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Les autres ont-ils une réelle influence sur moi ?

Les autres ont-ils une réelle influence sur moi ?

Les jeunes s’interrogent...

Les autres ont-​ils une réelle influence sur moi ?

“ À mon avis, je ne subis pas l’influence de mon entourage. ” — Paméla, collégienne.

“ Les autres n’ont plus autant d’emprise sur moi. Je suis mon propre maître. ” — Thomas, un jeune adulte.

AVEZ-​VOUS déjà pensé ainsi ? Vous connaissez probablement ces paroles de la Bible : “ Les mauvaises compagnies ruinent les habitudes utiles. ” (1 Corinthiens 15:33). Néanmoins, vous vous demandez si vos parents et les autres adultes n’exagèrent pas un peu en parlant de l’influence que l’entourage peut exercer sur vous.

Si vous êtes parfois perplexe à ce sujet, sachez que bien d’autres adolescents le sont aussi. Et si vous étiez plus influençable que vous ne le pensez ? C’est une possibilité à considérer. De nombreux jeunes ont été surpris de constater combien la société peut les conditionner. Angélique, par exemple, reconnaît être plus conformiste qu’elle n’aimerait le croire. “ Parfois, dit-​elle, l’emprise de l’entourage est telle qu’on ne s’en aperçoit même pas. On finit par croire qu’on obéit à ses propres élans. ”

Pareillement, Thomas, cité plus haut, affirme qu’il n’obéit qu’à lui-​même ou presque. Pourtant, il avoue qu’il est difficile de vivre près d’une grande ville. Pourquoi ? À cause du matérialisme ambiant qui déteint sur lui. “ Tout le monde est tellement obnubilé par l’argent ! ” dit-​il. Il faut en avoir conscience : le système exerce un pouvoir bien réel sur chacun de nous. Mais, dans ce cas, pourquoi tant de jeunes se croient-​ils à l’abri des influences ?

Un pouvoir insidieux

Le pouvoir de l’entourage est parfois insidieux. Il arrive en effet qu’on ne le perçoive pas du tout. Illustrons notre propos : Au niveau de la mer, la masse d’air au-dessus de nous exerce une pression constante d’environ un kilo au centimètre carré *. Bien que l’on vive sous cette pression tous les jours, on ne s’en rend pas compte. Pourquoi ? Parce qu’on y est habitué.

La pression atmosphérique n’est pas forcément nocive. En revanche, lorsque des personnes font subtilement pression sur nous, elles peuvent, petit à petit, nous amener à changer. Conscient de cette réalité, l’apôtre Paul a averti les chrétiens de Rome en ces termes : “ Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel. ” (Romains 12:2, Bible du Semeur). Mais comment cela pourrait-​il se produire ?

Comment s’exerce la pression collective

Aimez-​vous être approuvé et accepté ? La plupart d’entre nous répondraient par l’affirmative. Pourtant, ce désir naturel est une épée à double tranchant. Jusqu’où iriez-​vous pour cela ? Même si vous n’avez pas de craintes personnelles sur cette question, qu’en est-​il de ceux qui vous entourent ? Font-​ils seulement l’effort de résister à l’influence du système, ou se laissent-​ils modeler par lui ?

Par exemple, beaucoup de nos contemporains considèrent les principes moraux de la Bible comme dépassés ou irréalistes dans le monde moderne. Ils ne jugent pas important d’adorer Dieu comme il nous le demande dans sa Parole (Jean 4:24). Pourquoi raisonnent-​ils ainsi ? En partie à cause de l’influence du milieu dans lequel ils vivent. En Éphésiens 2:2, Paul parle de l’“ esprit ”, autrement dit la mentalité dominante, du système de choses de ce monde. Cet esprit incite les gens à adopter les façons de penser d’un monde qui ne connaît pas Jéhovah. Dans quelle mesure peut-​il agir sur nous ?

Nos activités quotidiennes dans le cadre de l’école, des études, des obligations familiales et du travail nous amènent généralement à côtoyer des personnes qui ne partagent pas toutes nos valeurs chrétiennes. À l’école, par exemple, il y en a beaucoup qui ne reculent devant rien pour se faire accepter, qui ont des relations sexuelles immorales, qui touchent à l’alcool et à la drogue. Que se passera-​t-​il si nous choisissons nos amis parmi ceux qui ont une telle conduite ou la trouvent normale, voire louable ? Nous risquons, peu à peu, de finir par penser comme eux. L’“ esprit ”, ou l’“ air ”, du monde agira sur nous de manière, en quelque sorte, à nous modeler.

Notons que des sociologues contemporains ont effectué des tests qui confirment ces principes bibliques. L’expérience réalisée par le professeur Asch est révélatrice. Un sujet est invité à rejoindre un groupe de personnes réunies. Le professeur Asch montre un grand panneau sur lequel est tracée une ligne verticale, puis un autre panneau avec trois lignes verticales de différentes longueurs. Il demande ensuite à chacun quelle ligne semble correspondre à celle du premier panneau. La réponse est facile. Au début, tout le monde est d’accord. Mais au troisième essai les choses changent.

Comme précédemment, il n’est pas difficile de repérer les deux lignes identiques. Mais ce que le sujet testé ignore, c’est que les autres membres du groupe sont payés pour participer à cette expérience. Tous donnent la même réponse fausse. Que se passe-​t-​il alors ? Seulement 25 % des sujets testés restent sur leur première idée, convaincus qu’elle est vraie. Tous les autres, au moins une fois, se rangent à l’avis du groupe, prêts à nier ce que leurs yeux voient.

De toute évidence, les gens ont tellement peur d’être différents des autres que beaucoup vont jusqu’à nier ce qu’ils savent être vrai. Bon nombre de jeunes ont constaté ce phénomène. “ L’influence du groupe peut t’amener à changer, reconnaît Daniel, 16 ans. Et plus il y a de monde, plus tu subis cette influence, au point que tu finis par trouver bien ce qu’ils font. ”

Angélique, mentionnée plus haut, cite une pression typique rencontrée à l’école : “ Au collège, on devait faire très attention à sa façon de s’habiller. Il fallait porter des vêtements de marque. Ce n’était pas qu’on voulait réellement dépenser 50 euros pour une chemise. Quel était l’intérêt, vraiment ? ” Comme le suggère Angélique, on n’est pas toujours conscient d’être sous influence. Mais y a-​t-​il des domaines plus graves où l’influence du groupe peut jouer ?

Pourquoi il y a danger

Imaginez-​vous en train de nager dans l’océan. Tandis que vous glissez sur les vagues, d’autres forces imperceptibles entrent en action. Les vagues vous poussent vers le bord, mais il y a aussi un courant sous-marin. Vous dérivez tout doucement. Au bout d’un moment, vous regardez en direction de la plage, mais vous ne voyez plus votre famille ou vos amis. Pas un instant vous n’avez remarqué à quel point le courant vous faisait dériver ! De la même manière, dans nos activités quotidiennes, nos pensées et nos sentiments sont constamment influencés. Sans même nous en rendre compte, nous pourrions aller à la dérive, abandonner des principes auxquels nous avions toujours pensé rester fidèles.

Prenons l’exemple de l’apôtre Pierre, un homme hardi. La nuit de l’arrestation de Jésus, il a courageusement brandi une épée devant une foule hostile (Marc 14:43-47 ; Jean 18:10). Pourtant, quelques années plus tard, il a fait preuve de partialité parce qu’il a cédé à l’influence de ses contemporains. Il évitait les chrétiens d’origine gentile alors que Christ, dans une vision, lui avait ordonné de ne pas considérer les Gentils comme impurs (Actes 10:10-15, 28, 29). Sans doute Pierre a-​t-​il trouvé plus difficile de faire face au mépris de ses contemporains que d’affronter la pointe d’une épée (Galates 2:11, 12). Assurément, l’influence de l’entourage n’est pas sans danger.

Une prise de conscience capitale

L’exemple de Pierre nous enseigne une leçon fondamentale. Ce n’est pas parce qu’on est fort dans un domaine qu’on est fort dans tous les domaines. Pierre avait des points faibles, et nous en avons tous également. Qui que nous soyons, nous devons prendre conscience des domaines où nous sommes vulnérables. Demandons-​nous honnêtement : ‘ Quels sont mes points faibles ? Suis-​je attiré par la richesse ? Suis-​je un tantinet vaniteux ? Jusqu’où irais-​je pour être accepté et admiré ? ’

Peut-être ne nous mettrions-​nous jamais délibérément dans une situation compromettante en choisissant de côtoyer des personnes qui se droguent ou qui ont une vie sexuelle débridée. Mais que dire de nos faiblesses plus subtiles ? Si nous fréquentons étroitement des individus qui nous influencent dans un domaine où nous avons une faiblesse, nous nous plaçons sous leur emprise, et allons peut-être au-devant de torts irrémédiables.

Mais rassurez-​vous, toute influence n’est pas forcément nocive. Peut-​on s’accommoder de celle de son entourage, voire en tirer parti ? Et comment peut-​on résister aux mauvaises influences ? Nous aborderons ces questions dans un prochain numéro.

[Note]

^ § 9 Une expérience toute simple prouve bien les effets de la pression atmosphérique. Emportez au sommet d’une montagne une bouteille en plastique vide. Laissez-​la se remplir d’air, puis bouchez-​la. Que se passe-​t-​il à mesure que vous descendez de la montagne ? La bouteille se comprime. En effet, la pression de l’air extérieur est plus forte que celle de l’air renfermé dans la bouteille.

[Illustration, pages 12, 13]

Le matérialisme ambiant peut exercer une forte influence.