce qu’ils trouvent des gens désireux d’écouter un discours biblique phonographique. Puis, en 1937, on a commencé à utiliser un phonographe portatif à la porte même des maisons. C’était simple. Après avoir dit qu’il était porteur d’un message biblique important, le Témoin posait l’aiguille sur le disque et attendait pendant que la personne écoutait. Kasper Keim, un pionnier allemand qui prêchait aux Pays-Bas, appréciait au plus haut point son “Aaron”, comme il appelait le phonographe, car il avait du mal à prêcher en néerlandais (voir Exode 4:14-16). C’était parfois par simple curiosité que des familles entières écoutaient les disques.

En 1940, plus de 40 000 phonographes étaient en service. Cette année-​là, un nouveau modèle vertical conçu et fabriqué par les Témoins est sorti. Il a surtout été utilisé aux Amériques. Il excitait encore plus la curiosité des gens, car on ne voyait pas le disque. Il s’agissait de 78 tours d’une durée de quatre minutes et demie. Les titres étaient courts et précis: “Royaume”, “Prière”, “Le chemin de la vie”, “Trinité”, “Purgatoire”, “Pourquoi le clergé s’oppose à la vérité”. On a enregistré plus de 90 discours différents, et mis en circulation plus d’un million de disques. Ces discours étaient clairs et faciles à suivre. Beaucoup les écoutaient avec respect; quelques-uns se mettaient en colère. Quoi qu’il en soit, un témoignage efficace et harmonieux était donné.

Proclamation hardie de la bonne nouvelle dans les lieux publics

Si on laissait surtout “parler” les cartes de témoignage et les phonographes, il fallait néanmoins beaucoup de courage pour être un Témoin à l’époque. La nature même de l’œuvre attirait l’attention du public sur les Témoins.

Après l’assemblée organisée à Columbus (Ohio) en 1931, les Témoins de Jéhovah ont distribué la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde dans laquelle était repris le texte d’une résolution intitulée “Avertissement de Jéhovah” adressé “Aux gouvernants et aux peuples”. Ils comprenaient qu’en qualité de Témoins pour Jéhovah ils avaient la lourde responsabilité de publier l’avertissement contenu dans sa Parole (Ézéch. 3:17-21). Ils ne se contentaient pas d’envoyer cette brochure par la poste ni de la glisser sous les portes. Non, ils la remettaient aux gens en main propre. Ils ont rendu visite à tous les membres du clergé et, dans la mesure du possible, aux hommes politiques, aux officiers de l’armée et aux directeurs des grandes entreprises. De plus, ils l’ont présentée au public dans la centaine de pays où ils prêchaient de façon organisée à l’époque.

En 1933, ils ont utilisé de puissants appareils de sonorisation pour faire entendre dans des lieux publics des enregistrements sur disques de discours bibliques très francs. Frère Smets et frère Poelmans ont installé leur équipement sur un tricycle à côté duquel ils se tenaient pendant qu’ils faisaient retentir le message sur les places de marché et près des églises à Liège (Belgique). Ils effectuaient souvent cette activité dix heures par jour. À la Jamaïque, comme les gens se rassemblaient dès qu’ils entendaient de la musique, les frères commençaient par passer un enregistrement musical. Des foules de gens affluaient sur la route pour voir ce qui se passait, et ils trouvaient les Témoins de Jéhovah en train de diffuser le message du Royaume.

On a installé certains de ces appareils de sonorisation sur des automobiles et des bateaux; les haut-parleurs étaient placés sur le toit pour que le son porte plus loin. En Australie, Bert et Vi Horton se sont servis d’une camionnette surmontée d’un énorme haut-parleur sur lequel étaient inscrits les mots “Kingdom Message” (Message du Royaume). Au cours d’une seule année, ils ont fait retentir dans la plupart des rues de Melbourne les discours démasquant sans ambages la fausse religion et décrivant avec enthousiasme les bienfaits qu’apportera le Royaume de Dieu. Ces années-​là, Claude Goodman était pionnier en Inde. Avec une voiture munie de haut-parleurs, il faisait entendre des discours phonographiques dans les langues du pays, ce qui lui a permis de toucher des foules nombreuses dans les bazars, dans les parcs publics, sur les routes, bref partout où il y avait du monde.

Au Liban, quand des Témoins arrêtaient leur voiture à haut-parleurs sur une colline et passaient des discours bibliques phonographiques, le son portait loin dans les vallées. Ne voyant pas d’où venait la voix, les gens des villages étaient parfois effrayés, pensant que c’était Dieu qui leur parlait depuis les cieux.

Les Témoins ont toutefois connu des moments d’angoisse. Un jour, en Syrie, le prêtre d’un village a abandonné son repas sur la table, a saisi sa grosse canne et s’est frayé un chemin à travers la foule rassemblée autour de la voiture à haut-parleurs pour entendre un discours biblique. Brandissant sa canne avec colère et proférant des menaces, il a ordonné: “Arrêtez! je vous ordonne d’arrêter!” Mais les Témoins ont remarqué que tout le monde n’était pas de son avis; certains voulaient écouter le discours. Peu après, quelques hommes se sont saisis du prêtre, l’ont ramené chez lui et l’ont déposé devant son repas qui l’attendait. Malgré l’opposition du clergé, les Témoins ont veillé courageusement à ce que les gens aient la possibilité d’entendre le message.

À la même époque, les Témoins ont également utilisé dans les quartiers commerçants beaucoup de pancartes qu’ils portaient tout en distribuant des invitations aux discours spéciaux. Ils l’ont fait pour la première fois en 1936, à Glasgow (Écosse). Cette année-​là, ils ont aussi utilisé cette méthode à Londres (Angleterre), puis aux États-Unis. Deux ans après, on a attiré davantage encore l’attention en portant des pancartes fixées à l’extrémité de perches. On pouvait y lire: “La religion est un piège et une escroquerie *” et “Servez Dieu et Christ, le Roi”. À l’occasion d’une assemblée, la colonne de Témoins portant ces pancartes faisait parfois plusieurs kilomètres de long. Lorsqu’ils défilaient en silence l’un derrière l’autre dans des rues très fréquentées, ils produisaient un effet rappelant celui de l’armée de l’Israël antique quand elle faisait le tour de Jéricho avant la chute de la muraille (Josué 6:10, 15-21). Cette méthode hardie de témoignage a été utilisée de Londres (Angleterre) à Manille (Philippines).

On a inauguré une autre méthode de témoignage public en 1940. En février de cette année-​là, conformément au verset selon lequel ‘la vraie sagesse crie avec force dans la rue’, les Témoins de Jéhovah ont commencé à distribuer La Tour de Garde et Consolation (maintenant Réveillez-vous!) au coin des rues * (Prov. 1:20). Ils lançaient des slogans attirant l’attention sur les périodiques et sur le message qu’ils contenaient. Dans les villes, grandes et petites, de toutes les parties du monde, il est devenu courant de voir des Témoins de Jéhovah en train de proposer leurs périodiques. Mais il faut du courage pour participer à cette activité, et c’était d’autant plus vrai quand elle a commencé, car à l’époque la persécution faisait rage et le nationalisme était exacerbé par la guerre.

Quand ils ont été invités à participer à ce témoignage public, les Témoins ont réagi avec foi. Le nombre de ceux qui se sont engagés dans cette œuvre n’a cessé d’augmenter. À leurs yeux, c’était un privilège de démontrer leur fidélité à Jéhovah de cette façon. Mais ils avaient d’autres choses à apprendre.

Chacun doit être en mesure d’expliquer sa foi

Un extraordinaire programme d’enseignement a été inauguré en 1942, au siège mondial des Témoins de Jéhovah. L’année suivante, il a débuté dans les congrégations de Témoins disséminées sur toute la terre. Confiants que l’esprit de Dieu était sur eux et qu’Il avait mis sa parole dans leur bouche, ils étaient résolus à prêcher cette parole même si leurs persécuteurs les privaient des publications de la Société Watch Tower, voire de la Bible (És. 59:21). Il y avait déjà des pays, comme le Nigeria, où les Témoins ne disposaient que de la Bible quand ils prêchaient, puisque le gouvernement avait interdit toutes les publications de la Société Watch Tower et avait même confisqué celles que les Témoins possédaient dans leur bibliothèque personnelle.

C’est le 16 février 1942 que frère Knorr a inauguré un “cours supérieur de ministère théocratique” au Béthel de Brooklyn (New York). Ce cours montrait comment faire des recherches, s’exprimer clairement et correctement, préparer des discours à l’aide d’un plan, présenter des exposés efficaces, développer des idées de façon persuasive et faire preuve de tact. Les frères comme les sœurs étaient les bienvenus à ce cours, mais seuls les hommes étaient invités à s’y inscrire et à prononcer des exposés d’élèves sur lesquels ils seraient conseillés. Les bienfaits de ce cours sont rapidement devenus manifestes non seulement dans la qualité des discours présentés du haut de l’estrade, mais aussi dans l’efficacité accrue des prédicateurs dans l’activité de maison en maison.

L’année suivante, ce programme de formation a commencé à être appliqué dans les congrégations des Témoins de Jéhovah du monde entier, d’abord en anglais, puis en d’autres langues. Le but déclaré de l’école était d’aider chaque Témoin de Jéhovah à être en mesure d’enseigner autrui quand il prêchait de maison en maison, faisait des nouvelles visites et dirigeait des études bibliques. Il recevrait de l’aide pour devenir un ministre qualifié (2 Tim. 2:2). En 1959, les sœurs aussi se sont vu offrir la possibilité de s’inscrire à cette école et de présenter des exposés dans un cadre rappelant une situation susceptible de se présenter au cours de leur prédication — en s’adressant, non pas à tout l’auditoire, mais à la personne désignée pour remplir le rôle d’interlocutrice. Et ce n’était pas tout.

Depuis 1926, les représentants itinérants de la Société accompagnaient les Témoins dans leur prédication afin de les aider à améliorer leurs capacités. Toutefois, lors d’une assemblée internationale tenue à New York en 1953, devant les surveillants de circonscription et de district assis face à l’estrade, frère Knorr a déclaré que la tâche principale de tous les serviteurs, ou surveillants, devait être d’aider chaque Témoin à participer régulièrement au ministère de maison en maison. “Tout Témoin, a-​t-​il dit, doit être en mesure de prêcher la bonne nouvelle de maison en maison.” Un programme mondial a été lancé pour parvenir à ce but.

Pourquoi cette idée a-​t-​elle été accentuée? Considérons par exemple la situation aux États-Unis. À l’époque, 28 % des Témoins limitaient leur activité à distribuer des feuilles d’invitation ou à se tenir dans les rues avec les périodiques. Et plus de 40 % ne participaient à la prédication qu’irrégulièrement, laissant parfois passer des mois sans prêcher. Ils avaient besoin qu’on les aide avec amour en les formant personnellement. On a pris des dispositions pour que tous les Témoins de Jéhovah qui ne prêchaient pas encore de maison en maison puissent recevoir de l’aide pour aborder les gens aux portes, pour leur parler en se servant de la Bible et pour répondre à leurs questions. Ils apprendraient à préparer des sermons bibliques de trois minutes pour les gens pressés, ou d’environ huit minutes pour les autres. L’objectif était d’aider chaque Témoin à devenir un évangélisateur chrétien mûr.

Les surveillants itinérants n’ont pas été les seuls à dispenser cet enseignement. Les serviteurs, ou surveillants, des congrégations l’ont fait aussi; et au cours des années suivantes, d’autres Témoins expérimentés ont été chargés de former certains de leurs compagnons. Depuis des années, lors de la réunion de service hebdomadaire organisée dans les congrégations, on faisait des démonstrations sur la façon d’accomplir l’œuvre. Mais maintenant, on accordait en plus une importance accrue à la formation personnelle dans la prédication.

Les résultats ont été remarquables. Le nombre des Témoins participant à l’activité de maison en maison a augmenté, de même que le nombre de ceux qui participaient régulièrement au ministère. En dix ans, le nombre total des Témoins dans le monde s’est accru de 100 %, le nombre des nouvelles visites qu’ils effectuaient pour répondre aux questions bibliques des personnes bien disposées de 126 %, et celui des études bibliques régulières qu’ils dirigeaient au domicile des personnes affamées de vérité biblique de 150 %. Ils se sont vraiment montrés des ministres compétents.

Étant donné que les Témoins ont divers degrés d’instruction et des origines culturelles variées, et qu’en plus ils sont dispersés en petits groupes sur toute la terre, on comprend aisément pourquoi ils attribuent à Jéhovah Dieu, et non à un homme quel qu’il soit, le mérite de la formation qu’ils ont reçue pour proclamer la bonne nouvelle. — Jean 14:15-17.

La prédication de maison en maison: une marque distinctive

À diverses époques, d’autres groupements religieux ont encouragé leurs membres à rendre visite aux gens de leur localité pour leur parler de religion. Quelques-uns ont essayé de le faire. Certains sont même missionnaires pendant quelques années, puis s’arrêtent là. C’est uniquement parmi les Témoins de Jéhovah que pour ainsi dire tous, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, participent au ministère de maison en maison, année après année. Eux seuls s’efforcent vraiment de prêcher le message du Royaume par toute la terre habitée, en obéissance à l’ordre prophétique consigné en Matthieu 24:14.

Non pas que tous les Témoins de Jéhovah trouvent facile cette activité *. Au contraire, beaucoup d’entre eux, quand ils ont commencé à étudier la Bible, ont dit: ‘S’il y a une chose que je ne ferai jamais, c’est bien d’aller de maison en maison.’ Pourtant, tous les Témoins de Jéhovah ou presque participent à cette activité s’ils sont physiquement en mesure de le faire. Et beaucoup de ceux qui ne sont pas en possession de tous leurs moyens physiques le font quand même — en fauteuil roulant, avec des cannes, etc. D’autres donnent le témoignage par téléphone ou par courrier, parce qu’ils sont dans l’incapacité totale de sortir de chez eux, sont temporairement confinés à la maison ou veulent toucher des gens qui ne peuvent l’être autrement. Pourquoi une telle détermination?

Lorsqu’ils apprennent à connaître Jéhovah, leur amour pour lui modifie complètement leur conception de la vie. Ils veulent parler de lui. Les choses prodigieuses qu’il prévoit de faire en faveur de ceux qui l’aiment sont tout simplement trop belles pour qu’ils les gardent pour eux-​mêmes. Et ils sont conscients qu’ils ont devant Dieu la responsabilité d’avertir les gens de la grande tribulation imminente (Mat. 24:21; voir aussi Ézéchiel 3:17-19). Mais pourquoi le faire en allant de maison en maison?

Ils savent que Jésus a appris à ses disciples à aller chez les gens pour prêcher et enseigner (Mat. 10:11-14). Ils n’ignorent pas qu’après l’effusion de l’esprit saint à la Pentecôte de l’an 33, les apôtres ont continué sans arrêt à annoncer la bonne nouvelle “dans le temple [de Jérusalem] et de maison en maison”. (Actes 5:42.) Tous les Témoins connaissent Actes 20:20, où il est écrit que l’apôtre Paul enseignait “en public et de maison en maison”. Et ils constatent que Jéhovah bénit manifestement cette œuvre à notre époque. Ainsi, comme ils acquièrent de l’expérience dans le ministère de maison en maison, bien souvent cette activité qu’ils ont redoutée jadis leur procure une grande joie.

De plus, ils l’accomplissent consciencieusement. Ils prennent des notes précises afin de pouvoir revenir chez les personnes qui sont absentes de chez elles. En outre, ils rendent des visites répétées dans chaque foyer.

Le ministère de maison en maison étant efficace, les opposants ont essayé de le faire cesser dans de nombreux pays. Afin de faire respecter leur droit de prêcher de porte en porte, les Témoins de Jéhovah se sont tournés vers les autorités. Là où cela s’est avéré nécessaire, ils sont allés en justice pour affermir légalement le droit de répandre la bonne nouvelle de cette manière (Phil. 1:7). Et là où des gouvernements répressifs ont persisté à interdire leur activité, les Témoins de Jéhovah l’ont parfois simplement accomplie de façon plus discrète ou, au besoin, ont utilisé d’autres moyens pour communiquer aux gens le message du Royaume.

Bien qu’ils aient utilisé la radio et la télévision pour diffuser le message du Royaume, les Témoins de Jéhovah savent que le contact personnel rendu possible par des visites de maison en maison est bien plus efficace. Il permet de répondre aux questions de chaque personne et de rechercher celles qui sont dignes d’entendre le message (Mat. 10:11). C’est une des raisons pour lesquelles en 1957 la Société Watch Tower a vendu la station radiophonique WBBR qu’elle possédait à New York.

Cependant, après avoir personnellement donné le témoignage à quelqu’un, les Témoins de Jéhovah n’ont pas pour autant le sentiment d’avoir accompli leur tâche. Ce n’est là qu’un début.

‘Faites des disciples, les enseignant’

Jésus a ordonné à ses disciples non seulement de prêcher, mais aussi, à son exemple, d’enseigner (Mat. 11:1). Avant son ascension, il leur a donné cette instruction: “Allez donc et faites des disciples des gens de toutes les nations, (...) leur enseignant à observer toutes les choses que je vous ai commandées.” (Mat. 28:19, 20). Enseigner (en grec, didaskô), ce n’est pas simplement prêcher, ou proclamer; c’est instruire, expliquer et donner des preuves.

Dès avril 1881, La Tour de Garde (en anglais) a donné quelques brèves suggestions sur la manière d’enseigner. Certains des colporteurs de la première heure se faisaient un devoir de revenir voir les gens qui manifestaient de l’intérêt pour les encourager à lire les livres de la Société et à se réunir régulièrement avec d’autres pour étudier la Parole de Dieu. Ils utilisaient souvent à cette fin le livre La Harpe de Dieu (publié en 1921 en anglais). Mais, par la suite, on a fait plus encore pour accorder une attention personnelle aux personnes bien disposées. On s’est servi notamment de discours bibliques phonographiques et de manuels d’étude dans cette activité. Comment en est-​on arrivé là?

À partir du début de 1933, en plus d’émettre des programmes radiophoniques, la Société a produit des disques qu’on passait au moyen d’un matériel de sonorisation transportable dans des salles de réunion, des parcs, aux entrées des usines, etc. Peu après, lorsqu’ils rencontraient des personnes intéressées par le message au cours de leur prédication de maison en maison, les Témoins ont pris des dispositions pour revenir leur faire écouter certains de ces disques chez elles. Quand le livre Richesses est paru en 1936, on s’en est servi comme base de discussion après l’écoute des disques pour établir des études auxquelles étaient invitées les personnes bien disposées du voisinage. On a mis l’accent sur cette activité en vue d’aider les futurs membres de la “grande multitude” à apprendre la vérité. — Rév. 7:9Sy.

Vers la même époque, le clergé catholique s’est fait plus pressant encore auprès des propriétaires et des gérants de stations de radio, ainsi que des services gouvernementaux, pour faire cesser les émissions de la Société Watch Tower. Aux États-Unis, 2 630 000 personnes ont signé une pétition réclamant un débat public entre Joseph Rutherford et un haut dignitaire de l’Église catholique. Aucun ecclésiastique n’a accepté de relever le défi. C’est pourquoi, en 1937, frère Rutherford a enregistré des disques intitulés “Démasqué” et “Religion et christianisme”, qui présentaient les enseignements bibliques fondamentaux, notamment pour réfuter les doctrines catholiques contraires aux Écritures. Le texte de ces discours a été publié dans les brochures Protection et Dévoilées. On a d’ailleurs remis un exemplaire de la brochure Dévoilées à tous les signataires de la pétition afin qu’ils puissent prendre connaissance des vérités bibliques dont le clergé catholique voulait empêcher la diffusion.

Pour aider les gens à comprendre clairement ces vérités et à examiner leur fondement biblique, la Société a publié la brochure Étude modèle n1, dont les Témoins se sont servis dans le cadre de réunions organisées pour les personnes qui s’intéressaient au message. Cette brochure contenait des questions et des réponses étayées de versets bibliques. Pour commencer, celui qui dirigeait l’étude faisait passer un ou plusieurs des discours phonographiques mentionnés plus haut afin que chacun puisse entendre l’ensemble des idées présentées. Ensuite débutait une discussion basée sur les matières de la brochure Étude modèle, discussion au cours de laquelle on examinait les versets bibliques. L’Étude modèle n1 a été suivie par les nos 2 et 3, qui s’accompagnaient d’autres discours phonographiques. Au début, ces études étaient prévues en des lieux pouvant accueillir des groupes de personnes bien disposées, mais les Témoins de Jéhovah n’ont pas tardé à les organiser sur les plans individuel et familial.

Depuis lors, la Société a publié quantité de livres excellents destinés à être utilisés par les Témoins de Jéhovah lorsqu’ils dirigent des études bibliques à domicile. Ceux qui ont eu le plus fort tirage sont “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”, La vérité qui conduit à la vie éternelle et Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis. Elle a aussi fait paraître des brochures petit format de 32 pages: “Cette bonne nouvelle du Royaume”, La voie de Dieu est une voie d’amour, “Voici, je fais toutes choses nouvelles” et bien d’autres encore. Elles ont été suivies par des brochures grand format comme Vivez éternellement heureux sur la terre! qui présentent de façon très simple et claire les enseignements bibliques fondamentaux.

L’utilisation de ces instruments, alliée au vaste programme de formation sur le plan des congrégations et sur le plan individuel, a entraîné un accroissement remarquable du nombre des études bibliques à domicile. En 1950, les Témoins de Jéhovah en dirigeaient 234 952 en moyenne, généralement chaque semaine. Si l’étudiant ne progressait pas suffisamment, son étude était interrompue. Nombreux sont ceux qui ont progressé au point de devenir à leur tour des enseignants. Malgré la constante rotation des études, leur nombre n’a cessé d’augmenter, souvent assez rapidement. En 1992, les Témoins dirigeaient 4 278 127 études bibliques à domicile dans le monde.

Afin d’accomplir cette gigantesque œuvre de prédication et d’enseignement dans les langues parlées sur toute la terre, les Témoins de Jéhovah ont fait une large utilisation d’imprimés. Cela a nécessité un travail d’édition considérable.

[Notes]

^ § 18 L’œuvre pastorale a été mise sur pied en 1915-​1916 dans les quelque 500 congrégations qui avaient élu frère Russell pour être leur pasteur. À ce titre, celui-ci leur avait écrit une lettre définissant cette œuvre, qui au départ était réservée aux sœurs. L’année suivante, les frères aussi ont pu participer à cette activité. Cette œuvre pastorale, effectuée par un groupe de prédicateurs choisis, s’est poursuivie jusqu’en 1921.

^ § 47 On entendait par religion tout culte reposant sur des traditions humaines, et non sur la Parole de Dieu, la Bible. Toutefois, en 1950, quand Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau ont été publiées (en anglais), on a compris par les notes sur Actes 26:5, Colossiens 2:18 et Jacques 1:26, 27 que le terme religion pouvait s’appliquer au vrai culte comme au faux. Ce point a été davantage encore élucidé dans La Tour de Garde du 15 mars 1951, page 191 (angl.), et dans le livre La religion a-​t-​elle servi l’humanité?, pages 8 à 10.

^ § 48 L’année précédente, à titre expérimental, on avait présenté les périodiques dans les rues en Californie (États-Unis). Déjà en 1926, les Étudiants de la Bible avaient distribué dans les rues un grand nombre de brochures contenant des messages importants. Et bien avant, en 1881, ils avaient distribué des imprimés le dimanche à proximité des églises.

^ § 61 La Tour de Garde, 15 août 1981, pp. 12-16.

[Entrefilet, page 556]

Partout où il trouvait des gens, Jésus parlait des dispositions prises par Dieu en faveur de l’humanité.

[Encadré, page 559]

La prédication de porte en porte: une activité particulièrement bénie

“Comme lors du premier avènement, c’est la prédication de porte en porte, et non en chaire, qui semble être particulièrement bénie par le Seigneur.” — “La Tour de Garde”, 15 juillet 1892 (en anglais).

[Encadré, page 570]

Pourquoi les Témoins reviennent-​ils souvent?

Expliquant pourquoi les Témoins de Jéhovah font des visites répétées dans chaque foyer, “La Tour de Garde” du 1er février 1963 déclarait ceci: “Les circonstances changent constamment. Aujourd’hui, l’homme n’est pas à la maison, demain, il y sera. Aujourd’hui, il est trop occupé pour écouter, demain, il ne le sera pas. Aujourd’hui, c’est un membre de la famille qui vient ouvrir la porte, demain, ce sera un autre; et les Témoins se préoccupent, non seulement de visiter chaque foyer dans le territoire qui leur est attribué, mais encore cherchent-​ils à atteindre, si possible, chaque personne mûre de chaque foyer. Les familles sont souvent divisées pour ce qui touche à la religion; aussi n’est-​il pas toujours possible à un de leurs membres de parler au nom de tous. De plus, il y a sans cesse des gens qui déménagent et les Témoins ne sont jamais sûrs de la personne qu’ils trouveront à une porte.

“Il n’y a pas que les circonstances qui changent, mais les gens eux-​mêmes. (...) Pour une simple vétille, un homme a pu être de mauvaise humeur et peu disposé à parler de religion ou de toute autre chose, peu importait la personne qui se présentait à sa porte; aussi ne faut-​il pas en conclure qu’il aura la même attitude mentale une autre fois. Ou bien, le simple fait qu’un homme ne prenait aucun intérêt, le mois dernier, à une discussion religieuse, ne veut pas dire qu’il ne s’y intéressera pas ce mois-​ci. Depuis la dernière visite du Témoin, il a pu faire une pénible expérience ou apprendre de toute autre manière une chose qui l’a rendu humble plutôt qu’enorgueilli, qui lui a donné faim et l’a rendu conscient de son besoin spirituel plutôt que content de soi.

“De plus, le message des Témoins semble étrange à nombre de personnes qui ne comprennent pas son caractère d’urgence. En l’entendant à maintes reprises, et seulement ainsi, un peu à la fois elles finiront par en saisir toute l’importance.”

[Encadré/Illustration, page 574]

“Par tous les moyens possibles”

“Nous, qui sommes dans l’organisation du Seigneur, nous nous sommes efforcés d’attirer [l’]attention [du monde] vers le message de vie par tous les moyens possibles: des slogans, des pages entières de publicité, la radio, les voitures à haut-parleurs, les phonographes, d’immenses rassemblements, des défilés à pied avec des panneaux publicitaires, et une armée toujours plus grande de prédicateurs qui vont de porte en porte. Grâce à cette activité, il y a eu une séparation parmi les hommes: d’un côté ceux qui soutiennent le Royaume de Dieu établi, de l’autre ceux qui s’y opposent. C’était là ce que Jésus avait annoncé pour ma génération!” — Lignes écrites en 1987 par Melvin Sargent, à l’âge de 91 ans.

[Illustration]

Melvin Sargent

[Graphique, page 574]

(Voir la publication)

Accroissement du nombre d’études bibliques à domicile

4 000 000

3 000 000

2 000 000

1 000 000

1950 1960 1970 1980 1992

[Illustrations, page 557]

Des dizaines de millions de ces tracts ont été diffusés gratuitement près des églises, de maison en maison et par la poste.

[Illustrations, page 558]

Des évangélisateurs-colporteurs proposaient des livres expliquant la Bible.

[Illustration, page 559]

Anna Andersen a distribué des publications bibliques dans presque toutes les villes de Norvège.

[Illustrations, page 560]

Les annonces publiées dans les journaux ont permis de toucher des gens qui ne pouvaient l’être autrement.

[Illustrations, page 561]

À une certaine époque, plus de 2 000 journaux reproduisaient les sermons de frère Russell sur quatre continents.

[Illustrations, page 562]

Le “Photo-Drame de la Création” a donné un puissant témoignage à des millions de gens dans de nombreux pays.

[Illustration, page 563]

Grâce à la radio, Joseph Rutherford a pu donner le témoignage à des millions de foyers du monde entier.

[Illustration, page 564]

Groupe de proclamateurs anglais prêts à partir prêcher à bicyclette.

[Illustration, page 565]

À partir de 1933, on s’est servi de cartes de témoignage.

[Illustration, page 566]

Les discours bibliques phonographiques ont donné un puissant témoignage dans les années 30 et 40.

[Illustration, page 567]

On s’est servi de voitures à haut-parleurs, parfois en grand nombre (ici en Australie), pour diffuser la vérité biblique dans les lieux publics.

[Illustration, page 568]

Des enseignes lumineuses mises aux fenêtres des habitations de Témoins de Jéhovah donnaient un témoignage jour et nuit.

[Illustration, page 568]

Un témoignage courageux a été donné au public (ici en Écosse) à l’aide de pancartes et d’affiches.

[Illustration, page 569]

En 1940, on a commencé à proposer “La Tour de Garde” et “Consolation” dans les rues (ici aux États-Unis).

[Illustration, page 569]

À partir de 1943, les membres masculins des congrégations ont reçu une formation dans l’art oratoire.

[Illustrations, page 571]

Les Témoins étudient la Bible avec les personnes qui le souhaitent, à domicile. Les publications ci-dessous ont été éditées dans ce but (d’abord en anglais, puis en de nombreuses autres langues).

[Illustrations, pages 572, 573]

Dans le monde entier, tous les Témoins, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, participent à la prédication de maison en maison.

Roumanie

Bolivie

Zimbabwe

Hong-Kong

Belgique

Uruguay

Fidji