Jéhovah a en effet fortifié ces prédicateurs déterminés. Au cours de l’année, le nombre de colporteurs, ou pionniers, est passé de 225 à 350. Et pour la première fois, plus de 8 000 ouvriers d’ecclésia, ou proclamateurs, ont remis un rapport de leur activité au siège mondial. Jéhovah les a bénis en leur permettant d’obtenir des résultats extraordinaires.

Le 21 mars 1920, Joseph Rutherford, qui dirigeait les activités des Étudiants de la Bible, a prononcé à New York le discours « Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais ! ». Les Étudiants de la Bible se sont démenés pour y inviter le plus de personnes possible. Ils ont loué un des plus grands théâtres de New York et ont distribué 320 000 invitations.

Les résultats qu’ils ont obtenus ont dépassé toutes leurs attentes. Il y a eu plus de 5 000 assistants et, faute de place, on a dû refuser l’entrée à 7 000 personnes. La Tour de Garde a précisé que « de toutes les réunions tenues par les Étudiants internationaux de la Bible, ça a été l’une de celles qui ont eu le plus de succès ».

Les Étudiants de la Bible ont commencé à être connus pour leur message selon lequel ‘des millions de personnes actuellement vivantes ne mourraient jamais’. Ils n’imaginaient pas que la bonne nouvelle devait être prêchée sur une bien plus grande échelle. Mais cela ne les a pas empêchés de manifester un zèle remarquable. Ida Olmstead, qui a commencé à assister aux réunions en 1902, a expliqué : « Nous savions que de grandes bénédictions attendaient tous les humains, et nous n’avons jamais manqué d’annoncer cette bonne nouvelle à ceux que nous rencontrions en prédication. »

Pour assurer l’approvisionnement en nourriture spirituelle, les frères du Béthel se sont mis à imprimer eux-​mêmes certaines publications. Ils ont acheté du matériel et l’ont installé à quelques pâtés de maisons du Béthel, dans un bâtiment loué situé au 35 Myrtle Avenue (à Brooklyn, un quartier de New York).

Leo Pelle et Walter Kessler sont entrés au Béthel en janvier 1920. Walter a raconté : « À notre arrivée, le responsable de l’imprimerie nous a regardés et nous a dit : “Il reste une heure et demie avant le déjeuner.” Il nous a  alors mis au travail : nous avons remonté du sous-sol des cartons contenant des livres. »

Leo, lui, a raconté ce qui s’est passé le lendemain : « Notre travail consistait à laver les murs au rez-de-chaussée du bâtiment. Ça a été le travail le plus sale que j’aie jamais eu à faire, mais c’était l’œuvre du Seigneur et cela valait donc la peine. »

Au bout de quelques semaines seulement, grâce au travail d’hommes dévoués et zélés, La Tour de Garde était imprimée. Soixante mille exemplaires du numéro du 1^er février 1920 sont sortis de la presse à plat, qui se trouvait au 1^er étage. Pendant ce temps, au sous-sol, les frères ont installé une presse qu’ils ont appelée le Cuirassé. À partir du numéro du 14 avril 1920, L’Âge d’Or a également été produit. C’était évident, Jéhovah bénissait les efforts de ces frères.

Les serviteurs de Jéhovah étaient heureux de pouvoir à nouveau prêcher avec zèle et dans l’unité. Toutefois, certains Étudiants de la Bible avaient quitté l’organisation de Dieu durant la période difficile qu’elle avait connue entre 1917 et 1919. Qu’est-​ce qui pouvait être fait pour les aider ?

La Tour de Garde du 1^er avril 1920 contenait un article intitulé « Habitons ensemble dans la paix ». Il lançait cette invitation chaleureuse : « Nous sommes sûrs [...] que tous ceux qui possèdent l’esprit du Seigneur [...] sont prêts à oublier les choses qui sont derrière, [...] à habiter unis ensemble et à interagir de façon harmonieuse comme les membres d’un seul corps. »

Beaucoup ont réagi favorablement à ces paroles pleines de bonté. Un couple a écrit : « Nous sommes convaincus que c’était une erreur d’être restés là à ne rien faire pendant plus d’un an alors que d’autres se dépensaient dans la prédication. [...] Nous espérons ne plus jamais nous laisser égarer. » Un grand travail attendait ces proclamateurs redynamisés.

Le 21 juin 1920, les Étudiants de la Bible ont lancé une vaste campagne de distribution du « ZG », une édition brochée du livre Le mystère accompli *. Un grand nombre d’exemplaires de  ce livre avaient été stockés, car il avait été interdit en 1918.

Tous les ouvriers d’ecclésia, pas seulement les colporteurs, ont été invités à participer à cette campagne. Le Bulletin * de juin 1920 disait : « Chaque membre consacré [baptisé] de chaque ecclésia qui peut participer à cette campagne devrait le faire avec joie. Que chacun adopte cette devise : “‘Je ne fais qu’une chose’ : distribuer le ZG.” » Edmund Hooper a expliqué que c’est lors de cette campagne que beaucoup ont prêché pour la première fois de porte en porte. Il a ajouté : « Nous avons commencé à prendre conscience de ce qu’impliquerait cette activité qui allait s’étendre au-delà de tout ce que nous pouvions imaginer. »

Pendant la Première Guerre mondiale, il avait été difficile de communiquer avec les Étudiants de la Bible vivant dans d’autres pays que les États-Unis. Frère Rutherford a donc voulu les encourager et réorganiser la prédication. C’est ainsi que, le 12 août 1920, il est parti avec quatre frères pour une tournée en Grande-Bretagne, dans d’autres pays d’Europe et au Moyen-Orient.

Quand frère Rutherford s’est rendu en Grande-Bretagne, les Étudiants de la Bible ont tenu 3 assemblées et 12 réunions publiques. On estime qu’en tout, il y a eu 50 000 assistants. La Tour de Garde a fait ce bilan : « Les frères et sœurs ont été revigorés et encouragés. L’amour et le service pour Dieu les ont rapprochés, et beaucoup de cœurs tristes ont retrouvé leur joie. » À Paris, frère Rutherford a de nouveau prononcé le discours « Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais ! ». Quand il a commencé son discours, la salle était remplie. Trois cents personnes ont demandé à en savoir plus.

Dans les semaines qui ont suivi, frère Rutherford et ses compagnons se sont rendus à Athènes, au Caire et à Jérusalem. Pour entretenir l’intérêt manifesté dans ces villes, frère Rutherford a établi un dépôt de publications à Ramallah, près de Jérusalem. Ensuite, il est retourné en Europe, a mis en place le Bureau central européen et a pris des dispositions pour que des publications y soient imprimées.

À l’automne 1920, les Étudiants de la Bible ont publié L’Âge d’Or n^o 27, un numéro spécial  qui dénonçait les persécutions qu’ils avaient subies en 1918. Le Cuirassé, déjà mentionné, a tourné jour et nuit pour produire plus de quatre millions d’exemplaires de cette revue.

Les lecteurs de L’Âge d’Or ont ainsi pu découvrir ce qui était arrivé à Emma Martin. Sœur Martin était colporteuse à San Bernardino, en Californie. Le 17 mars 1918, elle avait assisté avec trois frères (Edward Hamm, Edward Sonnenburg et Ernest Stevens) à une réunion des Étudiants de la Bible.

Un des assistants n’était pas là pour en apprendre plus sur la Parole de Dieu. Il a plus tard apporté ce témoignage : « Je suis allé à cette réunion [...] à la demande du bureau du procureur. Mon objectif était d’y trouver des pièces à conviction. » Et il a trouvé ce qu’il cherchait : un exemplaire du Mystère accompli. Quelques jours plus tard, sœur Martin ainsi que les trois frères ont été arrêtés. Ils ont été accusés d’avoir enfreint la loi sur l’espionnage en distribuant des exemplaires de ce livre, qui était interdit.

Ils ont tous les quatre été jugés coupables et condamnés à trois ans de prison. Le 17 mai 1920, ayant épuisé tous les recours en appel possibles, ils ont été emprisonnés. Mais leur situation n’allait pas tarder à s’améliorer.

Le 20 juin 1920, lors d’une assemblée tenue à San Francisco, frère Rutherford a raconté ce qui était arrivé à ces chrétiens. Les assistants, choqués par cette injustice, ont décidé d’envoyer un télégramme au président des États-Unis. Ils ont écrit : « Nous considérons la condamnation [...] de M^me Martin [...] sur la base de la loi sur l’espionnage comme injuste [...]. Des agents fédéraux se sont servis du pouvoir que leur confère leur fonction pour [...] piéger [...] M^me Martin [...], pour lui intenter un procès et pour la faire envoyer en prison. Cela est [...] scandaleux. »

Dès le lendemain, le président Woodrow Wilson a annulé la condamnation de sœur Martin et de frères Hamm, Sonnenburg et Stevens. Leur emprisonnement injuste a ainsi pris fin.

Alors que l’année 1920 se terminait, les Étudiants de la Bible avaient de nombreuses raisons de se réjouir. Les activités effectuées au siège mondial continuaient de prendre de l’ampleur, et les vrais chrétiens annonçaient avec toujours plus de zèle que le Royaume est la solution aux problèmes des humains (Mat. 24:14). Que se passerait-​il l’année suivante ? En 1921, le Royaume allait être proclamé encore plus largement.