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La télé : “ un professeur sournois ”

La télé : “ un professeur sournois ”

La télé : “ un professeur sournois ”

LA TÉLÉVISION peut se révéler un puissant outil pédagogique. Grâce à elle, nous découvrons des pays et des populations qui, autrement, nous seraient restés inconnus. Nous “ voyageons ”, des forêts tropicales aux glaces des pôles, du sommet des montagnes aux profondeurs océanes. Nous explorons l’univers fascinant des atomes comme celui des étoiles. Nous vivons en direct des événements qui ont lieu à l’autre bout de la planète. Nous nous familiarisons avec la politique, l’histoire, l’actualité ou la culture. La télévision saisit sur le vif des moments tragiques et des instants de triomphe. Elle divertit, instruit et même inspire.

Cependant, nombre des programmes qu’elle propose ne sont ni sains ni éducatifs. Les critiques les plus vives la concernant viennent de personnes qui dénoncent les scènes de violence et de sexe, innombrables et explicites, qu’elle présente. Une étude réalisée aux États-Unis révèle par exemple que pratiquement deux films sur trois contiennent des scènes de violence, à raison de six par heure en moyenne. Arrivé à l’âge adulte, un téléspectateur aura été témoin de milliers d’actes violents et de meurtres. De la même façon, le thème du sexe est largement exploité. Ainsi, les deux tiers des programmes en parlent, et plus d’un tiers le montrent. On y dépeint une sexualité sans danger, spontanée, et hors mariage *.

Ces programmes, caractérisés par la violence et le sexe, sont très demandés. Les films d’action américains, qui finissent par être diffusés sur le petit écran, s’exportent ensuite facilement. Ils ne requièrent pas forcément une bonne interprétation, ni un scénario recherché. L’action est facile à suivre. Pour capter l’attention du spectateur, les ingrédients nécessaires sont les suivants : combats, meurtres, effets spéciaux et sexe. Toutefois, il faut du changement pour entretenir l’intérêt du téléspectateur. En effet, il se lasse vite. Le sensationnel devient banal. Afin d’éviter ce phénomène, les producteurs vont plus loin dans les extrêmes pour choquer et pour créer des sensations fortes, en servant une violence plus crue, avec plus de sadisme et plus de sexe.

Le débat sur l’influence de la télévision

Quels effets la consommation assidue de ce genre de programmes a-​t-​elle sur le téléspectateur ? Ceux qui critiquent la violence à la télévision l’accusent de pousser à l’agressivité et de rendre moins compatissant envers les victimes de violences réelles. Ils affirment par ailleurs que la façon dont la télévision présente la sexualité encourage la liberté sexuelle et sape les normes morales.

La télévision a-​t-​elle vraiment de tels effets ? Le débat fait rage depuis des décennies. Des centaines d’études et des milliers de livres et d’articles ont traité le sujet. Au cœur du débat réside la difficulté à prouver qu’une chose en provoque une autre — comme par exemple qu’une exposition précoce à la violence conduit, plus tard dans la vie, à l’agressivité. La relation de cause à effet est parfois difficile à établir. Illustrons ce fait. Vous prenez un certain médicament pour la première fois. À peine quelques heures plus tard, vous avez une poussée d’urticaire. Il est alors facile de faire un lien entre cette réaction allergique et le médicament. Mais une allergie peut aussi se développer petit à petit. Les causes d’allergies étant nombreuses, il vous sera bien plus difficile dans ce cas de faire la relation entre vos symptômes et un médicament en particulier.

De même, prouver que la violence à la télévision génère des comportements criminels ou antisociaux n’est pas simple. Nombre d’études laissent à penser que le lien existe. Qui plus est, certains délinquants ont reconnu que leur état d’esprit et leur conduite violente avaient été modelés par ce qu’ils avaient vu à la télé. Cependant, les sources d’influence sont nombreuses. Les jeux vidéo violents, les valeurs sociales de l’entourage ou les conditions de vie sont autant de facteurs qui peuvent aussi favoriser un comportement agressif.

Il n’est donc pas étonnant que les points de vue s’opposent. Voici ce qu’a écrit un psychologue canadien : “ Les faits scientifiques ne montrent absolument pas que la violence à la télévision produit la violence chez les individus ou les y désensibilise. ” La Commission pour les médias et la société, formée par l’Association américaine de psychologie, déclare cependant : “ Il est indéniable qu’il existe un lien entre l’exposition accrue à la violence télévisée et l’acceptation grandissante des mentalités agressives ou l’augmentation des comportements agressifs. ”

Réfléchissez à ses effets

Ne l’oubliez pas, ce qui oppose les spécialistes, c’est la question des preuves. Par exemple, peut-​on démontrer que l’agressivité à la télévision produit l’agressivité ? En revanche, rares sont ceux qui prétendront que la télévision n’exerce pas d’influence sur la pensée et sur le comportement. Réfléchissez à ceci. Une seule photographie peut susciter en nous la colère, la tristesse ou la joie. Une musique peut nous bouleverser. Des mots, même imprimés, peuvent agir sur nos sentiments, nous pousser à la réflexion ou à l’action. Que dire du pouvoir qu’exerce l’ingénieuse combinaison de l’image animée, de la musique et de la parole ? Il n’est pas étonnant que la télévision ait un tel attrait ! Elle est, de plus, tellement accessible ! Un auteur explique : “ Depuis que l’homme a appris à mettre ses idées par écrit [...], aucune technique nouvelle visant à transmettre des idées n’a eu autant d’influence sur la civilisation. ”

Chaque année, des sociétés investissent des milliards de dollars dans la publicité parce qu’elles connaissent le pouvoir de l’audiovisuel sur le public. Elles ne dépensent pas ces sommes colossales parce qu’elles présument que la publicité est efficace ; elles savent qu’elle l’est. La publicité fait vendre. En 2004, Coca-Cola a dépensé 2,2 milliards de dollars pour vanter ses produits dans le monde entier par la presse, la radio et la télévision. L’investissement en valait-​il la peine ? Les bénéfices de l’entreprise pour cette année-​là ont avoisiné 22 milliards de dollars. Les publicitaires sont conscients qu’une seule publicité a peu d’effet. Ils tablent donc sur l’effet cumulatif d’années de matraquage.

Si des messages publicitaires de trente secondes influent sur notre état d’esprit et sur notre comportement, soyons certains que des heures passées devant le petit écran ont également un impact sur nous. “ Derrière le plus banal des divertissements, constate l’auteur du livre Histoire internationale de la télévision (angl.), le média agit comme un professeur sournois. ” Le livre L’histoire de la télévision en images (angl.) déclare quant à lui : “ La télévision est en train de modifier notre façon de penser. ” Une question s’impose donc : ‘ L’effet que produit la télévision sur ma façon de penser est-​il celui que je souhaite ? ’

Pour ceux qui servent Dieu, cette question est loin d’être anodine. Ce qui est proposé à la télévision va souvent à l’encontre des normes et des principes moraux élevés qu’enseigne la Bible. Des styles de vie et des pratiques que les Écritures condamnent sont présentés comme acceptables, normaux, voire à la mode. Dans le même temps, les valeurs chrétiennes et ceux qui s’y conforment sont fréquemment méprisés et ridiculisés. “ Comme s’il ne suffisait pas que la déviance soit normalisée, il faut aussi que la norme soit considérée comme déviante ”, déplore un auteur. Trop souvent le “ professeur sournois ” susurre : “ Le bien est mal et [...] le mal est bien. ” — Isaïe 5:20.

Il est indispensable que nous soyons vigilants, car ce que nous regardons influe sur nos pensées. La Bible déclare : “ Qui marche avec les sages deviendra sage, mais qui a des relations avec les stupides s’en trouvera mal. ” (Proverbes 13:20). Le bibliste Adam Clarke précise : “ Marcher avec quelqu’un implique amour et attachement ; et il est impossible de ne pas imiter ceux que nous aimons. D’où cet adage : ‘ Dis-​moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. ’ Ou : ‘ Dis-​moi qui sont tes amis, et je n’aurai aucun mal à deviner quelle est ta moralité. ’ ” Comme nous l’avons vu, nombreux sont ceux qui, par téléviseur interposé, fréquentent assidûment des personnes qui sont loin d’être des modèles de sagesse, des personnes qu’un chrétien sincère n’aurait autrement jamais l’idée d’inviter chez lui.

Si votre médecin vous prescrivait un puissant médicament, vous vous informeriez sans doute soigneusement de ses effets bénéfiques et des risques que comporte son utilisation. Prendre un médicament inadapté — ou même un médicament adapté, mais en trop grande quantité — peut être dangereux pour la santé. Cela se vérifie également pour la télévision. La raison nous dicte donc de réfléchir à ce que nous regardons.

L’apôtre Paul, divinement inspiré, a encouragé les chrétiens à considérer les choses qui sont vraies, dignes, justes, pures, qui méritent d’être aimées, qui ont bon renom, qui sont vertueuses et dignes de louanges (Philippiens 4:6-8). Tiendrez-​vous compte de ce conseil ? Si oui, vous serez heureux.

[Note]

^ § 3 On retrouve des statistiques similaires partout ailleurs, les productions américaines étant diffusées dans le monde entier.

[Entrefilet, page 5]

“ Avec cette invention qu’est la télévision, vous vous divertissez dans votre salon en compagnie de gens que vous ne recevriez pas chez vous.” — David Frost, animateur britannique.

[Encadré, page 5]

QUE DIRE DU SEXE ET DE LA VIOLENCE DANS LA BIBLE ?

Quelle est la différence entre la violence et le sexe à la télévision et la violence et le sexe dans la Bible ? Quand la Bible parle de violence et de sexe, c’est dans le but d’instruire, et non de divertir (Romains 15:4). La Parole de Dieu relate des faits historiques. Elle nous aide à comprendre comment Dieu voit les choses et à tirer leçon des erreurs des autres.

Dans la plupart des pays où des publicités sont diffusées à la télévision, le sexe et la violence sont montrés non pour instruire, mais pour rapporter de l’argent. Les publicitaires veulent séduire un public aussi large que possible et, grâce au sexe et à la violence, les téléspectateurs sont rivés à leurs écrans. Résultat : ils regardent les publicités et ils achètent les produits qu’on leur vante. Quant aux journaux télévisés, ils obéissent à ce principe : “ Le sang fait la une. ” En d’autres termes, le sordide — crimes, désastres, guerres — a la priorité sur les informations moins accrocheuses.

Bien que la Bible rapporte des actes violents, elle encourage chacun à mener une vie paisible en bannissant la vengeance au profit de solutions pacifiques. Elle recommande invariablement le respect de la morale sexuelle. Ce n’est pas le message que transmet aujourd’hui la majeure partie de ce qui est diffusé à la télévision. — Isaïe 2:2-4 ; 1 Corinthiens 13:4-8 ; Éphésiens 4:32.

[Encadré/Illustration, page 7]

LA TÉLÉ ET LES ENFANTS

“ Au vu des données réunies au fil d’études menées sur des décennies, la communauté scientifique et les organismes de santé publique ont conclu dans leur très grande majorité que le spectacle de la violence constitue un réel danger pour les enfants. ” — Fondation Henry Kaiser pour la famille.

“ [Nous partageons l’avis de] l’Académie américaine de pédiatrie selon lequel il ne faudrait ‘ pas que les enfants de deux ans et moins ’ regardent la télévision. Étant dans une période de développement cérébral formidable, ces enfants ont besoin de jeux actifs et de contacts avec des personnes réelles ; cela stimule leur croissance et leurs aptitudes physiques et sociales. ” — Institut américain des médias et de la famille.

[Illustration, pages 6, 7]

L’effet que produit la télé sur ma façon de penser est-​il celui que je souhaite ?